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COMBAT
COMMUNISTE

textes pour le débat
dans le mouvement révolutionnaire

Comité de Paris « Domingos Teixero »
pour le Parti Communiste Révolutionnaire
(Marxiste-Léniniste)

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LIGNE ROUGE

No 5 — mars 1984

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Sommaire :

Guérilleros Fedayins du Peuple Iranien : La lutte armée comme stratégie et comme tactique (III).
Entrevue avec les G.R.A.P.O. avant les élections.
Communiqué de cessez-le-feu des G.R.A.P.O.
Gaceta Roja : De véritables changements ou guerre révolutionnaire ouverte.
Entrevue avec les G.R.A.P.O. après les élections.
Déclaration politique de Marina da Silva au procès d'appel.
Brigades Rouges : Communiqué du Parti Communiste Combattant.
Errata.
Ligne Rouge.

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GUÉRILLEROS FEDAYINS DU PEUPLE IRANIEN :
LA LUTTE ARMÉE COMME STRATÉGIE ET COMME TACTIQUE (III)

 

NOTRE LIGNE

     Comme nous l’avons dit, au cours de son développement et de son analyse de l’expérience du peuple cubain, notre groupe fut confronté à la question suivante : est-ce que le chemin de la révolution n’est pas une formation de foyers de guérilla et le commencement de la lutte armée ? Peut-on faire la révolution sans le Parti ? Nous fîmes connaissance avec l’expérience cubaine surtout à travers le livre de Régis Debray : Révolution dans la Révolution. Nous rejetâmes les thèses de Debray et la voie cubaine sans une connaissance profonde des thèses de Régis Debray et de la révolution cubaine et à nouveau, sans une opinion claire des conditions objectives de la lutte de notre peuple. Pourquoi nous sommes-nous permis de les rejeter sans posséder une analyse complète des conditions de notre pays et sans connaître réellement les éléments internes de la voie cubaine ? À mon avis, la raison en fut une erreur issue de l’acceptation superficielle d’une série de formules théoriques basées sur les expériences révolutionnaires du passé. Nous démontrerons ce point plus tard,

     Ainsi, nous acceptâmes que notre but et celui des autres groupes communistes devait être la création du Parti marxiste-léniniste. Immédiatement ce problème se posa : que faut-il faire pour créer un tel parti ? À ce moment, deux tâches fondamentales s’imposèrent à nous : d’une part, nous et les autres groupes avions à éduquer les cadres du futur parti, d’autre part, nous devions préparer le terrain d’un tel parti parmi les masses. C’est-à-dire qu’en travaillant parmi elles, en participant à leurs luttes quotidiennes et particulièrement à celles du prolétariat, nous devions les préparer à accepter un tel parti.

     C’est ici-même qu’apparaît la première différence entre nos conditions et celles des expériences révolutionnaires précédentes (Chine et Russie). Nous n’avions jamais vu le problème de la nécessité de la création du Parti se poser sans que le courant pratique de la lutte lui-même ne l’ait imposée, sans que son terrain soit prêt parmi les prolétaires et les masses non-prolétaires. En général les éléments et les composantes constituant le Parti, les cadres, les groupes et les organisations qui participent à la vie et à la lutte pratique des masses en fonction de leurs possibilités existent déjà ; la lutte économique et politique des masses et son lien avec les éléments d’avant-garde conscients existe ; cependant la dispersion de cette lutte, son horison limité et le dilettantisme exigent une vaste organisation de parti. Mais, alors que nous avions senti la nécessité de la création du Parti, nous nous trouvions devant un chemin très difficile jusqu’à la création même du Parti, à cause de l’absence de mouvements spontanés de masse, du manque de participation des forces intellectuelles dans la vie et dans la lutte pratique des masses, et de l’absence d’un contact sérieux entre les groupes marxistes-léninistes. Nous en sommes arrivés à croire que la création d’une organisation issue de différents groupes qui, à cause de l’absence de participation à la vie réelle des masses, de son confinement dans un milieu intellectuel et du manque de voies et de programme commun serait pleine d’hétérogénéité et de faiblesses fondamentales, ne serait pas la réelle unité des groupes, unité basée sur une politique active et des liens actifs avec les masses. mais un rassemblement de groupes bâclé qui éclaterait tôt ou tard à cause d’une série de divergences tactiques ou stratégiques. En fait, nous voulions un parti qui puisse se transformer en réelle avant-garde des masses dès le départ ou très tôt. Et comme nous croyions aussi à l’inévitabilité de la lutte armée, ce parti aurait eu à préparer les conditions pour la lutte armée, à convaincre les masses qu’elle était la seule voie et alors, commencer les actions armées. Nous croyions que seul un tel parti serait en droit de déterminer la stratégie et la tactique de la lutte. Alors que nous croyions avoir un chemin très difficile à parcourir jusqu’à la création du Parti, peut-être n’aurions-nous pas négligé de définir ce chemin difficile, si nous avions médité sur les différences de conditions (spécialement entre la Russie et notre pays). Ne pouvions-nous pas croire que la condition pour créer un tel parti, la condition pour la participation à la lutte réelle et pour la création d’une force capable d’agir en véritable avant-garde, était l’action armée elIe-même ? Et si nous n’avions pas commis l’erreur d’identifier l’instrrection armée urbaine avec la guérilla de longue durée, nous n’aurions pas pu considérer la révolution cubaine comme une expérience digne d’être étudiée et croire à juste titre que le développement du marxisme s’effectue sur la base de la réalité et non pas le contraire, et proclamer en même temps que l’insurrection est l’œuvre des masses.

     Pourquoi est-ce que l’insurrection est l’œuvre des masses ? L’expérience cubaine n’a-t-elle pas montré qu’un petit moteur armé peut commencer l’insurrection et conduire aussi les masses graduellement vers l’insurrection ? Ici, naturellement, le concept d’insurrection ne signifie pas un soulèvement armé urbain (caractérisé par le mouvement armé massif et soudain des masses accompagné d’une direction) mais une lutte armée de longue durée à laquelle les masses sont conduites peu à peu.

     Ces problèmes se posèrent à un moment où le groupe comprit qu’il devait diriger son attention vers l’extérieur, vers la réalité, vers les masses et les autres groupes communistes. D’une part, cependant, nous devions faire face aux coups et aux agressions successives de la police contre les groupes communistes et d’autre part, le problème du contact avec les masses semblait si difficile qu’il était peu probable que les forces telles que nous puissent le résoudre. Comment peut-on établir le contact avec les masses ouvrières ? N’est-ce pas vrai qu’il faut trouver les ouvriers là où ils se sont organisés en tant que classe dans des organes (des petits cercles d’ouvriers aux unions et syndicats) qui sont apparus dans le courant de leur lutte spontanée ?  9 C’est au cours de cette lutte spontanée et de cette organisation de classe que d’une part, se créent des cercles d’ouvriers qui ont une vue plus large et qui aspirent à une lutte plus acharnée et plus vaste, des cercles formés des ouvriers les plus à l’avant-garde qui ont des liens profonds avec les masses ouvrières, et bref, des cercles qui sont en contact avec les intellectuels révolutionnaires. c’est-à-dire avec les sources de la conscience politique et d’autre part, au cours de son développement, cette lutte spontanée se rapproche de plus en plus d’une lutte politique. Parallèlement à cela, les cercles d’ouvriers d’avant-garde se développent et s’étendent plus et deviennent réceptifs à une propagande politique et à une organisation politique.

     La conscience socialiste aussi, est introduite parmi les travailleurs à travers les contacts des cercles d’intellectuels avec les cercles d’ouvriers et les masses ouvrières. À ce sujet, la comparaison entre le développement des cercles intellectuels et la Russie dans les premières années du vingtième siècle et les cercles d’intellectuels actuels de notre société démontre parfaitement la différence des conditions. Lénine dépeint un cercle typique de la Russie de l’époque comme ceci : « Un cercle d’étudiants entre en contact avec des ouvriers et se met à l’œuvre. Le cercle dévelloppe progressivement une propagande et une agitation de plus en plus intenses : il s’attire ainsi, par le seul fait de son action, la sympathie d’assez larges milieux ouvriers [souligné par l’auteur de cet article] et d’une certaine partie de la société cultivée, qui lui procure de l’argent et fournit régulièrement au "Comité" de nombreux groupes de jeunes. Le prestige du Comité (ou de l’Union de lutte) augmente, son champ d’action grandit, et il étend son activité d’une façon tout à fait spontanée : ceux qui, un an ou quelques mais plus tôt prennaient la parole dans les cercles d’étudiants pour répondre à la question : "ou aller ?", qui nouaient et entreprenaient des relations avec les ouvriers, rédigeaient et lançaient des tracts, établissent des relations avec d’autres groupes de révolutionnaires, se procurent de la littérature, entreprennent l’édition d’un journal local, commencent à parler d’une manifestation à organiser, passent enfin aux opérations militaires ouvertes... » (Lénine, Que Faire ?, Éditions du Seuil, pagis 156-157.)

     Mais quelles sont les conditions auxqueles nous faisons face ? Il vaut mieux considérer le développement d’un cercle d’intellectuels en Iran.

     Quelques individus se rassemblent sur la base d’études et d’échanges de publications communistes. Le travail de ces cercles consiste d’abord à l’étude et l’échange de publication communistes, et ensuite, dans une certaine limite, à l’étude objective de la société. En général ils n’ont aucun contact large avec les ouvriers et n’attirent même pas l’attention d’une petite couche d’ouvriers. En pratique ils n’ont aucun rôle ou relation active avec les mouvements spontanés du peuple qui sont eux-mêmes sporadiques et à petite échelle. Il est hors de question de publier des journaux locaux, d’organiser des manifestations et particulièrement des opérations militaires ouvertes et c’est durant le développernent limité que beaucoup de ces cecles deviennent les cibles des coups de la police et sont disloqués dans des conditions policières très dures.

     Quelle est la cause de cette différence de conditions ? Là-bas le mouvement de masse spontané qui indique que les conditions objectives pour la révolution sont prêtes, produit une source inépuisable d’expériences pour les masses et les avant-gardes révolutionnaires et conscientes qui créent des contacts avec ce mouvement et qui tentent de le diriger. Ce mouvement spontané de masses, qui est initialement et essentiellement économique. donne une organisation de masses aux masses ouvrières par le biais des organes de cette lutte au cours de son développement, et peu à peu, au cours de sa politisation, il crée en son sein une série de cercles d’ouvriers plus persévérents et plus révolutionnaires. D’autre part, il établit des contacts avec les cercles d’intellectuels avec l’effort des intellectuels révolutionnaires. Ainsi, ce mouvement et les organes qu’il engendre c’est-à-dire les cercles légaux et semi-légaux d’ouvriers deviennent le terrain objectif et la source qui nourrit la force intellectuelle de la classe ouvrière et d’autre part, la force intellectuelle et consciente du prolétariat prend la direction des mouvements spontanés. Peu à peu, les conditions subjectives pour la révolution naissent et se développent sur la base de ces mêmes mouvements spontanés et en relation avec la conscience socialiste et la direction consciente assurée par les cercles de révolutionnaires intellectuels et ensuite par le parti de la classe ouvrière et c’est sur cette même base et à travers ces mêmes formes organisationnelles que l’avant-garde révolutionnaire établit le lien avec les masses ouvrières et que l’organisation de révolutionnaires qui a des liens directs et actifs avec les masses se constitue. Donc la question qui se pose aux révolutionnaires est celle-ci : faut-il prendre la tête des mouvements de masse ou pas ? Faut-il transformer un mouvement essentiellement économique et politiquement limité en un mouvement politique embrassant tous les aspects de la lutte ? Faut-il que ces cercles intellectuels-ouvriers poussent le mouvement en avant comme un ensemble unifié, dans une organisation de révolutionnaires professionnels unifiés en dirigeant toutes les formes de lutte politique sur tous les plans ? Il faut que se constitue une organisation de révolutionnaires professionnels capable de garantir la « continuité », supprimer le dilettantisme et le travail dispersé, projeter un plan à long terme et résistant pour une lutte large et sur tous les plans et guider les masses dans cette lutte.

     En réalité, les masses ouvrières ont été amenées à cette lutte, elles ont acquis aussi dans une certaine mesure une organisation de classe, et on aussi créé leurs propres organes de lutte.

     Parallèlement à ces organes, sont apparus les cercles d’ouvriers qui sont largement en liaison avec les masses ouvrières et qui ont les moyens d’agitation et de propagande d’une manière étendue et à léchelle des masses. Et maintenant la question est la suivante : faut-il ou non transformer cette lutte spontanée en une lutte politique sur tous les plans ? Et c’est précisément la façon d’approcher cette question qui distingue les révolutionnaires des économistes, des partisans du dilettantisme et des adeptes du mouvement spontané.

     Selon Lénine, d’un côté les réformistes raisonnent ainsi : « Les masses ouvrières n’ont pas encore formulé elles-mêmes des tâches politiques aussi étendues et aussi vigoureuses que celles que lui "imposent" les révolutionnaires ; elle doivent encore lutter pour les revendications politiques immédiates, "mener la lutte économique contre le patronat et le gouvernement". D’autres, éloignés de tout "graduellisme", ont déclaré : on peut et l’on doit "accomplir la révolution politique", mais point n’est besoin pour cela de créer une forte organisation de révolutionnaires éduquant le prolétariat par une lutte ferme et obstinée ; il suffit pour cela que nous nous saisissions tous du gourdin "accessible" et familier. Pour parler sans allégories, il nous faut organiser la grève générale et stimuler par "l’aquillon de la terreur" le mouvement ouvrier un peu "languissant". Ces deux tendances, les opportunistes et les "révolutionnaires", s’inclinent devant le dilettantisme artisanal dominant, ne croient pas à la possibilité de s’en délivrer, ne comprennent pas que la première et la plus urgente de nos tâches pratiques est de créer une organisation de révolutionnaires capable d’assurer à la lutte politique l’énergie, la stabilité et la continuité. » (Lénine, Que Faire ?, Éditions du Seuil, p. 161).

