Saint Blaise est un saint tellement français qu'on en oublierai qu'il s'agit de Sourp Vlas, un saint d'Arménie Mineure, même s'il est du IVe siècle ! Il sait aussi très bien se camoufler en Italie sous le nom de San Biagio, en Allemagne de Sankt Blasien, en Espagne de San Blai, etc. Son culte, comme pour un certain nombre de saints des premiers siècles, prit la succession de celui de dieux païens qu'il fallait bien remplacer.
Le suivi de son installation, en Europe de l'Ouest principalement, nous fait parcourir toute l'histoire de sa région d'origine à celle de notre continent et dans le monde.
Premier acte, avec sa naissance et son martyre (vers 316) à Sébaste en Arménie Mineure, au moment de la rivalité des empereurs romains Constantin et Lucinius. Rivalité qui se terminera par la victoire du premier et sa conversion au christianisme. Au moment où de son côté, saint Grégoire l'Illuminateur réussit à convertir le roi Tiridate III, qui fait de la nation arménienne la première à adopter le christianisme. Quelques années plus tard Blaise n'aurait pas été martyrisé et il n'y aurait pas eut de saint Blaise ! Cela aurait été dommage, du moins pour nous !
Acte trois. Au VIIe siècle, poussés par les Arabes devenus musulmans, par les Iconoclastes et les différentes sectes de l'Asie Mineure, qui y entretiennent un climat d'insécurité, des orientaux en grand nombre s'enfuient et trouvent refuge en Italie. Sans doute avec le culte de Blaise. Ensuite c'est l'explosion du culte dans toute l'Europe, en particulier toujours grâce aux bénédictins, ses promoteurs. Dernier et quatrième acte. Rome le reconnaît officiellement comme saint (1244), au Concile de Lyon. C'est la confirmation à l'occasion des Croisades. Les reliques affluent, on en compterait dans deux cent églises rien qu'en France de l'époque. Dont une avec les reliques de la Passion à la Sainte Chapelle à Paris, où il y avait une chapelle Sainte Blaise.
Aujourd'hui, il y a en France, en Italie, et l'Europe des milliers de sites où il est présent sous différentes formes. Eglises dédiées, statues, tableaux, puits, etc. Le tout avec souvent des reliques du saint.
Ici, l'église "arménienne" de l'Hôpital-Saint-Blaise, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Le 3 février de chaque année, jour de sa fête, il y a encore des villes ou villages dans toute l'Europequi fêtent la Saint Blaise. Metz par exemple rassemble plusieurs milliers de personnes à cette occasion. Dans certaines villes d'Italie, la fête dure deux ou trois jours. Pourquoi ce succès ? Parce que c'est un saint "copain" ? Des maux de gorges, au bétail, en passant par la recherche de bon mari pour les jeunes filles, il répond aux préoccupations du quotidien! Des maçons aux cardeurs, c'est un saint patron de nombreuses corporations.
Ce culte pose de nombreuses questions ? Pourquoi dès les premiers siècles, le saint est-il vénéré parmi des milliers de saints ? Pourquoi figure-t-il dans les calendriers du Moyen-Âge parmi seulement les quelques dizaines de saints qui en font partie ? Pourquoi est-il représenté à droite de Jésus, place prépondérante, dans les fresques de Berzé-la-Ville (71)? Comme on trouve des chapelles ou églises saint Blaise dans les léproseries ou maladreries tenues par les Templiers, quels sont ses liens rééls avec eux ? Y-a-t-il eu, en Palestine pendant les Croisades, un ordre de saint Blaise ou de la Sainte Vierge et de saint Blaise comme l'affirment des textes des XVI et XVIIe siècles ? Mais dont on ne connaît ni la date de création, ni la date de disparition ? Chacun peut essayer de trouver dans son voisinage. Je suis à leur disposition.
ARMAND TCHOUHADJIAN ([email protected])
