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Le nouveau CAPES Personne ne semble s'émouvoir du "plan de cadrage" sur la formation des maîtres, disponible sur le site du Ministère depuis le 7 février. Le Capes cesse d'être un concours national. Centré sur les nouveaux programmes du secondaire, l'écrit aura un niveau inférieur à celui de l'actuelle licence, déjà très bas à cause du jeu des options et des compensations. L'écrit se passe début février, à la fin du premier semestre. On est ensuite admis à l'IUFM pour y préparer, au cours du second semestre, un oral entièrement pédagogisé. Le nouveau Capes est donc destiné à "formater" dans les IUFM des professeurs incapables d'enseigner. Pour la simple raison qu'ils ignoreront à peu près tout de leur propre discipline. Pour réussir dans son entreprise de démolition du système éducatif, Allègre doit maintenant boucler la boucle : il lui faut, pour appliquer docilement les nouveaux programmes, des flics, des psychiatres, des assistantes sociales, des intervenants, des grands frères et des gentils organisateurs. Tout sauf des professeurs. C'est cela, le "nouveau métier d'enseignant" : une valse-hésitation entre Club-Med des banlieues et Centre de Redressement pour sauvageons. Dans le système actuel, c'est pendant l'année de préparation au concours que la plupart des étudiants apprennent vraiment quelque chose. Même ceux qui se présentent deux ou trois fois sans réussir acquièrent ainsi un niveau acceptable, qui leur permet de devenir de bons profs quand ils sont recrutés comme auxiliaires, vacataires, etc. Ce ne sera plus le cas. Moins on en sait et plus on est fait pour le " métier ". Telle est la devise. Plus personne ne pourra, par ailleurs, préparer à la fois l'agrégation et le Capes, puisque, si on réussit l'écrit du Capes, on entre à l'IUFM en mars. Financièrement étranglées par les normes San Remo - qui font dépendre les crédits du nombre d'étudiants inscrits à tel ou tel niveau - les Universités ne pourront maintenir une préparation-agreg pour des effectifs squelettiques (ou simplement nuls). Élitiste en diable, ce concours sera donc réservé aux normaliens et aux étudiants des "pôles d'excellence". En attendant de passer, lui aussi, à la trappe. Chargée enfin de "l'accompagnement de l'échec" (je cite textuellement), l'Université devra valider comme premier semestre de maîtrise l'échec à l'écrit du Capes (sic). Tout étudiant rationnel choisira de s'inscrire au Capes et non pas en maîtrise, puisque, de toute façon, il aura en février, soit l'écrit du Capes, soit le premier semestre de maîtrise. Les cours de maîtrise seront donc vides d'octobre à mars et les professeurs devront valider un semestre qui n'aura pas eu lieu! Mais tout changera, pour notre plus garnd malheur, au second car les C2 de maîtrise seront alors envahis par la foule des refoulés de l'IUFM. Et c'est ainsi que les Facs deviendront la poubelle des Paillotes de la Pédagogie dans une année en principe consacrée à l'initiation à la recherche! Une maîtrise pour quoi faire d'ailleurs ? Pour passer l'agrégation ? Pour s'inscrire en thèse ? Et qui va s'engager dans cette voie ? Ceux qui n'ont pas été jugé capables d'enseigner dans le secondaire ? Le Bac ne vaut plus rien (et vaudra encore moins avec les nouveaux programmes). Un DEUG ou une licence valent infiniment moins qu'un BTS. C'est maintenant le tour des maîtrises. Où s'arrêtera-t-on ? Le Monde et Libération ont dit que ce projet était "consensuel". Comment leur démontrer le contraire ? Il faut des actions spectaculaires pour briser le mur du silence. Toutes les idées sont les bienvenues. Une Assemblée Générale Profs-Étudiants est prévue dans l'UFR de Lettres et Sciences humaines de mon Université. Nous cherchons à mobiliser aussi matheux, physiciens, biologistes et ... géologues. Nous vous tiendrons au courant des résultats. Par ailleurs, un texte intitulé "Initiative pour des Assises nationales de l'Enseignement supérieur" (IANESup) commence à circuler. Il faut qu'universitaires et profs de prépa le signent massivement. Pedro CORDOBA Co-directeur du Département de Langues romanes de l'Université de Reims. La section du SNESUP de Bordeaux 