COMBAT textes pour le débat Comité de Paris « Domingos
Teixero » ____________________
LIGNE ROUGE No 5 mars 1984 __________ Sommaire : Guérilleros
Fedayins du Peuple Iranien : La lutte armée comme stratégie et comme tactique
(III). _____
GUÉRILLEROS FEDAYINS DU PEUPLE IRANIEN :
NOTRE LIGNE Comme nous lavons dit, au cours de son développement et de son analyse de lexpérience du peuple cubain, notre groupe fut confronté à la question suivante : est-ce que le chemin de la révolution nest pas une formation de foyers de guérilla et le commencement de la lutte armée ? Peut-on faire la révolution sans le Parti ? Nous fîmes connaissance avec lexpérience cubaine surtout à travers le livre de Régis Debray : Révolution dans la Révolution. Nous rejetâmes les thèses de Debray et la voie cubaine sans une connaissance profonde des thèses de Régis Debray et de la révolution cubaine et à nouveau, sans une opinion claire des conditions objectives de la lutte de notre peuple. Pourquoi nous sommes-nous permis de les rejeter sans posséder une analyse complète des conditions de notre pays et sans connaître réellement les éléments internes de la voie cubaine ? À mon avis, la raison en fut une erreur issue de lacceptation superficielle dune série de formules théoriques basées sur les expériences révolutionnaires du passé. Nous démontrerons ce point plus tard, Ainsi, nous acceptâmes que notre but et celui des autres groupes communistes devait être la création du Parti marxiste-léniniste. Immédiatement ce problème se posa : que faut-il faire pour créer un tel parti ? À ce moment, deux tâches fondamentales simposèrent à nous : dune part, nous et les autres groupes avions à éduquer les cadres du futur parti, dautre part, nous devions préparer le terrain dun tel parti parmi les masses. Cest-à-dire quen travaillant parmi elles, en participant à leurs luttes quotidiennes et particulièrement à celles du prolétariat, nous devions les préparer à accepter un tel parti. Cest ici-même quapparaît la première différence entre nos conditions et celles des expériences révolutionnaires précédentes (Chine et Russie). Nous navions jamais vu le problème de la nécessité de la création du Parti se poser sans que le courant pratique de la lutte lui-même ne lait imposée, sans que son terrain soit prêt parmi les prolétaires et les masses non-prolétaires. En général les éléments et les composantes constituant le Parti, les cadres, les groupes et les organisations qui participent à la vie et à la lutte pratique des masses en fonction de leurs possibilités existent déjà ; la lutte économique et politique des masses et son lien avec les éléments davant-garde conscients existe ; cependant la dispersion de cette lutte, son horison limité et le dilettantisme exigent une vaste organisation de parti. Mais, alors que nous avions senti la nécessité de la création du Parti, nous nous trouvions devant un chemin très difficile jusquà la création même du Parti, à cause de labsence de mouvements spontanés de masse, du manque de participation des forces intellectuelles dans la vie et dans la lutte pratique des masses, et de labsence dun contact sérieux entre les groupes marxistes-léninistes. Nous en sommes arrivés à croire que la création dune organisation issue de différents groupes qui, à cause de labsence de participation à la vie réelle des masses, de son confinement dans un milieu intellectuel et du manque de voies et de programme commun serait pleine dhétérogénéité et de faiblesses fondamentales, ne serait pas la réelle unité des groupes, unité basée sur une politique active et des liens actifs avec les masses. mais un rassemblement de groupes bâclé qui éclaterait tôt ou tard à cause dune série de divergences tactiques ou stratégiques. En fait, nous voulions un parti qui puisse se transformer en réelle avant-garde des masses dès le départ ou très tôt. Et comme nous croyions aussi à linévitabilité de la lutte armée, ce parti aurait eu à préparer les conditions pour la lutte armée, à convaincre les masses quelle était la seule voie et alors, commencer les actions armées. Nous croyions que seul un tel parti serait en droit de déterminer la stratégie et la tactique de la lutte. Alors que nous croyions avoir un chemin très difficile à parcourir jusquà la création du Parti, peut-être naurions-nous pas négligé de définir ce chemin difficile, si nous avions médité sur les différences de conditions (spécialement entre la Russie et notre pays). Ne pouvions-nous pas croire que la condition pour créer un tel parti, la condition pour la participation à la lutte réelle et pour la création dune force capable dagir en véritable avant-garde, était laction armée elIe-même ? Et si nous navions pas commis lerreur didentifier linstrrection armée urbaine avec la guérilla de longue durée, nous naurions pas pu considérer la révolution cubaine comme une expérience digne dêtre étudiée et croire à juste titre que le développement du marxisme seffectue sur la base de la réalité et non pas le contraire, et proclamer en même temps que linsurrection est luvre des masses. Pourquoi est-ce que linsurrection est luvre des masses ? Lexpérience cubaine na-t-elle pas montré quun petit moteur armé peut commencer linsurrection et conduire aussi les masses graduellement vers linsurrection ? Ici, naturellement, le concept dinsurrection ne signifie pas un soulèvement armé urbain (caractérisé par le mouvement armé massif et soudain des masses accompagné dune direction) mais une lutte armée de longue durée à laquelle les masses sont conduites peu à peu. Ces problèmes se posèrent à un moment où le groupe comprit quil devait diriger son attention vers lextérieur, vers la réalité, vers les masses et les autres groupes communistes. Dune part, cependant, nous devions faire face aux coups et aux agressions successives de la police contre les groupes communistes et dautre part, le problème du contact avec les masses semblait si difficile quil était peu probable que les forces telles que nous puissent le résoudre. Comment peut-on établir le contact avec les masses ouvrières ? Nest-ce pas vrai quil faut trouver les ouvriers là où ils se sont organisés en tant que classe dans des organes (des petits cercles douvriers aux unions et syndicats) qui sont apparus dans le courant de leur lutte spontanée ? 9 Cest au cours de cette lutte spontanée et de cette organisation de classe que dune part, se créent des cercles douvriers qui ont une vue plus large et qui aspirent à une lutte plus acharnée et plus vaste, des cercles formés des ouvriers les plus à lavant-garde qui ont des liens profonds avec les masses ouvrières, et bref, des cercles qui sont en contact avec les intellectuels révolutionnaires. cest-à-dire avec les sources de la conscience politique et dautre part, au cours de son développement, cette lutte spontanée se rapproche de plus en plus dune lutte politique. Parallèlement à cela, les cercles douvriers davant-garde se développent et sétendent plus et deviennent réceptifs à une propagande politique et à une organisation politique. La conscience socialiste aussi, est introduite parmi les travailleurs à travers les contacts des cercles dintellectuels avec les cercles douvriers et les masses ouvrières. À ce sujet, la comparaison entre le développement des cercles intellectuels et la Russie dans les premières années du vingtième siècle et les cercles dintellectuels actuels de notre société démontre parfaitement la différence des conditions. Lénine dépeint un cercle typique de la Russie de lépoque comme ceci : « Un cercle détudiants entre en contact avec des ouvriers et se met à luvre. Le cercle dévelloppe progressivement une propagande et une agitation de plus en plus intenses : il sattire ainsi, par le seul fait de son action, la sympathie dassez larges milieux ouvriers [souligné par lauteur de cet article] et dune certaine partie de la société cultivée, qui lui procure de largent et fournit régulièrement au "Comité" de nombreux groupes de jeunes. Le prestige du Comité (ou de lUnion de lutte) augmente, son champ daction grandit, et il étend son activité dune façon tout à fait spontanée : ceux qui, un an ou quelques mais plus tôt prennaient la parole dans les cercles détudiants pour répondre à la question : "ou aller ?", qui nouaient et entreprenaient des relations avec les ouvriers, rédigeaient et lançaient des tracts, établissent des relations avec dautres groupes de révolutionnaires, se procurent de la littérature, entreprennent lédition dun journal local, commencent à parler dune manifestation à organiser, passent enfin aux opérations militaires ouvertes... » (Lénine, Que Faire ?, Éditions du Seuil, pagis 156-157.) Mais quelles sont les conditions auxqueles nous faisons face ? Il vaut mieux considérer le développement dun cercle dintellectuels en Iran. Quelques individus se rassemblent sur la base détudes et déchanges de publications communistes. Le travail de ces cercles consiste dabord à létude et léchange de publication communistes, et ensuite, dans une certaine limite, à létude objective de la société. En général ils nont aucun contact large avec les ouvriers et nattirent même pas lattention dune petite couche douvriers. En pratique ils nont aucun rôle ou relation active avec les mouvements spontanés du peuple qui sont eux-mêmes sporadiques et à petite échelle. Il est hors de question de publier des journaux locaux, dorganiser des manifestations et particulièrement des opérations militaires ouvertes et cest durant le développernent limité que beaucoup de ces cecles deviennent les cibles des coups de la police et sont disloqués dans des conditions policières très dures. Quelle est la cause de cette différence de conditions ? Là-bas le mouvement de masse spontané qui indique que les conditions objectives pour la révolution sont prêtes, produit une source inépuisable dexpériences pour les masses et les avant-gardes révolutionnaires et conscientes qui créent des contacts avec ce mouvement et qui tentent de le diriger. Ce mouvement spontané de masses, qui est initialement et essentiellement économique. donne une organisation de masses aux masses ouvrières par le biais des organes de cette lutte au cours de son développement, et peu à peu, au cours de sa politisation, il crée en son sein une série de cercles douvriers plus persévérents et plus révolutionnaires. Dautre part, il établit des contacts avec les cercles dintellectuels avec leffort des intellectuels révolutionnaires. Ainsi, ce mouvement et les organes quil engendre cest-à-dire les cercles légaux et semi-légaux douvriers deviennent le terrain objectif et la source qui nourrit la force intellectuelle de la classe ouvrière et dautre part, la force intellectuelle et consciente du prolétariat prend la direction des mouvements spontanés. Peu à peu, les conditions subjectives pour la révolution naissent et se développent sur la base de ces mêmes mouvements spontanés et en relation avec la conscience socialiste et la direction consciente assurée par les cercles de révolutionnaires intellectuels et ensuite par le parti de la classe ouvrière et cest sur cette même base et à travers ces mêmes formes organisationnelles que lavant-garde révolutionnaire établit le lien avec les masses ouvrières et que lorganisation de révolutionnaires qui a des liens directs et actifs avec les masses se constitue. Donc la question qui se pose aux révolutionnaires est celle-ci : faut-il prendre la tête des mouvements de masse ou pas ? Faut-il transformer un mouvement essentiellement économique et politiquement limité en un mouvement politique embrassant tous les aspects de la lutte ? Faut-il que ces cercles intellectuels-ouvriers poussent le mouvement en avant comme un ensemble unifié, dans une organisation de révolutionnaires professionnels unifiés en dirigeant toutes les formes de lutte politique sur tous les plans ? Il faut que se constitue une organisation de révolutionnaires professionnels capable de garantir la « continuité », supprimer le dilettantisme et le travail dispersé, projeter un plan à long terme et résistant pour une lutte large et sur tous les plans et guider les masses dans cette lutte. En réalité, les masses ouvrières ont été amenées à cette lutte, elles ont acquis aussi dans une certaine mesure une organisation de classe, et on aussi créé leurs propres organes de lutte. Parallèlement à ces organes, sont apparus les cercles douvriers qui sont largement en liaison avec les masses ouvrières et qui ont les moyens dagitation et de propagande dune manière étendue et à léchelle des masses. Et maintenant la question est la suivante : faut-il ou non transformer cette lutte spontanée en une lutte politique sur tous les plans ? Et cest précisément la façon dapprocher cette question qui distingue les révolutionnaires des économistes, des partisans du dilettantisme et des adeptes du mouvement spontané. Selon Lénine, dun côté les réformistes raisonnent ainsi : « Les masses ouvrières nont pas encore formulé elles-mêmes des tâches politiques aussi étendues et aussi vigoureuses que celles que lui "imposent" les