Contributions : Analyses : « C'est celui qui le dit qui y est » (R. Wainer)


Réponse des professeurs du lycée J.Perrin (Lyon) au tract ministériel
Réponse du Snes

« C’est celui qui le dit qui y est » :

où le désinformateur se plaint d’être victime de désinformation...

Rousseau, qui présentait d’inquiétants symptômes, avait écrit tout un livre pour expliquer que, victime d’un complot, ses propos étaient systématiquement déformés, et qu’il préférait s’adresser directement au lecteur. C’est ce que fait ici Allègre. Victime d’un universel complot orchestré par les enseignants, les intellectuels et les media, il en appelle directement à l’élève et à ses parents, et leur dit : « Voyez si mon cœur est pur ! »
On savait que le gourou Meirieu (bien silencieux depuis quelques temps) avait écrit un livre intitulé : Emile, reviens, ils sont devenus fous, et que Rousseau était le dieu tutélaire de toute la réforme, ou du moins son alibi. Mais de là à en devenir l’avatar...

Comme il ne faut jamais laisser traîner les mensonges et les contre vérités, et que nous désirons - conformément à la profession de foi du ministre - former l’esprit critique de nos élèves, nous vous proposons, en « heure de vie de classe », d’organiser un débat contradictoire autour de ces deux lectures de la réforme.

Le ministre justifie sa réforme La lecture des professeurs
   

Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie

A l'attention des enseignants, des parents. des lycéens

Certains d'entre vous sont destinataires de tracts sur la réforme du lycée. Ceux-ci diffusent des informations, soit déformées, soit fausses.

Devant les questions légitimes que vous pouvez vous poser face à une véritable campagne de désinformation, le Ministère souhaite vous apporter les précisions suivantes :

COMMENT LA REFORME DES LYCEES S'EST-ELLE MISE EN PLACE ?

 
A l'issue d'un an de discussions approfondies avec l'ensemble des organisations syndicales, des fédérations de parents d'élèves et de lycéens, il a été décidé : faux: 1 - Le syndicat qui représente la majorité absolue des enseignants aux élections professionnelles a été systématiquement tenu à l’écart.

2 - les élèves ont été l’objet d’une sollicitude symbolique, démagogique, et éphémère, tant qu’ils étaient dans la rue. Mais rien de ce qui leur avait été promis n’a été tenu.
d'aménager les horaires des élèves afin de faire place à l'aide individualisée et au soutien aux élèves en difficulté, d'augmenter les dédoublements de classe pour permettre aux élèves de travailler dans de meilleures conditions, d'élaborer de nouveaux programmes, Mensonges par omission : cela s’est fait au détriment des autres élèves, puisque ces heures ont été retirées au reste de la classe. Comment aurait-on pu dédoubler, garder le même nombre d’heures de cours aux élèves, et ne pas recruter un grand nombre d’enseignants ?
de rapprocher les disciplines grâce à la création de travaux interdisciplinaires. A nouveau, ces exercices aux contours et aux évaluations floues, étaient prises sur des heures de disciplines fondamentales, comme le français, les maths, les langues, dont l’horaire hebdomadaire est diminué en moyenne de 20%.
Cette réforme et les nouveaux programmes de seconde ont été approuvés à une très large majorité au Conseil Supérieur de l'Education, constitué des représentants élus des syndicats enseignants, des fédérations de parents d'élèves, d'étudiants et de lycéens. Faux : Le syndicat qui représente la majorité absolue des enseignants aux élections professionnelles s’est abstenu. Si la grande majorité des professeurs est contre, cela mérite qu’on écoute leurs raisons...
QU'EST CE QUE L'AIDE INDIVIDUALISEE ?

Pour les élèves en difficulté, tous les lycées ont mis en place, dès septembre 1999, des cours d'aide individualisée en français et en mathématiques en classe de seconde, par groupes de huit élèves, à raison de 2 heures hebdomadaires.
 

Nous rappelons que dans la réforme à budget constant, ces heures ont été prises au détriment du reste de la classe, dont l’horaire de français et de maths a été amputé d’autant.
QUE SONT LES TRAVAUX PERSONNELS ENCADRES (TPE) ?





Les TPE se dérouleront en très petits groupes et permettront d'initier les élèves au travail interdisciplinaire, à l'autonomie et à la recherche documentaire, C'est la première fois qu'est introduit au lycée ce dispositif pédagogique, indispensable à la poursuite d'études supérieures.

Les conditions de leur application sont tellement ubuesques, que les TPE sont rejetés dans tous les établissements : il est prévu moins d’une heure hebdomadaire par classe et par matière ;

1 - Cette heure n’a pas été comptée en heure statutaire dans les dotations horaires globales attribuées à chaque établissement ; elle devra donc être faite en heures supplémentaires. Or, les heures supplémentaires ne sont pas obligatoires (au delà d’une) ; M. Allègre avait d’ailleurs dit vouloir en restreindre le nombre...

2 - On se demande quelle taille devront avoir les petits groupes : s’il s’agit de groupes de deux ou trois élèves, nous ne pourrons, chaque semaine, que leur consacrer 5 minutes par matière...

