とはずがたり 巻第三
Tohazu-gatari [Réponses sans questions] (troisième volume)

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≪場面:弘安六(一二八三)年、宮中(京都)≫

四條兵部卿のもとより、「局など、あからさまならずしたためて出でよ。夜さり迎へにやるべし」といふ文あり。心得ず覚えて、御所へ持ちて参りて、「かく申して候。何ごとぞ」と申せば、ともかくも御返事なし。何とあることとも覚えで、玄輝門院、三位殿と申す御ころのことにや、 「何とあることどもの候ふやらん、かく候ふを、御所にて案内し候へども、御返事候はぬ」 と申せば、「われも知らず」とてあり。

さればとて出でじといふべきにあらねば、出でなんとするしたためをするに、四つといひける九月のころより参り初めて、ときどきの里居のほどだにこころもとなく覚えつる御所のうち、今日や限りと思へば、よろづの草木も目にとどまらぬもなく、涙にくれて侍るに、

(中略)

ただ泣くよりほかのことなくて、暮れゆけば、御所さまの御けしきなればこそかかるらめに、またさし出でんもおそれある心地すれども、今より後はいかにしてかと思へば、今はかぎりの御面影も、いま一たび見参らせんと思ふばかりに迷ひ出でて、御前に参りたれば、御前には公卿二三人ばかりして、何となき御物語のほどなり。

練着物の生絹の衣に、芒に葛を青き糸にて縫物にしたるに、赤色の唐衣を着たりしに、きと御覧じおこせて、「今宵はいかに御出でか」と仰せ言あり。何と申すべき言の葉なくて候ふに、「くる山人のたよりには訪れんとにや。青葛こそ嬉しくもなけれ」とばかり御口ずさみつつ、女院の御方へなりぬるにや、立たせおはしましぬるは、いかでか御恨めしくも思ひ参らせざらん。

いかばかり思し召すことなりとも、「隔てあらじ」とこそあまたの年々契り給ひしに、などしもかかるらんと思へば、時のまに世になき身にもなりなばやと、心一つに思ふもかひなくて、車さへ待ちつけたれば、これよりいづ方へも行き隠れなばやと思へども、ことがらもゆかしくて、二條町の兵部卿の宿所へ行きぬ。

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+ traduction +
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[Scène : en 1283 dans la cour (Kyoto)]

J'ai reçu une lettre de mon grand-père, Shijo-no-Takachika, "Rangez bien votre chambre pour sortir de la cour. Dans la nuit je vous envoie une voiture (à bœuf) pour vous amener chez moi." Je n'ai pas compris ce qu'il a écrit donc je l'ai apportée à l'ex-empereur et lui ai dit, "Il a écrit cela. Savez-vous ce qui est arrivé?", mais il n'a pas répondu. Je n'ai pas pu comprendre cette circonstance et j'ai demandé à Mme Genkimonïn (en ce temps-là on l'a appellé Sanmidono),

"Qu'est-ce qui c'est passé? Malgré que j'ai rapporté cette lettre à l'ex-empereur, il n'a pas répondu."

Mais elle a dit, "Je ne sais pas non plus."

Pour autant je n'ai pas pu rester ici, et j'ai préparé le déménagement. Mais en septembre de l'année où j'ai commencé la vie courtisane et même quand je suis retourné chez moi pendant seulement quelque jours de temps en temps, la cour m'a manqué. J'ai pensé, "Aujourd'hui, c'est le dernier jour à la cour", toutes les choses jusqu'aux herbes et aux arbres m'ont attiré et j'ai pleuré.

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Je n'ai pas eu de choix sauf de pleurer et le jour a tombé. Je me suis douté un peu que c'était le dessein de l'ex-empereur et j'ai compris qu'il était imprudent de le revoir mais j'ai pensé que désormais je n'ai pas pu le voir, j'ai voulu le voir encore une fois au terme de ma vie courtisane et en hésitant je suis allé vers l'ex-empereur. Il a fait la causette avec quelques nobles. J'ai mis un kinu (= vêtement) blanc de soie avec une broderie verte d'une herbe sauvage et d'une vigne sauvage et un kara-ginu (= vêtement) rouge. L'ex-empereur a jeté un coup d'œil sur moi et m'a dit, "Ce soir comment sortez-vous?." Je n'ai pas pu trouver la réponse et je suis resté devant lui. Allors il a murmuré, "Cette broderie d'une vrille (vrille est le symbole des relations) d'une vigne signifie votre arrière-pensée de s'attacher et de revenir à la cour pour quelques relations. Je n'aime pas cette broderie d'une vigne verte" et peut-être il est allé dans la chambre de l'impératrice. Comme il était rancunier!

