Théorie en ethnologie: texte 1: Émile Durkheim

 

♣ Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l’individu, mais ils sont doués d’une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s’imposent à lui, qu’il le veuille ou non.

 

♣ Voilà donc un ordre de faits qui présentent des caractéristiques très spéciaux : ils consistent en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu, et qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel il s’impose à lui.

 

♣ La plupart de nos idées t de nos tendances ne sont pas élaborées par nous, mais nous viennent du dehors, elles ne peuvent pénétrer en nous qu’en s’imposant.

 

Courants sociaux : Ont la même objectivité et le même ascendant que l’individu.

 

Effet de foule peut nous amener des sentiments par lesquels nous avons passé nous font l’effet de quelque chose d’étranger où nous ne nous reconnaissons plus.

 

Éducation : Consiste en un effort continu pour imposer à l’enfant des manières de voir, de sentir et d’agir auxquelles il ne serait pas spontanément arrivé. A pour objet de faire l’être social.

 

♣ L’habitude collective n’existe pas seulement à l’état d’immanence dans les actes successifs qu’elle détermine, mais, par un privilège dont nous ne trouvons pas d’exemple dans le règne biologique.

 

♣ Les manifestations privées reproduisent en partie le modèle collectif mais chacune d’elles dépend aussi, et pour une large part, de la constitution organico-psychique de l’individu et des circonstances particulières dans lesquelles il est placé.

 

Un phénomène est général parce qu’il est collectif et non l’inverse. C’est un état de groupe, il s’impose chez les individus. Donc il est dans chaque partie parce qu’il est dans le tout.  Et si tous les gens s’entendent c’est qu’ils sont menés par la même force, chacun est entraîné par tous.  

 

Fait social : Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles.

 

♣ La politique est aussi un fait social dans le sens ou sa structure est organisée selon la manière dont les différents segments qui la composent ont pris l’habitude de vivre les uns avec les autres. 

 

♣ Pour qu’une idée suscite bien les mouvements que réclame la nature d’une chose, il n’est pas nécessaire qu’elle exprime fidèlement cette nature; mais il suffit qu’elle nous fasse sentir ce que la chose a d’utile ou de désavantageux, par où elle peut nous servir.

 

♣ Les lois de la réalité sont comme un voile entre nous et les choses, elles nous masquent même si on croit en sa transparence. Quand on croit savoir en quoi consiste l’essence de la matière, on se me aussitôt à la recherche de la pierre philosophale.

 

♣ L’organisation des choses sociales apparaît ainsi comme un simple développement des idées que nous avons sur la société, l’État, etc. Par conséquent, ces faits et leurs analogues semblent n’avoir de réalité que dans et par les idées qui en sont le germe et qui deviennent, dès lors, la matière propre de la sociologie.

 

♣ Si les formes concrètes et particulières nous échappent, du moins nous nous représentons les aspects les plus généraux de l’existence collective en gros et par à peu près, et  ce sont précisément ces représentations schématiques et sommaires qui constituent ces prénotions dont nous nous servons pour les usages courants de la vie. Nous ne pouvons donc songer à mettre en doute leur existence, puisque nous la percevons en même temps que la nôtre.

 

♣ Toutes les questions que se pose l’éthique se rapportent à des idées et non à des choses. Ce qu’il faut savoir c’est en quoi consiste l’idée du droit, de la morale et non quelle est leur nature.

 

♣ Ce qui nous est donné, ce n’est pas l’idée que les hommes se font de la valeur, car elle est inaccessible : ce sont les valeurs qui s’échangent réellement au cours des relations économiques.

 

♣ On reconnaît principalement une chose à ce signe qu’elle ne peut pas être modifiée par un simple décret de la volonté. Or nous avons vu que les faits sociaux ont cette propriété. Bien loin qu’ils soient un produit de notre volonté, ils la déterminent du dehors.

 

Règles d’une discipline rigoureuse :

1-      Il faut écarter systématiquement toutes les prénotions : L’exemple de Descartes qui décide de mettre en doute toutes les idées reçues antérieurement illustre bien ce point.

-          Ce qui rend cet affranchissement difficile en sociologie c’est que les sentiments se font voir. Les sentiments qui ont pour objets les choses sociales n’ont pas de privilège sur les autres, car ils n’ont pas une autre origine. Ils se sont, eux aussi, formés historiquement; ils sont un produit de l’expérience humaine mais d’une expérience confuse et inorganisée.

