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Isolée de la civilisation européenne pendant la longue occupation ottomane, cette
lointaine étape de l'Orient-Express, héroïne malheureuse des guerres balkaniques du
début du XXe siècle, était encore un pays sous-développé lorsque le
«rideau de fer» l'enferma dans le camp socialiste. L'abandon de la planification a
nécessité, comme ailleurs en Europe centrale, de douloureuses reconversions. Limitée
par la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et ouverte sur la mer
Noire, cette nation balkanique a préservé son identité slave et conservé l'héritage
d'une forte minorité turque; longtemps marquée par son retard économique, qu'elle a
commencé à combler sous le régime communiste (1947-1989), la Bulgarie aspire
aujourd'hui à s'intégrer pleinement dans la nouvelle Europe.
Malgré sa faible étendue (110 912 km²) [1999], la Bulgarie offre, dans un rectangle
de moins de 500 km sur 250, des paysages variés de part et d'autre de l'arc montagneux du
Balkan. Son climat est continental, mais de nuance méridionale.
Le Balkan, ou Stara Planina («Vieille Montagne») - chaîne plissée de type alpin
prolongeant les Carpates méridionales - est étroit, peu élevé (2 376 m au pic Botev)
et aisément franchissable. Au nord lui est accolé le Prébalkan, relief jurassien aux
karsts troués de grottes. Entre celui-ci et le Danube, la plate-forme danubienne, table
calcaire couverte de loess aux falaises dominant le fleuve, est relativement basse à
l'ouest et se relève vers le nord-est au contact du plateau de la Dobroudja. Au sud du
Balkan se succèdent une série de petits bassins, comme celui de la Vallée des Roses,
bordée par la Sredna Gora («Montagne moyenne»), et celui de Sofia (situé à 550 m
d'altitude), surplombé par les monts Vitosa (2 290 m).
Le Sud-Ouest est occupé par le couloir de la Struma et trois massifs cristallins. Le
Rhodope, aux formes douces, ne dépasse 2 000 m que dans sa partie occidentale. Le Rila,
où le pic Musala (2 925 m) constitue le point culminant des Balkans, allie la hardiesse
de ses cimes à la somptuosité de ses forêts. Le massif de Pirin, dominé par
l'étincelante pyramide de marbre du Vihren, culmine à 2 915 m.
Entre Sredna Gora et Rhodope, un bassin d'effondrement, comblé par les alluvions de la
Marica et de ses affluents, forme la plaine de Thrace, prolongée par le bassin de Burgas
et limitée au sud par les collines de Strandza.
Si le Danube limite la Bulgarie sur 470 km, le pays ne compte que de petites rivières,
non navigables: l'Iskar (368 km) se jette dans le grand fleuve, la Marica et la Struma
coulent vers la mer Égée et la Kamtchia vers la mer Noire.
Les montagnes du Sud faisant barrage à l'influence méditerranéenne, le climat est presque entièrement continental. La position en latitude - Sofia se situe sur le même parallèle que Perpignan - atténue cependant les effets du froid en hiver. En plaine, la température moyenne de janvier oscille entre - 2 et + 2 °C. L'été, chaud (de 22 à 25 °C en juillet), très ensoleillé et sec, se montre favorable au tourisme et autorise la culture du coton et du riz. Le total pluviométrique est faible (de 500 à 600 mm en plaine) et souffre de graves irrégularités, rendant l'irrigation nécessaire.
La population est estimée à 8,3 millions d'habitants [estimation 1998].