COMMENT LES PROGRAMMES SONT-ILS ELABORES,
QUAND ET COMMENT SERONT-ILS MIS EN PLACE ?
 
Les programmes de chaque discipline sont élaborés par des groupes d'enseignants du secondaire et de l'enseignement supérieur. Sur quels critères de représentativité, d’expérience, et de compétence ont-ils été désignés ?
Avant leur mise en place définitive, à la rentrée 2000, les programmes de seconde ont été expérimentés avec succès pendant un an dans 100 établissements volontaires répartis dans l'ensemble des académies. Nulle part n’ont été publiés les résultats de ces expériences. Savez-vous qu’on n’a pas voulu, dans l’académie de Versailles, révéler le nom des établissements " cobayes " ?
Parallèlement des stages d'information et de formation (représentant au total plusieurs milliers d'heures) ont été dispensés à la fois aux corps d'inspection et aux enseignants concernés Ma formation en Lettres : dans mon lycée, un inspecteur est venu nous faire la lecture des programmes contenus dans le B.O. Il nous a demandé si nous avions des questions à poser;  il y a répondu en nous disant que comme d’habitude, il nous faisait confiance pour " faire au mieux ", et il est reparti au bout de deux heures
Pour les classes de première et de terminale, les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2001, après avoir été soumis au Conseil Supérieur de l'Education, au printemps prochain.  
QUELQUES PRECISIONS POUR EN FINIR AVEC LES RUMEURS

Le Baccalauréat : il demeure bien sûr un examen national dont les épreuves écrites restent anonymes. Les conditions d'accès à l'université pour tous les bacheliers sont inchangées.
 


Lisez : l’oral se fera sous forme de contrôle continu. Or, tout le monde sait que dès lors, les bacs vaudront ce que vaut la réputation d’un établissement.
La dissertation : elle est maintenue dans toutes les disciplines où elle existait. Une épreuve faisant appel à la créativité est en plus proposée au baccalauréat de Français 1 - Mais sera-ce vrai pour toutes les sections ?

2 - On n’imagine pas 4 sujets au choix au baccalauréat ; la suppression de l’un de ceux qui existent au profit d’un travail de type " brevet " est la meilleure façon de baisser les exigences
Les mathématiques : l'enseignement des Concepts fondamentaux, l'apprentissage du raisonnement et la démonstration demeurent bien évidemment les objectifs prioritaires de l'enseignement des mathématiques, mais l'usage d'outils modernes (notions de statistiques et d'informatique) s'impose à tous au XXIè siècle. Ici, nous pouvons juger sur pièces : les programmes de seconde suppriment explicitement tout recours à la réflexion, à la spéculation, au raisonnement, pour tenter de faire des maths une science expérimentale
L'éducation civique, juridique et sociale : cet enseignement a pour but l'éducation à l'analyse et au débat. Il doit donner une dimension nouvelle à la laïcité.

Nous avons toujours été contre :

1 - parce que l’analyse et le débat ne sont pas une matière en soi : ils s’enseignent à partir de savoirs construits et progressivement maîtrisés par l’élève, et non de discussions de comptoirs : c’est le but de l’enseignement disciplinaire.

2 - parce qu’à nouveau, ces heures ont été dégagés en rognant sur les savoirs disciplinaires : le français, les maths, les langues, l’histoire qui seuls donnent une culture et une formation solide.

Les langues vivantes : pour la première fois, quelle que soit sa section, chaque élève bénéficiera de cours de langues en effectifs dédoublés. Mais de fait, les élèves ont une heure de langue en moins.
Les assistants de langues : leur apport est complémentaire de celui des enseignants de langue. Les élèves bénéficieront, en plus de leurs heures de cours, d'échanges et de conversation avec des étudiants étrangers. Mais ces heures, effectuées par des personnels non qualifiés (alors que, paraît-il, la pédagogie est une science) viennent à la place des heures de cours devant un professeur qualifié.
Les vacances scolaires : Les craintes concernant leur diminution sont infondées. S’agit-il des vacances des élèves, ou des enseignants ? Le ministre n’a-t-il pas dit que nous ne travaillions que 18 heures par semaine, voire 15, et même 12 ?
Le progrès des connaissances et le développement des nouvelles technologies imposent une nouvelle réflexion sur les contenus d'enseignement afin de mieux préparer les élèves à la poursuite d'études .  
Devant l'hétérogénéité des classes de lycée, l'Education Nationale se devait d'apporter un soutien aux élèves, et notamment à ceux qui connaissent des difficultés.



C'est à partir de ces constats que la réforme du lycée a été élaborée.
1- Au delà d’une certaine marge d’hétérogénéité, le soutien ponctuel est inefficace, et c’est le niveau général de la classe qui en pâtit.

2 - C’est au détriment des élèves qui, dans les milieux défavorisés, ne sont pas en difficulté ; car la diminution des heures de cours et des exigences de niveau ne nuira pas aux enfants privilégiés, dont les parents pourvoiront au complément ; c’est donc supprimer toute chance de promotion sociale par le savoir. C’est accentuer, par une école à deux vitesses, le fossé entre les milieux.
Les Bulletins officiels de l'éducation nationale sont la seule référence officielle et fiable en matièred'instructions et de programmes.  

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