New Clover Creek
Baptist Church


BIOGRAPHIE DE

MAURICE F. O'CONNELL


Histoire d'un héros Américain

PAR PERRY T. RYAN

Traduit de l'Anglais par Philippe Bodin

Translated into French by Dr. Philippe Bodin


Philippe Bodin est né à Paris le 14 mars 1937. Docteur en Océanographie Biologique et docteur es-Sciences, il est actuellement Chargé de Recherches au C.N.R.S. et travaille à l'Institut Universitaire Européen de la Mer (Université de Bretagne Occidentale) à Brest (France). C'est en tant qu'habitant de Guilers, ville dont il est maire-adjoint à la Culture, qu'il s'est intéressé à la biographie de Maurice O'Connell.

For the benefit of the people of France, this biography was graciously translated in its entirety into French by Dr. Philippe Bodin, Ph.D., Deputy Mayor of Guilers, France, the city where Maurice O'Connell's body was recovered by the U.S. Army Graves Registration Service. The people of New Clover Creek Baptist Church and the Family of Maurice F. O'Connell express their sincere gratitude to Dr. Bodin for this very noble undertaking.


Copyright © 1996, 1998

Tous droits réservés.

 

Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite

sans l'autorisation écrite de l'éditeur.

 

Bibliothèque du Congrès, fiche du catalogue No 96-92109

ISBN 0-9625504-8-5

 

Dédiée à la Gloire de Dieu

et à la mémoire de

Maurice Francis O'Connell

(1924-1944)


Introduction

Le 27 mai 1996, un membre du Congrès américain, Ron Lewis (R., Ky.) remettait, à titre postume, des décorations militaires à la famille de Maurice F. O'Connell, à l'occasion de la dédicace de la bibliothèque de l'église. Ce qui suit est une biographie de O'Connell et un récit de sa contribution à l'effort de guerre durant la Seconde Guerre mondiale.

* * *

Alors que j'écris ces mots, je suis bouleversé à la pensée qu'un jeune homme a donné sa vie pour que d'autres puissent vivre leur vie plus librement. Ceci est l'histoire d'un héros méconnu. Je me suis intéressé à Maurice Francis O'Connell alors que j'écrivais "A History of New Clover Creek Baptist Church". L'histoire de Maurice m'a déchiré le c�ur. Ce jeune de vingt ans, mi homme mi enfant, a été tué par les Nazis qui servaient un régime atroce. Il a été inhumé durant près de quatre années en France, à des milliers de kilomètres de chez lui, laissant les membres de sa famille dans l'ignorance de ce qui lui était arrivé. Sa mère et son père, désolés, n'apprirent rien d'autre que le fait qu'il était mort quelque part en France le 27 août 1944.

En plus des libertés qui sont maintenant assurées aux États-Unis, il ne fait aucun doute que la victoire des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale instaura la stabilité économique des années 50 et 60. La qualité de vie que les Américains savourent actuellement est pour une grande part attribuable au fait que les Alliés ont gagné cette guerre.

Avec l'écran du temps et les entraves de l'incompréhension, trop peu de gens se souviennent vraiment de Maurice, ou comprennent le sacrifice suprême qu'il fit pour ses compatriotes. La liberté n'est pas gratuite. Alors que les soldats sont souvent attirés vers l'armée à cause de l'honneur et de la gloire qu'ils pourraient en retirer, les bénéficiaires de leurs services sont souvent oublieux et ingrats. Il est douteux qu'aucun citoyen français se sente redevable de la contribution particulière de Maurice à la libération de la France et de l'Europe ; mais encore moins excusables sont les Américains qui le connaissaient et qui l'aimaient et qui, cependant, ont oublié Maurice O'Connell. Pourtant, sans de tels sacrifices, les Alliés n'auraient pas pu contenir les atrocités de l'agression nazie.

Ce qu'il y a peut-être de plus frappant à propos de ce jeune soldat qui combattit si courageusement et donna sa vie pour son pays, c'est que Maurice était un fervent chrétien, dont le dévouement pour son église peut être démontré de plusieurs manières. Alors que Hubert Wayne Miller, un ancien membre de l'église Baptiste de New Clover Creek, donna sa vie durant la Guerre du Vietnam, Maurice O'Connell fut le seul membre actif de cette église à donner sa vie au combat.

La mère de Maurice est morte le 17 mars 1982, et son père est mort le 18 mars 1987. En lisant cette biographie, comprenez bien que vous lisez les faits les plus récemment découverts car, de son vivant, aucun des parents de Maurice ne sut le moindre détail sur ce qui était arrivé à leur fils. En dépit d'efforts répétés de la part de la femme de Maurice et de ses parents pour obtenir des informations, l'armée américaine garda le silence sur les détails de sa mort, en partie à cause de la mauvaise qualité des communications dans les années 40, et aussi parce qu'aucun rapport n'a décrit les circonstances de sa mort. Depuis la guerre, cependant, quelques registres officiels ont été ouverts au public. Quelques soldats ayant survécu à la guerre ont décrit leurs épreuves dans des publications historiques. Un livre écrit par le Rév. John W. Schidt, "The Long Line of Splendor, 1742-1992", retrace l'histoire du 116ème Régiment d'Infanterie. Un autre, "29 Let's Go!", écrit par Joseph H. Ewing, retrace l'histoire de la 29ème Division d'Infanterie. Avec la permission des deux auteurs, ces deux publications ont été abondamment citées dans cette biographie et ont servi de références dans notre quête pour déterminer ce qui est arrivé à Maurice durant ses derniers jours de combat.

Dans cet essai, nous avons tenté de rapprocher plusieurs sources d'information afin que le lecteur puisse avoir une véritable image de la vie de Maurice O'Connell et de ses sacrifices pour l'humanité. Puisqu'il y a déjà suffisamment d'histoires complètes de la Seconde Guerre mondiale, j'ai évité de répéter les informations trop générales. A la place, cet ouvrage met l'accent sur la contribution personnelle de Maurice dans l'effort de guerre.

Cette brochure a été écrite à la gloire de Dieu et pour conserver à jamais les contributions d'un héros américain. Même mort, Maurice O'Connell nous incite à apprécier notre pays. Je pense qu'il sait que nous nous souvenons de lui en parcourant notre propre petite route.

Donc, ceci est pour toi, Maurice. Je sais que tu en serais fier. Peut-être peux-tu encore nous donner une leçon de bravoure et de patriotisme.

Maurice Francis O'Connell

Origine et famille

Maurice F. O'Connell est né le 30 juin 1924 ; il était le fils de Alfred Francis et de Beulah Marie (Keenan) O'Connell. Ses parents s'étaient mariés à l'église catholique romaine de St. Romuald, à Hardinsburg, dans le Kentucky, le 16 novembre 1921, et ils s'étaient établis comme domestiques chez Ernest Payne, un célibataire qui habitait une ferme située entre McQuady et Tar Fork sur ce qui est actuellement l'autoroute 625 du Kentucky, dans le comté rural de Breckinridge. Maurice est né dans la maison de E. Payne. La ferme est actuellement la propriété de Sherman et Margaret Ann Taul.

Alf était paysan, et Marie était femme de ménage. Comme toutes les filles Keenan, Marie était réputée pour être une excellente cuisinière, aimant préparer des repas traditionnels et faire des gâteaux et des tartes. Maurice grandit en connaissant le meilleur de la cuisine campagnarde.

Les grands-parents paternels de Maurice étaient Dan et Rose (Askin) O'Connell. Ses grands-parents maternels étaient William Lawrence Keenan et Mary Elizabeth (Mingus) Keenan. Ces deux familles descendaient d'immigrants Irlandais. Thomas O'Connell, l'arrière grand-père paternel de Maurice, arriva en Amérique à New York, venant du comté de Cork, en Irlande. Patrick Keenan, l'arrière-arrière-arrière grand-père maternel de Maurice, avait émigré de la paroisse d'Inishkeen, Drumboat, comté de Monaghan, dans la province irlandaise d'Ulster. Maurice tenait une place particulière dans le c�ur de William et Mary Keenan car il était leur premier petit-fils.

Le 9 août 1924, les parents de Maurice amenèrent leur bébé de 40 jours à l'église catholique romaine de Sainte Marie des Bois, à McQuady, où le père John F. Knue le baptisa.

Avant la naissance du frère de Maurice, Charles Preston, le 9 août 1926, Alfred et Marie avaient déménagé à Pinchecoe, dans une maison appartenant aux grands-parents maternels de Maurice. Les arrière-grands-parents de Maurice, Patrick Henry Keenan et Emily Elizabeth (Reno) Keenan, avaient également vécu dans cette maison. Pinchecoe était une très petite commune qui n'existe plus. Elle était située près de la frontière séparant les comtés de Breckinridge et Hancock ; on y accédait par ce qu'on appelle maintenant la route de crête LaMar Ryan-Hickory.

Peu de temps après la naissance de Perth, la famille O'Connell déménagea encore, pour la maison des Ben Bates cette fois, de l'autre coté de l'autoroute 105 du Kentucky par rapport à la grange de ce qui est actuellement connu sous le nom de ferme de C.B. Bates. C'est là que le plus jeune frère de Maurice, Walter Keenan, est né le 6 janvier 1930. Dans les années 60, un incendie détruisit la maison, blessant Paul Mattingly et C.B. Bates, tous deux amis de la famille.

Les O'Connell restèrent dans la maison des Ben Bates durant environ deux ans avant de déménager pour une autre maison située à 800 mètres à l'ouest, de l'autre coté de l'autoroute par rapport au lieu où le grand-père maternel de Maurice, William Lawrence Keenan, habitait. C'est dans cette maison que Maurice passa la plus grande partie de sa vie, de 1932 jusqu'à ce qu'il soit appelé au service militaire en 1943. Cette maison était également voisine de celle de celle de son oncle Walter et de sa tante Ruby O'Connell. Walter était un frère du père de Maurice, Alf ; Ruby était une s�ur de la mère de Maurice, Marie. Leur fille, Rosemary, était donc la cousine germaine de Maurice à double titre.

Quand ils étaient jeunes, Maurice et ses deux frères jouaient souvent aux environs de la ferme. Comme les deux soeurs O'Connell cousaient des couvertures pour l'atelier artisanal de couture de Hardinsburg, les garçons utilisaient du fil pour fabriquer des petits jouets avec les bobines de bois vides. Ils aimaient jouer dans la boue. Possédant peu de jouets par ailleurs, ils jouaient avec des bâtons en guise de chevaux, et ils chouchoutaient un jeune raton laveur qu'ils appelaient "Coonie".

Habitait également à coté le copain de Maurice, John Walter Brickey "Junior". Ces deux garçons devinrent une paire d'amis inséparables, même après la séparation de la Seconde Guerre Mondiale.

Maurice aimait la chasse et la pêche et, quand il devint grand, il aima beaucoup aider son père aux travaux de la ferme. Ils cultivaient le tabac et le blé. La famille possédait quelques chevaux, qu'elle utilisait pour les transports, et elle élevait quelques cochons et des poulets. Marie élevait des dindes et, en fait, elle en eut tellement qu'elle passa un accord avec Roy Jackson pour en vendre quelques unes à l'occasion de la fête du Thanksgiving et des vacances de Noël. Parfois, quand Maurice et son père en avaient terminé avec leurs propres travaux, Maurice avait encore un peu de temps pour travailler à la ferme de son grand-père Keenan.

Quand Maurice devint un homme, il mesurait seulement cinq pieds six inches. Bien qu'assez calme et réservé, il était gai et jovial. Il possédait un bon sens de l'humour, et il aimait jouer des farces à sa famille et à ses amis. Se tenir sur la tête était un de ses exploits favoris. Possédant une personnalité agréable, c'était un garçon bien considéré. C'était un chrétien fervent ; tous ceux qui le connaissaient firent son éloge en disant simplement : "C'était un bon gars".

Expérience à New Clover Creek

A la fin de 1934, quelques personnes de la commune de Clover Creek décidèrent de construire une église. La congrégation de la vieille église Baptiste de Clover Creek s'était dispersée, laissant un certain nombre de personnes dans la région sans une église convenable où aller. De plus, l'église Baptiste de Cave Spring, de la commune de Tar Fork, s'était également dispersée, laissant une construction vide disponible pour un nouvel emplacement. En conséquence, en novembre 1934, alors que Maurice n'avait que dix ans, l'église Baptiste de New Clover Creek fut commencée. Les membres fondateurs s'arrangèrent pour déplacer la construction de Cave Spring à son emplacement actuel. La vieille église fut démontée ; chaque planche fut numérotée et transportée ensuite par chariot jusqu'au site actuel. La consécration du nouveau sanctuaire eut lieu le 30 juin 1935, jour du onzième anniversaire de Maurice.

