Il n'y a pas de "bonnes" raisons pour soutenir les Palestiniens.

L'Europe ne doit défendre que ses seuls intérêts géopolitiques

 

Synergies Européennes


1. L'Europe a payé des infrastructures pour les cités ou les camps des Palestiniens. Toutes les infrastructures détruites par l'armée israélienne doivent être remboursées à l'Europe, ou reconstruites aux frais de l'Etat d'Israël. Dans des délais très brefs qui doivent être imposés par l'Europe, si possible avec le concours diplomatique de la Russie et sans ingérence aucune des Etats-Unis ou de la Turquie.


2. Israël doit présenter ses excuses à l'UE en général et à l'Espagne en particulier, pour avoir éconduit Solana et Piqué. Les relations avec l'Etat d'Israël doivent être réduites au minimum tant que les infrastructures détruites n'ont pas été entièrement reconstruites et tant que le gouvernement Sharon n'a pas humblement demandé pardon pour la grossièreté dont il a fait preuve à l'égard de MM. Solana et Piqué.

 

3. L'Europe a un droit de regard historique sur l'espace sis entre le Canal de Suez et le cours supérieur de l'Euphrate en Syrie. Cet espace doit être un espace de paix; tous les fauteurs de troubles de cette région, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans doivent être combattus. Le romantisme adolescent qui soutient soit les Palestiniens parce qu'ils font exploser des bombes dans des supermarchés soit l'armée israélienne parce qu'elle caracole dans des bidonvilles avec des chars lourds ne sont pas des prises de position politiques concrètes mais l'expression de névroses et d'éthiques stériles de la conviction, contraires diamétraux de l'éthique de la responsabilité, seule fondatrice de durées politiques.

 

4. La Russie peut partager avec l'Europe ce droit de regard.

 

5. Les Etats-Unis n'ont aucun droit historique à intervenir ou à asseoir une présence dans cette région.

 

6. Le futur tandem Europe/Russie doit protéger l'intégrité physique des populations musulmanes, chrétiennes et juives de Palestine, qu'elles soient de souche ou issues de la diaspora. Pas question de soutenir un terrorisme, quel qu'il soit: ni sioniste, ni intégriste-musulman (Hamas, etc.), ni maronite ou autre.

 

7. Israël a raison de défendre et de venger ses morts, mais pas en détruisant les biens que l'Europe a offert aux Palestiniens. Les Palestiniens également ont le droit de venger leurs morts, mais pas d'avaliser un terrorisme aveugle qui frappe des civils innocents. La spirale de la haine est inévitable tant qu'une puissance impériale n'impose pas la paix. Les Etats-Unis en sont incapables et ne le désirent pas vraiment, leur système politique reposant sur des délires modernes, sur la fringale acquisitive de l'économicisme et non pas sur des traditions anciennes, éprouvées par l'histoire. Washington n'est pas Rome en dépit de ses incommensurables prétentions.

 

8. Le conflit israélo-palestinien a pour enjeu concret la maîtrise de l'eau (sources et nappes phréatiques), dans une région qui n'est pas faite pour abriter une population aussi dense; par conséquent, la politique sioniste de faire venir un nombre illimité d'immigrants juifs est irréalisable, vu les contraintes d'ordre géologique, physique et hydrographique. De même, la démographie galopante et la "guerre des ventres" menée par les Palestiniens et les Palestiniennes est condamnée à l'échec. Le débit du Jourdain se réduit d'année en année, désertifiant définitivement cette magnifique vallée historique, ce qui constituera une perte irréparable pour l'humanité toute entière, catastrophe dont les zélotes de tous poils semblent ne pas être conscients.  

 

9. La Turquie, qui aurait pu exercer un rôle impérial, de facture ottomane, dans la région, est coupable, elle aussi, de la tragédie actuelle, dans la mesure où elle assèche la Syrie et l'Irak par sa politique de construire des barrages sur le cours supérieur de l'Euphrate et du Tigre. Cette région, où l'eau est de fait une denrée rare, se trouve encore davantage fragilisée en ce domaine.

 

10. Le destin du Moyen-Orient implique une politique générale de pacification, où l'Irak de Saddam Hussein a un rôle clef à jouer. Le développement industriel et agricole de l'Irak ne peut profiter qu'à toutes les populations de la région. Les Etats-Unis portent aujourd'hui la responsabilité de freiner cet essor salvateur, notamment capable d'absorber une partie du surplus démographique palestinien. De même, les archaïsmes de l'Arabie Saoudite, alliée majeure des Etats-Unis, empêchent un développement harmonieux et une circulation optimale des populations dans l'aire culturelle arabo-islamique.

 

11. Par conséquent: a) il faut que la Turquie renonce à ses projets de barrage; b) il faut laisser libre cours au développement industriel et agricole de l'Irak; c) il faut se débarrasser des archaïsmes saoudiens et briser l'alliance qui unit Saoudiens et Américains, source de désordre et d'injustice sociale; d) il faut promouvoir dans toute la région l'idéal baathiste; e) il faut déconstruire les fanatismes religieux en suscitant des références constantes aux grands empires pacificateurs, pré-chrétiens et pré-musulmans, qui ont harmonisé jadis la région; f) il faut que l'Europe parie sur la Syrie et sur l'Irak, ses meilleures cartes arabes potentielles, ce qui implique de combattre la politique turque d'assécher ces deux pays et la politique américaine de maintenir l'Irak en état de sous-développement industriel et agricole; g) il faut que l'Europe commence à acheter systématiquement ses hydrocarbures en Russie ou dans les ex-républiques centre-asiatiques de l'ex-URSS; h) le tremplin de cette politique pourrait être l'île de Chypre, où il faut soutenir à fond la communauté grecque cypriote, lui fournir un armement de pointe, notamment des missiles qui seraient à même de frapper Ankara et Istanbul, à la moindre velléité turque de prendre pied au sud de la ligne de démarcation, dès qu'un incident entraînant mort d'homme sur cette même ligne de démarcation a lieu, à la moindre velléité de reprendre une politique hydraulique contraire aux intérêts de l'Irak et de la Syrie (atouts de la carte arabe de la grande politique planétaire d'une Europe digne de ce nom); i) les Balkans étant le tremplin vers l'Egypte, l'Europe doit impérativement rompre avec la politique que lui a imposée Washington, renouer et réarmer la Serbie, cesser de soutenir la Bosnie et l'Albanie, organiser un embargo contre ces deux républiques avec la même rigueur que l'actuel embargo imposé par Washington à l'Irak, organiser l'axe Belgrade-Skopje-Salonique, prolongement de l'Axe Rotterdam-Vienne-Budapest), soutenir la Grèce dans toutes ses revendications en Egée (toute agression turque contre la Grèce valant une agression directe contre l'Europe et la Russie), organiser une flotte en Mer Noire, soutenir l'Arménie de concert avec la Russie (même statut que la Grèce: toute agression de l'Azerbaïdjan ou de la Turquie contre l'Arménie équivaut à une agression contre l'Europe).

 

12. C'est par une politique de grande envergure, par un grand projet géopolitique cohérent, que l'on sauvera et le peuple palestinien et le peuple irakien, et la Syrie et le Liban, et le peuplement juif et les communautés chrétiennes du naufrage, de l'horreur et de la guerre perpétuelle. Et certainement pas par une politique de soutien à des zélotes écervelés, qu'ils soient israéliens ou palestiniens, ou par des pétitions de principe qui ne valent pas le papier sur lequel elles sont imprimées.

 

[10 d’avril 2002]

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