宇津保物語 俊蔭
Utsuho-monogatari [Histoire de caverne] (premier volume; Toshikagé)

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+ texte original +
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あしたにいで、ゆふべにかへりし暇のなさもやすまりぬ。たゞめのまへなれば、我も人も、はこのふたなるものをひきよするやうにて、わづらひなくて、たゞうちあそびて、あかしくらせば、こゝにてよを過ぐさむとおもひて、子にいふ、「いまはいとまあめるを、おのがおやのかしこきことにおもひて、をしへたまひしこと、ならはしきこえむ。ひきみ給へ」といひて、りうかく風をばこの子の琴にし、ほそをゝば我ひきて、ならはすに、さとくかしこくひくことかぎりなし。人けもせず、けだもの、くま・おほかみならぬは見えこぬ山にて、かうめでたきわざをするに、たまたまきゝつくるけだもの、たゞこのあたりにあつまりて、あはれびの心をなして、草木もなびく中に、をひとつをこえて、いかめしきめざる、子どもおほくひきつれて聞く。このものゝねをきゝめでゝ。おほきなるうつほを、又らうじて、年をへて、山にいでくるものとりあつめて、すみけるさるなりけり。このものゝねにめでゝ、時々のこのみを、こどもゝわれも引き連れてもてく。

かくしつゝ、この琴ひくをきくほどに、この子七になりぬ。かのおほぢがひきし七人の師の手、さながらひきとりはてつれば、よるひるとひきあはせて、春はおもしろき草々のはな、夏はきよくすゞしきかげにながめて、花もみぢのしたに心をすましつゝ、「わがよはかぎり、いのちあらんにしたがはん」と思ふ。琴は、のこるてなくならひとりつ。この子、へん化のものなれば、このて、はゝにもまさり、母は、てゝのてにもまさりて、もののつぎつぎはおとりこそすれ、このぞうは、つたはるごとにまさることかぎりなし。

かくて、この子十二になりぬ。かたちのうるはしく、うつくしげなる事、さらにこのよのものににず。あや・にしきをきて、玉の台にかしづかるゝ国王の女御・后、天女・天人よりも、かゝる草木のねをくひものにして、いは木のかはをきものにし、けだものをともとして、木のうつほをすみかとして、おひいでたれど、めもあやなるひかりそひてなむありける。はゝも、ちゝ君そひて、いつきかしづきし時よりも、かほかたちはまさりて、めでたきことかぎりなし。この年ごろ、たゞこのさるどもにやしなはれて、こよなくたよりをえたる心ちするもあはれなり。水は、はすのはのおほきなるにつゝみてもてく。いも・ところ・くだもの、さまざまなるものゝ葉につゝみて、もてきあつまる。

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+ traduction +
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[La fille de Toshikagé et son fils, Nakatada ont déménagé au fond des montagnes pour quitter le monde.]

Avant Nakatada sortait tôt le matin et retournait soir chez lui pour gagner des vivres mais ce problème du manque du temps s'est résolu. Parce qu'il y a des vivres autour de chez lui, il peut cueillir ou ramasser facilement des vivres comme en tirant un couvercle d'une boîte sur laquelle il y a des vivres, éviter des ennuis et passer tout leur temps à jouer du kin-no-koto (= la cithare japonaise avec sept cordes). Donc la fille de Toshikagé pense, "Je passerai le reste de ma vie ici." Et elle dit à son fils, "Maintenant on a du temps libre, je t'apprendrai le koto que mon père a regardé comme une chose très importante et qu'il m'a appris. Essayez de jouer." Elle lui donne le koto, riukaku-kazé, elle joue du koto, hosowo-kazé, et elle l'enseigne, alors Nakatada joue très très bien et sans faute. Au fond des montagnes désertes où on ne voit pas des bêtes sauf des ours ou sauf des loups, ils font le jeu du koto tellement magnifique, donc des bêtes qui l'entendent par hasard s'attroupent elles-mêmes près d'ici, s'émeuvent à cette musique et en plus des herbes et des arbres tremblent en s'émouvant. Dans ces bêtes, il y a une grande guenon qui habite de l'autre côté de l'arête, elle amène beaucoup de ses enfants, ils l'écoutent et adorent le son du koto. Cette guenon occupe une autre grande caverne et longtemps elle vit en cueillant ou en ramassant la nourriture de la montagne. Parce qu'elle adore le son du koto, elle et ses enfants portent ensemble des noix de saison à la fille de Toshikagé et à Nakatada les unes après les autres.

