Les premiers réfugiés arméniens
qui arrivèrent à Marseille en 1922 furent, comme chacun le
sait aujourd'hui, dirigés sur le camp Oddo (voir F.A. de mars
1995).
Ce que l'on sait moins, et peut-être pas du tout, c'est que dès leur arrivée, le consul d'Arménie à Marseille, Tigran Mirzayantz, et l'imprimeur Takvor Hatchikian (qui a été l'imprimeur de l'écrivain Zabel Essayan) ont mis en place dès l'ouverture du camp, le 27 novembre 1922, un registre complet et détaillé des nouveaux migrants. Ce registre fut tenu avec le plus grand soin (l'écriture est soignée et lisible) par un de ces nouveaux arrivés, Alexandre Arabadjian. La conservation de ce registre où figurent les noms, prénoms, ages, sexes et origines géographiques et sociales des Arméniens arrivés au camp Oddo est parfaite. Y sont mentionnées aussi leurs dates d'entrée et de sortie. Guillaume Arabadjian, petit neveu du secrétaire du camp Oddo vient d'en entreprendre l'informatisation, ce qui permet aujourd'hui une étude exacte de l'immigration arménienne post-génocide. Elle révèle le nombre élevé de veuves, d'orphelins, de personnes âgées et démontre aussi la prépondérance de cultivateurs et d'employés agricoles de cette population migrante, signe de la destruction quasi-complète des catégories sociales supérieures ou même des artisans. Témoins de notre passé, de notre histoire récente et surtout de notre premier enracinement sur le sol français, ce document est aujourd'hui disponible auprès de Guillaume Arabadjian.
Norbert Saradjian
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