Il est difficile de préciser à quelle date les O'Connell commencèrent à aller à New Clover Creek, bien que les plus vieux fidèles de cette Église se souviennent qu'ils y vinrent régulièrement peu après sa constitution. Étant de confession catholique romaine, Alf n'accompagnait sa femme et ses enfants qu'occasionnellement à l'église. La petite congrégation avait besoin d'un pianiste, et Marie O'Connell pouvait jouer la plupart des chants du livre de cantiques Broadman. Enfant, Marie avait reçu des leçons de piano d'un professeur de musique qui habitait dans sa famille en dehors des périodes scolaires. Ainsi, peu après la constitution de New Clover Creek, Marie, son fils Maurice âgé de dix ans, son fils Preston âgé de huit ans et son fils Keenan âgé de quatre ans commencèrent à aller à la nouvelle église.

Bien que jouant régulièrement du piano à l'église de New Clover Creek, Marie ne devint membre de la communauté qu'après environ six années. L'évangéliste Alvin Furrow vint deux semaines à l'église pour une mission qui commença le 14 octobre 1940. Six personnes firent leur profession de foi, parmi lesquelles Marie et ses deux fils Maurice et Keenan. Le dernier jour, 28 octobre, un service de baptême fut célébré par le Frère William Varble, pasteur, et Maurice abandonna la religion catholique romaine et se converti à la religion Baptiste du Sud. Le baptême se déroula dans le secteur de Beechfork à Clover Creek, dans la ferme actuellement propriété de Keenan O'Connell, tout près du pont de l' autoroute 992.

Après leur entrée dans l'église, Marie et ses deux fils se qualifièrent pour servir en tant qu'officiers. Durant l'année civile 1941, Marie fut trésorière de l'église. Durant quatorze années, du 17 mai 1941 au 8 juillet 1955, elle servi en tant que clerc. Le 16 novembre 1941, à l'âge de dix-sept ans, Maurice fut élu secrétaire de l'École du Dimanche, pour servir durant l'année civile 1942. Ce petit travail consistait à conserver la trace de la fréquentation hebdomadaire des membres de l'École du Dimanche et à enregistrer les offrandes faites à cette occasion.

Éducation

Du premier au huitième degrés, Maurice fréquenta l'École Taul, une école élémentaire située à l'emplacement actuel de la maison de Ernie et Carol Dubree. Parmi ses professeurs, il y avait Alice Hardin, une certaine Miss Jarboe, Evelyn DeHaven, et Tommy Miller (ultérieurement Madame Coke). Tommy Miller enseigna durant quatre années scolaires dans cette école, de 1934 à 1937. Elle se souvient de Maurice comme d'un jeune homme parfaitement bien élevé, à la fois intelligent et sérieux dans ses études. Preston, dont elle se rappelle plaisamment, était un garçon plus malicieux qui embarrassait quelquefois son aîné.

Beaucoup de gosses des coins reculés du comté ne pouvaient pas aller au collège comtal de Breckinridge, qui était à Hardinsburg, à plus de cinq miles de la maison des O'Connell. Heureusement pour Maurice, un bus scolaire partait de la carrière de pierres, à environ un mile de sa maison, pour aller à Hardinsburg. Maurice pouvait aller à pied jusqu'à l'arrêt du bus, prendre celui-ci, et faire ainsi quotidiennement la route jusqu'à l'école de Hardinsburg. Il étudia deux années au collège, mais sans obtenir son diplôme.

Rapport avec Helen Taul

Maurice rencontra pour la première fois sa femme, Helen Wilson Taul, au domicile de Hubert and Hazel Miller, vers la fin de 1941. Helen était la fille de Patrick S. et Pearl (Lyons) Taul, de McQuady. Elle arriva chez les Miller en compagnie de son amie, Charlotte Shrewsberry (ultérieurement Taul).

Le lundi suivant, à l'école, pendant une étude dans l'auditorium du collège, Maurice s'assit à coté d'Helen. Peu après, ils commencèrent à se donner rendez-vous, et ils continuèrent à se voir régulièrement jusqu'à ce que Maurice soit entré dans l'armée. Au début de leur relation, Helen était timide mais, à beaucoup d'égards, Maurice était un parti qui flattait Helen.

A l'occasion de ses nombreuses visites à McQuady pour voir Helen, Maurice chevauchait son cheval par une vieille route qui reliait ce qui est maintenant l'autoroute 992 à l'autoroute 105, près de McQuady. Un jour, Maurice lui dit qu'il l'aimait et insista ensuite pour qu'elle lui dise qu'elle l'aimait aussi. "Je sais que tu m'aimes" lui affirma-t-il. "Dis-le! " insista-t-il. Une fois qu'elle eut admis qu'elle l'aimait, le couple sembla persuadé qu'ils étaient destinés à se marier. D'après l'une de ses lettres, il apparaît que c'est vers le début de janvier 1943 que Maurice dit à ses parents qu'il voulait épouser Helen.

Service dans l'Armée des États Unis

La Seconde Guerre mondiale éclata le 7 décembre 1941, quand les avions japonais bombardèrent les navires américains mouillés à Pearl Harbor (îles Hawaii), détruisant presque la flotte du Pacifique. Dans les quelques heures qui suivirent, le Congrès déclara la guerre au Japon. Quatre jours plus tard, le Congrès déclarait la guerre à l'Allemagne et à l'Italie. Ainsi commença la lutte qui devait crucifier une nation et détruire la vie de 405.399 Américains.

Au moment de l'attaque, Maurice n'était âgé que de dix-sept ans. Bien que la possibilité d'être appelé semblait imminente, d'un autre coté, elle semblait lointaine. Maurice reçu un ordre d'incorporation du Bureau de Recrutement du comté de Breckinridge, probablement vers la fin de 1942. Il regretta plus tard de ne pas s'être engagé volontairement, ce qui lui aurait permis un peu plus de choix pour son affectation car, le 11 janvier 1943, Maurice écrit à Helen : "Plus j'y pense, plus je souhaite rejoindre les Coast Guard en même temps que Dallas [Taul]. Je crois que si je pouvais réussir mon examen, j'aimerais cela, de même que la Marine". Ce qui n'est pas écrit dans cette lettre, c'est le fait qu'un poste dans les Gardes Côtes aurait été moins dangereux que d'être dans l'Infanterie. Maurice fut incorporé dans l'armée des États Unis le 24 mars 1943, et il partit faire son devoir le 31 mars.

Comme beaucoup de soldats du comté de Breckinridge, Maurice fut d'abord envoyé au camp Benjamin Harrison pour les premières formalités. En juillet 1943, le 262ème d'Infanterie fut transféré au camp Joseph T. Robinson, près de Little Rock, dans l'Arkansas. Là, pendant son entraînement, en juillet ou en août 1943, Maurice se cassa le bras gauche, et il fut hospitalisé à l'hôpital du camp Robinson, salle 5103, avec son bras dans le plâtre.

Un ami, le soldat James O. Gibson, de Hardinsburg, rendit visite à Maurice à l'hôpital et lui dit que seulement environ vingt-six hommes de leur compagnie restaient encore aux États-Unis ; les autres avaient été envoyés outremer pour mieux se préparer pour la guerre. Maurice pensa qu'il aurait pu être caporal s'il était parti outremer au bon moment.

Le séjour à l'hôpital fut plein de gaieté. Dans une lettre à sa tante Irene Keenan Taul, Maurice a écrit :

"A propos de retomber en enfance, c'est ce qui se passe depuis que je suis entré dans cette salle. Il faut toujours être prêt à tout. L'autre jour, le sergent m'a donné une cigarette explosive, et la nuit dernière il a fait des noeuds à mon drap. J'essaie de m'imaginer ce qu'il va pouvoir inventer de pire que d'habitude, mais c'est assez difficile".

Même hospitalisé avec un bras cassé, Maurice s'est débrouillé pour correspondre avec Helen, et il a fini par lui demander de venir dans l'Arkansas pour qu'ils puissent se marier. Elle accepta de l'épouser et prépara son voyage vers l'Arkansas.

Helen considéra plus tard le bras cassé comme une sorte de grâce car il lui permit de passer un peu plus de temps avec Maurice qu'elle n'aurait eu autrement.

Mariage avec Helen Taul

A la mi septembre 1943, alors que Maurice était encore hospitalisé, sa fiancée, Helen Taul, prit un autocar à la station Greyhound de Hardinsburg et mit le cap sur Little Rock. Helen ne s'était jamais éloignée de la maison plus loin que Louisville, mais elle n'était pas effrayée de faire ce voyage seule. Son excursion dura toute une journée, toute une nuit, et une partie du jour suivant. Elle arriva à Little Rock un après-midi, et Maurice était encore à l'hôpital. Helen souffrait facilement du mal des transports. Utilisant un remède démodé, elle avait sucé un citron durant tout le voyage pour ne pas être malade. Maurice s'était arrangé pour qu'Helen puisse habiter la maison d'une personne de Little Rock jusqu'au mariage.

A la demande de Maurice, les médecins de l'hôpital lui accordèrent une journée de liberté pour qu'il puisse se marier. Le 21 septembre 1943, Maurice et Helen se rendirent donc au Palais de Justice de Little Rock, où ils obtinrent un certificat de mariage de l'employé du comté de Pulaski, L. A. Mashburn. Ils allèrent ensuite dans une petite église Baptiste de Little Rock, où le Rév. Charles E. Lawrence les maria au cours d'une cérémonie intime. Leurs amis, Ted et Helen Mattingly, de McQuady, étaient témoins. Il n'y eu à peu près personne d'autre.

Quelqu'un prit une photo du nouveau couple, mais Maurice cacha son bras plâtré derrière sa jeune femme. A sa main droite, il portait la bague de la classe 1943 du Lycée comtal de Breckinridge où étudiait sa femme. Ils passèrent leur nuit de noce dans la maison d'un couple nommé Honeycutt, mais les médecins refusèrent ensuite de permettre à Maurice de retourner chez lui avant que le plâtre de son bras soit enlevé. Helen resta avec les Honeycutt jusqu'alors et, quand Maurice fut libéré par l'hôpital, ils ne restèrent qu'une courte période chez ces gens.

Quelques semaines après que Maurice ait pu quitter l'hôpital, le nouveau couple alla s'installer dans un appartement de Little Rock, propriété d'un couple nommé Jones. Durant leur séjour, les mères de Maurice et de Helen firent le voyage séparément pour leur rendre visite à Little Rock.

Quand ils se marièrent, Maurice gagnait 50 dollars par mois. Helen prit un travail dans une usine qui faisait des vêtements pour enfants. Plus tard, elle travailla dans une usine de vêtements pour l'armée.

La permission de Noël

Les permissions sont difficiles à obtenir dans l'armée des États-Unis, aussi la famille O'Connell de Hardinsburg n'espérait-elle pas de visite de Maurice pour le Noël 1943. A la grande surprise de leurs parents, Maurice et Helen apparurent sur le pas de leur porte juste la veille de Noël. Avec son fils revêtu de son magnifique uniforme de l'armée américaine, Marie rayonnait de fierté. Pendant les congés de Noël, ils visitèrent un certain nombre de membres de la famille, y compris ses grands-parents, William et Mary Keenan. Cependant, le séjour leur paru trop court, et Maurice et Helen durent retourner à Little Rock pour que celui-ci puisse continuer son entraînement dans l'armée.

La dernière visite à la famille

Au printemps 1944, Maurice reçu sa dernière permission pour rendre visite au comté de Breckinridge. Du 2 au 11 mai, Maurice et Helen revinrent chez eux. Bien sûr, personne ne pouvait se douter qu'il ne reverrait plus jamais sa famille. Durant l'une des quelques visites qu'il fit, la gentillesse et la prévenance de Maurice charmèrent sa jeune cousine de huit ans Jeanette Ryan (plus tard Richards).

Peu de temps après leur retour à Little Rock, Helen fit une fausse couche d'un enfant très prématuré. Bien que la perte du bébé fut une expérience traumatisante aussi bien pour Helen que pour Maurice, ils espérèrent avoir un nouvel enfant.

Maurice reçu alors l'annonce du transfert prochain du 262ème d'Infanterie au Camp Rucker, près de Montgomery, dans l'Alabama. Le 1er juin 1944, Maurice parti à Montgomery, laissant Helen à Little Rock. Alors qu'il roulait, le train dans lequel était le 262ème d'Infanterie dérailla, mais Maurice ne fut pas blessé.

Helen resta à Little Rock durant quelques jours en attendant que Maurice trouve un appartement à Montgomery. Tout ce qu'il put trouver de mieux pour eux deux fut une chambre à l'étage chez une dame du pays. La propriétaire avait cloisonné la chambre avec des draps de lit, et trois autres couples vivaient dans la même pièce ! Heureusement, les O'Connell ne restèrent là que quelques nuits avant d'aller s'installer dans une caravane dans l'arrière-cour. Sans air conditionné, la température de la caravane devenait étouffante, atteignant parfois 120 degrés [Fahrenheit]! Malgré la chaleur, Helen était heureuse, mais elle avait l'impression que la propriétaire était égoïste et peu complaisante.

Le Jour J

En grand secret, le général Dwight D. Eisenhower fixa le 5 juin 1944 comme date pour la Grande Invasion de l'Europe. Cependant, le mauvais temps empêcha les bateaux de sortir ce jour-là, et l'invasion fut reportée au 6 juin. Les actions du 116ème Régiment d'Infanterie furent particulièrement importantes pour le jeune Maurice O'Connell. Ce régiment ayant perdu beaucoup d'hommes le Jour J, l'armée désigna de nombreux remplaçants, et Maurice fut l'un d'eux.

