L'exposition photographique "The Family of Man"


Photographe américain d'origine luxembourgeoise, Edward J. Steichen a commencé en 1951, en pleine guerre froide, à préparer son grand projet d'exposition expliquant l'homme à l'homme par le langage universel de la photographie. Son idée qui faisait appel à des photographes professionnels et amateurs, à des auteurs renommés ou inconnus du grand public, fut accueillie avec enthousiasme et, parmi les deux millions d'envois en provenance du monde entier, Steichen en sélectionna 10.000 dans une première étape, pour retenir finalement 503 photographies de 273 auteurs différents originaires de 68 pays. Elles composaient "The Family of Man" à travers 37 thèmes présentés par des accrochages impressionnants allant de l'amour à la foi en l'homme, en passant par la naissance, le travail, la famille, l'éducation, les enfants, la guerre et la paix.
L'exposition connut un succès extraordinaire. Elle fut vue par plus de 9 millions de visiteurs au cours des années 50 et 60. En 1964, à la fin de son périple mondial, la version itinérante la plus complète existant encore à l'époque de l'exposition fut donnée par le gouvernement américain au Grand-Duché de Luxembourg. Steichen désirait y voir "l'œuvre la plus importante de sa vie" installée de façon définitive. Dans ce projet, l'idée était née de réinstaller la collection au château de Clervaux. D'ailleurs, Steichen s'était exprimé lui-même en faveur de ce site en 1966.
Ayant ouvert ses portes le 3 juin 1994, le nouveau musée du château de Clervaux, accueille l'exposition qui est maintenant installée de façon permanente. En 2004, "The Family of Man" a été inscrite au Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO.
Le concept de l'exposition "The Family of Man"

The Family of Man

L'exposition photographique "The Family of Man"

Photographe américain d'origine luxembourgeoise, Edward J. Steichen a commencé en 1951, en pleine guerre froide, à préparer son grand projet d'exposition expliquant l'homme à l'homme par le langage universel de la photographie. Son idée qui faisait appel à des photographes professionnels et amateurs, à des auteurs renommés ou inconnus du grand public, fut accueillie avec enthousiasme et, parmi les deux millions d'envois en provenance du monde entier, Steichen en sélectionna 10.000 dans une première étape, pour retenir finalement 503 photographies de 273 auteurs différents originaires de 68 pays. Elles composaient "The Family of Man" à travers 37 thèmes présentés par des accrochages impressionnants allant de l'amour à la foi en l'homme, en passant par la naissance, le travail, la famille, l'éducation, les enfants, la guerre et la paix.
L'exposition connut un succès extraordinaire. Elle fut vue par plus de 9 millions de visiteurs au cours des années 50 et 60. En 1964, à la fin de son périple mondial, la version itinérante la plus complète existant encore à l'époque de l'exposition fut donnée par le gouvernement américain au Grand-Duché de Luxembourg. Steichen désirait y voir "l'œuvre la plus importante de sa vie" installée de façon définitive. Dans ce projet, l'idée était née de réinstaller la collection au château de Clervaux. D'ailleurs, Steichen s'était exprimé lui-même en faveur de ce site en 1966. Ayant ouvert ses portes le 3 juin 1994, le nouveau musée du château de Clervaux, accueille l'exposition qui est maintenant installée de façon permanente. En 2004, "The Family of Man" a été inscrite au Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO.

Le concept de l'exposition "The Family of Man"

"Je crois que l'exposition The Family of Man est un des projets les plus ambitieux et les plus audacieux jamais expérimenté en photographie.(…) The Family of Man a été créée dans un esprit passionné d'amour et dévoué de foi en l'homme"
Jerry Mason ("The Family of Man, The greatest photographic exhibition of all time - 503 pictures from 68 countries - createdby Edward Steichen for the Museum of Modern Art", pp 4-5) L'élaboration de The Family of Man va nécessiter près de trois années avant qu'elle n'ouvre ses portes au public en 1955 au sein du MoMA. On attribue le titre donné à ce témoignage sur l'humanité à un discours d'Abraham Lincoln. L'idée de l'exposition trouve son fondement dans la jeunesse de Steichen, lorsque sa mère lui enseigne la tolérance et le respect envers les minorités ethniques. Cette pensée va suivre une évolution fortement influencée par la participation de Steichen aux deux Guerres Mondiales, à la Grande Dépression économique que va traverser l'Amérique, ainsi qu'à son expérience de la Guerre de Corée. Il s'agit d'expériences très négatives, marquées par la misère et la douleur. Elles vont engendrer chez Steichen le projet d'exprimer au travers de The Familly of Man les singularités de la vie humaine et les analogies entre les divers groupes ethniques existants. Pour concrétiser ce projet, Steichen s'entoure de collaborateurs qui lui sont proches et dont les compétences sont unanimement reconnues. L'architecte Paul Rudolph élabore la structure de l'installation. Le photographe Wayne Miller est nommé premier assistant, le photographe Homer Page est responsable de l'agrandissement des épreuves. Carl Sanburg (beau-frère de Steichen) rédige le prologue et Dorothy Norman fournit les textes pour chacun des thèmes (amour, mariage, naissance, enfants, travail, famille, manger, boire, danser, relations humaines, mort, guerre etc) The Family of Man devait pour son créateur laisser une impression inoubliable auprès du public, non seulement par les images, mais également par l'architecture. Pour ce faire, Steichen renonca à l'accrochage linéaire traditionnel et présenta les photographies sous divers formats dans une installation tridimensionnelle.

