Jacques Debon : ce "diable de corsaire"

La vie de Jacques DEBON, marin intrépide digne d'un roman d'Alexandre Dumas, est relativement bien documentée par les archives.

A Saint-Pierre, la rue Jacques-Debon commémore ses exploits.


Le texte ci-dessous, reproduit avec l'autorisation de son auteur, est extrait d'une conférence donnée en 1995, par M. Pierre de Malvilain, Vice-Président de l'Association Saint-Pierre-et-Miquelon-Bretagne, et archiviste de l'Association des Corsaires malouins.

Le texte intégral de la conférence a été publié dans le numéro 63 des Voiles Blanches, bulletin de l'association SPM-Bretagne.

Son nom se trouve ici orthographié "De Bon".


[...] Jacques De Bon (*) [fut] volontaire à 13 ans à bord du corsaire la Jeune Olympe commandé par son oncle. Il passera ensuite comme enseigne sur le Flesselles. Comme tous les autres acadiens installés à Saint Pierre et Miquelon, il pratiquait la pêche à la morue durant les courtes périodes de paix.

En 1793, alors âgé de 25 ans, Jacques De Bon s'embarque comme deuxième capitaine à bord du corsaire La Républicaine. Chargé de ramener une prise, il tombe au pouvoir des anglais. Prisonnier à Plymouth, il médite son évasion, et, avec 5 autres corsaires français, perce le mur de sa prison avec des clous, erre dans la campagne anglaise, s'empare d'un canot et 48 heures après gagne Cherbourg à la force des rames. En 1796, De Bon s'embarque comme deuxième capitaine sur le corsaire La Providence, commandé par Dugué. Pris par les anglais, il est incarcéré près d'Harlesford, réussit une nouvelle évasion avec quelques matelots et s'empare d'un cutter échoué, d'un compas de route, de quelques vivres et d'une hache. Il échappe de justesse à la poursuite des gendarmes et d'un garde-côte. Une fois en mer, il se dirige vers la côte française à travers les croisières anglaises et atteint Paimpol.

Les armateurs malouins lui proposent alors en 1797 le petit lougre L'Audacieux. De Bon se rend dans le canal de Bristol et capture quelques navires de pêche, mais est repris par un côtre anglais. Encore une fois De Bon se retrouve prisonnier à Bristol, où l'on met ce "diable de corsaire" au cachot. Mais bientôt il est renvoyé en France. En 1800, capitaine des Quatre Amis, il s'empare d'un brick et de plusieurs bâtiments anglais. L'hiver 1800 venu, sur le Vieux Bougainville, il établit sa croisière vers les îles Sorlingues, ramène à Paimpol deux bricks et un sloop, puis, ni plus ni moins, s'empare d'un transport de troupes britanniques.

En 1804 et 1805, De Bon commande alors La Sorcière, armée de 14 canons ; il s'empare de deux sloops chargés de tabac, de deux navires de salaisons et de deux grands bâtiments de commerce chargés de rhum et de café. Durant cette période, il s'empare également du navire anglais Le Carméka, navire puissamment armé. Fin 1806, De Bon obtient le commandement du Jeune Bougainville, de 14 canons. Pris à nouveau, il est interné à Plymouth, où il retrouve deux capitaines corsaires malouins, Anguenard et Gautier ; ensemble, ils organisent une nouvelle évasion qui échoue. Mis deux mois au cachot, De Bon récidive mais, découvert, il passe alors six nouvelles semaines en prison avant d'étre transféré à Darsmouth où il s'évade de nouveau avec cinq autres capitaines corsaires. Repris à Exeter, les six compères sont renvoyés à Plymouth sur un ponton. De Bon y subit là deux années de la plus horrible des captivités. Echangé et envoyé en France en 1812 puis en 1813, il arme dès septembre de cette même année un nouveau corsaire, La Junon et recommence à capturer des bâtiments anglais.

Son fils ainé était mort à ses côtés dans les prisons anglaises ; un autre de ses fils, embarqué à son bord, fut enlevé par une lame.

Jacques De Bon mourut à Saint-Servan à l'âge de 85 ans, entre les bras de ses deux seuls enfants qui lui restassent : Ferdinand De Bon, commissaire de marine à Saint-Servan et Madame Auguste Surcouf, épouse d'un neveu de Robert, le célèbre corsaire.

(*) Voici les actes de naissance des enfants de Jacques et Jeanne-Marie LETOURNEUR à Saint Pierre :

  1. Gilette-Marie, baptisée le 20/04/1775, née le 10/04/1775
    parrain: CHEVALIER Henry-Vital, Marraine: VELET Guillemette.
  2. Jacques, baptisé le 08/11/1768, né le 07/11/1768
    parrain: LE TOURNEUR Pierre (grand-père), Marraine: DESROCHES Marie-Louise.
  3. Jean, baptisé le 22/03/1772, né le 21/03/1772
    parrain: DIARCE Alexandre, Marraine: LE TOURNEUR Perrine
  4. Pierre, baptisé le 16/06/1770, né le même jour
    parrain: DUPONT Pierre, Marraine: DEBON Louise.


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