Presse : Carte scolaire : Dauphiné Libéré


Mercredi 16 février 2000
Quand le ton monte chez les enseignants
VOIRON. Une cinquantaine de professeurs du lycée Ferdinand-Buisson se sentant outragés par les propos tenus par leur ministre, Claude Allègre, lors d'une émission télévisée, ont rédigé une pétition. Morceaux choisis.

Décidément, la communication a du mal à s'établir entre Claude Allègre, ministre de l'Education nationale, et son corps enseignant. Cette fois-ci ce sont les professeurs du lycée Ferdinand-Buisson de Voiron qui ont décidé de réagir. Mais réagir à quoi justement ? Dimanche 30 janvier lors de l'émission de Christine Ockrent ("France Europe Express", sur France 3), le ministre s'exprimait ( une nouvelle fois ou une fois de trop ?) de manière à soulever la colère des enseignants. Une colère qui se justifiait, selon les professeurs, dans la mesure où Claude Allègre soutenait qu'un enseignant " travaillait entre 15 et 18 heures par semaine ". Ces propos ont donc incité les professeurs du lycée Ferdinand-Buisson à rédiger une pétition, contresignée par une cinquantaine d'entre eux et adressée au ministre. Morceaux choisis : "vous savez aussi comme tout le monde que nos tâches se sont diversifiées et alourdies. Certains d'entre nous se sentent écrasés de travail, d'autres accablés par les conditions dans lesquelles nous devons travailler. Tout cela vous le savez, c'est pourquoi nous jugeons que ces propos, de votre part, sont injustes et inadmissibles ". En effet, à l'occasion de cette pétition, les enseignants de Ferdinand-Buisson ont tenu à rappeler en quoi consiste effectivement leur travail. Non seulement les heures de cours mais aussi leur préparation, la correction des copies, les tâches administratives, les réunions diverses, les temps de formation. Par ailleurs, ils n'hésitent pas non plus à interpeller directement Claude Allègre sur la cohérence entre ses propos et propositions. "Comment pouvez-vous Monsieur le ministre, pratiquer vous-même, publiquement, le mensonge, l'injustice, le cynisme et la démagogie la plus irresponsable, et proposer des leçons de morale pour nos élèves ? " Anne-Marie Peju, professeur de lettres et rédactrice de la pétition, tenait par ailleurs à souligner que ce n'est pas seulement contre des propos que les professeurs s'insurgent mais bien contre une politique d'ensemble. "Nous nous mobilisons contre une politique de compression budgétaire plus motivée par des raisons économiques que par une réelle préoccupation de démocratisation de l'école ". Et de rappeler que la majorité des signataires sont des non-syndiqués qui ont d'abord eu une réaction personnelle. "Cela dépasse tous les clivages d'autant que ce n'est pas notre culture d'établissement ". Par ailleurs, ces enseignants qui se sentent d'une part " extrêmement choqués par les propos de leur ministre " avouent aussi à être arrivés " à un seuil d'exaspération, de saturation. On va vers une véritable fracture sociale dans l'enseignement. On nous parle de projets, de réforme pour la rentrée 2000 sans nous donner les détails, " selon les mots d'Anne-Marie Peju. Ainsi, les professeurs voironnais ne semblent plus être en mesure de tolérer, qu'intentionnellement ou non, quiconque dénigre leur travail ou du moins remette en question la charge effective de celui-ci.
Finalement, la conclusion s'imposait d'elle-même par ces professeurs : " nous exprimons aujourd'hui notre colère, nous l'exprimerons demain par d'autres moyens ". Décidément, le ton monte.

Julie VEDOVATI

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