Contributions : Analyses: Sept questions aux amis de l'école publique (C. Coutel)


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Intervention de C. Coutel à la réunion publique du 3 mars 2000 à la Bourse du travail (Paris)
SEPT QUESTIONS AUX AMIS DE L’ECOLE PUBLIQUE


Depuis 1989, date de promulgation de la Loi d’orientation , la situation générale de l’école publique ne cesse de se dégrader. L’année 1989 fut le tournant communicationnel et pédagogiste de l’école; l’an 2000 achèvera-t-il ce travail de sape? Avec les dernières réformes du collège et du lycée les murs porteurs sont vraiment atteints : nous sommes au moment pathétique où les ruines pourraient devenir décombres. C’est pourquoi il n’est que trop temps d’alerter l’opinion publique et d’en appeler à la résistance.
L’actuelle réforme des Concours de recrutement achève celle des Premier et Second degrés. C’est pourquoi en tant que citoyen soucieux de liberté , d’égalité et de fraternité, j’adresse à tous mes concitoyens et aux élus les questions suivantes :

I) Qu’attendons-nous pour imposer un bilan de la Loi de 1989 – bilan critique que la Loi prévoyait elle-même dans ses dernières lignes (BO du 31 août 1989):
" Un premier bilan critique de la présente loi sera présenté au Parlement en 1992 et donnera lieu à un débat avec tous les partenaires du système éducatif. "
Ce bilan et ce débat furent escamotés : il nous faut aujourd’hui les exiger , tant les conséquences de cette Loi sont nuisibles. Contactons les élus et les parents d’élèves. Les actuelles réformes procèdent d’un texte qui devait être critiqué ; elles sont aussi à critiquer. Doit-on respecter et appliquer une loi quand elle ne se respecte pas elle-même ?

II) Qu’attendons-nous pour exiger un véritable audit des IUFM qui , sans contrôle indépendant, proposent des Plans de formation en dehors de tout Programme national? Les IUFM relaient aujourd’hui les schémas désolants de la pensée unique et de son outil rhétorique qu’est le pédagogisme officiel. Saluons le courage de ceux qui, au sein des IUFM , continuent le combat pour l’instruction.

III) Qu’attendons- nous pour alerter l’opinion publique et redire que, selon l’OCDE, 40 % des élèves rentrent en Sixième en ne sachant ni lire ni écrire !?
Ce désastre est l’effet d’une politique éducative globale qui entretient le sophisme
suivant : allonger le temps de scolarité (décision bénéfique) est revenu, trop souvent, à étirer indéfiniment l’acquisition des apprentissages de base ! Si à 40 ans on ne sait toujours pas lire , qu’importe .. si la scolarité obligatoire est portée à 45 ans !
IV) Qu’attendons-nous pour dénoncer les risques de domestication des esprits et de contrôle des comportements sous couvert " d’initiatives citoyennes ", notamment au collège ?

V) Qu’attendons-nous pour exiger la création, par le pouvoir législatif, d’une Commission indépendante qui aurait pour première tâche d’organiser des Assises de l’Ecole publique, où un véritable état des lieux serait fait devant la Nation : éclaterait alors la vérité sur le devenir actuel de l’institution scolaire. Aujourd’hui ceux qui s’expriment sur le sujet sont toujours… juges et parties. Comment, dès lors, repérer les conséquences, déjà visibles, des réformes en cours dans le Premier degré et le collège?



VI) Qu’attendons-nous pour dire que les violences dans les établissements scolaires sont d’abord les effets d’une politique d’ensemble qui, depuis des années, discrédite les savoirs, sape l’autorité des professeurs et des surveillants, encourage la démagogie et berce au lieu d’instruire ? Il est vain et lamentable d’avoir recours aux forces de l’ordre, au sein des établissements, pour faire semblant d’affronter ce grave problème.

VII) Qu’attendons-nous pour dénoncer ce travail de sabotage systématique de l’enseignement, de l’instruction et de la culture générale , notamment dans les très récents projets qui risquent de bouleverser les Concours de recrutement des professeurs des Premier et Second degrés? Une école vaut d’abord ce que valent ses professeurs et leur formation. Cette dernière risque d’être bradée. Faut-il évoquer le très inconstitutionnel " Capes de religion " qui vient d’être décidé!

Ces questions sont graves et urgentes mais elles indiquent aussi le début de leurs possibles réponses. Elles font sentir aussi la gravité de la situation : une destitution de l’école publique est en marche. Cette destitution en préfigure d’autres, toutes aussi redoutables : destitution du citoyen critique en électeur trompé, du salarié en employé précarisé, du retraité en boursicoteur manipulé ; destitution de la pensée universaliste et humaniste en idéologie mondialiste et marchande. L’école n’est pas une marchandise!

Charles COUTEL

Ce texte reprend l’essentiel d’une intervention lors de la réunion publique du 3 mars 2000 à la Bourse du travail de Paris.

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