     Mais ici, il n’y a pas trace de mouvements de masse spontanés en tant que tels, et s’il y en a, ils sont dispersés et limites au point de vue temps, lieu et étendue. Ici, il n’y a aucune trace d’organisation de classe et d’organisations ouvrières. Dans l’ensemble les masses ouvrières ne sont impliquées dans aucun mouvement de lutte. Et si parmi les ouvriers il se trouve des éléments conscients qui s’organisent en petits cercles, eux non plus n’ont pas la possibilité de propagande, d’agitation et de travail de masse. En effet, l’absence de mouvements spontanés étendus et les conditions policières difficiles qui sont indubitablement liés, ont maintenu pratiquement les ouvriers loin de toute forme de lutte et idée de lutte politique, et les ont privés de toute expérience de lutte, d’organisation de classe et même de conscience syndicale. En conséquence, les cercles d’ouvriers qui pensent à la lutte politique sont rares et pratiquement aucun lien sérieux n’existent entre les cercles d’intellectuels et les cercles d’ouvriers et les masses ouvrières. Ainsi, les masses ouvrières ne sont pas prêtes à accepter la lutte et la conscience politique. C’est seulement après des années de lutte spontanée, économique et syndicale que l’ouvrier devient peu à peu prêt à accepter la lutte politique, la conscience socialiste, l’organisation politique et l’organisation en parti. Ici, où toute forme de mouvement syndical est immédiatement réprimée, il est naturel que les masses ouvrières soient progressivement éloignées de la lutte politique, car celle-ci exige de la persévérence, de l’organisation, une auto-discipline continue et demande de la conscience et du dévouement. Dans une situation où l’ouvrier est inévitablement préoccupé à gagner son pain quotidien, il n’a ni la possibilité ni la volonté d’accepter la lutte politique. Ainsi, nous ne pouvons pas être témoins de l’émergence étendue de cercles d’ouvriers parmi les masses ouvrières en l’absence de mouvements spontanés remarquables  10 11.

     Cependant la sentence selon laquelle les mouvements spontanés de masse sont le reflet de l’abondance des conditions objectives pour la révolution et que ces mouvements spontanés indiquent l’imminence de la phase révolutionnaire a-t-elle un aspect absolu ? Est-ce juste, toujours et dans toutes les situations ? Est-ce que le contraire est aussi vrai ? C’est-à-dire, devons-nous déduire que l’absence de vastes mouvements spontanés de masse indique l’absence des conditions objectives pour la révolution ? Que la phase révolutionnaire n’est pas encore arrivée ? Je crois que non. Dans les conditions actuelles en Iran, l’absence de mouvements spontanés ne signifie pas l’absence des conditions objectives de la révolution. Nous avons démontré en étudiant les conditions objectives de notre patrie que tout recours au prétexte d’absence de conditions objectives de la révolution exprime l’opportunisme, la conciliation et le réformisme, révèle le manque de courage politique et sert de justification à l’inaction. Je pense qu’il faut chercher les causes de l’absence de tels mouvements, d’une part essentiellement dans la répression violente et la terreur constante et prolongée qui découlent de la dictature impérialiste en tant qu’élément essentiel du maintien de la domination impérialiste accompagnées de vastes propagandes politiques et idéologiques réactionnaires et d’autre part, dans les faiblesses essentielles des éléments révolutionnaires, des organisations et des dirigeants de la lutte. Alors que les masses étaient prêtes, ces dirigeants n’ont jamais réussi à les attirer vers la lutte à une vaste échelle et les ont conduites à la défaite par une direction érronée. L’ensemble de ces conditions a créé une sorte de stagnation, de dégoût, de désespoir et de capitulation, ce que Régis Debray appelle « l’arriéré séculaire de peurs et d’humilité ». Mais quelles sont nos raisons pour dire que les conditions objectives pour la révolution existent ? Ne l’avons-nous pas démontré par l’analyse de la situation objective ? Et n’avons-nous pas démontré que les masses sont potentielIement prêtes à assumer la tâche de mener la révolution anti-impérialiste à cause des conditions matérielles de leur existence ? Est-ce que cet enthousiasme et cette ardeur des révolutionnaires, ces recherches infatiguables des forces intellectuelles des classes révolutionnaires et progressistes pour trouver la voie de la révolution, ces agressions successives de la police, ces prisons, ces tortures, ces assassinats, ne sont pas les reflets subjectifs montrant que les conditions objectives pour la révolution sont prêtes ? Est-ce que le fait que le problème de la révolution soit posé à une si grande échelle, est-ce que tous ces cercles et groupes militants appartenant à toutes les classes opprimées pourraient exister sans que les conditions objectives aient mis à l’ordre du jour la résolution du problème de la révolution ? Et enfin, ces mouvements sporadiques et dispersés des masses ne sont-ils pas la preuve de l’existence des conditions objectives de la révolution ?

     Et quelle est notre voie ? Aujourd’hui, attendre passivement les mouvements de masses spontanés pour ensuite les guider sans avoir engagé d’action révolutionnaire, sans avoir tenté de préparer parfaitement les conditions subjectives à travers l’action révolutionnaire elle-même, est exactement équivalent à suivre le mouvement spontané dans les conditions identiques à celles de la Russie ; cela signifie précisément l’acceptation en pratique de la situation existante. Pendant un moment, nous raisonnions que l’existence des groupes dispersés correspondait à l’absence de mouvements de masse spontanés et était associé aux mouvements dispersés, latents et limités des masses, et que l’existence d’une vaste organisation révolutionnaire correspondait à la présence de larges mouvements de masse et à la croissance et l’intensification des contradictions. Mais maintenant il faut dire que l’absence des mouvements spontanés résulte non pas du développement insuffisant des contradictions mais à la répression constante policière et la passivité de l’avant-garde. Subordonner l’existence de l’organisation révolutionnaire vaste à l’existence de larges mouvements de masse, serait subordonner à l’impossible dans de telles conditions, bien sûr, si l’on ne considère pas le rôle de l’avant-garde même dans la création de tels mouvements. Si nous ne cherchons pas sérieusement à savoir à travers quelles méthodes de lutte on peut créer la véritable avant-garde de la révolution, une organisation de révolutionnaires capable de montrer pratiquement et réellement aux masses comment lutter et sortir la lutte de l’impasse malgré les conditions difficiles de travail, la répression et la terreur, malgré la grande séparation qui existe entre les avant-gardes et les masses, et si nous considérons le développement suffisant des contradictions comme condition à la création d’une telle organisation, nous ne sommes pas différents des opportunistes qui suivaient le cours naturel des évènements en Russie. À cette époque, les opportunistes, les adeptes du mouvement spontané, accusaient Lénine de surestimer le rôle de l’élément conscient disant qu’il « réclame la lutte directe contre le gouvernement sans chercher à savoir où est la force matérielle pour cette lutte, sans indiquer la voie qu’elle doit suivre... » « Ce fait ne saurait s’expliquer par des buts de travail clandestin, car le programme ne parle pas d’un complot, mais d’un mouvement de masse. Or la masse ne peut suivre des voies secrètes. Une grève secrète est-elle possible ? Une manifestation ou une pétition secrètes sont-elle possibles ? » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 166). Lénine répond : « Tous ceux qui parlent de la "surestimation de l’déologie" et du rôle de l’élément conscient, etc., imaginent que le mouvement à cent pour cent ouvrier est capable de se forger par lui-même une idéologie et qu’il faut seulement que "les ouvriers délivrent leur destin des mains des dirigeants". » « L’auteur aborde de près et cette "force matérielle" (organisateurs de grèves et de manifestations) et les "voies" de la lutte, mais il est déconcerté et perplexe, car il "s’incline" devant le mouvement de masse, c’est-à-dire qu’il le considère comme un facteur nous libérant de l’activité révolutionnaire qui est la nôtre, et non comme un facteur destiné à encourager et à stimuler notre activité révolutionnaire. Une grève secrète est impossible, pour ses participants et ceux qu’elle touche directement. Mais pour la masse des ouvriers russes, cette grève peut rester (et elle reste la plupart du temps) "secrète" car le gouvernement prendra soin d’empêcher toute diffusion des renseignements sur la grève. C’est alors qu’il faut une "lutte contre la police politique", lutte spéciale qui ne pourra jamais être menée activement par une masse aussi considérable que celle qui participe à la grève. Cette lutte doit être organisée "selon toutes les règles de l’art" par des professionnels de l’action révolutionnaire. Que les masses soient entraînées spontanément dans le mouvement, ne rend pas l’organisation de cette lutte moins nécessaire ; mais au contraire encore plus nécessaire. » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 166).

     Dans les conditions où le régime policier de la terreur essaie et a réussi à couper les liens entre les intellectuels et le peuple, où aucun lien n’existe entre les grévistes, où la terreur et l’oppression ont empêché tout mouvement considérable des masses, ou cette même terreur et répression permanentes ont provoqué chez les masses une attitude pessimiste à l’égard de la lutte, les amenant à éviter toute idée politique, la considérant sans issue, dans les conditions où le régime tente d’avorter tout embryon d’un mouvement de masse, est-ce que « la lutte spéciale » contre la police politique est nécessaire ? Est-ce que les masses peuvent assumer cette tâche ? Peut-on s’attendre à ce qu’elles connaissent la nature fantoche du régime ou qu’elles la comprennent à travers leurs propres expériences ? Dans des conditions où la force répressive du régime a conduit certains intellectuels « révolutionnaires » à expliquer la férocité de ce tigre de papier par I’immaturité des conditions objectives et l’insuffisance du développement des contradictions, à oublier la nature fantoche du régime et à ne pas comprendre que c’est précisément cette même force répressive de l’armée anti-populaire qui est le principal facteur de la survie de la domination impérialiste, comment les masses peuvent-elles prendre conscience de leur pouvoir historique ? (Des masses qui ne demandent pas pourquoi elles doivent lutter mais comment résister face au pouvoir terrifiant du régime). Comment peut-on montrer en pratique aux masses la lutte qui trouve son cours dans l’histoire et dont la victoire est assurée par les nécessités historiques, la lutte qui trouve ses racines dans les conditions matérielles de l’existence des masses elles-mêmes, qui se reflète dans l’action consciente des avant-gardes révolutionnaires et dans les mouvements sporadiques et dispersés des masses, la lutte qui, dans des conditions de dictature suffocante et d’oppression constante, prend par moments un caractère explosif faisant soudain descendre les masses avec leur force gigantesque dans la rue et qui s’éteint soudain comme une flamme éphémère ? Comment peut-on créer le mouvement par lequel les masses puissent prendre conscience par elles-mêmes de leurs véritables intérêts, de leur force gigantesque et invincible et être menées à la lutte ? Comment peut-on rompre cette barrière colossale de force répressive dressée entre les intellectuels et le peuple, entre les masses et leur rôle historique, entre la nécessité de la lutte de masse et la lutte de masse elle-même, par la terreur et la répression constante, l’arriération des dirigeants, l’incapacité de l’avant-garde à remplir son rôle et enfin par la propagande diabolique d’un régime qui repose sur la force de la baïonnette, et faire couler le flot grondant de la lutte de masse ?

 

La seule voie est celle de la lutte armée.

     La nécessité du rôle conscient et de la lutte active de l’avant-garde révolutionnaire ne s’est pas affaiblie mais renforcée, précisément à cause du rôle croissant des éléments conscients contre révolutionnaires. À présent, ce n’est qu’à travers la forme la plus intense de l’action révolutionnaire, c’est-à-dire la lutte armée, et en portant des coups à cette barrière colossale que l’avant-garde peut montrer aux masses la lutte qui se déroule au cours de l’histoire. Il faut montrer que « la lutte a réellement commencé et que son progrès demande le soutien et la participation active des masses » (paraphrasant Régis Debray). Il faut montrer en pratique que la violence contre-révolutionnaire peut être vaincue, il faut montrer que la stabilité et la sécurité ne sont que des farces. C’est au cours de cette action que cette énergie historique des masses accumulée derrière la colossale barrière de force répressive, mais qui reste silencieuse et immobile, s’écoule peu à peu et c’est dans ce même courant que progressivement et au cœur de la lutte armée de longue durée, les masses prennent conscience de leur rôle historique et de leur force infaillible.

     C’est là que certains lèvent la voix, criant : ces jeunes impatients, aventuriers et gauchistes qui n’ont pas la patience d’attendre que les masses soient prêtes pour la lutte armée, que l’organisation d’avant-garde prolétarienne (bien sûr suivant une ligne uniquement politique) prépare les masses à la lutte armée, qui n’ont pas la patience d’attendre « que les masses exploitées et opprimées réalisent qu’elles ne pourront plus vivre comme avant et qu’elles demandent le changement » et que « les exploiteurs soient incapables de vivre et de gouverner comme par le passé » (Lénine, La maladie infantile du communisme, le « gauchisme ») pour ensuite commencer la lutte armée, ceux-là ont confondu la lutte contre la police politique et la force répressive avec le travail politique, avec la lutte politique et une activité politique persistante.

     Bien que les formes de ces accusations soient différentes, elles sont de la même nature que celles portées à l’encontre de Lénine par les opportunistes russes. Ils disaient qu’il n’était pas besoin d’une organisation de révolutionnaires professionnels et que « (l’Iskra) "...ayant posé comme tâche, par des constructions théoriques"... (et non par suite de "la multiplication des tâches du Parti qui croissent en même temps que lui"...), "le passage immédiat à la lutte contre l’absolutisme, et sentant probablement toute la difficulté de cette tâche pour les ouvriers dans la situation actuelle"... "mais n’ayant pas la patience d’attendre que des forces suffisantes pour cette lutte se soient accumulées... ». Et Lénine répond : « Oui, nous avons en effet perdu toute la "patience" nécessaire pour "attendre" le temps heureux que nous promettent depuis longtemps les "conciliateurs" de toute sort, où nos "économistes" cesseront de rejeter leur propre arriération sur les ouvriers, de justifier leur propre manque d’énergie par la prétendue insuffisance de force chez les ouvriers. » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 147).

     La réalité est que si à l’époque, la lutte contre l’absolutisme était fondamentalement politique, à présent elle est fondamentalement politico-militaire ; si là-bas la véritable avant-garde se constituait par une série de luttes économiques, politiques et idéologiques, actuellement, seule une lutte politico-militaire peut créer la véritable avant-garde. Expliquons un peu plus : en réalité, quelle est la tâche de l’avant-garde ? La tâche historique des avant-gardes révolutionnaires combattantes n’est-elle pas en réalité de creuser un canal vers la force historique des masses par l’action révolutionnaire consciente et la création de liens avec elles et d’attirer largement vers le terrain de la lutte déterminante et réelle ce qui est déterminant pour le destin du combat. Plus les conditions seront appliquées, plus la force répressive de l’ennemi sera grande et plus la révolution sera à l’ordre du jour, il sera naturellement plus difficile de creuser ce canal. Ceci n’est fondamentalement juste que lorsque les masses acquièrent la conscience révolutionnaire, sur la base de leurs conditions matérielles, cette conscience se transforme en une force matérielle colossale, la seule capable de transformer la société. Mais le problème a toujours été de savoir comment introduire cette conscience parmi les masses, quels sont les organisations et les moyens qui doivent le faire, et à travers quelles formes organisationnelles et quelles méthodes de lutte peut-on guider l’énergie révolutionnaire des masses dans la bonne direction, celle qui aboutit à la victoire de la révolution, au renversement de la réaction et à la conquête du pouvoir politique ?

