かげろふ日記 中
Kagéro-nikki [Journal d'éphémère] (deuxième volume)

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かくてのみおもふに、なほいとあやし、めづらしき人にうつりてなどもなし、にはかにかゝることをとおもふに、心さへしりたる人の、「うせ給ひぬる小野の宮のおとゞの御めしうどどもあり、これらをぞおもひかくらん、あふみぞあやしきことなどありて、色めく物なめれば、それらにこゝにかよふとしらせじと、かねてたちおかむとならん」といへば、きく人、「いでや、さらずとも、かれらいとこゝろやすしときく人なれば、なにか、さわざわしう、かまへたまはずともありなん」などぞいふ。

「もしさらずは、先帝のみこたちがならん」とうたがふ。

ともあれ、かくもあれ、たゞいとあやしきを、「いる日をみるやうにてのみやは、おはしますべき。こゝかしこに、まうでなどもし給へかし」など、たゞこのごろは、ことごとなく、明くればいひ、暮るればなげきて、さらばいとあつきほどなりとも、げにさいひてのみやはとおもひたちて、石山に十日ばかりと、おもひたつ。

しのびてと思へば、はらからといふばかりの人にもしらせず、心ひとつに思ひたちて、あけぬらんとおもふほどに、いではしりて、賀茂川のほどばかりなどにぞ、いかでききあへつらん、おひて物したる人もあり。ありあけの月はいとあかけれど、あふ人もなし。河原には死人もふせりとみきけど、おそろしくもあらず。

粟田山といふほどに、ゆきさりて、いとくるしきを、うちやすめば、ともかくも思ひわかれず、たゞなみだぞこぼるゝ。人やみると、なみだはつれなしつくりて、たゞはしりて、ゆきもてゆく。

(中略)

さては夜になりぬ。御堂にてよろづ申、なきあかして、あか月がたにまどろみたるに、みゆるやう、この寺の別當とおぼしき法師、銚子に水をいれてもてきて、みぎのかたの膝にいかくとみる、ふとおどろかされて、仏のみせ給にこそはあらめと思ふに、まして物ぞあはれにかなしくおぼゆる。

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+ traduction +
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Parce que cette circonstance (= mon mari, Fujiwara-no-Kanéïé ne m'a pas visité longtemps) a continué, j'ai pensé, "C'est encore bizarre. Mais je n'ai pas entendu une remeurs selon laquelle il s'est fait une nouvelle maîtresse." Soudain cette sorte d'idée m'est venue. Une dame de compagnie qui pressentait ma douleur m'a dit, "Il y a des maîtresses veuves du défunt Sadaïjin (= premier ministre), il les aimera. Surtout une, qui s'appelle Ohmi, on a entendu dire du mal d'elle et elle semble lascive. Il ne veut pas que vous sachiez leur relation et vous évite, peut-être." Alors, une autre dame de compagnie m'a dit, "Non, il ne faut pas lui faire cela. Parce qu'il peut faire ces femmes ses maîtresses sans empêchements (pusiqu'elles sont de basse naissance), pourquoi il doit faire un tel camouflage élaboré? (= Ce n'est pas nécessaire.)"

Et elle a dit, "Sinon elles, des princesses de l'ex-empereur sont douteuses."

En tout cas, qui que sa maîtresse soit, l'attitude de mon mari est très douteuse. Une dame de compagnie m'a conseillé, "Vous ne devez pas avoir le cafard comme celui qui voit un soleil couchant. Que direz-vous d'aller en pèlerinage un peu partout?" Récemment je n'ai fait que parler des maîtresses de mon mari et que pleurer et je ne suis arrivé à me concentrer sur autre chose. Alors, malgré la saison très chaude, j'ai pensé, "Il est inutile de continuer à pleurer." et j'ai décidé d'aller au temple Ishiyama pendant environ dix jours.

Parce que j'ai voulu voyager incognito, je n'ai pas annoncé mon voyage à ma sœur même et je me suis encouragé à une résolution. Quand le jour a semblé commencer à se lever, je suis partie de chez moi en courant. Quand je suis arrivé près de la rivière Kamo, (Comment est-ce qu'ils ont connu mon voyage?,) je me suis aperçue que quelques suivant m'avait suivi. Malgré que la lune fût très claire, je n'ai trouvé personne sauf eux. J'ai entendu dire que sur un lit à sec de la Kamo, des cadavres étaient déposés mais je n'ai jamais eu peur.