Malgré quelques crises amoureuses, il m'a promis de "ne pas me quitter". Cependant pourquoi j'ai eu une telle expérience? J'ai pensé, "Je veux mourir tout de suite," mais je n'ai pu rien faire et en plus une voiture (à bœuf) est arrivée. Donc en voulant aller quelque part et me cacher au monde mais aussi connaître la vérité de cet événement, je suis allé à la maison de mon grand-père dans le quartier Nijo.

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+ commentaire +
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Tohazu-gatari est une autobiographie d'une des femmes de l'empereur Gofukakusa (御深草天皇) (1243 - 1304), Gofukakusain-no-Nijo (fille de Koga-no-Msatada) (御深草院二条、久我雅忠女) (1258 - après 1307). Cette autobiographie est bien connue par la description toute nue de la vie amoureuse de la cour et de ses pèlerinages après avoir quitté la vie courtisane. Et presque toute la littérature classique du Japon traite de l'amour courtisane, même Tsurézurégusa écrit par le "bonze" Kenko. L'amour courtisane est décadente et immorale. D'après le dictionnaire le Grand Robert,

classique; (XVIe - XVIIIe). Vx. Qui mérite d'être imité. - (1611). Mod. Qui est considéré comme un modèle, qui fait autorité en quelque matière.

Si les jeunes "imitent" ces amours "comme un modèle", c'est une grande question sociale et éthique. Donc j'hésite à traduire le mot "Kotén (古典)" par "classique". Et je ne peux pas absolument recommander de lire la littérature "classique" du Japon. Je n'attends que votre intérêt spontané ou volontaire. (Mais Œdips Rex est aussi l'histoire de l'inceste avec sa mère et du meurtre de son père...) Donc je ne dois pas écrire ces "invitations" peut-être mais je crois à la puissance de la littérature "classique" du Japon. Puisque ces œuvres ont survécu jusqu'à maintenant. Si elles n'ont pas eu la puissance qui a fait appel à nos cœurs, elles doivent avoir disparu déjà. Donc elles ont la vérité et l'essence universelle qui peut supporter longtemps la "sélection naturelle" par les lecteurs. Et je voudrais trouver cette vérité et cette essence.

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Le point intéressant de Tohazu-gatari est sa description nue. Nijo n'a pas caché son souvenir humiliant ou misérable ou même ses faiblesses.

L'exil de la cour était la plus grande affaire pour elle. Parce qu'elle a servi l'empereur Gofukakusa depuis qu'elle avait quatre ans et elle est devenu une de ses femmes, la cour était donc toute la moitie de sa vie. Et la perte de la faveur de l'empereur et en plus l'exil de la cour était le déshonneur non seulement pour elle comme femme courtisane mais pour sa famille. Mais elle a découvert ce déshonneur. Parce qu'elle était très fière de sa position comme favorite de l'empereur, de sa haute naissance et de sa haute culture, elle n'a jamais compris la décision de l'empereur.

Elle a été forcée d'entrer dans la cour quand elle a eu quatre ans et de se marier avec l'empereur quand elle a eu quatorze ans par son père et elle a été exilée de la cour par cet empereur. À cette époque-là, dans la société machiste, elle n'a jamais eu le droit de décider de son avenir et a été ballotée par les hommes. Et elle n'a jamais supporté sa situation inférieure de femme et sa colère a explosé par son exil de la cour. Elle était une femme très indépendante. Donc ce chapitre est sa déclaration d'adieu à la cour.

À cette époque-là, on n'a qu'eu un seul moyen pour gagner la liberté; quitter le monde (= devenir un(e) bonze(sse)). Et après l'exil de la cour, elle a vagabondé dans tout le pays et évité de rester à Kyoto. C'est la réaction contre ce qu'elle n'a pas pu voyager librement dans la vie courtisane, pour elle déracinée il n'y avait pas de choix sauf de flotter dans le monde.

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Revenons en au sujet initial. Pourquoi cette littérature décadente est devenue "Kotén (classique)"? Pourquoi les anciens Japonais n'ont pas perdu leur respect à l'empereur et aux nobles et en plus n'ont pas fait une révolution quand ils ont lu cette littérature et su leur vie somptueuse et décadente? Parce que la langue japonaise est une langue très variable avec des mots d'origine étrangère ou vulgaire. Certes dans les temps anciens, beaucoup de gens n'ont pas pu lire des lettres mais dans les temps modernes l'éducation s'est développée. Pourtant la langue japonaise a changé très vite, beaucoup de gens quand même n'ont pu lire ni la langue ancienne japonaise ni la littérature "classique". Donc la littérature "classique" du Japon est une littérature qui a survécu longtemps mais elle était toujours pour certains lecteurs (d'abord des nobles et puis des intellectuels). J'hésite encore à appeler cette littérature "classique"... mais il est vrai qu'elle est intéressante et émouvante.


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