 

2-      Toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent à une même définition. L’important c’est de savoir constituer de toutes pièces des concepts nouveaux, appropriés aux besoins de la science et exprimés à l’aide de terminologie spéciale. Le concept vulgaire sert au savant à prendre conscience qu’il existe quelque part un ensemble de phénomènes qui sont réunis sous une même appellation et qui, par conséquent, doivent vraisemblablement avoir des caractères communs.

Exemple, il existe deux types d’unions monogamiques :

- De fait (l’homme n’a qu’une femme bien qu’il puisse en avoir plusieurs juridiquement)

- De droit (interdiction d’être polygame). La science pour être objective, doit partir non de concepts qui se sont formés sans elle, mais de la sensation.

 

3-      La sensation est facilement subjective. Il est donc de mise dans les sciences naturelles d’écarter les données sensibles qui risquent d’être trop personnelles à l’observateur. Par contre, on peut poser en principe que les faits sociaux sont d’autant plus susceptibles d’être objectivement représentés qu’ils sont plus complètement dégagés des faits individuels qui les manifestent. Quand le sociologue entreprend d’explorer un ordre quelconque de faits sociaux, il doit s’efforcer de les considérer par un côté où ils se présentent isolés de leurs manifestations individuelles.

 

 

Chapitre V Règles relatives à l’explication des faits sociaux

 

♣ Faire voir à quoi un fait est utile n’est pas expliquer comment il est né ni comment il est ce qu’il est. Car les emplois auxquels il sert supposent les propriétés spécifiques qui le caractérisent, mais ne le créent pas. 

 

♣ C’est du reste une proposition vraie en sociologie comme en biologie que l’organe est indépendant de la fonction, c’est-à-dire, tout en restant le même, il peut servir à des fins différentes.

                                                                                                                               

♣ L’homme portât en lui l’éclat virtuel, mais toutes prêtes à s’éveiller à l’appel des circonstances, toutes les tendances dont l’opportunité devait se faire sentir dans la suite de l’évolution. Or une tendance est une chose.

 

♣ Quand donc on entreprend d’expliquer un phénomène social, il faut rechercher séparément la cause efficiente qui le produit et la fonction qui le remplit. L’effet ne peut exister sans sa cause, mais celle-ci, à son tour, a besoin de son effet.

 

♣ En effet, si l’utilité du fait n’est pas ce qui le fait d’être, il faut généralement qu’il soit utile pour pouvoir se maintenir.

 

♣ Comte et Spencer déclaraient les faits sociaux comme des faits de nature et non des objets.

 

Auguste Comte : « Puisque le phénomène social, conçu en totalité, n’est au fond qu’un simple développement de l’humanité, sans aucune création des facultés quelconque» La méthode d’explication des sociologues est non seulement finaliste, mais aussi psychologique : avant d’avoir une société, il y avait avant tout des individus, les idées et les besoins d’une société proviennent donc des consciences particulières dans lesquelles se trouve la source de l’évolution sociale. Donc les lois sociologiques ne pourront que s’accorder avec les lois psychologiques.  Le fait dominateur de la vie sociale est le progrès et que, d’autre part, le progrès dépend d’un facteur exclusivement psychique, à savoir la tendance qui pousse l’homme à développer de plus en plus sa nature. Les formes les plus complexes de la civilisation ne sont que de la vie psychique développée.

- Selon Comte, c’est toujours la psychologie qui aura le dernier mot, et la présence d’une sorte d’instinct qui pousse l’homme à réaliser de plus en plus sa nature.  

- Il part de cette idée qu’il y a une évolution continue du genre humain qui consiste dans une réalisation toujours plus complète de la nature humaine et le problème qu’il traite est de trouver l’ordre de cette évolution.

-          Le problème selon Durkheim à cette théorie, c’est que lorsqu’un peuple remplace un autre, il n’est pas le prolongement du premier avec de nouvelles caractéristiques, il est autre, c’est une individualité nouvelle. Cet ensemble d’individualités nouvelles ne peut se fondre dans une série unilinéaire continue.

Finalement, Durkheim affirme que Comte n’est nullement empirique dans son énoncé des trois états, rien n’est immuable et il pourrait survenir un 4e état.