     L’histoire de la révolution à l’échelle mondiale a montré qu’avec le développement du processus révolutionnaire, la vigilance grandissante de la réaction, et son appui croissant sur la force répressive en tant que facteur principal de la préservation de sa domination, avec le passage de la révolution d’Occident en Orient, le rôle des avant-gardes conscientes et d’une organisation combattante d’avant-gardes révolutionnaires a gagné chaque jour plus d’importance. À l’époque de Marx et d’Engels l’organisation d’avant-garde composée de révolutionnaires professionnels n’avait point l’importance qu’elle a acquise à l’époque de Lénine.

     Mais si en Russie il était nécessaire qu’une organisation de révolutionnaires professionnels accomplisse ce rôle essentiellement par l’emploi de différentes formes de lutte politique et de dénonciations politiques surtous les plans... en Chine et au Vietnam, il fut nécessaire de remplir ce rôle essentiellement par la forme de lutte la plus élevée, c’est-à-dire la lutte armée. Si en Russie, l’insurrection armée ne fut possible que lorsque les masses avaient largement renié la possibilité de vivre dans les conditions existantes et qu’elles demandaient pratiquement le changement, et aussi quand le gouvernement n’était plus capable de gouverner par les anciennes méthodes, et que cette demande de changement et cette impossibilité de gouverner par les anciennes méthodes se soient produites justement au cours d’une lutte politico-économique, cette sentance s’avère juste selon laquelle commencer l’insurrection armée sans que les masses soient largement convaincues de la justesse de cet acte par leur propre expérience politique, est un acte immaturé. Il s’avère que l’invitation à l’insurrection et la proposition d’un slogan particulier tel que « le pouvoir aux soviets » causeront la défaite de l’insurrection si elles sont faites un peu tôt ou un peu tard. Si dans les conditions de la Russie, l’énergie historique des masses passe progressivement du potentiel à l’acte au cours d’une série de luttes essentiellement économiques et politiques. prenant forme peu à peu et explosant dans les insurrections armées, en Chine, l’énergie révolutionnaire des masses est utilisée justement au cours de l’introduction de la conscience révolutionnaire parmi les masses, justement au cours de l’action armée de longue durée et par conséquent, elle ne comporte pas ce caractère explosif du passé.

     Ainsi, l’insurrection armée urbaine se transforme en lutte armée de masse de longue durée et l’énergie révolutionnaire des masses est progressivement amenée sur le terrain du combat déterminant. C’est ainsi que l’armée de masse est aussi la force de « propagande armée ». En réalité, dans les conditions où la base principale de la révolution se trouve dans la campagne, où les masses paysannes dominées par le système impérialiste semi-féodal ne forment même pas une classe comme disait Marx, en raison de leurs conditions matérielles de vie les séparant automatiquement les uns des autres, et ainsi dans des conditions où elles sont privées de toute possibilité d’organisation et d’organes de lutte classiques politico-économiques comme les unions et les syndicats, il semble que la seule organisation capable de les organiser et de les réunir soit l’organisation politico-militaire.

 

Pour vaincre à la lutte.

     Pour vaincre la réaction, il faut vaincre l’armée réactionnaire. Pour vaincre l’armée réactionnaire, il faut avoir une armée de masse. Le seul moyen de vaincre l’armée réactionnaire et de constituer l’armée de masse est la guerre de guérilla de longue durée. Et la guerre de guérilla est nécessaire non seulement au point de vue de la stratégie militaire et dans l’objectif de vaincre l’armée régulière et puissante mais aussi au point de vue de la stratégie politique dans l’objectif de la mobilisation des masses. Le politique et le militaire fusionnent inévitablement et organiquement. D’une part la condition de la victoire de la lutte armée est la mobilisation des masses — politiquement et militairement — et d’autre part, la mobilisation des masses n’est possible que par la lutte armée. C’est une leçon tirée non seulement de la guerre révolutionnaire de Cuba, mais aussi des guerres révolutionnaires de Chine et de Vietnam. Ya-t-il quelqu’un pour dire que les masses chinoises possédaient d’avance la conscience révolutionnaire, à une large échelle, qu’elles avaient compris la nécessité de la lutte armée et la justesse de cette tactique, ou bien est-il faux de poser cette question et nous sommes là, face à de nouvelles conditions.

     Certains objecteront, disant : mais ce fut le Parti Communiste qui commença la guerre révolutionnaire en Chine et que ce parti aussi commença la longue marche après des années de lutte essentiellement politique et après avoir recouru aux insurrections armées urbaines et acquis de l’expérience. C’est pourquoi nous n’avons pas le droit de commencer la lutte armée qu’après avoir parcouru une telle période. Si en Chine il était possible qu’un parti se forme avec très peu de membres et qui puisse se transformer en très peu d’années d’expérience politique en une grande force d’avant-garde, c’est précisément grâce aux conditions spéciales existant là-bas.

     Faites bien attention :

     « Durant cette période (1920-1927), Sun Yat-sen dirigeait le Kuomintang. Le Parti Communiste travaillait dans le Kuomintang avec son organisation indépendante... Nous, les communistes avions posé plusieurs conditions pour entrer au Kuomintang : 1. L’alliance avec l’Union Soviétique, 2. L’alliance du Kuomintang avec le Parti communiste dans le sens que notre parti maintiendrait son indépendance au sein du Kuomintang et aurait une liberté d’action au point de vue politique et organisationnel. La troisième condition était : l’aide aux ouvriers et aux paysans, ce qui nécessitait que l’armée soit réorganisée, que les éléments contre-révolutionnaires en soient exclus et qu’elle ait une direction révolutionnaire.

     « À cette époque Sun Yat-sen accepta les conditions du Parti Communiste et sur cette base la collaboration naquit entre nous. En 1924. notre parti décida de faire entrer ses membres au Kuomintang. Mais à ce moment-là, le Parti Communiste Chinois n’avait pas plus de quelques centaines de membres malgré l’influence considérable qu’il avait acquise chez les ouvriers et les paysans. La participation d’individus et de militants communistes au Kuomintang permettait au Parti Communiste de mieux travailler parmi les ouvriers et les paysans. Par ce moyen, le Parti Communiste travaillait directement parmi les ouvriers, les paysans et les étudiants et consolidait l’unité des ouvriers. Par la coopération avec le Kuomintang, le Parti réussit à avoir une activité étendue parmi les intellectuels dans tout le pays y compris dans le Nord et d’unifier les étudiants non seulement dans le Sud mais aussi dans le Nord.

     « Nous aidâmes Sun Yat-sen dans la création des forces militaires révolutionnaires. Nous créâmes l’école militaire de "Vampova" pour y former les cadres dirigeants de l’armée, c’est-à-dire les officiers révolutionnaires. Le camarade Mao Tsé Toung devint membre du Comité Central du Kuomintang. » (Leçons de l’histoire du Parti Communiste Chinois).

     Ici nous pouvons constater l’étendue des moyens pour le travail libre, non seulement parmi les ouvriers et les étudiants mais aussi parmi tes paysans, créées non seulement par les conditions démocratiques de l’époque mais aussi par la participation directe du Parti Communiste au pouvoir d’État. Ce parti réussit même à s’infiltrer dans l’armée et à former des cadres militaires communistes.

     Des conditions qui permettaient au Parti de fonder le processus d’unité ouvrier-paysan non pas par une lutte armée, mais par l’activité politique et organisationnelle libre et de commencer la guerre révolutionnaire avec une armée. Le fait qu’il ait eu une large influence parmi les ouvriers, les étudiants et même les paysans malgré seulement quelques centaines de membres, montre comment le Parti Communiste Chinois réussit à se transformer rapidement dans une certaine limite en une force réelle d’avant-garde dans des conditions très favorables et par des expériences essentiellement non armées.

     Maintenant, devons-nous nous asseoir et attendre l’arrivée de telles conditions favorables pour ensuite pouvoir nous transformer en une avant-garde réelle et préparer les conditions pour la lutte armée ? Ou bien non ? L’avant-garde réelle doit elle-même apparaître dans le courant de la lutte armée, avec l’action politico-militaire ? Faut-il attendre la constitution du Parti communiste et commencer la guerre révolutionnaire dès le début à une large échelle et par exemple avec une armée ? Ou bien non ? Le noyau politico-militaire armé peut lui-même, en commençant la lutte armée et dans le courant de son développement, créer le Parti, l’organisation politico-militaire, véritable avant-garde du peuple ainsi que l’armée populaire ?

     Pour montrer la différence des conditions démocratiques ou semi-démocratiques du travail purement politique avec les conditions de dictature largement et fortement violente, des conditions qui n’ont permis aucune sorte d’organisation aux masses urbaines et à leur tête le prolétariat, et à plus forte raison aux masses paysannes, nous retournons aux conditions de la Russie :

     Si en Russie, « les dénonciations politiques sont par elles-mêmes un moyen puissant (soulignée par l’auteur de cet article) pour décomposer le régime adverse, un moyen pour détacher de l’ennemi ses alliés fortuits ou temporaires, un moyen pour semer l’hostilité et la méfiance entre les membres permanents du pouvoir autocratique » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 145), ici, dans les conditions actuelles, seule la dénonciation politico-militaire, seule l’action armée de nature politique, sont les moyens puissants pour « décomposer le régime ». Seule l’action armée politico-militaire peut intensifier les contradictions internes de la bureaucratie au pouvoir. Si en Russie, « cette déclaration de guerre a une portée morale d’autant plus grande que la campagne de dénonciations est plus vaste et plus vigoureuse, que la classe sociale qui déclare la guerre pour commencer la guerre, est plus nombreuse et plus décidée » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 145) ; aujourd’hui, ici, la déclaration de la guerre, c’est la guerre elle-même. Ce sont deux choses inséparables. La portée morale de la guerre dépend de son progrès matériel et son progrès matériel dépend de sa portée morale. Plus l’ennemi reçoit de coups, plus il se décompose, plus la force politico-militaire se développe, et plus sa portée morale et son audience populaire augmentent. Et ceci provoque la fortification matérielle de la force politico-militaire  12.

     Maintenant nous sommes prêts à examiner Révolution dans la Révolution de Régis Debray et d’absorber les leçons profondes de la révolution cubaine. Dans cet examen, nous trouverons plus d’explications et plus d’exemples objectifs pour affirmer et éclaircir les idées contenues dans les lignes précédentes.

 

Notes :

     9. Nous n’avons pas l’intention de nier la possibilité d’établir le contact avec les ouvriers. Nous-mêmes avons joui de la coopération d’un nombre considérable de camarades ouvriers. Nous voulons dire que la possibilité d’établir le contact dans sa forme classique, n’existe pas réellement. On peut travailler parmi les ouvriers. On peut recruter des membres parmi eux, bien sûr avec beaucoup de difficultés et peu de rendement, mais on ne peut pas faire un travail de masse parmi eux. On ne peut pas faire de la propagande et de l’agitation.

     10. Partout où il y a de l’oppression, il y a aussi la résistance. Mais quelle sorte de résistance ? Une résistance sporadique et limitée. Il serait donc préférable de parler de la stagnation de la résistance et du mouvement spontané ainsi que de son manque de développement.

     11. Lorsque nous disons que les ouvriers sont inévitablement préoccupés à gagner leur pain quotidien nous voulons seulement dire que le travail accablant quotidien et les préoccupations encore plus accablantes de la vie familiale ne permettent même pas à l’ouvrier de réfléchir aux problèmes et ceci dans des conditions où le milieu du travail est dépourvu de tout mouvement de lutte concret.

     12. Plus d’explication sur le problème de la création du Parti : dans l’Histoire du Parti Communiste (bolchévik), Staline dit que le parti de la classe ouvrière consiste en la combinaison du mouvement ouvrier avec la théorie socialiste. Mais voyons dans quelles conditions nous nous trouvons. À notre avis, dans la conjoncture actuelle, parler d’un réel mouvement ouvrier en Iran n’a pas de sens. Les fortes pressions et oppressions d’une part, et le fait que les contradictions secondaires de notre société comme précisément celle entre le travail et le capital sont éclipsées par la contradiction principale, celle entre le peuple et l’impérialisme, d’autre part, on fait en sorte que tout mouvement prenne une couleur politique et un caractère de masse dès le début. Ce qui fait que le mouvement indépendant de la classe ouvrière se soit moins manifesté. Mais la lutte politique dans notre société doit être inévitablement une lutte armée. Donc, la classe ouvrière s’organise et acquiert la conscience de classe, non pas dans un mouvement ouvrier, mais dans une lutte populaire. Ainsi se constitue le parti de la classe ouvrière. La lutte armée que les groupes commencent aujourd’hui doit avoir comme objectif la mobilisation de tout le peuple et pas seulement celle de la classe ouvrière. Elle doit s’appuyer sur tout le peuple et exprimer les revendications générales de tout le peuple. Il faut aller partout où on peut mieux lutter et mieux mobiliser et ensuite étendre notre lutte à la campagne. Si cela s’avère nécessaire, nous pouvons le faire dès aujourd’hui. Mao fait une remarque à ce sujet qui doit être mentionnée. Lorsque la question de sortir vers les campagnes fut posée en Chine, certains étaient mécontents, disant qu’ainsi le rôle de la classe ouvrière diminuait. Et Mao leur répondit : « Qu’importe ! L’important, c’est de mobiliser le peuple, de pratiquer la lutte armée. Quelle importance si la classe ouvrière joue un rôle quantitativement moindre ? » (Mao Tsé-toung, Pourquoi le Pouvoir Rouge peut-il exister en Chine ?).

     Ici, une question importante est posée. Dans les conditions actuelles, avant de s’organiser en parti, les groupes pratiquent une lutte qui s’appuie sur tout le peuple et qui exprime ses revendications. Tout groupe révolutionnaire, communiste ou pas, peut participer à une telle lutte. Par conséquent, pour l’organisation meilleure et plus vaste de la lutte, pour l’unité des forces révolutionnaires, l’alliance de tous ces groupes dans le cadre d’un front unitaire anti-impérialiste devient un fait inévitable dans le processus de la lutte. Ainsi l’alliance de tous les groupes et organisations révolutionnaires et anti-impérialistes, qui acceptent la ligne de la lutte armée, dans la ville et dans la campagne, est plus pressante et plus urgente que l’alliance des forces prolétariennes dans le cadre du parti de la classe ouvrière. La création du front unitaire avant la constitution du parti de la classe ouvrière devient l’ordre du jour des révolutionnaires. Si la classe ouvrière s’organise et acquièrt la conscience de classe uniquement au sein d’une lutte armée populaire, le parti de la classe ouvrière germe et se développe au sein du front unitaire anti-impérialiste et il ne prendra sa forme concrète que lorsque la question d’assurer l’hégémonie du prolétariat et la continuation de la révolution deviennent l’ordre du jour d’une manière plus pressante et plus concrète.

