ANTISEMISTISME ET POGROME DE BEYROUTH a été écrit
pendant le mois d'août 1982. Ce texte ne parle donc pas du pogrome de type
strictement XIXème siècle perpétré le 18 septembre 1982 dans les camps de
réfugiés de Sabra et Chatila. Le quartier de Beyrouth Ouest ayant été évacué
par la plupart des combattants palestiniens le 21 août de cette même année, ce
sont surtout des femmes, des enfants et des vieillards qui se sont fait
massacrer par des membres des milices chrétiennes libanaises sous l’œil
bienveillant de l'armée d'occupation israélienne, laquelle avait même permis
aux tueurs chrétiens de pénétrer dans les camps. Précédant cette horreur,
l'Etat d'Israël avait fait subir des bombardements quotidiens aux populations
du Sud-Liban et du secteur Ouest de Beyrouth. A titre d'exemple, le 1er août
1982, la population de ce quartier a été] bombardée pendant 11 heures. Pendant
cette seule journée l'armée israélienne a utilisé plus de bombes et d'obus que
pendant toute la guerre israélo-arabe d'octobre 1973.
A l'annonce des
massacres de septembre, une manifestation du mouvement israélien par
Les deux groupes dissidents l'Irgoun et Stern
semaient la terreur, le "meilleur" moyen de faire fuir les
populations arabes aux abois. Parmi leurs dirigeants, deux devaient s'illustrer
dans l'histoire récente d'Israël, Menahem Begin, l'homme de la guerre au Liban,
et Yitzhak Shamir, le premier ministre actuel. A leur actif, de nombreux
attentats contre les forces anglaises, et surtout de véritables
"pogromes" organisés contre la population palestinienne pour NETTOYER
LE PAYS DE SES HABITANTS ARABES, selon l'expression de Begin. L'exemple le plus
terrible reste celui de Deir Yassin, petit village arabe proche de
Depuis cette époque, Israël continue à
justifier sa politique d'Etat en s'abritant derrière le martyre qu'ont dû subir
les populations juives d'Europe. Les massacres du passé sont utilisés par cet
Etat pour que le silence soit fait sur les multiples exactions commises dans le
monde par ses services secrets. Et, à l'intérieur des territoires occupés par
son armée, celle-ci tue régulièrement lors de manifestations, sans que tout
cela soulève l'indignation produite par les crimes de dictatures exotiques ou
de l'Etat Sud-Africain. Il a fallu qu'au cours de cette année 1988 soit
systématisée à Gaza et en Cisjordanie la politique israélienne d'arrestation,
de matraquage, et souvent de mutilation (membres volontairement brisés) et
d'assassinat de jeunes palestiniens pour voir poindre quelques timides
réprobations.
Cette situation a sans doute été pour
beaucoup dans notre décision de rééditer le témoignage de Fredy Perlman. Deux
annexes ont été ajoutées par rapport à la précédente édition :
- Un texte sur le processus de colonisation
de
- Une série d'informations tirées du
périodique israélien "The Other Israël"*, sur les mouvements de
protestation contre la guerre et la répression à l'intérieur du territoire
israélien. Cette publication constitue actuellement la source essentielle
d'informations sur la situation israélienne et sa contestation. Nous ne
souscrivons pas pour autant à la globalité de son contenu, en particulier à son
absence de critique de l'OLP. Il est clair que pour nous l'OLP est une
structure nationaliste et étatique qui n'a rien à envier à l'Etat israélien en
matière de répression et de négation de l'être humain. Il ne serait pas
superflu de disposer de témoignage possédant les qualités humaines de celui de
Fredy Perlman pour mieux faire saisir en quoi les populations du Moyen Orient
ne sont pas soumises à un seul ennemi, l'Etat d'Israël, mais tout autant au
nationalisme arabe (y compris dans sa version palestinienne), à l'abrutissement
islamique,...
