Bulgarie

Membre de La Francophonie depuis décembre 1993
site préparé par Neytcho Iltchev sur la base des information de Hachette Multimédia



Isolée de la civilisation européenne pendant la longue occupation ottomane, cette lointaine étape de l'Orient-Express, héroïne malheureuse des guerres balkaniques du début du XXe siècle, était encore un pays sous-développé lorsque le «rideau de fer» l'enferma dans le camp socialiste. L'abandon de la planification a nécessité, comme ailleurs en Europe centrale, de douloureuses reconversions. Limitée par la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et ouverte sur la mer Noire, cette nation balkanique a préservé son identité slave et conservé l'héritage d'une forte minorité turque; longtemps marquée par son retard économique, qu'elle a commencé à combler sous le régime communiste (1947-1989), la Bulgarie aspire aujourd'hui à s'intégrer pleinement dans la nouvelle Europe.

Géographie physique

Malgré sa faible étendue (110 912 km²) [1999], la Bulgarie offre, dans un rectangle de moins de 500 km sur 250, des paysages variés de part et d'autre de l'arc montagneux du Balkan. Son climat est continental, mais de nuance méridionale.

Relief

Le Balkan, ou Stara Planina («Vieille Montagne») - chaîne plissée de type alpin prolongeant les Carpates méridionales - est étroit, peu élevé (2 376 m au pic Botev) et aisément franchissable. Au nord lui est accolé le Prébalkan, relief jurassien aux karsts troués de grottes. Entre celui-ci et le Danube, la plate-forme danubienne, table calcaire couverte de loess aux falaises dominant le fleuve, est relativement basse à l'ouest et se relève vers le nord-est au contact du plateau de la Dobroudja. Au sud du Balkan se succèdent une série de petits bassins, comme celui de la Vallée des Roses, bordée par la Sredna Gora («Montagne moyenne»), et celui de Sofia (situé à 550 m d'altitude), surplombé par les monts Vitosa (2 290 m).
Le Sud-Ouest est occupé par le couloir de la Struma et trois massifs cristallins. Le Rhodope, aux formes douces, ne dépasse 2 000 m que dans sa partie occidentale. Le Rila, où le pic Musala (2 925 m) constitue le point culminant des Balkans, allie la hardiesse de ses cimes à la somptuosité de ses forêts. Le massif de Pirin, dominé par l'étincelante pyramide de marbre du Vihren, culmine à 2 915 m.
Entre Sredna Gora et Rhodope, un bassin d'effondrement, comblé par les alluvions de la Marica et de ses affluents, forme la plaine de Thrace, prolongée par le bassin de Burgas et limitée au sud par les collines de Strandza.
Si le Danube limite la Bulgarie sur 470 km, le pays ne compte que de petites rivières, non navigables: l'Iskar (368 km) se jette dans le grand fleuve, la Marica et la Struma coulent vers la mer Égée et la Kamtchia vers la mer Noire.

Climat et végétation

Top of Page / Haut de page Les montagnes du Sud faisant barrage à l'influence méditerranéenne, le climat est presque entièrement continental. La position en latitude - Sofia se situe sur le même parallèle que Perpignan - atténue cependant les effets du froid en hiver. En plaine, la température moyenne de janvier oscille entre - 2 et + 2 °C. L'été, chaud (de 22 à 25 °C en juillet), très ensoleillé et sec, se montre favorable au tourisme et autorise la culture du coton et du riz. Le total pluviométrique est faible (de 500 à 600 mm en plaine) et souffre de graves irrégularités, rendant l'irrigation nécessaire.
La Bulgarie est le seul pays de la péninsule Balkanique d'où l'olivier soit absent. La forêt, surtout localisée en montagne, est en partie dégradée; des parcs nationaux, comme celui du Vitosa dans le Rila, préservent les plus belles futaies (essentiellement des chênes, des hêtres ainsi que diverses variétés de pins).