Le jeune couple O'Connell était encore à Montgomery le Jour J. La nouvelle de l'invasion les troubla tous les deux, car chacun réalisait que Maurice pouvait être appelé à partir pour l'Europe. En entendant parler de cette invasion, Helen et l'une de ses amies, la femme d'un autre soldat, allèrent jusqu'à la chapelle de la base pour prier pour la sécurité des troupes.

Cependant, l'armée informa rapidement Maurice qu'il aurait à faire la traversée en tant que remplaçant. Ce n'est qu'à la mi juin qu'il sut qu'il devait quitter Montgomery et partir à Ft. George G. Meade, dans le Maryland. De là, il devait être transporté par bateau pour une destination non précisée.

Peu avant que Maurice quitte Montgomery, Helen empaqueta ses affaires et pris un autocar Greyhound dans le but de retourner au Kentucky et de vivre avec ses parents à McQuady jusqu'à ce que le service de Maurice dans la guerre prenne fin. Maurice accompagna sa jeune femme au bus, et elle commença à pleurer. "Ne pleure pas maintenant" lui dit Maurice. "Et je m'arrêtai de pleurer", dira-t-elle plus tard. Maurice monta avec elle les marches du bus et, là, l'embrassa pour lui dire au revoir, car il ne pouvait pas entrer dans le bus sans ticket. Comme le bus commençait à rouler, Helen regarda derrière son siège pour voir encore Maurice avant le départ, mais il n'était plus là. Elle pensa que Maurice avait commencé à pleurer et qu'il était retourné dans le dépôt pour qu'elle ne le voit pas. "Je pense qu'il savait qu'il ne reviendrait pas", se rappelle Helen. "Je crois que j'ai eu la prémonition que je ne le reverrais jamais". Malheureusement, sa prémonition s'est révélée exacte.

Quelques jours après le départ d'Helen, Maurice prit lui-même un autocar qui devait l'emmener à Ft. Mead. Sa dernière lettre des États-Unis est datée du 29 juin 1944 (la veille de son vingtième anniversaire) et, à cette époque là, il venait juste de visiter Boston, dans le Massachusetts. Il semble qu'il n'ait pas aimé Boston et se plaignait que ce soit une "ville sale".

Peu après, Maurice quitta les États-Unis, probablement au début de juillet 1944, partant sur un grand navire qui arriva quelque part en Grande-Bretagne quelques jours après. En fait, personne ne sait exactement quand il arriva en Europe, mais il reçu un entraînement complémentaire en Angleterre durant une brève période, avant d'être embarqué pour traverser la Manche vers les côtes au nord de la France, où les troupes américaines avaient déjà commencé l'invasion.

Dans la première lettre de France de Maurice pour sa femme, datée du 24 juillet 1944, il notait, dans le coin supérieur droit, qu'il était "quelque part en France". En fait, il était probablement dans les environs de St. Lô à ce moment là. Il indiquait sa nouvelle adresse, aux bons soins de la Co. I du 116ème Régiment d'Infanterie, sa nouvelle affectation.

Au moment où Maurice arriva, le 116ème avait achevé sa conquête de Omaha Beach, entrant en Normandie par un petit village nommé Vierville. Comme plusieurs plages de la côte française, Vierville était sévèrement gardé par les Nazis. Certains étaient installés dans des petits blockhaus, fortifications en béton avec juste assez de place pour seulement un couple de soldats. A l'intérieur, jouissant d'une relative sécurité, les Nazis pouvaient tirer à la mitrailleuse par la meurtrière du blockhaus qui dominait les troupes d'invasion alliées. Capturer et désarmer un de ces blockhaus pouvait coûter des douzaines de vies américaines.

Les troupes américaines qui survécurent au Jour-J ont fait l'expérience de l'une des batailles les plus sanglantes de l'histoire des États-Unis. Le 116ème d'Infanterie y perdit près de la moitié de ses hommes. Ceux qui restaient continuèrent de se battre dans les environs de Vierville du 6 au 9 juin 1944.

Le 116ème d'Infanterie a une longue et glorieuse histoire. Commençant avec la guerre des Indiens et des Français (1755-1763), ses troupes ont servi dans chaque engagement militaire américain, excepté la guerre hispano-américaine. Durant la Guerre Civile, le 116ème a été commandé par le général confédéré Thomas Jonathan "Stonewall" Jackson, aussi fut-il surnommé "les Stonewallers". La plupart des troupes du 116ème d'Infanterie venaient de Virginie, car c'était une unité de la garde nationale qui avait été engagée le 3 février 1941, avant que les États-Unis n'entrent en guerre. A la mi février, l'infanterie avait été envoyée à Ft. Meade, dans le Maryland, pour s'entraîner au combat, apparemment en vue d'une guerre. Les soldats de la Co. I, à laquelle Maurice appartenait, venaient principalement de Winchester, en Virginie.

Les soldats du 116ème ne furent pas épargnés par la tragédie. Plusieurs mois avant que Maurice ne les rejoigne, la 29ème Division s'embarqua à New-York à destination de l'Écosse, dans deux navires britanniques. Le Queen Mary quitta le port le 27 septembre 1943, et le Queen Elizabeth parti le 5 octobre. Le premier malheur survint le 2 octobre, quand le Queen Mary éperonna le Curacao, alors que le Curacao essayait de passer devant. Les passagers du Queen Mary ressentirent à peine la collision, mais 332 marins britanniques perdirent la vie quand le Curacao coula par le fond.

Malheureusement, le 116ème avait perdu tellement d'hommes sur la plage de débarquement au Jour-J qu'il était presque méconnaissable. Des douzaines de familles de Virginie pleurèrent la perte d'un fils.

Ici, il est important que le lecteur comprenne bien la hiérarchie de commandement dans la nouvelle unité d'affectation de Maurice, car les références aux différents récits historiques qui vont suivre risqueraient d'être mal comprises si l'on ne gardait pas la structure de l'organisation présente à l'esprit. La Compagnie I de Maurice, commandée par le capitaine Mifflin B. Clowe Jr., était l'une des quelque vingt compagnies du 116ème Régiment d'Infanterie. Les compagnies I, K, L, M, et HQ formaient le 3ème Bataillon du régiment, commandé par le Commandant William Puntenney. Le 116ème d'Infanterie était engagé aux cotés du 115ème et du 175ème d'Infanterie, et il formait avec eux ce qui était collectivement appelé la 29ème Division d'Infanterie, commandée par le Général de Division Charles H. Gerhart. La division était parfois appelée "The 29'ers". Le Jour-J, la 29ème Division faisait partie du 5ème Corps d'Armée qui, lui-même, faisait partie de la 1ère Armée Américaine, commandée par le Général Bradley, mais la division fut ensuite transférée dans d'autres corps et armées pendant les campagnes de France et d'Allemagne.

Après le Jour-J, et avant l'arrivée de Maurice, le 116ème d'Infanterie progressa en France vers le sud. La liste des engagements est la suivante : du 6 au 9 juin, le régiment est entré en France par Omaha Beach et a combattu dans la région de Vierville ; du 9 au 12 juin le 116ème a combattu dans les environs de La Cambe. Du 12 juin jusqu'au 12 juillet, l'infanterie a combattu à Couvains. Du 12 au 19 juillet, le régiment a été engagé dans une bataille à 1.500 yards à l'est du village de Martinville.

Quand Maurice arriva, vers la fin de juillet, le 116ème d'Infanterie n'avait progressé que d'environ vingt miles au sud de la plage de Vierville, mais il avait pris la ville de St. Lô. La bataille de St. Lô, qui dura du 9 au 20 juillet, fut une bataille célèbre que, plus tard, le général Eisenhower salua comme l'événement qui avait ouvert la majeure partie du territoire français aux troupes d'invasion américaines. Le Commandant Thomas D. Howie, qui commandait le 3ème Bataillon, fut tué à St. Lô et fut, plus tard, loué pour son héroïsme durant cette bataille ; il fut remplacé par le Commandant William Puntenney.

Maurice arriva probablement en France à Omaha Beach vers le 24 juillet, et il fut ensuite transporté par camion quelques miles au sud dans les environs de St. Lô, position depuis laquelle l'invasion Alliée devait continuer sa progression en direction de l'ouest, puisqu'une grande partie du territoire à l'ouest de St. Lô était encore occupée par les troupes nazies. En tant que soldat remplaçant, Maurice ne connaissait aucun des autres hommes du 116ème d'Infanterie, aussi dut-il se faire de nouveaux amis et s'adapter à des situations incroyablement diverses. Sans doute la solitude qu'il éprouva alors affecta-t-elle ses performances de soldat mais, après cinq semaines d'action, il s'était certainement adapté.

Depuis son arrivée vers le 24 juillet jusqu'à sa mort à la fin du mois d'août 1944, Maurice participa aux actions du 116ème d'Infanterie dans le nord de la France, actions qui furent décrites de la manière suivante par l'historien militaire John W. Schildt :

"Le 29ème et le 116ème d'Infanterie ont été en ligne durant quarante-cinq jours. Les vingt miles qui séparent Omaha Beach de St. Lô ont coûté extrêmement cher. La 29ème Division a perdu approximativement 7.000 hommes, dont presque la moitié faisaient partie du 116ème. Le régiment ne ressemblait plus guère à l'unité qui avait touché la plage [le Jour-J]. Beaucoup reposaient sous les cieux de France dans le cimetière militaire de La Cambe. D'autres étaient dans les hôpitaux environnants, ou bien avaient été rapatriés par bateau en Angleterre ou aux États-Unis. Après la chute de St. Lô, le 29ème fut placé en réserve pour se reposer et se rééquiper. Le Second Bataillon bivouaquait parmi les vergers de St. Clair-sur-l'Elle. Le bataillon avait pris ce village un mois plus tôt.

C'était bon d'avoir des repas chauds, des douches chaudes, et des uniformes propres. Et, pour un moment, les troupes étaient loin de la menace immédiate de la mort et de la destruction.

Le beau temps fut même de la partie les quelques jours suivants. Les six premières semaines en France avaient été un mélange de jours froids et humides entrecoupés de chaleur étouffante. Mais, durant le repos, il fut idéal.

Des films étaient projetés toute la journée dans une vieille grange. Ils étaient saccadés à cause de leur utilisation permanente, mais le cinéma procurait une coupure temporaire avec la réalité.

Les camions-cantines de la Croix-Rouge passaient de temps en temps. Des femmes américaines distribuaient du café, des beignets, et des livres de poche.

Puis vint l'Opération COBRA. Pendant trois jours, il y eut un bombardement allié massif sur les lignes allemandes. C'était pour préparer une attaque sur un front de quatre miles à l'ouest de St. Lô. L'objectif était de se détacher de la côte et de faire reculer l'ennemi. COBRA fut lancée le 28 juillet. Plus de deux millions d'hommes engagés dans le combat. Puis, le 15 août, l'invasion Alliée du sud de la France commença.

Les Allemands trouvèrent une action de retardement alors qu'ils battaient en retraite vers Vire. Curieusement, ils n'avaient pas de points de défense fixes, mais ils préparaient des obstacles le long de la route, y compris les mines mortelles. Le 115ème et le 116ème poursuivaient l'ennemi, cependant que le 175ème était en réserve.

Vire était une vieille ville qui n'avait pas été épargnée par la mort et la destruction. Vire avait été visitée par la Peste Noire. Au Moyen-Âge, les seigneurs féodaux s'étaient combattus pour la possession de la ville. Et, comme beaucoup d'endroits, Vire avait souffert durant la Guerre de Cent-Ans. Les bombes du Jour-J étaient tombées sur Vire, y causant de nombreux malheurs. Maintenant, les Allemands et les Américains combattaient au-delà de la ville.

Les bataillons du front couvraient bien deux cents yards. Mais l'avancée de 15 miles du 116ème, du village de Moyan vers Vire, avait coûté très cher. En fait, le Second Bataillon avait perdu près de 50 % de ses effectifs en deux semaines. Plus le 29ème approchait de Vire, plus il rencontrait de résistance. L'objectif du 115ème était de protéger la route du Calvados Vire-St. Sever. Le 116ème devait occuper les hauteurs au nord et au nord-ouest de Vire.

Le Commandant [Charles] Cawthon se rappelait de la vieille cité de St. Lô. Il craignait que prendre Vire ne revienne à prendre "la Capitale des Ruines". Comme toujours, un barrage d'artillerie devait précéder l'attaque, ensuite ce serait au fantassin de chercher à détruire ses adversaires par "le feu et les manoeuvres". La cote 219 se profilait devant les "Stonewallers" comme un obstacle majeur.

