Mise
à jour du:
Samedi 6 mai 2000LA REFORME ALLÈGRE DES
LYCÉES CONTINUE, NOTRE COMBAT AUSSI
Comme on pouvait s'y attendre notre
nouveau Ministre n'a pas entendu l' opposition massive
des professeurs aux réformes actuelles de l'école, qui
a culminé lors de l'imposante manifestation nationale du
24 mars dernier. Ne nous laissons pas abuser par les
effets d'annonces emphatiques de la déclaration
d'intention du ministre, comme la promesse de
rétablissement partiel de certains horaires amputés (en
mathématiques, français et langues) et de renforcement
de la série littéraire, arrachés par notre
mobilisation active.
En effet, Jack Lang vient de
reconduire l'essentiel de la réforme Allègre des
lycées, donnant ainsi satisfaction aux organisations
syndicales et parentales les plus favorables à ces
réformes et qui depuis plus d'un mois surenchérissaient
sur le thème : il est urgent de mette en ouvre les
" bonnes réformes " d'un homme devenu "
mauvais ministre " du seul fait qu'il avait fini par
représenter lui-même le principal obstacle à leur
application. Le plus clair des annonces concerne la
poursuite de l' " aide individualisée " et de
l' " éducation civique, juridique et sociale
", ainsi que la mise en place généralisée des
" travaux personnels encadrés ", au titre de
" l'innovation pédagogique" destinée à mener
de façon irréversible
au fameux " travailler différemment ", en
" permettant, peu à peu, de transformer en
profondeur la nature de la relation entre les enseignants
et les élèves " (voir texte du "point de
presse" de J. Lang du 27/04, p. 1 et 2).
Si l'aide individualisée aux "
élèves en difficulté " s'autorise avec insistance
d'une intention généreuse, comment ne pas voir qu'il
s'agit d'une mesure démagogique et inopérante puisque
les moyens en sont encore pris sur les heures
d'enseignement dues à tous les élèves et qu'un tel
saupoudrage ne peut tenir lieu des nécessaires
dédoublements pour T.D. et T.P. dans toutes les
disciplines, demandés depuis longtemps et toujours
refusés, en référence maintenant au fameux dogme
néo-libéral du " gel de l'emploi public " ?
Il est même question d'alourdir encore les effectifs de
certains enseignements : les heures détournées par les
"innovations pédagogiques" seront
"partiellement financées par une diminution des
dédoublements de classe, mesure coûteuse en heures
d'enseignement " (Le Monde du 28/04, p.12).
Si l'éducation civique, juridique et
sociale s'autorise avec insistance d'une " demande
de citoyenneté ", comment ne pas voir que, dans ses
contenus fourre-tout (voir B.O. du 05/08/99) et ses
méthodes " actives " (animation-débat), cette
pseudo-discipline témoigne d'une idéologie civiliste
qui relève d'un insidieux contrôle social et ne
présente, comme telle, aucune des garanties
d'objectivité que l'on est en droit d'exiger d' une
véritable instruction citoyenne ? Que penser, à ce
propos, de la place désormais centrale accordée aux
"conseils de la vie lycéenne", appelés à
"changer le lycée" ( "point de
presse" de J. Lang, p. 6) ?
Si les " T.P.E. ", enfin,
s'autorisent avec insistance de l' apprentissage de
l'interdisciplinarité, comment ne pas voir, là encore,
que leurs contenus (" transversaux ") et
méthodes (confection et évaluation collectives de
" dossiers ") risquent bien de ne donner lieu
qu'à un bricolage " intellectuel " que le
plaisir partagé d'y travailler " tous ensemble
" ne rendra pas pour autant, loin s'en faut, plus
rigoureux ?
Pour ce qui est des autres mesures,
bruyamment présentées comme étant en rupture avec la
logique de la réforme Allègre, les choses sont beaucoup
plus floues. Les médias font état, avec insistance,
d'un " rétablissement des horaires des disciplines
", alors que le compte n'y est pas du tout, comme en
français et mathématiques en classe de seconde où la
demi-heure promise ne compense pas l'heure supprimée par
C. Allègre. Que deviennent toutes les autres
suppressions d'heures de cours ?