révolutionnaires ; elle doivent encore lutter pour les revendications politiques immédiates, "mener la lutte économique contre le patronat et le gouvernement". Dautres, éloignés de tout "graduellisme", ont déclaré : on peut et lon doit "accomplir la révolution politique", mais point nest besoin pour cela de créer une forte organisation de révolutionnaires éduquant le prolétariat par une lutte ferme et obstinée ; il suffit pour cela que nous nous saisissions tous du gourdin "accessible" et familier. Pour parler sans allégories, il nous faut organiser la grève générale et stimuler par "laquillon de la terreur" le mouvement ouvrier un peu "languissant". Ces deux tendances, les opportunistes et les "révolutionnaires", sinclinent devant le dilettantisme artisanal dominant, ne croient pas à la possibilité de sen délivrer, ne comprennent pas que la première et la plus urgente de nos tâches pratiques est de créer une organisation de révolutionnaires capable dassurer à la lutte politique lénergie, la stabilité et la continuité. » (Lénine, Que Faire ?, Éditions du Seuil, p. 161). Mais ici, il ny a pas trace de mouvements de masse spontanés en tant que tels, et sil y en a, ils sont dispersés et limites au point de vue temps, lieu et étendue. Ici, il ny a aucune trace dorganisation de classe et dorganisations ouvrières. Dans lensemble les masses ouvrières ne sont impliquées dans aucun mouvement de lutte. Et si parmi les ouvriers il se trouve des éléments conscients qui sorganisent en petits cercles, eux non plus nont pas la possibilité de propagande, dagitation et de travail de masse. En effet, labsence de mouvements spontanés étendus et les conditions policières difficiles qui sont indubitablement liés, ont maintenu pratiquement les ouvriers loin de toute forme de lutte et idée de lutte politique, et les ont privés de toute expérience de lutte, dorganisation de classe et même de conscience syndicale. En conséquence, les cercles douvriers qui pensent à la lutte politique sont rares et pratiquement aucun lien sérieux nexistent entre les cercles dintellectuels et les cercles douvriers et les masses ouvrières. Ainsi, les masses ouvrières ne sont pas prêtes à accepter la lutte et la conscience politique. Cest seulement après des années de lutte spontanée, économique et syndicale que louvrier devient peu à peu prêt à accepter la lutte politique, la conscience socialiste, lorganisation politique et lorganisation en parti. Ici, où toute forme de mouvement syndical est immédiatement réprimée, il est naturel que les masses ouvrières soient progressivement éloignées de la lutte politique, car celle-ci exige de la persévérence, de lorganisation, une auto-discipline continue et demande de la conscience et du dévouement. Dans une situation où louvrier est inévitablement préoccupé à gagner son pain quotidien, il na ni la possibilité ni la volonté daccepter la lutte politique. Ainsi, nous ne pouvons pas être témoins de lémergence étendue de cercles douvriers parmi les masses ouvrières en labsence de mouvements spontanés remarquables 10 11. Cependant la sentence selon laquelle les mouvements spontanés de masse sont le reflet de labondance des conditions objectives pour la révolution et que ces mouvements spontanés indiquent limminence de la phase révolutionnaire a-t-elle un aspect absolu ? Est-ce juste, toujours et dans toutes les situations ? Est-ce que le contraire est aussi vrai ? Cest-à-dire, devons-nous déduire que labsence de vastes mouvements spontanés de masse indique labsence des conditions objectives pour la révolution ? Que la phase révolutionnaire nest pas encore arrivée ? Je crois que non. Dans les conditions actuelles en Iran, labsence de mouvements spontanés ne signifie pas labsence des conditions objectives de la révolution. Nous avons démontré en étudiant les conditions objectives de notre patrie que tout recours au prétexte dabsence de conditions objectives de la révolution exprime lopportunisme, la conciliation et le réformisme, révèle le manque de courage politique et sert de justification à linaction. Je pense quil faut chercher les causes de labsence de tels mouvements, dune part essentiellement dans la répression violente et la terreur constante et prolongée qui découlent de la dictature impérialiste en tant quélément essentiel du maintien de la domination impérialiste accompagnées de vastes propagandes politiques et idéologiques réactionnaires et dautre part, dans les faiblesses essentielles des éléments révolutionnaires, des organisations et des dirigeants de la lutte. Alors que les masses étaient prêtes, ces dirigeants nont jamais réussi à les attirer vers la lutte à une vaste échelle et les ont conduites à la défaite par une direction érronée. Lensemble de ces conditions a créé une sorte de stagnation, de dégoût, de désespoir et de capitulation, ce que Régis Debray appelle « larriéré séculaire de peurs et dhumilité ». Mais quelles sont nos raisons pour dire que les conditions objectives pour la révolution existent ? Ne lavons-nous pas démontré par lanalyse de la situation objective ? Et navons-nous pas démontré que les masses sont potentielIement prêtes à assumer la tâche de mener la révolution anti-impérialiste à cause des conditions matérielles de leur existence ? Est-ce que cet enthousiasme et cette ardeur des révolutionnaires, ces recherches infatiguables des forces intellectuelles des classes révolutionnaires et progressistes pour trouver la voie de la révolution, ces agressions successives de la police, ces prisons, ces tortures, ces assassinats, ne sont pas les reflets subjectifs montrant que les conditions objectives pour la révolution sont prêtes ? Est-ce que le fait que le problème de la révolution soit posé à une si grande échelle, est-ce que tous ces cercles et groupes militants appartenant à toutes les classes opprimées pourraient exister sans que les conditions objectives aient mis à lordre du jour la résolution du problème de la révolution ? Et enfin, ces mouvements sporadiques et dispersés des masses ne sont-ils pas la preuve de lexistence des conditions objectives de la révolution ? Et quelle est notre voie ? Aujourdhui, attendre passivement les mouvements de masses spontanés pour ensuite les guider sans avoir engagé daction révolutionnaire, sans avoir tenté de préparer parfaitement les conditions subjectives à travers laction révolutionnaire elle-même, est exactement équivalent à suivre le mouvement spontané dans les conditions identiques à celles de la Russie ; cela signifie précisément lacceptation en pratique de la situation existante. Pendant un moment, nous raisonnions que lexistence des groupes dispersés correspondait à labsence de mouvements de masse spontanés et était associé aux mouvements dispersés, latents et limités des masses, et que lexistence dune vaste organisation révolutionnaire correspondait à la présence de larges mouvements de masse et à la croissance et lintensification des contradictions. Mais maintenant il faut dire que labsence des mouvements spontanés résulte non pas du développement insuffisant des contradictions mais à la répression constante policière et la passivité de lavant-garde. Subordonner lexistence de lorganisation révolutionnaire vaste à lexistence de larges mouvements de masse, serait subordonner à limpossible dans de telles conditions, bien sûr, si lon ne considère pas le rôle de lavant-garde même dans la création de tels mouvements. Si nous ne cherchons pas sérieusement à savoir à travers quelles méthodes de lutte on peut créer la véritable avant-garde de la révolution, une organisation de révolutionnaires capable de montrer pratiquement et réellement aux masses comment lutter et sortir la lutte de limpasse malgré les conditions difficiles de travail, la répression et la terreur, malgré la grande séparation qui existe entre les avant-gardes et les masses, et si nous considérons le développement suffisant des contradictions comme condition à la création dune telle organisation, nous ne sommes pas différents des opportunistes qui suivaient le cours naturel des évènements en Russie. À cette époque, les opportunistes, les adeptes du mouvement spontané, accusaient Lénine de surestimer le rôle de lélément conscient disant quil « réclame la lutte directe contre le gouvernement sans chercher à savoir où est la force matérielle pour cette lutte, sans indiquer la voie quelle doit suivre... » « Ce fait ne saurait sexpliquer par des buts de travail clandestin, car le programme ne parle pas dun complot, mais dun mouvement de masse. Or la masse ne peut suivre des voies secrètes. Une grève secrète est-elle possible ? Une manifestation ou une pétition secrètes sont-elle possibles ? » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 166). Lénine répond : « Tous ceux qui parlent de la "surestimation de ldéologie" et du rôle de lélément conscient, etc., imaginent que le mouvement à cent pour cent ouvrier est capable de se forger par lui-même une idéologie et quil faut seulement que "les ouvriers délivrent leur destin des mains des dirigeants". » « Lauteur aborde de près et cette "force matérielle" (organisateurs de grèves et de manifestations) et les "voies" de la lutte, mais il est déconcerté et perplexe, car il "sincline" devant le mouvement de masse, cest-à-dire quil le considère comme un facteur nous libérant de lactivité révolutionnaire qui est la nôtre, et non comme un facteur destiné à encourager et à stimuler notre activité révolutionnaire. Une grève secrète est impossible, pour ses participants et ceux quelle touche directement. Mais pour la masse des ouvriers russes, cette grève peut rester (et elle reste la plupart du temps) "secrète" car le gouvernement prendra soin dempêcher toute diffusion des renseignements sur la grève. Cest alors quil faut une "lutte contre la police politique", lutte spéciale qui ne pourra jamais être menée activement par une masse aussi considérable que celle qui participe à la grève. Cette lutte doit être organisée "selon toutes les règles de lart" par des professionnels de laction révolutionnaire. Que les masses soient entraînées spontanément dans le mouvement, ne rend pas lorganisation de cette lutte moins nécessaire ; mais au contraire encore plus nécessaire. » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 166). Dans les conditions où le régime policier de la terreur essaie et a réussi à couper les liens entre les intellectuels et le peuple, où aucun lien nexiste entre les grévistes, où la terreur et loppression ont empêché tout mouvement considérable des masses, ou cette même terreur et répression permanentes ont provoqué chez les masses une attitude pessimiste à légard de la lutte, les amenant à éviter toute idée politique, la considérant sans issue, dans les conditions où le régime tente davorter tout embryon dun mouvement de masse, est-ce que « la lutte spéciale » contre la police politique est nécessaire ? Est-ce que les masses peuvent assumer cette tâche ? Peut-on sattendre à ce quelles connaissent la nature fantoche du régime ou quelles la comprennent à travers leurs propres expériences ? Dans des conditions où la force répressive du régime a conduit certains intellectuels « révolutionnaires » à expliquer la férocité de ce tigre de papier par Iimmaturité des conditions objectives et linsuffisance du développement des contradictions, à oublier la nature fantoche du régime et à ne pas comprendre que cest précisément cette même force répressive de larmée anti-populaire qui est le principal facteur de la survie de la domination impérialiste, comment les masses peuvent-elles prendre conscience de leur pouvoir historique ? (Des masses qui ne demandent pas pourquoi elles doivent lutter mais comment résister face au pouvoir terrifiant du régime). Comment peut-on montrer en pratique aux masses la lutte qui trouve son cours dans lhistoire et dont la victoire est assurée par les nécessités historiques, la lutte qui trouve ses racines dans les conditions matérielles de lexistence des masses elles-mêmes, qui se reflète dans laction consciente des avant-gardes révolutionnaires et dans les mouvements sporadiques et dispersés des masses, la lutte qui, dans des conditions de dictature suffocante et doppression constante, prend par moments un caractère explosif faisant soudain descendre les masses avec leur force gigantesque dans la rue et qui séteint soudain comme une flamme éphémère ? Comment peut-on créer le mouvement par lequel les masses puissent prendre conscience par elles-mêmes de leurs véritables intérêts, de leur force gigantesque et invincible et être menées à la lutte ? Comment peut-on rompre cette barrière colossale de force répressive dressée entre les intellectuels et le peuple, entre les masses et leur rôle historique, entre la nécessité de la lutte de masse et la lutte de masse elle-même, par la terreur et la répression constante, larriération des dirigeants, lincapacité de lavant-garde à remplir son rôle et enfin par la propagande diabolique dun régime qui repose sur la force de la baïonnette, et faire couler le flot grondant de la lutte de masse ?
