Entre nous...


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Judith de G. KIlimt


 



 

De vous à moi


Je suis l'aurore qui tourbillonne
Au gré des sons, de vos envies
Et cette chanson monotone
Qui résonne dans l'infini ;
Cette douleur de l'attente,
Triste parfum indélébile,
Ces empreintes d'amour latentes
Aux soleils rageurs et virils.

Je suis, au gré de vos tourmentes,
Une goutte de l'au-delà
Qui se faufile et réinvente
Au fil du diapason, le La ;
Cette forteresse de sable,
Ce monument de pain béni,
L'offrande que l'on met à table,
L'âme qui pleure, l'âme qui rit.

Je suis, dans l'indélicatesse,
Le mot qui vous prend à revers,
Le geste flou et la faiblesse,
L'éternel baiser du mystère,
Le regard vif, l'envie de dire
Que rien n'est pire que d'aimer
Quand on est tout seul à subir
Le sort qui nous est destiné.

Je suis, l'autre côté du verbe
Qui dénonce la trahison,
Le propos blessant et acerbe,
L'inqualifiable, le sans nom.

Je suis à tort ou à raison
Celle que parfois vous plaignez,
Celle que vous avez jetée,
Comme la fleur qui est fanée
Et puis celle que vous aimez,
Celle aussi que vous respectez
Parfois même, que vous enviez.

Je suis l'adorable blessure
D'un cœur nu qui s'est découvert,
Qui seule, récolte l'injure
D'une âme qui vit en hiver ;
La passion qui ne peut s'éteindre
Qu'au prix de multiples douleurs ;
Des bras ouverts, je suis l'étreinte
Qui rend au plaisir, sa grandeur.

 

*~~*~~*

 

Le faquin


Ce, n'était qu'un faquin aux salaces propos
Qui n'avait jamais lu Baudelaire ni Marivaux.
Sa mine était austère, son port de tête : haut.
Il offrait ses chimères à quelques étourneaux.
Avançant dans la ville à grands pas sous la pluie,
De sa démarche hostile et le cœur à l'oubli,
Il souffrait en silence sans que nul ne le sût,
De sa propre nuisance, si, propre tant elle fut...

Or il advint qu'un jour, peut-être même un soir,
À l'heure où le temps court, quand le ciel devient noir,
Que ne sachant plus guère où le guidaient ses pas,
Il trébuchât ; à terre alors se retrouva.
L'œil morne, le teint pâle et la mine blasée
Lasse de ses excès,
Sur le sol, blessé,
Se vit crever l'abcès ;
Lors sa mesquinerie, sur l'asphalte meurtrie :
Concentrée, purulente, volatile, odorante,
S'épandit par ses chausses larmoyantes, pendantes,
Le recouvrant de honte sous les yeux des badauds
Et le rendant servile au regard de l'agneau.


... Il est une vengeance, bien pis que de raison,
Qui taraude et offense tout être qui est con ;
Enfermant dans sa toile, celui qui l'a tissée
Et déchirant le voile de la duplicité.
Elle ne porte pas plus de robe qu'apparats,
Mais se vêt de dimanche et fourbe, sonne le glas
Puis se tapit à l'ombre, dans un tiroir du temps,
Dans l'attente que l'heure qu'elle épie patiemment,
Célèbre l'Angélus pour servir le repas
Car ce plat là Madame, est un repas de choix.

Hors-d'œuvre copieux, menu de consistance,
Dessert délicieux, au fumet de " fringance,"
Ce repas majestueux, des pauvres et des rois,
Sous la voûte des cieux, se mange chaud ou froid...
 

Paris septembre 2001
 

*~~*~~*

 

Entre nous...

 

je n'ai pas l'habitude de prendre pour comptant,
Les rumeurs, les parjures et autres éléments
Dont les nombreux acquits se transforment souvent
Au profit des valeurs changeantes, incertaines,
Je n'ai pas l'habitude d'être liée à des chaînes...

Je n'ai pas l'habitude de perdre tout mon temps
Sur des contemplations aux antiques langueurs,
Sans ne jamais chercher un iota de bonheur,
Ainsi laisser en friche, ouvert à tous les vents,
Mon jardin intérieur sans un peu de douceur
Pour le rendre plaisant.
Je n'ai pas l'habitude d'égarer mes serments...


     Je n'ai pas l'habitude de me défaire des maux
En fuyant, sans que rien ne s'ouvre à mon regard
Pour m'offrir de nouveau, un regain, un espoir ;
Ni vous tourner le dos, vous honnir, vous jeter
Telle fleur dépouillée que l'on aurait froissée.
Forte de ce combat pour conserver ma vie,
Mon bien être, ma joie,
Je n'ai pas l'habitude de me défaire ainsi...

 
Au hasard de vos maux, à l'angle de mes doutes,
En proie à nos frayeurs, pertes ou banqueroute,
Une flamme lointaine à l'éclat assombri,
Danse sous un tombeau, au chevet de l'oubli...

Je n'ai pas l'habitude de gérer tout ceci,
Bien trop d'informations emplissent ma conscience,
Envahissent mon âme
À ne savoir que faire
Pour maintenir en ordre l'équilibre de l'air
Qui cherche dans l'éther, à encenser mes jours.
Je ne suis qu'une goutte, parcelle de l'amour.
Au nom de ce dernier la lutte vaut le coup
Lorsque l'on peut gagner,
Ce qu'il faut reconnaître !

...Je n'ai pas l'habitude de mourir sans renaître.

 

Paris, Décembre 2003

 

LP

 

 

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