Un jour, des tracts furent lancés au-dessus de Vire, avertissant les habitants d'avoir à se sauver. Cependant, les tracts furent emportés au loin, et les habitants se ruèrent dans les rues pour fêter l'armada aérienne qui apparaissait au-dessus de leurs têtes. En conséquence, beaucoup y perdirent la vie, et la plus grande partie de la cité fut détruite. Depuis le démarrage de COBRA jusqu'à sa prise par le 116ème, Vire fut pilonnée par l'artillerie américaine et, après être tombée, la ville fut pilonnée par les Allemands qui battaient en retraite.

Du point de vue militaire, les collines constituent toujours une barrière. Normalement, elles permettent au défenseur d'avoir une vue sur la région, ainsi que des positions de tir contre une progression de l'ennemi dans la vallée. Deux collines bloquaient l'approche du 116ème vers Vire, leur numéro étant déterminé d'après leur hauteur au-dessus du niveau de la mer, mesurée en mètres bien sûr.

Les camions du 116ème quittèrent Vire à des intervalles de soixante yards. Ils étaient occupés par des jeunes hommes vigilants, assis bien droits avec leur fusil entre leurs genoux. Cela rappelait à Charles Cawthon les hommes serrés dans les bateaux quand ils approchaient de la côte normande. Il était également effrayé et bouleversé par une question : "Que restera-t-il du "vieux" Bataillon d'avant le Jour-J ?". Un aumônier disait que les sept semaines en France lui rappelaient le verset d'Isaïe où il est question des "moutons allant à l'abattoir".

Le long de la route, les scènes n'étaient pas belles à voir. Il y avait les épaves de la bataille, les fermes démolies, les haies défoncées et, bien sûr, St. Lô, un amas de décombres. Il en résulta un embouteillage dû au fait que la Seconde Division Blindée faisait aussi mouvement. Les Stonewallers transpirèrent pendant un bon moment. L'artillerie allemande était encore tout près et, quand les Fritz ouvraient le feu, ils faisaient "le gros dos".

En deux heures, le Second Bataillon avança de cinq miles, et les hommes dormirent dans les champs environnants. C'était une nuit chaude et, vers minuit, les troupes reçurent l'ordre de "partir". La colonne progressa laborieusement, beaucoup d'hommes encore à moitié endormis. Vers 3 h du matin, le lieu de rassemblement fut atteint.

Dans le brouillard du petit matin, le 116ème avançait à travers champs et vergers. Deux nouveaux Lieutenants et les éclaireurs des compagnies de tête du Second Bataillon tombèrent sous le feu d'une mitrailleuse. Les trois bataillons combattirent toute la journée. Cette nuit-là, un avion allemand isolé lança une fusée blanche éclairante sur la zone, faisant croire aux Stonewallers qu'une contre-attaque se préparait.

Au matin, la Compagnie G fut envoyée pour prendre un carrefour sur le flanc droit, un endroit appelé La Denisière. Une sanglante action de petit commando se déroula et, une fois de plus, loin de leur foyer et des être chers, dans un endroit inconnu, des jeunes hommes [de l'infanterie] sont morts.

Tard dans la soirée, le Commandant Cawthon reçu un message qui disait que le Colonel Bingham avait été blessé au bras et était évacué. Cawthon était donc maintenant le Commandant en Chef du bataillon. C'était le 30 juillet. Son premier acte fut de se rendre au carrefour où la Compagnie G avait été engagée. Un half track allemand détruit était dans un fossé. Et, tout autour, au bord de la route, étaient couchés les morts et les blessés de la Compagnie G.

La journée n'était pas terminée. Le Commandant en Chef de la Compagnie F fut tué, ainsi qu'un nouveau Lieutenant dans la Compagnie H. Il y avait déjà de lourdes pertes, et la campagne ne faisait que commencer.

Durant la nuit, les Allemands se retirèrent en arrière et, le matin suivant, le 116ème avança, surpris de voir des traces de chars. Malgré leurs pertes, les Allemands semblaient trouver toujours plus de matériels. Les véhicules démolis étaient disséminés le long de la route, de même que les tombes des soldats Allemands.

Le 6 août, les chars s'en allèrent, laissant le 2ème et le 3ème Bataillons du 116ème au sommet de la colline 219. Puis vint l'ordre de préparer l'attaque de Vire. La ville ressemblait à une image de carte postale avec ses toits de tuiles rouges. Mais, comme tant d'autres endroits, elle était sur le passage d'armées en lutte. Ainsi, l'objectif était Vire et ses Cinq routes."

Le Commandant Cawthon décrit l'action :

"Les deux compagnies d'assaut partirent en lignes de front, vers le bas du coté escarpé de la colline et furent immédiatement hors de vue sous le couvert des buissons. Le groupe de commandement du bataillon suivit, trébuchant et glissant, se rattrapant aux buissons et aux arbres. En bas, nous dépassâmes le premier blessé, un fusilier avec un bandage, gisant à coté de la rivière. Il se releva sur un coude et demanda qu'on l'aide à retourner au poste de soins. Je dus lui dire qu'on ne pouvait se priver d'aucun membre de notre petit groupe, mais que les brancardiers de la compagnie de réserve étaient juste derrière nous et prendraient soin de lui. Il retomba sans se plaindre ; question lancinante et troublante : est-ce qu'il fut jamais retrouvé dans cette lumière blafarde ?

Nous passâmes à gué la rivière peu profonde et commençâmes à gravir la pente opposée, en direction du vacarme d'une fusillade qui éclatait au-dessus des murs des maisons. Un certain nombre d'isolés redescendaient vers la rivière, chacun déclarant être le seul survivant de son peloton ou de sa section. Ils furent incorporés à notre groupe, et nous entrâmes dans la ville par une étroite ruelle qui débouchait entre les maisons. A l'intérieur, la scène était pire qu'un sabbat de sorcières ; la nuit était éclairée par le rougeoiement des immeubles en feu, le tout recouvert par un voile de fumée. La seule orgie en cours, cependant, était celle de la destruction ; des groupes d'Allemands essayaient de se rendre ; d'autres essayaient de se replier en hurlant très fort ; les balles traçantes s'entrecroisaient et ricochaient sur les décombres.

Quand la nuit tomba, le périmètre était en sécurité, et les blessés rassemblés dans une cour. Le chirurgien américain fut long à venir. Mais un docteur allemand prisonnier donna les premiers soins avec une extrême précision. L'Allemand travaillait selon une sorte de "chaîne de montage" de l'effort, étanchant le sang, nettoyant et bandant les blessés."

Les Allemands occupaient encore les collines 251 et 203 au sud et au sud-est de Vire. Les collines dominaient la région et, aussi longtemps qu'elles resteraient aux mains de l'ennemi, elles constitueraient un danger. Des unités du 2ème d'Infanterie arrivèrent pour remplacer les Stonewallers, et le 116ème reçu une autre mission. Le 1er Bataillon fut désigné pour enlever la colline 203, alors que le 2ème devait s'assurer de la colline 251. Quelques hommes pensèrent que l'État Major voulait l'élimination du 116ème, tellement on leur donnait de missions difficiles".

Les opérations commencèrent à 18h le 7 août. La nuit se passa au pied de la colline, l'attaque principale devant avoir lieu au matin".

Le Commandant Cawthon ordonna à une compagnie de fusiliers, alors réduite à environ cinquante hommes, et à la compagnie d'armes lourdes de former une ligne de feu sur la droite, cependant que les deux autres compagnies avanceraient "le long d'un chemin de ferme".

A ce moment là, l'opposition était faible. La plupart des Allemands s'étaient repliés durant la nuit. La Compagnie G envahit le sommet et fit quelques douzaines de prisonniers."

Schildt décrit ensuite l'importance de ces actions pour la conquête de l'Ouest de la France :

"Des événements sensationnels en éclipsent souvent d'autres aussi importants comme, par exemple, la prise de Vire. Tous les yeux étaient braqués sur les succès étonnants de la Troisième Armée. Les chars de Patton s'élançaient vers le sud dans un mouvement qui créa la Poche de Falaise. Patton avait rencontré peu de résistance en Bretagne et, ce qu'il faisait, c'est qu'il contournait souvent l'obstacle, laissant aux autres les opérations de nettoyage. Au 6 août, les chars de la 6ème Division Blindée étaient dans les faubourgs de Brest.

Jusqu'ici Vire était la ville "que le Général Eisenhower considérait comme le point central à partir duquel l'armée américaine s'orienterait vers l'est, puis vers le nord, et enfin vers le nord-est pour encercler l'armée ennemie de Normandie, c'est-à-dire la Septième". Et Vire était maintenant aux mains des Américains, en grande partie grâce aux efforts de "La Longue chaîne de gloire", c'est-à-dire le 116ème d'Infanterie."

Jeudi 10 août 1944. Maurice écrit sa première lettre d'Europe à son père et à sa mère. Il ne se plaignait de rien et semblait satisfait, ne disant que très peu de choses sur ses plus récentes expériences.

Lundi 14 août. Maurice écrit de nouveau à ses parents. Cette fois-ci, sa lettre reflète un peu d'inquiétude, car il écrit : "Le peu que j'ai vu [sic] par ici me fait apprécier ce que j'avais quand j'étais à la maison. J'avais à peine vu quelques gars lire leur petite Bible jusqu'à ce que nous arrivions ici, mais maintenant vous les voyez. Ils changent très vite. Il suffit d'un couple d'obus rapprochés".

Samedi 19 août. Apparemment, Maurice a un peu le mal du pays car, jusque là, il est resté dans un trou individuel, combattant dans l'un ou l'autre des engagements militaires. Il écrit la lettre suivante à sa femme :

"Ma très chère femme,

Bon, chérie, je t'envoie de nouveau quelques lignes ce soir, puisque je ne fais rien. Il pleut un peu ; j'espère que mon trou ne va pas se remplir d'eau. Je pourrais me noyer accidentellement. Demain est de nouveau dimanche. Je me demande ce que tu feras. Moi, je pense que j'irai à l'église le matin. Mon amour, ton vieux bonhomme est devenu assez bien par ici ces derniers temps. Plaisanterie mise à part, chérie, quand je reviendrai à la maison, je ne manquerai pas une seule messe le dimanche. Je sais combien c'est important maintenant...".

La campagne de Brest

Dimanche 20 août 1944. L'historien militaire Schildt décrit les activités du 116ème d'Infanterie à la date à laquelle Maurice écrivit sa seconde (et dernière) lettre à sa femme, Helen. Le service religieux mentionné par Maurice dans sa lettre est particulièrement discuté par Schildt :

"Le dimanche 20 août fut un jour de repos, "avec les exercices religieux d'usage". Les aumôniers du 116ème assurèrent plusieurs services ce jour là. Il y avait une nombreuse assistance. Les hommes étaient heureux d'être en vie. Et ils voulaient se souvenir de ceux qui avaient marché à leurs cotés et qui avaient "répondu au dernier appel".

Puis la nouvelle commença à circuler que le 29ème allait se déplacer. Comme les armées alliées se dirigeaient vers l'intérieur des terres, le Général Eisenhower avait à faire face à de gros problèmes de ravitaillement. La Septième Armée américaine avait atterri le 15 août dans le sud de la France et faisait mouvement pour rejoindre les autres éléments. La Troisième Armée de Patton avançait aussi rapidement. Toutes ces troupes devaient être ravitaillées, et Cherbourg était le seul port important. Si les troupes étaient convenablement ravitaillées, la guerre pouvait être terminée d'ici Noël.

Des poches de résistance allemandes devaient être éliminées à St. Malo, Lorient, St. Nazaire et Brest. Aussi une avancée fut-elle ordonnée vers la Bretagne. Les 2ème et 8ème Divisions U.S. reçurent la mission de nettoyer la zone à l'est de la rivière Penfeld. La mission de la 29ème Division était de prendre Brest.

Avant la guerre, la ville de Brest avait une population de 85.000 habitants. Durant la Première Guerre Mondiale, elle devint le principal port américain en France. Durant les années 20 et 30, les Français continuèrent à développer Brest. Aussi était-elle devenue le premier port de guerre français. En 1940, Brest tomba aux mains des Allemands, un vrai cadeau ! Dans ce port magnifique, les Allemands construisirent une grande base sous-marine. Elle était si bien construite qu'elle résistait aux continuels bombardements alliés. Les Allemands avaient conscience de l'importance de Brest pour les Alliés. Le mauvais temps hivernal limiterait l'activité sur les plages et à Cherbourg. Aussi un autre grand port était-il indispensable. La prise de Brest fournirait aux Alliés un autre port de première classe et réduirait la menace sous-marine allemande. Les Allemands devaient défendre Brest ; les Alliés devaient la prendre.

Le bruit couru que la 29ème devait rester à Brest jusqu'à l'achèvement de la campagne, cependant que la Neuvième Armée serait l'armée d'occupation jusqu'à la reddition totale des Allemands. Mais il y avait encore des miles et des miles à parcourir, et des batailles à livrer, avant que cela n'arrive. Le mardi 22 août fut une excellente journée pour la 29ème et pour les hommes du 116ème en général. Après deux mois et demi d'âpres combats, les hommes reçurent un glorieux accueil. Au milieu de la matinée, les camions s'ébranlèrent pour la première étape des 270 miles à parcourir dans la péninsule bretonne.