La seule voie est celle de la lutte armée. La nécessité du rôle conscient et de la lutte active de lavant-garde révolutionnaire ne sest pas affaiblie mais renforcée, précisément à cause du rôle croissant des éléments conscients contre révolutionnaires. À présent, ce nest quà travers la forme la plus intense de laction révolutionnaire, cest-à-dire la lutte armée, et en portant des coups à cette barrière colossale que lavant-garde peut montrer aux masses la lutte qui se déroule au cours de lhistoire. Il faut montrer que « la lutte a réellement commencé et que son progrès demande le soutien et la participation active des masses » (paraphrasant Régis Debray). Il faut montrer en pratique que la violence contre-révolutionnaire peut être vaincue, il faut montrer que la stabilité et la sécurité ne sont que des farces. Cest au cours de cette action que cette énergie historique des masses accumulée derrière la colossale barrière de force répressive, mais qui reste silencieuse et immobile, sécoule peu à peu et cest dans ce même courant que progressivement et au cur de la lutte armée de longue durée, les masses prennent conscience de leur rôle historique et de leur force infaillible. Cest là que certains lèvent la voix, criant : ces jeunes impatients, aventuriers et gauchistes qui nont pas la patience dattendre que les masses soient prêtes pour la lutte armée, que lorganisation davant-garde prolétarienne (bien sûr suivant une ligne uniquement politique) prépare les masses à la lutte armée, qui nont pas la patience dattendre « que les masses exploitées et opprimées réalisent quelles ne pourront plus vivre comme avant et quelles demandent le changement » et que « les exploiteurs soient incapables de vivre et de gouverner comme par le passé » (Lénine, La maladie infantile du communisme, le « gauchisme ») pour ensuite commencer la lutte armée, ceux-là ont confondu la lutte contre la police politique et la force répressive avec le travail politique, avec la lutte politique et une activité politique persistante. Bien que les formes de ces accusations soient différentes, elles sont de la même nature que celles portées à lencontre de Lénine par les opportunistes russes. Ils disaient quil nétait pas besoin dune organisation de révolutionnaires professionnels et que « (lIskra) "...ayant posé comme tâche, par des constructions théoriques"... (et non par suite de "la multiplication des tâches du Parti qui croissent en même temps que lui"...), "le passage immédiat à la lutte contre labsolutisme, et sentant probablement toute la difficulté de cette tâche pour les ouvriers dans la situation actuelle"... "mais nayant pas la patience dattendre que des forces suffisantes pour cette lutte se soient accumulées... ». Et Lénine répond : « Oui, nous avons en effet perdu toute la "patience" nécessaire pour "attendre" le temps heureux que nous promettent depuis longtemps les "conciliateurs" de toute sort, où nos "économistes" cesseront de rejeter leur propre arriération sur les ouvriers, de justifier leur propre manque dénergie par la prétendue insuffisance de force chez les ouvriers. » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 147). La réalité est que si à lépoque, la lutte contre labsolutisme était fondamentalement politique, à présent elle est fondamentalement politico-militaire ; si là-bas la véritable avant-garde se constituait par une série de luttes économiques, politiques et idéologiques, actuellement, seule une lutte politico-militaire peut créer la véritable avant-garde. Expliquons un peu plus : en réalité, quelle est la tâche de lavant-garde ? La tâche historique des avant-gardes révolutionnaires combattantes nest-elle pas en réalité de creuser un canal vers la force historique des masses par laction révolutionnaire consciente et la création de liens avec elles et dattirer largement vers le terrain de la lutte déterminante et réelle ce qui est déterminant pour le destin du combat. Plus les conditions seront appliquées, plus la force répressive de lennemi sera grande et plus la révolution sera à lordre du jour, il sera naturellement plus difficile de creuser ce canal. Ceci nest fondamentalement juste que lorsque les masses acquièrent la conscience révolutionnaire, sur la base de leurs conditions matérielles, cette conscience se transforme en une force matérielle colossale, la seule capable de transformer la société. Mais le problème a toujours été de savoir comment introduire cette conscience parmi les masses, quels sont les organisations et les moyens qui doivent le faire, et à travers quelles formes organisationnelles et quelles méthodes de lutte peut-on guider lénergie révolutionnaire des masses dans la bonne direction, celle qui aboutit à la victoire de la révolution, au renversement de la réaction et à la conquête du pouvoir politique ? Lhistoire de la révolution à léchelle mondiale a montré quavec le développement du processus révolutionnaire, la vigilance grandissante de la réaction, et son appui croissant sur la force répressive en tant que facteur principal de la préservation de sa domination, avec le passage de la révolution dOccident en Orient, le rôle des avant-gardes conscientes et dune organisation combattante davant-gardes révolutionnaires a gagné chaque jour plus dimportance. À lépoque de Marx et dEngels lorganisation davant-garde composée de révolutionnaires professionnels navait point limportance quelle a acquise à lépoque de Lénine. Mais si en Russie il était nécessaire quune organisation de révolutionnaires professionnels accomplisse ce rôle essentiellement par lemploi de différentes formes de lutte politique et de dénonciations politiques surtous les plans... en Chine et au Vietnam, il fut nécessaire de remplir ce rôle essentiellement par la forme de lutte la plus élevée, cest-à-dire la lutte armée. Si en Russie, linsurrection armée ne fut possible que lorsque les masses avaient largement renié la possibilité de vivre dans les conditions existantes et quelles demandaient pratiquement le changement, et aussi quand le gouvernement nétait plus capable de gouverner par les anciennes méthodes, et que cette demande de changement et cette impossibilité de gouverner par les anciennes méthodes se soient produites justement au cours dune lutte politico-économique, cette sentance savère juste selon laquelle commencer linsurrection armée sans que les masses soient largement convaincues de la justesse de cet acte par leur propre expérience politique, est un acte immaturé. Il savère que linvitation à linsurrection et la proposition dun slogan particulier tel que « le pouvoir aux soviets » causeront la défaite de linsurrection si elles sont faites un peu tôt ou un peu tard. Si dans les conditions de la Russie, lénergie historique des masses passe progressivement du potentiel à lacte au cours dune série de luttes essentiellement économiques et politiques. prenant forme peu à peu et explosant dans les insurrections armées, en Chine, lénergie révolutionnaire des masses est utilisée justement au cours de lintroduction de la conscience révolutionnaire parmi les masses, justement au cours de laction armée de longue durée et par conséquent, elle ne comporte pas ce caractère explosif du passé. Ainsi, linsurrection armée urbaine se transforme en lutte armée de masse de longue durée et lénergie révolutionnaire des masses est progressivement amenée sur le terrain du combat déterminant. Cest ainsi que larmée de masse est aussi la force de « propagande armée ». En réalité, dans les conditions où la base principale de la révolution se trouve dans la campagne, où les masses paysannes dominées par le système impérialiste semi-féodal ne forment même pas une classe comme disait Marx, en raison de leurs conditions matérielles de vie les séparant automatiquement les uns des autres, et ainsi dans des conditions où elles sont privées de toute possibilité dorganisation et dorganes de lutte classiques politico-économiques comme les unions et les syndicats, il semble que la seule organisation capable de les organiser et de les réunir soit lorganisation politico-militaire.
