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Les Paramédics


 

L'individu qui, par goût personnel - ou parce que les circonstances l'y poussent - veut en faire plus dans le domaine de la santé, mais sans en faire son occupation principale, peut assumer un rôle de grande utilité dans le système, en se dotant d'une compétence « paramédicale. Les compétences paramédicales sont multiples et ont pour caractéristique d'être utiles indépendamment les unes, ou de pouvoir être regroupées en grappes dont l'apprentissage complet n'exige pas une formation longue.

Maîtriser l'interaction avec Esculape, par exemple, c'est déjà une compétence paramédicale, mais qui est prévue pour tous et donc enseignée dans le cursus du Cycle Général d'éducation. De même pour le secourisme au palier débutant, les procédures de réanimation, etc. Il y a beaucoup d'autres techniques plus exigeantes, dont l'apprentissage est alors réservé à ceux qui le désirent. Certaines sont déjà présentes dans notre société. Il y en aura de plus en plus, on en reconnaîtra formellement l'utilité et elles deviendront un maillon indispensable de la chaîne des services d'encadrement de la santé.

Le système de santé a donc besoin de gens qui, sans avoir une connaissance médicale générale autre que sommaire - disons entre 30 et 120 heures de formation théorique et une expérience minimale de même durée, pour obtenir l'attestation formelle d'une compétence acquise - peuvent néanmoins, en certains cas, rendre des services valables et les rendre parfois gratuitement ou à peu de frais. Nous désignerons ici globalement comme des "paramédics" - un nom qui se répand, même si l'étymologie en est un peu boiteuse - ces ressources qui occupent une niche au-dessus du "patient ordinaire" en termes de connaissances médicales.

Les paramédics ne sont pas des travailleurs de la santé; être un paramédic n'est pas un métier, c'est posséder une compétence. Ce sont des citoyens qui peuvent intervenir, soit en cas d'urgence et en attendant du secours, soit pour éviter une requête inutile au système de santé qui, quoi qu'on fasse, en aura toujours pleins les bras. Les paramédics reçoivent une formation pratique extrêmement pointue.

Ils peuvent en recevoir plusieurs, mais leurs compétences s'additionnent, elles ne se multiplient pas, car les prérequis qui seraient nécessaires pour leur permettre d'établir correctement les liens entre ces diverses formations ne sont pas prévus à leur curriculum. Un paramédic n'est pas un quasi-infirmier ni un urgentologue d'occasion. Un paramédic a reçu l'entraînement pour faire face à certaines situations. Les paramédics sont de diverses catégories... et ils ne sont pas interchangeables

Chaque formation de paramédic est spécifique. Il faudrait en exiger une pour être pompier, policier, responsable sur place d'une garderie, d'une mini-garderie ou d'une résidence pour personnes âgées. La présence d'un ou plusieurs paramédics ad hoc devrait être obligatoire dans les écoles, dans tous les ateliers où il y a un risque d'accident et chaque fois que des réunions ou des manifestations sont organisées qui peuvent donner lieu à des incidents, ne serait-ce qu'une insolation.

Les gens qui gardent au foyer des malades ou de vieux parents devraient aussi avoir reçu une formation ad hoc, de même que ceux qui prennent soin d'un handicapé ou d'un vieillard. Quand l'État subventionne leurs activités, la société peut exiger que ceux qui assument ce genre de responsabilités reçoivent la courte formation que l'on juge nécessaire et la pression sur les ressources médicales et infirmières en est énormément réduite.

L'avantage est économique, mais aussi social. Dans un système de santé, il faut des professionnels que leurs connaissances techniques qualifient pour appliquer les acquis de la science, mais il faut aussi, en grand nombre, des travailleurs à quotient émotionnel élevé, pour la prestation de services qui n'exigent pas un long apprentissage, mais dont l'empathie et la simple compassion sont des éléments cruciaux. Le système de santé a besoin de plus de travailleurs à tous les niveaux de formation et de compétence et c'est aux paliers dits "inférieurs" qu'il en manque le plus.

Vu sous un autre angle, ce besoin de ressources à quotient émotionnel élevé est une bénédiction, puisque le secteur de la santé en devient un havre pour accueillir une grande part de la main-d'oeuvre déplacée du secteur industriel et autres emplois programmables. Quand les emplois sont programmés, ces travailleurs deviennent superflus ; dans le champ de la santé, leur compétence paramédicale leur permettant d'intervenir comme travailleurs salariés ou autonomes et, en activité principale ou parallèle, de devenir un élément fondamental d'une meilleure qualité de vie pour tous.

Dans les hopitaux et résidences spécialisés, par exemple, il est opportun de distinguer entre deux (2) types de travailleurs au sein du personnel auxiliaire, : des « préposés aux soins » qui ont une formation paramédicale et « de préposés à l'intendance » qui ne doivent en aucune façon intervenir directement auprès d'un patient et dont les tâches ne sont en rien différentes de celles qu'ils exerceraient hors d'un lieu de santé.

Toute personne qui collabore de quelque façon que ce soit aux traitements ou soins à un patient ou pose un geste qui peut avoir une incidence sur sa condition médicale, ne serait ce qu'en aidant à le retourner dans son lit ou à le conduire du point a A au pont B avec son soluté, est une "ressource paramédicale"et doit recevoir la formation précise que requiert sa tâche.

Une redéfinition de certaines tâches dans le secteur de la santé faisant place à des compétences paramédicales permettra une meilleure qualité de services et, accessoirement, contribuera à en garder plus raisonnables les coûts par intervenant. Ceux qui pour défendre des intérêts corporatistes pourraient protester contre cette évolution doivent considérer qu'il n'y a rien de socialement éclairé à orienter vers l'assistance sociale tous ceux qui n'ont pas 120 de quotient intellectuel et un diplôme universitaire, comme ce n'est pas la décision d'employer uniquement des professionnels qui ont 20 ans et plus de scolarité qui nous donnera une société forte ni une population en santé.

Une société bien organisée, ce n'est pas seulement tout le monde à sa place, c'est aussi une place pour tout le monde.

 

Pierre JC Allard

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