La Bretagne avait échappé à la plupart des ravages de la guerre. A l'exception des villes portuaires, les petites villes et la campagne n'avaient pas été touchées. La terre était luxuriante et verte, quelle différence avec les champs de bataille de Normandie ! Il y avait même une ressemblance avec le Devon et la Cornouaille de l'Angleterre où le 116ème s'était entraîné.

Les citadins sortaient dehors pour saluer la 29ème. Les acclamations s'élançaient dans l'air. C'était presque comme en 1862, quand la brigade de Stonewall avait délivré Winchester des mains de l'ennemi. Les habitants levaient la main en faisant le V de la victoire. Quand les camions ralentissaient, les citadins offraient des pommes et du pain aux soldats et, aux arrêts, les troupes se voyaient offrir des �ufs et du calvados. Certains Français étaient avides de cigarettes et de chocolat américains. Les drapeaux français flottaient partout. Une ville arborait une banderole "Bienvenue aux libérateurs". Et quand les gars de la 29ème revinrent en 1988, on les appela encore "Libérateurs".

La description des défenses de la ville de Brest par Schildt est très importante, car elle détaille bien les obstacles rencontrés par Maurice durant les derniers jours de sa vie :

"Les défenses de Brest avaient été construites pour résister aux attaques par terre et par mer. Sur des miles autour de la ville, des fortifications avaient été préparées contre une offensive attendue. Une ligne extérieure de canons auto-tractés, bien enfoncés dans le sol, certains fortifiés avec du béton et de l'acier, formant ensemble un grand arc défensif qui s'étendait autour de la ville. Une ligne intérieure de remparts avait été modernisée à l'aide de nids de mitrailleuses en acier, des fossés antichars, des obstacles sur les routes et des champs de mines. Après des mois de préparation, ces positions étaient devenues l'ultime défense. Garnies par la 2ème Division allemande de Parachutistes et des unités Commandos de la Marine allemande, cette forteresse, d'après les estimations du G-2, comprenait environ vingt mille ennemis. Dans la campagne qui s'ensuivit, cette estimation se révéla beaucoup trop faible. En fait, la garnison de Brest comptait près de cinquante mille hommes.

Brest reçu l'ordre personnel d'Adolf Hitler de tenir au moins trois mois et, à cet ordre, le Général en Chef Hermann Ramcket, commandant de la forteresse, avait répondu un vigoureux et affirmatif "Jawohll !". Le Général Ramcket avait commandé la 1ère Division allemande de Parachutistes durant la longue défense de Monte Cassino, en Italie, et il était apparemment déterminé à ce que la résistance de la garnison de Brest soit aussi épique. "J'attends de chaque parachutiste qu'il fasse son devoir avec un zèle fanatique", dit-il à ses hommes, en insistant pour que la défense de Brest devienne "la même glorieuse page d'histoire pour la 2ème Division de Parachutistes que Monte Cassino l'a été pour la 1ère Division. Le monde entier a les yeux tournés vers Brest et ses défenseurs, dont vous êtes le pilier principal. Vive Notre Führer !"

Le 22 août, Maurice écrivit la dernière lettre qu' Helen devait recevoir de lui. D'après cette lettre, il était clair que sa jeune femme manquait à Maurice. Avec son esprit enjoué habituel, il la taquinait, lui disant qu'il avait vu "plein de jolies filles en France", mais il lui disait de ne pas s'inquiéter parce que : "Mon Français devra beaucoup s'améliorer avant que je puisse en dire plus".

Mercredi 23 août 1944. L'historien militaire Schildt continue ainsi :

"Tous les éléments de la division avaient achevé leur progression motorisée vers le début de l'après midi du 23 août, et ils étaient parvenus dans une zone de regroupement aux environs de Ploudalmezeau, à environ dix miles au nord-est de Brest. Le 24 août, le groupe de commandement du 116ème, le premier arrivé sur zone, envoya le 3ème Bataillon [celui de Maurice] vers une future zone de regroupement, un mile au nord-est de St. Renan."

Jeudi et vendredi 24 et 25 août. L'ancien soldat de la Compagnie K, Felix Branham, qui vit actuellement à Silver Springs, dans l'Indiana, déclare que la Compagnie I fit le trajet de Vire jusqu'à la presqu'île de Brest dans un convoi de camions. Il déclare que la Compagnie I "sauta à terre" le 25 août, ce qui signifie que la compagnie commença sa mission, étudia les cartes de la région, et discuta de la stratégie à adopter avec son commandant de compagnie. En ce qui concerne les activités des 24 et 25 août, l'historien militaire Schildt continue ainsi :

"De là, le [3ème] bataillon envoya des patrouilles en avant de la ligne de départ déjà choisie pour l'attaque de la Division. Cette ligne, située à environ quatre miles au nord-ouest de Brest, faisait en gros face au sud-est, en direction de cette ville.

Comme peu de troupes américaines avaient occupé cette partie de la Bretagne auparavant, les caractéristiques du terrain étaient incertaines et, bien que l'on sache qu'aucune force ennemie de taille considérable restait dans cette zone, une vigilance inhabituelle pour "une zone arrière" était maintenue. Les régiments plaçaient des avant-postes à leurs zones de regroupements et organisaient des patrouilles de reconnaissance.

La 29ème Division constituait le flanc droit de l'arc formé par les trois divisions du VIIIème Corps devant Brest avec, à ses cotés, la 89ème Division en position d'attaque à partir du nord, et la 2ème Division à partir de l'est.

Durant la nuit du 24 au 25 août, le 115ème et le 116ème se déplacèrent vers des positions proches de la ligne de départ. Le 25 août à 13h00, la bataille commença. Le combat pour Brest était lancé. Le 115ème et le 116ème se portèrent en avant pour l'attaque, les bataillons en colonne. Le 115ème était à gauche , la progression étant dirigée vers le sud.

Le 115ème rencontra une forte résistance. Le feu ennemi provenait d'armes automatiques et des canons auto-tractés. Au début, le 3ème Bataillon du 116ème rencontra peu de résistance et, vers 4h00 du matin, le 1er Bataillon reçu l'ordre de conquérir la butte près de Guilers et Keriolet. Cela devait normalement se terminer par l'attaque du 3ème bataillon sur le flanc droit. Le feu de l'ennemi augmenta, et les régiments reçurent l'ordre de s'enterrer pour la nuit."

Samedi et dimanche 26 et 27 août 1944. Le 116ème d'Infanterie continuait à se battre dans les environs de Brest. L'infanterie se dirigeait alors à pied vers le sud, de St. Renan vers Guilers. D'après Felix Branham, en avançant vers Brest, la Compagnie I ne progressait que d'environ 200 pieds par jour, combattant essentiellement depuis les trous d'homme.

D'après l'armée américaine, Maurice a été tué le 27 août, mais la date n'est pas certaine. D'après le Commandant Puntenney, qui était le Chef de Bataillon de Maurice, le 27 août, le 116ème d'Infanterie et la Compagnie I en particulier, étaient situés sur la route joignant St. Renan à Guilers, à environ 2.000 yards à l'ouest de Guilers, une petite ville française qui était fortement défendue par les Allemands, car située seulement à quelques miles au nord-ouest de Brest. Il apparaît maintenant que Guilers est le site le plus probable de la mort de Maurice. Au début, l'armée américaine considéra Maurice comme "disparu au champ d'honneur", ce qui signifie que les militaires de l'Infanterie ne purent établir avec précision ce qui lui était arrivé.

De Guilers, le 116ème marcha vers la commune de La Trinité, à seulement un mile environ au sud-ouest de Guilers, mais aucun soldat ne perdit la vie à La Trinité le 27 août. Personne ne connaît les circonstances précises dans lesquelles le jeune Maurice O'Connell perdit la vie mais, apparemment, il ne répondit pas à un appel effectué le 27 août 1944.

Certaines réponses à ce mystère peuvent être trouvées dans le "Rapport Après Action" rédigé par le 3ème Bataillon, qui dit ceci :

"Tout le long de la journée du 23 août 1944, nous préparâmes sans perdre de temps nos troupes pour la suite des opérations. Tous les bataillons furent envoyés à un programme d'entraînement dans lequel les équipements d'assaut, c'est-à-dire les explosifs, les canons lance-roquettes, les lance-flammes, etc., étaient pratiqués.

Du Général commandant la 29ème Division d'Infanterie, le 3ème Bataillon reçu l'ordre de se diriger vers un lieu de regroupement et, à 18h30, le 24 août 1944, la Compagnie I fut envoyée avec la mission de se diriger vers la Ligne de Départ et d'y constituer un avant-poste. Une patrouille de la Compagnie I fut envoyée sur-le-champ et la résistance ennemie fut rencontrée dans les environs de St. Georges-de-Rouelle (702052). En raison principalement du mauvais temps et de la faible visibilité, cette poche ennemie ne put être nettoyée avant le jour suivant, 25 août 1944.

Le Général commandant la 29ème d'Infanterie envoya l'ordre à cette Division de se lancer à l'attaque à 13h00 le 24 août 1944 ; mais l'ordre fut ensuite annulé et remplacé par la consigne d'être prêt à prendre l'offensive à 13h00 le 25 août 1944. Ces 24 heures de délai fournirent aux unités un temps précieux pour continuer leur entraînement dans l'utilisation des équipements d'assaut, ce qui serait sûrement d'un grand intérêt dans les opérations à venir : la bataille pour la ville de Brest (960000) et ses environs.

L'attaque fut donc lancée à 13h00 le 25 août 1944, avec le 3ème Bataillon en tête, suivi du 1er Bataillon décalé sur l'arrière droit. L'objectif était Guilers (903039), ou Objectif A. Une forte résistance ennemie fut rencontrée, mais Guilers fut prise vers 20h45 le 25 août 1944. Suite à la prise de l'objectif, le 3ème Bataillon reçu l'ordre de resserrer les rangs, de se réorganiser et de se tenir prêt pour participer de nouveau à l'attaque le matin suivant. Ces plans furent quelque peu contrecarrés quand, le 25 août à 22h00, le 3ème Bataillon fut soumis à un bombardement sévère par l'artillerie ennemie et les canons anti-aériens. Le barrage infligea de nombreuses pertes parmi le personnel du 3ème Bataillon.

A 18h15, le 25 août, le 1er Bataillon du 116ème d'Infanterie reçu l'ordre de dépasser le 3ème Bataillon et de se mettre en route pour l'Objectif B. Cette avancée du 1er Bataillon rencontra une puissante résistance ennemie venant d'un point qui commandait la hauteur qui constituait l'objectif. Après réorganisation, le 1er Bataillon chercha de nouveau à pénétrer les défenses extérieures de l'objectif, sans grand succès.

Le 26 août 1944 à 18h00, la Compagnie A réussit partiellement à obtenir une portion de la hauteur de l'Objectif B. La Compagnie C contourna le flanc gauche en s'efforçant d'occuper l'objectif, seulement pour bondir en cas de contre-attaque. La riposte ennemie fut déclenchée par des ordres brefs. Pourtant, le feu ennemi était encore très nourri. L'ennemi installa une forte concentration de tir au-dessus des têtes du 1er Bataillon, et la Compagnie A se retira pour permettre à notre artillerie de placer un barrage sur l'embrasure de béton d'où provenait le puissant tir de l'ennemi. Nos canons de 105 mm bombardèrent le point fort de l'ennemi, mais avec peu ou pas du tout d'effet. Il fut alors décidé de concentrer le tir de notre artillerie lourde sur la position ennemie, et les canons de 155 et de 8" furent utilisés avec quelque succès.

Immédiatement après le tir de barrage de nos canons, Le 1er Bataillon bondit pour reprendre l'attaque, mais on s'aperçut que l'ennemi, en dépit de notre violent tir d'artillerie, continuait d'occuper le blockhaus. A 19h30, ce 26 août 1944, nos bataillons se replièrent pour la nuit, juste pour se préparer pour une nouvelle offensive à 8h00 le 27 août 1944. Le matin suivant, à 8h00, le 3ème Bataillon avança assez lentement, avec le 1er Bataillon essayant toujours de vaincre l'embrasure de béton.

Un combat violent se prolongea toute la journée. Il fut alors décidé d'obtenir une mission aérienne sur le blockhaus. Quatre P-47 s'envolèrent pour remplir la mission. Les hommes de notre 3ème Bataillon déployèrent leurs panneaux de reconnaissance aérienne et, les ayant repérés, nos avions piquèrent sur la position ennemie, lâchant des bombes et mitraillant pendant la descente. La mission aérienne fut couronnée de succès en ce sens que deux des bombes atteignirent l'objectif. Les autres bombes qui furent lâchées, ou bien tombèrent au-delà du but, ou bien tombèrent en deçà, deux d'entre elles n'explosant pas.

