LA VIE APRÈS L’ONF Lyle Cruickshank professeur à temps plein

par Anthony Kent

D'abord et avant tout professeur, Lyle Cruikshank a effectué un long hiatus dans sa carrière, car il détient désormais une expérience de 29 années de travail à l'ONF. Il débute dans l'enseignement à titre de directeur de l'éducation physique dans une école secondaire de Waterloo, Québec. Diplômé par la suite de l'Université Bishop à Lennoxville, Québec, Lyle travaille pendant un an à la Financière Sun Life pour finalement joindre les rangs de l'ONF en 1966. Il prend un congé sans solde en 1968 pour poursuivre des études en communications à l'Université du Michigan. Il termine le programme de doctorat en deux années et demie, et travaillera à l'ONF jusqu'en 1994. Après son départ de l'ONF, Lyle reprendra sa carrière dans l'enseignement au niveau collégial et universitaire.

J'ai rencontré Lyle dans son confortable bureau du Collège Dawson, l'un des grands collèges préuniversitaires de Montréal, par un froid matin de janvier. Je lui ai demandé ce qu'il avait fait au cours des douze dernières années.

« Après mon départ de l'ONF, j'ai cherché du travail dans le milieu de l'éducation. Le Collège Dawson a été le premier à me donner une entrevue. Ils cherchaient un professeur pour leur département de communications cinématographiques, et ils m'ont offert suffisamment de cours pour une charge à temps plein, mais je n'ai accepté qu'un cours, car je voulais tâter le terrain, si on veut. C'est ce que j'ai fait, et j'ai réalisé que j'aimais beaucoup enseigner aux étudiants du cégep. »

Entre-temps, Lyle a agi à titre de consultant en collaboration avec un professeur de Beaconsfield, qui donne également un cours de leadership à la faculté de l'éducation permanente de l'Université McGill. « Il avait une autre occupation au cours du trimestre et il a suggéré que je le remplace. De fait, j'ai accepté son offre et j'ai adoré l'expérience, suffisamment pour donner ce cours à nouveau au cours du trimestre suivant. Par la suite, l'Université Bishop cherchait un professeur pour donner le cours de communication organisationnelle à la session d'hiver. J'ai donc accepté de le faire. Mon frère vivait à l'époque près de Lennoxville. Je partais de Montréal le mardi après-midi, donnais mon cours le mardi soir, passais la nuit chez mon frère et sa famille, et revenais à Montréal le mercredi matin. Cette expérience de l'enseignement a aussi été très enrichissante pour moi. En fin de compte, bien que j'aie pensé que j'étais devenu un expert en télécommunications à l'ONF ou quelque chose du genre, ce n'était pas du tout ça! Je suis un enseignant, je l'étais quand je suis entré à l'ONF, etje suis retourné tout naturellement dans l'enseignement par la suite. »

Par ailleurs, Lyle a poursuivi une carrière en parallèle... « En 1989, alors que je travaillais à l'ONF, j'ai prudemment vérifié auprès des Ressources humaines si les employés de la fonction publique fédérale avaient le droit de s'impliquer personnellement dans la politique municipale. Pat de Seguin m'a dit : 'C'est un service communautaire. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu ne pourrais pas le faire.' Je me suis donc porté candidat aux élections municipales de Beaconsfield en 1989 et j'ai été élu. J'ai exercé un premier mandat de conseiller municipal pendant quatre ans, mandat qui a été renouvelé sans opposition. Par la suite, j'ai dû faire campagne et j'ai gagné l'élection. Mon troisième mandat a cependant été interrompu en raison de la fusion de Beaconsfield avec Montréal. De fait, j'ai dû démissionner de mon poste après onze ans au conseil municipal.

J'ai consacré beaucoup de temps à mon travail de conseiller. Je participais à la séance du conseil municipal tous les lundis soirs. Je participais également à de nombreuses réunions de divers comités. J'ai aussi reçu quelques appels à 6 heures et demie du matin de citoyens mécontents en raison d'un mauvais déneigement, d'une fuite d'égout ou de toute autre crise semblable. Mais en tout et pour tout, ça a été une expérience fascinante !

Je continue à participer à diverses activités communautaires, particulièrement à l'Église Unie de Beaurepaire. Je suis président du bureau de direction de l'Église depuis 4 ou 5 ans. J'ai même remplacé à l'occasion le ministre du culte au service du dimanche, lorsque celui-ci n'était pas disponible !

