Action

Janvier 2001

Voici un aperçu du rassemblement pour la défense des langues vivantes qui s’est tenu le mercredi 31 janvier à la Bourse du Travail, ainsi que quelques réflexions.


Les intervenants – SNES, FO, SUD-Education et les représentants d’associations de spécialistes – de retour d’une entrevue au ministère étaient unanimes sur la gravité de la situation actuelle et des mesures à venir, sur lesquelles le ministère s’est cependant montré discret. Le bilan de la situation actuelle a porté principalement sur l’abandon de l’horaire de base 4h de cours-élève minimum en collège et 3h en lycée (2 heures en section S depuis la rentrée 2000) et l’uniformisation de l’offre de langues aboutissant à un tout LV1 anglais – LV2 espagnol.
Par ailleurs, les intervenants ont pu obtenir les informations suivantes :

  • Epreuves du baccalauréat : pas de changement jusqu’en 2002, mais projet d’introduction d’une épreuve orale de langue en fin de 1ère en 2003 organisée par établissement sous forme de contrôle continu.
  • Enseignement des langues en primaire, grand projet du ministère Lang : en CP, puis en Grande Section de maternelle en 2002, la LV2 étant introduite en 6ème. Les cours seraient dispensés par des titulaires d’une licence ou locuteurs natifs ". L’élève ayant ‘appris’ une langue en primaire n’aurait plus besoin au collège, puis au lycée que d’un simple " entretien " dans cette langue, soit un horaire réduit pour entretenir ses acquis.

Le projet est bouclé, le ministère attend simplement le moment opportun pour faire passer en force ce qui constituerait un bouleversement sans précédent et peut-être irréversible de l’enseignement des langues.
Les trois principaux enjeux sont donc la disparition déjà alarmante des langues autres que l'anglais et l’espagnol, l’introduction du contrôle continu au baccalauréat par le biais d’une épreuve orale en langues et un apprentissage précoce qui bouleverse l’enseignement primaire et secondaire.
Comme l’a fait remarquer un collègue, si cette réforme passe, les langues ne seront plus une matière à part entière. La réforme du primaire va entraîner des conséquences irréversibles pour le secondaire :

  • remise en cause du statut de professeur de langues : en primaire, les cours seraient dispensés par des titulaires d’une licence ou " locuteurs natifs ", c’est-à-dire, dans les faits, quiconque ayant séjourné à l’ étranger. Ceci accrédite l’idée largement partagée par l’opinion qu’il suffit de parler une langue plus ou moins couramment pour l’enseigner, comme, si par exemple, n’importe quel adulte français pouvait s’improviser instituteur.
  • remise en cause des contenus d’enseignement : le fameux " entretien " de la langue se réduira à une pratique orale de communication. Seront exclus tout accès à la civilisation et à la littérature du pays, mais également l’ écrit, considéré comme annexe.

Or la poursuite d’ études supérieures et les exigences du monde professionnel requièrent non seulement un anglais oral courant, que seul un séjour à l’étranger peut parfaire, mais aussi une maîtrise solide de l’ écrit, qui, elle, nécessite une longue pratique et le suivi de professeurs. Où nos élèves iront-ils chercher la formation indispensable à une poursuite d’études quand les cours de langue dispensés par l’école publique seront devenus de simples séances de conversation ? Par ailleurs, le débat sur l’opportunité de l’enseignement des langues dès la maternelle semble d’ores et déjà clos. Les syndicats font porter leur lutte principalement sur le statut et le degré de qualification des intervenants dans le primaire et sur les moyens à débloquer pour mettre en œuvre la réforme. Aucun syndicat, de crainte d’être taxé d’immobilisme, ne semble vouloir sérieusement mettre en doute ce qui constitue déjà un dogme : apprendre une langue dès le primaire ne pourrait être que profitable pour les enfants. A-t-on seulement mesuré l’efficacité de l’initiation aux langues déjà mise en place dans le primaire ? Que dire des différences entre les élèves abordant la classe de sixième, certains avec quelques rudiments, d’autres avec des bases structurées en grammaire, d’autres enfin sans nulle pratique de la langue ? Par ailleurs, le consensus sur les langues dans le primaire repose sur un malentendu entretenu par le ministère. S’il est vrai que les jeunes enfants ont plus de facilité que leurs aînés pour distinguer et articuler les sons et syntagmes d’une langue étrangère, il faut pour cela qu’ils soient plongés plusieurs heures par jour dans un véritable bain linguistique (enseignement entièrement dispensé en langue étrangère en France ou enseignement en français dans un pays étranger par exemple). Comment laisser croire aux parents d’élèves que l’objectif est le bilinguisme par immersion, bien évidemment illusoire à raison d’une heure par semaine ? Par ailleurs, a-t-on pris en compte, par des études sérieuses, l’effet que peut produire sur des enfants qui n’ont pas encore acquis les structures de leur propre langue, et apprennent tout juste à écrire, l’ introduction d’une langue étrangère reposant sur un système linguistique et phonologique différent, à raison d’une heure par semaine ? L’introduction des langues en primaire et la diminution des horaires en collège et lycée apparemment sans rapport, servent en réalité le même but : transformer le cours de langues, du primaire au lycée, en cours de conversation. Il serait vain d’espérer maintenir des objectifs plus ambitieux : que peut-on enseigner à moins de 3h par élève par semaine ? La résistance isolée étant d’une efficacité limitée, seule une opposition des enseignants du primaire au secondaire est en mesure de mettre un coup d’ arrêt à la réforme Lang.

Les syndicats appellent à un rassemblement le mercredi 14 mars et nous engagent à signer et faire signer par les collègues de langue et des autres matières, ainsi que par les parents d’élèves la pétition suivante.

Sophie Vige


PÉTITION LANGUES VIVANTES

Très inquiets de la dégradation des conditions de l’enseignement des langues vivantes en France, les signataires ci-dessous s’opposent aux suppressions de poste en langues vivantes et demandent :

  • la création des postes permettant d'assurer un réel enseignement des langues vivantes dans leur diversité et la garantie du respect de la liberté de choix des familles
  • le retour immédiat à 3 H de cours-élève minimum au lycée et 4 H en collège assurées par un professeur
  • des effectifs de 15 élèves maximum

    NOM QUALITE VILLE SIGNATURE


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