Nadège Crémadès

 

Graphisme J M Negroni


Je lègue aux hommes ces échantillons d'écrits à l'ambition (prétention ?)
poétique qui selon certains sont parfois
d'une texture à la saveur acide,
sinon acidulée,
et peut-être est ce, ce qui en fait le charme ?
Dans cette salade composée, la sauce qui lie le sujet à son objet
est ce verbe qui m'est si précieux pour l'expression écrite,
si nécessaire pour l'expression tout court...

Nadège Crémadès

 

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Femme afghane


Femme,
Sous le poids du soleil
Qui prends ici plus qu'il ne donne,
Les heures se suivent et gonflent comme le ventre vide
De tes enfants afghans.
Les cailloux sous les pieds font éclore
Et éclater des durillons.
La gorge nous brûle, avec son cortège de besoins ;
Et la nature lasse, regarde gémir les caillasses
Sous nos pieds de nomades qui crevons de faim.
Et comme les rayons solaires nous accablent !
Rien ne pousse plus sur cette terre bannie,
Sur cette terre bénie des fanatiques ;
Et ce soleil
Qui tape de toute son ardeur,
De toute sa velléité...
Et les coups de fouet sur notre cuir mordu !
Carcasse pleine d'esquilles
Regard prohibé
Espoir excisé
Et désir infibulé.
Et moi je suis là, impuissante
J'enrage à t'aider à ôter ta camisole-burka ;
Et moi je suis là impuissante
À faire entendre ta révolte par ta voix mutilée
Depuis ton mausolée
Par delà tes montagnes carcérales.

 

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M'Aide, m'aide, m'aide...



Terres arides croûteuses et craquelées
Phalènes de nuit en rondes plurielles
Bercée au clapotis des marais
Mélodie interne spongieuse
Ou intra vénérée
Je sèche le sujet
Et la question reste posée
À votre bon vouloir assis
À la droite de l'entendement
Sur son socle d'érudition
Mutants morfales, amorphes et déformés
Venez-y ! Venez
Prenez place sur ce globe de poussière
A fortiori si
Déjà vous vous y trouviez affairés
Diantre !
Dis, entre dans mon antre déverrouillé à cet effet
C'est effrayant
Mais pas pour nous
Ce mazout à fleur d'eau
Qui grignote grassement ! Nos dernières réserves
Nos dernières liquidités
Nos derniers ronds à l'eau
M'Aide ! M'Aide ! M'Aide !
Mais là, je jette un pavé dans la mare
Marre !
Nous en avons marre !
C'est effrayant, mais pas pour nous
Les pics de pollution à mi-journée
Car le jour, nous,
Nous dormons joue contre terre
Mais peut-être croyez-vous
Que nous sommes morts de chagrin


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Attention fragile !


On se dit qu'on a quinze ans et qu'on a le temps,
Le temps des flirts fugaces,
Des plaisirs immédiats
Dans lesquels on ne s'engage pas.
Et l'on rit encore à pleines dents
Et l'on est avide du lendemain plein de promesses
Qu'on engloutira à pleine bouche,
Plein d'appétit
Malgré les aînés
Qui regrettent toujours l'instant précieux.
Et leurs regards sont pesants et désenchantés.
Notre désinvolture
Est à l'image de notre fraîcheur
Et nos soupirs ne sont pas encore désillusion ni lassitude
" Périmables " et pressés, nous ne nous projetons
Que dans un avenir proche,
N'ayant aucune conscience
De la dureté, du poids de la vie, de la pesanteur de l'être,
N'ayant aucune conscience
Que de fragile à fragilisé il n'y a qu'un pas
Un pas délié de danse plein de grâce et de délicatesse
Un pas plein de conséquence,
Lourd de regret et d'amertume,
Plein d'actes manqués, de paroles tues, de caresses avortées,
Un pas en avant, cependant
Qui nous vole une partie de nous-mêmes
Dans son exécution sans que l'on n'y puisse rien,
Et puis soudain,
L'on se rend compte avec stupeur
Que la grande horloge
Nous suce le sang comme une goulue,
Seconde après seconde ;
Et l'on apprend à devenir structuré
Et l'on perd notre essence
Et il est déjà trop tard.
Alors on reprend notre place dans cette implacable mécanique,
Décalcifié
Et pleurant à notre tour l'instant précieux
Dont on ne se souvient
Qu'en se mirant dans l'œil des plus jeunes,
Des moins corrompus.


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Nadège Gleize-Crémadès

 

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Graphisme de J M Negroni.

 

 

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