     Communiste, l’organe de quelques marxistes-léninistes iraniens à l’étranger dit très justement au sujet de la création du parti de la classe ouvrière, que la construction du parti est un long processus simultané à la construction de l’armée populaire et que pour commencer la lutte armée il n’est pas nécessaire d’avoir un parti. Mais quelle alternative propose-t-elle ?

     Créer des noyaux combattants dans les campagnes, pousser les paysans à l’insurrection armée, établir des bases révolutionnaires et l’extension de ces bases par vagues successives.

     En ce qui concerne l’établissement des bases révolutionnaires et leur extension par vagues successives, nous ne nous permettons d’émettre aucun avis définitif, car il n’est pas clair qu’après le développement de la lutte armée quelles conditions surviendront et comment s’effectuera précisément le développement de la lutte ultérieurement. Le problème qui se pose à nous est celui de créer des noyaux combattants dans les campagnes et de pousser les paysans à l’insurrection. Comme l’article l’explique d’une manière détaillée, on ne peut ni créer des noyaux dans les campagnes d’une manière non armée et ni pousser les paysans à l’insurrection par un travail politique et, même au cas où une telle insurrection aurait lieu, on aurait besoin d’une avant-garde armée pour affronter l’ennemi équipé des pieds à la tête par les armes de la deuxième moitié du vingtième siècle. En tout cas l’existence de l’avant-garde armée est obligatoire.

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ENTREVUE AVEC LES GROUPES DE RÉSISTANCE ANTI-FASCISTES DU PREMIER OCTOBRE AVANT LES ÉLECTIONS

     Aujourd’hui, un an après leur dernière interview, les militants des G.R.A.P.O. parlent à nouveau pour Gaceta Roja. Ils analysent la nouvelle situation politique, les dernières actions des G.R.A.P.O. jusqu’au 31 août — date de l’interview — et autres sujets d’intérêt pour tous les antifascistes ou démocrates.

     Camarade : lit et fait circuler cette interview parmi tes amis et les gens que tu connais.

 

     Comment les G.R.A.P.O. voient-ils l’actuelle situation politique ?

     L’actuelle situation politique n’est plus soutenable ; on en est arrivé au point où ceux qui sont en haut ne peuvent plus continuer à gouverner comme ils l’on fait jusqu’à maintenant, et où ceux d’en bas — les dépossédés — ne sont plus d’accord de supporter plus longtemps l’actuelle façon de gouverner.

     L’oligarchie, nous l’avons toujours dit, n’avait pas la prétention de réaliser une quelconque rupture avec le régime de Franco ; ils ne voulaient que ravaler la façade de l’édifice. Les phalangistes de toujours, déguisés d’U.C.D., ont continué à gouverner avec les mêmes méthodes qu’avant, en augmentant la répression et la surexploitation.

     Cette politique n’a pas permis au régime de résoudre ses problèmes : la crise politique et les luttes au sein du parti du gouvernement en sont un exemple. D’un autre côté, le peuple revenu de ses illusions a tourné le dos aux partis politiques, piège dans lesquels le gouvernement voulait l’enfermer. Face à l’intransigeance de la classe dominante, un mouvement de masses très ample qui a de plus en plus recours à des méthodes de lutte radicales pour défendre ses intérêts, est en train de se développer.

     Le régime n’a aucune possibilité de manœuvre, il se trouve dans une impasse et sa seule issue consiste à faire des concessions au peuple.

 

     Face à la mascarade du 28 octobre, quelle est votre position ?

     Le peuple est fatigué et écœuré de tant de démagogie et de farce électorale, il exige et lutte, non pour un changement de noms au gouvernement ou au parlement fasciste, mais pour un véritable changement de situation.

     Il est clair que convoquer des élections sans que ne se soit produit un quelconque changement, est une tentative du régime pour continuer à gouverner comme il l’a fait jusqu’à maintenant. C’est pour cette raison que notre Organisation appelle tout le peuple et les organisations démocratiques à préparer et à réaliser le plus vaste boycottage de la farce électorale. De notre côté, nous sommes prêts et en condition de mobiliser toutes nos forces pour développer ce boycottage et frapper le régime pour le faire reculer.

 

     L’oligarchie a signé les accords pour l’entrée dans l’O.T.A.N. et elle s’est lancée dans la course aux armements. Qu’en pensez-vous ?

     Lorsque ces accords furent signés, notre Organisation a publié un communiqué dans lequel nous considérions ce fait comme un crime monstrueux contre les peuples d’Espagne, qui avaient manifesté leur opposition à l’entrée dans le bloc impérialiste O.T.A.N., et qui continuent encore à le faire. Nous avertissions encore le gouvernement : s’il croyait qu’avec l’entrée dans l’O.T.A.N. la lutte allait s’achever il se trompait.

     Actuellement tous les élements et organismes privés ou de l’État qui ont participé directement ou indirectement aux plans d’entrée dans l’O.T.A.N., leurs intérêts économiques, leurs propriétés et les intérêts des pays impérialistes de l’O.T.A.N. dans notre pays, peuvent être considérés comme des objectifs de notre Organisation.

 

     Que pensez-vous des manigances de Bandrés et de Roson pour instaurer le personnage du guérillero repenti ?

     En fait cotte politique du régime n’est pas nouvelle. D’une part la police a toujours fait des propositions d’argent ou de liberté aux détenus qui accepteraient de collaborer, comme délateurs. Carrillo, Felipe Gonzalez et d’autres ont fait des propositions à Roson pour qu’il agisse dans ce sens. Si maintenant Bandrés joue ce rôle si vil, et même si le régime veut faire de lui l’« alternative d’Euskadi », c’est parce que derrière ces manœuvres se cache l’extrême faiblesse du régime et d’ici peu ils devront liberer tous les révolutionnaires qui sont en prison. Lorsque ce moment arrivera le régime présentera sa reculade non pas comme une victoire du peuple qui a lutté depuis toujours pour l’amnistie, mais comme une réussite du laquais Bandrés. Vous vous rappelez des déclarations de Martin Villa lors de la sequestration d’Oriol et Villaescusa et des mobilisations populaires pour l’amnistie à la fin de 1976 et début 77 ? À ce moment là, le gouvernement répétait jusqu’à satiété que tous les prisonniers politiques étaient déjà sortis (Carrillo, Camacho et Cie) et qu’il n’en sortirait pas un de plus. Eh bien, deux mois plus tard le gouvernement a été obligé de décréter une amnistie qui, même si elle n’était pas totale, fut cependant assez vaste. Et c’est ce qui va se produire aujourd’hui. Ils diront qu’ils ne libéreront que ceux qui n’ont pas pris les armes et ceux qui voudront collaborer avec la police, mais s’ils veulent faire taire la lutte populaire, ils seront obligés de les libérer tous, et ce moment est de plus en plus proche...

 

     Vous parlez d’un échec de la répression. Cela veut-il dire que le régime cessera de réprimer ?

     Non, absolument pas. Le régime fasciste n’arrêtera jamais de réprimer, car c’est là l’essence même de son existence. Lorsque nous parlons d’échec nous voulons dire que, pendant la dernière période, la répression a atteint la limite maximum et que loin d’atteindre leur objectif de liquider le mouvement de résistance de masse, celui-ci n’a pas arrêté de se développer. À quoi leur aura servi ces milliers de policiers ? À rien.

 

     Les G.R.A.P.O. parlent du Programme des Cinq Points comme d’un programme de cessez-le-feu. Comment se déroulerait ce cessez-le-feu ?

     Si le gouvernement accepte de négocier l’application des Cinq Points et si de cette façon on arrive à un accord pour qu’une amnistie soit décrétée, que l’Espagne se retire de l’O.T.A.N., que les corps répressifs et les institutions de l’État soient épurées de leurs éléments fascistes, etc, en un mot, si les conditions minimums, mais fermes et réelles sont créées pour l’exercice de la lutte par des moyens pacifiques, notre Organisation décréterait un cessez-le-feu.

     De toute façon, le gouvernement est en train de démontrer qu’il ne veut céder sur aucune de ces revendications. Il y répond en imposant ses plans par la force. Pour cette raison, ce qui s’impose en ce moment c’est d’augmenter la lutte et de parler au gouvernement le seul langage qu’il comprend : celui de la lutte armée révolutionnaire.

 

     Selon vos explications, que nous considérons justes, le cessez-le-feu ne pourra être envisagé qu’à long terme. Qu’en pensez-vous ?

     Cela dépend de deux choses : ou le gouvernement change d’attitude ou la guerilla et le mouvement populaire frappent avec tant de force qu’ils l’obligent à reculer. De toutes façons, la crise du gouvernement est profonde, sa capacité de manœuvre est aujourd’hui si étroite (presque nulle) que les possibilités pour que se produise ce recul sont de plus en plus proches.

 

     Au cours de cette année, il n’y a eu aucune arrestation de militants des G.R.A.P.O. Cela signifie-t-il que la répression commence à diminuer ou est-ce la preuve de l’efficacité des mesures d’organisation et de securité que vous avez prises pour contrecarrer la répression, et dont vous nous avez parlé dans votre dernière interview ?

     La question ne peut pas se poser ainsi ; le problème de la répression et de la lutte contre la police fasciste est plus profond. D’un côté, et nous l’avons déjà dit plus haut, jamais la répression n’a été si forte qu’actuellement. D’un autre les mesures de sécurité et de réorganisation que nous avons adoptées pour mieux esquiver la répression policière ont contribué à diminuer les arrestations, cela à grands traits. Mais en rester là pourrait nous conduire à commettre une grave errour et à tomber dans l’opportunisme.

     Dans la lutte contre le régime policier, les mesures de sécurité sont indispensables et nous les avons toujours prises.

     Mais c’est principalement notre lutte armée révolutionnaire, et le fait que, malgré la répression, les actions armées des G.R.A.P.O. aient continué, qui ont réduit les forces de répression du régime à l’impuissance.

     Depuis 1975, tout l’appareil répressif de l’État essaye de nous liquider. Ils ont pour cela lancé des légions de policiers à nos trousses et ils ont essayé de discréditer l’alternative révolutionnaire que nous représentons pour le peuple, en lançant de monstrueuses campagnes de calomnies, inconnues à ce jour. lls ont en même temps déployé contre le peuple et les éléments les plus avancés qui manifestaient leur sympathie pour la lutte armée, la répression la plus brutale, arrêtant, emprisonnant et torturant des milliers de personnes. Quel but poursuivent-ils avec cela ? Isoler les G.R.A.P.O. du peuple, laisser les guérilleros sans lien direct avec les éléments les plus avancés des masses, semer la panique parmi le peuple pour qu’il se soumette et ne se rapproche pas de son avant-garde. Plus nos liens avec les masses sont lâches plus il est facile à la police de nous trouver et de nous détruire.

 

     Excusez-moi de vous interrompre, mais vous parlez d’une relation directe entre les liens avec les masses et l’échec de la répression. Pouvez-vous approfondir un peu plus cette question ?

     C’est ce que le camarade était en train de t’expliquer. Le régime essaye, par tous les moyens, d’empêcher le peuple de s’unir et de s’organiser au tour de son avant-garde, en se présentant comme un ennemi tout puissant capable de liquider celui qui se soulève. À chaque action armée de notre Organisation, le gouvernement a essayé de répondre en arrêtant des centaines de personnes et lorsque par hasard un de nos guérilleros est arrêté, il s’empresse de présenter le fait comme une conséquence de l’action. Ainsi prétendaient-ils renforcer l’idée d’impuissance totale pour transformer l’ordre établi ; ce qui selon eux aurait pour conséquence l’acceptation par le peuple de leur idéologie et un refus de la lutte armée révolutionnaire.

     Un nombre toujours plus grand de personnes voit la guérilla avec symphatie non seulement parce qu’ils voient en elle un groupe qui veut servir les intérêts du peuple et qui a déclaré la guerre à l’ennemi, mais parce que principalement ils voient le lien directe entre leur propre avenir et celui de la guérilla. Les actions armées ne sont rien d’autre qu’un reflet d’une partie des forces du peuple, qui poussent celui-ci à jouer un rôle actif dans le but de garantir leur propre avenir et la victoire de la lutte dans laquelle il est engagé. Arrivé à ce point, l’appareil répressif du régime devient un vieux machin oxydé et la terreur et la répression ne peuvent déjà plus freiner le rapprochement du peuple travailleur et des forces d’avant-garde.

     En conclusion, ce qui est important ce n’est pas qu’au cours de l’année écoulée la police n’ait pas arrêté un seul de nos combattants. Ce qui est important c’est que l’activité armée révolutionnaire que développent les G.R.A.P.O. ait augmenté, et que malgré les arrestations qui pourraient se produire, notre activité ne pourra jamais être paralysée.

 

     Comment voyez-vous la situation du mouvement de masses et du mouvement de résistance organisé contre le fascisme ?

     Le mouvement de masses de résistance au régime se trouve dans une phase de grand développement. Il suffit d’observer l’augmentation continuelle du boycottage populaire aux farces électorales, les vagues de luttes qui se développent face à chaque mesure ou plans que le régime essaye d’imposer et contre toute sa politique ; il suffit de voir les méthodes de lutte et les formes d’organisation si efficaces et démocratiques qui se développent depuis longtemps. Le régime se trouve acculé par ce mouvement, c’est qu’il se développe en rupture et en contradiction avec les partis et syndicats vendus au regime et que, depuis longtemps, tous les éléments avancés qui surgissent de leur sein s’organisent en marge et hors de Ieur contrôle.

     Ce mouvement constitue la base du mouvement organisé de résistance et tous deux se complètent mutuellement. La consolidation et l’extension dont jouissent les organisations populaires est en rapport direct avec le développement du mouvement de masses.

     Au sein du mouvement organisé de résistance, il y a encore des problèmes non-résolus, comme celui de l’unité ou celui de l’organisation, mais dans la lutte et avec le temps, ces problèmes se résoudront. Actuellement, ce sont les aspects politiques qui prévalent.

 

     La lutte armée contre le fascisme se développe aussi. Ces derniers temps, en particulier dans les nationalités opprimées, des groupes qui defendent la lutte armée ont fait leur apparition. Qu'en pensez-vous de l’unité des organisations armées populaires ?

     Notre Organisation travaille au développement et à l’unification du mouvement de résistance contre le fascisme et, au niveau des masses, il existe une coordination et une coopération toujours plus importantes entre les différents secteurs et leurs organisations.

     Mais au niveau des organisations armées populaires, c’est plus difficile, car chacune possède ses structures et sa ligne politique qui ne coincident pas toujours, bien que dans la plupart des cas, ce qui nous lie est plus important que ce qui nous sépare.