Je suis désormais professeur titulaire au Collège Dawson et je viens de terminer un congé sabbatique. Si on compte les vacances d'été, j'ai été absent d'août à décembre 2005. J'enseigne également à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia où je donne depuis plus de 10 ans un cours de communications d'entreprise. On m'a d'ailleurs demandé de coordonner des sessions de formation pour les nouveaux professeurs qui doivent donner ce cours. Mon bureau est situé dans l'édifice au-dessus du métro Guy et j'ai hâte d'emménager dans l'édifice John-Molson, lorsque la construction sera terminée. L'Université Concordia est dynamique et progresse très rapidement. Ça me plaît !

Je donne divers cours de communication au Collège Dawson. Le collège a de très bonnes installations, emploie quelque seize professeurs à temps plein et offre un programme préuniversitaire de deux ans. Nous n'enseignons pas tous les aspects techniques des arts médiatiques, mais nous avons tout de même à notre disposition un excellent laboratoire informatique pour le montage. Je donne plusieurs cours théoriques, notamment un cours sur le film documentaire que j'ai moi-même développé pour les besoins de la production des films de l'ONF. Je donne également un cours intitulé « genres de films » qui présente les lignes de force de diverses catégories de films. Un cours qui me plaît beaucoup est celui sur le film expérimental et la vidéo. Dans ce cours, je m'inspire beaucoup des films de McLaren, de May, de Lipsett et de nombre de grands réalisateurs de films expérimentaux qui ont travaillé à l'ONF. Nous faisons également l'étude de films d'artistes étrangers qui se spécialisent dans le film expérimental. Ce n'est qu'un bref aperçu de mon travail. Heureusement, du moment que je réussis à susciter l'intérêt des étudiants, la direction considère que je donne un enseignement de qualité et continue à m'offrir du travail, bien que j'aie dépassé l'âge de la retraite. J'apprécie beaucoup l'enseignement, car les étudiants et la matière me stimulent et me gardent jeune.

Le golf est mon activité principale en été. Susan, ma femme, et moi-même sommes membres du Summerlea Golf Club depuis 1994; j'y joue quatre à cinq fois par semaine. En hiver, l'exercice que m'offre le golf me manque beaucoup, même si Susan et moi aimons beaucoup pratiquer le ski alpin. Je n'ai pas véritablement de hobby qui me passionne. Par contre, ma mère et moi, nous avons publié en 1975 un livre sur la généalogie et l'histoire de Leeds et St. Sylvester, une région du comté de Lotbinière près de la ville de Québec qui a été colonisée par des immigrants écossais et irlandais au début du XIXe siècle. J'ai recueilli au fil des années beaucoup de documentation sur mes ancêtres et j'ai l'intention de publier le résultat de mes recherches éventuellement.

Vous serez peut-être surpris d'apprendre que j'ai une collection considérable de cannettes de bière vides que j'avais commencé à accumuler au cours d'un séjour en Australie alors que j'y travaillais pour le compte de l'ONF. J'aimerais beaucoup vendre cette collection sur E-Bay ou ailleurs. Je ferais tout pour m'en débarrasser! Ce projet exige de classer les cannettes par catégories et de les photographier. Je vais m'y mettre, car il est grand temps de les sortir de chez moi ! »

Outre l'enseignement et ses activités au conseil municipal, Lyle est membre d'un comité de déontologie d'une entreprise pharmaceutique. « MDS Pharma Services fait des tests de nouvelles formules médicamenteuses sur des sujets humains. Toute entreprise qui fait ce genre de test est tenue par la loi de se doter d'un comité de déontologie composé de médecins, de pharmaciens et de profanes. J'ai eu la bonne fortune de devenir l'un des membres profanes de ce comité et je trouve l'expérience très enrichissante. Je siège au comité depuis plus de dix ans. Nous recevons une indemnité pour notre participation aux réunions qui ont lieu un soir par semaine; nous y analysons les protocoles et les documents de consentement éclairé. »

« Quelle longue entrevue ! Je ne veux pas la terminer sans parler du bonheur que me procurent ma femme et ma famille. J'ai aussi conservé des amis très chers de toutes ces années passées à l'ONF, et j'ai l'immense privilège de faire ce que j'aime, aussi bien dans mes activités professionnelles que familiales. Et, ce qui est très important, je jouis d'une excellente santé. La vie m'a choyé de bien des façons. Merci beaucoup de l'intérêt que vous me portez. »