C'est ainsi que la fille de Toshikagé a écouté que son fils jouait du koto et Nakatada est devenu âgé de sept ans. Parce que Nakatada a acquis entièrement les techniques et les répertoires du koto que son grand-père, Toshikagé avait appris des sept professeurs, Nakatada et sa mère jouent ensemble jour et nuit. Au printemps, en voyant des fleurs belles et diverses et à été, en passant dans un ombrage pur et frais, ils font de la musique, sous des fleurs (du printemps) et sous des feuilles rougies (de l'automne), ils se plongent dans la méditation et la mère pense, "Ma vie, c'est bien suffisante. Dans le reste de ma vie, je vais me consacrer au koto." Nakatada a assimilé totalement les techniques et les répertoires de sa mère. Parce que Nakatada était un homme spécial dans sa vie antérieure, il joue du koto mieux que sa mère et elle joue mieux que son père, Toshikagé. Donc, cependant chaque fois qu'on hérite quelque chose, cela devient ordinairement inférieure, dans la famille de Toshikagé, chaque fois qu'ils héritent la technique de koto, leur métier devient beaucoup mieux, c'est rare.

C'est ainsi que Nakatada est devenu âgé de douze ans. Il est bien de sa personne et en plus il semble ne pas être de ce monde. Nakatada vit de racine des herbes et des arbres, porte l'écorse d'arbres, se fait amis avec des bêtes et habite à la caverne d'arbres. Cependant il mène une telle vie, il est plus beau avec une auréole eblouissante que des impératrices, des princesses, des anges ou des nymphes célestes qui portent des vêtements de brocart et qui habitent dans des palais luxueux. Sa mère aussi, son apparence est plus belle qu'avant où Toshikagé de son vivant l'a élevé avec beaucoup de soin, c'est superbe. Depuis quelque ans, Nakatada et sa mère sont nourris seulement par cette guenon et par ses enfants et ils semblent avoir leurs subsistance plus assurée qu'avant, c'est émouvant. La guenon et ses enfants apportent de l'eau dans une grande feuille de lotus. Et ils apportent des taros, des ignames et des fruits dans des feuilles de plantes diverses, c'est abondant.

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+ commentaire +
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紅旗征戎我が事に非ず(藤原定家『明月記』)
Conquérir un pays barbare, ce n'est pas mon travail.
(Fujiwara-no-Sadaïé, Journal de la lune claire)

Utsuho-monogatari est une histoire de la théorie de la musique pour la musique. C'est rare. Les valeurs de la famille de Toshikagé transcende celles mondaines. Cependant l'empereur demande à Toshikagé d'enseigner le koto au prince héritier à condition de la promotion, Toshikagé refuse cette proposition et au contraire, il donne sa démission actuelle, se retire chez lui et consacre le reste de sa vie à l'enseignement du koto à sa seule fille. En conséquence, la famille de Toshikagé tombe dans la misère, après la mort de Toshikagé la vie de sa fille s'aggrave. La fille de Toshikagé et son fils Nakatada vivent de pêche et de cueillette. Toutefois ils sont trop fiers pour mendier et ils habitent enfin dans une caverne d'arbres au fond des montagnes pour se cacher au monde. Pourquoi est-ce qu'ils doivent mener une telle vie? Certes c'est un conte typique dans la littérature traditionnelle japonaise; 貴種流離譚 (= un conte qu'un grand homme s'exile dans l'adversité). Dans Isé-monogatari, Ariwara-no-Narihira mène une vie vagabonde dans la région de Kanto et dans Genji-monogatari, Hikaru-Genji mène une vie en exil à Suma. Donc la vie dans la caverne prépare et assure le succès suivant de Nakatada. Mais pourquoi est-ce que la famille de Toshikagé doit garder la musique de koto aux dépens de sa fortune? Parce que la musique maintient l'identité personnelle de l'auteur de Utsuho-monogatari, peut-être.

L'égo - l'identité - l'art.
Un artiste japonais, MIWA Akihiro a dit, "s'habiller par la musique". J'aime cette phrase. Un exemple simple, c'est la relation entre la musique hip-hop et la street fashion. C'est-à-dire, la musique donne l'air ou l'atmosphère à son auditeur, fixe son caractère et forme ou renforce sa personnalité. Comme un aritiste, créer sa personnalité du néant, c'est très difficile. Donc on achète l'atmosphère "prêt-à-porter" fabriquée par l'artiste. On choisit une œuvre proche de son goût, met l'atmosphère de cette œuvre dans son esprit et forme ou renforce sa personnalité. En plus, on assortit des atmosphères diverses et on acquiert l'originalité et l'identité personnelle.

Certes l'art est inutile. On ne peut pas satisfaire sa faim par l'art. Mais l'art est le pain de l'esprit. Quand on souffre de faim, c'est l'art qui nous donne l'espérance et qui nous soutient.


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