     Les G.R.A.P.O. ont toujours prêté un soutien désintéressé aux organisations antifascistes et nous avons essayé d’avoir avec elles un certain type de rapports ou de coordinations, mais cela n’a pas toujours été possible. C’est la pratique qui nous a convaincu que se sera dans la lutte que l’on commencera à voir cette coordination, ces rapports, cette unité.

 

     Au cours de ces derniers mois les actions armées des G.R.A.P.O. ont embrassé des objectifs très variés. Quel caractère ont eu ces actions ?

     Depuis qu’elle a assumé le Programme des Cinq Points, notre organisation lutte pour imposer au régime ce programme qui synthétise les aspirations et revendications les plus ressenties par les peuples opprimés par l’État fasciste Espagnol. C’est pour cela que notre activité principale est dirigée contre des objectifs en rapport avec le Programme des Cinq Points.

     Les G.R.A.P.O. ont en plus réalisé des actions de solidarité avec l’héroïque lutte du peuple palestinien, contre les impôts, en solidarité avec les travailleurs des chantiers navals de Gijon ; les actions de récupération d’armes et les expropriations économiques et techniques étant complémentaires de la lutte pour ce programme.

 

     Votre lutte se développe dans des conditions de répression brutale et cela vous oblige à vous organiser dans la clandestinité et à adopter continuellement des mesures de securité. Pour cette raison, il y a des antifascistes qui sont prêts à prendre les armes ou à vous soutenir mais qui ne reussissent pas à trouver le moyen d’arriver à vous...

     Oui, peut-être, mais celui qui veut trouver et soutenir notre Organisation arrive à le faire. Il est évident qu’étant donné les conditions dans lesquelles se développe la lutte, nous sommes obligés de réaliser un travail de sélection avec les nouveaux militants. Cela diminue nos forces, mais les rend plus sûres et plus efficaces. Quant aux difficultés pour établir un contact c’est un problème qu’il est difficile de résoudre, car, bien sûr, tout le monde n’a pas la possibilité d’arriver directement à l’Organisation. Or, dans ces choses-là, la hâte n’est pas une bonne chose et tout futur militant doit passer par une période de mise à l’éprouve et, le fait de soutenir le mouvement du dehors peut servir de rôdage.

 

     Bien, mais concrètement que peut faire un antifasciste qui voudrait soutenir la lutte armée ?

     Il peut faire beaucoup de choses : divulguer nos consignes par des bombages, pancartes, reproduire nos communiqués et les diffuser, etc. ; recueillir les informations sur toutes sortes d’objectifs en rapport avec le chômage (plan détaillés des usines où l’on prétend licencier des travailleurs, endroit où l’on enmagazine les stocks, domiciles des employeurs et des chefs d’entreprises, propriétés de ceux-ci...), avec la répression (domicile dos policiers, des confidents, des mouvements des forces de répression, emplacement des casernes et des commissariats et formes possibles de les attaquer...), avec l’O.T.A.N. (plans d’installations militaires étrangères, domicile et mouvement de conseillers militaires, ambassadeurs et consuls, intérêts économiques des puissances impérialistes dans notre pays, système de communication et approvisionnement des bases...) ; informations sur les personnes et les institutions de l’État fasciste, sur les marchands d’armes, les endroits où il y a de l’argent en abondance...

     Ces informations il faut les travailler et les compléter avec le maximum de détails et les passer immédiatement à l’Organisation ; au cas où cela ne serait pas possible, elles doivent être stockées dans un endroit sûr, accumulées en secret jusqu’à ce que cela puisse se faire.

     Ces personnes doivent en plus s’incorporer au mouvement populaire et participer à la lutte pour les objectifs populaires en démontrant, par leur comportement exemplaire et désintéressé, qu’elles sont au service du peuple et qu’elles luttent pour ses intérêts.

 

     Revenant sur le thème des actions, pourriez-vous nous expliquer la signification que vous donnez aux actions contre les forces de répression et, en particulier, celle du 26 avril à Barcelone.

     Cette action a été réalisée en riposte à la campagne de répression déclanchée par le gouvernement qui prenait pour prétexte les actions réalisées par E.T.A.(militaire). À cette époque, la plupart des villes subissaient les agissements de la police qui fouillait massivement les voitures, les logements, bus, trains, en déployent des contrôles sur toutes les routes et dans les centres importants du pays. Avec cela ils prétendaient semer la panique parmi le peuple, alors que dans les prisons les mesures d’extermination contre les prisonniers politiques recommençaient. Ce sont ces conditions qui ont rendu nécessaire un avertissement et celui-ci a porté ses fruits ; deux jours plus tard, il n’y avait plus un contrôle. La réalisation de l’action fut parfaite. Malgré le risque (étant donné l’état d’alerte totale et la mobilisation dans laquelle se trouvaient les forces répressives) nos combattants firent preuve d’une grande bravoure, de valeur et d’astuce et ils ridiculisèrent tout le dispositif mis en place 15 secondes après.

     En ce qui concerne les actions contre les forces de répression en général, notre position est claire. Tant que le gouvernement n’arrêtera pas de réprimer le peuple, notre Organisation continuera à frapper ses forces de répression. Les policiers, les geôliers, etc., en sont les piliers fondamentaux, ces forces forment la base sur laquelle s’appuye le régime. Ce sont eux qui tabassent les travailleurs, qui torturent les prisonniers, et qui assassinent tous les jours ; ces professionnels du crime et de la répression sont aussi ceux qui protègent leurs chefs sanguinaires. Sans ces mercenaires, l’oligarchie ne serait qu’un petit groupuscule de lâches. Les chefs et hauts gradés des forces de répression sont évidemment autant d’objectifs pour les G.R.A.P.O.

     Avant de réaliser une exécution, même s’il s’agit d’un mercenaire, nous étudions l’action et ensuite nous agissons sans ménagements. Si les policiers refusaient de torturer, de réprimer les manifestations, s’ils n’assassinaient pas les travailleurs ou les antifascistes, s’il dénonçaient les chefs qui les commandent, etc..., nous n’agirions pas contre eux, mais contre leurs chefs. D’ici là, et dans la situation actuelle, notre Organisation ripostera à tout assassinat ou escalade répressive.

Gaceta Roja, no 117,
Octobre 1982.

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COMMUNIQUÉ DE CESSEZ-LE-FEU DES G.R.A.P.O.

     À la classe ouvrière, à tous les travailleurs, aux peuples des nationalités opprimées par l’État fasciste espagnol :

     La grave crise politique, sociale et économique que subit le régime, harcelé par la résistance populaire et la guérilla, a obligé l’oligarchie financière et les autres castes réactionnaires à utiliser la carte du P.S.O.E. afin de contenir la poussée révolutionnaire des masses. Leur isolement ne leur a pas laissé d’autre issue que celle de faire des concessions au peuple, mais, en masquant que c’est le peuple qui les impose. L’abstention, passée sous silence, de plusieurs millions d’électeurs des classes travailleuses, menée au milieu d’un énorme tapage propagandistique en faveur de la participation, la manipulation des données électorales, et le fait qu’une partie des masses populaires aient accordé leur soutien conditionnel au P.S.O.E. dans l’espoir que de réels changements se produisent, ne laissent aucun doute quant aux exigeances et aux désirs du peuple qui veut améliorer ses conditions de vie et en finir une fois pour toutes avec le régime fasciste dominant. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la victoire électorale du P.S.O.E., favorisée par le grand capital lui-même.

     À la différence du P.S.O.E. de la période républicaine, l’actuel P.S.O.E. n’est plus que le gestionnaire des intérêts de l’oligarchie penchant vers des réformes plutôt que de tout perdre. Le P.S.O.E. ne pourra réaliser aucun changement sans la permission de ses maîtres, à moins que la classe ouvrière ne l’oblige à le faire. C’est seulement la lutte ferme et résolue qui pourra faire reculer le régime des monopoles, imposer des réformes bénéfiques pour le peuple et obtenir un régime vraiment démocratique et populaire.

     Nous, G.R.A.P.O., avons toujours été et serons toujours en faveur des réformes qui sont favorables aux masses, car ce sont de véritables conquêtes arrachées aux prix d’une lutte sans concessions et acharnée, jalonnée d’efforts et de sacrifices. Depuis des années nous proposons un Programme Minimum en Cinq Points comme proposition pour un cessez-le-feu. Celui-ci recueille principalement les aspirations les plus immédiates et les plus ressenties par les masses populaires et qui se résument dans les points suivants :

     1. Amnistie totale, abrogation de toutes les lois répressives.

     2. Épuration des institutions de l’État et forces de répression, de leurs éléments fascistes.

     3. Du pain et du travail pour tous. Non au chômage et à la misère du peuple.

     4. Sortie de l’O.T.A.N., non aux bases yankees dans notre pays.

     5. Libertés politiques et syndicales. Dissolution du Parlement fasciste. Célébration de nouvelles élections et élaboration d’une Constitution véritablement démocratique. Droit à l’autodetermination pour la Galice, Euskadi et la Catalogne.

     Si les dirigeants du P.S.O.E., et très bientôt ceux du gouvernement, sont prêts comme ils le disent à faire sortir l’Espagne de l’O.T.A.N., s’ils sont ouverts au dialogue avec les Organisations de guérilla, s’ils sont décidés à épurer l’appareil de l’État de leurs éléments fascistes et tortionnaires, s’ils interdisent la torture dans les commissariats, casernes et prisons, s’ils sont prêts à remettre en liberté les prisonniers politiques antifascistes, à abroger toutes les lois répressives, à améliorer les conditions de vie des masses, à donner une solution démocratique aux aspirations des peuples des nationalités opprimées par l’État fasciste Espagnol, en un mot, à rétablir un régime de véritables libertés politiques et syndicales, notre Organisation armée populaire est décidée à procéder à un cessez-le-feu indéfini et à se dissoudre.

     Preuve de notre disposition au dialogue et pour faciliter la mise en pratique des revendications populaires, nous, G.R.A.P.O., initions à partir d’aujourd’hui même une trêve temporaire dans notre activité de guérilla, trêve qui sera rompue si les forces de répression mènent une escalade criminelle contre le peuple ou les organisations antifascistes ou s’ils passent outre les exigeances des masses populaires.

     À partir de maintenant nous lançons un appel à tout le peuple. aux gestoras pro-amnistie, à toutes les organisations et partis politiques démocratiques afin de lutter pour la libération des prisonniers politiques et pour la conquête du Programme en Cinq Points.

     POUR L’AMNISTIE TOTALE ! ! À NOËL TOUS À LA MAISON ! !

     POUR L’ABROGATION DE TOUTES LES LOIS RÉPRESSIVES ! !

     ÉPURATION ET CHÂTIMENT DES PUTCHISTES ET TORTIONNAIRES ! !

     POUR LE RÉTABLISSEMENT D’AUTHENTIQUES LIBERTÉS ! !

     LIBERTÉ OU MORT ! ! NOUS VAINCRONS ! !

Novembre 1982

G.R.A.P.O.

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DE VÉRITABLES CHANGEMENTS OU GUERRE RÉVOLUTIONNAIRE OUVERTE

 

     C’est au milieu de la crise et de la décomposition du régime et des partis réformistes que s’est tenue la farce électorale du 28 octobre. La victoire du P.S.O.E. n’a surpris personne. Les masses exigeant des changements politiques, économiques et sociaux radicaux, et l’offensive continuelle de la résistance guérillera ont conduit le régime à une situation d’isolement total.

 

Face à une telle faiblesse, l’oligarchie monopoliste a été obligée d’utiliser la carte du P.S.O.E., qu’ils gardaient en réserve depuis longtemps, afin de masquer leur recul devant la résistance populaire et pour pouvoir ainsi contenir le mouvement révolutionnaire.

     L’oligarchie financière à investi des milliards de pesètes dans la campagne électorale du P.S.O.E. et dans celle en faveur de la participation à la farce. Tous les médias ont été à sa disposition, sans limite, pour diffuser leurs promesses de changement. Dans ces conditions, le fait qu’il ait eu un pourcentage d’abstention de plusieurs millions d’électeurs est très important alors que partout, des partis —avec les Tejero et Blas Pinar — depuis les chaires en passant par tous les bureaux de l’administration, tous ont appelé à oter, sans oublier les manipulations en tout genre qui ont été employées pour réduire le pourcentage d’abstention et gonfler les résultats. Pour notre Parti, le boycottage de 6 millions d’électeurs, appartenant aux masses travailleuses, a une grande valeur, de par la signification du boycottage conscient et du refus radical des manœuvres fascistes réformistes.

     D’autre part, il faut tenir compte du fait qu’une partie de la classe ouvrière et du peuple ont accordé leur soutien conditionnel au P.S.O.E. dans l’espoir d’obtenir des améliorations immédiates dans leurs conditions de vie et que des réformes soient réalisées pour en finir avec le régime fasciste représenté par l’U.C.D.

     Avant la mascarade du 28 octobre, l’oligarchie a brûlé sa dernière cartouche. Maintenant, si elle veut empêcher que cette cartouche allume la flamme de la révolution, elle devra céder devant la poussée révolutionnaire et admettre les exigeances populaires de véritables changements. C’est ainsi que se pose la question. La classe ouvrière et les masses populaires ne se sont pas laissées tromper et, avec leur avant-garde, elles vont lutter sans cesse jusqu’à l’obtention de leurs revendications les plus immédiates et les plus urgentes synthétisées dans le Programme des Cinq Points.

 

Le P.S.O.E. actuel est un parti au service du grand capital.

     Le P.S.O.E. est un parti fabriqué à la mesure de l’oligarchie fasciste et du capital des grandes multinationales. Il a surgit du jour au lendemain. À la différence du P.S.O.E. historique, qui a eu une origine ouvrière et populaire, il manque à celui d’aujourd’hui une base sociale stable et il a surgi inféodé aux intérêts de I’oligarchie financière pour servir de pièce de rechange face à n’importe quelle situation difficile, pour être utilisée comme pompier de la révolution.

     Le rôle qu’il devra maintenant jouer est celui de contenir, avec quelques réformes et beaucoup de promesses, le mouvement révolutionnaire et cacher la défaite subie par le régime face à la guérilla et à la résistance ouvrière et populaire. S’il est vrai que dans le domaine politique le P.S.O.E. pourra mener à bien quelques réformes dans l’appareil de l’État fasciste, réformes qui n’affecteront pas le pouvoir politique et économique du grand capital — et qui en fait ont déjà été considérées comme inévitables par l’oligarchie financière, l’Armée et l’Église —, il n’en va pas de même sur le plan économique.

