往生要集
Ojo-yoshu [Guide pour aller au paradis]

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巻上 : 大文第一 厭離穢土 : 第一 地獄

またふたたび獄卒、地獄の人を取りて刀葉の林に置く。かの樹の頭を見れば、好き端正厳飾の婦女あり。かくの如く見已りて、即ちかの樹に上るに、樹の葉、刀の如くその身の肉を割き、次いでその筋を割く。かくの如く一切の処を劈り割いて、已に樹に上ることを得已りて、かの婦女を見れば、また地にあり。欲の媚びたる眼を以て、上に罪人を看て、かくの如きの言を作す、「汝を念ふ因縁もて、我、この処に到れり。汝、いま何が故ぞ、来たりて我に近づかざる。なんぞ我を抱かざる」と。罪人見已りて、欲心熾盛にして、次第にまた下るに、刀葉上に向きて利きこと剃刀の如し。前の如く遍く一切の身分を割く。既に地に到り已るに、かの婦女はまた樹の頭にあり。罪人見已りて、また樹に上る。かくの如く無量百千億歳、自心に誑かされて、かの地獄の中に、かくの如く転り行き、かくの如く焼かるること、邪欲を因となす。

(中略)

また別処あり。多苦悩と名づく。謂く、男の、男において邪行を行ぜし者、ここに堕ちて苦を受く。謂く、本の男子を見れば、一切の身分、皆悉く熱炎あり。来たりてその身を抱くに、一切の身分、皆悉く解け散る。死し已りてまた活へり、極めて怖畏を生じ、走り避けて去るに、嶮しき岸に堕ち、炎の嘴の烏、炎の口の野干ありて、これを噉み食ふ。

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巻中 : 大文第六 別時念仏 : 第二 臨終行儀

故に、浄土に往生せんが為には、まづ応にこの界を厭離すべし。今この娑婆世界は、これ悪業の所感、衆苦の本源なり。生老病死は輪転して際なく、三界の獄縛は一として楽ふべきものなし。もしこの時に於てこれを厭離せずは、当にいづれの生に於てか輪廻を離るべけん。しかも阿弥陀仏には不思議の威力ましまし、もし一心に名を称すれば、念々の中に、八十億劫の生死の重罪を滅したまふ。この故に、いま当に一心にかの仏を念じて、この苦界を離るべし。

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[premier volume, premier chapitre; La necessité de répugner le monde sale, première partie; l'enfer]

Et encore, un fonctionnaire de l'enfer met un homme dans le bois dont les feuilles des arbres sont aiguës comme un sabre. Cet homme voit le faîte d'un arbre, alors il trouve là une femme qui a les traits réguliers et se pare. Donc il essaye de monter dans cet arbre mais les feuilles de cet arbre déchiguetent son corps et puis déchirent ses nerfs. Ainsi ça, ces feuilles dépecent toutes les parties de son corps quand il atteint le faîte mais elle n'est pas là et il la trouve à la terre. Elle fait la coquette, le regarde par dessous et dit; "Je suis profondément attachée à toi donc je suis descendue ici. Toi, pourquoi tu ne viens pas à moi? Pourquoi tu ne m'embrasses pas?" Alors, ce pécheur est pris d'un désir ardent et essaye de descendre mais des feuilles de sabre se hérissent aiguës comme un rasoir. Et ces feuilles déchirent encore son corps. Quand il arrive à la terre, il la trouve encore sur le faîte de cet arbre. Donc ce pécheur monte encore dans cet arbre. Comme ça, pendant cent billions d'années, à cause de ses illusions, il doit tomber dans un cercle vicieux de l'enfer et souffrir des tortures. La cause en est son mauvais désir.

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Et encore il y a un autre enfer qui s'appelle "beaucoup de douleurs". L'homosexuel tombe dans cet enfer et se tourmente. Un pécheur trouve un amoureux ardent. Et quand ce pécheur l'embrasse, son corps éclate complètement. Mais après il revit, cette fois il a grand-peur de son amoureux et il se sauve à toutes jambes. Alors il tombe dans un précipice et en bas il y a des corbeaux avec un bec ardent et des bêtes avec une bouche ardente qui mangent cet homme.

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[deuxième volume, sixième chapitre; les prières spécialles, deuxième partie; la prière suprême]

Donc pour aller au paradis, d'abord on doit répugner ce monde. Ce bas monde est plein de méfaits et il est la racine de nos tourments. La vie, la vieillesse, la maladie et la mort circulent infiniment dans la réincarnation et les souffrances dans les trois enfers sont trop affreuses. Si maintenant on ne répugne pas ce monde, dans quelle vie diable est-ce qu'on peut décrocher de la métempsychose? Mais Amitâbha a un pouvoir mystérieux et si on récite son nom avec recueillement, chaque fois qu'on prie Amitâbha, il annule nos crimes graves dans la transmigration infinie. Donc maintenant tout de suite, on doit prier Amitâbha avec recueillement et échapper à ce monde fait de souffrances.

