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Querelles de chiffres pour la manif : 17000 ? 40000 ? 60000 ? C'est le
dernier chiffre avancé par le SNES, et celui qui colle le mieux à notre
estimation d'amateurs en la matière. Comme depuis le début du
mouvement, le SNES se montre plus lent à réagir que nous, même
lorsqu'il s'agit de compter sur ses doigts. Il avait d'abord
annoncé 40000 ; mais avec de la détermination, on finit par converger...
Moralité : le degré d'engagement du SNES dans la lutte, la
radicalité de ses positions, dépend de la mobilisation ; on ne peut
donc prendre du recul en se disant que grâce au succès de la manifestation,
les organisations syndicales vont prendre le relais.
On se trouve devant un cas de figure assez nouveau : un mouvement social d'une
ampleur exceptionnelle (1 professeur du secondaire sur 5 dans la rue), qui jouit
d'une occultation parfaite de la part des politiques et des media. Cela montre
l'ampleur du consensus dont jouit la politique d'Allègre dans
les rangs de la gauche comme de la droite, et de leurs hérauts médiatiques.
Faut-il pour autant se décourager ?
Rappelons d'où nous sommes partis : quelques lycées de Paris
et la banlieue, qui se coordonnent pour arriver, en Janvier, à réunir
400 personnes, malgré la franche hostilité des sections académiques
et la superbe ignorance de la presse. Un mouvement de grève reconductible
d'un mois, assez déterminé pour entraîner, progressivement,
le SNES national sur nos positions ; une douzaine de manifestations qui ont permis,
à chaque fois, de nous agréger de nouveaux établissements et
d'amplifier le mouvement ; la naissance de coordinations en Province ; notre
présence, enfin, dans le débat sur l'éducation - chaque
fois du moins qu'Allègre n'y met pas son veto - qui a redressé
notre image auprès des parents. Si bien que les derniers sondages les montrent
attachés aux valeurs que nous clamons depuis le début de la lutte.
La grande majorité estime que les savoirs sont prioritaires dans l'enseignement,
et que la compétence disciplinaire est la première qualité d'un
professeur.
Enfin, Nous avons été invités à faire une déclaration
au congrès du SNES ; mais le plus important est que la position des coordinations
était celle de nombreux orateurs, y compris de membres de la direction nationale:
critique des positions attentistes qui ont désorienté et découragé
les collègues ; affirmation que seule la lutte radicale est mobilisatrice
; que rien n'est acceptable ni négociable avec ce ministre.
Croire à l'extension de la mobilisation dans les mois qui viennent
n'est pas une chimère :
- Il semble que les intellectuels - car nous avons besoin de « porte - voix
» - commencent à se mobiliser : Finkielkraut (présent à
la manif), Debray (présent au forum de la FSU), Joshua, accepteraient de participer
à une grande réunion publique. Ce n'était pas le cas
lorsque nous les avions contacté pour le 14 Janvier.
- Il se passe dans le primaire ce qui s'était passé dans le
secondaire à l'automne : les enseignants, exaspérés par
l'attentisme syndical, entrent dans la lutte. Du coup, le SNUIPP commence
à bouger, pour ne pas être à la remorque : La section académique
de Paris, ainsi que plusieurs sections de province, ont appelé au rejet
de la charte !
- Nous avons des opportunités offertes par le calendrier politique et syndical
: les élections européennes, les prochains changements à la
direction de la FSU sont pour nous des occasions d'accentuer la pression.
Le Collectif parisien et la coordination nord parisienne ont tenu la semaine dernière
des réunions dont on peut tirer trois axes d'action :
1 - En direction des collègues
- Diffuser largement le nouvel appel à signature, pour les collègues
qui entrent dans la lutte, spécialement ceux du primaire.
- Mobiliser dans les collèges pour refuser de participer à la consultation
bidon, comme cela se fait déjà dans certains établissements.
- Aller dans le primaire ( si on y est parent d'élève, ou
pour présenter l' appel à signature et la déclaration
commune primaire - secondaire), pour élargir la mobilisation contre
Allègre et contre la charte, qui systématise la précarité
par l'emploi massif d'intervenants municipaux et d'aides éducateurs,
qui prévoit l'extension des heures d'ouverture des écoles
en fonction des besoins locaux...
- Diffuser un tract d'alerte sur la mise en place rampante de la réforme
: pressions pour assurer les remplacements de collègues absents, arrivée
des locuteurs natifs...menaces sur les emplois du temps de la rentrée prochaine.
- Dans chaque établissement, se réunir par matière pour rédiger
des textes de réflexion disciplinaire (comme celui diffusé sur le site
par les collègues d'histoire). On peut l'envoyer aux parents
d'élèves, aux associations disciplinaires, aux inspections générales.
- Diffuser largement les auto-collants « Allègre démission
», qui rencontrent toujours au succès égal (on pourrait même
en fabriquer des séries pour mettre sur les pare - brises arrières).
- Faire une sorte de bulletin auxquelles les coordinations de Province pourraient
participer en envoyant leurs analyses, des informations sur leurs actions, et que
l'on pourrait diffuser ; cela nous donnerait un point de ralliement un peu
moins virtuel, surtout pour les collègues qui ne sont pas branchés
sur Internet.
APPEL A EXPERT EN PAO DE BONNE VOLONTE QUI VOUDRAIT BIEN METTRE ÇA EN FORME.
- Ceux d'entre nous qui sont parents d'élèves pourraient
écrire aux élus, aux fédérations de parents d'élèves,
participer aux réunions FCPE, pour démentir l'idée que
tous les parents sont pour le réforme d'Allègre.
- On peut envisager la création de coordinations de parents d'élèves
qui ne se reconnaissent plus dans la ligne de la direction de la FCPE. Une déclaration
dans ce sens va être diffusée sur le site.
2 - Profiter des élections européennes
- Aller dans les réunions électorales de gauche pour expliquer que
la majorité plurielle veut imposer une école de droite.
- Coller des affichettes anti - Allègre sur les affiches électorales
de la majorité.
- Envoyer de nouveau, à propos des élections, des lettres aux élus
de toute la gauche (communistes et verts), en leur demandant de prendre position
ou de se démarquer.
- Renvoyer, lorsqu'ils arriveront par la poste, les bulletins de vote (assortis
de commentaires ad hoc) aux différents partis de la majorité.
3 - Les perspectives d'action à venir
Les deux objectifs pour la rentrée de Pâques :
- Une grande réunion publique
- Une manifestation nationale de Mai, qui n'a de sens que si s'y
joint le primaire, et qu'elle démontre que la colère a gagné
l'ensemble du système éducatif.
R. Wainer
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