Population

La population est estimée à 8,3 millions d'habitants [estimation 1998]. L'accroissement naturel est négatif en raison de la chute de la natalité (9 [permil] pour une moyenne mondiale de 24 [permil]) [estimation 1997]. À majorité rurale jusqu'en 1944, le pays est aujourd'hui urbanisé à 70,7 % [1998], les principales villes étant Sofia, la capitale (1,1 million d'h.) [1994], Plovdiv (341 374 h.), Varna (308 601 h.), Burgas (195 986 h.) et Ruse (186 869 h.). La répartition de la population n'accuse pas d'inégalités marquantes entre les provinces, puisque la densité (74,8 h./km²) en moyenne [estimation 1998], varie seulement de 53,5 (Sofia) à 93,2 (Plovdiv). La structure par âge oppose la population vieillissante du centre et de l'ouest de la plaine danubienne, pourtant riche région agricole, à celle, beaucoup plus jeune, des montagnes du Sud-Ouest. Les Bulgares de tradition orthodoxe forment plus de 85 % de la population [1995], mais il existe une minorité tsigane, que l'on estime entre 450 000 et 800 000 personnes, et surtout une forte communauté turque musulmane de près de 990 000 personnes. On trouve aussi des Tatars, des Arméniens, des Grecs et des Macédoniens.

Économie

Top of Page / Haut de page En dépit du développement récent de l'industrie, suivant le modèle soviétique, l'agriculture - dynamisée par l'irrigation - conserve une place importante dans l'économie; le tourisme, en expansion, constitue une potentielle source de revenus pour l'avenir.
À la suite de la crise économique qui a poussé la Bulgarie au bord de l'abîme à la fin de 1996 et jusqu'en février 1997, un programme de redressement drastique soutenu par le FMI et la Banque mondiale a été mis en place en juillet 1997, avec pour résultat la réduction du déficit budgétaire du PIB à 3,6 % et du déficit des administrations publiques à 2,1 % du PIB, la baisse du taux d'inflation de 243 % en février 1997 à près de 1 % en 1998, et enfin la baisse du taux d'intérêt, qui oscillait entre 5 et 6 % depuis décembre 1997, contre 198 % en janvier de la même année. Cependant, le PIB a enregistré une nouvelle baisse : - 6,9 % après - 10,1 % en 1996.
Ainsi la reprise économique ne semble pas encore en vue : la production industrielle a chuté en 1997 de près de 8,6 % et les estimations pour 1998 ne laissent pas d'être inquiétantes : - 9,4 % par rapport à l'année précédente. En 1997, les secteurs en déclin étaient notamment ceux de la chimie-pétrochimie et de l'agroalimentaire, alors que les branches liées à l'exportation, comme la métallurgie, le tabac, la production électrique, connaissaient une progression.
Les salaires, au premier semestre de 1998, ont connu une augmentation de 26 % par rapport à 1997, et le pouvoir d'achat du salaire moyen a connu une légère amélioration. Mais plus de la moitié de la population continue de vivre en deçà du seuil de pauvreté.
Le chômage était estimé à 11,1 % de la population active pour l'année 1998 (contre 13,7 % en 1997 et 12,5 % en 1996), et les chefs d'entreprises déclarent vouloir procéder à de vastes opérations de licenciements dans les prochains mois.
Le processus de privatisation mis en oeuvre en 1992 s'effectue avec une extrême lenteur, qui a dissuadé nombre d'investisseurs étrangers ; il a cependant connu une accélération entre janvier 1996 et juin 1997 grâce à une vague de privatisations de masse, qui s'est effectuée en trois sessions d'enchères concernant 747 entreprises. Les Bulgares y ont participé individuellement ou par l'intermédiaire de fonds de privatisation. Entre 1993 et 1998, 1 064 entreprises et 1 100 parties d'entreprises ont été vendues. Une nouvelle accélération de cette privatisation est encore envisageable, grâce à l'utilisation techniques variées : appel à des consortiums internationaux rémunérés par le gouvernement bulgare et par le programme européen Phare, chargés de trouver les acheteurs potentiels de 30 très grandes entreprises ; recours à la privatisation par branche, opération au cours de laquelle les banques d'investissements étrangères auront un rôle d'intermédiaire à jouer ; mise sur le marché boursier de certains titres de sociétés publiques; et enfin, ouverture de la propriété de leur entreprise aux employés, encouragée par la privatisation par bons.
La restitution des ateliers, des magasins et des maisons a débuté des 1992. Depuis novembre 1997, le mécanisme des restitutions a été étendu aux forêts nationalisées par l'ancien régime. 20 % des forêts appartenant actuellement à l'État sont concernées. Elles étaient, avant 1944, partagées entre 1,2 million de propriétaires.