L'accroissement naturel est négatif en raison de la chute de la natalité (9 [permil]
pour une moyenne mondiale de 24 [permil]) [estimation 1997]. À majorité rurale jusqu'en
1944, le pays est aujourd'hui urbanisé à 70,7 % [1998], les principales villes étant
Sofia, la capitale (1,1 million d'h.) [1994], Plovdiv (341 374 h.), Varna (308 601 h.),
Burgas (195 986 h.) et Ruse (186 869 h.). La répartition de la population n'accuse pas
d'inégalités marquantes entre les provinces, puisque la densité (74,8 h./km²) en
moyenne [estimation 1998], varie seulement de 53,5 (Sofia) à 93,2 (Plovdiv). La structure
par âge oppose la population vieillissante du centre et de l'ouest de la plaine
danubienne, pourtant riche région agricole, à celle, beaucoup plus jeune, des montagnes
du Sud-Ouest. Les Bulgares de tradition orthodoxe forment plus de 85 % de la population
[1995], mais il existe une minorité tsigane, que l'on estime entre 450 000 et 800 000
personnes, et surtout une forte communauté turque musulmane de près de 990 000
personnes. On trouve aussi des Tatars, des Arméniens, des Grecs et des Macédoniens.
En dépit du développement récent de l'industrie, suivant le modèle soviétique, l'agriculture - dynamisée par l'irrigation - conserve une place importante dans l'économie; le tourisme, en expansion, constitue une potentielle source de revenus pour l'avenir.
Avant 1944, l'agriculture occupait 80 % de la population active et se caractérisait
par la faible taille des exploitations (4,3 ha en moyenne), un équipement arriéré, mais
aussi par un mouvement coopératif dynamique développant déjà des expériences de
travail en commun. La collectivisation, achevée dès 1958, a donc rencontré moins de
résistance que dans les autres pays du bloc communiste. Jusqu'en 1971, elle a
privilégié la forme coopérative des TKZC (exploitations agricoles de travail
coopératif), alors que les fermes d'État (DZC) tenaient peu de place. La
collectivisation a permis d'obtenir de rapides progrès en matière de mécanisation et de
rendement, avec l'introduction d'engrais chimiques et surtout le développement de
l'irrigation, qui s'est rapidement étendue à 26 % des terres cultivées.
En 1997, le secteur agricole employait 18 % des actifs. Outre le blé, le maïs et le
tournesol - essentiellement produits dans la plaine danubienne -, le pays est spécialisé
dans la culture du tabac d'Orient (dans l'est du Rhodope) et de la vigne, les cultures
fruitières et les légumes de plein champ ou en serres (tomates, poivrons, concombres)
dans la plaine de Thrace. La culture des roses reste localisée dans le centre du pays. En
revanche, l'élevage se pratique dans toutes les régions.
L'agriculture a pâti, au cours des années 1980, d'une série de sécheresses, mais aussi
du regroupement des terres en d'énormes complexes dotés d'une administration
bureaucratique - les APK, d'une taille moyenne de 13 500 ha., supprimés depuis. L'année
1997 a connu une bonne récolte (2,4 millions de tonnes de céréales, contre 1,8 million
de tonnes en 1995... mais 5 millions de tonnes par an en moyenne avant la réforme agraire
de 1991). Pour éviter la pénurie de pain du type de celle qui s'est produite en 1996, le
pays doit importer 1,5 million de tonnes de blé (il faut noter que, outre la baisse de
production, des exportations frauduleuses de blé pratiquées par des proches du
gouvernement avaient également concouru à cette situation de pénurie).
Le plan de réforme en cours a rendu possible l'acquisition de terres agricoles dans le
cadre d'une société à capital mixte ou d'un contrat de location d'une durée maximale
de 30 ans.
Les procédures de restitution des terres initiées en février 1991 sont en passe de
s'achever et la détention de titres de propriété devrait favoriser l'apparition d'un
marché de la terre.
