La révolte des profs de philo

Dans toute la France, à l'occasion des réunions d'entente du 15 juin et d'harmonisation de 26 juin, les professeurs de philosophie ont manifesté leur indignation et leur refus d'une mutilation des horaires de L et S et d'une réforme de la philosophie imposée autoritairement malgré son rejet par les professeurs. Devant cette mobilisation massive, le gouvernement a opéré un recul stratégique partiel :

1. les questions d'approfondissement faisaient l'objet d'un refus quasi unanime tant elles cherchaient à transformer les professeurs en diffuseurs d'une philosophie officielle et les sujets de philosophie en sujets totalement prévisibles. Beaucoup de professeurs s'étaient d'ailleurs déjà engagés à ne pas les traiter. Elles sont rendues facultatives pour l'année prochaine.
2. Le groupe Renaut d'experts autoproclamés qui avait concocté puis imposé cette réforme est dissous. Michel Fichant, dont l'honnêteté intellectuelle est reconnue est chargé d'en constituer un autre plus pluraliste.

Réjouissons nous de ce premier recul obtenu par un refus massif et déterminé, mais n'oublions pas :

1. que le caractère facultatif est provisoire (jusqu'aux élection ?).
2. que la nouvelle commission devra faire la preuve de son respect démocratique de la parole des professeurs qui s'est exprimée dans la consultation de décembre 2000.
3. que le reste du programme est maintenu ; or il garde la marque de problématisations imposées et est surtout devenu lacunaire et incohérent .
4. que la place grandissante donnée à l'addendum didactique et l'apprentissage de la rhétorique de l'argumentation inscrit la réforme de la philosophie dans la réforme globale de toutes les disciplines : moins de pensée, moins de contenu, plus de communication et de promotion de l'opinion.

Dans toutes les réunions, une majorité importante de professeurs:

• exigent que l'horaire en séries L et S soit rétabli et que l'application du nouveau programme soit suspendue afin qu'il soit globalement reconsidéré.
• d'engagent à ne pas considérer ce nouveau programme comme applicable, à boycotter les manuels du nouveau programme.
• appellent à des Assemblées Générales le 4 septembre pour envisager des moyens de lutte plus radicaux si le gouvernement s'entête à imposer autoritairement une vision utilitariste de la philosophie et une réforme qui servirait essentiellement à augmenter les notes du baccalauréat.

Faisons signer dans les jurys la motion de soutien aux professeurs de philosophie.

Engageons nous dès maintenant à refuser de relever les notes de nos collègues de français lors de la session du bac 2002 : ils sont depuis cette années privés du contrôle de leurs notes par la disparition soudaine (avril 2001) et autoritaire des jurys spécifiques de lettres.

Toutes ces réformes et décrets vont dans le même sens : gérer des flux de "jeunes" sans moyens supplémentaires et donc sans aucun souci d'acquis réel et du sens de l'acte d'enseigner.

Notre détermination peut encore faire reculer un gouvernement dont les méthodes non démocratiques indignent la quasi totalité du corps professoral.

Rendez-vous le 4 septembre.

Pour les parisiens, 14h30 à la Bourse du Travail, rue du Château d'eau, M° République.