Agriculture

Avant 1944, l'agriculture occupait 80 % de la population active et se caractérisait par la faible taille des exploitations (4,3 ha en moyenne), un équipement arriéré, mais aussi par un mouvement coopératif dynamique développant déjà des expériences de travail en commun. La collectivisation, achevée dès 1958, a donc rencontré moins de résistance que dans les autres pays du bloc communiste. Jusqu'en 1971, elle a privilégié la forme coopérative des TKZC (exploitations agricoles de travail coopératif), alors que les fermes d'État (DZC) tenaient peu de place. La collectivisation a permis d'obtenir de rapides progrès en matière de mécanisation et de rendement, avec l'introduction d'engrais chimiques et surtout le développement de l'irrigation, qui s'est rapidement étendue à 26 % des terres cultivées.
En 1997, le secteur agricole employait 18 % des actifs. Outre le blé, le maïs et le tournesol - essentiellement produits dans la plaine danubienne -, le pays est spécialisé dans la culture du tabac d'Orient (dans l'est du Rhodope) et de la vigne, les cultures fruitières et les légumes de plein champ ou en serres (tomates, poivrons, concombres) dans la plaine de Thrace. La culture des roses reste localisée dans le centre du pays. En revanche, l'élevage se pratique dans toutes les régions.
L'agriculture a pâti, au cours des années 1980, d'une série de sécheresses, mais aussi du regroupement des terres en d'énormes complexes dotés d'une administration bureaucratique - les APK, d'une taille moyenne de 13 500 ha., supprimés depuis. L'année 1997 a connu une bonne récolte (2,4 millions de tonnes de céréales, contre 1,8 million de tonnes en 1995... mais 5 millions de tonnes par an en moyenne avant la réforme agraire de 1991). Pour éviter la pénurie de pain du type de celle qui s'est produite en 1996, le pays doit importer 1,5 million de tonnes de blé (il faut noter que, outre la baisse de production, des exportations frauduleuses de blé pratiquées par des proches du gouvernement avaient également concouru à cette situation de pénurie).
Le plan de réforme en cours a rendu possible l'acquisition de terres agricoles dans le cadre d'une société à capital mixte ou d'un contrat de location d'une durée maximale de 30 ans.
Les procédures de restitution des terres initiées en février 1991 sont en passe de s'achever et la détention de titres de propriété devrait favoriser l'apparition d'un marché de la terre.

Industrie

Lorsque la nationalisation de l'industrie a été décrétée en 1948, les entreprises étaient encore peu nombreuses et modestes. Elles s'appuyaient sur de minces ressources minières et énergétiques: le sous-sol est, en effet, particulièrement pauvre; les seules matières premières notables sont le plomb, le zinc, le cuivre, un peu de minerai de fer et le lignite, charbon de mauvaise qualité exploité à Pernik (Rila) et dans le bassin de la Marica; l'importation du pétrole et du gaz soviétiques a donc été nécessaire. La Bulgarie a opté pour le nucléaire. La centrale de Kozloduj fournit le tiers de l'électricité totale, le reste provenant des installations thermiques (58 %) et hydrauliques (6 %). Le modèle soviétique imposait la création d'une métallurgie lourde. Si l'implantation d'une usine de traitement du plomb à Plovdiv a pu paraître viable, celle d'une aciérie à Kremikovci, près de Sofia, semble peu rationnelle, les matières premières étant en grande partie importées. L'essentiel des produits industriels était destiné aux pays du CAEM (Conseil d'aide économique mutuelle, ou Comecon), avec lesquels la Bulgarie réalisait encore 80 % de ses échanges extérieurs en 1989, dont les trois quarts avec l'URSS. Aujourd'hui, la part des échanges avec la Russie tend à se réduire (celle-ci représentant en 1997, 28 % des importations et seulement 8 % des exportations), alors qu'elle ne cesse de croître avec les pays occidentaux (Allemagne, Italie, Grèce, Turquie).
Les reconversions en cours nécessitent l'apport massif de capitaux étrangers.

Transports et services

Le chemin de fer reste lent car les 4 294 km de lignes [1995], électrifiées à 60 %, sont souvent à voie unique. L'essentiel du trafic intérieur est assuré par un réseau routier que doivent renforcer les autoroutes Sofia-Varna et Sofia-Burgas. La flotte est encore modeste, à l'image des principaux ports, Ruse sur le Danube, Varna et Burgas sur la mer Noire.
Pour le tourisme aussi, des restructurations s'imposent, assorties d'une collaboration avec les pays de l'Ouest, à l'image de celle réalisée avec le Club Méditerranée à Roussalka ou avec la chaîne Sheraton à Sofia. En hiver, le ski est praticable à Pamporovo (Rhodope) et à Borovec (Rila). Sofia ambitionne même de devenir ville olympique. La station thermale de Sandanski, au pied du Pirin, est remarquablement équipée. Le littoral de la mer Noire, long de 378 km, est connu pour ses plages de sable fin et la température élevée de l'eau en été (24 °C au mois d'août).

