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Lectures



Tiré du magazine Paris-Match
1er septembre 1951

Paris a pleuré aux obsèques de Jouvet

Par Eric Bromberger


Le dernier décor de Louis Jouvet aura été cette place Saint-Sulpice d'ordinaire si calme qu'on y entend couler les fontaines comme dans un sous-bois. Un public immense s'y pressait, où voisinaient l'abonnée du courrier du coeur et le professeur retraité. Chacun avait dans sa tête son image de prédilection du grand acteur mort en pleine gloire: Knock aux lunettes d'or, le poète-fonctionnaire d'Intermezzo ou l'inspecteur du "Quai des Orfèvres". Toutes ces images recomposaient, au-dessus des larmes de Paris, la carrière du plus grand comédien du demi-siècle. Dans la foule, un vieux courriériste théâtral disait: "C'est une magnifique dernière". Pour peindre la lumière d'août sur les tours, pour donner le ton de ce public où fraternisaient l'académicien et la midinette, pour entendre l'adieu officiel et ému du sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, il eut fallu Christian Bérard et Jean Giraudoux, que Louis Jouvet est allé rejoindre, pour ressouder, dans la mort, le trio magique.

Ses auteurs et ses camarades disent adieu à quarante années de théâtre
Sous les voûtes de Saint-Sulpice, les yeux levés convergeaient vers une même image: ce gros plan de Jouvet que le cinéma a rendu familier à tous les publics du monde. Un visage glabre au front haut. Un regard en arrêt dont la tendresse tempérait la malice. Une bouche entrebaîllée marquée d'une ride narquoise. Une parole haletante comme la respiration d'un poisson échoué sur le sable. Et sur tout cela cet air de famille, ce halo de poésie qui confond dans le souvenir Arnolphe et Domino, Hector de Troie et Monsieur Le Trouhadec.
On reconnaissait dans l'assistance, essayant de se cacher derrière un mouchoir ou murés dans leur rêve morose les auteurs et les camarades dont Jouvet avait été la lumière aux beaux soirs de Paris. Et cette lumière venait de s'éteindre. Jules Romains écoutait au fond de lui le monologue de Knock, savonnant sans fin ses blanches mains inquiétantes. Valentine Tessier se retrouvait sous la robe de cette institutrice inspirée qui a rendez-vous avec un fantôme dans la plus belle nuit de Giraudoux. Achard fredonnait intérieurement Jean de la Lune et Jeanson pleurait le professeur d'Entrée des Artistes. Pour Pierre Renoir, compagnon de toujours, pour Dominique Blanchar, la plus jeune venue, c'est un théâtre en deuil qu'ils évoquaient à travers leurs larmes, un affreux Athénée tendu de noir où ne retentirait plus la voix gouailleuse et hachée du "patron".
Vendredi soir, l'aboyeur du cinéma de la rue Caumartin, à côté de l'Athénée, invitait le passant: "Venez voir Louis Jouvet dans Retour à la vie. La séance va commencer!"
A trente mètres de là, dans le bureau directorial du théàtre, étendu sur le divan de Pierre Renoir, Jouvet, assisté du R. P. Laval, rendait son dernier soupir entre les affiches de L'Ecole des Femmes et celles de Tartuffe. Son chien, "Till Eulenspiegel" ("Salopard" pour les intimes) hurlait à la mort dans son appartement désert du quai Blériot, meublé des fauteuils d'Ondine. L'aboyeur de cinéma n'avait pas tort: il saluait à son insu le retour de Jouvet à la vie, mais à la vie de l'Histoire. La maxime qui a guidé sa vie, Jouvet l'avait empruntée à Verlaine: "Ce qu'il nous faut, c'est du pain et être inquiet!" A soixante-quatre ans, il est mort de quarante-cinq années d'inquiétudes dramatiques.