Lorsque la nationalisation de l'industrie a été décrétée en 1948, les entreprises
étaient encore peu nombreuses et modestes. Elles s'appuyaient sur de minces ressources
minières et énergétiques: le sous-sol est, en effet, particulièrement pauvre; les
seules matières premières notables sont le plomb, le zinc, le cuivre, un peu de minerai
de fer et le lignite, charbon de mauvaise qualité exploité à Pernik (Rila) et dans le
bassin de la Marica; l'importation du pétrole et du gaz soviétiques a donc été
nécessaire. La Bulgarie a opté pour le nucléaire. La centrale de Kozloduj fournit le
tiers de l'électricité totale, le reste provenant des installations thermiques (58 %) et
hydrauliques (6 %). Le modèle soviétique imposait la création d'une métallurgie
lourde. Si l'implantation d'une usine de traitement du plomb à Plovdiv a pu paraître
viable, celle d'une aciérie à Kremikovci, près de Sofia, semble peu rationnelle, les
matières premières étant en grande partie importées. L'essentiel des produits
industriels était destiné aux pays du CAEM (Conseil d'aide économique mutuelle, ou
Comecon), avec lesquels la Bulgarie réalisait encore 80 % de ses échanges extérieurs en
1989, dont les trois quarts avec l'URSS. Aujourd'hui, la part des échanges avec la Russie
tend à se réduire (celle-ci représentant en 1997, 28 % des importations et seulement 8
% des exportations), alors qu'elle ne cesse de croître avec les pays occidentaux
(Allemagne, Italie, Grèce, Turquie).
Les reconversions en cours nécessitent l'apport massif de capitaux étrangers.
Le chemin de fer reste lent car les 4 294 km de lignes [1995], électrifiées à 60 %,
sont souvent à voie unique. L'essentiel du trafic intérieur est assuré par un réseau
routier que doivent renforcer les autoroutes Sofia-Varna et Sofia-Burgas. La flotte est
encore modeste, à l'image des principaux ports, Ruse sur le Danube, Varna et Burgas sur
la mer Noire.
Pour le tourisme aussi, des restructurations s'imposent, assorties d'une collaboration
avec les pays de l'Ouest, à l'image de celle réalisée avec le Club Méditerranée à
Roussalka ou avec la chaîne Sheraton à Sofia. En hiver, le ski est praticable à
Pamporovo (Rhodope) et à Borovec (Rila). Sofia ambitionne même de devenir ville
olympique. La station thermale de Sandanski, au pied du Pirin, est remarquablement
équipée. Le littoral de la mer Noire, long de 378 km, est connu pour ses plages de sable
fin et la température élevée de l'eau en été (24 °C au mois d'août).
La Bulgarie correspond à l'ancienne Thrace, dont les habitants sont mentionnés par
Homère; Rome organisa ces territoires en provinces de Mésie et de Thrace (Ier
siècle apr. J.-C.). Englobées dans l'Empire romain d'Orient, ces provinces devinrent
l'un des théâtres des grandes invasions: celle des Slaves - assimilatrice -, aux VIe
et VIIe siècles, aboutit à leur installation permanente. Nombreux et
sédentarisés, ils imposèrent leur langue, d'origine indo-européenne.
Apres une série de succès militaires, les Bulgares du khan Asparuh, contraignirent
l'empereur byzantin à reconnaître en 681 le premier État slavo-bulgare qui prit le nom
de Bulgarie. Les Bulgares, peu nombreux, abandonnèrent leur langue pour adopter celle des
Slaves. En 865, Boris Ier (852-889) se convertit au christianisme, et le pays adopta
l'alphabet cyrillique. Pliska, puis Preslav à partir de 926, furent promues capitales de
ce premier royaume bulgare (681-1018). Le règne de Siméon Ier (893-927), fils de Boris
Ier qui prit le titre de ceasar (tsar), fut exceptionnellement glorieux. Le royaume
s'agrandit considérablement (de la mer Adriatique à la mer Noire), et sa nouvelle
capitale, Preslav - siège du patriarcat de la nouvelle Église bulgare -, devint une
cité que ses monuments et son école littéraire rendirent prestigieuse.
