RELAXE-SUPER COOL: LIP !!

 

Qui aujourd'hui parle encore de Lip ? Personne ou presque personne. Enfin, surtout pas ceux qui il y a 5 ans se faisaient les hérauts de l'Autogestion, battaient le rappel des troupes et de l'opinion pour montrer que les ouvriers pouvaient "Fabriquer et vendre eux-mêmes", sans patrons1. Exit Fred l'incapable ! Piaget et ses troupes allaient montrer aux capitalistes qu'ils pouvaient faire mieux qu'eux. Faire mieux qu'eux, on ne peut pas dire; mais faire aussi bien, sûrement. Résultat: l'usine Lip ressemble à des milliers d'autres usines atteintes par la crise - autoritarisme de la direction; vidage des "gars de l'ateliers", autrement dit licenciements; réduction des salaires, etc... L'idéologie de l'autogestion c'est cela ! C'est la prise en charge "soi-même" de sa propre misère, sa propre aliénation, sans se rendre compte que les tentacules du système capitaliste sont partout et qu'on ne peut y échapper qu'en le détruisant.

Tout ce que la grève chez Lip pouvait contenir au départ de pratiques en rupture avec le syndicalisme (assemblée générales, recherche de la solidarité) est bien mort et le fut très vite. Le document que nous publions ci-dessous n'est qu'une pierre de plus à son édifice mortuaire. Certes, il contient encore des symptômes d'illusions (par exemple: le "vivre autrement" et tout ce que cela contient), néanmoins c'est un exemple intéressant de la dénonciation d'une certaines idéologie autogestionnaire. La critique du travail au rendement, du travail gratuit et de l'abaissement des salaires est d'autant plus remarquable qu'aujourd'hui nous voyons, face à la crise, des travailleurs sans perspectives accepter l'amputation de leurs salaires pour "sauver leur usine", d'autres de travailler à la carte, enfin d'autres autogérant l'entreprise vont au bout d'une logique, celle de l'idéologie du travail. Ainsi cet ouvrier de l'entreprise Firminox (autogérée à Firminy, arrdt. de St Etienne): "Vous comprenez, avant il y avait 70 employés, c'était beaucoup trop. Le patron aurait dû licencier".

Ce n'est pas seulement les syndicats et les partis qu'ils faut combattre, c'est aussi et surtout cette idéologie du travail ancrée dans les crânes des travailleurs depuis des lustres.

1. cf. Jeune Taupe n°1 de février 1974: "Lip... C'est bien fini !!!".

Extrait de l'édito de la revue quinzomadaire La Cochenille

"... Cela faisait longtemps qu'il n'y avait rien eu sur Lip dans la Cochenille. Ce n'est pas qu'il ne s'y passait rien. L'application du règlement intérieur dans les ateliers. Après l'ordre "tout le monde dans les ateliers", l'ordre "tout le monde sort des ateliers, il n'y a plus de boulot". Après l'ordre "fini les activités artisanales, tout le monde à la production", l'ordre "à chacun de trouver une solution artisanale",...

Les deux femmes âgées s'occupant de la garderie virées ailleurs, car elles ne correspondent pas à l'image de marque que l'on veut donner de la garderie "légale" Lip. Et nous ragions de ne pouvoir vous en faire part. Simplement nos amis de Lip ne voulaient pas à ce moment prendre en charge des explications pour la Cochenille et nous ne voulions pas le faire à leur place.

Cette semaine, nous avons reçu une lettre d'un ami de Besançon, qui avec quelques informations nous envoie un tract que nous reproduisons à côté. Espérons que c'est le début d'une nouvelle série d'explications sur où en est Lip.

Car, c'est important, aujourd'hui sur Lip, comme pour le centre de rencontre de Glay, il faut que tout soit bien clair, et pour tout le monde, il faut que l'on sache sur qui compter, et qui combattre, pour demain.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

C'est ca vivre autrement ? Non merci ! (tract)

Non merci, rien n'a changé, sinon dans le mauvais sens.

Nous assistons ces derniers jours à des abus d'autorité jamais vus:

- vider des gars des ateliers,

- réduction de salaire pour manque d'activité.

Vraiment nous avons une direction musclée et nous pouvons nous demander où ça s'arrêtera.

Le dialogue, la concertation, cela, c'est du passé. Dans les futurs embauchés comme dans les embauchés, certains sont bien "choisis". Il faut faire place nette, pas d'indésirable dans la coop, il faut des personnes soumises, surtout qu'il va bientôt y avoir un directeur, évidemment encore choisi par quelques-uns seulement. Même dans le groupe de réunion coop et hors plan on fait place nette, que des personnes de la CFDT et encore pas n'importe lesquelles.

Alors devant ces faits, et il y en a encore beaucoup d'autres, nous nous interrogeons sérieusement. Est-ce une crise d'autorité ou veut-on écœurer les gens pour qu'ils partent ?

Le personnel jugera. Pour nous, rien ne se règlera par l'autorité et encore moins avec une coop pour quelques uns, si c'est cela que vous désirez.

Si c'est cela vivre autrement, non merci, et autant vous dire tout de suite que nous ne serons jamais du même bord.

Lutter et construite oui, se faire foutre dehors non.

Lutter et construite oui, mais nous voulons savoir pour qui.

Lutter et construite oui, mais pas selon vos méthodes.

Lutter et construite oui, mais avec de l'information.

Lutter et construite oui,  mais avec des comptes visibles.

Lutter et construite oui, mais avec des réunions ouvertes à tous.

Lutter et construite oui, mais avec la réflexion et la concertation de tous.

Lutter et construite oui,  mais pour le projet, surtout pour le projet.

Des travailleuses et travailleurs de LIP

P.S.: Pour ceux qui auraient oublié, PROJET: cela veut dire un emploi pour tous à Palente, sans subir de préjudice les uns par rapport aux autres.

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

Hosted by www.Geocities.ws

1