 

 

Spencer : Les deux facteurs primaires de phénomènes sociaux sont le milieu cosmique et la constitution physique et morale de l’individu. Si la société se forme, c’est pour permettre à l’individu de réaliser sa nature, et toutes les transformations par lesquelles elle a passé n’ont d’autre objet que de rend cette réalisation plus facile et plus complète.  C’est dans deux sentiments qu’il trouve l’origine du gouvernement politique et du gouvernement religieux :

- La crainte des vivants

- La crainte des morts.  

Une fois formée, la société réagit sur les individus mais elle n’a pas le pouvoir d’engendrer le moindre fait social; elle n’a d’efficacité causale à ce point de vue que par l’intermédiaire des changements qu’elle détermine chez l’individu. Les fins politiques ne sont rien en elles-mêmes, mais une simple expression résumée des fins individuelles.

-Il croit que le besoin d’un plus grand bonheur que les formes de plus en plus complexe de la civilisation serait destinées à réaliser de plus en plus complètement. Mais le fait que le bonheur croit avec la civilisation est une thèse très difficile à démontrer, voir même impossible à cause du biais ethnocentrique qu’elle comporte.

- Il fait des sociétés l’objet de la science et propose qu’une société existe que quand à la juxtaposition s’ajoute la coopération. C’est à ce moment que naît l’union des individus.

Il distingue deux groupes de coopération :

- Coopération spontanée sans préméditation à des fins de caractère privé (sociétés industrielles)

- Coopération consciemment instituée qui suppose des fins d’intérêt public nettement reconnues (sociétés militaires).

-          Le problème c’est que Spencer ne décrit pas la société, mais l’idée qu’il s’en fait. Selon lui, il est mieux de coopérer librement et spontanément que tyranniquement et c’est pour ça qu’il décrit sa société comme tel.

-          Selon Durkheim, la théorie ne pourrait donc venir que quand la science a été poussée assez loin. Au lieu de cela, on la rencontre dès le début comme en économie. La loi de l’offre et de la demande n’a jamais été établie inductivement, comme expression de la réalité économique. Jamais aucune expérience, aucune comparaison méthodique n’a été instituée pour établir que, en fait, c’est suivant cette loi que procèdent les relations économiques. Cette loi ne représente en rien les vraies lois de la nature. Cependant les phénomènes sociaux sont des choses et doivent être traités comme des choses (Est chose tout ce qui est donné, tout ce qui s’offre ou plutôt, s’impose à l’observation). Traiter des phénomènes comme des choses, c’est les traiter en qualité de data qui constituent le point de départ de la science.

 

 

♣ Toute la vie économique, telle que la conçoivent et l’expliquent les économistes, surtout de l’école orthodoxe, est en définitive, suspendue à ce facteur purement individuel, le désir de la richesse.

 

Réfutation de Durkheim : Puisque leur caractéristique essentielle consiste dans le pouvoir qu’ils ont d’exercer, du dehors, une pression sur les consciences individuelles, c’est qu’ils n’en dérivent pas et que, par suite, la sociologie n’est pas un corollaire de la psychologie. Car cette puissance contraignante témoigne qu’ils expriment une nature différente de la nôtre puisqu’ils ne pénètrent en nous que de force ou, tout au moins, en pesant sur nous d’un poids plus ou moins lourd. Puisque l’autorité devant laquelle s’incline l’individu quand il agit, sent ou pense socialement, le domine à ce point c’est qu’elle est un produit de forces qui le dépassent et dont il ne saurait, par conséquent, en rendre compte.

 

♣  Les mouvements inhibitifs (processus centrifuge c’est-à-dire qu’ils s’élaborent dans la conscience individuelle et tendent ensuite vers l’extérieur) ne sauraient être confondus avec ceux qui constituent la contrainte sociale (processus centripète c’est-à-dire qu’ils sont externes à l’individu et tendent ensuite à façonner du dehors à leur image).

 

♣ L’individu écarté de la société; c’est donc dans la nature de la société elle-même qu’il faut aller chercher l’explication de la vie sociale. La pression de nous exposer des manières d’agir et de penser est la caractéristique distinctive des faits sociaux.

 

♣ Puisque les seuls éléments dont est formée la société sont des individus, l’origine première des phénomènes sociologiques ne peut être que psychologique. Seulement, les individus sont associés et c’est cette association qui est la cause de ces phénomènes nouveaux qui caractérisent la vie et dont il est impossible de retrouver même le germe dans aucun des éléments associés. C’est qu’un tout n’est pas identique à la somme de ses parties, il est quelque chose d’autre et dont les propriétés diffèrent de celles que présentent les parties dont il est composé.