Copeau le fait passer de la salle à la scène
Le chagrin qu'éprouve le monde des lettres et du théâtre est sans exemple. C'est que, pour la première fois, un comédien avait dépassé par son humanité et sa culture les frontières de son art.
Tandis que l'influence germanique menaçait de ses mises en scène abusives le théâtre européen et que Piscator déclarait: "Racine? Je m'en moque! Il n'a fait que les paroles!", Jouvet ouvrait sa scène aux jeunes filles de Giraudoux et pensait à nous rendre la jeunesse de Molière.
Molière lui avait été révélé dès son enfance. Pour lui, le "grand théâtre" était d'abord un beau langage. "J'ai eu la joie, a-t-il écrit, d'avoir une des grand-mères les plus ridées, les plus vieilles, les plus tendres, les plus malicieuses et les plus sensées dont jamais mémoire d'homme puisse se souvenir. Un jour, je lui demandai: "Grand-mère, pourquoi es-tu vieille?" Elle me répondit de ce ton guilleret qu'elle avait toujours: "Mon fils, c'est parce qu'on m'a fait beaucoup de chagrin!" C'est elle qui m'a fait comprendre vingt ans plus tard pourquoi le théâtre de Molière paraissait poussiéreux à tant de gens!"
Le grand théâtre c'était aussi les grandes lumières. Il stupéfia ses électriciens en exigeant d'eux toujours les "pleins feux" et convia Christian Bérard à colorer ses fêtes de lumière. Parce qu'il n'exigeait de ses acteurs que le possible, certains eurent du génie: Valentine Tessier, Michel Simon, Le Vigan, Madeleine Ozeray, Lucienne Bogaert. Metteur en scène inégalable, il déclarait: "Les mises en scènes, ça n'existe pas!" Ce sont elles pourtant qui firent sa gloire. Il les mûrissait de longues années. Ainsi Dom Juan: "En 1915, dans une cagna, entre une cuvette fêlée et un fauteuil d'Aubusson, j'ai trouvé les oeuvres complètes de Saint François de Sales. C'est là que j'ai lu L'Introduction à la vie dévote qui est bien un des grands livres de notre langue. Eh bien, relisez le rôle d'Elvire de Dom Juan, c'est le ton même, le rythme même de L'Introduction. J'en suis hanté chaque fois que j'y pense!"
Jouvet devait être hanté trente-deux ans par le fantôme d'Elvire. Le jour de son soixantième anniversaire, le 24 décembre 1948, il s'en délivrait en jouant Dom Juan. Pour parvenir à ce gala de la lumière et de l'esprit, il avait pris son élan boulevard du Crime.
En 1906, stagiaire en pharmacie, Louis Jouvet, fils d'un inspecteur des Ponts et Chaussées, feuillette le codex d'un doigt distrait derrière les bocaux d'une modeste officine de Levallois. Chaque semaine, il enfile sa chemise blanche et son costume du dimanche pour se rendre à l'amphithéâtre; pas celui de la faculté de Pharmacie, celui de la Comédie-Française. Il dira plus tard: "Je n'y ai rien compris: Je me suis trouvé un jour dans une salle, et le lendemain sur la scène." Ce miracle était sans mystère. Le samedi soir, le petit pharmacien de dix-huit ans joue Le Colonel Chabert à l'Université populaire du Faubourg Saint-Antoine. Après deux ans de comptoir pharmaceutique et de privations, il parvient à réunir, grâce à un salaire quotidien de sept francs, les économies nécessaires pour lui assurer la place de directeur du théâtre du Château-d'Eau. Sa lourde tâche est de maintenir un répertoire dont les titres les plus connus sont: Les Oberlé, Le Chemineau et Roger la Honte. Le service militaire le sauve de la faillite. Quand il retourne à la vie civile, le monde du théâtre est bouleversé. Un inconnu amateur passionné de lettres et de théâtre, Jacques Copeau, qui vient de fonder la Nouvelle Revue Française avec André Gide et Jacques Rivière, crée un centre dramatique qu'il baptise: "Le Vieux Colombier". D'humeur monastique, d'une austérité intransigeante, il supprime le décor et la rampe, joue devant des rideaux gris et déclare: "Les spectateurs n'ont rien à regarder; alors ils voient les mots." Jouvet émerveillé fait connaissance avec cette troupe anonyme: Charles Dullin, Valentine Tessier, Roger Karl, Pierre Scize (acteur avant d'être journaliste). Léon-Paul Fargue rédige les invitations, Georges Duhamel est souffleur et Roger Martin du Gard tient le vestiaire. Jouvet se propose: il sera tout à la fois décorateur, assistant metteur en scène, répétiteur, régisseur, accessoiriste, électricien, habilleur et acteur. C'est cette dernière fonction qui lui cause le plus de souci. En effet, dès que sa réplique dépasse la dimension d'une monosyllabe, il bégaie. Il est condamné aux interjections. Un jour, à court d'acteur, Copeau se résout à lui donner un rôle bavard: celui du père dans Les Frères Karamazov. C'est un vieillard ivrogne et débauché, à la parole autoritaire, mais Dieu merci, incertaine. Jouvet s'installe avec ravissement dans un rôle qui lui permet enfin la lenteur d'élocution et la diction syncopé qui feront sa fortune. De Dostoïewski, il bondit à Shakespeare il joue La Nuit des Rois dans laquelle Copeau affirme son goût pour l'ascétisme: aux planches de bois, trop frivoles à son gré, il prefère la scène en ciment et transforme le Vieux Colombier en casemate d'art dramatique. Une fois (il s'agissait de Cromedeyre le Vieil, la pièce d'un jeune auteur, Jules Romains), Copeau se risque, dans un mouvement inconsidéré, à déposer un petit paravent sur la scène. "Alors quoi, s'indigne Jouvet, on est au Châtelet, maintenant?"
Chaque jour devant le Vieux-Colombier passent deux jeunes Danoises. L'une s'appelle Else Collin; Jouvet l'épousera. L'autre deviendra Mme Copeau. Las des aventures, "le Janséniste du Vieux-Colombier" rompt avec ses anciens compagnons. Il se sépare de Dullin. Jouvet se sépare de lui. Tenant dans sa main gauche un manuscrit refusé par Copeau, de sa main droite tirant une jeune comédienne: l'un Knock, l'autre Valentine Tessier. Nous sommes en 1922. Il se dirige vers l'avenue Montaigne.