* Le 15 avril
CHRONIQUE DES MANIFESTATIONS DE PROTESTATION
(
The Other Israël ,
mars-avril 1988 , mai
- juin <1988 )
Des dizaines de mouvements pour la paix ont
vu le jour presque simultanément durant le premier trimestre de 1988. Dans le
même temps des mouvements moribonds ont soudainement repris leurs activités de
plus belle ; des associations professionnelles qui, auparavant, n'avaient
aucune fonction politique, sont devenues politiquement actives ; un nombre
impressionnant de gens se sont soudainement politisés. Un cas assez typique est
celui du Dr Bernard Hurvitz, vétérinaire à Ramat Hasharon, immigrant d'Afrique
du Sud. Indigné d'entendre un jeune soldat déclarer : "Je sympathise avec
les blancs d'Afrique du Sud depuis que j'ai fait mon service en
Cisjordanie", Hurvitz entreprit une grève de la faim pendant un mois
entier !
Beaucoup de ces nouveaux mouvements
s'organisèrent par profession : psychologues, médecins, avocats, enseignants,
étudiants, journalistes, scénaristes, acteurs, peintres et sculpteurs,
chanteurs, musiciens, écrivains et poètes... Ces groupes s'organisèrent
généralement pour publier une pétition collective ; certains n'allèrent pas
plus loin, d'autres poursuivirent leur action par des initiatives telles que
des rencontres avec des collègues palestiniens.
D'autres groupes s'organisèrent sur une base
locale ou régionale ; ceci est particulièrement vrai en Galilée où Juifs et
Arabes vivent souvent dans la promiscuité -une situation qui provoque
quelquefois des tensions, mais favorise également le dialogue.
Un autre groupe se constitua de nouveaux
immigrants pour qui la réalité de l'occupation contrastait cruellement avec les
rêves qui les amenèrent en Israël ; ils forment le groupe des "Israéliens
par Choix".
De violents affrontements dans les écoles ont
poussé des mouvements de jeunesse existants à prendre des positions plus
tranchées, et de nouveaux groupes se formèrent. Certains de ces jeunes étaient
déjà engagés depuis 1985 dans la lutte contre le mouvement raciste déclaré du
rabbin Kahane. D'autres ne s'étaient jamais impliqués politiquement
auparavant...
Une chronique des manifestations de
protestation et de solidarité entreprises par ces groupes, manifestations dont
voici une sélection, sont disponibles par l'intermédiaire de "L'autre
Israel", POB 956, Tel-Aviv.
* 3/2 - Les
membres de six kibboutzim organisent des manifestations de protestation contre
l'occupation, dans le sud du Néguev. Ils forment une file de plusieurs
kilomètres sur l'autoroute Bersheva-Eilat, brandissant de grandes pancartes...
* 5/2 - Au
cours d'une manifestation sur la place Dizengoff (Tel-Aviv), les pancartes du
"Comité pour combattre l'occupation" sont prises d'assaut par des
casseurs scandant des slogans racistes. Les gardes de sécurité municipaux,
stationnés à cet endroit pour garder la fontaine, se retournent... contre les
manifestants...
* 6/2 - Des
arabes habitants de Haifa manifestent leur opposition à l'occupation. Des
fonctionnaires municipaux et ministériels empêchent les élèves arabes du lycée
d'enseignement secondaire de rejoindre la manifestation en obligeant le
proviseur de l'école à fermer le portail de l'établissement sous la menace de
le licencier. Cependant, lorsque les manifestants passent devant le portail,
des centaines d'élèves sont aux fenêtres poussant des cris ; cet évènement
devient le point fort de la démonstration...
* 13/2 - 5000
Juifs et Arabes participent à une manifestation à Haifa. Les manifestants
marchent de la municipalité jusqu'au port dans un geste voulant symboliser leur
bienvenue aux Palestiniens déportés qui s'efforcent de rentrer par bateau...
* 21/2 - Des
élèves du "lycée d'enseignement secondaire expérimental" de Jérusalem
organisent une manifestation qui attire des élèves d'autres lycées, lesquels
quittent leurs écoles durant les cours. Environ 200 élèves manifestent devant
les bureaux du Premier Ministre où ils en viennent aux mains avec les
supporters belliqueux du raciste Kahane jusqu'au moment où ils sont séparés par
la police. Leur porte-parole déclare : "nous sommes ici car nous ne voulons
pas manier la matraque et la grenade lacrymogène"...
