06.09.08

 

EXIT-POLLS

 

 

Je m'insurgeais en avril dernier (5132), contre les pitreries de Berlusconi refusant de céder le pouvoir à son rival Prodi sous prétexte que ce dernier n'avait obtenu qu'une bien mince majorité On remet ça aujourd'hui, au Mexique, avec le même scénario, à cette seule différence près que c'est la gauche, cette fois, dans le rôle du bouffon.

Dommage que ce soit ceux qui voulaient un changement ­- sans doute souhaitable - qui se rendent maintenant ridicules en contestant un résultat électoral trop serré, mais le ridicule n'a pas de parti et fait du tort aux « bons » comme aux « méchants ». Encore plus à ceux-là, puisque l'on croit spontanément que si la Droite dit des bêtises elle les dit par cynisme, en rigolant, bien sûre de ne pas être crue, alors que quand la Gauche joue les vierges offensées on a tendance à croire qu'on a vraiment abusé d'elle... et elle n'en apparaît que plus inepte.

Que les élections au Mexique aient été biaisées par d'innombrables magouilles, qui en doute ? Mais quand un parti qui veut le changement accepte de jouer le jeu électoral, il a responsabilité de laisser la naïveté au vestiaire et de s'assurer qu'à ce jeu, il ne se fera pas flouer. S'il a été cocu, qu'il taise au moins son infortune.

Mettre le peuple dans la rue pour une quasi-insurrection velléitaire ou avortée n'avance en rien la cause sociale au Mexique - on nous ferait regretter les Zapatistes et le Sub-Comandante 0 ! - ­ et n'arrange surtout pas la cause de la démocratie, laquelle a bien besoin d'attention.

Les résultats des élections au Mexique ont été bien serrés. De même ceux en Italie, ceux des référendums sur la constitution européenne ou la souveraineté du Québec, ceux des élections présidentielles américaines de 2004 et encore plus ceux de celles qui les avaient précédées. Rien là que de bien prévisible.

En démocratie, seule une position de consensus permet une majorité. Plus se développe la psychosociologie qui permet de comprendre ce que le citoyen veut vraiment et que la manipulation des foules remplace leur viol, plus les programmes politiques tendront donc vers le centre. Ils y tendront jusqu'à s'y rejoindre et à s'y confondre.

Le pouvoir est au centre. Quels que soient les agendas réels qu'ils dissimulent, tous les partis se maquillent dont en centristes et vise à une ambiguïté qui les rendra apparemment conformes aux désirs des électeurs. Sous leurs maquillages, ils sont méconnaissables. Leurs différences sont indiscernables. Les options devenant largement similaires, les choix deviennent aléatoires et l'on aura donc des résultats électoraux de plus en plus serrés. CQFD.

Quand les masques tombent, les promesses ne sont pas tenues. Il en sera ainsi jusqu'à ce qu'on ait corrigé les vices de la démocratie actuelle et mis en place une vraie démocratie qui obligera les candidats à dire ce qu'ils feront et les élus à faire ce qu'ils auront dit. En attendant, la démocratie offrant un produit qui bien souvent n'est pas livré, on peut la juger peu respectable, mais est-ce une raison pour ne pas la respecter ?

Accepter le verdict de la démocratie est le passage obligé vers un consensus social et la seule barrière qui empêche que toute frustration ne se transforme en violence. Si le processus démocratique est vicié, il faut le corriger et ce site indique des mesures à prendre pour que la démocratie reflète de mieux en mieux la volonté populaire (6 et seq.), mais la démocratie doit pouvoir être respectée avec ces défauts.

En attendant que des changements profonds soient apportés, y a-t-il quoi que ce soit que l'on puise faire, TOUT DE SUITE, pour que la population accorde plus de confiance au résultat des scrutins ? Ceci est d'une extrême importance, puisque c'est le scepticisme croissant envers le résultat des scrutins qui sert désormais de prétexte à leur contestation intempestive par tous les candidats défaits.

La solution-miracle serait le vote par INTERAC. Le système qui permet la transmission d'argent à l'échelle planétaire fonctionne. Il est aussi infaillible qu'un système puisse l'être, car l'argent est chose sérieuse. Ne serait-il pas opportun qu'on accorde à l'expression démocratique de la volonté populaire la même importance qu'aux virements de fonds ? L'utilisation d'Interac pour la tenue d'un scrutin ne soulève AUCUN problème technique.