3, réunie le 29 mars 2000 1. Demande le retrait immédiat du "projet de rénovation du dispositif de formation des enseignants" 2. Demande que s'engage une véritable rénovation qui garantisse les principes suivants : a. Admission sans restriction des étudiants qui ont les diplômes requis à la préparation du Capes, ce qui inclut la possibilité de redoubler, au nom du droit des étudiants à la progression. b. Maintien d'une année complète de préparation à l'Université c. Réflexion véritable sur les épreuves dites "professionnelles", qui doivent être centrées sur l'épistémologie et/ou la didactique de la discipline, à l'exclusion de toute dérive vers une pseudo-didactique générale. d. Réflexion sur le renforcement pédagogique et disciplinaire (adaptée aux modalités de l'enseignement dans la discipline) en deuxième année d'IUFM avec des stages en situation et un report des stages en responsabilité dans une véritable troisième année. Section Nancy 2 du SNESup-FSU Collectif pour un Mammouth démocratique REFORME DU CAPES : ATTENTION DANGER! Une réforme qui assoit la logique des pôles d'excellences. Jusqu ici les programmes des concours du CAPES et de l Agrégation bénéficiaient dans de nombreuses disciplines (c est le cas de l'histoire, de l'italien...) d'une certaine articulation, le programme du CAPES représentant une partie du programme de l' Agrégation. Cela permettait à de nombreuses facultés de préparer l 'Agrégation via la préparation au CAPES. Or, la réforme entreprend une refonte des programmes du CAPES, ainsi complètement dissociés des programmes de l'Agrégation. Les inégalités déjà existantes entre facultés quant à la préparation à l Agrégation tendent, du coup, à s accentuer et à favoriser l émergence de pôles d excellence. En effet, la préparation à l' Agrégation nécessite l'obtention d une maîtrise. Et il y a fort à parier que les facultés qui ne prépareront pas ce concours vont peu à peu voir baisser le nombre d inscrits en maîtrise, ce qui aura inévitablement des conséquences sur le maintien des troisièmes cycles et des laboratoires de recherches. Autrement dit (et quoi que l'on pense de l' Agrégation, qui reste contestable !), la réforme des IUFM tend à scinder l enseignement supérieur entre d un côté, les facultés qui prépareront à la licence et au CAPES et de l' autre, des pôles d'excellence qui prépareront à l Agrégation et où existeront des troisièmes cycles et des laboratoires de recherche. De la formation à l'esprit critique au formatage à l'esprit d'entreprise. Il serait illusoire d envisager la réforme des IUFM comme n'étant pas intégrée dans la logique des autres réformes de l'Education Nationale. La formation aux concours, centrée sur les programmes à enseigner (qui ont eux-mêmes été réformés) confirme une orientation de l enseignement vers des savoirs de base utilitaires: en langues, l'enseignement du purement communicationnel prime sur la civilisation et la littérature ; en histoire, le programme se concentre sur l'époque contemporaine; en lettres, la dissertation et le commentaire font peu à peu place à la note de synthèse; en philosophie, le nombre d'heures d enseignement se restreint au profit de l éducation à la morale et la citoyenneté; sans oublier les TPE (ou travaux croisés) qui, sous couvert de pluridisciplinarité, sont censés permettre à l enseignant d évaluer la sociabilité, la capacité de l élève à travailler en équipe et à gérer une équipe... On n'attend plus de l'éducation qu'elle permette de former des esprits libres et pensants, ouverts sur la culture, mais qu'elle dispense les savoirs essentiels, rentables et exploitables par les entreprises. Et on attend des enseignants qu ils soient les «acteurs» de cette école qui «insuffle l'esprit d'entreprise» et qui réduit leur rôle éducatif à une éducation morale et civique bien-pensante ; mieux, on entend recruter et former les futurs enseignants selon ces mêmes critères, en élaguant toute culture et tout esprit critique au profit de toujours plus de rendement et de flexibilité. Et ce ne sont ni le remplacement (il y a quelques années déjà) de la dissertation pour la note de synthèse au concours de recrutement des professeurs des écoles, ni, pour