Quand j'ai passé le mont Ahata, j'étais trop fatiguée et j'ai pris du repos mais mon cœur s'est troublé, j'ai perdu la tête et les larmes n'ont pas cessé de couler. Mais j'ai eu peur que quelqu'un ait vu mes larmes, j'ai sauvé mon visage éploré et je n'ai pas pu m'empêcher de courir.

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Alors la nuit est tombée. Mais dans le temple j'ai dit beaucoup de prières, pleuré toute la nuit et avant le jour j'ai somnolé et ai eu un rêve; un bonze (peut-être le chef de ce temple) a apporté un puisoir d'eau et a versé de l'eau sur mon genou droit. Tout à coup, je me suis réveillé. J'ai pensé, "Le bodhisattava Nyoïrin-Kwan'non m'a montré ce rêve," mais ma tristesse et mon chagrin sont devenus encore plus grands.

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+ commentaire +
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Kagéro-nikki est un journal de Udaïsyo-Michitsuna-no-haha (右大将道綱母) (937? - 995). C'est une des origines de journal comme un genre de littérature et ce journal a influencé beaucoup la littérature postérieure comme manifestation de l'indépendance spirituelle de la femme.

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Dans l'époque Héïan, dans la société machiste, les femmes n'ont pas eu le choix sauf d'attendre l'amour des hommes et même si elle l'ont gagné, elles ont dû supporté les infidélités des hommes. Elles n'ont pas eu le droit de choisir. Mais allors comment est-ce que les femmes anciennes japonaises ont résolu leur insatisfaction? Une de ces résolutions était Mono-modé (物詣で) (= aller prier à un temple bouddhique ou à un sanctuaire shïnto).

Un exemple le plus extrême et très connu est Ushi-no-koku-maïri (丑刻参り); à minuit, aller au sanctuaire du shïnto Kibuné (貴船神社) (très loin de Kyoto et au fond des montagnes), chausser de gétas (下駄) (= socques de bois) avec un seul pied (d'ordinaire deux pieds, donc ses gétas sont très instables), mettre une couronne métallique avec des bougies (= 鉄輪) (donc des gouttes de cire tombent sur la tête, c'est très chaud) et clouer une poupée en paille (= 藁人形) à un arbre en maudissant son amant infidèle. Pourquoi elles ont dû faire une telle mortification bizarre? Parce qu'elles n'ont pas pu manifester en public leur rancune contre les hommes infidèles. Elles ont apporté toute leur énergie de rancune à monter un mont, à faire un exercise d'équilibre, à supporter le chaud et à enfoncer un clou. Si cette coutume Ushi-no-koku-maïri n'avait pas existé, beaucoup de femmes avaient dû perdre la raison et se suicider ou beaucoup d'hommes avaient dû être tués. Donc cette coutume Ushi-no-koku-maïri semblait "antisociale" mais en fait elle était un système "social" pour maintenir l'ordre public. (Cependant c'est un système égoïste et habilement préparé par le machisme.)

Et Udaïsyo-no-Michitsuna-no-haha a aussi fait Mono-modé. Ce n'est pas aussi extrême que Ushi-no-koku-maïri mais l'essence est la même. Pourquoi elle n'ont pas pris une voiture (à bœuf) pour aller au temple malgré qu'elle fût une noble? Pour se distraire de sa rancune et de sa tristesse en marchant. La preuve, quand elle s'est arrêtée pour se reposer, elle était en proie à une grande rancune et à un grand chagrin et elle a perdu la tête.

Et puis la scène très connue de son rêve. Du point de vue psychologique, on dit que ce rêve est une représentation d'un désir sexuel réprimé. Certes, quand elle a eu ce rêve, elle a eu une tristesse plus grande. Parce que ce rêve lui a présenté une réalité irréfutable; elle avait une frustration sexuelle, je pense.

Et la littérature classique du Japon par des femmes écrivains était un exutoire pour leur sentiment, peut-être. L'époque Héïan est très connue comme l'âge d'or des femmes écrivains mais toute médaille a son revers; les femmes anciennes japonaises étaient opprimées. La preuve, voir le nom de la femme. Par exemple, Udaïsyo-no-Michitsuna-no-haha signifie "la mère du ministre; Fujiwara-no-Michitsuna (藤原道綱)". On ne sait pas son propre nom. Dans l'époque Héïan on a appelé des femmes par un surnom qui suggérait leur père ou leur fils.


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