Moins efficace que le vote par Interac , mais plus conventionnel, il y a aussi la rationalisation de la procédure connue des « Exit-Polls ». Cette démarche consiste à demander aux électeurs, à leur sortie des bureaux de scrutin, d'exprimer encore une fois leur préférence, de façon tout aussi anonyme, mais dans le cadre cette fois d'un scrutin non formel qui fera l'objet d'un dépouillement indépendant.

Aujourd'hui menés par des organismes non-officiels, les Exit-Polls ont valeur de sondage et ont la même crédibilité, ni plus ni moins, que ceux qui les réalisent et en diffusent les résultats. Quand les Exit-Polls de l'Ohio, aux élections Bush vs Kerry de 2004, ont divergé de 8% des résultats officiels, on a bien vu qu'il y avait là une impossibilité statistique, mais l'on n'en avait pas pour autant un argument de contestation des résultats. Comment savoir si l'erreur était dans les résultats officiels ou ceux des Exit-Polls ? Dans le doute, on doit faire confiance à l'État, n'est-ce pas ?

Mais supposons que les Exit-Polls soient réalisés de façon plus formelle, par des équipes composées de représentants de chacun des candidats faisant « voter » les électeurs à la sortie de TOUS les bureaux de scrutin et que les résultats soient aussi compilés par une équipe de représentants de tous les candidats et un arbitre impartial choisi par eux tous ? Il n y aurait aucune raison valable pour que le résultat qui découle de cette démarche ne soit pas le même que celui du scrutin officiel.

Tout écart significatif entre les résultats des exits polls et les résultats du vote lui-même serait étonnant. N'est-il pas clair que s'il y a un tel écart significatif ­- et en ce cas seulement - il serait opportun de procéder à un recomptage des votes du scrutin officiel et des Exit-Polls, partout où cet écart apparaît et que, si les résultats ne sont pas conciliés, un nouveau scrutin devrait avoir lieu ?

Bien sûr, les Exit-Polls font double emploi. Ils servent de CORROBORATION. Ils jouent le même rôle que cette question apparemment saugrenue de votre ordinateur qui vous demande si vous êtes bien sûr de vouloir effacer un dossier ou initialiser votre disque-maître. Une question dilatoire, mais qui a évité bien des larmes.

Ne serait-il pas sage de demander aussi deux fois à l'électeur s'il veut bien « effacer » son gouvernement ou le conserver inchangé ? Pas parce que l'on croit que l'électeur va se raviser bien souvent entre l'isoloir et le trottoir, mais parce que le système de captage, de transmission et de compilation des résultats devient de plus en plus vulnérable au fur et à mesure qu'on l'automatise. Même si les résultats ne sont pas trafiqués, ils PEUVENT l'être et la confiance s'émousse.

Trafiquer le calcul des votes n'est pas la seule façon de tricher en démocratie, mais c'est celle qui peut susciter le plus d'amertume, parce qu'elle rend inutile toute la démarche de l'électeur. On ne l'a pas seulement trahi, on s'est moqué de lui.

Pourquoi ne pa faire le calcul deux fois ? Faire cette vieille preuve par 9 d'avant l'électronique ? Le respect de la démocratie vaut bien cette formalité. Cette corroboration devrait être automatique et elle devrait être mise en place partout.

Elle devrait l'être partout, mais tout particulièrement lors des élections américaines du 7 novembre 2006, car nulle part ailleurs les systèmes ne sont aussi vulnérables, nulle part ailleurs un demi-scepticisme larvé n'est maintenant aussi répandu. Nulle part ailleurs, surtout, les conséquences d'une fraude ou de la croyance en une fraude ne peuvent être aussi dévastatrices.

Jamais, ni durant la guerre du Vietnam, ni durant les procédures de destitution de Nixon, un président des USA n'a fait l'objet d'une telle haine et d'un tel mépris. Les opposants de Bush ne sont plus des adversaires, ils sont devenus des ennemis. Pour la première fois peut-etre, depuis la Guerre de Sécession, les forces de divergence aux USA deviennent plus fortes que les forces de convergence. On ne devrait pas laisser planer de doutes quant à la légitimité des résultats de ce prochain scrutin.


Pierre JC Allard

 



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