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Janvier 2001 Voici un aperçu du rassemblement pour la défense des langues vivantes qui s’est tenu le mercredi 31 janvier à la Bourse du Travail, ainsi que quelques réflexions.
Le projet est bouclé, le ministère attend simplement le
moment opportun pour faire passer en force ce qui constituerait un bouleversement
sans précédent et peut-être irréversible de
l’enseignement des langues.
Or la poursuite d’ études supérieures et les exigences du monde professionnel requièrent non seulement un anglais oral courant, que seul un séjour à l’étranger peut parfaire, mais aussi une maîtrise solide de l’ écrit, qui, elle, nécessite une longue pratique et le suivi de professeurs. Où nos élèves iront-ils chercher la formation indispensable à une poursuite d’études quand les cours de langue dispensés par l’école publique seront devenus de simples séances de conversation ? Par ailleurs, le débat sur l’opportunité de l’enseignement des langues dès la maternelle semble d’ores et déjà clos. Les syndicats font porter leur lutte principalement sur le statut et le degré de qualification des intervenants dans le primaire et sur les moyens à débloquer pour mettre en œuvre la réforme. Aucun syndicat, de crainte d’être taxé d’immobilisme, ne semble vouloir sérieusement mettre en doute ce qui constitue déjà un dogme : apprendre une langue dès le primaire ne pourrait être que profitable pour les enfants. A-t-on seulement mesuré l’efficacité de l’initiation aux langues déjà mise en place dans le primaire ? Que dire des différences entre les élèves abordant la classe de sixième, certains avec quelques rudiments, d’autres avec des bases structurées en grammaire, d’autres enfin sans nulle pratique de la langue ? Par ailleurs, le consensus sur les langues dans le primaire repose sur un malentendu entretenu par le ministère. S’il est vrai que les jeunes enfants ont plus de facilité que leurs aînés pour distinguer et articuler les sons et syntagmes d’une langue étrangère, il faut pour cela qu’ils soient plongés plusieurs heures par jour dans un véritable bain linguistique (enseignement entièrement dispensé en langue étrangère en France ou enseignement en français dans un pays étranger par exemple). Comment laisser croire aux parents d’élèves que l’objectif est le bilinguisme par immersion, bien évidemment illusoire à raison d’une heure par semaine ? Par ailleurs, a-t-on pris en compte, par des études sérieuses, l’effet que peut produire sur des enfants qui n’ont pas encore acquis les structures de leur propre langue, et apprennent tout juste à écrire, l’ introduction d’une langue étrangère reposant sur un système linguistique et phonologique différent, à raison d’une heure par semaine ? L’introduction des langues en primaire et la diminution des horaires en collège et lycée apparemment sans rapport, servent en réalité le même but : transformer le cours de langues, du primaire au lycée, en cours de conversation. Il serait vain d’espérer maintenir des objectifs plus ambitieux : que peut-on enseigner à moins de 3h par élève par semaine ? La résistance isolée étant d’une efficacité limitée, seule une opposition des enseignants du primaire au secondaire est en mesure de mettre un coup d’ arrêt à la réforme Lang. Les syndicats appellent à un rassemblement le mercredi 14 mars
et nous engagent à signer et faire signer par les collègues
de langue et des autres matières, ainsi que par les parents d’élèves
la pétition suivante.
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