L'itinérance des années 1950 et 1960

L'exposition débuta son tour du monde en 1955. Celle-ci traversa de nombreux pays à travers le monde : Allemagne, France, Italie, Etats-Unis, Suède, Danemark, Mexique, Inde, Afrique du Sud, Zimbabwe, Australie, Autriche, Japon, Pologne, Luxembourg, Egypte, Russie, et d'autres.

Berlin, 1955


En 1955, l'exposition s'arrête pour une première étape européenne à la Hochschule für Bildende Künste à Berlin. Berlin vit, à cette époque, une situation particulière : nous sommes dix ans après la prise de la capitale du Reich par l'Armée Rouge et la capitulation de l'Allemagne nazie. La ville est divisée en quatre secteurs soumis à l'autorité des alliés. "The Family of Man" représente, en quelque sorte, la promesse des américains de respecter la démocratie et l'inviolabilité de la dignité humaine. Le concept de l'exposition de Steichen est accueilli avec gratitude à Berlin. Les Allemands peuvent traverser l'exposition sans rien craindre, les photographies ne les accusent pas, ne les confondent pas avec les crimes horribles perpétrés par l'Allemagne nazie. Une seule image, celle du ghetto de Varsovie, prise par un photographe anonyme. Cette photographie ne montre pas réellement ce qui s'est passé, elle ne fait que laisser entrevoir l'affreuse vérité.

Bruxelles, 1958

En cette fin des années cinquante, les jeunes générations auréolaient l'Amérique de leurs gratitudes. Celle-ci les avait délivrés du Nazisme et ils admiraient sa toute puissante maîtrise technologique du monde. Par contre, dans les milieux cultivés, on critiquait assez sévèrement cette américanisation des mœurs. Il était de mise d'afficher une certaine condescendance ou une ironie teintée d'un léger mépris pour l'indigence culturelle de ce peuple trop neuf, qui n'avait pas la chance d'appartenir à notre vieux Continent au passé prestigieux. De plus, l'avènement de la guerre froide et les purges du Mac Carthisme divisaient radicalement les consciences qu'ils divisaient en deux blocs. C'est donc dans cette atmosphère de turbulences, de curiosités et de contradictions que fut présentée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l'exposition organisée par Edward Steichen. "La famille de l'homme" fut certainement à l'origine de nombreuses vocations, mais contribua également à développer la considération grandissante qu'ont accordé à la photographie les pouvoirs publics belges. Il semblerait, en effet, que si le Service des Arts plastiques du Ministère organisa des manifestations et se constitua des collections, c'est un peu grâce à l'impulsion donnée par cette exposition. Lorsque Steichen recherchait la matière première de son exposition, il s'adressa aux instances supposées compétentes en la matière pour y trouver des renseignements sur les photographes belges. La réponse reçue était significative du désintérêt et de l'ignorance des services culturels en la matière. Ainsi, devant l'embarrassante question de savoir si la photographie devait être considérée comme un négoce, un artisanat ou éventuellement un art, et devant l'absence d'instances ou de personnes qualifiées pour les conseiller, ces mêmes services choisirent de s'abstenir de toute proposition. "The Family of Man" montra l'évidente importance que l'on consacrait à la photographie aux Etats-Unis. Ainsi, les responsables culturels belges entreprirent de combler leur retard. Le Service des Arts plastiques, emmené par René Léonard, se dota peu à peu des moyens et des hommes. Malheureusement la situation n'est pas parfaite pour autant, on attend toujours de voir, au Musée d'Art Moderne, un département enfin consacré à la photographie.