Les fastes de la cour et de l'Église contrastaient avec le sort misérable des paysans
sous le régime féodal; le mécontentement populaire s'exprima sous la forme d'une
hérésie - le bogomilisme, ancêtre du catharisme - prêchant la désobéissance, et qui
fut solennellement condamné par le Concile de Tarnovo (1211). Affaibli, le premier
royaume disparut après la défaite du tsar Samuel, en 1114, face aux troupes de
l'empereur Basile II le Bulgaroctone («tueur de Bulgares»): afin de subjuguer les
Bulgares lempereur notoire et glorifié par les Grecs a fait aveugler 15,000
prisonniers Bulgares. La Bulgarie subit la domination byzantine de 1018 à 1185.
Le second royaume bulgare (1186-1396) naquit de la révolte des frères boyards
Théodore-Pierre et Asen, qui établirent la capitale à Tarnovo et fondèrent la dynastie
des Asénides. Sa puissance culmina sous Jean II Asen Kalojan - le Beau (1197-1207) qui
s'illustra en capturant le nouvel empereur de Constantinople, Baudouin de Flandre. Kalojan
reconstitua l'État bulgare d'autrefois en lui donnant un débouché sur la mer Égée.
Puis sous Jean III Asen II (1218-1241) la Bulgarie redevient la premier puissance
politique, économique, militaire et culturelle dans lEurope de lEst. La vie
artistique était redevenue brillante (fresques de Bojana, églises et palais de
Tarnovo...), lorsque l'invasion des Mongols et des Tatars, en 1240, et les rivalités
entre nobles finirent par affaiblir le pouvoir. La Bulgarie se démembra en deux royaumes,
celui de Tarnovo et celui de Vidin, incapables de résister aux Ottomans. Déchiré,
diminué territorialement, le royaume retrouva pourtant provisoirement une vie littéraire
éclatante sous Jean VI Alexandre (1331-1371). Isolé et agressé par lEurope
chrétienne à cause de sang juif de roi Ivan Sisman (sa mère Sara étant Juive), le
royaume éclata; la Bulgarie tomba sous la domination oppressive et rétrograde des
envahisseurs islamiques et devint province ottomane.
Malgré l'héroïsme du patriarche Eftimi, Tarnovo tomba au pouvoir des Ottomans en
1393 et Vidin en 1396. Pendant près de cinq siècles, le peuple subit le pouvoir absolu
du sultan et la tutelle religieuse du patriarcat grec. L'esprit de résistance resta
pourtant vivace, comme en témoigne le folklore qui célèbre les exploits des haïdouks
(«insurgés»). Il faut toutefois attendre le XIXe siècle pour voir
s'exprimer le réveil national avec la création d'écoles, dès 1835, et la lutte pour
une Église bulgare, restaurée en 1870. Des patriotes bulgares (Georgi Rakovski, Vasil
Levski - qui sera pendu par les Turcs en 1873 - et le poète Hristo Botev) tentèrent
d'organiser le mouvement pour l'indépendance. L'insurrection de 1876 échoua, et sa
répression sanglante (30 000 victimes) suscite de vives protestations internationales
(dont celle de Victor Hugo). La Bulgarie, qui ne pourra se libérer qu'avec l'aide
étrangère, subira des protections intéressées. En 1877, la Russie, appuyée par la
Roumanie, mena à bien la guerre de libération contre la Turquie, mais la «Grande
Bulgarie» (comprenant la majeure partie de la Macédoine), que le tsar Alexandre II
imposa au traité de San Stefano, fut réduite, au congrès de Berlin (juillet 1878): la
Macédoine et la Roumélie orientale restèrent vassales des Ottomans.