 

♣ Donc, il ne peut rien se produire de collectif si des consciences particulières ne sont pas données, mais cela nécessite une association entre elles. Les consciences individuelles, de par leur association, créent une nouvelle entité psychologique, et c’est dans cette entité qu’il faut chercher les causes prochaines et déterminantes des faits qui s’y produisent.

 

♣ On peut dire que la société formée est la cause prochaine des phénomènes sociaux, les causes qui en ont déterminé la formation sont de nature psychologique, mais en réalité, aussi loin qu’on remonte dans l’histoire, le fait d’association est le plus obligatoire de tous; car il est la source de toutes les autres obligations.

Il y a trois étapes :

-          Dans le cas de la nationalité, on est obligatoirement rattaché à un peuple (forcée)

-          Ensuite à l’âge adulte on acquiesce à cette obligation (elle concerne le passé et donc détermine le présent)

-          On continue à vivre (valeur morale pour l’avenir dans la manière où elle est inconnue).

Il est par contre clair que les caractères généraux de la nature humaine entrent dans le travail d’élaboration d’où résultent la vie sociale. Seulement, ce n’est pas eux qui la suscitent ni qui lui donnent sa forme spéciale; ils ne font que la rendre possible. Les conditions où se trouve le corps social dans son ensemble ne peuvent se réaliser que si les natures individuelles n’y sont pas réfractaires; mais celles-ci ne sont que la matière indéterminée que le facteur social détermine et transforme.

 

♣ Certains sociologues, prenant l’effet pour la cause, il leur est arrivé très souvent d’assigner comme conditions déterminantes aux phénomènes sociaux certains états psychiques, relativement définis et spéciaux, mais qui, en fait, en sont la conséquence. C’est ainsi qu’on a considéré comme inné à l’homme un certain sentiment de religiosité. Le fait qu’il y ait dans les différentes populations une variation ramène la base commune à quelque chose de vague et de schématique qui laisse à une distance infinie les faits qu’il s’agit d’expliquer. En effet, les caractères ethniques sont d’ordre organico-psychique. La vie sociale doit donc varier quand ils varient, si les phénomènes psychologiques ont sur la société l’efficacité causale qu’on leur attribue. Or nous ne connaissons aucun phénomène social qui soit placé sous la dépendance incontestée de la race.

 

♣ Nous avons montré que le fait social, comme tous les phénomènes naturels, ne sont pas expliqués par une finalité, seul qu’on a fait voir qu’ils servent à quelque fin. Quand on a bien prouvé que les organisations de plus en plus savantes qui se sont succédées au cours de l’histoire ont eu pour effet de satisfaire toujours davantage tel ou tel de nos penchants fondamentaux, on n’a pas fait comprendre pour autant comment elles se sont produites. Ce qui nous amène à la question suivante : De quoi et par quoi ces moyens ont-ils été constitués? La cause déterminante d’un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle. D’autre part, on conçoit aisément que tout ce qui précède s’applique à la détermination de la fonction aussi bien qu’à celle de la cause. La fonction d’un fait social doit toujours être recherchée dans le rapport qu’il soutient avec quelque fin sociale.

 

♣ Puisque les faits de morphologie sociale sont de même nature que les phénomènes physiologiques, ils doivent s’expliquer d’après cette même règle que nous venons d’énoncer. Toutefois, il résulte de tout ce qui précède qu’ils jouent dans la vie collective et, par suite, dans les explications sociologiques un rôle prépondérant. En effet, si la condition déterminante des phénomènes sociaux consiste, comme nous l’avons montré, dans le fait même de l’association, ils doivent varier avec les formes de cette association. Donc l’origine première de tout processus social de quelque importance doit être recherchée dans la constitution du milieu social interne.

 

♣ Les éléments qui composent le milieu sont de deux sortes :

-          Les choses Parmi les choses, il faut incorporer aux objets matériels, les produits de l’activité sociale antérieure, le droit constitué, les mœurs établies, les monuments littéraires et artistiques, etc. Mais il est clair que ce n’est ni des uns ni des autres que peut venir l’impulsion qui détermine les transformations sociales; car ils ne recèlent aucune puissance motrice. Il reste donc comme facteur actif, le milieu proprement humain.

