La ministre déléguée à l'enseignement scolaire nous propose aujourd'hui de participer à un " débat collège ". Elle nous soumet, dans ce cadre, 48 questions, rangées dans 20 rubriques.
Nous refusons de répondre à ce questionnaire.
Le choix des rubriques, comme la formulation des questions, ou encore leur enchaînement, indiquent en effet, de même que le " projet de texte d' orientation " communiqué par Mme Royal, ainsi que la circulaire de rentrée parue au Bulletin Officiel du 7 janvier, que les " grandes orientations " que l'on prétend nous soumettre ont d'ores et déjà été arrêtées. Il s'agit de " réformer " le Collège conformément à la logique des propositions de P. Meirieu, qui ont abouti, déjà, à la Charte pour la réforme des lycées et à la Charte pour l'école du XXIème siècle. Le projet se place, en outre, (cf. " fourchettes horaires ", " parcours diversifiés ", etc.) dans la continuité de la " Rénovation des Collèges " de F. bayrou.
Non seulement nous refusons toute " réforme " qui risquerait de transformer l'Education nationale en un " service public au rabais ", et, de ce fait, ouvrirait la porte à une fuite sans précédent vers le " privé ", mais nous refusons d'y être associés, de quelque manière que ce soit.
Enseignants, nous savons parfaitement adapter la formulation d'une question à la réponse attendue. Notre ministre, ou ses conseillers, maîtrisent également cet art.
Exemple :
(rubrique 6 : " Le travail effectif des élèves ")
Question 1 : " La nature et les conditions de travail proposées aux élèves, en classe et à la maison vous semblent-elles satisfaisantes ? "
Question 2 : " Sinon, pourquoi ? "
Tant par la volonté de ne pas envisager le " Si oui ", que dans sa formulation elliptique, la question 2 implique une seule réponse possible à la question 1 : " Oui. "
D'emblée, la " consultation " est orientée. Dès
lors, il ne s'agit plus d' une " consultation ", mais de la tentative,
grossière, d'associer les enseignants, les parents d'élèves
et même certains élèves, à une politique prédéfinie,
contraire aux intérêts des élèves, comme à
ceux des enseignants.
On pourrait louer dans cette façon de faire, l'apparence d'un
souci " didactique ". Nous ne pouvons qu'y déplorer une grossière
manouvre.
Il s'agit, en somme, de rééditer l'opération Meirieu, au terme de laquelle C. Allègre avait pu dire, trop vite, que ses orientations rencontraient un assentiment quasi-général. Le mouvement lycéen de l'automne dernier, comme les manifestations d'enseignants et de parents d'élèves, qui ont commencé à Paris et dont nous souhaitons l'extension à l'ensemble du pays, lui apportent un démenti cinglant.
Ce sont là des raisons suffisantes pour justifier le boycott de la présente " consultation ".
Nous ferons connaître notre position à nos collègues, et appelons les parents d'élèves à nous soutenir dans une démarche qui les concerne autant que nous.
Pour autant, nous avons nos idées sur le " Collège de
l'an 2000 " :
a.. respect des programmes, des horaires et des diplômes nationaux,
b.. suppression des " fourchettes horaires ",
c.. non à la " déconcentration ",
d.. non à " l'allégement des programmes ",
e.. non à la Charte pour l'Ecole du XXIe siècle,
f.. non à la Charte pour la réforme des lycées,
g.. création des postes statutaires nécessaires à
l'application des programmes et horaires nationaux,
h.. non à la substitution de personnels non-statutaires, non-qualifiés,
aux enseignants,
i.. déblocage des moyens nécessaires à la mise
en place d'une politique efficace et cohérente de remplacements
des enseignants par des personnels statutaires et qualifiés (TR).
Lalinde, le 15 février 1999
NB : A la demande de S. Royal, avec l'assentiment de l'IA, la principale
du Collège Jean Monnet de Lalinde (24) a banalisé la matinée
du 17 février pour nous permettre de répondre au "questionnaire"
du "débat collège". Nous ne répondrons pas à
ce questionnaire, sinon sous la forme de la présente déclaration.
L'ensemble des enseignants (toute la section Snes, plus des syndiqués
FO, SGEN, SE-FEN, SNCL-FAEN, SNEP, SNUIPP) a signé, dans une unanimité
inédite.
Ce texte sera remis au parents d'élèves qui se présenteront
le 17 février. Nous en profiterons pour leur exposer les dangers
qui menacent le service public d'Education.
Quant à la grève du 16 mars, la section Snes n'entend
lutter que sur la base des revendications définies ci-dessus.