Histoire

La Bulgarie correspond à l'ancienne Thrace, dont les habitants sont mentionnés par Homère; Rome organisa ces territoires en provinces de Mésie et de Thrace (Ier siècle apr. J.-C.). Englobées dans l'Empire romain d'Orient, ces provinces devinrent l'un des théâtres des grandes invasions: celle des Slaves - assimilatrice -, aux VIe et VIIe siècles, aboutit à leur installation permanente. Nombreux et sédentarisés, ils imposèrent leur langue, d'origine indo-européenne.

La Bulgarie médiévale

Apres une série de succès militaires, les Bulgares du khan Asparuh, contraignirent l'empereur byzantin à reconnaître en 681 le premier État slavo-bulgare qui prit le nom de Bulgarie. Les Bulgares, peu nombreux, abandonnèrent leur langue pour adopter celle des Slaves. En 865, Boris Ier (852-889) se convertit au christianisme, et le pays adopta l'alphabet cyrillique. Pliska, puis Preslav à partir de 926, furent promues capitales de ce premier royaume bulgare (681-1018). Le règne de Siméon Ier (893-927), fils de Boris Ier qui prit le titre de ceasar (tsar), fut exceptionnellement glorieux. Le royaume s'agrandit considérablement (de la mer Adriatique à la mer Noire), et sa nouvelle capitale, Preslav - siège du patriarcat de la nouvelle Église bulgare -, devint une cité que ses monuments et son école littéraire rendirent prestigieuse.
Les fastes de la cour et de l'Église contrastaient avec le sort misérable des paysans sous le régime féodal; le mécontentement populaire s'exprima sous la forme d'une hérésie - le bogomilisme, ancêtre du catharisme - prêchant la désobéissance, et qui fut solennellement condamné par le Concile de Tarnovo (1211). Affaibli, le premier royaume disparut après la défaite du tsar Samuel, en 1114, face aux troupes de l'empereur Basile II le Bulgaroctone («tueur de Bulgares»): afin de subjuguer les Bulgares l’empereur notoire et glorifié par les Grecs a fait aveugler 15,000 prisonniers Bulgares. La Bulgarie subit la domination byzantine de 1018 à 1185.

Le second royaume bulgare (1186-1396) naquit de la révolte des frères boyards Théodore-Pierre et Asen, qui établirent la capitale à Tarnovo et fondèrent la dynastie des Asénides. Sa puissance culmina sous Jean II Asen Kalojan - le Beau (1197-1207) qui s'illustra en capturant le nouvel empereur de Constantinople, Baudouin de Flandre. Kalojan reconstitua l'État bulgare d'autrefois en lui donnant un débouché sur la mer Égée. Puis sous Jean III Asen II (1218-1241) la Bulgarie redevient la premier puissance politique, économique, militaire et culturelle dans l’Europe de l’Est. La vie artistique était redevenue brillante (fresques de Bojana, églises et palais de Tarnovo...), lorsque l'invasion des Mongols et des Tatars, en 1240, et les rivalités entre nobles finirent par affaiblir le pouvoir. La Bulgarie se démembra en deux royaumes, celui de Tarnovo et celui de Vidin, incapables de résister aux Ottomans. Déchiré, diminué territorialement, le royaume retrouva pourtant provisoirement une vie littéraire éclatante sous Jean VI Alexandre (1331-1371). Isolé et agressé par l’Europe chrétienne à cause de sang juif de roi Ivan Sisman (sa mère Sara étant Juive), le royaume éclata; la Bulgarie tomba sous la domination oppressive et rétrograde des envahisseurs islamiques et devint province ottomane.