-          Les personnes. 

Le principal effort du sociologue sera donc de trouver les différentes propriétés de ce milieu qui sont susceptibles d’exercer une action sur le cours des phénomènes sociaux. Deux caractères répondent à cette condition :

-          Volume des sociétés (nombres d’unités sociales) C’est le développement des voies de communication et de transmission.   

-          Degré de concentration de la masse (densité dynamique). Le degré de coalescence des segments sociaux

 

♣ La prépondérance que nous attribuons au milieu social et, plus particulièrement, au milieu humain n’implique pas qu’il faille y voir une sorte de fait ultime et absolu au-delà duquel il n’y ait pas lieu de remonter. Il est évident, au contraire, que l’état où il se trouve à chaque moment de l’histoire dépend lui-même de causes sociales, dont les unes sont inhérentes à la société elle-même, tandis que les autres tiennent aux actions et aux réaction qui s’échangent entre cette société et ses voisines. L’action de ces milieux particuliers ne saurait avoir l’importance du milieu général. C’est la pression qu’il exerce sur ces groupes partiels qui fait varier leur constitution. Cette conception du milieu social comme facteur déterminant de l’évolution collective est de la plus haute importance.  Car si le milieu social externe, c’est-à-dire celui qui est formé par les autorités ambiantes, est susceptible d’avoir quelque action, ce n’est guère que sur les fonctions qui ont pour objet l’attaque et la défense et, de plus, il ne peut faire sentir son influence que par l’intermédiaire du milieu social interne.

 

♣ On comprend que des progrès réalisés rendent possibles d’autres progrès puisqu’ils déterminent un nouveau point de départ, mais qu’est-ce qui nous incite à aller plus loin? Il faudrait admette alors une tendance interne qui pousse l’humanité à dépasser sans cesse les résultats acquis, soit pour se réaliser complètement, soit pour accroître son bonheur, et l’objet de la sociologie serait de retrouver l’ordre selon lequel s’est développée cette tendance. Or cette tendance qui est censée être la cause de ce développement n’est pas donnée, elle n’est que postulée. C’est une sorte de faculté motrice que nous imaginons sous le mouvement pour en rendre compte mais la cause efficiente d’un mouvement ne peut être qu’un autre mouvement.

 

♣ Pourquoi même la direction qu’elle suit et qu’elle imprime serait rectiligne? L’ancienne philosophie de l’histoire s’est uniquement attachée à découvrir le sens général dans lequel s’oriente l’humanité, sans chercher à relier les phases de cette évolution à aucune condition concomitante.

 

♣ Parmi les changements dont il est la cause, ceux-là servent qui sont en rapport avec l’état où il se trouve, puisqu’il est la condition essentielle de l’existence collective. <

 

♣ Il ne peut pas exister un seul type d’organisation social qui convienne parfaitement à l’humanité, au contraire, la convenance ou la disconvenance des institutions ne peut s’établir que par rapport à un milieu donné, comme ces milieux sont divers, il y a dès lors une diversité des points de repère et, par suite, de types qui, tout en étant quantitativement distincts les aux des autres, sont tous également fondés dans la natures des milieux sociaux.

 

Hobbes et Rousseau : Ni Hobbes ni Rousseau ne paraissent avoir aperçu tout ce qu’il y a de contradictoire à admettre que l’individu soit lui-même l’auteur d’une machine qui a pour rôle essentiel de le dominer et de le contraindre, ou du moins il leur a paru que, pour faire disparaître cette contradiction, il suffisait de la dissimuler aux yeux de ceux qui en sont les victimes par l’habile artifice du pacte social.

 

Doctrine de Durkheim : Cette machine est simplement due à ce que l’individu se trouve en présence d’une force qui le domine et devant laquelle il s’incline; mais cette force est naturelle. Il suffit de lui faire prendre conscience de son état de dépendance et d’infériorité naturelles.

-          La réflexion, en faisant comprendre à l’homme combien l’être social est plus riche, plus complexe et plus durable que l’être individuel, ne peut que lui révéler les raisons intelligibles de la subordination qui est exigée de lui et des sentiments d’attachement et de respect que l’habitude a fixé dans son cœur.

 

♣ La pression exercée par un ou plusieurs corps sur d’autres corps ou même sur des volontés ne saurait être confondue avec celle qu’exerce la conscience d’un group sur la conscience de ses membres.

 

 

 

 

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