LE CALME AVANT LA TEMPETE



 
 

Nous partons en vacances dans une atmosphère de calme relatif et trompeur. Depuis le printemps, Allègre a cessé ses provocations, les professeurs ne sont plus montrés du doigt, les projets de table rase du système éducatif restent sous le coude. Mais ne nous y tromponspas : seule la stratégie de communication a changé.

- Tout montre en effet que, comme nous y ont accoutumé Allègre et les socialistes, c'est pendant l'année qu'on communique, et c'est pendant les vacances qu'on prend les décisions qui font mal. Rappelons - nous que l'abaissement du taux de rémunération des heures supplémentaires, le projet de déconcentration des mutations, ont été annoncés au mois d'août.

- Aucune des mesures d'apaisement annoncées ne sont entrées dans les faits. Allègre avait promis de réduire à une le nombre d'heures supplémentaires obligatoires. Il avait promis que le taux de rémunération de cette heure ne serait pas amputé de 17% . Aucun décret n'est paru dans ce sens, et les DHG n'ont pas été modifiées, si bien que les chefs d'établissement ne peuvent appliquer cette mesure.

- Allègre a protesté que l'acquisition des savoirs restait prioritaire. Tout ce que laisse apparaître la mise en place de la réforme prouve le contraire, et les diminutions d'horaires, l'introduction de personnels non qualifiés pour faire des cours, les réunions disciplinaires que nous avons avec nos inspecteurs, la charte des collèges, viennent confirmer cette option.

- De nouveaux nuages s'amoncellent. De l'avis des chefs d'établissements et des inspecteurs, l'application de la réforme - avec la diversification et la multiplication des petits groupes, la multiplication des paquets d'heures qui ne correspondent pas à un rythme hebdomadaire sur l'année - rend ingérable les emplois du temps. De surcroît, leur étalement rendra inévitable la multiplication des « trous », et facilitera les remplacements. Car peu résisteront à la tentation de meubler une heure d'oisiveté en gagnant 200 francs.

- Avec l'avancement de la pré rentrée, on nous enlève une semaine de vacances, sans doute pour nous habituer aux « trente cinq heures » version medef.

- Mais la prochaine grande menace est celle qui pèse sur nos statuts. Le rapport Bancel n'est toujours pas sorti, sans doute parce qu'il risque de provoquer un nouvel accès de colère. Car il est évident que la réforme n'est applicable que si notre statut change pour permettre la transformation en profondeur de notre métier que souhaite Allègre et le gouvernement: nous voir abandonner notre fonction d'enseignement disciplinaire, pour des tâches d'éducateurs polyvalents à plein temps, passant tout leur temps de travail à l'école. Gageons que c'est au mois d'Août que sera publié le rapport.

- Discrètement, la réforme s'est mise en place depuis quelques mois, et la dégradation est déjà bien en route. De nombreux emplois jeunes, recrutés sur on ne sait quels critères, assurent de plus en plus souvent des tâches pédagogiques. Ils assurent l'aide individuelle, le soutien, mais aussi le remplacement occasionnel de professeurs absents. Pourquoi, alors, recruter des capesiens ou des agrégés, puisque ce travail de garderie et de maternage - nouvelles tâches prioritaires de l'enseignant - peuvent être assurées pour 5000 francs par mois, par du personnel corvéable et éjectable à merci ?

- Tout indique que le CAPES va être régionalisé et confié aux IUFM. On peut donc mettre une croix sur la priorité donnée à la qualification disciplinaire et aux contenus. C'est d'ailleurs un grand pas vers la bivalence des enseignants, telle qu'elle est déjà préconisée au collège.

- Face à ces menaces, l'attitude syndicale est revenue à ce qu'elle était l'an dernier :après nous avoir freinés, après nous avoir accompagnés, après avoir utilisé toute son énergie pour assoupir et diluer le mécontentement, le SNES, rassuré, est revenu à un « syndicalisme de proposition », un syndicalisme qui renonce à toute lutte, quitte à se saborder.

Il est impossible qu'une réforme de l'éducation rejetée par l'ensemble des professeurs - c'est à dire par l'ensemble de ceux qui ont compétence à enseigner - passe aussi facilement, quelle que soit la complicité des media et des appareils syndicaux . Il y va de notre avenir professionnel, mais aussi de notre crédibilité à long terme, face à nos élèves et à l'opinion, qui, un jour ou l'autre, comprendront le piège qu'on leur a tendu.

C'est pourquoi nous appelons à marquer l'opposition de l'ensemble du corps enseignant à la forme et au fond de cette réforme, anti démocratique dans sa mise en place, anti républicaine et inégalitaire dans ses conséquences.

Nous serons donc en grève à la rentrée pour montrer que nous ne voulons pas cautionner le démantèlement de l'école.


- Jeudi 2 Septembre, après la réunion plénière professeurs - administration, nous tiendrons une Assemblée générale pour voter la grève dans les modalités suivantes :

- Refus de participer aux gesticulations pédagogiques qu'on nous impose pour nous restreindre notre droit aux congés.

- Vendredi 3 : Assemblée générale à Paris avec les autres établissements de la région parisienne.

- Lundi 6: Grève. Refus d'accueillir les élèves pour alerter l'opinion publique et les parents.

AG le vendredi  3 septembre à 14 h
Bourse du travail (M° République)


Coordination enseignante du nord-parisien:
Lycée René Cassin, 95500, Gonesse.
Tel: 01 34 45 15 15
Collectif pour la démission d'Allègre
1 rue J.P.Timbaud, 75011, Paris
site: http://www.geocities.com/Athens/Thebes/873
email: [email protected]


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