CA SUFFIT - ENDI BESSO - YETER ARTIK

Dersim Forum

Auteur - yazari: (Ali Ekber YUKSEL) Alisan KARSAN Tarih, gün ve saat : 15. Subat 2005 21:51:54:

ENDI BESSO – CA SUFFIT – YETER ARTIK

Dersim a connu au cours du siècle dernier l’arrivée de l’état et de l’armée turque. Cela s’est traduit dans notre histoire par une chape de plomb étouffante. Nettoyage de la population, exils, déplacements forcés, disparitions, prises d’otages de villes entières, tortures, exécutions, incendie des villages, interdiction des manifestations de notre langue, notre culture et nos croyances.
Depuis les années 80 la répression s’est intensifiée et semble avoir changée de forme. Dersim a vu son territoire systématiquement quadrillé par les manœuvres et opérations de groupes militaires et paramilitaires, des lois et des tribunaux d’exception ont été mis en place ainsi qu’un sévère embargo économique. En bref, l’état de guerre décrété, qui fait des habitants de Dersim des « ennemis intérieurs de la Turquie » a permis l’instauration d’une terreur militaire organisée et sans merci dans une région isolée, de par sa situation géographique et de par l’absence ou l’opacité de l’information à son sujet. Cependant, un retournement a enfin commencé à s’opérer depuis deux ans ou trois ans du fait des négociations entreprises par la Turquie en vue de son adhésion à l’union Européenne et Dersim a vu le retour de certains villageois, l’autorisation de certains rassemblements, de manifestations, la naissance d’activités sociales et culturelles et la reconnaissance (certes timide) de la langue de Dersim, faisant naître l’espoir de sortir enfin de cet état de siège imposé par la loi militaire.
M. Namik Dursun commandant chef de l’armée turque à Dersim est sans doute un bon soldat, soucieux d’accomplir la mission qui lui a été confiée, héritier par excellence de la plus pure tradition militaire répressive qui a été la politique de l’armée turque depuis le début du XXème siècle, qui commence avec les génocides arméniens, assyriens et grecs orientaux et vise à turquiser et islamiser toute l’Anatolie. Ainsi, malgré les nouveaux engagements du gouvernement turc, notamment les accords sur les droits des minorités signées à Copenhague, M. Dursun ne voit pas la nécessité de réviser ses méthodes de « gestion » et c’est par le chantage et la terreur qu’il persiste a administrer la vie de Dersim.
Récemment, ce commandant- chef a été jusqu’à réunir les maires de différentes localités de la région pour les menacer de suspension de leur activité. Il s’est également illustré par l’allumage d’un incendie (fin de l’été 2003) qui a fait disparaître encore plusieurs centaines d’hectares de forêts aux arbres centenaires, et son opposition pendant toute une semaine à toute intervention des villageois et habitants pour éteindre le feu.
Les processus engagés à Dersim de recouvrement de son identité, la reprise en main de la vie par les habitants ( par la mise en place de projets sociaux, artistiques, culturels et également par des publications en langue zaza, et par d’autres activités visant à établir une véritable vie démocratique), est perçu comme un obstacle par les gens qui comme Namik Dursun, en bon soldat turc, n’ont pour projet qu’une domination militaire pure et dure.
Il est nécessaire d’engager des procédures de justice pour réhabiliter l’histoire de notre peuple. Aujourd’hui encore, il n’y a pas de reconnaissance officielle des victimes, ni des coupables, les exactions commises l’ont été avec la complicité des préfets, des juges, et de nombreuses personnes sont toujours sans nouvelles de leur famille disparue. Si nous avons peu de moyens pour faire entendre notre voix, il existe des avocats comme Huseyin Aygun, qui tentent de faire la lumière sur le passé de ces vingt dernières années et qui sont aujourd’hui menacés pour leur défense des droits et des libertés.
Huseyin Aygun, avocat à Tunceli a été l’un des créateurs du barreau et en a été président à deux reprises. Connu pour ses engagements en faveur des droits de l’homme, il a pris une part active dans la défense des paysans expulsés en masse de leur village, des victimes d’emprisonnements, tortures, assassinats et disparitions dûs au processus militaire, notamment les disparus de Mirig pour lesquels il continue aujourd’hui à demander des comptes aux autorités militaires turques. Il a grandement contribué à la naissance du journal Munzur Haber, premier a être publié dans la langue d’origine, le zaza, interdit jusqu'il y a peu de temps, journal qui dénonce la répression et les violations quotidiennes des droits de l’homme et s’attache à la valeur de la liberté.
Huseyin Aygun a porté près de 150 procès concernant les exactions commises à Dersim devant la cour de justice européenne. Ses engagements courageux en font une cible pour ceux dont il gêne les projets, aussi nous lui faisons part de tout notre soutien.

(Ali EkberYUKSEL) Alisan KARSAN, président de la librairie-bibliothèque Scrupule. Le 15 /02/04.

 

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