讃岐典侍日記 上
Sanuki-no-suké-nikki [Journal de Sanuki-no-suké] (premier volume)

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+ texte original +
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例の氷など参らせ、「御あせのごへ」とおほせらるれば、御枕がみなる陸奥国紙して、御びんのわたりなどのごひまゐらするほどに、「いみじく苦しうこそなるなれ。われは死なんずるなりけり」とおほせられて、「南無阿弥陀仏、南無阿弥陀仏」とおほせらるるを聞くに、ただにおはしますをりに、かやうのことは、つぼねつぼねのしも人まで、いまいましきことにこそいふを、御口よりさはさはとおほせられいだすを聞くは、夢かなとまであさましければ、涙もせきあへず。

(中略)

「なほ苦しうこそなりまさるなれ」とて、ただせきあげにせきあげさせたまふ御けしきにて、「ただ今死なんずるなりけり。太神宮たすけさせたまへ。南無平等大会講明法華」など、まことに尊きことどもおほせられつつ、「苦しうたへがたくおぼゆる。いだきおこせ」とおほせらるれば、起きあがりていだき起こしまゐらするに、日ごろはかやうに起こしまゐらするに、いと所せくいだきにくくおぼえさせたまへるなりけり、いとやすらかに起こされさせたまひぬ。

大弐三位、御うしろにゐたまひたり。御せなかをよせかけまゐらせて、御手をとらへまゐらせなどする、御かひなひややかにさぐられさせたまふ。かばかり暑きころかくさぐられたまふはと、あやし、あさまし、たとへんかたなし。

(中略)

大臣殿の三位、御口に手をぬらして、ぬりなどしまゐらせたまふ。念仏いみじう申させたまふさまこそことのほかなれ。ともすれば、「太神宮たすけさせたまへ」と申させたまふも、そのしるしなく、むげに御目などかはりゆく。

(中略)

何のしるしもなくて、御くちのかぎりなん念仏申させたまへるも、はたらかせたまはずならせたまひぬ。

(中略)

かかるほどに、日はなはなとさしいでたり。日のたくるままに、御色の日ごろよりも白くはれさせたまへる御顔のきよらかにて、御びんのあたりなど、御けづりぐししたらんやうに見えて、ただおほとのごもりたるやうに、たがふことなし。

(中略)

われは、御あせをのごひまゐらせつる陸奥国紙を、顔におしあてて、そひゐられたる、あの人たちの思ひまゐらせらるらんにもおとらず、思ひまゐらすと、年ごろは思ひつれどなほおとりけるにや、あれらのやうに声たてられぬはとぞ思ひしらるる。

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+ traduction +
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Comme toujours, on a donné de la glace à l'empereur Horikawa et il m'a ordonné d'essuyer sa sueur, j'ai essuyé sa tempe avec un papier de Michi-no-kuni qui était à son chevet. Il a dit, "Je sens beaucoup de douleurs. Je dois mourir bientôt." et aussi, "Namu-Amidabutsu, Namu-Amidabutsu (= une phrase d'un soûtra)." En temps normal, malgré que même le bas peuple déteste une telle parole comme une action sinistre, j'ai appris clairement cela de sa propre bouche. Il était incroyable et surprenant, mes larmes n'ont pas cessé de couler.

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L'empereur a dit, "Je sens encore plus de douleurs." et il a répété des accès de toux, "Je dois mourir tout de suite. Amatérasu-ohmikami (= un dieu shintoïste), aidez-moi, s'il vous plaît. Namu-byodo-daïé-komyo-hoghé (= une phrase d'un soûtra).", il a dit beaucoup de prières très précieuses. Il a ordonné, "Je ne peux pas supporter mes douleurs. Redressez-moi.", on a essayé de le relever, malgré que d'habitude on ait eu de la difficulté à faire ça, à ce moment-là on a pu le relever très facilement.