Il est à noter que lesdites revendications sont reprises intégralement
par l'appel à la grève du 15 mars des syndicats FO, CGC,
CSEN. Nous demandons à la "direction nationale du Snes" de prendre
position. Sans quoi nous nous le tiendrions pour dit.
Nous récusons la finalité et les modalités de la consultation de ce lundi 15 février 1999 après-midi. C'est pourquoi nous refuson de siéger dans les commissions prévues.
Nous contestons, en effet, une telle consultation dont le but n'est que de cautionner des décisions déjà prises sur le plan budgétaire; nous sommes par ailleurs fermement opposés à l'appauvrissement des contenus, tels qu'ils se profilent dans ces textes.
La philosophie d'ensemble du questionnement insiste sur la remédiation au collège, alors que nous sommes attachés à une prévention de l'échec scolaire dès l'école maternelle, prévention qui passe en particulier par une limitation stricte des effectifs.
Les enseignants du collège Anne Frank d'HARLY (02) s'indignent vivement de l'enquête "collège de l'an 2000" qui vient de leur être transmise par le Ministère.
Depuis des années, des circulaires semblables à des diktats
pleuvent sur l'Education Nationale. Des heures supplémentaires sont
imposées en un temps où juguler le chômage devrait
être l'essentielle priorité du gouvernement. Des remplacements
sauvages sont sur le point d'être banalisés. Les fourchettes
horaires des élèves sont diminuées ou laissées
à une dangereuse autonomie des établissements...
L'égalité des chances n'est qu'un leurre dans un système
où les enseignants n'ont jamais été consultés.
En parallèle, on voudrait nous faire croire que notre avis a une
quelconque importance auprès d'un ministère qui ne cherche
qu'à nous discréditer. Cette démarche nous choque
profondément et nous refusons d'être les complices de cette
initiative on ne peut plus démagogique.
Nous avons vu le résultat dans les lycées.
Les enseignants du collège François Mauriac (rue de Paris 95380 LOUVRES) ont été réunis le mercredi 10 mars 1999 pour participer au débat : « Quel collège pour l’an 2000 ? »
Réponse des enseignants du collège François MAURIAC
au questionnaire : « Quel collège pour l’an 200 »
:
Nous refusons d’apporter les réponses attendues à cette
pseudo-consultation dont les questions sont orientées de manière
à fournir à Claude Allègre une justification à
sa politique. Il pourra ainsi prétendre que sa politique correspond
bien aux désirs des enseignants, chose qui s’est déjà
produite au lycée, et qui lui permet ensuite d’affirmer que la réforme
dont il a par avance défini les principes, émane de la base.
Nous ne sommes nullement hostiles à l’idée d’une réforme
véritable du collège : elle nous paraît tout au contraire
indispensable. mais réformer, ce serait d’abord remettre en question
le principe même du collège unique. Or Claude Allègre
n’y songe pas une seconde.
DEBAT COLLEGE
Une formation pour tous.
1. Les compétences communes.
Il ne peut pas y avoir de compétences
communes à la sortie du collège dans la mesure où
les acquis de base ne sont pas maîtrisés par tous à
l’entrée en sixième. Il faut tenir compte des compétences
et des intérêts des élèves et créer ds
filières différentes dès la fin de la cinquième.
Pour certains élèves, le passage obligatoire au collège
ne fait qu’aggraver leur situation d’échec.
2. De nouvelles compétences ?
Non. il est d’abord indispensable
que les compétences de base soient acquises. Les travaux de nature
expérimentale, les parcours diversifiés, les classes de remédiation
sont un leurre. Ils ont remplacé progressivement les classes mettant
en place des ateliers techniques dans un seul but : faire des économies.
3. La cohérence des apprentissage.
Cette question est liée à
la conception d’un collège unique pour tous. Il faut commencer par
le début, c’est-à-dire une réforme de l’école
élémentaire : réduction des horaires et travail accentué
sur les compétences de base : lire, écrire, compter.
4. L’évaluation et l’orientation .
On nous interroge sur l’orientation et l’évaluation alors qu’on
nous impose des quotas de passage de plus en plus élevés
et qu’on remet en cause systématiquement les décisions des
enseignants prises lors des conseils de classes. ces consignes émanent
du rectorat ; par conséquent, nous ne disposons d’aucun recours.
Pour cela il faut créer des filières professionnelles
avec de vrais moyens en fin de cinquième propres à valoriser
les métiers manuels et techniques. Pourquoi avoir supprimé
les possibilités d’orientation professionnelle en fin de 5ème
si ce n’est pour réaliser des économies ? Cela ne correspond
pas aux aspirations de nos élèves, certains ayant parfois
un projet professionnel précoce et bien motivé.
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