Pour vaincre à la lutte. Pour vaincre la réaction, il faut vaincre larmée réactionnaire. Pour vaincre larmée réactionnaire, il faut avoir une armée de masse. Le seul moyen de vaincre larmée réactionnaire et de constituer larmée de masse est la guerre de guérilla de longue durée. Et la guerre de guérilla est nécessaire non seulement au point de vue de la stratégie militaire et dans lobjectif de vaincre larmée régulière et puissante mais aussi au point de vue de la stratégie politique dans lobjectif de la mobilisation des masses. Le politique et le militaire fusionnent inévitablement et organiquement. Dune part la condition de la victoire de la lutte armée est la mobilisation des masses politiquement et militairement et dautre part, la mobilisation des masses nest possible que par la lutte armée. Cest une leçon tirée non seulement de la guerre révolutionnaire de Cuba, mais aussi des guerres révolutionnaires de Chine et de Vietnam. Ya-t-il quelquun pour dire que les masses chinoises possédaient davance la conscience révolutionnaire, à une large échelle, quelles avaient compris la nécessité de la lutte armée et la justesse de cette tactique, ou bien est-il faux de poser cette question et nous sommes là, face à de nouvelles conditions. Certains objecteront, disant : mais ce fut le Parti Communiste qui commença la guerre révolutionnaire en Chine et que ce parti aussi commença la longue marche après des années de lutte essentiellement politique et après avoir recouru aux insurrections armées urbaines et acquis de lexpérience. Cest pourquoi nous navons pas le droit de commencer la lutte armée quaprès avoir parcouru une telle période. Si en Chine il était possible quun parti se forme avec très peu de membres et qui puisse se transformer en très peu dannées dexpérience politique en une grande force davant-garde, cest précisément grâce aux conditions spéciales existant là-bas. Faites bien attention : « Durant cette période (1920-1927), Sun Yat-sen dirigeait le Kuomintang. Le Parti Communiste travaillait dans le Kuomintang avec son organisation indépendante... Nous, les communistes avions posé plusieurs conditions pour entrer au Kuomintang : 1. Lalliance avec lUnion Soviétique, 2. Lalliance du Kuomintang avec le Parti communiste dans le sens que notre parti maintiendrait son indépendance au sein du Kuomintang et aurait une liberté daction au point de vue politique et organisationnel. La troisième condition était : laide aux ouvriers et aux paysans, ce qui nécessitait que larmée soit réorganisée, que les éléments contre-révolutionnaires en soient exclus et quelle ait une direction révolutionnaire. « À cette époque Sun Yat-sen accepta les conditions du Parti Communiste et sur cette base la collaboration naquit entre nous. En 1924. notre parti décida de faire entrer ses membres au Kuomintang. Mais à ce moment-là, le Parti Communiste Chinois navait pas plus de quelques centaines de membres malgré linfluence considérable quil avait acquise chez les ouvriers et les paysans. La participation dindividus et de militants communistes au Kuomintang permettait au Parti Communiste de mieux travailler parmi les ouvriers et les paysans. Par ce moyen, le Parti Communiste travaillait directement parmi les ouvriers, les paysans et les étudiants et consolidait lunité des ouvriers. Par la coopération avec le Kuomintang, le Parti réussit à avoir une activité étendue parmi les intellectuels dans tout le pays y compris dans le Nord et dunifier les étudiants non seulement dans le Sud mais aussi dans le Nord. « Nous aidâmes Sun Yat-sen dans la création des forces militaires révolutionnaires. Nous créâmes lécole militaire de "Vampova" pour y former les cadres dirigeants de larmée, cest-à-dire les officiers révolutionnaires. Le camarade Mao Tsé Toung devint membre du Comité Central du Kuomintang. » (Leçons de lhistoire du Parti Communiste Chinois). Ici nous pouvons constater létendue des moyens pour le travail libre, non seulement parmi les ouvriers et les étudiants mais aussi parmi tes paysans, créées non seulement par les conditions démocratiques de lépoque mais aussi par la participation directe du Parti Communiste au pouvoir dÉtat. Ce parti réussit même à sinfiltrer dans larmée et à former des cadres militaires communistes. Des conditions qui permettaient au Parti de fonder le processus dunité ouvrier-paysan non pas par une lutte armée, mais par lactivité politique et organisationnelle libre et de commencer la guerre révolutionnaire avec une armée. Le fait quil ait eu une large influence parmi les ouvriers, les étudiants et même les paysans malgré seulement quelques centaines de membres, montre comment le Parti Communiste Chinois réussit à se transformer rapidement dans une certaine limite en une force réelle davant-garde dans des conditions très favorables et par des expériences essentiellement non armées. Maintenant, devons-nous nous asseoir et attendre larrivée de telles conditions favorables pour ensuite pouvoir nous transformer en une avant-garde réelle et préparer les conditions pour la lutte armée ? Ou bien non ? Lavant-garde réelle doit elle-même apparaître dans le courant de la lutte armée, avec laction politico-militaire ? Faut-il attendre la constitution du Parti communiste et commencer la guerre révolutionnaire dès le début à une large échelle et par exemple avec une armée ? Ou bien non ? Le noyau politico-militaire armé peut lui-même, en commençant la lutte armée et dans le courant de son développement, créer le Parti, lorganisation politico-militaire, véritable avant-garde du peuple ainsi que larmée populaire ? Pour montrer la différence des conditions démocratiques ou semi-démocratiques du travail purement politique avec les conditions de dictature largement et fortement violente, des conditions qui nont permis aucune sorte dorganisation aux masses urbaines et à leur tête le prolétariat, et à plus forte raison aux masses paysannes, nous retournons aux conditions de la Russie : Si en Russie, « les dénonciations politiques sont par elles-mêmes un moyen puissant (soulignée par lauteur de cet article) pour décomposer le régime adverse, un moyen pour détacher de lennemi ses alliés fortuits ou temporaires, un moyen pour semer lhostilité et la méfiance entre les membres permanents du pouvoir autocratique » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 145), ici, dans les conditions actuelles, seule la dénonciation politico-militaire, seule laction armée de nature politique, sont les moyens puissants pour « décomposer le régime ». Seule laction armée politico-militaire peut intensifier les contradictions internes de la bureaucratie au pouvoir. Si en Russie, « cette déclaration de guerre a une portée morale dautant plus grande que la campagne de dénonciations est plus vaste et plus vigoureuse, que la classe sociale qui déclare la guerre pour commencer la guerre, est plus nombreuse et plus décidée » (Lénine, Que Faire ?, Éd. du Seuil, p. 145) ; aujourdhui, ici, la déclaration de la guerre, cest la guerre elle-même. Ce sont deux choses inséparables. La portée morale de la guerre dépend de son progrès matériel et son progrès matériel dépend de sa portée morale. Plus lennemi reçoit de coups, plus il se décompose, plus la force politico-militaire se développe, et plus sa portée morale et son audience populaire augmentent. Et ceci provoque la fortification matérielle de la force politico-militaire 12. Maintenant nous sommes prêts à examiner Révolution dans la Révolution de Régis Debray et dabsorber les leçons profondes de la révolution cubaine. Dans cet examen, nous trouverons plus dexplications et plus dexemples objectifs pour affirmer et éclaircir les idées contenues dans les lignes précédentes.
Notes : 9. Nous navons pas lintention de nier la possibilité détablir le contact avec les ouvriers. Nous-mêmes avons joui de la coopération dun nombre considérable de camarades ouvriers. Nous voulons dire que la possibilité détablir le contact dans sa forme classique, nexiste pas réellement. On peut travailler parmi les ouvriers. On peut recruter des membres parmi eux, bien sûr avec beaucoup de difficultés et peu de rendement, mais on ne peut pas faire un travail de masse parmi eux. On ne peut pas faire de la propagande et de lagitation. 10. Partout où il y a de loppression, il y a aussi la résistance. Mais quelle sorte de résistance ? Une résistance sporadique et limitée. Il serait donc préférable de parler de la stagnation de la résistance et du mouvement spontané ainsi que de son manque de développement. 11. Lorsque nous disons que les ouvriers sont inévitablement préoccupés à gagner leur pain quotidien nous voulons seulement dire que le travail accablant quotidien et les préoccupations encore plus accablantes de la vie familiale ne permettent même pas à louvrier de réfléchir aux problèmes et ceci dans des conditions où le milieu du travail est dépourvu de tout mouvement de lutte concret. 12. Plus dexplication sur le problème de la création du Parti : dans lHistoire du Parti Communiste (bolchévik), Staline dit que le parti de la classe ouvrière consiste en la combinaison du mouvement ouvrier avec la théorie socialiste. Mais voyons dans quelles conditions nous nous trouvons. À notre avis, dans la conjoncture actuelle, parler dun réel mouvement ouvrier en Iran na pas de sens. Les fortes pressions et oppressions dune part, et le fait que les contradictions secondaires de notre société comme précisément celle entre le travail et le capital sont éclipsées par la contradiction principale, celle entre le peuple et limpérialisme, dautre part, on fait en sorte que tout mouvement prenne une couleur politique et un caractère de masse dès le début. Ce qui fait que le mouvement indépendant de la classe ouvrière se soit moins manifesté. Mais la lutte politique dans notre société doit être inévitablement une lutte armée. Donc, la classe ouvrière sorganise et acquiert la conscience de classe, non pas dans un mouvement ouvrier, mais dans une lutte populaire. Ainsi se constitue le parti de la classe ouvrière. La lutte armée que les groupes commencent aujourdhui doit avoir comme objectif la mobilisation de tout le peuple et pas seulement celle de la classe ouvrière. Elle doit sappuyer sur tout le peuple et exprimer les revendications générales de tout le peuple. Il faut aller partout où on peut mieux lutter et mieux mobiliser et ensuite étendre notre lutte à la campagne. Si cela savère nécessaire, nous pouvons le faire dès aujourdhui. Mao fait une remarque à ce sujet qui doit être mentionnée. Lorsque la question de sortir vers les campagnes fut posée en Chine, certains étaient mécontents, disant quainsi le rôle de la classe ouvrière diminuait. Et Mao leur répondit : « Quimporte ! Limportant, cest de mobiliser le peuple, de pratiquer la lutte armée. Quelle importance si la classe ouvrière joue un rôle quantitativement moindre ? » (Mao Tsé-toung, Pourquoi le Pouvoir Rouge peut-il exister en Chine ?). Ici, une question importante est posée. Dans les conditions actuelles, avant de sorganiser en parti, les groupes pratiquent une lutte qui sappuie sur tout le peuple et qui exprime ses revendications. Tout groupe révolutionnaire, communiste ou pas, peut participer à une telle lutte. Par conséquent, pour lorganisation meilleure et plus vaste de la lutte, pour lunité des forces révolutionnaires, lalliance de tous ces groupes dans le cadre dun front unitaire anti-impérialiste devient un fait inévitable dans le processus de la lutte. Ainsi lalliance de tous les groupes et organisations révolutionnaires et anti-impérialistes, qui acceptent la ligne de la lutte armée, dans la ville et dans la campagne, est plus pressante et plus urgente que lalliance des forces prolétariennes dans le cadre du parti de la classe ouvrière. La création du front unitaire avant la constitution du parti de la classe ouvrière devient lordre du jour des révolutionnaires. Si la classe ouvrière sorganise et acquièrt la conscience de classe uniquement au sein dune lutte armée populaire, le parti de la classe ouvrière germe et se développe au sein du front unitaire anti-impérialiste et il ne prendra sa forme concrète que lorsque la question dassurer lhégémonie du prolétariat et la continuation de la révolution deviennent lordre du jour dune manière plus pressante et plus concrète. Communiste, lorgane de quelques marxistes-léninistes iraniens à létranger dit très justement au sujet de la création du parti de la classe ouvrière, que la construction du parti est un long processus simultané à la construction de larmée populaire et que pour commencer la lutte armée il nest pas nécessaire davoir un parti. Mais quelle alternative propose-t-elle ? Créer des noyaux combattants dans les campagnes, pousser les paysans à linsurrection armée, établir des bases révolutionnaires et lextension de ces bases par vagues successives. En ce qui concerne létablissement des bases révolutionnaires et leur extension par vagues successives, nous ne nous permettons démettre aucun avis définitif, car il nest pas clair quaprès le développement de la lutte armée quelles conditions surviendront et comment seffectuera précisément le développement de la lutte ultérieurement. Le problème qui se pose à nous est celui de créer des noyaux combattants dans les campagnes et de pousser les paysans à linsurrection. Comme larticle lexplique dune manière détaillée, on ne peut ni créer des noyaux dans les campagnes dune manière non armée et ni pousser les paysans à linsurrection par un travail politique et, même au cas où une telle insurrection aurait lieu, on aurait besoin dune avant-garde armée pour affronter lennemi équipé des pieds à la tête par les armes de la deuxième moitié du vingtième siècle. En tout cas lexistence de lavant-garde armée est obligatoire. _____
ENTREVUE AVEC LES GROUPES DE RÉSISTANCE ANTI-FASCISTES DU PREMIER OCTOBRE AVANT LES ÉLECTIONS Aujourdhui, un an après leur dernière interview, les militants des G.R.A.P.O. parlent à nouveau pour Gaceta Roja. Ils analysent la nouvelle situation politique, les dernières actions des G.R.A.P.O. jusquau 31 août date de linterview et autres sujets dintérêt pour tous les antifascistes ou démocrates. Camarade : lit et fait circuler cette interview parmi tes amis et les gens que tu connais.