A la suite d'une conversation téléphonique avec le Général commandant la 29ème Division d'Infanterie, des ordres furent donnés pour que le 116ème Régiment d'Infanterie soit relevé de sa position, toujours au contact de l'ennemi, et pour qu'il se replie après avoir été remplacé par des éléments du 115ème d'Infanterie et de la 29ème Division d'Infanterie. A réception de ces ordres, le 116ème d'Infanterie se prépara immédiatement à aller sur ses nouvelles positions. Le 2ème Bataillon reçu l'ordre de se rendre sur la nouvelle zone de regroupement [près du Conquet, via La Trinité], à une distance approximative de 12 miles.

Le mouvement s'étant accompli rapidement, on vit les troupes s'installer sur un territoire inconnu, sans rien savoir sur la présence de troupes amies ou ennemies. Le transfert vers le nouveau territoire fut accompli de manière magnifique, et il fut entrepris sans aucun incident. Le 2ème Bataillon ouvrait la route, suivi, dans l'ordre, du 3ème Bataillon et du 1er Bataillon.

Le dernier bataillon à être relevé sur le front fut le 1er Bataillon, qui fut relevé à 5h56 le 28 août 1944 et partit immédiatement pour la nouvelle zone de regroupement. Ce fut chose faite à environ 11h15 le 28 août 1944. Ce jour là, à midi, le 2ème Bataillon reçu la mission de prendre et défendre l'Objectif Z. Il rencontra une résistance ennemie, principalement des mortiers et des armes légères, mais le Bataillon continua de pousser en avant et atteignit la partie ouest de l'Objectif Z. L'ordre arriva alors de se replier pour la nuit.

* * *

Le mouvement tout entier fut accompli sans incident, et aucune présence ennemie ne se manifesta le long de la route.

Aussitôt après son arrivée dans la zone de regroupement [près de St. Renan], le Régiment fut pourvu de cartes de la région, y compris une carte (1:25.000, feuilles 7/10 SE et 7/8 NE) où figurait le système de défense de la région de Brest, ainsi qu'un plan de la ville de Brest. Les information avaient été vérifiées par des renseignements venant de civils et des F.F.I.

La première manifestation de la résistance ennemie fut un bombardement à St. Renan. L'ennemi essayait de localiser les positions des unités qu'il avait devant lui en envoyant des patrouilles de reconnaissance de 10 à 30 hommes vers Milizac (900087) et à 300 yards au nord de St. Renan (856053).

Quand le 3ème Bataillon du 116ème d'Infanterie attaqua, le 25 août 1944 à 13h00, la première résistance se développa le long de la voie ferrée au nord de Guilers (899044) et quelques prisonniers furent capturés.

L'ennemi avait une position fortifiée au point CR 89 (900025), entouré d'un fossé anti-chars. Pendant les premiers jours de combat, une légère pénétration par quelques unes de nos troupes fut stoppée par une contre-attaque ennemie d'environ trois sections. L'artillerie et un bombardement aérien ne parvint pas à déloger l'ennemi.

Alors que le Régiment se dirigeait vers les faubourgs de Locmaria-Plouzané (834989), l'ennemi employa une grande quantité de mortiers, et des tirs d'artillerie et de roquettes furent essuyés.

A la fin de cette période, cette unité était encore engagée le long de la crête située juste à l'ouest de la Trinité (877980). L'ennemi, opposant une résistance opiniâtre, se compose alors des 10ème et 12ème Compagnies du 2ème Régiment de Parachutistes, périodiquement renforcées par des hommes de la Marine, qui sont intégrés sous le commandement du 2ème Régiment de Parachutistes."

L'historien militaire Schildt fait aussi état des actions durant les 26 et 27 août de la manière suivante :

"Durant les deux jours suivants [26-27 août], la résistance allemande s'accrut encore. Le 115ème releva le 116ème de manière à ce que les Stonewallers puissent contourner par le flanc et exploiter une ligne de crête naturelle conduisant à Brest.

Un puissant tir allemand maintint des éléments du 115ème et du 175ème cloués au sol durant quelques jours. L'ennemi reçu le renfort de parachutistes. Ensuite, des mouvements tournants, ainsi qu'un bombardement intense au mortier par une compagnie américaine du 86ème Bataillon Chimique, nettoyèrent la colline. La 29ème tenait maintenant cette colline et avait ainsi une formidable vue sur Brest. L'artillerie divisionnaire pouvait maintenant tirer avec précision sur les positions allemandes. La position fut prise le 3 septembre. Trois semaines devaient encore s'écouler avant que Brest tombe [le 18 septembre].

Le 6 septembre, les positions allemandes furent sévèrement bombardées. Il y eut un recul des positions ennemies tout le long de la ligne du front. Il fut alors possible à la 8ème Division et au 115ème d'avancer. Les "Bleu et Gris" pouvaient maintenant dominer du regard les fortifications de Kergonant."

Maurice fut trouvé le 10 septembre 1944 par le Service Américain d'Enregistrement des Tombes. Le rapport de l'officier d'enterrement indique qu'il fut inhumé le 21 septembre à 10h00, à peu près un mois après sa mort. Le corps fut chargé sur un camion à coté des corps de ses camarades décédés, et il fut inhumé dans son uniforme de combat olive brunâtre, sans cercueil d'aucune sorte, dans le Secteur M, Rangée 8, Tombe 195 du cimetière militaire américain de St. James, en France, un cimetière temporaire pour 4.367 soldats. Une croix de bois fut érigée pour marquer l'emplacement. En vue d'une identification, l'une de ses plaques d'identité fut enterrée avec le corps, l'autre étant placée sur la croix elle-même pour une identification ultérieure. Les soldats enterrés à St. James n'étaient pas placés dans des cercueils mais, au lieu de cela, ils étaient enveloppés dans des toiles à matelas ou des manteaux.

Lundi, Mardi et Mercredi, 28-30 août 1944. L'historien Schildt continue à décrire l'action dans l'extrême ouest de la France de la manière suivante :

"Le 116ème a occupé sa position sur le flanc droit de la 29ème le 28 août. A midi, en colonne de bataillons 2, 3, 1, le 116ème fit mouvement vers l'avant et arriva près de Kerguestoc dans l'après midi. Le jour suivant, il y eut une autre avancée de 500 yards. Le 30 août apporta peu d'avantage. Une sorte de temps mort s'installa."

La famille avertie

Étant revenue de Montgomery dans le comté de Breckinridge, Helen habita chez sa mère à McQuady. Elle commença à se douter que quelque chose n'allait pas vers le début de septembre, quand elle cessa de recevoir du courrier de Maurice. "J'aimais Alf et Marie", se rappelle Helen, "aussi j'allais à cheval jusqu'à leur maison pour rester avec eux durant quelques jours, espérant qu'ils reçoivent des nouvelles de Maurice".

Le lundi 11 septembre, une retraite commença à l'église Baptiste de New Clover Creek, et le Frère Ezra Meador, directeur des Missions pour l'Association Baptiste de Breckinridge, officiait en tant que prédicateur. Helen et Marie y assistèrent, se demandant souvent si Maurice allait bien. Comme le temps passait, Helen devint plus inquiète. Parfois, Alf et Marie entendaient Helen prier durant son sommeil pour la sécurité de Maurice, et ils s'agenouillaient lentement près de son lit et priaient avec elle. Ils ne réalisaient pas que le cauchemar ne faisait que commencer.

Le lundi 18 septembre, Helen rendait une fois de plus visite à ses beaux-parents. Alors que Alf et Marie étaient dans la grange, derrière leur maison, le téléphone sonna. Helen décrocha. "Est-ce que Mademoiselle Helen O'Connell est ici ?" demanda la voix. "C'est moi-même", répondit Helen. "Nous avons reçu un message du Département de la Guerre comme quoi votre mari est porté disparu au champ d'honneur", annonça la voix. Les mots étaient tranchants comme un couteau dans le c�ur d'Helen. Elle se sentit aussitôt paralysée de douleur. Sans en dire plus, elle raccrocha le téléphone et, par la porte de derrière, elle hurla à Alf et Marie de venir dans la maison. Réalisant que quelque chose de très grave était arrivé, les parents de Maurice accoururent rapidement par la porte de derrière. Quand elle apprit que son fils était porté disparu, Marie hurla d'angoisse, craignant le pire.

Le 18 septembre 1944, à 10h18, la Section Owensboro de la Western Union Telegrah reçu la nouvelle que Maurice était porté disparu au champ d'honneur. Le télégramme du Secrétaire de la Guerre était rédigé de la manière suivante :

LE SECRÉTARIAT DE LA GUERRE ME DEMANDE DE VOUS EXPRIMER SON PROFOND REGRET POUR LE FAIT QUE VOTRE FILS LE SOLDAT DE PREMIÈRE CLASSE MAURICE F. O'CONNELL A ÉTÉ PORTÉ DISPARU AU CHAMP D'HONNEUR EN FRANCE DEPUIS LE VINGT SEPT AOUT. SI DES DÉTAILS OU D'AUTRES INFORMATIONS NOUS PARVENAIENT ULTÉRIEUREMENT VOUS EN SERIEZ RAPIDEMENT AVERTIE

J.A. ULIO GÉNÉRAL ADJUDANT

Keenan, âgé de quatorze ans, et Helen pleuraient, allongées sur le lit. Quelques membres de la famille arrivèrent au domicile des O'Connell pour les réconforter. L'angoisse était encore aggravée par le fait que personne ne savait que penser du message : "disparu au champ d'honneur". Le jeune Keenan, désespéré par cette nouvelle, arpentait la pièce en répétant : "Je sais qu'il reviendra. Je sais qu'il reviendra".

Carl Meador, Marshal de Hardinsburg, alla en voiture jusqu'à la ferme des O'Connell pour leur apporter le télégramme. Alfred, Marie, Keenan et la femme de Maurice étaient tous attablés pour le déjeuner quand ils entendirent frapper à la porte de derrière. Meador entra et annonça : "Madame O'Connell, votre fils est porté disparu au champ d'honneur", et il lui tendit le télégramme que jamais aucune mère n'a voulu recevoir.

Inutile de dire que la famille O'Connell fut affolée durant quelques jours, surtout parce que personne ne savait si Maurice était simplement "disparu au champ d'honneur" ou bien mort. La s�ur de Marie, Helen Ryan, resta un bon moment au domicile des O'Connell, espérant pouvoir aider la mère éplorée à retrouver son calme.

Finalement, le 10 octobre 1944, la famille reçut un télégramme du Département de la Guerre qui confirmait que Maurice avait été tué au combat. Le télégramme déclarait qu'il avait été tué le 10 septembre.

Une fois de plus, aucune autre information n'était fournie.

Toute la commune de Clover Creek était paralysée de chagrin. Bien que la nouvelle fut reçue avec une extrême tristesse, la famille avait enfin reçu une réponse : il n'y avait plus aucun espoir que Maurice soit encore vivant.

Le 17 octobre 1944, le Bureau du Général Adjudant fit un rapport sur la mort de Maurice, situant la date au 10 septembre 1944. Une note sur le rapport déclare :"L'individu nommé dans ce rapport de décès est considéré par le Département de la Guerre comme ayant le statut de disparu au champ d'honneur depuis le 10 septembre 1944, jusqu'à ce qu'il ait été mis un terme à cette absence le 10 octobre 1944, quand l'évidence considérée comme suffisante pour établir le fait de mort par un Commandant de la zone Européenne a été reçue par le Secrétariat de la Guerre".

Le 26 octobre 1944, apparemment après une brève enquête, l'armée américaine a officiellement changé la date du décès de Maurice en 27 août 1944. Aucun autre détail n'était fourni sur les circonstances de sa mort. Le 2 novembre 1944, le Général de Brigade Robert H. Dunlop écrivit à Alfred et Marie O'Connell, les informant de la manière suivante :

"Chers Mr et Mme O'Connell,

Par un télégramme et une lettre émanant de ce bureau et datés respectivement des 10 et 14 octobre, vous avez été informés que votre fils, le Soldat de Première Classe Maurice F. O'Connell, matricule 35700183, est mort au champ d'honneur en France.

Un rapport nous est maintenant parvenu établissant que votre fils est mort au champ d'honneur le 27 août 1944, et non le 10 septembre 1944. Le message ne contenait pas d'autre information.

Permettez-moi de vous renouveler toute ma sympathie.

Sincèrement vôtre,"

Robert H. Dunlop

Général de Brigade

pour le Général Adjudant-Major

Trouvant peu de consolation dans les lettres reçues du Département de la Guerre, la femme de Maurice, Helen, écrivit au Gouvernement pour obtenir des informations supplémentaires. Le 17 février 1945, le Général en Chef J.A. Ulio, Général Adjudant-Major des États-Unis, répondit à la lettre d'Helen concernant Maurice, déclarant (en partie pertinemment) ce qui suit :

"Il est regrettable qu'aucun rapport concernant les circonstances [de la mort] n'ait été reçu au Département de la Guerre. Cependant, je crois que vous comprendrez que, pour respecter l'obligation de transmettre les avis de pertes aussi rapidement que possible, nos commandants sur le théâtre des opérations ont été obligés de limiter leur rapport initial au type, à la date et à l'endroit de l'accident car, si l'on devait se procurer des détails avant que ces rapports ne soient déposés, il en résulteraient des retards considérables. Vous pouvez être certaine que toute information supplémentaire que nous pourrions recevoir vous sera transmise rapidement."