Si le " renforcement " de la
série littéraire au nom de " l'égale dignité des
filières " peut paraître bienvenu (notamment pour
ce qui est de la consolidation des enseignements de
langues et de littérature, mais qu'en est-il du
nécessaire rééquilibrage scientifique de cette série
?), cette concession " humaniste " ne peut à
elle seule contrebalancer l'idéologie pragmatiste qui
caractérise l'ensemble de cette réforme, jusque dans la
conception des langues, des arts et des lettres
elles-mêmes, supposés n' avoir plus de sens en dehors
de la désormais sacro-sainte " communication
".
Comment se laisser prendre à de tels
" aménagements " quand on veut bien se
souvenir du reste, qui n'est pas peu ici , comme
l'allégement " systématique " des programmes
(notre ministre a précisé que ceux de mathématiques et
de français, déjà " expérimentés " -!-
pour la classe de seconde, seraient appliqués dès la
prochaine rentrée), mais aussi la soumission de
l'enseignement comme des personnels aux conditions
locales des " bassins de formation et d'emploi
" par le biais de la généralisation de la
pédagogie des " projets d'établissement " ?
Que deviennent les rapports Bancel, Monteil et Blanchet ?
On le voit, la vigilance s'impose
toujours autant, et sans doute encore un peu plus
maintenant : on ne nous refera pas le coup de la fausse
temporisation du ministère Jack Lang de 1992-93
(souvenons-nous !), avertis que nous sommes désormais de
quelle démagogie peut se parer une entreprise brutale de
dégradation des conditions d'étude faite aux élèves
comme aux professeurs.
La Liste Indépendante, le 3 mai 2000.
Mise à jour
du:
Samedii 22 avril2000
Nantes, le 20 mars 2000,
Les professeurs du Lycée
Clemenceau de Nantes
1, rue Georges Clemenceau
BP 74205 44000 NANTES CEDEX 1
À Monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale
Jack LANG,
Monsieur le Ministre,
Veuillez trouver ci-joint le texte d'une pétition
contresignée par 63 professeurs du Lycée Clemenceau de
Nantes.
Comme vous pouvez le constater vous-même, nos demandes
demeurent plus que jamais d'actualité : nous savons que
les préoccupations qu'elles expriment sont partagées
par une large majorité de professeurs.
Puisque lors de votre prise de fonction vous avez
déclaré être à l'écoute des professeurs, nous
souhaitons être effectivement entendus de vous et
obtenir une réponse à notre courrier.
Dans cet espoir, nous vous prions d'agréer, Monsieur le
Ministre, l'expression de nos sentiments respectueux et
dévoués à l'enseignement
public et à sa mission de transmission des
connaissances.
La réponse peut être adressée à . .. /.. .
(noms de deux collègues).
Pétition issue de l'A.G. du 21 mars 2000
Les professeurs soussignés du lycée Clemenceau (Nantes)
considèrent que les réformes Allègre-Royal portent
atteinte aux principes mêmes de l'enseignement de
qualité auquel ils sont attachés, comme leurs
collègues qui partout en France participent depuis des
semaines au mouvement massif d'opposition à cette
«politique éducative » destructrice.
En conséquence, ils demandent :
- le retrait des réformes Allègre-Royal des lycées,
lycées professionnels,
collèges et écoles
- que soient rétablies toutes les heures de cours et
options supprimées
- que cessent les agressions contre les disciplines et
programmes nationaux
- le maintien et le respect des statuts nationaux de tous
les personnels (décret du 25 mai 1950, etc...).
suivent 63 signatures
Mardi
28 mars 2000
Lycée Clemenceau:
Communiqué de la Liste Indépendante
La détermination des professeurs qui est allée
s'amplifiant ces derniers mois (malgré la conspiration
du silence et la désinformation organisée) est donc
venue à bout du ministère d'un homme qui, abusant de la
haute responsabilité dont il était en charge, a
constamment violenté l'institution scolaire et tous ses
personnels.
Cette victoire des professeurs est celle de l'école tout
entière !
Pour autant le combat ne s'arrête pas là : comme ont pu
le constater tous ceux qui ont participé à l'imposante
manifestation nationale unitaire du 24 mars, une
majorité de professeurs exige le retrait des réformes
Jospin-Allègre-Royal. Notre détermination est telle
qu'elle ne semble pas devoir fléchir d'elle-même, sauf
à y être aidée par une démobilisation active (style
après-20 mars 99) qui aurait été « négociée » au
plus haut niveau par la promesse d' « accompagner » ces
réformes en échange de l' ajustement » de notre
ex-ministre.
