Paris, le 29 octobre 1987
Chère Floriana,
[…]
J’en profite pour vous transmettre également un
autre manuscrit, dont je suis moins embarrassé pour parler. Il s’agit du livre
allemand Die Antiquiertheit des Menschen, de Günther Anders, dont j’ai
lu il y a quelques mois le premier volume, et dont je vous avais dit quelques
mots à l’époque. Il s’agit d’un livre publié en 1956, présentant des analyses
de la quotidienneté marchande remarquables à l’époque et encore plus vraies
aujourd’hui. L’auteur – un élève de Husserl exilé sous le nazisme, mais n’ayant
pas partagé aux USA le sort confortable de l’Ecole de Francfort, puisqu’il y a
longuement travaillé en usine – allie de manière originale des résidus
d’analyse phénoménologique et une critique extrêmement virulente de la
standardisation marchande. Je crois pour ma part que ce premier tome (je ne
connais pas encore le second) est un très bon livre, malgré ses défauts, qui
résident à mon avis dans une certaine maladresse ou lourdeur dans l’expression,
défauts qui peuvent grandement être améliorés par une traduction qui en serait
consciente. La traduction ci-jointe, faite par un Français vivant à Berlin et,
paraît-il, traducteur de Schopenhauer, m’est venue par contacts interposés, et
je vous la transmets sans commentaire, en ajoutant simplement une tentative
de traduction dans un autre style des deux premières pages, afin de vous
permettre – pour mieux juger – de dissocier autant que de besoin le texte de la
traduction.
Amitiés,
Jean-Pierre
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