DES
MENSONGES AUX MENACES. ET APRÈS ?
Que signifie le
discours sur la soi-disant nécessité absolue de la réforme des retraites
Raffarin-Seillère-Chérèque ? L’argument que celle-ci serait rendue
urgente par la baisse de la démographie est un grossier mensonge. Le fruit du
travail des salariés n’est pas globalement inférieur à ce qu’il était
dans le passé… et rien ne dit qu’il le sera dans l’avenir. S’il
existait quoi que ce soit qui ressemble à une juste répartition ou à une
« solidarité sociale », c’est sans doute à un avancement de
l’âge de la retraite que nous assisterions ! Mais arrêtons de rêver !
Si les maîtres qui nous gouvernent nous octroient le droit de ne pas
travailler jusqu’à notre mort, ce n’est ni par « solidarité »,
ni par bonté d’âme. C’est d’une part qu’ils considèrent qu’à
partir d’un certain âge nous ne sommes plus rentables, et que d’autre
part les rapports de force instaurés par les luttes sociales du passé les
ont contraint à des concessions. Mais aujourd’hui, leur plan est clair :
pour les rares professions où la rentabilité du travail se maintient ou
s’amplifie avec l’âge… ils inciteront à travailler jusqu’à en
crever ; et pour les autres salariés qui seront remerciés au bout de 30
ou 35 ans… tout sera fait pour réduire leur retraite à un minimum vital.
Ou alors, si vraiment ils sont bien sages, on leur permettra de nettoyer les
rues ou de tenir les caisses des supermarchés (comme en Grande Bretagne)
contre une aumône.
NOUS SOMMES LES
OTAGES DU POUVOIR
Le mensonge est trop
gros… mais cela fait des années que tous les pouvoirs qui se sont succédés
nous y préparent. Le 13 mai, fatigués d’être pris pour des imbéciles
quelques centaines de milliers de salariés descendent dans la rue. Résultat :
affolement dans toutes les officines du pouvoir… puis menaces. La grève est
illégale. Pour le(s) pouvoir(s) est illégale toute action où les salariés
agissent en fonction de ce qu’ils vivent, plutôt que de se conduire en
« partenaires » sociaux (partenaires de qui et pour quoi faire ?)
ou en veaux démocrates (vous avez le droit de vote, donc le droit de la
fermer une fois sortis de l’isoloir… sauf pour remercier vos maîtres !).
Ne nous y trompons pas. Aucun gouvernement, de gauche comme de droite, n’a
jamais hésité à réprimer sauvagement un mouvement social quand il mettait
son ordre en péril. Les rapports sociaux
ne sont que des rapports de force entre d’un côté les salariés et
de l’autre le patronat, l’Etat et leurs serviteurs (Chérèque
aujourd’hui… qui d’autre demain ?). Même le contexte dans lequel
se développent ces rapports de force est truqué, puisque le seul choix est généralement
d’accepter de se vendre contre un salaire ou de crever. Le pouvoir nous
prend tous les jours en otage… et il compte bien sur notre servitude pour
l’y aider.
UN MONDE DE VOLEURS
Patrons du privé ou
Etat… ils nous volent tous les jours un peu plus notre vie. Non seulement
ils contrôlent le temps qu’ils nous payent contre un salaire, mais de plus
en plus celui passé hors du boulot. Pour prendre un exemple, qui d’entre
vous a décidé qu’un téléphone portable était nécessaire à sa vie. On
vous a inculqué cette idée pour que vous vous sentiez obligés de consacrer
une partie de votre salaire à acheter ce gadget… et surtout des
abonnements. Sans oublier que de nombreux salariés deviennent ainsi
joignables par leur entreprise tous les jours et à toute heure.
Non seulement ils
s’approprient notre activité, mais ils l’accumulent. Qu’est-ce qu’une
machine sinon le travail et l’expérience de plusieurs générations de
salariés ? Ce travail mort accaparé par les entreprises, nous savons tous
qu’il remplace de plus en plus notre travail d’êtres vivants. Pour le
patronat et l’Etat, l’entreprise idéale serait celle qui pourrait
fonctionner sans salariés, comme le métro idéal est un métro sans
conducteur, et l’école idéale ne dispenserait plus que des cyber-cours
extorqués une fois pour toute à des enseignants devenus obsolètes. Ceci
n’est certes que l’utopie du monde où nous vivons… mais regardez un peu
attentivement ce qui est en train de se mettre en place autour de vous !
Pour s’opposer à
ce monde nous n’avons pas de recette toute faite à proposer. Ceux qui prétendent
changer les choses en nous faisant adhérer à un parti ou en changeant de
gouvernement n’aspirent qu’à nous prendre en otage à leur tour.
Souvenons-nous de cette vieille chanson : « Il n’est pas de
sauveur suprême. Ni Dieu, ni César, ni tribun » !
Heme & Air
(18/5/2003)