Devenu directeur, il joue pour un seul spectateur
Tout de suite, c'est le triomphe avec Knock qui lui révèle les mystères du succès. A la quinzième réplique de la pièce, si le public rit, la partie est gagnée; s'il ne rit pas, elle est perdue. Cette quinzième réplique, c'était Romain Bouquet - le docteur Parpalaid - qui la prononçait à l'adresse du chauffeur de sa guimbarde en allumant sa pipe pour patienter: "Commencez à mettre en marche." Pendant plus de deux mille représentations, le public devait rire à la quinzième réplique. Mais il ne rit à aucune réplique de la pièce qui lui succède: Tripes d'or, de Fernand Crommelynck. A la troisième représentation, onze spectateurs, en tout, forment le public. Jouvet, plus courtois que jamais, leur demande si, étant donné leur nombre restreint, ils ne veulent pas être remboursés. Dix spectateurs quittent la salle. Le onzième seul résiste obstinément et exige le spectacle. Jouvet s'incline, mais avant de faire lever le rideau sur des tripes si coûteuses, il lui lance: "Espèce de pélican!"
La carte du théâtre parisien se colore. Au nord-est, à Pigalle, Charles Dullin inaugure l'Atelier qu'il peuple de ses danseurs tragiques, non loin de Pitoëff et de son art fait d'oripeaux et de pauvreté riche de sens. Au sud-ouest, Baty illumine avec sa Chimère un terrain vague du boulevard Saint-Germain. Ce scintillement va faire signe à ces quatre hommes et les réunir dans une association symbolique: les théâtres du Cartel. Jouvet, lui, découvre la joie: il ne croit plus à l'indigence. Le texte reste sa préoccupation majeure, mais il ne voit aucun inconvénient à ce que ses charmes s'unissent au faste du décor, des costumes et de la lumière. Il va découvrir Jean Giraudoux. C'est chez Francis, au bord de la Seine, qu'il rencontre l'auteur de Bella. Du contact de ces deux hommes va dépendre le sort du théàtre français. Giraudoux romancier allait devenir Giraudoux dramaturge, Siegfried et le Limousin, Siegfried tout court, et Jouvet le caustique, Jouvet le tendre, qui tutoie tout le monde par timidité. Il donne des sobriquets à ses amis: Jeanson, c'est Zinzin; Georges Neveux, le petit Français; Dullin, Vieux Charles. Il est pour eux P'tit Louis et Joujou. Il adore faire rire ses amis. Un jour, bras dessus, bras dessous avec Pierre Lestringuez, il descend les Champs-Elysées. Une jeune fille l'accoste et lui demande un autographe: "Que voulez-vous que je vous écrive?" lui demande Jouvet. La jeune fille se trouble; Jouvet vient à son secours: "Quelque chose sans importance?" Et, comme elle acquiesce, il écrit: "Je vous aime!" et signe.
Si l'étape Giraudoux n'est pas encore celle de L'Ecole des Femmes, c'est déjà pour lui l'école de la tendresse. Au même moment, Jouvet fait l'apprentissage de l'angoisse. Jamais jusqu'ici une pièce si française n'avait porté le nom de Siegfried, et surtout n'avait eu son langage.
Après trois mois de répétitions qui, pour être orageuses, n'en étaient pas moins stériles, Jouvet, un après-midi, se dressa sous le coup de la révélation: "Bande d'imbéciles, vous n'avez donc pas encore compris qu'une pièce de Giraudoux ne se joue pas, mais se dit!" Et comme s'il lui avait fallu attendre la langue miraculeuse de Giraudoux pour découvrir le lyrisme de la parole, le petit pharmacien à l'élocution difficile invente un nouveau rythme: dans le théâtre où tout est artifice, Jouvet fait une vérité de son parler faux. Et la veille de la générale, rasséréné, il pousse du coude Pierre Renoir pour lui dire: "Dis-moi, tu ne trouves pas qu'en écoutant Giraudoux on se sent bien?"
Siegfried devait être joué plus de trois cents fois devant des salles combles.
Et soudain, en 1934, Jouvet passe de la Comédie des Champs-Elysées à l'Athénée. Dans ce nouveau théàtre jusque là réservé aux caleçonnades de boulevard, il lance la bombe dramatique la plus stupéfiante du demi-siècle: L'Ecole des Femmes. Tour à tour séduit, ravi, hilare, on découvrait un Molière plus jeune que jamais, cruel à force d'attendrissement, tendre à force de cruauté. Jouvet, en un soir, avait secoué une poussière de trois siècles.