Comment les G.R.A.P.O. voient-ils lactuelle situation politique ? Lactuelle situation politique nest plus soutenable ; on en est arrivé au point où ceux qui sont en haut ne peuvent plus continuer à gouverner comme ils lon fait jusquà maintenant, et où ceux den bas les dépossédés ne sont plus daccord de supporter plus longtemps lactuelle façon de gouverner. Loligarchie, nous lavons toujours dit, navait pas la prétention de réaliser une quelconque rupture avec le régime de Franco ; ils ne voulaient que ravaler la façade de lédifice. Les phalangistes de toujours, déguisés dU.C.D., ont continué à gouverner avec les mêmes méthodes quavant, en augmentant la répression et la surexploitation. Cette politique na pas permis au régime de résoudre ses problèmes : la crise politique et les luttes au sein du parti du gouvernement en sont un exemple. Dun autre côté, le peuple revenu de ses illusions a tourné le dos aux partis politiques, piège dans lesquels le gouvernement voulait lenfermer. Face à lintransigeance de la classe dominante, un mouvement de masses très ample qui a de plus en plus recours à des méthodes de lutte radicales pour défendre ses intérêts, est en train de se développer. Le régime na aucune possibilité de manuvre, il se trouve dans une impasse et sa seule issue consiste à faire des concessions au peuple.
Face à la mascarade du 28 octobre, quelle est votre position ? Le peuple est fatigué et écuré de tant de démagogie et de farce électorale, il exige et lutte, non pour un changement de noms au gouvernement ou au parlement fasciste, mais pour un véritable changement de situation. Il est clair que convoquer des élections sans que ne se soit produit un quelconque changement, est une tentative du régime pour continuer à gouverner comme il la fait jusquà maintenant. Cest pour cette raison que notre Organisation appelle tout le peuple et les organisations démocratiques à préparer et à réaliser le plus vaste boycottage de la farce électorale. De notre côté, nous sommes prêts et en condition de mobiliser toutes nos forces pour développer ce boycottage et frapper le régime pour le faire reculer.
Loligarchie a signé les accords pour lentrée dans lO.T.A.N. et elle sest lancée dans la course aux armements. Quen pensez-vous ? Lorsque ces accords furent signés, notre Organisation a publié un communiqué dans lequel nous considérions ce fait comme un crime monstrueux contre les peuples dEspagne, qui avaient manifesté leur opposition à lentrée dans le bloc impérialiste O.T.A.N., et qui continuent encore à le faire. Nous avertissions encore le gouvernement : sil croyait quavec lentrée dans lO.T.A.N. la lutte allait sachever il se trompait. Actuellement tous les élements et organismes privés ou de lÉtat qui ont participé directement ou indirectement aux plans dentrée dans lO.T.A.N., leurs intérêts économiques, leurs propriétés et les intérêts des pays impérialistes de lO.T.A.N. dans notre pays, peuvent être considérés comme des objectifs de notre Organisation.
Que pensez-vous des manigances de Bandrés et de Roson pour instaurer le personnage du guérillero repenti ? En fait cotte politique du régime nest pas nouvelle. Dune part la police a toujours fait des propositions dargent ou de liberté aux détenus qui accepteraient de collaborer, comme délateurs. Carrillo, Felipe Gonzalez et dautres ont fait des propositions à Roson pour quil agisse dans ce sens. Si maintenant Bandrés joue ce rôle si vil, et même si le régime veut faire de lui l« alternative dEuskadi », cest parce que derrière ces manuvres se cache lextrême faiblesse du régime et dici peu ils devront liberer tous les révolutionnaires qui sont en prison. Lorsque ce moment arrivera le régime présentera sa reculade non pas comme une victoire du peuple qui a lutté depuis toujours pour lamnistie, mais comme une réussite du laquais Bandrés. Vous vous rappelez des déclarations de Martin Villa lors de la sequestration dOriol et Villaescusa et des mobilisations populaires pour lamnistie à la fin de 1976 et début 77 ? À ce moment là, le gouvernement répétait jusquà satiété que tous les prisonniers politiques étaient déjà sortis (Carrillo, Camacho et Cie) et quil nen sortirait pas un de plus. Eh bien, deux mois plus tard le gouvernement a été obligé de décréter une amnistie qui, même si elle nétait pas totale, fut cependant assez vaste. Et cest ce qui va se produire aujourdhui. Ils diront quils ne libéreront que ceux qui nont pas pris les armes et ceux qui voudront collaborer avec la police, mais sils veulent faire taire la lutte populaire, ils seront obligés de les libérer tous, et ce moment est de plus en plus proche...
Vous parlez dun échec de la répression. Cela veut-il dire que le régime cessera de réprimer ? Non, absolument pas. Le régime fasciste narrêtera jamais de réprimer, car cest là lessence même de son existence. Lorsque nous parlons déchec nous voulons dire que, pendant la dernière période, la répression a atteint la limite maximum et que loin datteindre leur objectif de liquider le mouvement de résistance de masse, celui-ci na pas arrêté de se développer. À quoi leur aura servi ces milliers de policiers ? À rien.
Les G.R.A.P.O. parlent du Programme des Cinq Points comme dun programme de cessez-le-feu. Comment se déroulerait ce cessez-le-feu ? Si le gouvernement accepte de négocier lapplication des Cinq Points et si de cette façon on arrive à un accord pour quune amnistie soit décrétée, que lEspagne se retire de lO.T.A.N., que les corps répressifs et les institutions de lÉtat soient épurées de leurs éléments fascistes, etc, en un mot, si les conditions minimums, mais fermes et réelles sont créées pour lexercice de la lutte par des moyens pacifiques, notre Organisation décréterait un cessez-le-feu. De toute façon, le gouvernement est en train de démontrer quil ne veut céder sur aucune de ces revendications. Il y répond en imposant ses plans par la force. Pour cette raison, ce qui simpose en ce moment cest daugmenter la lutte et de parler au gouvernement le seul langage quil comprend : celui de la lutte armée révolutionnaire.
Selon vos explications, que nous considérons justes, le cessez-le-feu ne pourra être envisagé quà long terme. Quen pensez-vous ? Cela dépend de deux choses : ou le gouvernement change dattitude ou la guerilla et le mouvement populaire frappent avec tant de force quils lobligent à reculer. De toutes façons, la crise du gouvernement est profonde, sa capacité de manuvre est aujourdhui si étroite (presque nulle) que les possibilités pour que se produise ce recul sont de plus en plus proches.
Au cours de cette année, il ny a eu aucune arrestation de militants des G.R.A.P.O. Cela signifie-t-il que la répression commence à diminuer ou est-ce la preuve de lefficacité des mesures dorganisation et de securité que vous avez prises pour contrecarrer la répression, et dont vous nous avez parlé dans votre dernière interview ? La question ne peut pas se poser ainsi ; le problème de la répression et de la lutte contre la police fasciste est plus profond. Dun côté, et nous lavons déjà dit plus haut, jamais la répression na été si forte quactuellement. Dun autre les mesures de sécurité et de réorganisation que nous avons adoptées pour mieux esquiver la répression policière ont contribué à diminuer les arrestations, cela à grands traits. Mais en rester là pourrait nous conduire à commettre une grave errour et à tomber dans lopportunisme. Dans la lutte contre le régime policier, les mesures de sécurité sont indispensables et nous les avons toujours prises. Mais cest principalement notre lutte armée révolutionnaire, et le fait que, malgré la répression, les actions armées des G.R.A.P.O. aient continué, qui ont réduit les forces de répression du régime à limpuissance. Depuis 1975, tout lappareil répressif de lÉtat essaye de nous liquider. Ils ont pour cela lancé des légions de policiers à nos trousses et ils ont essayé de discréditer lalternative révolutionnaire que nous représentons pour le peuple, en lançant de monstrueuses campagnes de calomnies, inconnues à ce jour. lls ont en même temps déployé contre le peuple et les éléments les plus avancés qui manifestaient leur sympathie pour la lutte armée, la répression la plus brutale, arrêtant, emprisonnant et torturant des milliers de personnes. Quel but poursuivent-ils avec cela ? Isoler les G.R.A.P.O. du peuple, laisser les guérilleros sans lien direct avec les éléments les plus avancés des masses, semer la panique parmi le peuple pour quil se soumette et ne se rapproche pas de son avant-garde. Plus nos liens avec les masses sont lâches plus il est facile à la police de nous trouver et de nous détruire.
Excusez-moi de vous interrompre, mais vous parlez dune relation directe entre les liens avec les masses et léchec de la répression. Pouvez-vous approfondir un peu plus cette question ? Cest ce que le camarade était en train de texpliquer. Le régime essaye, par tous les moyens, dempêcher le peuple de sunir et de sorganiser au tour de son avant-garde, en se présentant comme un ennemi tout puissant capable de liquider celui qui se soulève. À chaque action armée de notre Organisation, le gouvernement a essayé de répondre en arrêtant des centaines de personnes et lorsque par hasard un de nos guérilleros est arrêté, il sempresse de présenter le fait comme une conséquence de laction. Ainsi prétendaient-ils renforcer lidée dimpuissance totale pour transformer lordre établi ; ce qui selon eux aurait pour conséquence lacceptation par le peuple de leur idéologie et un refus de la lutte armée révolutionnaire. Un nombre toujours plus grand de personnes voit la guérilla avec symphatie non seulement parce quils voient en elle un groupe qui veut servir les intérêts du peuple et qui a déclaré la guerre à lennemi, mais parce que principalement ils voient le lien directe entre leur propre avenir et celui de la guérilla. Les actions armées ne sont rien dautre quun reflet dune partie des forces du peuple, qui poussent celui-ci à jouer un rôle actif dans le but de garantir leur propre avenir et la victoire de la lutte dans laquelle il est engagé. Arrivé à ce point, lappareil répressif du régime devient un vieux machin oxydé et la terreur et la répression ne peuvent déjà plus freiner le rapprochement du peuple travailleur et des forces davant-garde. En conclusion, ce qui est important ce nest pas quau cours de lannée écoulée la police nait pas arrêté un seul de nos combattants. Ce qui est important cest que lactivité armée révolutionnaire que développent les G.R.A.P.O. ait augmenté, et que malgré les arrestations qui pourraient se produire, notre activité ne pourra jamais être paralysée.
