mars 2001

Protestation contre la mise en place des T.P en SVT pour la session 2001 du bac S.

Lettre envoyée aux inspecteurs généraux, aux inspecteurs pédagogiques régionaux, au Recteur, au directeur du SIEC.

Nous tenons à vous faire part de notre surprise après réception de la note en date du 25 Janvier 2001 qui instaure une épreuve de Travaux Pratiques pour la session 2001 du Baccalauréat S.

Notre étonnement vient tout d’abord de date de la présentation de cette initiative. Annoncer aux élèves de Terminale en cours d’année qu’ils auront à subir au mois de Mai une épreuve comptabilisée sur leur livret scolaire est, de fait, une rupture de contrat moral implicite. Notre crédibilité quant à leur préparation est en jeu. En l’absence de préparation à cette épreuve, nos élèves peuvent légitimement s’inquiéter d’un système dont les règles du jeu changent à quelques mois de l’épreuve finale.

Notre surprise réside ensuite dans l’objectif affiché de cette épreuve. Autant nos collègues de Physique-Chimie s’appuient sur les résultats expérimentaux des T.P pour poser une problématique qui détermine une progression, autant la liste d’activités proposées est notoirement centrée sur la vérification des connaissances acquises en cours. L’aspect expérimental se réduit dès lors à l’application la plus stricte possible d’un protocole que l’élève n’a ni le temps, ni les moyens de critiquer. La " main à la pâte " ne peut servir d’évaluation dans le cadre d’un enseignement des Sciences et Vie de la Terre plutôt caractérisée, depuis 7 ans, par le maniement des concepts.

Notre mécontentement s’accroît quand on constate une avancée supplémentaire dans la direction d’un contrôle continu en lieu et place d’épreuves communes, avec composition anonyme qui déterminent l’obtention d’un baccalauréat national qui a la même valeur pour tous, ouvrant les mêmes droits à tous. L’argument selon lequel une épreuve sanctionnée serait la seule justification d’un dédoublement ne tient pas la comparaison par rapport à nos collègues de Mathématiques et de LV1. Toute la formation d’un individu n’aurait-elle pour seule fonction que la sanction chiffrée ?

Notre désarroi provient également du fait qu’à aucune des trois réunions pédagogiques de présentation des nouveaux programmes (jusqu’à la date du 9 décembre 2000), il n’en fut pas question non plus. Soit cette " demande d’organisation " fut prise dans l’urgence dans des cercles restreints, soit le choix de la note de service comme mode de diffusion trahit une volonté de refus de discussion. La concertation avec les professeurs chargés de la mettre en œuvre n’a pas été la voie choisie.

Notre inquiétude enfin porte sur les moyens à mettre en œuvre pour sa réalisation. Autant les personnels techniques que les moyens financiers (à défaut des moyens matériels souvent présents) nous font défaut pour assurer convenablement cette épreuve de Travaux pratiques. Une nouvelle fois une initiative est imposée aux établissements, charge à eux de trouver " une solution " locale, de s’adapter à une nouvelle donne stratégique; ou de faire semblant.

En conséquence, nous affirmons qu’il est matériellement, pédagogiquement et moralement impossible de mettre en œuvre cette réforme d’une épreuve quelques mois avant le terme final de cette session du baccalauréat.

Les enseignants de S.V.T. du Lycée René CASSIN