Renée Jeanne Mignard

 

D'après une photo de M Claquin

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L'Indre

Je suis l'Indre jolie, nonchalante, sereine,
Enlaçant tendrement l'accueillante Touraine,
Qui fière de ses bois, ses clochers, ses châteaux,
Les laisse refléter au miroir de mes eaux.

Je suis à ce qu'on dit une rivière sage.
Pourtant, certains hivers, noyant le paysage,
D'humeur un peu folâtre, et bravant l'interdit,
Je vagabonde un brin en sortant de mon lit.

Mais printemps revenu, aux premières lueurs,
Alors que le soleil déchire l'aube grise,
Assis sur leurs pliants, mes amis les pêcheurs
Viennent tremper le fil dans l'onde qui s'irise.

J'héberge volontiers canards et poules d'eau.
J'offre des abris sûrs aux petits des oiseaux.
De l'effronté coucou, j'ai le premier appel.
Je capture les nues qui passent dans le ciel.

Je suis collier d'argent au cou de la Touraine,
Harpe des matins clairs que le vent fait chanter,
Je suis l'Indre jolie, nonchalante, sereine,
Je suis passé, présent, je suis l'éternité.

 

~~*~~

 

LA ROSE DE NOVEMBRE

Il n'est plus belle fleur qu'une rose d'automne,
Quand elle sait déjà que ses jours sont comptés,
Et que près de sa fin, généreuse, elle donne,
Encor plus de parfum qu'aux beaux jours de l'été.

Dans le brouillard léger d'une aube de novembre,
Quand les oiseaux frileux ne savent plus chanter,
Elle va défroisser sa robe d'or et d'ambre,
Pour s'offrir aux regards dans toute sa beauté.

Mais un souffle de vent la blesse, la défeuille.
Sitôt qu'il a séché ses larmes de rosée,
Elle cache ses joues dans son écrin de feuilles,
Pour vivre encor un jour, encor une journée.

Ô toi qui ne sais pas combien est éphémère
La rose qui s'endort et va vers son trépas,
Si tu passes près d'elle au jardin de ta mère,
Enfant, je t'en supplie, non ! Ne la cueille pas !

Laisse la retenir la vie qui l'abandonne.
Suivre des vols d'oiseaux glissant dans le ciel clair.
Il n'est plus belle fleur qu'une rose d'automne,
Qui se meurt doucement, aux premiers jours d'hiver

 

~~*~~

 

MON FILS

" Lorsque l'enfant paraît ", que j'aime ce poème.
Quand je le déclamais, dans mes jeunes printemps,
Je me voyais alors, héroïne moi-même,
Veillant, le cœur battant, auprès d'un berceau blanc.

Par la grâce du ciel, j'avais donné naissance
Au plus beau des bébés que l'on eût jamais vu.
Regardant sommeiller cette fleur d'innocence,
Je le parais déjà de toutes les vertus.

Il serait généreux, intelligent, aimable,
Chasserait de mon front les brumes de l'ennui.
Vivant les jours bénis d'un bonheur ineffable,
Il serait tout pour moi, je serais tout pour lui.

Je guiderais ses pas des premières années.
Je sécherais ses yeux quand il aurait pleuré.
Plus tard, beaucoup plus tard, ma quête terminée,
C'est lui qui soutiendrait mes pas mal assurés.

Si j'ai cessé de croire aux rêves trop fragiles,
Je ne regrette rien de ce que j'ai vécu.
Pourtant, au creux des nuits, lorsque tout est tranquille,
Je sonde à cet enfant que je n'ai jamais eu.


Renée Jeanne Mignard

 

*****

 

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