     Avec le P.S.O.E. au gouvernement, les sacrifices qu’on va imposer aux masses travailleuses seront encore plus grands. Plus de chômage, plus d’impôts, plus de misère et d’exploitation pour les capitalistes, véritables maîtres du pouvoir, qui puissent faire face à la crise économique. Dans ces conditions d’aggravation de la vie des masses et de désenchantement devant les promesses inaccomplies, une période de lutte de classes va s’ouvrir en Espagne, au cours de laquelle le mouvement révolutionnaire des masses acquierra de grandes proportions. Dans cette période, ce qui va occuper toute l’attention des masses ne sera pas la lutte pour telle ou telle réforme, mais la lutte pour la prise du pouvoir et l’expropriation des grands capitalistes, comme solution définitive de toutes leurs misères et leurs souffrances.

     Le peu de marge de manœuvre de la bourgeoisie pour contenir le mouvement de résistance se mesure au fait que sans de véritables réformes, sans de réelles concessions au mouvement de résistance, en peu de temps, la « victoire » du P.S.O.E., la consolidation supposée de la monarchie franco-bourbonique s’écrouleront comme un château de cartes sous le premier souffle du mouvement de résistance. Le temps des illusions réformistes est déjà révolu. Les masses en ont assez des paroles et elles exigent des changements radicaux.

 

Le régime a subi une grave défaite.

     L’escalade terroriste du gouvernement de Calvo Sotelo et Roson pour paralyser la résistance ouvrière et populaire, et essayer d’achever la guérilla, a subi un échec retentissant. Le mouvement de résistance a fait face à toutes les tentatives du gouvernement pour faire appliquer le programme d’exploitation de la classe ouvrière et du peuple. Les plans de réorganisation et de licenciement en masse, ont dû être gelés devant la résistance croissante de la classe ouvrière. Il s’est produit la même chose avec d’autres projets anti-populaires face auxquels les masses travailleuses ont fait preuve d’une opposition tenace.

     D’autre part, les contradictions internes entre les différentes castes de l’oligarchie n’ont pas cessé de s’accentuer. Les concessions du gouvernement de Calvo Sotelo au secteur le plus noir et réactionnaire n’ont pas servi à calmer les divergences de famille. Les tentatives de putch se sont répétées avec la circonstance aggravante qu’elles menacent les intérêts et les plans d’une grande partie de secteurs oligarchiques qui ne sont pas disposés à accepter les solutions putchistes. Face à cette situation, devant la poussée de la résistance populaire, il ne reste plus au secteur de l’oligarchie prêt à continuer avec les réformes plutôt que de tout risquer qu’à mettre au pas le secteur le plus récalcitrant.

     Il ne fait aucun doute que la guérilla a été et continue à être, la principale raison des querelles au soin de la classe dominant. Y mettre fin a été le plus grand souci des gouvernements précédents. Et c’est néanmoins dans ce domaine que l’échec de l’oligarchie a été le plus retentissant.

     Une fois de plus, la guérilla a accompli son rôle de fer de lance du mouvement de résistance. Les actions armées de ces derniers mois ont servi pour donner le coup de grâce aux plans antiterroristes du gouvernement et à ses illusions d’en finir avec le mouvement politique de résistance.

     Après 7 ans de lutte infatigable et sans concession dans le cas des G.R.A.P.O. et depuis beaucoup plus longtemps dans le cas d’E.T.A., non seulement la guérilla n’a pas été mise en échec, ce qui déjà, représente une victoire politique, militaire et morale, dont les résultats ne tarderont pas à porter leurs fruits, mais encore elle s’est développée et s’est enracinée dans les masses. C’est de là que vient son développement et sa force. Sans cela, la guérilla auraient été anéantie depuis longtemps. L’oligarchie et le gouvernement socialiste devront tenir compte de ce fait très important. Toute solution, pour que les armes des organisations de guérilla se taisent et pour réussir la paix sociale dont ils ont tant besoin, devra passer par l’établissement d’un régime démocratique et la satisfaction des exigences populaires.

 

La lutte doit continuer jusqu’à la conquête de chacun des points du Programme en Cinq Points.

     C’est seulement lorsque l’oligarchie s’est vue profondément isolée et encerclée et avec face à elle un puissant mouvement de résistance, seulement lorsqu’elle entrevoit la fin de son existance, qu’elle cède sur quelque chose. C’est ainsi qu’elle a toujours esquivé la tempête et c’est ce qu’elle prétend faire maintenant. Son intention est de ne pas s’effondrer définitivement et, pour cela, elle doit changer quelque chose, le minimum, et présenter ce changement comme une initiative à elle et non comme le résultat de longues années de lutte et de sacrifices de la classe ouvrière et des masses populaires. Telle a toujours été leur politique ; donner quelque chose pour reprendre le maximum. C’est pour cela, et malgré le fait qu’ils aient besoin de ce changement qui leur permettra de rétablir pour quelque temps une certaine paix sociale et ainsi d’imposer leurs plans de surexploitation qu’ils résistent encore à les aborder à fond et qu’ils tenteront de réduire au minimum ces améliorations.

     Il est donc très important qu’aucun type d’illusions ne se créent dans les rangs populaires. Le peuple et son avant-garde ont intérêt à la conquête de véritables réformes mais, à la différence des castes réactionnaires, les difficultés et les pénalités de la lutte ne nous font pas peur. Nous n’avons rien à perdre, mais bien un avenir lumineux à gagner, et nous ne cesserons jamais de lutter jusqu’à l’obtention de ces améliorations. C’est la bourgeoisie qui, par contre, a beaucoup à perdre, elle va perdre des siècles de privilèges, son rôle dominant dans l’histoire. C’est pour ça qu’elle se débat devant son recul historique face aux forces progressistes en essor. Et il en sera ainsi jusqu’à sa disparition définitive de l’histoire.

     Il est de notre devoir de poursuivre fermement la lutte de résistance, et cela jusqu’à ce que tous les prisonniers antifascistes, sans exception, soient libérés, jusqu’à ce que notre pays sorte de l’O.T.A.N., jusqu’à ce que les conditions de vie du peuple s’améliorent véritablement, qu’on interdise la torture ; jusqu’à ce que les organismes de l’État, de l’Armée et de la police soient épurés de leurs éléments fascistes et tortionnaires, jusqu’à ce que soit concédé aux nationalités opprimées leur droit à l’autodétermination, et que soit établi un régime d’authentiques libertés politiques et syndicales.

 

« À Noël tous à la maison ! »

     C’est sous ce mot d’ordre que la lutte populaire doit continuer sans trêve. Conquérir aujourd’hui le Programme des Cinq Points signifie avancer dans la conquête de la République Populaire des Travailleurs, et l’implantation du socialisme et du communisme dans notre pays.

     Le moment est très favorable et c’est pourquoi il faut faire pression au maximum pour que les promesses faites par les socialistes dans leur campagne deviennent réalité. Ne cessons pas notre effort ! !

     POUR LA LIBÉRATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES ! !

     À NOËL TOUS À LA MAISON ! !

     INTENSIFIONS LA LUTTE POUR LA CONQUÊTE DU PROGRAMME DES CINQ POINTS ! !

Gaceta Roja, no 118,
Novembre 1982

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ENTREVUE AVEC LES G.R.A.P.O. APRÈS LES ÉLECTIONS

 

     Qu’a représenté pour vos objectifs et votre activité de guérilla votre dernière campagne ?

     Pour nous, cette campagne était très importante. Elle avait pour objectif politique fondamental de renforcer la résistance populaire et le boycottage de la farce électorale. Sur le plan militaire, elle a représenté la consolidation de l’initiative que nous avions commencé à reprendre au cours de ces derniers mois. Des effectifs importants ont été mis en action et notre opérativité dans différentes régions a été renforcée.

     D’autre part, la campagne a été centrée sur la propagande armée afin de mettre en garde le gouvernement et l’oligarchie : au cas où ils n’accéderaient pas aux revendications populaires contenues dans le Programme des Cinq Points, nous recommencerons, de façon échelonnée, à frapper l’appareil de l’État aux points les plus sensibles. Nous sommes en condition de le faire et nous y sommes prêts.

 

     On ne peut cependant pas dire que le gouvernement ait accédé à aucune de vos positions ni qu’il ait exprimé l’intention de le faire.

     Il est vrai que le gouvernement de U.C.D. n’a pas prouvé effectivement son intention d’essayer de donner une solution politique au problème de ce qu’eux appellent le terrorisme. De toutes façons nous croyons, ou du moins nous espérons, qu’en cédant la place au P.S.O.E. (qui en réalité est un parti derrière lequel se trouve l’oligarchie) ils ont ouvert la voie à certaines réformes politiques face à la grave situation dans laquelle ils se trouvent, tout en essayant de masquer que c’est la résistance populaire et la guérilla qui les obligent à reculer.

 

     Si l’on élargit et concrétise un peu plus votre exposition antérieure sur la farce electorale, comment en analysez-vous les résultats ?

     Sur le plan de la pratique nous pouvons dire que l’expérience a été très positive parce qu’en plus des actions d’envergure des 29 septembre et 17 octobre, que les mass média n’ont pu passer sous silence, nos combattants ont réalisé des actions de sabotage pour soutenir plusieurs luttes ouvrières importantes.

     Dans tout le pays, nous avons réalisé un vaste travail sur le plan de la propagande en distribuant des milliers de communiqués, en plaçant des pancartes et des drapeaux de la République Populaire, en lançant des appels au boycottage au moyen de haut-parleurs. Nous avons réalisé toute cette activité en conservant intactes nos forces, ce qu’il est important de signaler, étant donné le vaste déploiement policier que nous avons dû affronter.

     Quant aux résultats politiques, nous pensons qu’ils sont également positifs. Il y a eu un boycottage important et très conscient, ce qui prouve le degré élevé de conscientisation politique du secteur populaire qui l’a pratiqué, en ayant dû affronter la démagogie et la pression gigantesque qu’ont exercés tous les mass médias et les moyens de propagande, protagonisant la participation. Les 20 % de boycottage reconnu officiellement représentent six millions de personnes. Rends-toi bien compte, ceci situe le boycottage comme deuxième force politique, six millions de personnes pour qui le vote n’est pas une solution à leurs problèmes, mais bien la lutte décidée et conséquente. C’est là une grande victoire pour le mouvement révolutionnaire.

 

     En quelques mots, pourriez-vous nous expliquer votre analyse du résultat des élections ?

     Premièrement, ce qui doit être bien clair c’est que le P.S.O.E. est un parti placé par l’oligarchie à la tête du gouvernement à un moment où il se trouve plongé dans une crise grave ; s’ils ont opté pour cette solution, c’est parce qu’ils se trouvent acculés par le mouvement de résistance et par l’activité de la guérilla, ce qui ne leur a laissé qu’une seule possibilité, celle de faire des concessions au mouvement de résistance populaire. C’est ça ou creuser leur tombe.

     D’autre part, nous ne perdons pas de vue le fait que le P.S.O.E. a reçu le soutien d’un secteur du peuple, mais c’est un soutien conditionné au fait qu’il y ait de véritables changements dans la situation. Ces deux facteurs, avec le vaste boycottage dont nous parlions plus haut, ouvrent de très bonnes perspectives pour que ces changements se produisent.

 

     Ainsi donc nous pouvons dire que vous considerez que le régime devra faire marche arrière. De toute façon, comment voyez-vous l’avenir du mouvement révolutionnaire ?

     Prenons les choses les unes après les autres. Nous n’avons confiance que dans le peuple et dans sa lutte car ce sont eux qui, en définitive, ont placé le régime dans cette situation. C’est pour cela que nous avons de bonnes raisons d’être confiants dans la victoire.

     Si le régime ne profite pas de la période actuelle pour accéder aux revendications populaires, il ne fera qu’aggraver plus encore sa situation et il mènera le pays à une guerre civile ouverte. Tôt ou tard ils devront reculer. S’ils le font maintenant, ils gagneront sans aucun doute un certain répit, si non, tant pis pour eux.

 

     Votre évaluation de la situation politique vous a conduit, à décréter une trêve temporaire dans votre activité militaire. Pourquoi ? Ne pensez-vous pas que cela puisse être interprété comme un abandon de la lutte armée ?

     Depuis 5 ans nous proposons un cessez-le-feu et même l’autodissolution des G.R.A.P.O. si le régime accède aux revendications populaires contenues dans le Programme en Cinq Points. Personne n’est plus intéressé que notre peuple et nous-mêmes à lutter et à défendre les intérêts populaires de façon pacifique. Mais il est clair que les conditions qui le permettraient ne sont pas encore réunies. Il n’y a, par conséquent, aucune raison d’abandonner la voie de la résistance armée.

     La trêve que nous avons décidée ne peut avoir qu’une seule interprétation, et ceci doit être bien clair. Nous avons ainsi exprimé notre désir et notre bonne volonté de ne pas gêner le nouveau gouvernement dans la mise en pratique immédiate des mesures nécessaires pour donner une solution aux graves problèmes des masses populaires. Voilà ce qui va déterminer la durée de notre trêve. Si le nouveau gouvernement ne présente pas de clairs symptômes de vouloir introduire de véritables réformes ou si les forces de répression commettent des abus, nous romperions immédiatement la trêve. Les difficultés de la lutte ne nous ont jamais fait peur et nous sommes prêts à les affronter.

 

     Quelle importance donnez-vous dans le contexte actuel à la libération des prisonniers politiques ?

     À notre avis, la lutte pour l’amnistie totale doit être l’axe central de l’activité et de la lutte populaire actuellement. Pourquoi ? Figure-toi combien il serait absurde de parler de libertés politiques lorsqu’il y a un millier de prisonniers politiques qui sont enfermés précisément pour avoir lutté de la seule façon possible pour ces libertés. Ce serait une énorme contradiction. Pour cette raison, la libération des prisonniers doit être le premier point à résoudre pour le nouveau gouvernement. La façon selon laquelle le gouvernement socialiste affrontera ce problème nous permettra de connaître ses véritables intentions.

Gaceta Roja, no 118,
Novembre 1982

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DÉCLARATION POLITIQUE DE MARINA DA SILVA AU PROCÈS D’APPEL

(Mars 1983)

     Je voudrais d’abord préciser que j’ai fait appel car je n’accepte pas cette condamnation et que je ne vous reconnais pas le droit de me juger.

     Si je me suis ensuite désistée, c’est parce qu’elle m’est tout simplement apparue dans l’ordre des choses par vous établi. Ordre que je vérifie actuellement à partir de la prison où je suis détenue lorsque votre justice de classe s’exerce en encageant des femmes alors que c’est votre système d’exploitation qui sème la misère, le chômage et la prostitution.

     Et que vous récoltez la colère et la rébellion.

     Je n’ai pas l’intention de revenir sur les faits. Ils sont simples. En première instance votre tribunal s’est acharné à réduire mon argumentation pour démontrer que j’étais coupable. Coupable de quoi ? Alors que j’ai purement et simplement été prise en otage à la suite d’une action militante.