La domination ottomane (1396-1878)

Malgré l'héroïsme du patriarche Eftimi, Tarnovo tomba au pouvoir des Ottomans en 1393 et Vidin en 1396. Pendant près de cinq siècles, le peuple subit le pouvoir absolu du sultan et la tutelle religieuse du patriarcat grec. L'esprit de résistance resta pourtant vivace, comme en témoigne le folklore qui célèbre les exploits des haïdouks («insurgés»). Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir s'exprimer le réveil national avec la création d'écoles, dès 1835, et la lutte pour une Église bulgare, restaurée en 1870. Des patriotes bulgares (Georgi Rakovski, Vasil Levski - qui sera pendu par les Turcs en 1873 - et le poète Hristo Botev) tentèrent d'organiser le mouvement pour l'indépendance. L'insurrection de 1876 échoua, et sa répression sanglante (30 000 victimes) suscite de vives protestations internationales (dont celle de Victor Hugo). La Bulgarie, qui ne pourra se libérer qu'avec l'aide étrangère, subira des protections intéressées. En 1877, la Russie, appuyée par la Roumanie, mena à bien la guerre de libération contre la Turquie, mais la «Grande Bulgarie» (comprenant la majeure partie de la Macédoine), que le tsar Alexandre II imposa au traité de San Stefano, fut réduite, au congrès de Berlin (juillet 1878): la Macédoine et la Roumélie orientale restèrent vassales des Ottomans.

La Bulgarie de 1878 à 1944

Malgré la très libérale Constitution dite de Tarnovo - qui introduisait le suffrage universel et confiait à la seule assemblée qui en était issue l'autorité législative - le nouveau régime, qui fit de Sofia, exxcentrée à l'ouest, sa capitale en 1879, ne se montra pas un havre de démocratie. Les souverains étrangers et autoritaires, Alexandre de Battenberg (1879-1886) puis Ferdinand de Saxe-Cobourg (1887-1918) - ce dernier étant proclamé roi en 1908 -, furent contraints d'abdiquer. Deux formations politiques s'affirmèrent: d'une part le parti ouvrier social-démocrate, fondé par Dimitar Blagoev en 1891 (dont la faction dite «étroite» deviendra, en 1919, le parti communiste), et d'autre part l'Union agrarienne (fondée en 1901) présidée par Alexandre Stambolijski. Ce dernier, à la tête du gouvernement mis en place au début du règne de Boris III (1918-1943), fut renversé et assassiné en 1923 par une coalition d'extrême droite dirigée par Alexandre Cankov. L'insurrection manquée des communistes et des agrariens en septembre 1923 ouvrit une ère de répression qui aboutit à la fascisation du régime à la suite du coup d'État de 1934.
Si le rattachement de la Roumélie orientale (1885) fut pacifique, le désir de recouvrer la Macédoine amorça une politique belliqueuse et malheureuse. À l'issue des guerres balkaniques (1912-1913) et de la Première Guerre mondiale, la Bulgarie, qui accueillit plus de 250 000 réfugiés, dut renoncer à la Macédoine, à la Dobroudja et perdit tout accès à la mer Égée (traité de Neuilly, 1919). Durant la Seconde Guerre mondiale, alliée de l'Allemagne qui occupa le pays en 1941, elle récupéra la Dobroudja méridionale, et les Macédoine serbe et grecque. Toutefois, elle resta neutre vis-à-vis de l'URSS.

La République populaire (1947-1989)

En septembre 1944, les troupes soviétiques pénétrèrent en Bulgarie. Le 9 septembre 1944, le Front de la patrie, mouvement de résistance couvrant un large éventail politique, forma un nouveau gouvernement ; sous l'impulsion de Georgi Dimitrov, les communistes allaient s'emparer progressivement du pouvoir, en éliminant les opposants, comme l'agrarien Nikola Petkov, puis «purger» leurs propres rangs. La liquidation systématique de toute opposition (100 000 victimes) fut en passe d'être réalisée quand débuta le procès stalinien, suivi de la pendaison de Traïtcho Kostov en 1949. L'abolition de la monarchie, entérinée par un référendum, mit fin au règne du jeune Siméon (1943-1946) et, en décembre 1947, Georgi Dimitrov fit voter la Constitution qui instaura la République populaire. Le traité de paix signé à Paris en février de la même année était particulièrement avantageux pour un pays qui avait été l'allié de l'Axe : fort de l'appui soviétique, la Bulgarie perdait ses conquêtes mais maintenait ses frontières, hormis la Dobroudja méridionale, ne payait que de modestes réparations, et voyait les troupes soviétiques se retirer. Elle fit partie du Comecon (1949) et du pacte de Varsovie (1955) jusqu'à leur dissolution.
Le régime communiste s'est caractérisé par la longévité au pouvoir de Todor Jivkov, Premier secrétaire du parti communiste à partir de 1954, chef de l'État de 1971 à 1989, et par l'absence de troubles jusqu'au décret de décembre 1984 imposant aux Turcs la bulgarisation de leurs noms. La politique extérieure s'est caractérisée par une totale allégeance à Moscou et par des relations souvent tendues avec la Yougoslavie, qui accusait la Bulgarie de nier les droits de la minorité macédonienne. Cette Bulgarie communiste s'est écroulée avec la faillite des régimes communistes en URSS et en Europe de l'Est.