Alors que la famille de Maurice pleurait sa mort, aucun service funéraire ou commémoratif ne fut organisé. Ses parents voulaient rapatrier son corps et retardèrent les funérailles jusque là.

Cependant, les Forces Alliées continuaient leur poussée dans l'est de la France et, finalement, en Allemagne. Les pertes étaient nombreuses, c'est le moins que l'on puisse dire. Finalement, les Alliés entrèrent à Berlin et, huit mois et demi après que Maurice ait perdu la vie, le 7 mai 1945, les Allemands se rendaient sans conditions.

Éplorée, la femme de Maurice, Helen, trouvait difficile de faire face à la vie, maintenant que le jeune époux qu'elle avait tant aimé était disparu. Elle restait déprimée et triste, se sentant seule et désemparée. Chez ses parents, à McQuady, elle passa quelques jours à pleurer dans son lit. A un moment donné, son père vint près de son lit pour consoler sa fille en larmes : "Helen, je donnerais tout ce que j'ai eu et tout ce que j'aurai si cela pouvait le ramener, mais on n'y peut rien".

Le mystère entourant la mort de Maurice

Dans l'introduction de cette biographie, j'ai écrit que, de leur vivant, les parents de Maurice n'eurent ni l'un ni l'autre de détails sur sa mort. Tout ce qu'ils savaient, c'est qu'il avait été tué au combat, en France, le 27 août 1944. Ils ne savaient pas, par exemple, comment ni où il était mort. En septembre et octobre 1995, j'ai commencé à chercher quelques réponses aux questions restées en suspens. Le 11 novembre 1995, la veuve de Maurice, Helen Murrell, et moi-même allèrent à Staunton, en Virginie, pour la réunion annuelle du 116ème d'Infanterie. Là, nous prîmes contact avec un membre de la Compagnie I et nous parlâmes avec le Capitaine Jim Kilbourne, l'assistant-historien du 116ème d'Infanterie.

Grâce à l'aide du bureau du congressiste Ron Lewis, le 28 novembre 1995, je reçu un fascicule de 48 pages de l'armée américaine qui apportait plus de précisions. Bien que certaines réponses puissent ne jamais être connues, il y avait là au moins quelques explications probables.

Il semble que l'endroit le plus probable de la mort de Maurice soit la commune de Guilers, à environ trois miles au sud-est de St. Renan. D'après le Commandant Puntenney, officier commandant le 3ème Bataillon, auquel appartenait Maurice, le 27 août, la Compagnie I était située à environ 2.000 yards au nord-ouest de la commune de Guilers. Cependant, avant que les Américains prennent la ville, ils reçurent l'ordre de marcher vers Le Conquet, à l'extrême ouest des côtes de France. Le Commandant Puntenney fait cependant remarquer que le bataillon marchait vers La Trinité, à environ un mile au sud-ouest de Guilers, et qu'il rencontra le feu ennemi à ces deux endroits. Les archives du 116ème d'Infanterie révèlent qu'aucun soldat n'est mort à La Trinité jusqu'au 27 août inclus. Nul ne sait dans quelles circonstances le jeune Maurice O'Connell perdit la vie, mais il fut porté disparu au champ d'honneur le 27 août 1944. Le Commandant Puntenney déclare que le bataillon avait la possibilité de soigner assez rapidement les soldats blessés et qu'il ne fut pas informé de cas où des soldats blessés auraient été abandonnés. Cependant, il fait remarquer qu'on ne pouvait accorder que peu d'attention aux soldats qui étaient tués.

Autre mystère : la cause de la mort. Une blessure à la tête venant d'un obus de mortier semble la réponse la plus probable. Bien que l'embaumeur ait noté, à l'époque où le corps de Maurice fut exhumé, qu'il y avait une fracture du crâne, ce serait trop présumer que de croire que ce fut la cause de sa mort. Une fracture n'est qu'une cassure dans un os, et une telle cassure pourrait très bien avoir été provoquée après la mort. De l'avis d'un ancien membre de la Compagnie K, Felix Branham, Maurice fut très probablement tué soit par la balle de fusil d'un franc-tireur, soit par un obus de mortier, puisque ces deux types d'armes furent les plus utilisées par les Nazis le 27 août dans les environs de Guilers. Branham affirme que, souvent, quand un soldat était tué au combat dans les environs de Brest, le corps était mis dans un endroit et laissé là pour une identification ultérieure.

Le Colonel William E. Ryan, retraité de l'armée américaine, est d'accord avec le fait que, alors que la compagnie progressait, les corps des militaires étaient laissés sur place, pour être repérés et identifiés ultérieurement. Bien que cela puisse paraître choquant, dans le feu de la bataille, les soldats étaient plus préoccupés par leur propre survie que par l'identification des morts. Le Colonel Ryan déclare que le cimetière de St. James était une terre d'enterrement provisoire. Les soldats enterrés là n'étaient pas placés dans des cercueils ; beaucoup étaient enveloppés dans des toiles de tente ou dans des toiles à matelas. Une fois que la famille du soldat était avertie du décès, la famille avait la possibilité, soit de laisser le corps en France (auquel cas il serait resté à St. James), soit elle pouvait demander que le corps soit renvoyé à la famille (auquel cas il était exhumé du cimetière français, placé dans un cercueil, et renvoyé ensuite aux États-Unis pour être inhumé).

Ces bribes d'information expliquaient un peu la confusion concernant les rapports envoyés à la famille O'Connell. L'Armée savait, le 27 août 1944, que Maurice était "porté disparu au champ d'honneur", et avertit donc les O'Connell le 18 septembre. Les propres camarades fantassins de Maurice n'ont pas vraiment su ce qui lui était arrivé. Le Service d'Enregistrement des Tombes de l'Armée trouva le corps de Maurice le 10 septembre et avertit l'Armée vers le 14 octobre 1944 (la date du second télégramme envoyé aux O'Connell) de leur découverte. Ainsi, le 14 octobre, le Département de la Guerre avertit les O'Connell que Maurice avait été tué au combat mais, en raison de la procédure habituelle, présumait que la date de la mort était le 10 septembre. Finalement, vers le 2 novembre 1944, date de la dernière lettre du Département de la Guerre, l'Armée a déterminé, probablement après avoir réalisé que Maurice avait été porté disparu au champ d'honneur depuis le 27 août, qu'il était en fait mort le ou vers le 27 août, et non le 10 septembre comme il avait été signalé précédemment.

Le 24 avril 1945, l'Armée avertit les parents de Maurice qu'elle était en possession d'un certain nombre d'objets personnels lui appartenant. D'après un inventaire, le corps de Maurice fut trouvé avec les objets suivants : un portefeuille, une pièce de monnaie américaine, onze pièces anglaises, une pièce française, un permis de conduire civil, une carte d'identité, un stylo rouillé, vingt et une photographies, un petit album photo, un insigne d'épaule avec l'emblème de la 29ème Division, une carte de Sécurité Sociale, et un récépissé.

Ces articles furent envoyés par mer à sa veuve, Helen, le 7 juin 1945, avec un chèque d'un montant de 7,26 dollards représentant le total de l'argent appartenant à Maurice. Quand les O'Connell reçurent les objets ayant appartenu à Maurice, cela fut comme si l'Armée confirmait qu'elle avait vraiment identifié son corps.

Le retour du cercueil

Certains trouveront difficile de croire que trois ans et onze mois s'écoulèrent après la mort de Maurice avant que les États-Unis fassent en sorte que son corps soit exhumé du cimetière français de St. James et ensuite renvoyé à Hardinsburg.

Le 4 octobre 1946, l'Intendant Général d'Armée de Première Classe avertit les O'Connell que le Département de la Guerre avait été autorisé à rapatrier le corps de Maurice à Hardinsburg, puisque la famille le désirait ainsi. Exactement trois ans après la mort de Maurice, le 27 août 1947, l'Intendant Général d'Armée de Première Classe envoya aux O'Connell quelques imprimés afin qu'ils puissent indiquer leur souhait quant au lieu où le corps serait enterré définitivement. Le 22 septembre 1947, Alfred O'Connell signa les imprimés indiquant que la famille souhaitait enterrer le corps dans le cimetière de Ivy Hill à Hardinsburg. Alfred et Marie O'Connell préparèrent les funérailles, ce qui constitua pour eux une nouvelle épreuve très pénible.

Le 18 mai 1948, l'Armée exhuma le corps du cimetière de St. James. Thomas E. Jones, l'embaumeur, nota que les indications étaient restées sur l'étiquette et sur la dépouille mortelle, et il nota que le corps était encore enseveli dans l'uniforme olive brunâtre (de combat) et que l'état du corps était "Squelettique, Décomp. Avanc. - Fract. Crâne".

Les officiants placèrent la dépouille dans une caisse métallique de transfert le 21 mai 1948. Puis, le 1er juin 1948, H.F. Pergande, un embaumeur, plaça la dépouille dans un cercueil couleur bronze, hermétiquement clos. A son tour, le cercueil fut mis en caisse par H.B. Ryer, Jr.

Le transfert de la France à Hardinsburg se passa de la manière suivante : le 23 mai 1948, le cercueil fut emmené en camion du cimetière français au Point A de rassemblement des cercueils à Cherbourg, port de mer du nord [-ouest] de la France. De là, il fut transporté par camion à l'Unité Portuaire de Cherbourg. Le 17 juin 1948, il fut embarqué à bord du USAT Greenville Victory, et transporté ainsi à travers l'Atlantique, depuis Cherbourg jusqu'au port de New York City, où il arriva huit jours plus tard, le 25 juin 1948. A New York, le 27 juin 1948, le cercueil fut placé dans un train et envoyé à DC7 (Centre de Répartition de Columbus), où il arriva le 28 juin 1948. A Columbus, les services officiels firent une retouche à la peinture du cercueil, qui avait apparemment été endommagée sur le bateau pendant la traversée de l'Atlantique.

Le 8 juillet 1948, à 12h42, une escorte militaire commandée par le Sergent-Chef Harold Menderbull accompagna le cercueil en train de Columbus à Cloverport, où il arriva au dépôt L. & N. [le lendemain] à 9h37. Kenneth F. Bickett, de la Maison Funéraire R.T. Dowell, accueillit l'escorte militaire et le cercueil avec un corbillard. De Cloverport, le groupe partit en voiture jusqu'au domicile des O'Connell, à peu de distance à l'ouest de la carrière de pierres.

Maurice était finalement de retour chez lui. Son corps resta en l'état durant les trois jours suivants. Beaucoup de membres de la famille et d'amis vinrent lui rendre visite à la maison.

Les funérailles

Plus de trois années s'étaient écoulées depuis que les Allemands avaient capitulé, et près de trois années s'étaient écoulées depuis la capitulation des Japonais.

Bien que les officiels militaires discutaient avec elle, Marie O'Connell était déterminée à ramener Maurice à la maison familiale, près de la carrière de pierres. Les officiels militaires ne voulaient pas que le cercueil soit transporté à la résidence des O'Connell sans une escorte militaire convenable, qui resterait de faction pendant toute la durée [de la cérémonie].

En raison de la petite taille de la chapelle à l'église Baptiste de New Clover Creek, et en prévision de la grande foule attendue, Alfred et Marie décidèrent que le service funéraire aurait lieu à l'Église Baptiste de Hardinsburg.

Le 11 juillet 1948, onze jours après le vingt-quatrième anniversaire de Maurice, le corps fut transporté du domicile des O'Connell à l'église Baptiste de Hardinsburg. Le Frère William Varble, pasteur de New Clover Creek, prononça le panégyrique ; il était assisté du Frère T.E. Smith, pasteur de l'église Baptiste de Hardinsburg. Parmi ceux qui tenaient les cordons du drap mortuaire, il y avait quelques soldats de la Seconde Guerre Mondiale qui furent des amis de Maurice : Walter Brickey "Junior", James O. Gibson, Ted Mattingly, John E. Frank, Ivan E. Furrow, et James O. Burden. La femme de Maurice, Helen, assista à l'enterrement aux cotés de son [nouveau] mari, Charles Murrell. Il y avait vingt-trois couronnes mortuaires, venant principalement de la famille et des amis. L'une d'elles venait des membres de la communauté de New Clover Creek. Après que le cercueil eut été placé au premier rang dans l'église, le service se déroula de la façon suivante :

Déroulement du Service funéraire

Hymne "Protégé dans les bras de Jésus"

Lecture de la nécrologie de Maurice par Mademoiselle Nellie Sinnett

Hymne "Jésus se soucie-t-il de nous ?"

Prière par le Frère T.E. Smith

Hymne "Le cercle ne va-t-il pas se briser ?"