     Inutile de chercher à savoir si j’ai participé où pas à la destruction du musée de la légion d’honneur puisque vous m’avez jugèe à l’« intime conviction », jugeant ainsi non pas les faits, mais mon engagement politique.

     Je ne suis pas là pour m’en étonner et encore moins pour m’en indigner.

     Lorsque vos tribunaux relâchent des assassins, quand ils sont flics, vigiles, légionnaires ou douaniers, alors qu’ils font tomber des années de béton sur les couches les plus exploitées et les plus défavorisées de la population, lorsque le racisme et le sexisme viennent étoffer vos condamnations de classe, je ne vais pas m’en étonner puisque ce n’est jamais les faits — supposés ou réels — que vous jugez, mais ce qui en est à l’origine.

     Les lois sont donc seulement les vôtres, manipulables à volonté, pour en dernier ressort n’exprimer que votre domination de classe.

     Vous me jugez donc ici parce que je suis une femme et communiste.

     C’est en tant que femme et communiste, parce que je lutte pour ma propre libération et pour celle de tous, que je fais entièrement mienne l’attaque portée contre le musée de la légion d’honneur.

     Je vous épargnerai le réquisitoire contre ce symbole de barbarie colonialiste et impérialiste que représente pour moi le musée de la légion d’honneur. Pour que ce ne soit pas totalement inutile il faudrait admettre que vous mêmes ne soyiez pas postulants à ces décorations qui n’honorent que vous... Et puis, ce n’est qu’un symbole. Je me contenterai donc de dire que, lorsque je vous vois ôter au criminel-contre-le-peuple qu’est Bokassa sa nationalité française, pour lui laisser sa petite médaille d’honneur française, cela me fait sourire... Cette attribution à d’aussi notoires bouchers — et le nombre ne manque pas — est une illustration suffisante de votre « moralité ». Elle contre à elle seule le discours mensonger et chauvin que va se faire le plaisir de développer tout à l’heure l’avocat de la partie civile.

     Nous n’avons pas le même langage.

     Vous avez celui des oppresseurs. Celui qui qualifie de criminalité la révolte, de terrorisme le combat. Celui qui qualifie de seuil-de-tolérance-dépassée la déportation des travailleurs immigrés, après en avoir pressé la force de travail. Celui qui qualifie de légitime défense et de sécurité, l’ivrognerie, la parano, la haine.

     Vous avez enfin le langage de ceux qui ont massacré et torturé (avec la bénédiction de la légion d’honneur) en Algérie, à Madagasçar, en Indochine. Et qui aujourd’hui, dans la même continuité, torturent et massacrent au Liban et au Tchad.

     Je voudrais donc simplement insister sur le sens de cette action. D’abord dire que faisant partie du Collectif de Libération de Frédéric Oriach, cela explique que j’ai eu ce brouillon en ma possession. Ce Collectif est un collectif anti-impérialiste. Et plus spécifiquement, un collectif anti-sioniste et pro-palestinien. À ce titre, il appuie la Lutte des peuples libanais et palestinien, popularise les actions de résistance, qu’elles soient menées au Liban, aux États-Unis ou en Europe. Donc en France. Particulièrement en France, puisque nous affirmons que la guerre menée là-bas nous concerne ici directement. Qu’elle est rendue possible du fait que l’indifférence et la passivité ici rechargent les armes des troupes de choc du gouvernement français. Je m’étais donc engagée à rendre publique ce communiqué. Pour ce qu’il porte de la nécessité du combat anti-impérialiste. Ici et maintenant.

     En tant que femme et communiste, je dis que nous sommes en guerre aujourd’hui. La France est en guerre dans tous les conflits où elle est ouvertement engagée : Afrique, Moyen-Orient... Et plus largement de par sa simple activité de pays impérialiste, participant au fait qu’on prévoit tout simplement 30 millions de morts de faim pour 1984. Qu’on stérilise de force plus de 10 millions de femmes dans les pays dits en voie de développement. Qu’on contamine les populations autochtones à coups d’essais nucléaires dans le Pacifique.

     Je voudrais rappeler quelques chiffres. En tant que pays impérialiste, la France consacre 17 % de son budget national à des seules fins militaires. Le budget militaire des États-Unis dépasse lui de loin les 330 milliards de dollars de la dette étrangère latino-américaine. Quant au budget de la légion d’honneur, il atteint, pour la simple représentation bourgeoise, la modique somme de 127 millions de francs...

     À notre tour de faire les comptes !

     Il y a eu l’an dernier un hold-up chez Cartier, à Nice. On apprend qu’un seul et bête briquet y coutait 100 millions.

     100 millions, c’est 21 ans de salaires à 3.700 F pour un O.S. de chez Citroën (avec le 13e mois !). C’est encore à 150 F/mois, 510 ans pour un travailleur du nord-est brésilien...

     En tant que femme et communiste, je fais simplement partie de tous ceux qui pensent que le spectacle ignoble de millions d’individu(e)s crevant sous l’exploitation, dans un monde qui produit des classes - affaires - pour - faire - voyager - les - valises, une industrie de nourriture de luxe et une autre de produits amaigrissants, pour la jouissance d’un petit nombre de crapules, ne peut pas durer plus longtemps et qu’il faut coute que coute changer ce monde. Combattre pour la révolution communiste.

     On a voulu faire de notre camarade, Frédéric Oriach, un anti-sémite fou furieux, alors que ce que nous voulons c’est la victoire pour la Palestine. C’est la défaite des impérialistes au Liban et aux 4 coins du monde ! Alors que ce que nous affirmons c’est notre anti-sionisme. Que nous combattons toute forme d’apartheid. Et qu’être anti-sioniste c’est mener la lutte contre l’État colon d’Israël, État fasciste, expansionniste et raciste.

     Et nous sommes anti-sionistes, parce que nous sommes communistes.

     J’en profite donc pour réaffirmer mon entière solidarité avec mon frère et camarade, Frédéric Oriach. Pour exiger sa libération comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent et comme je continuerai à le faire.

     Et j’en profite pour lui offrir, ainsi qu’à tous mes camarades, ces quelques phrases :

     « Cette misérable n’a-t-elle pas cent fois déclaré que tous doivent avoir part au banquet de la vie ? Où serait le plaisir de la richesse s’il n’y avait pas à comparer sa position de gorgé à celle des crève-de-faim ? Où serait le plaisir sentiment de la sécurité si on ne comparait pas sa bonne position bien solide à la situation de tous ceux qui traînent dans la misère ?

     « Et c’est une femme encore ! C’est là le comble. Si seulement on pouvait la berner tant soit peu avec l’idée que des femmes obtiendront leurs droits en les demandant aux hommes ! Mais elle a l’infâmie de dire que le sexe fort est tout aussi esclave que le sexe faible, qu’il ne peut donner ce qu’il n’a pas lui-même, et que toutes les inégalités tomberont du même coup quand hommes et femmes donneront pour la lutte décisive.

     « Si cette femme était la seule on dirait : c’est un cas pathologique ! Mais il y en a des milliers, des millions qui se foutent de toute autorité et qui s’en vont jetant le cri des russes : Terre et liberté ! »

     Elles ont été prononcées par Louise Michel. Elles font partie de notre culture.

     Nous vous laissons celle du musée de la légion d’honneur.

 

Marina DA SILVA

Prisonnière Politique 11638AD6E
7, av. des Peupliers

91705 Ste Geneviève des Bois
Le 30/1/84.

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BRIGADES ROUGES :
COMMUNIQUÉ DU PARTI COMMUNISTE COMBATTANT

 

     Le 15 février 1984 un noyau armé de notre organisation a exécuté Ray Leammon Hunt, Directeur Général de la « Force Multinationale d’Observation au Sinaï », constituée pour garantir les accords de Camp David conclus entre l’Egypte et Israël sous le contrôle direct des U.S.A.

     Ce porc pouvait se vanter d’une longue « expérience » dans le sale boulot que les inpérialistes yankee dévelloppent quotidiennement partout dans le monde. Son curriculum vitæ en témoigne d’une manière éloquente : de Jérusalem à la Turquie, de Ceylan à l’Éthiopie, du Costa Rica au Liban, il parvient à occuper la charge de vice-assistant de Kissinger en 1974. En 1976 il est à Beyrouth, et à cette époque, chargé plus particulièrement des questions du Proche-Orient, il accède enfin au poste de Directeur Général d’une force militaire occidentale, directement organisée et financée par les U.S.A.

     Il est de ces « fonctionnaires diligeants », lâchés partout dans le monde pour organiser ces saloperies que l’impérialisme américain commet aux dépens des peuples en lutte pour une réelle auto-détermination et indépendance. Ce sont ces gérants qui sont responsables des pires massacres perpétrés par l’impérialisme, de Tall el-Zaatar à Sabra et Chatila et jusqu’aux coups de canon du New Jersey. Le fait d’avoir mis un terme à l’existence misérable de ce sale larbin de l’impérialisme constitue un honneur pour notre organisation et en même temps un devoir envers le mouvement révolutionnaire international.

     Pourquoi avons nous frappé R.L.H. ? Quelle est la fonction et la signification de la « Force Multinationale d’Observation » (M.F.O.) ?

     La fonction de cette force militaire — et ce n’est pas un hasard si le contingent italien y participe aussi — est celle de garantir la sauvegarde des intérêts américains au Proche-Orient grâce à l’accord entre l’Egypte et Israël soutenu par des milliards de dollars, et au dépens du peuple palestinien. La signification politique est d’une importance remarquable dans l’évolution des relations internationales vers le déclanchement de la guerre entre les deux « blocs », puisque d’un côté elle ratifie formellement, à travers des structures de caractère international apparemment légales, des intérêts et des influences de l’occident et que de l’autre côté elle entame une pratique spécifique qui a trouvé du répondant dans la formation d’une seconde force multinationale — cette fois ci au Liban — qui laisse clairement entrevoir une même continuité dans des régions comme l’Amérique Centrale.

     Camarades, prolétaires,

     L’évolution récente des relations internationales démontre sans équivoque que les plus grandes puissances impérialistes sont en train de s’organiser pour l’affrontement militaire. Les peuples du monde entier assistent à une course menaçante aux armements. nucléaires et conventionnels, que le cynisme effronté des gouvernements bourgeois voudraient justifier à travers des raisons de défense et de sécurité. Les dépenses militaires augmentent de façon évidente dans chaque pays et avec de lourdes retombées pour les conditions de vie des masses : comme si cela ne suffisait pas, c’est le condamné lui-même qui paie les frais de son supplice ! La tension internationale croissante se manifeste toujours plus fréquemment dans ces conflits dit « locaux », où du tout au tout se concentrent et explosent des contradictions qui, bien que propres à un contexte local, s’insèrent de toutes façons dans le cadre général caractérisé par l’opposition profonde des deux plus grands blocs impérialistes.

     Sur cette toile de fond qui traditionnellement précède l’éclatement de la guerre directement entre impérialistes, l’hypocrisie de la bourgeoisie et de ses gouvernements est sans bornes : chaque administration se plaint de l’agressivité de l’autre, chaque « bloc » professe son pacifisme et sa bonne volonté à propos du problème du désarmement et de façon plus générale par rapport à l’orientation de sa propre politique extérieure.

     Dans les faits la réalité est bien différente : la profonde crise économique qui envahit tout le monde capitaliste accroît démesurément la compétition entre les plus grands groupes monopolistes et financiers — et par conséquent également celle entre les États —, l’exigeance de l’élargissement des marchés est sans cesse plus pressante ainsi que le contrôle rigide des matières premières pour une relance générale de la production capitaliste. L’affrontement militaire entre impérialistes s’impose comme la solution obligée, comme le débouché objectif de la crise actuelle qui, se prolongeant depuis le début des années ‘70, a remis en cause les formes d’accumulation réalisées par le capital à l’échelle internationale de la fin de la seconde guerre à aujourd’hui. À vrai dire la bourgeoisie ne peut pas éviter la guerre parce que son système social propre en produit les causes profondes.

     Que les choses soient ainsi on peut le voir en portant notre attention sur l’impuissance progressive de l’O.N.U. face aux très nombreux foyers de guerre et à l’accroissement de la tension internationale dans le monde. Cette organisation, qui devrait représenter la volonté générale des gouvernements des pays membres de s’abstenir de faire la guerre pour résoudre des conflits internationaux, a assisté impuissante, voire même consentante, à la guerre des Malouines, à l’agression israélienne au Liban, à l’occupation yankee de la Grenade. Cette organisation assiste aujourd’hui même, s’amusant à la limite à des « résolutions de condamnation » savamment négociées par des diplomates « langues de bois », aux provocations permanentes de l’administration Reagan à l’égard du Nicaragua, au sale et révoltant boulot des racistes Sud-Africains contre l’Angola et le Mozambique, à l’ingérence des « socialistes » de Mitterand au Tchad, à l’occupation prolongée soviétique en Afghanistan. L’impuissance absolue et grotesque des Nations-Unies est un indice indiscutable de la déterioration des relations internationales qui nous renvoit au souvenir du cadavre de la « Société des Nations », piétiné par Munich, par l’« appeasement » anglo-français et, en dernier lieu, écrasé par le talon nazi-fasciste. On pourrait dire que le dicton fameux qui dit que l’histoire se répète toujours deux fois, la première comme tragédie et la seconde comme farce, est d’actualité.

     Les raisons qui sont à la base de la constitution de la M.F.O. pour le Sinaï sont l’exemple même de la manière dont se manifeste la tendance générale exposée ci-dessus ; on comprend ici d’une manière très significative et qui concerne également de près le prolétariat italien, comment les puissances impérialistes passent tranquillement outre l’O.N.U. quand leurs intérêts sont en jeu et lorsqu’il s’agit d’asséner un coup décisif aux mouvements de libération nationaux et populaires qui se battent contre l’oppression et l’exploitation. La M.F.O. pour le Sinaï est effectivement une force militaire constituée en dehors de l’O.N.U. pour garantir l’application des accords de Camp David de ‘78 qui, comme chacun sait, représentent un coup dur pour la cause palestinienne et plus généralement pour l’opposition à l’impérialisme sioniste. L’effritement du front arabe par la trahison de Sadate, le renforcement du prestige de l’entité sioniste légitimée à poursuivre sa politique bestiale d’annexion des territoires occupés, Cisjordanie et Gaza, la réduction générale de l’influence soviétique au Proche-Orient ne sont seulement que quelque-uns parmi les résultats conquis par les U.S.A. et les sionistes suite à Camp David : ce sont autant de pièces d’une plus grande mosaïque qui préfigurent une réorganisation globale de la zone du Proche-Orient capable d’assurer aux U.S.A. le contrôle complet de cette région vitale, déjà dangereusement remis en cause par la pénétration soviétique en Afghanistan, par l’Iran chiite et par les caractéristiques démocratico-populaires de la révolution palestinienne. En ce sens, il y a une continuité évidente et criminelle entre Camp David et l’opération « Paix en Galilée » de juin ’82. Il existe un lien clair entre la M.F.O. au Sinaï et l’actuelle mieux connue « Force Multinationale de Paix » au Liban, toutes les deux représentantes armées de l’impérialisme occidental, garanties et agents d’un équilibre fonctionnel pour les intérêts stratégiques des U.S.A. et de l’O.T.A.N. au Proche-Orient.

