Action

Décembre 2000

MOTION

À PROPOS DU NOUVEAU PROGRAMME DE PHILOSOPHIE

Des professeurs de philosophie de l’Académie de Nantes réunis les 5, 6 et 7 décembre 2000 à l’occasion de la consultation ministérielle relative au nouveau programme de leur enseignement en lycée (publié dans le BO. du 31 août 2000) :

1 - dénoncent le fait accompli du prince qui a promulgué ce nouveau programme sans que le projet en ait été préalablement soumis à l’examen de l’ensemble des professeurs de philosophie

2 - s’inquiètent de l’instrumentalisation qui pourrait être faite des résultats de la consultation après coup  à laquelle ils sont conviés et qui n’a officiellement et donc ouvertement d’autre but que de les faire " accompagner " la mise en œuvre de ce programme (selon les termes mêmes de la note du 12/10/00 adressée aux Recteurs par le Directeur de l’enseignement scolaire)

3 - demandent le retrait de ce nouveau programme qui, sous prétexte d’une plus grande détermination préjugée être favorable aux élèves, fait subir une réduction dommageable non seulement au contenu de l’enseignement philosophique mais aussi à la forme du travail de pensée exigible du professeur comme de ses élèves et qui doit leur permettre d’être les auteurs de leur propre pensée, par le biais :

a - d’un couplage systématique trop souvent arbitraire des notions retenues, qui impose un resserrement illégitime du champ de thématisation et de problématisation du cours comme des travaux des élèves

b - de l’introduction de " questions à ancrage contemporain ", qui institue une positivité (idéologiquement marquée ici) susceptible de réduire la réflexivité exigible de tout enseignement authentiquement philosophique

c - de l’introduction de " recommandations " méthodologiques qui ont tendance à dénaturer le discours philosophique en le réduisant à une rhétorique " argumentative " plus soucieuse de vraisemblance que de la vérité dont doit s’inquiéter la dialectique dissertative

d - de l’introduction de "  règles de formation " des sujets de baccalauréat qui risquent d’inféoder la structure comme le style même du cours à ce qui est supposé être faisable par les élèves et surtout rentable pour eux (à quand l’institution d’une épreuve de bac ad hoc du type questionnaire d’histoire des idées ?)

4 - exigent le rétablissement de l’heure de cours de philosophie supprimée en T.L. et T.S. et l’institution de dédoublements des effectifs d’élèves dans le cadre des horaires actuels

5 - demandent qu’un nouveau travail de réflexion collective soit entrepris (dans des formes non partisanes qui permettraient la participation effective de tous les professeurs de philosophie) en vue de la seule " réforme " susceptible de faire actuellement l’objet de quelque " consensus " : une réduction du nombre des notions de l’actuel programme qui n’en réduirait pas l’esprit résolument réflexif, toujours apte à maintenir et promouvoir des exigences élevées de rigueur formelle et de contenu culturel, aussi bien pour les professeurs eux-mêmes que pour les élèves qui leur sont confiés.

Lycée Clemenceau de Nantes, le 7 décembre 2000.


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