Lecture des Saintes Écritures et Sermon par le Frère William Varble : Psaume 23, Jean [verset] 14 et Épître aux Corinthiens [verset] 15

Hymne "O pense à la Maison de l'Au-delà"

 

Nellie Stinnett lut également un poème qui a dû être chargé de signification pour la mère de Maurice :

"Je ne peux dire - et je ne dirai pas

Qu'il est mort - il est simplement ailleurs -

Avec un sourire joyeux et un signe de la main

Il est entré dans un pays inconnu,

Et nous a laissés songer combien

Cela doit être juste, puisqu'il s'y attarde,

Et vous - O vous - dont la plus folle aspiration

Est de revenir au temps jadis pour un joyeux retour,

Pensez à lui qui voyage, comme à un être cher

Dans l'amour de Là-bas comme dans l'amour d'Ici

Pensez à lui comme étant toujours le même ; je le répète

Il n'est pas mort - il est simplement ailleurs."

Après l'enterrement, le cercueil fut de nouveau placé dans le corbillard, et la cérémonie continua par une brève procession jusqu'au cimetière Ivy Hill d'Hardinsburg. Au cours d'un service près de la tombe, en même temps que retentissait une salve de vingt et un coups de fusils et la sonnerie aux morts, le corps du jeune fantassin PFC Maurice Francis O'Connell fut finalement inhumé, alors que la "Stars and Stripes" était présentée à sa mère et à sa veuve.

Épilogue

Alfred O'Connell continua de travailler à sa ferme. Vers la fin de 1970, il rejoignit l'église Baptiste de Hardinsburg, où il avait été baptisé. Il mourut le 18 mars 1987 et fut enterré dans le cimetière de Ivy Hill, à la gauche de son fils Maurice.

Marie O'Connell continua à servir comme clerc à l'église de New Clover Creek jusqu'au 8 juillet 1955, date à laquelle elle démissionna pour devenir membre de l'église Baptiste de Hardinsburg. Elle commença alors à travailler comme cuisinière chef dans le Lycée comtal de Breckinridge, situation qu'elle occupa jusqu'à son départ à la retraite en 1973, à l'âge de 70 ans. Des membres de la famille affirment que Marie devint amère à la suite de la perte de son aîné, et que, naturellement, elle sembla tout le reste de sa vie avoir beaucoup de difficulté à s'adapter à cette tragédie. Elle mourut le 17 mars 1982 et fut également enterrée dans le cimetière de Ivy Hill, à la droite de Maurice.

Charles Preston O'Connell fut baptisé durant la Mission de 1941 à New Clover Creek, en octobre. Il servit dans la Marine Nationale des États-Unis du 27 février 1945 au 7 mai 1946, terminant dans le théâtre des opérations du Pacifique. Il épousa Helen Bates à Owensboro le 8 septembre 1947. Ils eurent trois fils, Richard Keith, Maurice Ronald (un homonyme de son oncle héroïque), et Kenneth Brian. Preston et sa femme déménagèrent pour Louisville et, le 21 avril 1962, ils transférèrent leurs titres de membres de l'église Baptiste de New Clover Creek à l'église Baptiste de la 18ème rue à Louisville. Lui mourut tragiquement le 24 mai 1986 : le tracteur qu'il conduisait se renversa à l'intersection de l'autoroute 105 et de l'autoroute 992 du Kentucky, à environ cinq miles à l'ouest de Hardinsburg.

Walter Keenan O'Connell fut élu Directeur de l'École du Dimanche à New Clover Creek et servit durant trois années civiles : 1945, 1946 et 1947. Il fut diplômé du Lycée au printemps de 1947 et épousa ensuite Betty Jean Jolly le 12 juillet. Le 21 décembre 1949, il transféra sa qualité de membre à l'église Baptiste de Hardinsburg. Ils eurent trois enfants : Brenda Faye, Betty Lois (qui mourut enfant) et Keenan Wayne. Après la naissance de Wayne, Betty Jean fut atteinte de la maladie de Hodgkin (cancer des ganglions lymphatiques) et mourut prématurément à l'âge de vingt-deux ans, le 15 avril 1953. Après la mort de leur mère, Brenda et Wayne passèrent beaucoup de temps avec leur grand' mère, Marie. Du 11 février 1957 au 7 avril 1960, Keenan servit en tant que Réserviste dans l'armée américaine et, du 12 octobre 1961 au 11 octobre 1964, il servit en tant que Réserviste dans les Troupes de la Marine des États-Unis. Assez entreprenant, il développa une affaire de remorques sur l'autoroute américaine 60. Il construisit aussi un théâtre "drive-in" près de Harned et du circuit américain de course automobile 60, à l'est de Hardinsburg. Il a acquis quelques fermes et s'est lancé récemment dans une affaire de location de cassettes vidéo.

Helen Taul O'Connell continua à habiter dans la maison de ses parents à McQuady, se sentant souvent seule et extrêmement triste. Même dans sa mort, Maurice avait bien pourvu Helen, lui laissant une police d'assurance de 10.000 dollards, avec des paiements mensuels de 55,10 $, depuis sa mort jusqu'au 27 juillet 1964 ; mais l'argent ne pouvait pas remplacer Maurice. Des amis d'Helen, les deux soeurs Shrewsberry, Charlotte et Beatrice, prirent un travail au Sanatorium Hords à Anchorage, dans le Kentucky. Le travail requérait d'elles de vivre au sanatorium pour pouvoir mieux s'occuper des patients. Elles convainquirent Helen de travailler au sanatorium pour longtemps. Au début de janvier 1946, une femme nommée également Helen, rencontrée au sanatorium, la présenta à Charles Murrell qui, comme Maurice, avait été militaire. "La seule façon d'oublier ma peine", se souvient Helen, "était de me remarier". Seulement un mois environ après sa rencontre avec Charles Murrell, le 2 février 1946, Helen l'épousa, et ils continuèrent à habiter Louisville, élevant trois enfants : Susan, Charles Jr., et Philip. Le 19 mars 1994, Charles Murrell Sr. [second mari d'Helen] mourut. Au moment de la publication [de ce fascicule], Helen résidait encore à Louisville avec sa s�ur, qui est maintenant Madame Wayne Osting. Helen a maintenant quelques petits-enfants.

Décorations de Maurice

D'après les registres du Centre du Personnel de l'Armée des États-Unis, PFC Maurice F. O'Connell obtint les décorations suivantes pour ses états de service dans l'armée américaine : (1) l'étoile de bronze, (2) le c�ur pourpre, (3) la médaille de bonne conduite, (4) la médaille de la campagne d'Europe-Afrique-Moyen Orient avec une étoile de bronze, (5) la médaille de la Victoire de la Seconde Guerre Mondiale, et (6) le bouton à revers pour Service Honorable durant la Seconde Guerre Mondiale.

Les mémoriaux

Quelques mémoriaux ont été dédiés aux soldats de la Seconde Guerre Mondiale. Le Jour du Souvenir, le 30 mai 1950, l'Université du Kentucky dédicaça le Colisée du Mémorial. Le Président H.L. Donovan écrivit à Alfred et Marie : "Sur ses murs sont inscrits à jamais les noms des 9.265 citoyens du Kentucky qui moururent alors qu'ils servaient dans l'une ou l'autre branche des forces armées". Le nom de Maurice est gravé sur une plaque près de l'entrée du Colisée, sur la troisième plaque au sud-est de l'entrée du gymnase.

Peu après la fin de la guerre, les noms des victimes de la Seconde Guerre Mondiale furent ajoutés au revers d'un mémorial érigé précédemment dans le jardin du Lycée comtal de Breckinridge à la mémoire des victimes de la Première Guerre Mondiale. Maurice, qui avait fréquenté l'établissement de 1941 à 1943, a certainement vu ce monument sur lequel son nom devait être ajouté plus tard. Dans les années 50, le monument fut déplacé dans le parc qui est devant le tribunal comtal de Breckinridge, où il se trouve actuellement.

Le 10 septembre 1995, année du 50ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'église Baptiste de New Clover Creek honora treize membres de la communauté qui avaient servi pendant la guerre. Un hommage spécial fut rendu en l'honneur de Maurice O'Connell.

Le 14 janvier 1996, les membres de l'église se réunirent pour leurs affaires habituelles, et ils décidèrent d'honorer la mémoire de Maurice en lui dédiant la bibliothèque de l'église. Quelques milliers de dollards furent réunis pour cette entreprise. La cérémonie de dédicace fut fixée au dimanche 26 mai 1996, le jour précédant la Journée du Souvenir.

Conclusion

Paix à tous ceux qui perdirent la vie durant la Seconde Guerre mondiale. Paix à vous, membres de la communauté de Clover Creek, pour l'ami et le parent que vous avez perdu. Paix à vous, Alfred, Marie et Preston O'Connell, je suis certain que vous êtes heureux en compagnie de Maurice maintenant. Paix à vous, Keenan O'Connell et Helen Murrell, pour la perte si prématurée de votre frère et mari.

Et enfin, paix à toi, Maurice. A la lumière de ta tragédie personnelle, nous reconnaissons douloureusement que, quoiqu'il en soit, tout cela n'aurait jamais dû arriver. Puisse le fardeau que tu as porté pour que nous vivions en paix faire que l'on n'oublie jamais, jamais, jamais...

Remerciements

L'auteur souhaite exprimer sa reconnaissance aux personnes suivantes pour leur aide et leur contribution à cette biographie : Mr Keenan O'Connell, Mme Helen Murrell, Mme Helen Bates O'Connell, Mme Irene Keenan Taul, Mme Margaret E. Keenan Taul et Mme Rosemary O'Connell Hinton.

Merci également au Rév. John W. Schildt pour m'avoir autorisé à emprunter de larges passages de son livre "The Long Line of Splendor", et à Mr Felix Branham et au Col. William Puntenney pour leur aide dans la description des derniers jours de la vie de Maurice O'Connell.

Merci également au Personnel de l'Institut d'Histoire Militaire des États-Unis.

Merci à Joseph H. Ewing pour sa permission d'utiliser différentes parties de son livre, "29 Let's Go!" dans la compilation de cette biographie.

Merci au membre du Congrès Ron Lewis et à son équipe pour l'aide qu'ils m'ont apportée dans la recherche des documents militaires concernant Maurice O'Connell.

Un merci tout spécial au Capt. James Kilbourne, historien assistant du 116ème d'Infanterie, pour son empressement à passer des heures à la recherche de sujets variés, à faire des copies, et à maintenir le contact avec l'auteur durant les recherches sur ce livre. Son attention et son aide se sont révélées inestimables.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Perry Thomas Ryan est né le 26 novembre 1962 à Owensboro, dans le Kentucky, de Thomas Lawrence et de Lula Yvonne Miller Ryan. Il passa son enfance à Hardinsburg, dans le Kentucky.

Perry fut diplômé du Lycée du comté de Breckinridge en 1980. Ensuite, il alla suivre des cours en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles durant l'été 1980, cours qui constituaient une partie d'un programme d'études international. Il entra à l'Université du Kentucky en août 1980.

En novembre 1980, Perry fut nommé clerc-adjoint au comté de Breckinridge. Dans cette fonction, il avait la responsabilité de répondre aux questions des citoyens qui parvenaient au bureau des clercs du comté pour des recherches généalogiques. Ayant à rechercher des documents historiques, ce travail à temps partiel fut à l'origine d'une grande part de son intérêt pour l'histoire judiciaire.

Le premier livre de Perry : "The Ryan Family of Breckinridge County, Kentucky", une généalogie de sa propre famille, fut publié en 1983. En avril 1984, il fut admis en "Phi Beta Kappa", un titre scolaire honorifique de l'Université du Kentucky. En mai 1984, il fut diplômé de l'Université du Kentucky avec une mention "B.A." en histoire, et il fut de nouveau diplômé en décembre 1984 avec une mention B.A. en enseignement secondaire.

Perry entra au Collège de Droit de l'Université du Kentucky en août 1985, et il fut diplômé en mai 1988 avec le grade de Docteur en Jurisprudence (J.D.). Ayant passé avec succès l'examen du Barreau du Kentucky durant l'été 1988, il s'inscrivit au barreau le 4 novembre 1988.

Le 6 décembre 1988, le Ministre de la Justice Fred Cowan l'engagea comme Assistant au Ministère de la Justice de l'État du Kentucky ; il instruit actuellement les dossiers criminels à la cours d'appel de l'état. Le livre de Perry : "Legal Lynching: The Plight of Sam Jennings" fut publié en 1989, alors que "The Last Public Execution in America" fut publié en 1992.

Perry reçu une bourse du Rotary International pour visiter l'Inde en janvier et février 1993. Ensuite, il écrivit un pamphlet sur cette expérience intitulé : "My Own 'Passage to India'"

Son livre le plus récent : "A History of New Clover Creek Baptist Church" a été publié en 1994.

A.B. Chandler III

Ministre de la Justice


À PROPOS DE TRADUCTEUR

Philippe Bodin est né à Paris le 14 mars 1937. Docteur en Océanographie Biologique et

docteur es-Sciences, il est actuellement Chargé de Recherches au C.N.R.S. et travaille à

l'Institut Universitaire Européen de la Mer (Université de Bretagne Occidentale) à Brest

(France). C'est en tant qu'habitant de Guilers, ville dont il est maire-adjoint à la Culture,

qu'il s'est intéressé à la biographie de Maurice O'Connell.

 

Return to NCC Home Page

 

Hosted by www.Geocities.ws

1