Le nouveau régime

Top of Page / Haut de page Une opposition encore dispersée, fondée sur la défense des Droits de l'Homme et de la nature, commençait juste à se manifester quand une «révolution de palais» menée par quelques-uns de ses ministres obligea Jivkov à démissionner, le 10 novembre 1989. Une Assemblée nationale, législative et constituante, fut librement élue en juin 1990. Si l'ex-parti communiste, rebaptisé parti socialiste bulgare (PSB), obtint la majorité en sièges avec 45 % des voix, il dut se résoudre, sous la pression populaire dans les principales villes, à l'élection à la présidence de la République de Jeliou Jelev, chef de l'Union des forces démocratiques (UFD), coalition de mouvements et partis d'opposition. En octobre 1991, l'UFD remporta les élections générales et, pour la première fois depuis 1944, une équipe ne comprenant aucun communiste exerça le pouvoir, avec l'appui du Mouvement droits et libertés (MDL), petit parti représentant la minorité turque. En janvier 1992, le président Jelev fut réélu au suffrage universel, mais la difficile transition vers l'économie de marché, accompagnée d'une forte corruption, plongea dans la pauvreté plus de la moitié de la population. Dans ce contexte de crise sociale, les ex-communistes du PSB remportèrent les élections législatives de décembre 1994.

Deux ans plus tard, la crise économique s'étant encore aggravée, la population se détourna des ex-communistes, et le 27 octobre, Petar Stoïanov, candidat de l'UFD, fut élu président de la République. Reconduit à la tête du pays en 1997, ce dernier annonça, en février, la dissolution du Parlement, la tenue d'élections législatives anticipées, et chargea le maire de Sofia, Stefan Sofiyanski, nommé à la tête du gouvernement provisoire, d'organiser le prochain scrutin. Les élections du 19 avril virent la victoire des Forces démocratiques (UFD, centre droit) et de ses alliés, regroupés au sein de la coalition des Forces démocratiques unies (FDU). Le 21 mai, Ivan Kostov fut nommé Premier ministre et, conformément à l'accord passé avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, mit en place un directoire financier pour le 1er juillet suivant. Partisan d'une plus grande libéralisation de l'économie, Kostov réaffirma également son désir de renforcer la lutte contre la corruption et contre la mafia (omniprésente), de mettre en oeuvre une politique tournée vers l'intégration dans l'Union européenne et l'OTAN, et de permettre l'ouverture des dossiers constitués par la police politique sous l'ancien régime de Todor Jivkov.

Au cours des quatre dernières années, la Bulgarie a réalisé le progrès marqué dans un certain nombre de domaines. Néanmoins, le mécontentement populaire lié aux difficultés des réformes sociales a coûté cher à la coalition gouvernementale. Le mouvement national "Siméon II", coalition établie deux mois avant les élections, et dirigé par l'ancien roi des Bulgares Simeon II, a réussi à rapporter une grande victoire et à mandater le plus grand nombre des députés au sein de nouveau Parlement. Après la victoire populaire remarquable de la partie de NDS d'ex-roi Simeon en juin 2001, Simeon II Saxe-Cobourg- Gotha, a reçu l'approbation unanime de sa candidature comme Premier ministre. Le rôle du Premier ministre en Bulgarie, comme, par exemple, au Royaume Uni, est très important et influent. Investi dans la réforme économique et sociale et en particulier à augmenter le revenu mensuel moyen de 250 Lev à 400 Lev dans les 800 jours, le nouveau Premier ministre aura aussi le débordement d'autres problèmes. En novembre 2001, les électeurs bulgares ont choisi Georgi Parvanov, un ex-communiste de 44 ans, comme Président dans une protubérance apparente d'exaspération contre la pauvreté et corruption dans le pays. M. Georgi Parvanov doit préparer les conditions pour l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne et à l'OTAN. Il substitue Petar Stoyanov, son prédécesseur qui a été généralement aimé pendant ses cinq années de son travail. Cependant, les Bulgares ont voulu un changement et envoyé un message clair à tous les politiciens bulgares: nous voulons un changement et le début d'un combat contre la pauvreté et corruption. C'était la même émotion qui a mené des Bulgares en juin 2001 à renvoyer le gouvernement de centre-droit d'Ivan Kostov, le remplaçant par le mouvement national de l’ex-roi Siméon II.