Il ne donnait pas cher au cinéma d'un acteur nommé Jouvet
Fragile et transparente, Madeleine Ozeray, qui s'était révélée deux ans auparavant dans Tessa et s'était affirmée l'année précédente dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, ravissait Paris par ses subtilités agressives et sa pâleur.
Du coup les pouvoirs publics jettent un regard intéressé sur ce révolutionnaire sage. Vingt-cinq ans plus tôt, on avait refusé l'élève Jouvet au Conservatoire dans le rôle d'Arnolphe. Grâce à Arnolphe, il devient M. Louis Jouvet, professeur au Conservatoire. Ce qui l'enchante chez un élève, c'est d'y retrouver sa propre impertinence. Celui qu'il préfère, c'est François Périer, le plus insolent. Alors que ce dernier travaille Les Fourberies de Scapin, Jouvet l'interrompt: "Arrête! Si tu continues, Molière va se retourner dans sa tombe!" Et Périer de lui répondre: "Eh bien, ça le remettra à l'endroit parce qu'il s'est déjà retourné après vous avoir entendu!"
Le cinéma le sollicite. Mais Jouvet ne se laisse séduire que par les honoraires qui lui permettent de monter ses pièces. Il ne va voir aucun de ses films et y envoie simplement son secrétaire, Léo Lapara. Cela, depuis que, s'étant vu dans son premier film Knock, il s'était écrié: "Je ne donnerai pas quarante sous de cet acteur-là!"
En trois ans, il monte quatre drames, dont successivement Electre et Ondine. La carrière de la frêle et indomptable héroïne de Giraudoux devait être interrompue par la guerre.
Pendant les quatre années noires Jouvet afficha "Relâche" à Paris. Emigrant avec sa troupe, ses costumes, ses décors, il alla dresser ses tréteaux en Amérique du Sud. Il fut un magnifique ambassadeur car il montrait aux publics du Nouveau Monde, au-dessus de la France oppressée, la France impérissable celle de Molière et de Giraudoux, celle d'un éternel Grand-Siècle. Il fut le baladin du monde occidental avec, dans ses bagages, le peplum grec, la perruque louis-quatorzienne et le veston giralducien. Au cours de cette tournée épique il perdit un de ses meilleurs amis, le docteur Parpalaid, de son vrai nom Romain Bouquet et son Ondine, Madeleine Ozeray, le quitta. L'éloignement donnait à Louis Jouvet sa vraie mesure, sa haute taille. Son entreprise dépassait le cadre doré de la scène.