Daïni-no-sanmi était derrière lui. L'empereur s'est adossé contre elle, elle a saisi ses bras mais ils étaient froids. Dans une telle saison chaude qu'il aient été tellement froids, c'était bizarre, étonnant et ma tristesse était inexprimable.

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Ohoïdono-no-sanmi s'est mouillé la main et a humidifié la bouche de l'empereur avec de l'eau. Il a récité des soûtras désespérément, c'était un spectacle très pénible. De temps en temps il a dit, "Amatéras-ohmikami, aidez-moi, s'il vous plaît.", mais sans aucun effet de sa prière, ses yeux ont changé plus mal.

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(Beaucoup de bonzes sont arrivés et ont prié Bouddha,) mais sans effet, malgré que l'empereur ait dit des soûtras en rassemblant toutes ses forces, enfin sa bouche a cessé de bouger.

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Alors, le soleil s'est levé. Grâce à la lumière plus claire, son visage boursouflé était plus blanc que d'habitude et très pur. Ses cheveux ont semblé peignés et sa tempe était belle. On aurait dit qu'il dormait et je n'ai pas pu croire sa mort.

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(Beaucoup de personnes ont poussé des cris en pleurant) mais moi, j'ai posé le papier de Michi-no-kuni avec lequel j'ai essuyé sa sueur sur mon visage et étais stupéfaite à côté de lui. J'ai cru longtemps que mon amour pour l'empereur était fort aussi bien que celui de ces personnes qui pleuraient mais je me suis demandé si mon amour était encore moins fort. Parce que je n'ai pas pu crier comme eux. (Mais j'étais muette de tristesse, en fait mon amour était plus fort, je crois.)

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+ commentaire +
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Sanuki-no-suké-nikki est un journal de Sanuki-no-suké (Fujiwara-no-choshi) (藤原長子) (1079? - ?) qui a servi l'empereur Horikawa (堀河天皇) (1079 - 1107) et son fils, l'empereur Toba (鳥羽天皇) (1103 - 1156). Ce journal est une œuvre "anormale" dans la littérature classique du Japon. Puisque dans ce journal elle a violé deux grands tabous.

D'abord, elle a décrit une scène de mort en détail. De même que dans beaucoup d'autres cultures, pour les Japonais la mort est tabou. Par exemple, dans Genji-monogatari, entre le texte principal et sa continuation; Uji-jujo (宇治十帖), l'héros, Hikaru-Genji est mort mais l'auteur Murasaki-shikibu n'a écrit aucune description (= chapitre kumo-gakuré) (雲隠).
Dans les temps ancien où la proportion de décès jeune était très haute, les choses qui concernaient la mort étaient plus sinistres que maintenant. En plus dans l'époque Héïan où la médecine n'était pas développée on ne pouvait pas le choix de compter sur la religion ou sur la magie quand on était malade. Dans cet épisode l'empereur Horikawa a répété beaucoup de soûtras. Bref, en ce temps-là la peur de la mort était plus plus forte que maintenant.

Et puis, le deuxième tabou; elle a décrit sans déguisement l'empereur Horikawa qui a frémi de peur. Avant la défaite de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais regardaient l'empereur comme "Arahito-gami (現人神)" (= le dieu incarné dans ce monde). Donc l'empereur, le dieu, ne doit pas avoir peur de la mort. Mais elle a décrit franchement la faiblesse de l'empereur Horikawa. C'est l'aspect d'un homme "ordinaire" qu'elle a décrit.

Comme cela, Sanuki-no-suké a violé des tabous de ce temps-là. Alors, pourquoi les gens anciens n'ont-ils pas négligé cette œuvre, au contraire beaucoup de gens l'ont lue et ce journal est devenu une pièce de la littérature classique? Parce que l'amour de Sanuki-no-suké pour l'empereur Horikawa est très fort, sincère et cette amour a ému beaucoup de gens. Elle n'a jamais eu l'intention d'humilier l'empereur et elle a seulement voulu laisser un souvenir. Son amour a dépassé les limites du tabou.


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