Malgré la très libérale Constitution dite de Tarnovo - qui introduisait le suffrage
universel et confiait à la seule assemblée qui en était issue l'autorité législative
- le nouveau régime, qui fit de Sofia, exxcentrée à l'ouest, sa capitale en 1879, ne se
montra pas un havre de démocratie. Les souverains étrangers et autoritaires, Alexandre
de Battenberg (1879-1886) puis Ferdinand de Saxe-Cobourg (1887-1918) - ce dernier étant
proclamé roi en 1908 -, furent contraints d'abdiquer. Deux formations politiques
s'affirmèrent: d'une part le parti ouvrier social-démocrate, fondé par Dimitar Blagoev
en 1891 (dont la faction dite «étroite» deviendra, en 1919, le parti communiste), et
d'autre part l'Union agrarienne (fondée en 1901) présidée par Alexandre Stambolijski.
Ce dernier, à la tête du gouvernement mis en place au début du règne de Boris III
(1918-1943), fut renversé et assassiné en 1923 par une coalition d'extrême droite
dirigée par Alexandre Cankov. L'insurrection manquée des communistes et des agrariens en
septembre 1923 ouvrit une ère de répression qui aboutit à la fascisation du régime à
la suite du coup d'État de 1934.
Si le rattachement de la Roumélie orientale (1885) fut pacifique, le désir de recouvrer
la Macédoine amorça une politique belliqueuse et malheureuse. À l'issue des guerres
balkaniques (1912-1913) et de la Première Guerre mondiale, la Bulgarie, qui accueillit
plus de 250 000 réfugiés, dut renoncer à la Macédoine, à la Dobroudja et perdit tout
accès à la mer Égée (traité de Neuilly, 1919). Durant la Seconde Guerre mondiale,
alliée de l'Allemagne qui occupa le pays en 1941, elle récupéra la Dobroudja
méridionale, et les Macédoine serbe et grecque. Toutefois, elle resta neutre vis-à-vis
de l'URSS.
En septembre 1944, les troupes soviétiques pénétrèrent en Bulgarie. Le 9 septembre
1944, le Front de la patrie, mouvement de résistance couvrant un large éventail
politique, forma un nouveau gouvernement ; sous l'impulsion de Georgi Dimitrov, les
communistes allaient s'emparer progressivement du pouvoir, en éliminant les opposants,
comme l'agrarien Nikola Petkov, puis «purger» leurs propres rangs. La liquidation
systématique de toute opposition (100 000 victimes) fut en passe d'être réalisée quand
débuta le procès stalinien, suivi de la pendaison de Traïtcho Kostov en 1949.
L'abolition de la monarchie, entérinée par un référendum, mit fin au règne du jeune
Siméon (1943-1946) et, en décembre 1947, Georgi Dimitrov fit voter la Constitution qui
instaura la République populaire. Le traité de paix signé à Paris en février de la
même année était particulièrement avantageux pour un pays qui avait été l'allié de
l'Axe : fort de l'appui soviétique, la Bulgarie perdait ses conquêtes mais maintenait
ses frontières, hormis la Dobroudja méridionale, ne payait que de modestes réparations,
et voyait les troupes soviétiques se retirer. Elle fit partie du Comecon (1949) et du
pacte de Varsovie (1955) jusqu'à leur dissolution.
Le régime communiste s'est caractérisé par la longévité au pouvoir de Todor Jivkov,
Premier secrétaire du parti communiste à partir de 1954, chef de l'État de 1971 à
1989, et par l'absence de troubles jusqu'au décret de décembre 1984 imposant aux Turcs
la bulgarisation de leurs noms. La politique extérieure s'est caractérisée par une
totale allégeance à Moscou et par des relations souvent tendues avec la Yougoslavie, qui
accusait la Bulgarie de nier les droits de la minorité macédonienne. Cette Bulgarie
communiste s'est écroulée avec la faillite des régimes communistes en URSS et en Europe
de l'Est.