Comment voyez-vous la situation du mouvement de masses et du mouvement de résistance organisé contre le fascisme ? Le mouvement de masses de résistance au régime se trouve dans une phase de grand développement. Il suffit dobserver laugmentation continuelle du boycottage populaire aux farces électorales, les vagues de luttes qui se développent face à chaque mesure ou plans que le régime essaye dimposer et contre toute sa politique ; il suffit de voir les méthodes de lutte et les formes dorganisation si efficaces et démocratiques qui se développent depuis longtemps. Le régime se trouve acculé par ce mouvement, cest quil se développe en rupture et en contradiction avec les partis et syndicats vendus au regime et que, depuis longtemps, tous les éléments avancés qui surgissent de leur sein sorganisent en marge et hors de Ieur contrôle. Ce mouvement constitue la base du mouvement organisé de résistance et tous deux se complètent mutuellement. La consolidation et lextension dont jouissent les organisations populaires est en rapport direct avec le développement du mouvement de masses. Au sein du mouvement organisé de résistance, il y a encore des problèmes non-résolus, comme celui de lunité ou celui de lorganisation, mais dans la lutte et avec le temps, ces problèmes se résoudront. Actuellement, ce sont les aspects politiques qui prévalent.
La lutte armée contre le fascisme se développe aussi. Ces derniers temps, en particulier dans les nationalités opprimées, des groupes qui defendent la lutte armée ont fait leur apparition. Qu'en pensez-vous de lunité des organisations armées populaires ? Notre Organisation travaille au développement et à lunification du mouvement de résistance contre le fascisme et, au niveau des masses, il existe une coordination et une coopération toujours plus importantes entre les différents secteurs et leurs organisations. Mais au niveau des organisations armées populaires, cest plus difficile, car chacune possède ses structures et sa ligne politique qui ne coincident pas toujours, bien que dans la plupart des cas, ce qui nous lie est plus important que ce qui nous sépare. Les G.R.A.P.O. ont toujours prêté un soutien désintéressé aux organisations antifascistes et nous avons essayé davoir avec elles un certain type de rapports ou de coordinations, mais cela na pas toujours été possible. Cest la pratique qui nous a convaincu que se sera dans la lutte que lon commencera à voir cette coordination, ces rapports, cette unité.
Au cours de ces derniers mois les actions armées des G.R.A.P.O. ont embrassé des objectifs très variés. Quel caractère ont eu ces actions ? Depuis quelle a assumé le Programme des Cinq Points, notre organisation lutte pour imposer au régime ce programme qui synthétise les aspirations et revendications les plus ressenties par les peuples opprimés par lÉtat fasciste Espagnol. Cest pour cela que notre activité principale est dirigée contre des objectifs en rapport avec le Programme des Cinq Points. Les G.R.A.P.O. ont en plus réalisé des actions de solidarité avec lhéroïque lutte du peuple palestinien, contre les impôts, en solidarité avec les travailleurs des chantiers navals de Gijon ; les actions de récupération darmes et les expropriations économiques et techniques étant complémentaires de la lutte pour ce programme.
Votre lutte se développe dans des conditions de répression brutale et cela vous oblige à vous organiser dans la clandestinité et à adopter continuellement des mesures de securité. Pour cette raison, il y a des antifascistes qui sont prêts à prendre les armes ou à vous soutenir mais qui ne reussissent pas à trouver le moyen darriver à vous... Oui, peut-être, mais celui qui veut trouver et soutenir notre Organisation arrive à le faire. Il est évident quétant donné les conditions dans lesquelles se développe la lutte, nous sommes obligés de réaliser un travail de sélection avec les nouveaux militants. Cela diminue nos forces, mais les rend plus sûres et plus efficaces. Quant aux difficultés pour établir un contact cest un problème quil est difficile de résoudre, car, bien sûr, tout le monde na pas la possibilité darriver directement à lOrganisation. Or, dans ces choses-là, la hâte nest pas une bonne chose et tout futur militant doit passer par une période de mise à léprouve et, le fait de soutenir le mouvement du dehors peut servir de rôdage.
Bien, mais concrètement que peut faire un antifasciste qui voudrait soutenir la lutte armée ? Il peut faire beaucoup de choses : divulguer nos consignes par des bombages, pancartes, reproduire nos communiqués et les diffuser, etc. ; recueillir les informations sur toutes sortes dobjectifs en rapport avec le chômage (plan détaillés des usines où lon prétend licencier des travailleurs, endroit où lon enmagazine les stocks, domiciles des employeurs et des chefs dentreprises, propriétés de ceux-ci...), avec la répression (domicile dos policiers, des confidents, des mouvements des forces de répression, emplacement des casernes et des commissariats et formes possibles de les attaquer...), avec lO.T.A.N. (plans dinstallations militaires étrangères, domicile et mouvement de conseillers militaires, ambassadeurs et consuls, intérêts économiques des puissances impérialistes dans notre pays, système de communication et approvisionnement des bases...) ; informations sur les personnes et les institutions de lÉtat fasciste, sur les marchands darmes, les endroits où il y a de largent en abondance... Ces informations il faut les travailler et les compléter avec le maximum de détails et les passer immédiatement à lOrganisation ; au cas où cela ne serait pas possible, elles doivent être stockées dans un endroit sûr, accumulées en secret jusquà ce que cela puisse se faire. Ces personnes doivent en plus sincorporer au mouvement populaire et participer à la lutte pour les objectifs populaires en démontrant, par leur comportement exemplaire et désintéressé, quelles sont au service du peuple et quelles luttent pour ses intérêts.
Revenant sur le thème des actions, pourriez-vous nous expliquer la signification que vous donnez aux actions contre les forces de répression et, en particulier, celle du 26 avril à Barcelone. Cette action a été réalisée en riposte à la campagne de répression déclanchée par le gouvernement qui prenait pour prétexte les actions réalisées par E.T.A.(militaire). À cette époque, la plupart des villes subissaient les agissements de la police qui fouillait massivement les voitures, les logements, bus, trains, en déployent des contrôles sur toutes les routes et dans les centres importants du pays. Avec cela ils prétendaient semer la panique parmi le peuple, alors que dans les prisons les mesures dextermination contre les prisonniers politiques recommençaient. Ce sont ces conditions qui ont rendu nécessaire un avertissement et celui-ci a porté ses fruits ; deux jours plus tard, il ny avait plus un contrôle. La réalisation de laction fut parfaite. Malgré le risque (étant donné létat dalerte totale et la mobilisation dans laquelle se trouvaient les forces répressives) nos combattants firent preuve dune grande bravoure, de valeur et dastuce et ils ridiculisèrent tout le dispositif mis en place 15 secondes après. En ce qui concerne les actions contre les forces de répression en général, notre position est claire. Tant que le gouvernement narrêtera pas de réprimer le peuple, notre Organisation continuera à frapper ses forces de répression. Les policiers, les geôliers, etc., en sont les piliers fondamentaux, ces forces forment la base sur laquelle sappuye le régime. Ce sont eux qui tabassent les travailleurs, qui torturent les prisonniers, et qui assassinent tous les jours ; ces professionnels du crime et de la répression sont aussi ceux qui protègent leurs chefs sanguinaires. Sans ces mercenaires, loligarchie ne serait quun petit groupuscule de lâches. Les chefs et hauts gradés des forces de répression sont évidemment autant dobjectifs pour les G.R.A.P.O. Avant de réaliser une exécution, même sil sagit dun mercenaire, nous étudions laction et ensuite nous agissons sans ménagements. Si les policiers refusaient de torturer, de réprimer les manifestations, sils nassassinaient pas les travailleurs ou les antifascistes, sil dénonçaient les chefs qui les commandent, etc..., nous nagirions pas contre eux, mais contre leurs chefs. Dici là, et dans la situation actuelle, notre Organisation ripostera à tout assassinat ou escalade répressive. Gaceta Roja, no 117, _____
COMMUNIQUÉ DE CESSEZ-LE-FEU DES G.R.A.P.O. À la classe ouvrière, à tous les travailleurs, aux peuples des nationalités opprimées par lÉtat fasciste espagnol : La grave crise politique, sociale et économique que subit le régime, harcelé par la résistance populaire et la guérilla, a obligé loligarchie financière et les autres castes réactionnaires à utiliser la carte du P.S.O.E. afin de contenir la poussée révolutionnaire des masses. Leur isolement ne leur a pas laissé dautre issue que celle de faire des concessions au peuple, mais, en masquant que cest le peuple qui les impose. Labstention, passée sous silence, de plusieurs millions délecteurs des classes travailleuses, menée au milieu dun énorme tapage propagandistique en faveur de la participation, la manipulation des données électorales, et le fait quune partie des masses populaires aient accordé leur soutien conditionnel au P.S.O.E. dans lespoir que de réels changements se produisent, ne laissent aucun doute quant aux exigeances et aux désirs du peuple qui veut améliorer ses conditions de vie et en finir une fois pour toutes avec le régime fasciste dominant. Cest dans ce contexte quil faut situer la victoire électorale du P.S.O.E., favorisée par le grand capital lui-même. À la différence du P.S.O.E. de la période républicaine, lactuel P.S.O.E. nest plus que le gestionnaire des intérêts de loligarchie penchant vers des réformes plutôt que de tout perdre. Le P.S.O.E. ne pourra réaliser aucun changement sans la permission de ses maîtres, à moins que la classe ouvrière ne loblige à le faire. Cest seulement la lutte ferme et résolue qui pourra faire reculer le régime des monopoles, imposer des réformes bénéfiques pour le peuple et obtenir un régime vraiment démocratique et populaire. Nous, G.R.A.P.O., avons toujours été et serons toujours en faveur des réformes qui sont favorables aux masses, car ce sont de véritables conquêtes arrachées aux prix dune lutte sans concessions et acharnée, jalonnée defforts et de sacrifices. Depuis des années nous proposons un Programme Minimum en Cinq Points comme proposition pour un cessez-le-feu. Celui-ci recueille principalement les aspirations les plus immédiates et les plus ressenties par les masses populaires et qui se résument dans les points suivants : 1. Amnistie totale, abrogation de toutes les lois répressives. 2. Épuration des institutions de lÉtat et forces de répression, de leurs éléments fascistes. 3. Du pain et du travail pour tous. Non au chômage et à la misère du peuple. 4. Sortie de lO.T.A.N., non aux bases yankees dans notre pays. 5. Libertés politiques et syndicales. Dissolution du Parlement fasciste. Célébration de nouvelles élections et élaboration dune Constitution véritablement démocratique. Droit à lautodetermination pour la Galice, Euskadi et la Catalogne. Si les dirigeants du P.S.O.E., et très bientôt ceux du gouvernement, sont prêts comme ils le disent à faire sortir lEspagne de lO.T.A.N., sils sont ouverts au dialogue avec les Organisations de guérilla, sils sont décidés à épurer lappareil de lÉtat de leurs éléments fascistes et tortionnaires, sils interdisent la torture dans les commissariats, casernes et prisons, sils sont prêts à remettre en liberté les prisonniers politiques antifascistes, à abroger toutes les lois répressives, à améliorer les conditions de vie des masses, à donner une solution démocratique aux aspirations des peuples des nationalités opprimées par lÉtat fasciste Espagnol, en un mot, à rétablir un régime de véritables libertés politiques et syndicales, notre Organisation armée populaire est décidée à procéder à un cessez-le-feu indéfini et à se dissoudre. Preuve de notre disposition au dialogue et pour faciliter la mise en pratique des revendications populaires, nous, G.R.A.P.O., initions à partir daujourdhui même une trêve temporaire dans notre activité de guérilla, trêve qui sera rompue si les forces de répression mènent une escalade criminelle contre le peuple ou les organisations antifascistes ou sils passent outre les exigeances des masses populaires. À partir de maintenant nous lançons un appel à tout le peuple. aux gestoras pro-amnistie, à toutes les organisations et partis politiques démocratiques afin de lutter pour la libération des prisonniers politiques et pour la conquête du Programme en Cinq Points. POUR LAMNISTIE TOTALE ! ! À NOËL TOUS À LA MAISON ! ! POUR LABROGATION DE TOUTES LES LOIS RÉPRESSIVES ! ! ÉPURATION ET CHÂTIMENT DES PUTCHISTES ET TORTIONNAIRES ! ! POUR LE RÉTABLISSEMENT DAUTHENTIQUES LIBERTÉS ! ! LIBERTÉ OU MORT ! ! NOUS VAINCRONS ! ! Novembre 1982 G.R.A.P.O. _____
DE VÉRITABLES CHANGEMENTS OU GUERRE RÉVOLUTIONNAIRE OUVERTE
Cest au milieu de la crise et de la décomposition du régime et des partis réformistes que sest tenue la farce électorale du 28 octobre. La victoire du P.S.O.E. na surpris personne. Les masses exigeant des changements politiques, économiques et sociaux radicaux, et loffensive continuelle de la résistance guérillera ont conduit le régime à une situation disolement total.