ce même concours, le privilège accordé par la réforme aux sciences sur l'histoire-géographie (qui peut être choisie au même titre que l éducation musicale ou les arts plastiques), ni le passage de 6 à 9 heures de stage en deuxième année d IUFM (qui accroît la charge de travail des enseignants stagiaires mais permet une économie de 3500 postes titulaires !), ni l'exigence d'élargir la formation des futurs enseignants à l'EPS, aux langues vivantes et aux arts plastiques en vue d'une polyvalence accrue qui viendront le contredire. L'éducation qu'on nous prépare est une éducation dont les contenus sont soumis à l'adaptation aux besoins des entreprises, et est destinée à devenir «le grand marché du xxrme siècle . D'un côté, on réduit de plus en plus les coûts de formation, notamment par la baisse continue du nombre de postes aux concours d'enseignement, mais aussi en appauvrissant les contenus pour «apprendre à apprendre» aux élèves, de manière à former une main d'oeuvre flexible et malléable, prête à s'auto-former et s'auto-évaluer en permanence selon les besoins des entreprises; de l'autre, on augmente les budget de formation d une élite de futurs cadres, qui coûtent de plus en plus cher (l'exemple récent et local d ATM conforte ce système éducatif à deux vitesses). L'Education Nationale devient une vaste entreprise à fournir les entreprises, au mépris de sa mission éducative fondamentale, et se transforme, se marchandise (comme la santé, la protection sociale et les autres services publics) selon des critères de rentabilité appliqués aux élèves comme aux enseignants et futurs enseignants. Face à la cohérence des réformes, seule une mobilisation d'ensemble peut imposer une autre politique éducative. Le changement de ministre n'annonce aucunement un changement de politique. Si les professeurs de LEP ont obtenu le retrait de l'annualisation que le gouvernement tentait de leur imposer, ce n est pas grâce à Lang ou Mélenchon, mais bien grâce à leur mobilisation. Les facultés de Bordeaux, Reims, Le Havre, sont en grève depuis un mois pour lutter contre la réforme des IUFM, et ont été rejoints par les facultés de Rennes, Tolbiac... A Nancy aussi, entrons dans la mobilisation et tous ensemble, imposons le retrait de cette réforme ! SAES info CAPES A ceux qui ne lisent que les textes, l'université
Paul Valéry de Montpellier a reçu le mardi 28 mars
(lendemain du départ de M. Allègre) la visite de M.
Alluin, rapporteur du "texte de cadrage sur la
formation des enseignants." De cette rencontre il
est Pour cela, selon lui, YAKA :
M. Alluin semble oublier:
En conséquence, il faut:
Alain Blayac Ps : Les inquiétudes suscitées par la visite de M. Alluin prennent tout leur sens aujoud'hui 5 avril où tout dialogue vient d'être rompu entre les enseignants de l'Hérault et du Gard et le Rectorat de Montpellier. Pr. Alain Blayac, Délégué aux Relations Internationales, Université Paul Valéry, Route de Mende, 34199 Montpellier Cedex 5, France. PROPOSITIONS POUR LES CONCOURS D'ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ Il est nécessaire de les formuler à plusieurs niveaux qui correspondent, d'une part, à la situation actuelle et, d'autre part, à celle qu'on nous annonce dans les projets de "rénovation du dispositif de formation des maîtres". A. La situation actuelle N'en doutons pas ces projets qui ont disparu du site du ministère, reviendront. N'ont-ils pas été déjà préparés dans les universités de France et de Navarre par les signatures récentes ou à peine anciennes - soit de 1998 à 2000 - des chartes académiques entre trois types d'acteurs : recteurs, IUFM, universités? C'était le moyen pour les premiers de s'imposer davantage vis-à-vis des IUFM, notamment face à l'enjeu majeur de la formation continue des enseignants. Mais, n'en doutons pas, dans sa guerre d'usure contre l'université et en raison de la valse ordinaire des recteurs, c'est le lobby des directeurs d'IUFM qui gagnera. Ces "chartes académiques", sans doute acceptées dans une certaine indifférence par les conseils d'administration des universités, pour cause de non infonnation préalable des enseignants-chercheurs, chapeautent désonnais les conventions particulières