     Malgré l’impressionnante quantité de propagande nauséabonde, la position des gouvernements européens par rapport à cela est très claire : ils sont en première ligne dans la course vers une solution des problèmes du Proche-Orient qui, tout en sauvegardant les relations avec les pays arabes modérés, permet une meilleure exploitation des ressources économiques (en premier lieu énergétique) dans le cadre politique et stratégique garanti manu militari du sionisme. Comment expliquer l’abstention au sein de l’O.N.U. de la France, la Grande-Bretagne, la R.F.A., l’Italie sur le problème de la convocation de la « Conférence Internationale sur la question Palestinienne », sinon comme accord tacite au vote impudent et d’opposition des U.S.A. et d’Israël ? N’est-ce pas un soutien hypocrite et criminel aux infâmies sionistes que cela ? Comment interpréter le soutien français à l’Irak de Sadam Hussein et les énormes contrats militaires allemands avec l’Arabie Saoudite ?

     Et enfin, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne sont-elles ou ne sont-elles pas engagées dans des missions militaires clairement marquées par l’impérialisme ?

     Les puissances impérialistes européennes ne sont évidemment pas neutres au Proche-Orient ; tout au contraire, elles font preuve d’un activisme effréné totalement engagées aux côtés des impérialismes américains et sionistes dans les actions de refoulement de l’influence soviétique et pour faire dégénérer globalement les caractéristiques democratico-populaires du sentiment national palestinien.

     Le gouvernement italien n’est pas neutre, et notre bourgeoisie n’est pas neutre non plus, elle qui au cours d’une seule année, en 1982, a participé à deux missions militaires au Proche-Orient, la M.F.O. au Sinaï et la Force de « Paix » à Beyrouth, et qu’elle a donné l’hospitalité à Rome au Quartier Général de la première. On a bonne mine de se déclarer amis des palestiniens lorsque l’on contribue à garantir l’application des accords de Camp David qui permet l’annexion forcée des terres palestiniennes par les sionistes.

     Le gouvernement italien peut remplir un avion entier d’enfants palestiniens ou leur faire visiter gratuitement notre pays, mais le prolétariat international et les peuples qui luttent contre l’impérialisme savent bien que les troupes italiennes, complices des U.S.A. et des fascistes locaux, piétinent le sol libanais, que les « dragamines » battant pavillon italien font respecter un accord fondé sur la trahison d’un « pharaon » qui a payé de sa vie ses ambitions.

     De la même façon ils savent que sur notre territoire sont installés des missiles à têtes nucléaires dont le premier objectif n’est pas l’Europe de l’Est mais surtout les jeunes nations qui s’opposent aux menées impérialistes occidentales. Le gouvernement italien veut faire de notre pays le gendarme de la méditérannée, il veut augmenter son sale prestige international en étouffant les aspirations légitimes et progressistes des peuples affranchis de la domination coloniale et de ceux qui se battent pour la libération nationale, mais la lutte conjointe du prolétariat italien et des peuples progressistes du monde entier fera échouer ce projet en faisant rebouffer à Craxi et Cie leurs intentions.

     La maturation accélérée de la crise du capitalisme impose aux gouvernements bourgeois des choix de fond et de substance par rapport à leur politique globale.

     La bourgeoisie italienne, particulièrement, se trouve devant une alternative assez nette : une redéfinition de la société dans un sens autoritaire et belliciste en mesure de la maintenir dans le cercle des grandes puissances ou bien une récession graduelle vers le cercle des pays considérés de « série B ».

     Les grands groupes monopolistes et financiers n’ont aucun doute : seule une politique extérieure agressive et une politique intérieure autoritaire sont adéquates à garantir la restructuration et les sauts technologiques dans lesquels est engagée l’économie italienne et dont le coût social signifie des milliers de licenciements, le chomâge et l’augmentation de l’exploitation dans les usines.

     Et les classes dirigeantes ont déjà fait leur choix : « le nouveau rôle de l’italie » dans l’O.T.A.N. et sur l’échiquier méditerranéen, depuis l’installation des missiles à Cosimo jusqu’à l’engagement militaire au Proche-Orient est la réponse brutale à cette question. Spadolini, chef du gouvernement au moment de l’envoi des troupes au 5 mai et à Beyrouth et partisan de l’installation des missiles, préside hautain au ministère de la défense dans le gouvernement Craxi, comme pour symboliser la continuité belliciste qui anime les cabinets des dernières coalitions gouvernenentales.

     La nouvelles de l’approbation au sénat de financements militaires de presque mille milliards de lires, effectuée en dehors du budget de la défense et du financement du contingent au Liban, date d’aujourd’hui et même les fascistes du M.S.I. ont voté pour cette proposition gouvernementale.

     Camarades, Prolétaires,

     Un très large mouvement de masse s’est développé dans notre pays contre les choix bellicistes du gouvernement Craxi ; ce mouvement est animé par la conscience de la nécessité absolue de bloquer la course aux armements et d’arracher des mains d’une poignée de crapules le destin de millions d’hommes et de femmes. De ce point de vue là, il s’agit d’un mouvement qui s’oppose à l’impérialisme et qui lutte pour battre le projet criminel et belliciste de la bourgeoisie impérialiste.

     Cependant il est juste et important d’appuyer de toutes nos forces ainsi que de participer à ce mouvement puisqu’il est nécessaire de clarifier que seul le prolétariat peut vaincre dans la lutte contre la guerre impérialiste, car seule cette classe sociale peut modifier radicalement les mécanismes qui causent la concurence entre les nations jusqu’à la faire déboucher sur la guerre. La lutte contre la guerre impérialiste doit alors se souder à la lutte de la classe ouvrière contre l’exploitation, les licenciements et la politique économique du gouvernement en un unique et solide front prolétarien, conscient de la tâche historique qu’il est appelé à accomplir dans cette conjoncture critique. Nous devons rompre avec une vague vision interclassiste pour conquérir la direction prolétarienne de ce mouvement, l’unique direction capable d’assurer une perspective réelle aux aspirations de paix présentes dans l’énorme majorité du peuple italien.

     Les Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant sont engagées à fond dans ce travail. Notre organisation est en première ligne dans la lutte contre l’impérialisme et le gouvernement Craxi, son représentant.

     Par cette initiative politique les Brigades Rouges s’inscrivent au centre du conflit social en cours dans le pays, interprétant d’une manière claire et sans équivoque les intérêts généraux de la classe prolétarienne.

     En même temps cette initiative politique est un franc-parler, notre parole est celle du prolétariat révolutionnaire par rapport à tous ceux qui voudraient enterrer la politique révolutionnaire au musée des antiquités en demandant ainsi plus facilement pitié aux pieds de la bourgeoisie.

     Devant les mouvements de masse en lutte contre l’impérialisme, devant la mobilisation ouvrière contre le décrêt-piège du gouvernement, produit dégénéré de l’accord du 22 janvier, que sont-elles enfin les larmes de crocodile de quelques « révolutionnaires » d’opérette ? Tous ceux-ci sont en train de rejoindre les poubelles de l’histoire.

     Il est nécessaire d’intensifier la lutte contre le gouvernement, pour le retrait immédiat de toutes les forces italiennes du Proche-Orient, pour le refus des missiles à Comiso, pour faire sortir notre pays de l’O.T.A.N. Il est nécessaire d’étendre la mobilisation de masse et d’avant-garde sur ce programme politique en unité avec la classe ouvrière et ses luttes sous la direction du prolétariat révolutionnaire.

     La toile de fond que le prolétariat international à face à lui est très précise : le capitalisme s’apprête à lui faire payer le prix le plus cher que son système social est obligé de présenter cycliquement aux masses qu’il exploite et opprime : la guerre.

     Mais un grand mot d’ordre unit les exploités :

     TRANSFORMER LA GUERRE IMPÉRIALISTE EN RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE POUR LE COMMUNISME ! ! !

     Dans la maturation accélérée de la crise du capital vers la guerre, une occasion exceptionnelle s’offre au prolétariat international : celle de faire un important pas en avant dans le processus global de la révolution prolétarienne mondiale en conquérant le pouvoir politique dans un ou plusieurs pays capitalistes.

     En particulier, la possibilité de battre la bourgeoisie dans les pays capitalistes avancés est aujourd’hui complètement accessible et ainsi asséner un coup décisif à tout l’impérialisme. Mais pour faire cela, pour ne pas se faire surprendre au dépourvu devant la précipitation des événements, il faut développer l’unité objective de la lutte du prolétariat partout dans le monde par une unité consciente de son avant-garde communiste. Il faut que les communistes de tous les pays s’acheminent résolument vers la construction de la nouvelle INTERNATIONALE COMMUNISTE, fondée RIGOUREUSEMENT SUR LES PRINCIPES DU MARXISME - LÉNINISME.

     Notre organisation est profondément consciente de cela et le considère comme un objectif historique fondamental et incontournable à atteindre pour le Mouvement Communiste International.

     Les Brigades Rouges souhaitent et favorisent par tous les moyens à leur disposition la confrontation militante entre communistes de chaque pays et se posent avec la modestie nécessaire, mais aussi avec une ferme détermination, comme point de référence à ce processus politique essentiel.

     UNITÉ DU PROLÉTARIAT AVEC LES PEUPLES PROGRESSISTES DANS LA LUTTE CONTRE L’IMPÉRIALISME !

     INTENSIFIONS ET ORGANISONS LA LUTTE CONTRE LA POLITIQUE BELLICISTE ET ANTI-PROLÉTARIENNE DU GOUVERNEMENT CRAXI !

     ÉTENDONS LA MOBILISATION DE MASSE ET D’AVANT-GARDE SUR CES MOTS D’ORDRE :

     RETRAIT IMMÉDIAT DES TROUPES ITALIENNES DU PROCHE-ORIENT !

     NON AUX MISSILES À COMISO ET NON AU RÉARMEMENT !

     L’ITALIE HORS DE L’O.T.A.N. !

Février 84

Pour le communisme,

Brigade Rouge
pour le Parti Communiste Combattant.

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ERRATA

     Dans le no 3 de Ligne Rouge (nov. 83), une erreur regrettable nous à fait attribuer aux Brigades Rouges/P.C.C. le texte « Véhicules de la mémoire et nouvelle organisation de la subjectivité » de Diego Forastieri et Sergio Segio en réalité membres de l’ex-direction historique de Prima Linea puis des Noyaux Communistes Combattants (auteurs d’attentats contre les prisons spéciales, d’exécutions de matons et participation avec les C.O.L.P. à la libération de quatre combattants de Lager de Rovigo.)

     Ce texte précède la série des prises de positions contre-révolutionnaires lors du procès des inculpés de P.L. qui s’est déroulé à l’automne/hiver 83 à Turin.

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     Ligne Rouge est un projet militant d’édition anti-impérialiste.

     Le collectif animant le projet des éditions Ligne Rouge limite les activités de Ligne Rouge à la seule production et distribution la plus large de recueils de documents anti-impérialistes offensifs dont il estime réel l’intérêt apporté par ces derniers au mouvement communiste révolutionnaire.

     Si le choix de ces documents est partisan dans la mesure où l’identité politique des militants animant Ligne Rouge détermine globalement cet outil, il est néanmoins large puisque la publication de textes vis-à-vis desquels certains membres voire la totalité du collectif se démarque politiquement est parfaitement envisageable, Ligne Rouge n’étant pas l’expression d’une organisation mais un outil d’information, de réflexion et ainsi de combat à la disposition de tous.

     Ces documents (textes, interviews, communiqués...) pris en charge par Ligne Rouge recouvrent donc des réalités multiples du combat anti-impérialiste, ils proviennent de pôles politiques différents, de plusieurs époques historiques, de divers pays et continents.

     Briser le black-out qui vise certaines facettes — et non des moindres — du combat anti-impérialiste, rompre d’avec les pratiques de censures et d’autocensure dans lesquelles on se réfugie frileusement, extraire les textes hors des cercles d’initiés couvrant jalousement et stérilement leurs monopoles militants, fouiller dans le passé du mouvement révolutionnaire pour confronter sereinement les expériences hâtivement oubliées avec notre situation, bref, arracher du silence et porter massivement au grand jour notre patrimoine — passé ou présent — de révolutionnaires et l’affirmer comme arme pour notre devenir.

     Voilà la tâche que s’est fixée Ligne Rouge, à travers un premier outil : le cahier mensuel des éditions Ligne Rouge.

     Ces cahiers présenteront plusieurs documents dont les origines différentes seront volontairement choisies, afin de briser les fausses cloisons de sectes, et d’obtenir des confrontations que nous espèrerons fertiles entre textes anciens et nouveaux, entre documents venant des centres impérialistes et de libération nationales, etc...

     Afin de nous restituer notre mémoire, de nous donner une vision plus large, plus précise et plus correcte de l’affrontement aujourd’hui, afin donc de nous donner ces armes dans notre combat présent et futur contre l’impérialisme, le collectif des éditions Ligne Rouge lance un appel à tous les éléments anti-impérialistes offensifs, à toutes les organisations révolutionnaires, à travers cet outil — qui est le leur.

Contact : BP 1682 Bruxelles 1 Belgique

 

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« Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
MARX ET ENGELS
(Manifeste du Parti Communiste, 1848.)

« Il est absolument naturel et inévitable que l'insurrection prenne une forme plus haute et plus complète, celle d'une guerre civile prolongée embrassant tout le pays, c'est-à-dire d'une lutte armée entre deux parties du peuple. Cette guerre ne peut être conçue autrement que comme une série de grands combats peu nombreux, séparés par des intervalles assez grands, et une masse de petites escarmouches dans l'intervalle. S'il en est ainsi, et il en est bien ainsi, la social-démocratie doit absolument se proposer de créer des organisations aussi aptes que possible à conduire les masses à la fois dans ces grands combats et, si possible, dans ces petites escarmouches. »
LÉNINE
(La guerre des partisans, 1905.)

« Les flics peuvent mettre les révolutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais tuer la révolution et la mémoire des communistes. »
CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES
(Lettre ouverte aux militants de base du P.T.B.... et aux autres, 27 mars 1985.)

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