* 22/2 - Des
militants pour la paix organisent une manifestation d'obstruction à
l'"Organisation Sioniste de
* 27/2 - Une
manifestation se déroule à Oum-El-Fahm, l'une des plus grandes villes arabes
d'Israël. Les manifestants portent un simulacre de cerceuil pour célébrer le
deuil des Palestiniens tués dans les territoires occupés et chantent des
slogans contre Rabin et contre le plan Shultz. Des manifestations similaires se
déroulent à Tira, Taybeh et Shefaramer...
* 2/3 - La
police arrête 27 étudiants de l'Académie des Arts Décoratifs Bezalel qui
défilent dans les rues de Jérusalem. Le porte-parole de la police prétend que
les étudiants ont reçu la permission d'organiser une procession pour la
célébration de la fête de Pourim, mais qu'en brandissant des banderoles où l'on
pouvait lire "nous ne devons pas perdre notre humanité" ils avaient
outrepassé la permission accordée...
* 3/3 -
Création d'un nouveau mouvement de jeunesse pacifiste dont le but est de
s'opposer à toute forme de guerre considérée comme un crime contre l'humanité
et qui ne reconnaît pas la notion de guerre défensive...
* 5/3 - Une
délégation de solidarité du groupe "A bas l'occupation" visite le
camp de réfugiés de Kalandiyah, au nord de Jérusalem ; elle est chaleureusement
reçue par ses habitants...
* 8/3 - 500
femmes manifestent contre l'occupation dans le centre de Tel-Aviv ; elles
brandissent des pancartes qui expriment leur solidarité avec les femmes
palestiniennes des territoires occupés (qui participent activement au
soulèvement)...
* 17/3-18/3 -
Un grand meeting de protestation se tient à l'université de Tel-Aviv à
l'initiative du groupe "Pas au-delà". Des Palestiniens et des soldats
de réserve témoignent sur les territoires occupés. Un témoin, Mohamed Abou
Shaaban, avocat de Gaza, est arrêté dès son retour chez lui et placé en
détention administrative pour six mois...
* 19/3 - A
Tel-Aviv, des médecins israéliens rencontrent des collègues palestiniens pour
discuter de la situation dans les territoires occupés. L'ensemble des 80
médecins juifs s'engage à participer à des actions de protestation si l'un des
participants venait à être arrêté...
* 27/3 - Des
bourses de recherche sont décernées durant une cérémonie à l'Institut d'Etudes
Juives Ben Tvzi à Jérusalem. L'un des chercheurs, Amnon Raz, 29 ans, déclare à
la tribune : "Je trouve difficile de recevoir une bourse de recherche sur
l'histoire d'une minorité persécutée au Moyen-Age alors qu'à quelques
kilomètres d'ici, nous nous comportons nous-mêmes brutalement, complètement en
contradiction avec les principes qui guident mes recherches. En conséquence,
j'ai décidé de faire don du montant de ma bourse au mouvement "A bas
l'occupation".
* 8/4-9/4 -
Pendant deux jours de suite, les rues environnantes de la résidence du premier
ministre Shamir, sont le théâtre de violentes manifestations entre des groupes
rivaux. Après les évènements du village de Beita, les colons, soutenus par des
membres de l'extrème-droite de
* 16/4 - Des
membres de "A bas l'occupation se rendent au centre de détention de
Dachariyah, en Cisjordanie, pour protester contre les détentions massives
d'habitants palestiniens. Ils manifestent devant un barrage de l'armée où ils
sont stoppés par les soldats. L'un des participants est le célèbre Noam
Chomsky, en visite en Israël...
* 19/4 - Une
"semaine de la poésie" qui devait se dérouler dans le cadre des
célébrations du quarantième anniversaire de la création d'Israël, est annulée
après que deux figures centrales du comité d'organisation (Nathan Zach et
Nissim Calderon) se déclarent dans l'impossibilité d'en continuer les
préparatifs au moment où la répression s'abat sur les territoires occupés...
* 1/5 - Le
capitaine de réserve Gedeon Eshet est emprisonné pour avoir refusé de faire son
service militaire dans les territoires occupés, portant à 20 le nombre de
soldats emprisonnés depuis le début du soulèvement palestinien...
* 8/5 - La
police de Haïfa annonce qu'elle va procéder à une enquête afin de retrouver les
auteurs d'un tract appelant les soldats à se mutiner contre le service
militaire dans les territoires occupés. Selon la police, ces tracts signés par
une organisation inconnue, ont été distribués dans les environs de Haïfa.