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+ commentaire +
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Le shintoïsme; la religion particulière aux Japonais a la conception d'un autre monde (黄泉) (= Yomi) mais il n'a pas la conception du paradis et de l'enfer. Donc avant la pénétration de cette conception, les Japonais ont joui pleinement de ce monde. Mais quand le bouddhisme a apporté cette conception, elle a complètement changé notre idée du monde. Les gens ont regardé le désir comme un péché et cette idée les a empêchés de jouir de ce monde. Et l'obsession de l'enfer a rendu les gens pessimistes, ils ont regardé ce monde comme un monde répugnant. À l'époque de Héïan, les nobles ont donné beaucoup d'argent comme contribution aux temples pour aller au paradis. (Mais c'est dans l'époque de Kamakura à la suite de Héïan que cette conception a pénétré les gens du peuple.) Et cette conception a complètement changé et déterminé le caractère de la culture japonaise. Surtout l'image de l'enfer que le bonze Genshin (源信) (942 - 1017) a décrit dans Ojo-yoshu a eu une grande influence sur la littérature et sur la peinture postérieures.

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Dans Ojo-yoshu, le bonze Genshin décrit l'horreur de l'enfer et explique la cause d'aller en l'enfer par rapport aux péchés de ce monde. Mais voyez les extraits que j'ai cités. À cause de désirs infinis, on n'éprouve jamais de la satisfaction et on se tourmente; c'est le spectacle même de ce monde. Donc ce monde même est l'enfer. Pourquoi diable est-ce qu'on doit avoir peur de l'enfer?

Le désir - beaucoup de religions le regardent comme un péché et le limitent. Le clergé et le bonze contiennent leurs désirs au maximum dans leur austérité. Mais c'est dans le but d'aller au paradis. Alors, qu'est-ce qu'ils ont l'intention de faire au paradis? C'est la vie sans douleur; la douce oisiveté. Donc, le motif de leur mortification est une arrière-pensée; le "désir" d'aller au paradis. Ils remplacent seulement les autres désirs par ce désir. En plus, certes, le désir produit la douleur mais on ne peut pas vivre sans désir. Sans désir sexuel, nos descendants s'éteindraient et sans appétit, on mourait de sous-alimentation. Le désir est donc indispensable pour la vie. Alors, comment est-ce qu'on doit vivre?

Bouddha et K'ong Tseu aussi ont insité à la modération. Lao Tseu a écrit; "savoir de la satisfaicion". Mais pour vivre modestement, on doit contrôller nos désirs, c'est mortifiant.

Sénèque (traduit par E. Bréhier);
De la tranquillité de l'âme, X. (5)

En outre il ne faut pas porter trop loin nos désirs; laissons-leur une issue toute proche, puisqu'ils n'admettent pas d'être complètement bloqués. Laissant de côté l'impossible ou ce qui présente trop de difficultés, attachons-nous à ce qui est près de nous, à ce qui taquine nos espoirs; mais sachons bien que rien n'est important et que si, extérieurement, les choses ont des aspects différents, elles sont toutes, au fond, également vaines.

ibidem, XII. (1)

La recommandation qui vient tout de suite après celles-ci, c'est de ne pas travailler à des choses inutiles ni d'une façon inutile; c'est-à-dire de ne pas désirer ce que nous ne pouvons pas atteindre, ou, si on arrive à bout, de ne pas comprendre trop tard, à notre grande honte, la vanité de nos désirs. En un mot, pas d'effort stérile et sans résultat, pas de résultat qui ne mérite pas nos efforts. Le chagrin vient en effet presque toujours de ne pas réussir ou d'avoir honte de sa réussite.

Alors, le désir contrôlé sauve la face mais finalement on n'éprouve pas de la satisfaction profondement et on éprouve du malheur.

Et quelle est la conclusion? Je ne dois avoir aucune conclusion. Si on la trouve, si on connait l'issue de notre vie, il est possible qu'on se suicide à cause de trop de désillusions. On se débat pour connaître le sens de la vie. Cette curiosité même du mystère de la vie est l'énergie de vivre. Si on connaît la réponse à cette question, on perdra l'intérêt de notre vie. Donc on est destiné à naviguer à tâtons dans la mer amère, peut-être.


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