Contributions : Analyses : Philosophie : La décision du sens

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Texte de la promotion de stagiaires en philosophie de l'IUFM de Versailles remettant en question le système de la formation "générale"

LA DÉCISION DU SENS

 

Nous, professeurs stagiaires PLC2 en philosophie, sommes conscients de la nécessité d'une formation professionnelle.

Nous distinguons au sein de celle-ci, d'une part une préparation commune définissant un statut commun à tous les professeurs de toutes disciplines, d'autre part un enseignement disciplinaire spécifique à chaque discipline, enseignement proprement philosophique en ce qui nous concerne.

Au terme de quatre semaines de formation à l'IUFM de Versailles, les stagiaires PLC2 en philosophie, unanimes, se déclarent satisfaits du contenu de la formation disciplinaire. Les leçons dispensées se révèlent fécondes pour la préparation effective de nos cours. Nous avons le plaisir d'assister à de véritables leçons de philosophie, qui balaient l'ensemble des notions de Terminale à travers des problématiques contemporaines vivantes. Ces leçons nous délivrent tant un savoir positif de haute teneur philosophique qu'un modèle de pédagogie. Elles nous présentent une bibliographie critique conséquente, des conseils spécifiques, ainsi que de nombreuses explications de textes in vivo qui seraient immédiatement exploitables si seulement nous avions la possibilité d'y consacrer un véritable temps d'étude et de lecture. Cette formation nous offre une pensée en acte, une démonstration d'enseignement qui évite tout méta-discours et affronte les difficultés réelles de l'enseignement philosophique.

Le système de tutorat et de visites régulières nous donne, de plus, l'occasion d'une discussion concrète sur notre pratique d'enseignement. Il prend pour base notre propre cours et non le récit d'une expérience vécue dont on ne peut tirer aucune leçon.

Nous affirmons en conséquence que l'enseignement disciplinaire et la fréquentation de nos tuteurs constituent une véritable pédagogie en acte.

Nous savons maintenant, pour l'avoir vécu, que nous n'aurons de difficultés pédagogiques que relatives à notre lycée, notre classe, notre discipline, nos élèves et notre manière d'enseigner. Ainsi, l'idée même de formation générale telle qu'elle est présentée à l'IUFM de Versailles nous semble anti-pédagogique, parce qu'elle est abstraite. Nous contestons radicalement l'intérêt d'un discours général qui prétendrait dire ce qu'est l'enseignement à des professeurs de disciplines différentes, s'adressant à des classes d'âges différentes dans des conditions matérielles différentes. Nous affirmons, toujours sur la base de notre expérience, qu'une réelle formation pédagogique ne se justifie que par sa précision et par la spécificité de son propos.

Si nous rejetons l'idée d'une formation générale, nous ne nous opposons pas pour autant à la possibilité d'une formation commune. Celle-ci incluerait un enseignement pluridisciplinaire nous présentant les programmes des diverses disciplines d'une même classe et une information touchant à l'histoire des institutions de l'Education Nationale ; information qui pourrait être offerte en l'espèce de brochures adéquates et d'interventions concises de formateurs hautement qualifiés.

En revanche, la formation générale dispensée par l'IUFM de Versailles ne peut pas former le professeur à la réalité singulière de sa pratique. L'idéologie déclarée de cette formation générale est foncièrement sécuritaire. Il s'agit de fabriquer du « lien social » afin de préserver la « paix civile ». Ainsi, la qualité pédagogique du professeur stagiaire résiderait dans son aptitude à sécuriser ses élèves en leur forgeant toute une série d'habitudes.

Symétriquement, l'IUFM s'arroge pour mission de sécuriser ses professeurs en préméditant longuement avec eux toutes les catastrophes susceptibles de se produire en classe. L'affect latent de ce double mouvement est manifestement la peur. La vulgate pédagogique de l'IUFM a pour but de « mettre à l'abri le professeur derrière sa fonction » : abri dont on est en droit de se demander s'il ne protège pas de penser.

En effet, à quoi bon penser si, selon le message véhiculé par l'IUFM, il ne s'agit pas d'instruire les élèves mais d'occuper des enfants, tout comme il ne s'agit pas de former des enseignants mais d'en faire des « animateurs et gestionnaires » de classe.
Un tel mépris du savoir est inacceptable.

En conséquence, nous estimons inadéquate (et peut-être même, comme nous l'avons indiqué, pernicieuse) la formation à l'IUFM de Versailles dite « générale » et nous déplorons d'avoir à sacrifier une journée par semaine à la fréquentation de ces séances. En ouvrant ainsi le débat, nous prétendons défendre avant tout l'intérêt de nos élèves, qui ne peuvent qu'être pénalisés par ce temps perdu au détriment de la préparation effective de nos cours. Pour toutes ces raisons, nous proposons :

- Premièrement la suppression de la formation générale au profit d'une formation « commune » telle que nous l'avons définie plus haut.

- Deuxièmement, la possibilité pour les stagiaires d'obtenir, comme dans d'autres IUFM, une décharge de formation en vue de parfaire la formation proprement philosophique (Agrégation, DEA,…).

Les horaires de formation qui s'intègrent à notre service de professeurs ne sont pas un devoir mais un droit : le droit à une formation disciplinaire continue et rigoureuse, le droit de toujours apprendre pour bien enseigner. Et cette exigence n'est pas une proposition mais une revendication, qui ne peut être rejetée que si elle est mécomprise.
Nous avons besoin de votre soutien.

Pierre Bayiyowora Pauline Bourg Sabrina Cerqueira
Nicolas Crouïgneau Benjamin Delmotte Frédéric Fruteau
Alix Héricord Stéphane Marchand Nicolas Rigaud
Jerôme Rouland Claire Schwartz Sabrina Cerqueira
Cyril Soler Siryne Zoughlami
Contact : 01 43 45 63 68 ou 01 45 80 12 85 ou internet : [email protected]

 

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