État et institutions

Top of Page / Haut de page La nouvelle Constitution, adoptée le 12 juillet 1991, instaure une République de type parlementaire dotée d'une seule assemblée de 240 membres, élus pour quatre ans, et d'un président de la République élu pour cinq ans au suffrage universel. Du point de vue administratif, le pays est divisé en communes, dirigées par des maires (kmet) élus, et, depuis 1987, en huit régions, plus la commune urbaine de Sofia, qui remplacent les 28 départements créés en 1959.

Culture et civilisation

Les Bulgares appartiennent presque exclusivement à la tradition orthodoxe. Leur Église, autonome, est dirigée par un patriarche. L'islam est la religion des Turcs, d'une partie des Tsiganes et de certains Bulgares appelés Pomaks.

Langue et littérature

Les premières oeuvres littéraires, d'inspiration religieuse, ont vu le jour à la fin du IXe siècle, avec saint Clément, évêque d'Ohrid, et se sont épanouies à Preslav. La période la plus brillante des lettres médiévales se situe au XIVe siècle, à Tarnovo, dans l'entourage du patriarche Euthyme. Ses disciples, réfugiés en Russie, ont contribué au développement de la littérature, alors que la culture s'éteignait dans leur patrie.
Le réveil a sonné en 1762, avec le moine Paisij (Histoire des Slaves bulgares). Ce manuscrit, recopié avec piété, a provoqué une prise de conscience nationale, qui s'est exprimée dans la littérature d'inspiration patriotique des écrivains de la Renaissance bulgare, avec Petko Slavejkov (1827-1895), Ljuben Karavelov (1834-1879) et Hristo Botev (1848-1876).
Après la Libération, la même flamme anime l'oeuvre d'Ivan Vazov (1850-1921). En 1872, Ivanko, l'assassin d'Asen Ier, tragédie de Vasil Drumev, marque la naissance du théâtre bulgare qui prendra son essor au début du XXe siècle. Par son abondance, la diversité de son talent, il domine son époque. Son roman Sous le joug (1889-1890) connaît une audience mondiale. L'inspiration change avec Aleko Konstantinov (1863-1897), qui fait de Baj Ganju un «Tartarin» bulgare; avec les poètes lyriques Penco Slavejkov (1866-1912) et surtout Peyo Yavorov (1878-1914) que l'on peut rattacher au symbolisme. L'entre-deux-guerres est marqué par deux conteurs, Elin Pelin (1877-1949) et Jordan Jovkov (1880-1937), tandis que la poésie militante réapparaît chez Geo Milev (1895-1925), Hristo Smirnenski (1898-1923), Nikola Vapcarov (1909-1942).
Sous le régime communiste, l'officialisation de la culture rend plus difficile l'appréciation des valeurs. Des talents émergent cependant, classiques chez les romanciers Dimitar Talev (1898-1966), avec les Cloches de Prespa (1954), et Emilian Stanev (1907-1979), insolites chez les nouvellistes Jordan Radikov (né en 1929) et Svetoslav Minkov (1902-1967), lyriques enfin chez les poétesses Elisaveta Bagrjana (1893-1991), Blaga Dimitrova (née en 1922), et le poète Nikolaï Kantchev (né en 1937). Au théâtre, à partir des années 1970, s'illustrent Jordan Radickov, qui, alliant traditions populaires et satire, a créé un nouveau style de comédie, proche du théâtre de l'absurde (Pagaille, Paniers), et Stanislav Stratiev, qui, dans la même veine, se moque de la bureaucratie (Veste en daim, 1978; le Maximaliste, 1984). Avec des sensibilités différentes, la contestation s'exprime actuellement dans les romans d'Ivajlo Petrov, de Victor Paskov, de Tonco Zecev (le Mythe d'Ulysse, 1986).

Peinture

L'art des icônes, qui a connu son apogée aux XIIe-XIIIe siècles (second royaume bulgare), a su se maintenir pendant la période ottomane et a toujours été d'une grande richesse. La peinture murale prend également son essor sous le second royaume bulgare (église de Bojana) et, comme les icônes, passe de l'influence byzantine à celle du baroque occidental, au XVIIIe siècle. La peinture moderne apparaît avec Zahari Zograf (1810-1853) et s'illustre avec Vladimir Dimitrov, dit le Maître (1882-1960). La même inspiration populaire confère un style unique aux oeuvres de Zlatiu Bojadjiev (1903-1976) et de Tsanko Lavrenov (1896-1978).