Une opposition encore dispersée, fondée sur la défense des Droits de l'Homme et de la nature, commençait juste à se manifester quand une «révolution de palais» menée par quelques-uns de ses ministres obligea Jivkov à démissionner, le 10 novembre 1989. Une Assemblée nationale, législative et constituante, fut librement élue en juin 1990. Si l'ex-parti communiste, rebaptisé parti socialiste bulgare (PSB), obtint la majorité en sièges avec 45 % des voix, il dut se résoudre, sous la pression populaire dans les principales villes, à l'élection à la présidence de la République de Jeliou Jelev, chef de l'Union des forces démocratiques (UFD), coalition de mouvements et partis d'opposition. En octobre 1991, l'UFD remporta les élections générales et, pour la première fois depuis 1944, une équipe ne comprenant aucun communiste exerça le pouvoir, avec l'appui du Mouvement droits et libertés (MDL), petit parti représentant la minorité turque. En janvier 1992, le président Jelev fut réélu au suffrage universel, mais la difficile transition vers l'économie de marché, accompagnée d'une forte corruption, plongea dans la pauvreté plus de la moitié de la population. Dans ce contexte de crise sociale, les ex-communistes du PSB remportèrent les élections législatives de décembre 1994.
Deux ans plus tard, la crise économique s'étant encore aggravée, la population se détourna des ex-communistes, et le 27 octobre, Petar Stoïanov, candidat de l'UFD, fut élu président de la République. Reconduit à la tête du pays en 1997, ce dernier annonça, en février, la dissolution du Parlement, la tenue d'élections législatives anticipées, et chargea le maire de Sofia, Stefan Sofiyanski, nommé à la tête du gouvernement provisoire, d'organiser le prochain scrutin. Les élections du 19 avril virent la victoire des Forces démocratiques (UFD, centre droit) et de ses alliés, regroupés au sein de la coalition des Forces démocratiques unies (FDU). Le 21 mai, Ivan Kostov fut nommé Premier ministre et, conformément à l'accord passé avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, mit en place un directoire financier pour le 1er juillet suivant. Partisan d'une plus grande libéralisation de l'économie, Kostov réaffirma également son désir de renforcer la lutte contre la corruption et contre la mafia (omniprésente), de mettre en oeuvre une politique tournée vers l'intégration dans l'Union européenne et l'OTAN, et de permettre l'ouverture des dossiers constitués par la police politique sous l'ancien régime de Todor Jivkov.
Au cours des quatre dernières années, la Bulgarie a réalisé le progrès marqué
dans un certain nombre de domaines. Néanmoins, le mécontentement populaire lié aux
difficultés des réformes sociales a coûté cher à la coalition gouvernementale. Le
mouvement national "Siméon II", coalition établie deux mois avant les
élections, et dirigé par l'ancien roi des Bulgares Simeon II, a réussi à rapporter une
grande victoire et à mandater le plus grand nombre des députés au sein de nouveau
Parlement. Après la victoire populaire remarquable de la partie de NDS d'ex-roi Simeon en
juin 2001, Simeon II Saxe-Cobourg- Gotha, a reçu l'approbation unanime de sa candidature
comme Premier ministre. Le rôle du Premier ministre en Bulgarie, comme, par exemple, au
Royaume Uni, est très important et influent. Investi dans la réforme économique et
sociale et en particulier à augmenter le revenu mensuel moyen de 250 Lev à 400 Lev dans
les 800 jours, le nouveau Premier ministre aura aussi le débordement d'autres problèmes.
En novembre 2001, les électeurs bulgares ont choisi Georgi Parvanov, un ex-communiste de
44 ans, comme Président dans une protubérance apparente d'exaspération contre la
pauvreté et corruption dans le pays. M. Georgi Parvanov doit préparer les conditions
pour l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne et à l'OTAN. Il substitue Petar
Stoyanov, son prédécesseur qui a été généralement aimé pendant ses cinq années de
son travail. Cependant, les Bulgares ont voulu un changement et envoyé un message clair
à tous les politiciens bulgares: nous voulons un changement et le début d'un combat
contre la pauvreté et corruption. C'était la même émotion qui a mené des Bulgares en
juin 2001 à renvoyer le gouvernement de centre-droit d'Ivan Kostov, le remplaçant par le
mouvement national de lex-roi Siméon II.
