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Adresse au parlement

REINSTITUONS L'ECOLE PUBLIQUE

Depuis la promulgation de la Loi d'orientation de juillet 1989, la mise en place de la réforme des écoles, des collèges et des lycées et la diffusion des projets concernant les Concours de recrutement des professeurs, les analyses critiques et les oppositions se multiplient : plus que de la réformer, il est nécessaire aujourd'hui de réinstituer l'Ecole publique. Depuis des années, des réformes précipitées produisent des effets pervers que d'autres réformes, tout aussi précipitées, prétendent rectifier en aggravant, en fait, la situation de l'institution scolaire. Ainsi, la réduction des horaires consacrés aux disciplines dans les lycées ne peut qu'accentuer l'échec à l'université ; ainsi, la baisse des exigences à la fin du collège dégrade par avance les conditions d'enseignement et d'étude au lycée ; ainsi, dans le premier degré, l'étirement des apprentissages de base accentue par avance l'inégalité entre les élèves au collège. Tous ces effets pervers sont actuellement masqués par une " pensée unique " qui décrète, sans justification, que les réformes sont nécessaires parce qu'il faut réformer pour... réformer. Il nous
appartient à tous de sortir de ce cercle vicieux, en prônant une politique de réinstitution de l'Ecole publique.

Pour passer d'un tel réformisme dispersif, dont les professeurs et les parents ne veulent plus, à cette nécessaire réinstitution, une volonté politique de refondation du pacte social et républicain doit s'imposer. L'Ecole publique et notre République se doivent de retrouver toute leur puissance intégratrice.

C'est pourquoi, citoyens soucieux de l'avenir de l'institution scolaire, nous vous demandons
solennellement de prendre en compte les propositions suivantes :

Tout d'abord, concernant le cadre législatif global, nous vous demandons de dresser un bilan de la Loi de 1989, comme cette loi le réclamait elle-même... pour l'année 1992 ! Toutes les dernières mesures, contestées par le corps enseignant et nombre de parents, procèdent d'une loi qui aurait dû être réexaminée voire critiquée : ce bilan concerne toute la nation. Aucune réforme ne saurait intervenir sans un vrai état des lieux, qui est plus que jamais nécessaire.

Au cours d'Assises de l'Ecole publique, une analyse objective de l'institution scolaire serait alors faite comportant, notamment, une étude des difficultés rencontrées dans la pratique par les professeurs. Durant ces débats personne ne serait juge et partie, comme ce fut le cas en 1998, lors de la " consultation " précédant l'actuelle réforme des lycées.

En second lieu, nous vous demandons d'exiger, avec nous, le retrait des réformes en cours ainsi que des récents projets et décrets concernant les écoles, les collèges et les lycées. Les débats et pétitions portant sur l'amputation des programmes et des horaires de toutes les disciplines montrent l'ampleur des inquiétudes et de la mobilisation. Nous ne serons pas les complices d'une destitution programmée de notre langue : l'avenir de la culture générale est en jeu. De même, à propos des projets de refonte des concours de recrutement, nous vous conjurons de dénoncer, avec nous, la désolante rhétorique du "communicationnel " et du " professionnel " qui ne vise qu'à préparer une baisse du niveau de la compétence disciplinaire et académique des futurs professeurs. C'est pourquoi un véritable audit des IUFM s'impose. Là encore que personne ne soit juge et partie.

Sur toutes ces questions nous souhaitons qu'un débat national s'engage ; ni la " mondialisation ", ni "l'alignement " européen, ni les progrès de la technologie, ne sauraient ni différer et encore moins empêcher cette refondation de notre Ecole publique.

Rien ne doit se décider dans la précipitation et la fausse urgence. Il n ' est d'autre urgence que de développer, dans un réel souci de l'avenir, la qualité de l'enseignement, la grandeur de l'Ecole publique, le respect des élèves et de leurs professeurs.

Le 20 avril 2000.


Premiers signataires:

Elisabeth BADINTER, Charles COUTEL, Joël GAUBERT, Catherine KINTZLER, Danièle SALLENAVE

DIFFUSEZ CETTE ADRESSE AU PARLEMENT ET ENVOYEZ-LA A TOUS LES ELUS.

Pour tout contact:
Charles COUTEL, 6 rue Emile LOUBET, 62000 ARRAS
[email protected]


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