Professeurs du Lycée Romain Rolland de Goussainville
(95).
Assemblée générale unanime
(60 présents).
Sections syndicales SNES - FO - CGT - SUD.
Goussainville, le 29 octobre 1999
LETTRE AU MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE Claude Allègre
Monsieur le Ministre,
Vous venez de publier trois rapports (de MM. Bancel, Monteil,
Blanchet), modifiant profondément l'enseignement public. Et vous
annoncez que ces bouleversements seront « traités »
à partir du 15 décembre.
De quoi s'agit-il ?
Vous voulez rendre les enseignants polyvalents:
- polyvalents dans les disciplines: Un professeur de
mathématique pourrait remplacer son collègue d'histoire et
être remplacé lui-même par un professeur de philosophie
en cas d'absence
- polyvalents pour les tâches diverses d'un établissement
scolaire : Un professeur pourrait indifféremment devenir surveillant,
documentaliste, assistante sociale, animateur, etc. ;
- polyvalents pour les tâches de gestion de l'établissement
Les professeurs seraient requis pour mettre en oeuvre « des projets
d'établissement ».
Monsieur le Ministre,
Comme les parents de nos élèves, comme des
millions de salariés de ce pays, nous avons appris un métier.
Un parent d'élève informaticien ne s'aviserait
pas de chercher à remplacer le parent d'élève boulanger,
et inversement.
Tous deux comprendront lorsque nous disons: nous voulons
enseigner à vos enfants la discipline que nous maîtrisons
et pour laquelle l'Etat nous a recrutés.
Comment un professeur pourrait-il transmettre à
des élèves, un savoir qu'il n'a pas ou ne maîtrise
pas ?
Nous ne sommes pas naïfs, les parents de nos élèves
non plus. En voulant rendre nos services flexibles, notre métier
polyvalent, vous cherchez avant tout à gérer au moindre
coût le devoir d'enseignement qu'a l'Etat , vis à vis
des enfants des citoyens et contribuables.
Sans doute voulez-vous également, au nom de «
l'Europe », aligner l'enseignement public français sur
les systèmes les plus déficients et les moins coûteux.
Monsieur le Ministre,
Enseignants responsables, conscients des obligations de
l'école publique envers les familles, nous n'acceptons pas
:
-
nous n'acceptons pas notre déqualification,
qui rapidement aboutirait, pour les élèves, à un appauvrissement
général du savoir
-
nous n'acceptons pas d'assurer toutes les fonctions
(sociales, éducatives, administratives ... ) pour lesquelles vous
refusez de créer les postes nécessaires. Nous ne sommes pas
compétents pour ces fonctions,
-
nous n'acceptons pas d'être soumis à
cette flexibilité sous la tutelle d'un « conseil pédagogique
» local que vous cherchez à instituer ,
-
nous n'acceptons pas que selon le lieu d'habitation des familles,
les enfants étudient dans des établissements dont les ressources,
donc leurs moyens d'enseignement, soient variables ;
-
nous n'acceptons pas que par voie de conséquence,
les examens obtenus soient inégaux en valeur, accentuant
les inégalités des élèves face à l'avenir.
En conséquence, Monsieur le Ministre,
Vos rapports (Bancel, Monteil, Blanchet) sont inacceptables,
tant par les personnels de l'éducation nationale, que par les parents
d'élèves.
Les prétendues «réformes» précédentes
ont déjà mis l'école dans une situation critique .
Vos mesures signifieraient son naufrage.
Soyez assuré que nous saurons défendre le
métier d'enseignant et l'école publique.
Les professeurs, leurs syndicats.
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Destinataire: M. Le Ministre de l'Education Nationale.
M. Le Premier Ministre.
Copie Mme la ministre déléguée chargée
de l'enseignement scolaire-
M. Le Recteur de l'Académie de Versailles. M.
l'inspecteur d'Académie du Val d'Oise.
Les élus. Les centrales syndicales. Les fédérations
de parents d'élèves. Les médias.
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