entre les universités et "leurs" IUFM. C'est donc une fusée à deux étages qui a été installée et qui instaure une normalisation des relations au niveau national entre universités et IUFM. En conséquence, le terrain est préparé... Cette fusée à deux étages contient tout le combustible nécessaire à la mise à feu des projets du dispositif "Alluin-Cornu". Tout y est ou presque. C est donc cette rampe de lancement qu'il faut contribuer à détruire si l'on veut redonner la main aux universités qui, pour l'instant, dans leur très grande majorité, assurent l'essentiel des préparations à l'écrit et à l'oral des concours des enseignants du second degré. Comment y parvenir tout en répondant au souci très légitime des jeunes et futurs collègues de l'enseignement secondaire d'être préparés le mieux possible et dans les meilleures conditions à un métier de plus en plus difficile? B. Les solutions 1. Il faut remettre en cause ces conventions et ces chartes académiques et exiger une nouvelle négociation nationale sur les responsabilités réciproques des universités et des IUFM. Il n'est pas normal que l'élaboration de ces chartes et celle des nouvelles conventions qu'elles ont instaurées n'aient pas fait l'objet de discussions préalables au sein des instances universitaires. Les membres des conseils ont été souvent pris au dépourvu et n'ont, de ce fait, pas tous mesuré sur le moment la portée de tels documents. 2. Il faut obtenir l'inscription à l'université et non à l'IUFM de tous les étudiants qui se présentent à ces concours : la charge financière doit être reconnue aux universités et non plus aux IUFM car la plupart des universités sont largement perdantes dans la redistribution des crédits. Surtout, il s'agit là d'une des missions fondamentales de l'Université: permettre à tous les étudiants titulaires de la licence d'accéder à la préparation de concours à laquelle ils ont droit. Comment concevoir qu'en se pliant à la «régulation des flux» imposée par les IUFM, les universités puissent rejeter les étudiants qu'elles ont formés et qui se trouvent alors à bac plus 3 ou bac plus 4? A aucun moment, les universités ne doivent être considérées seulement comme des prestataires de services. 3. Il faut définir ensemble, dans une concertation qui dépasse les spécificités disciplinaires, les cadres fondamentaux de la structure des concours du second degré, de leur calendrier, de leur contenu, de leurs liens avec l'agrégation, de leurs relations avec l apprentissage du métier et des solutions à mettre en oeuvre, au sein des universités et sans intrusion des IUFM, pour les candidats en situation d'échec après plusieurs tentatives pour présenter les concours. Quelques principes essentiels peuvent être d'ores et déjà avancés: a) la nécessité absolue de donner la priorité aux épreuves disciplinaires et de programmer la préparation aux concours dans le cadre d'une année universitaire: ce qui signifie le refus de préparations hâtives sur des semestres de quatre mois. Ce qui signifie l'absence de solution de continuité entre la nature des épreuves écrites et orales. Ce qui signifie une révision de l'actuelle épreuve sur dossier. b) l'acquisition progressive de compétences pédagogiques en trois temps bien distincts qui pourraient être les suivants:
c) l impérieuse nécessité de veiller à la pratique d inspections qui font appel à des inspecteurs de la même discipline que celle des collègues qu ils sont chargés d inspecter. 4. Il faut engager les universités à jouer un rôle de premier plan dans la formation permanente des enseignants et, pour cela, à multiplier projets et propositions en direction des recteurs et non des directeurs d' IUFM. C est aussi une mission essentielle et elle doit concerner à la fois les enseignants du premier et du second degré. 5. Au vu des problèmes de débouchés de certaines disciplines absentes des concours de recrutement, il faut étudier pour elles la mise en place de nouveaux concours : par exemple, en histoire de l'art (il a déjà eu des projets en ce sens la concernant). Anne-Marie Cocula, Professeur d'Histoire moderne, Université de Bordeaux 3, Michel de Montaigne. |
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