Notre fringant nouveau ministre, certifié conforme,
aura-t-il la sagesse de mettre un terme à ces réformes
massivement rejetées pour permettre la tenue de vrais
états généraux pour l'école, pour l'instruction et
l'éducation ? Ne serait-il pas pertinent de commencer
par faire le bilan de la destitution continue que des
réformes aussi concourantes que multiples ont fait subir
à l'école durant ces dernières décennies ? N'est-ce
pas là un préalable nécessaire à toute réinstitution
d'une école qui ne sacrifierait plus la démocratisation
culturelle à la massification scolaire ?
En trois ans, nous avons réussi à reprendre la parole :
ne nous la laissons pas reprendre par l'arrogant pouvoir
technocratique des cabinets ministériels, de leurs
experts en « sciences » de l'éducation et de leurs
conseillers en communication !
La Liste Indépendante du Lycée Clemenceau de Nantes, le
lundi 27 mars 2000.
Dimanche
19 mars 2000
Lycée Carcouët:
ous pouvez ajouter à votre liste de résistants le
lycée Carcouët, en grève reconductible
depuis jeudi. Nous étions plus de 50% vendredi (89,6%
jeudi) ; et même s'il est le seul du département avec
Montaigu et Trélazé, il a pris contact avec les autres
et ça commence à porter ses fruits !
Nos revendications (locales et nationales) sont sur
internet à l'adresse suivante : http://www.membres.tripod.fr/hussard/ (il s'agit du hussard
noir et rouge créé avec le collectif démission de
l'année dernière).
Jusqu'au bout!
Frédéric Palierne
Mardi 15
février 2000
MOBILISONS-NOUS
pour un enseignement de qualité !
Avec de très nombreux professeurs, élèves et
parents de toute la France, nous manifestons
aujourd'hui notre opposition déterminée à la nouvelle
carte scolaire, cyniquement soumise au dogme
néo-libéral du "gel de l'emploi public" et
qui programme une nouvelle aggravation des conditions
d'études faites aux élèves comme aux professeurs. La
suppression de nombre de postes et d'options, qui porte
atteinte aux potentiels d'enseignement des
établissements de notre académie, met à nouveau en
évidence le double langage de nos ministres et
réformateurs.
Nous ne demandons pas seulement la restitution des moyens
supprimés (pour mieux appliquer la réforme
Allègre-Royal ?) mais également la création de
nouveaux moyens pour un enseignement de qualité pour
tous les élèves, et donc l'abandon de cette
"politique éducative" qui destitue
progressivement mais néanmoins brutalement l'école :
- en diminuant les heures de cours pour tous les
élèves (qui pourraient perdre ainsi plus de six
mois de cours effectifs sur trois ans)
- en dévalorisant les disciplines constituées
(comme en témoigne la dégradation de tous les
programmes, notamment ceux de français et de
mathématiques)
- en dénaturant le métier denseigner (pour
soumettre les professeurs aux 35 heures d'animation,
gestion et autre " médiation ")
- en méprisant les qualifications intellectuelles et
détruisant les statuts administratifs nationaux des
professeurs (pour soumettre leurs " activités
" aux " projets détablissement " et
" bassins de formation " locaux, instruments
dune dénationalisation progressive de lécole)
Allons-nous nous accommoder de cette volonté ministérielle
auto-satisfaite de normalisation des esprits comme des
comportements des personnels de l'Éducation Nationale,
sur fond d'euphorie gouvernementale dopée par la
"bonne conjoncture" politique et économique du
moment ?
Contre cette nouvelle agression, il est urgent que
nous reprenions tous la parole avant que ce processus de
destitution de l'école ne devienne irréversible.
Mobilisons-nous réellement, de façon unitaire et
massive, pour une école de culture et de justice qui ne
sacrifierait plus la démocratisation scolaire à la
massification sociale.
Nantes, le 15 février 2000, La Liste
Indépendante du lycée Clemenceau (47,5 % au C.A.)
(correspondance : 1, rue
Georges Clemenceau, BP 74205, 44000 NANTES CEDEX 1)
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