Art et architecture

La culture bulgare commence avec celle des Thraces, dont on a mis au jour un nombre important d'objets d'art sur le littoral de la mer Noire et dans la plaine de Thrace. L'influence de Byzance fut ensuite prépondérante du VIIIe au XIVe siècle.
Si la plupart des constructions médiévales ont été détruites, la reconstitution des murs cyclopéens de Pliska, la maquette de l'église ronde au musée de Preslav et les restaurations de Tsarevets à Tarnovo donnent une idée de la splendeur de l'histoire de l'art en Bulgarie. La Renaissance a été un âge d'or pour l'architecture, religieuse au monastère de Rila, civile à Koprivchtitsa ou dans le Vieux Plovdiv. Un autodidacte de génie, Kolju Fitchev (1800-1881), a laissé de nombreux monuments, notamment à Tarnovo.

Musique

On conserve quelques oeuvres d'un musicien du XIVe siècle, Jean Koukouzélès, qui traitait de façon originale les hymnes byzantins. Durant la période ottomane, la chanson populaire a été le seul moyen d'expression nationale. Il en résulte un folklore d'une rare richesse, unique par la complexité de ses rythmes. Après la Libération, la musique savante se fait peu à peu une place avec des pionniers comme Dimitar Nenov (1902-1953). C'est toutefois en puisant aux sources populaires qu'un compositeur comme Pantcho Vladiguerov (1899-1978) a acquis sa renommée, tandis que les influences de Bartók et de l'école de Vienne marquent les oeuvres de Siméon Pironkov (né en 1927), de Lazar Nikolov (né en 1922), de Konstantin Iliev (1924-1988) et de Bojidar Dimov. La réputation des interprètes n'est plus à faire, qu'il s'agisse de solistes mondialement connus ou d'ensembles qui ont révélé le «mystère des voix bulgares».

Cinéma

Dominé par l'oeuvre de Vasil Zendov (Le Bulgare est un galant homme, 1915; la Révolte des esclaves, 1933), le cinéma bulgare, doté de faibles moyens, reste le fait de passionnés. Sa nationalisation, en 1948, limita sans doute la liberté des auteurs, mais non leur créativité. Le premier film «nationalisé» - Kaline l'Aigle - fut réalisé en 1950 par Boris Borozanovv. Avec Sur la petite île (1957), Ranghel Valcanov inaugura une nouvelle période, qui fit connaître le cinéma bulgare à l'étranger: le Voleur de pêches (1964), de Valo Radev, connut ainsi une belle carrière internationale. Le film clé du début des années 1970 - Iconostase, de Hristo Hristov et de Todor Dinov - aborde les problèmes contemporains dans une action située dans la campagne bulgare au XIXe siècle. Le Dernier Été (1973) de Christo Hristov, scandaleusement retouché par la censure qui lui ajouta un «prologue», raconte les tribulations d'un paysan qui refuse de rejoindre le monde urbain. Comme dans les autres pays de l'Europe de l'Est, le cinéma d'animation a révélé de nombreux talents (Todor Dinov, Donjo Donev).

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999


Back to home page/ Retour à la page d’accueil/ Di nuovo al Home Page/ De nuevo al Home/ Zurück zur Homepage

Number of visits on this site since 2 December 1999:
Nombre des visites sur ce site depuis 2 décembre 1999:Hitometer for NBulgaria Site

[ Yahoo! ] options

The information published on our site is subject to copyright
and a discharge of liability which we recommend you to read

Les informations publiées sur notre site sont soumises ? un copyright
et ? une décharge de responsabilité que nous vous invitons ? consulter


You are viewing http://www.geocities.com/nbulgaria. Last updated: 10 November 2003 .
Page maintained by [email protected]. If you have comments or suggestions, e-mail me.
Top of Page/ Haut de la page Si vous avez des questions ou des propositions, veuillez contacter Neytcho Iltchev
For further information, please contact Mr. Neytcho Iltchev, to whom you can send your remarks and recommendations.
Telephone: +359 2 9842 7579 ; Fax: + 3592 987 8952 ; E-mail: [email protected]; [email protected]

- Sondage sur mon site web -

Qu'est ce que vous aimez bien sur mon site web?

Go to statistical data on Bulgaria/ Donnes statistiques sur Bulgarie

Hosted by www.Geocities.ws

1