Tokyo, 1956


En 1956, l'exposition fut présentée au grand magasin Takashimaya de Nihon-bashi à Tokyo. A l'origine, le correspondant du journal Nihon Keizai avait visité l'exposition à New York. Témoin de son immense succès, il décida de contacter son journal à Tokyo afin de proposer de la montrer au Japon.
Une fois les accords conclus pour le principe d'exposition entre Steichen et le Nihon Keiza, Steichen émit le souhait d'incorporer beaucoup plus de photographies concernant le Japon. Une soixantaine d'œuvres japonaises furent ajoutées pour l'exposition de Tokyo, si bien que celle-ci comportait une composition assez différente de celle de New York. La muséographie fut conçue par Kenzô Tange et son atelier de recherche architecturale de l'Université de Tokyo. Il est resté fidèle à la conception originelle, c'est à dire une utilisation très variée de l'espace, exploitant au maximum les ressources des trois dimensions. Un problème fut posé au moment de la préparation. Ce fut les photographies de la bombe atomique réalisées par Yamahata. En fait, il était prévu que l'empereur visite l'exposition et la question était de savoir si elle conserverait oui ou non ces clichés dus à Yamahata. Le rédacteur en chef du Nihon Keizai prit alors la décision de les retirer par crainte des remous qu'ils engendreraient. Pour Yoshio Watanabe, ces photographies aurait été une manière de témoigner du sentiment des gens de l'époque. D'ailleurs, certains critiques se sont indignés et ont considéré qu'il s'agissait d'un acte de censure.

Luxembourg, 1966

Au départ, Steichen voulait intégrer des photographes luxembourgeois dans l'exposition, et le Luxembourg devait être le premier pays à recevoir la version itinérante. Il n'en fut rien. En effet, lorsque Steichen s'était spécialement déplacé au Luxembourg en 1953, pour soumettre ses propositions au gouvernement luxembourgeois. Sa tentative d'approche faite de bonne foi se solda par un échec. Par deux fois, il fut reçu par les ministres du gouvernement qui l'avait écouté avec attention. Le Premier Ministre était même favorable à ses propositions et l'envoya au Ministre des Affaires Culturelles. Celui-ci n'eut qu'un haussement d'épaule désolé pour Steichen et trouva des excuses et des arguments factices pour le renvoyer. La réaction de Steichen face à cet affront fut immédiat et radical. Sa colère allait avoir des conséquences. Déjà, le premier vernissage hors des Etats-Unis eut lieu au Guatemala. Ainsi, pendant les onze années qu'a duré l'itinérance de l'exposition, de nombreuses fois, elle frôlât les frontières luxembourgeoises, mais n'y pénétra pas. De plus, Steichen avait, suite à sa colère, abandonné son premier projet d'honorer son pays natal : aucune photographie d'auteur luxembourgeois ne fut retenue parmi son premier choix de mille images. En 1953, Edward Steichen avait quitté son pays natal, très déçu, blessé et amer. On l'avait ignoré et refusé ses offres honorables. Il mit alors fin à ses relations à peine renouées avec le Luxembourg. Pendant dix années les relations furent coupées. En 1962, un contact s'élabora à l'initiative d'un journaliste luxembourgeois qui obtint de nombreux soutiens. Steichen reçut deux hautes distinctions. On exposa alors "The Bitter Years" et "Steichen, The Photographer" et, en 1966, l'auteur de ces fameuses expositions fut reçu per la Grande-Duchesse Charlotte. Il arriva dans son pays natal avec son œuvre, "The Family of Man". Pour consoler en quelque sorte les habitants du Luxembourg d'avoir attendu aussi longtemps l'exposition, l'Etat américain leur fit l'honneur de leur en faire don Les relations devinrent très chaleureuses. Partout, on recevait Steichen avec les honneurs, comme à Clervaux, dont le château offrait à ses yeux le cadre idéal pour accueillir son exposition de manière permanente.
Le don de la collection au Luxembourg et son installation au château de Clervaux
Après avoir circulé à travers le monde durant onze ans, "The Family of Man", dans sa version la plus complète possible, fut offerte, en 1966, par le gouvernement américain au Grand-Duché où Steichen désirait voir "l'œuvre la plus importante de sa vie" installée de façon définitive.
Conformément à son vœu, la collection est installée au Château de Clervaux (site choisi par Steichen lui-même) où elle est présentée au public dans le respect de l'installation originelle et dans des conditions garantissant la sauvegarde des photographies à long terme.
La réinstallation de la collection au château de Clervaux dans le respect de l'œuvre originelle fut un travail fastidieux pour le Centre national de l'audiovisuel et pour le Service des Sites et Monuments Nationaux. Redonner vie à ce château en le transformant fut un véritable défi que le Centre national de l'audiovisuel s'était donné.
L'intérieur du château a spécialement été aménagé pour recevoir les 508 œuvres. Celui-ci se situe au premier et deuxième étage de l'aile droite. Le Ministère des Affaires Culturelles a pour cela débloqué 62 millions de Francs luxembourgeois. Ainsi, toutes les conditions de conservation des photographies ont été étudiées de façon minutieuse: climatisation, lumière, humidité. Ce musée offre un service didactique et multimédia aux visiteurs et leur permet de se renseigner de manière complète sur le photographe Edward Steichen et son œuvre. Une librairie est également présente et permet aux visiteurs de repartir avec une documentation complémenaire.


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