La nouvelle Constitution, adoptée le 12 juillet 1991, instaure une République de type parlementaire dotée d'une seule assemblée de 240 membres, élus pour quatre ans, et d'un président de la République élu pour cinq ans au suffrage universel. Du point de vue administratif, le pays est divisé en communes, dirigées par des maires (kmet) élus, et, depuis 1987, en huit régions, plus la commune urbaine de Sofia, qui remplacent les 28 départements créés en 1959.
Les Bulgares appartiennent presque exclusivement à la tradition orthodoxe. Leur
Église, autonome, est dirigée par un patriarche. L'islam est la religion des Turcs,
d'une partie des Tsiganes et de certains Bulgares appelés Pomaks.
Les premières oeuvres littéraires, d'inspiration religieuse, ont vu le jour à la fin
du IXe siècle, avec saint Clément, évêque d'Ohrid, et se sont épanouies à
Preslav. La période la plus brillante des lettres médiévales se situe au XIVe
siècle, à Tarnovo, dans l'entourage du patriarche Euthyme. Ses disciples, réfugiés en
Russie, ont contribué au développement de la littérature, alors que la culture
s'éteignait dans leur patrie.
Le réveil a sonné en 1762, avec le moine Paisij (Histoire des Slaves bulgares).
Ce manuscrit, recopié avec piété, a provoqué une prise de conscience nationale, qui
s'est exprimée dans la littérature d'inspiration patriotique des écrivains de la
Renaissance bulgare, avec Petko Slavejkov (1827-1895), Ljuben Karavelov (1834-1879) et
Hristo Botev (1848-1876).
Après la Libération, la même flamme anime l'oeuvre d'Ivan Vazov (1850-1921). En 1872, Ivanko,
l'assassin d'Asen Ier, tragédie de Vasil Drumev, marque la naissance du
théâtre bulgare qui prendra son essor au début du XXe siècle. Par son abondance, la
diversité de son talent, il domine son époque. Son roman Sous le joug (1889-1890)
connaît une audience mondiale. L'inspiration change avec Aleko Konstantinov (1863-1897),
qui fait de Baj Ganju un «Tartarin» bulgare; avec les poètes lyriques Penco
Slavejkov (1866-1912) et surtout Peyo Yavorov (1878-1914) que l'on peut rattacher au
symbolisme. L'entre-deux-guerres est marqué par deux conteurs, Elin Pelin (1877-1949) et
Jordan Jovkov (1880-1937), tandis que la poésie militante réapparaît chez Geo Milev
(1895-1925), Hristo Smirnenski (1898-1923), Nikola Vapcarov (1909-1942).
Sous le régime communiste, l'officialisation de la culture rend plus difficile
l'appréciation des valeurs. Des talents émergent cependant, classiques chez les
romanciers Dimitar Talev (1898-1966), avec les Cloches de Prespa (1954), et Emilian
Stanev (1907-1979), insolites chez les nouvellistes Jordan Radikov (né en 1929) et
Svetoslav Minkov (1902-1967), lyriques enfin chez les poétesses Elisaveta Bagrjana
(1893-1991), Blaga Dimitrova (née en 1922), et le poète Nikolaï Kantchev (né en 1937).
Au théâtre, à partir des années 1970, s'illustrent Jordan Radickov, qui, alliant
traditions populaires et satire, a créé un nouveau style de comédie, proche du
théâtre de l'absurde (Pagaille, Paniers), et Stanislav Stratiev, qui, dans
la même veine, se moque de la bureaucratie (Veste en daim, 1978; le Maximaliste,
1984). Avec des sensibilités différentes, la contestation s'exprime actuellement dans
les romans d'Ivajlo Petrov, de Victor Paskov, de Tonco Zecev (le Mythe d'Ulysse,
1986).