Il voulait mourir en scène au milieu d'une réplique: la dernière
Avec ses lustres en plein ciel, ses planchers en trompe-l'oeil, ses jardins secrets qui s'ouvrent comme des coeurs le théâtre de Jouvet est un des trésors de la France.
Jouvet revenait d'Amérique du Sud glorieux comme un soleil à son zénith. Il rapportait les deux dernières pièces que Giraudoux lui avait envoyées: La Folle de Chaillot et L'Apollon de Marsac, et les deux derniers secrets de Molière, Dom Juan et Le Tartuffe.
Aimées ou détestées, les mises en scène de ces deux chefs-d'oeuvre renfermaient la somme du génie de Louis Jouvet.
"Comment jouez-vous la scène Dom Juan-M. Dimanche? La scène Dom Juan-Elvire? La scène Dom Juan-le Mendiant?" s'inquiètent les acteurs qui savent sur le bout des doigts ces morceaux à succès. "Je ne les joue pas, répond Jouvet. Je joue l'histoire qui est dans la pièce!"
Cette mort survenue si vite, Jouvet vivait depuis deux ans dans sa hantise. Dans son bureau de l'Athénée, au-dessus de sa table de travail, étaient épinglées les photographies de ses morts les plus chers: Dullin, Pitoëff, Bérard... Il les appelait ses "intercesseurs". Il confiait à Marcel Achard: "Je rêve de mourir en scène au milieu d'une réplique!" Et, par pudeur, il ajoutait très vite: "De préférence à la fin de la représentation, pour qu'on n'ait pas à rembourser!..."
A la dernière reprise de Knock, étonné par la persistance du succès de la pièce de Jules Romains qu'il jouait pour la 2,000e fois, il dit à l'adresse des spectateurs qui se ruaient dans son théâtre: "Ces gars-là se disent: il faut avoir vu Jouvet dans Knock; et ils se hâtent comme s'ils n'avaient plus beaucoup de temps!"
Voilà six mois, dans la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois, Louis Jouvet priait à son insu pour sa propre agonie.
C'est lui qui, le 7 février dernier, à la 25e messe de Willette, prononçait pour tous les artistes qui mourraient dans l'année le voeu suivant: "Nous te saluons, Seigneur, avant de mourir, nous les arrivistes, qui aspirons à la gloire d'être à ta droite!"

Article d'Eric Bromberger
Paris-Match, no 128
1er septembre 1951


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