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La santé des bien portants


 

Dans un pays raisonnablement développé, vivent surtout des gens bien portants. La plupart des gens, tous groupes d'âge confondus, ne se sentent pas « malades » mais en bonne santé et leur premier souci devrait être de le demeurer. Les facteurs les plus importants pour y parvenir, loin devant toutes les découvertes de la médecine, sont la salubrité, l'hygiène, une diète adéquate, le refus des drogues comme le tabac une vie saine.

Le système de santé d'une Nouvelle Société est donc présent bien en amont du diagnostic qui transformera le bien portant en malade. Un médecin , « conseiller en santé » accompagne le citoyen bien portant dans sa démarche de maintien de sa santé et à cette démarche personnelle la société intervient sur les variables que celui-ci ne peut pas contrôler.

a) L'environnement

Une société évolue dans un environnement et cet environnement est un déterminant de la santé. Le milieu ambiant doit être continuellement sous examen. Des spécialistes doivent avoir pour tâche de s'assurer que les conditions de vie sont saines. Notons comme l'une des ressources requises, la brigade de ces spécialistes, mais ajoutons une notion fondamentale. L'une des fonctions de TOUS les professionnels de la santé, chacun selon sa compétence, est d'identifier les problèmes que l'environnement pose à la santé de la population. Cette responsabilité doit être affirmée comme une exigence déontologique. Elle est la mission précise de certains intervenants, mais elle est la responsabilité générale de tous. Un professionnel de la santé qui prend conscience d'un risque environnemental et ne le dénonce pas faillit gravement à son devoir.

b) Les milieux ambiants spécifiques

Dans cet environnement global où une société évolue, des situations spécifiques se créent, des événements surviennent, des décisions sont prises qui affectent la santé, non plus de tous les citoyens, mais de quelques-uns, seulement. L'air est irrespirable ici, et non pas là. L'eau n'est pas potable, dans tel village, ou dans tel quartier seulement. Tel lieu, tel métier mène à des pathologies bien spécifiques. Il faut débusquer ces causes prochaines de morbidité et mettre les autorités compétentes en demeure d'y mettre fin.

Cela aussi doit être une obligation éthique générale de tous professionnels de la santé et il faut en définir les modalités. Le professionnel de la santé doit être partout et toujours le chien de garde, le petit canari dans la mine. C'est à lui qu'il appartient de noter que l'on fait, quelque part, ce qui ne nuit peut-être pas à tous, mais nuit sans doute à quelques-uns. S'il y a un lien entre leucémie et lignes de transmission, à haut voltage, ou une corrélation entre quoi que ce soit et la mortalité infantile, par exemple, ce devrait être des médecins et non des avocats qui soient les premiers à s'y intéresser.

La société a aussi la responsabilité du dépistage. Dans cette mosaïque de milieux où vit la population et dont chacun offre ses risques collectifs, chaque individu, selon sa génétique, ses habitudes de vie et les situations professionnelles et sociales auxquelles il doit faire face, affronte des risques personnels pour sa santé physique et mentale. Il faut donc passer du collectif au particulier. Au-delà de sa responsabilité de surveillance globale du milieu, le système de santé a donc une mission de prévention et de dépistage précoce de la maladie, au niveau de chaque individu.

Un système de santé doit s'acquitter acquitter de sa mission de dépistage en créant les conditions d'un dialogue constant qui favorise cette prévention et rende possible ce dépistage, entre chaque citoyen et SON médecin. C'est ce médecin, dont les fonctions sont redéfinies comme nous le verrons plus loin, qui devient le pivot d'une médecine adéquate. Le lien permanent entre chaque individu et son médecin est la pierre angulaire du système de santé d'une Nouvelle Société.

Ile système doit institutionnaliser l'autodiagnostic. Quelles que soient les mesures préventives mises en oeuvre, des accidents et des maladies surviennent et une intervention médicale au sens strict peut alors être nécessaire. Il faut faire le constat qu'on est entré dans une phase de morbidité et passer du préventif au curatif. En décider, on l'oublie souvent, est d'abord la responsabilité du patient lui-même. Il faut donc que l'individu ordinaire ait les connaissances de base en santé qui lui permettent de déterminer, avec la plus de rigueur possible, s'il a ou non, besoin d'une assistance médicale.

Parfois, la réaction de l'individu est instantanée : il appelle les services d'urgences, dont nous parlons plus loin. Parfois il peut y mettre un peu plus de réfléxion. L'autodiagnostic est alors un véritable prédiagnostic et il faut aider l'individu à l'établir correctement, car c'est à ce point du processus que le système de santé peut réaliser ses plus grandes économies et donc se créer des moyens additionnels pour offrir plus, aux paliers où il est indispensable de le faire. On y parvient introduisant une formation paramédicale sommaire à l'éducation de chaque citoyen et en lui fournissant des outils d 'aide à ce prédiagnostic.

Si après son autodiagnostic l'individu estime avoir besoin d'une assistance médicale, c'est une ressource compétente habilitée à cette fin ­ un médecin - qui doit alors confirmer ou infirmer ce prédiagnostic. Le médecin voit le patient et fait sur le champ ce qui doit être fait. Parfois, ce sera de référer immédiatement le patient à un urgentologue, qui le verra toutes affaires cessantes. La plupart du temps, cependant, ce sera d'émettre une prescription pour des médicaments palliatifs et d'orienter le patient vers des tests permettant des analyses complémentaires.

C'est au vu de ces tests et analyses que le médecin portera aussitôt que possible le véritable diagnostic. S'il y a signe sérieux d'un désordre que le temps ne guérira pas - et donc un malade à traiter ­ le médecin le confirme et référe ce malade à un spécialiste, car le médecin soigne beaucoup, mais traite peu. L'individu est dirigé vers un professionnel de la santé dont le champ d'action est plus pointu. Le patient rejoint les rangs de l'humanité souffrante.


Pierre JC Allard

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