L'art des icônes, qui a connu son apogée aux XIIe-XIIIe siècles (second royaume
bulgare), a su se maintenir pendant la période ottomane et a toujours été d'une grande
richesse. La peinture murale prend également son essor sous le second royaume bulgare
(église de Bojana) et, comme les icônes, passe de l'influence byzantine à celle du
baroque occidental, au XVIIIe siècle. La peinture moderne apparaît avec Zahari Zograf
(1810-1853) et s'illustre avec Vladimir Dimitrov, dit le Maître (1882-1960). La même
inspiration populaire confère un style unique aux oeuvres de Zlatiu Bojadjiev (1903-1976)
et de Tsanko Lavrenov (1896-1978).
La culture bulgare commence avec celle des Thraces, dont on a mis au jour un nombre
important d'objets d'art sur le littoral de la mer Noire et dans la plaine de Thrace.
L'influence de Byzance fut ensuite prépondérante du VIIIe au XIVe siècle.
Si la plupart des constructions médiévales ont été détruites, la reconstitution des
murs cyclopéens de Pliska, la maquette de l'église ronde au musée de Preslav et les
restaurations de Tsarevets à Tarnovo donnent une idée de la splendeur de l'histoire de
l'art en Bulgarie. La Renaissance a été un âge d'or pour l'architecture, religieuse au
monastère de Rila, civile à Koprivchtitsa ou dans le Vieux Plovdiv. Un autodidacte de
génie, Kolju Fitchev (1800-1881), a laissé de nombreux monuments, notamment à Tarnovo.
On conserve quelques oeuvres d'un musicien du XIVe siècle, Jean
Koukouzélès, qui traitait de façon originale les hymnes byzantins. Durant la période
ottomane, la chanson populaire a été le seul moyen d'expression nationale. Il en
résulte un folklore d'une rare richesse, unique par la complexité de ses rythmes. Après
la Libération, la musique savante se fait peu à peu une place avec des pionniers comme
Dimitar Nenov (1902-1953). C'est toutefois en puisant aux sources populaires qu'un
compositeur comme Pantcho Vladiguerov (1899-1978) a acquis sa renommée, tandis que les
influences de Bartók et de l'école de Vienne marquent les oeuvres de Siméon Pironkov
(né en 1927), de Lazar Nikolov (né en 1922), de Konstantin Iliev (1924-1988) et de
Bojidar Dimov. La réputation des interprètes n'est plus à faire, qu'il s'agisse de
solistes mondialement connus ou d'ensembles qui ont révélé le «mystère des voix
bulgares».
Dominé par l'oeuvre de Vasil Zendov (Le Bulgare est un galant homme, 1915; la
Révolte des esclaves, 1933), le cinéma bulgare, doté de faibles moyens, reste le
fait de passionnés. Sa nationalisation, en 1948, limita sans doute la liberté des
auteurs, mais non leur créativité. Le premier film «nationalisé» - Kaline l'Aigle
- fut réalisé en 1950 par Boris Borozanovv. Avec Sur la petite île (1957),
Ranghel Valcanov inaugura une nouvelle période, qui fit connaître le cinéma bulgare à
l'étranger: le Voleur de pêches (1964), de Valo Radev, connut ainsi une belle
carrière internationale. Le film clé du début des années 1970 - Iconostase, de
Hristo Hristov et de Todor Dinov - aborde les problèmes contemporains dans une action
située dans la campagne bulgare au XIXe siècle. Le Dernier Été
(1973) de Christo Hristov, scandaleusement retouché par la censure qui lui ajouta un
«prologue», raconte les tribulations d'un paysan qui refuse de rejoindre le monde
urbain. Comme dans les autres pays de l'Europe de l'Est, le cinéma d'animation a
révélé de nombreux talents (Todor Dinov, Donjo Donev).
© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999
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