CALOUSTE SARKIS GULBENKIAN

Il y a 130 ans, naissait Calouste Gulbenkian (Scutari 29/03/1869 - Lisbonne 20/07/1955). Ce multimilliardaire n'a eut de cesse, sa vie durant, de faire profiter les institutions communautaires d'une partie de sa richesse. Il fut notamment président mondial de l'UGAB (1930-1932).

Les parents de Calouste, Sarkis et Dirouhie, étaient originaires de Césarée. Les Gulbenkian étaient de riches négociants internationaux qui possédaient des comptoirs dans les principales villes de commerce (par exemple, à Marseille, la Maison de commerce Gulbenkian, Setian et Turabian). Né à Scutari, il fera des études à l'étranger qui lui permettront de maîtriser le français (à Marseille) puis l'anglais (au King's College de Londres). Calouste a deux frères :
- Vahan épousera une Française dont il aura à son tour trois enfants : Georges, André et Roberto.
- Karnig

Sarkis Gulbenkian avait une sœur Eva et un frère, Sevropé, lequel eut trois fils de son épouse Hripsimé : Gullabi, Badrik et Haroutioun qui dirigèrent la maison de New York. Badrik a eut deux fils Nersès et Sevropé. Eva a été assassinée durant le génocide, avec un de ses fils.

Son immense fortune, Calouste la fera dans le pétrole: dès 1890 il en comprend l'intérêt économique et stratégique. Il rédige un article en 1891 dans la Revue des Deux Mondes sur les richesses de la mer Caspienne et attire ainsi l'attention des sociétés occidentales sur Bakou. Très vite ses qualités d'expert en la matière ainsi que sa connaissance du Moyen Orient et de ses langues, en font l'intermédiaire obligé pour les contrats de concession pétrolière sollicités par les Britanniques et les Français. Lors de la négociation d'un fabuleux contrat en 1914, Calouste accepte, pour en faciliter la conclusion, de réduire sa part de 15% à 5%. Ce qui lui valut toute sa vie, le surnom de Monsieur 5%.

En 1892 il épouse à Londres Nevarte Essayan qui lui donne deux enfants : Noubar (Kadikoy 1896 - Cannes 1977) et Rita Sivarte née à Londres en 1900. Rita Sivarte épousera Kévork Essayan dont elle aura un fils Mikhaël. Calouste Gulbenkian est naturalisé britannique en 1902.

Calouste profitera de ses richesses pour acquérir une des plus belles collections privées d'art au monde. Maître Maurice Rheims, le célèbre commissaire-priseur parisien, raconte dans son livre Haute Curiosité (Laffont, 1975) une anecdote. En 1937, le jeune Maurice Rheims reçut un appel téléphonique d'un certain Monsieur Gulbenkian qui exigea qu'on lui porte deux miniatures arméniennes qui devaient passer le jour même à la vente. Rheims, ignorant qui était Monsieur Gulbenkian lui expliqua poliment que cela était impossible puisqu'il s'agissait d'une vente aux enchères; et il raccrocha l'appareil. Apprenant cela, le patron de Rheims, Me Andrieux, "habituellement si courtois", le traita "de paysan et de plouc" pour ignorer qui était M. Gulbenkian et lui opposer un refus! Alors, penaud, Rheims se rend immédiatement avec les miniatures chez le grand collectionneur. Après les avoir examinées, Gulbenkian exprime son désir de les acquérir. "Et jusqu'à quel prix?" demanda Rheims. "Au prix auquel vous les adjugerez". "Mais si le prix dépasse…". "Je ne comprends pas votre propos. Aucun prix ne me dépasse. Je veux ces deux miniatures. Un point c'est tout. Au revoir, cher Monsieur". Inutile de dire qu'il les a eut.

A la fin de sa vie, Gulbenkian désira laisser ses collections et sa fortune à une fondation portugaise qui porte son nom. A Lisbonne, le musée de la Fondation est un des musées privées les plus beaux du monde. Toutefois, la plus grande partie de sa collection d'art arménien est au Patriarcat de Jérusalem. Au sein de la fondation, un Service des Communautés arméniennes, s'occupe particulièrement de la diaspora arménienne en finançant écoles, bourses d'études, publication de livres et actions culturelles.

G. Arabadjian (article publié dans Parev, 1999)

Sources principales:

"CALOUSTE SARKIS GULBENKIAN"
L'homme et son œuvre
Fondation Calouste Gulbenkian
Lisbonne - 1999

Aram TURABIAN
"L'Eternelle Victime de la Diplomatie européenne (l'Arménie)"
Marseille, 1929.

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