Face à une telle faiblesse, loligarchie monopoliste a été obligée dutiliser la carte du P.S.O.E., quils gardaient en réserve depuis longtemps, afin de masquer leur recul devant la résistance populaire et pour pouvoir ainsi contenir le mouvement révolutionnaire. Loligarchie financière à investi des milliards de pesètes dans la campagne électorale du P.S.O.E. et dans celle en faveur de la participation à la farce. Tous les médias ont été à sa disposition, sans limite, pour diffuser leurs promesses de changement. Dans ces conditions, le fait quil ait eu un pourcentage dabstention de plusieurs millions délecteurs est très important alors que partout, des partis avec les Tejero et Blas Pinar depuis les chaires en passant par tous les bureaux de ladministration, tous ont appelé à oter, sans oublier les manipulations en tout genre qui ont été employées pour réduire le pourcentage dabstention et gonfler les résultats. Pour notre Parti, le boycottage de 6 millions délecteurs, appartenant aux masses travailleuses, a une grande valeur, de par la signification du boycottage conscient et du refus radical des manuvres fascistes réformistes. Dautre part, il faut tenir compte du fait quune partie de la classe ouvrière et du peuple ont accordé leur soutien conditionnel au P.S.O.E. dans lespoir dobtenir des améliorations immédiates dans leurs conditions de vie et que des réformes soient réalisées pour en finir avec le régime fasciste représenté par lU.C.D. Avant la mascarade du 28 octobre, loligarchie a brûlé sa dernière cartouche. Maintenant, si elle veut empêcher que cette cartouche allume la flamme de la révolution, elle devra céder devant la poussée révolutionnaire et admettre les exigeances populaires de véritables changements. Cest ainsi que se pose la question. La classe ouvrière et les masses populaires ne se sont pas laissées tromper et, avec leur avant-garde, elles vont lutter sans cesse jusquà lobtention de leurs revendications les plus immédiates et les plus urgentes synthétisées dans le Programme des Cinq Points.
Le P.S.O.E. actuel est un parti au service du grand capital. Le P.S.O.E. est un parti fabriqué à la mesure de loligarchie fasciste et du capital des grandes multinationales. Il a surgit du jour au lendemain. À la différence du P.S.O.E. historique, qui a eu une origine ouvrière et populaire, il manque à celui daujourdhui une base sociale stable et il a surgi inféodé aux intérêts de Ioligarchie financière pour servir de pièce de rechange face à nimporte quelle situation difficile, pour être utilisée comme pompier de la révolution. Le rôle quil devra maintenant jouer est celui de contenir, avec quelques réformes et beaucoup de promesses, le mouvement révolutionnaire et cacher la défaite subie par le régime face à la guérilla et à la résistance ouvrière et populaire. Sil est vrai que dans le domaine politique le P.S.O.E. pourra mener à bien quelques réformes dans lappareil de lÉtat fasciste, réformes qui naffecteront pas le pouvoir politique et économique du grand capital et qui en fait ont déjà été considérées comme inévitables par loligarchie financière, lArmée et lÉglise , il nen va pas de même sur le plan économique. Avec le P.S.O.E. au gouvernement, les sacrifices quon va imposer aux masses travailleuses seront encore plus grands. Plus de chômage, plus dimpôts, plus de misère et dexploitation pour les capitalistes, véritables maîtres du pouvoir, qui puissent faire face à la crise économique. Dans ces conditions daggravation de la vie des masses et de désenchantement devant les promesses inaccomplies, une période de lutte de classes va souvrir en Espagne, au cours de laquelle le mouvement révolutionnaire des masses acquierra de grandes proportions. Dans cette période, ce qui va occuper toute lattention des masses ne sera pas la lutte pour telle ou telle réforme, mais la lutte pour la prise du pouvoir et lexpropriation des grands capitalistes, comme solution définitive de toutes leurs misères et leurs souffrances. Le peu de marge de manuvre de la bourgeoisie pour contenir le mouvement de résistance se mesure au fait que sans de véritables réformes, sans de réelles concessions au mouvement de résistance, en peu de temps, la « victoire » du P.S.O.E., la consolidation supposée de la monarchie franco-bourbonique sécrouleront comme un château de cartes sous le premier souffle du mouvement de résistance. Le temps des illusions réformistes est déjà révolu. Les masses en ont assez des paroles et elles exigent des changements radicaux.
Le régime a subi une grave défaite. Lescalade terroriste du gouvernement de Calvo Sotelo et Roson pour paralyser la résistance ouvrière et populaire, et essayer dachever la guérilla, a subi un échec retentissant. Le mouvement de résistance a fait face à toutes les tentatives du gouvernement pour faire appliquer le programme dexploitation de la classe ouvrière et du peuple. Les plans de réorganisation et de licenciement en masse, ont dû être gelés devant la résistance croissante de la classe ouvrière. Il sest produit la même chose avec dautres projets anti-populaires face auxquels les masses travailleuses ont fait preuve dune opposition tenace. Dautre part, les contradictions internes entre les différentes castes de loligarchie nont pas cessé de saccentuer. Les concessions du gouvernement de Calvo Sotelo au secteur le plus noir et réactionnaire nont pas servi à calmer les divergences de famille. Les tentatives de putch se sont répétées avec la circonstance aggravante quelles menacent les intérêts et les plans dune grande partie de secteurs oligarchiques qui ne sont pas disposés à accepter les solutions putchistes. Face à cette situation, devant la poussée de la résistance populaire, il ne reste plus au secteur de loligarchie prêt à continuer avec les réformes plutôt que de tout risquer quà mettre au pas le secteur le plus récalcitrant. Il ne fait aucun doute que la guérilla a été et continue à être, la principale raison des querelles au soin de la classe dominant. Y mettre fin a été le plus grand souci des gouvernements précédents. Et cest néanmoins dans ce domaine que léchec de loligarchie a été le plus retentissant. Une fois de plus, la guérilla a accompli son rôle de fer de lance du mouvement de résistance. Les actions armées de ces derniers mois ont servi pour donner le coup de grâce aux plans antiterroristes du gouvernement et à ses illusions den finir avec le mouvement politique de résistance. Après 7 ans de lutte infatigable et sans concession dans le cas des G.R.A.P.O. et depuis beaucoup plus longtemps dans le cas dE.T.A., non seulement la guérilla na pas été mise en échec, ce qui déjà, représente une victoire politique, militaire et morale, dont les résultats ne tarderont pas à porter leurs fruits, mais encore elle sest développée et sest enracinée dans les masses. Cest de là que vient son développement et sa force. Sans cela, la guérilla auraient été anéantie depuis longtemps. Loligarchie et le gouvernement socialiste devront tenir compte de ce fait très important. Toute solution, pour que les armes des organisations de guérilla se taisent et pour réussir la paix sociale dont ils ont tant besoin, devra passer par létablissement dun régime démocratique et la satisfaction des exigences populaires.
La lutte doit continuer jusquà la conquête de chacun des points du Programme en Cinq Points. Cest seulement lorsque loligarchie sest vue profondément isolée et encerclée et avec face à elle un puissant mouvement de résistance, seulement lorsquelle entrevoit la fin de son existance, quelle cède sur quelque chose. Cest ainsi quelle a toujours esquivé la tempête et cest ce quelle prétend faire maintenant. Son intention est de ne pas seffondrer définitivement et, pour cela, elle doit changer quelque chose, le minimum, et présenter ce changement comme une initiative à elle et non comme le résultat de longues années de lutte et de sacrifices de la classe ouvrière et des masses populaires. Telle a toujours été leur politique ; donner quelque chose pour reprendre le maximum. Cest pour cela, et malgré le fait quils aient besoin de ce changement qui leur permettra de rétablir pour quelque temps une certaine paix sociale et ainsi dimposer leurs plans de surexploitation quils résistent encore à les aborder à fond et quils tenteront de réduire au minimum ces améliorations. Il est donc très important quaucun type dillusions ne se créent dans les rangs populaires. Le peuple et son avant-garde ont intérêt à la conquête de véritables réformes mais, à la différence des castes réactionnaires, les difficultés et les pénalités de la lutte ne nous font pas peur. Nous navons rien à perdre, mais bien un avenir lumineux à gagner, et nous ne cesserons jamais de lutter jusquà lobtention de ces améliorations. Cest la bourgeoisie qui, par contre, a beaucoup à perdre, elle va perdre des siècles de privilèges, son rôle dominant dans lhistoire. Cest pour ça quelle se débat devant son recul historique face aux forces progressistes en essor. Et il en sera ainsi jusquà sa disparition définitive de lhistoire. Il est de notre devoir de poursuivre fermement la lutte de résistance, et cela jusquà ce que tous les prisonniers antifascistes, sans exception, soient libérés, jusquà ce que notre pays sorte de lO.T.A.N., jusquà ce que les conditions de vie du peuple saméliorent véritablement, quon interdise la torture ; jusquà ce que les organismes de lÉtat, de lArmée et de la police soient épurés de leurs éléments fascistes et tortionnaires, jusquà ce que soit concédé aux nationalités opprimées leur droit à lautodétermination, et que soit établi un régime dauthentiques libertés politiques et syndicales.
« À Noël tous à la maison ! » Cest sous ce mot dordre que la lutte populaire doit continuer sans trêve. Conquérir aujourdhui le Programme des Cinq Points signifie avancer dans la conquête de la République Populaire des Travailleurs, et limplantation du socialisme et du communisme dans notre pays. Le moment est très favorable et cest pourquoi il faut faire pression au maximum pour que les promesses faites par les socialistes dans leur campagne deviennent réalité. Ne cessons pas notre effort ! ! POUR LA LIBÉRATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES ! ! À NOËL TOUS À LA MAISON ! ! INTENSIFIONS LA LUTTE POUR LA CONQUÊTE DU PROGRAMME DES CINQ POINTS ! ! Gaceta Roja, no 118, _____
ENTREVUE AVEC LES G.R.A.P.O. APRÈS LES ÉLECTIONS
Qua représenté pour vos objectifs et votre activité de guérilla votre dernière campagne ? Pour nous, cette campagne était très importante. Elle avait pour objectif politique fondamental de renforcer la résistance populaire et le boycottage de la farce électorale. Sur le plan militaire, elle a représenté la consolidation de linitiative que nous avions commencé à reprendre au cours de ces derniers mois. Des effectifs importants ont été mis en action et notre opérativité dans différentes régions a été renforcée. Dautre part, la campagne a été centrée sur la propagande armée afin de mettre en garde le gouvernement et loligarchie : au cas où ils naccéderaient pas aux revendications populaires contenues dans le Programme des Cinq Points, nous recommencerons, de façon échelonnée, à frapper lappareil de lÉtat aux points les plus sensibles. Nous sommes en condition de le faire et nous y sommes prêts.
On ne peut cependant pas dire que le gouvernement ait accédé à aucune de vos positions ni quil ait exprimé lintention de le faire. Il est vrai que le gouvernement de U.C.D. na pas prouvé effectivement son intention dessayer de donner une solution politique au problème de ce queux appellent le terrorisme. De toutes façons nous croyons, ou du moins nous espérons, quen cédant la place au P.S.O.E. (qui en réalité est un parti derrière lequel se trouve loligarchie) ils ont ouvert la voie à certaines réformes politiques face à la grave situation dans laquelle ils se trouvent, tout en essayant de masquer que cest la résistance populaire et la guérilla qui les obligent à reculer.
Si lon élargit et concrétise un peu plus votre exposition antérieure sur la farce electorale, comment en analysez-vous les résultats ? Sur le plan de la pratique nous pouvons dire que lexpérience a été très positive parce quen plus des actions denvergure des 29 septembre et 17 octobre, que les mass média nont pu passer sous silence, nos combattants ont réalisé des actions de sabotage pour soutenir plusieurs luttes ouvrières importantes. Dans tout le pays, nous avons réalisé un vaste travail sur le plan de la propagande en distribuant des milliers de communiqués, en plaçant des pancartes et des drapeaux de la République Populaire, en lançant des appels au boycottage au moyen de haut-parleurs. Nous avons réalisé toute cette activité en conservant intactes nos forces, ce quil est important de signaler, étant donné le vaste déploiement policier que nous avons dû affronter. Quant aux résultats politiques, nous pensons quils sont également positifs. Il y a eu un boycottage important et très conscient, ce qui prouve le degré élevé de conscientisation politique du secteur populaire qui la pratiqué, en ayant dû affronter la démagogie et la pression gigantesque quont exercés tous les mass médias et les moyens de propagande, protagonisant la participation. Les 20 % de boycottage reconnu officiellement représentent six millions de personnes. Rends-toi bien compte, ceci situe le boycottage comme deuxième force politique, six millions de personnes pour qui le vote nest pas une solution à leurs problèmes, mais bien la lutte décidée et conséquente. Cest là une grande victoire pour le mouvement révolutionnaire.
En quelques mots, pourriez-vous nous expliquer votre analyse du résultat des élections ? Premièrement, ce qui doit être bien clair cest que le P.S.O.E. est un parti placé par loligarchie à la tête du gouvernement à un moment où il se trouve plongé dans une crise grave ; sils ont opté pour cette solution, cest parce quils se trouvent acculés par le mouvement de résistance et par lactivité de la guérilla, ce qui ne leur a laissé quune seule possibilité, celle de faire des concessions au mouvement de résistance populaire. Cest ça ou creuser leur tombe. Dautre part, nous ne perdons pas de vue le fait que le P.S.O.E. a reçu le soutien dun secteur du peuple, mais cest un soutien conditionné au fait quil y ait de véritables changements dans la situation. Ces deux facteurs, avec le vaste boycottage dont nous parlions plus haut, ouvrent de très bonnes perspectives pour que ces changements se produisent.
Ainsi donc nous pouvons dire que vous considerez que le régime devra faire marche arrière. De toute façon, comment voyez-vous lavenir du mouvement révolutionnaire ? Prenons les choses les unes après les autres. Nous navons confiance que dans le peuple et dans sa lutte car ce sont eux qui, en définitive, ont placé le régime dans cette situation. Cest pour cela que nous avons de bonnes raisons dêtre confiants dans la victoire. Si le régime ne profite pas de la période actuelle pour accéder aux revendications populaires, il ne fera quaggraver plus encore sa situation et il mènera le pays à une guerre civile ouverte. Tôt ou tard ils devront reculer. Sils le font maintenant, ils gagneront sans aucun doute un certain répit, si non, tant pis pour eux.
Votre évaluation de la situation politique vous a conduit, à décréter une trêve temporaire dans votre activité militaire. Pourquoi ? Ne pensez-vous pas que cela puisse être interprété comme un abandon de la lutte armée ? Depuis 5 ans nous proposons un cessez-le-feu et même lautodissolution des G.R.A.P.O. si le régime accède aux revendications populaires contenues dans le Programme en Cinq Points. Personne nest plus intéressé que notre peuple et nous-mêmes à lutter et à défendre les intérêts populaires de façon pacifique. Mais il est clair que les conditions qui le permettraient ne sont pas encore réunies. Il ny a, par conséquent, aucune raison dabandonner la voie de la résistance armée. La trêve que nous avons décidée ne peut avoir quune seule interprétation, et ceci doit être bien clair. Nous avons ainsi exprimé notre désir et notre bonne volonté de ne pas gêner le nouveau gouvernement dans la mise en pratique immédiate des mesures nécessaires pour donner une solution aux graves problèmes des masses populaires. Voilà ce qui va déterminer la durée de notre trêve. Si le nouveau gouvernement ne présente pas de clairs symptômes de vouloir introduire de véritables réformes ou si les forces de répression commettent des abus, nous romperions immédiatement la trêve. Les difficultés de la lutte ne nous ont jamais fait peur et nous sommes prêts à les affronter.
Quelle importance donnez-vous dans le contexte actuel à la libération des prisonniers politiques ? À notre avis, la lutte pour lamnistie totale doit être laxe central de lactivité et de la lutte populaire actuellement. Pourquoi ? Figure-toi combien il serait absurde de parler de libertés politiques lorsquil y a un millier de prisonniers politiques qui sont enfermés précisément pour avoir lutté de la seule façon possible pour ces libertés. Ce serait une énorme contradiction. Pour cette raison, la libération des prisonniers doit être le premier point à résoudre pour le nouveau gouvernement. La façon selon laquelle le gouvernement socialiste affrontera ce problème nous permettra de connaître ses véritables intentions. Gaceta Roja, no 118, _____
DÉCLARATION POLITIQUE DE MARINA DA SILVA AU PROCÈS DAPPEL (Mars 1983) Je voudrais dabord préciser que jai fait appel car je naccepte pas cette condamnation et que je ne vous reconnais pas le droit de me juger. Si je me suis ensuite désistée, cest parce quelle mest tout simplement apparue dans lordre des choses par vous établi. Ordre que je vérifie actuellement à partir de la prison où je suis détenue lorsque votre justice de classe sexerce en encageant des femmes alors que cest votre système dexploitation qui sème la misère, le chômage et la prostitution. Et que vous récoltez la colère et la rébellion. Je nai pas lintention de revenir sur les faits. Ils sont simples. En première instance votre tribunal sest acharné à réduire mon argumentation pour démontrer que jétais coupable. Coupable de quoi ? Alors que jai purement et simplement été prise en otage à la suite dune action militante. Inutile de chercher à savoir si jai participé où pas à la destruction du musée de la légion dhonneur puisque vous mavez jugèe à l« intime conviction », jugeant ainsi non pas les faits, mais mon engagement politique. Je ne suis pas là pour men étonner et encore moins pour men indigner. Lorsque vos tribunaux relâchent des assassins, quand ils sont flics, vigiles, légionnaires ou douaniers, alors quils font tomber des années de béton sur les couches les plus exploitées et les plus défavorisées de la population, lorsque le racisme et le sexisme viennent étoffer vos condamnations de classe, je ne vais pas men étonner puisque ce nest jamais les faits supposés ou réels que vous jugez, mais ce qui en est à lorigine. Les lois sont donc seulement les vôtres, manipulables à volonté, pour en dernier ressort nexprimer que votre domination de classe. Vous me jugez donc ici parce que je suis une femme et communiste. Cest en tant que femme et communiste, parce que je lutte pour ma propre libération et pour celle de tous, que je fais entièrement mienne lattaque portée contre le musée de la légion dhonneur. Je vous épargnerai le réquisitoire contre ce symbole de barbarie colonialiste et impérialiste que représente pour moi le musée de la légion dhonneur. Pour que ce ne soit pas totalement inutile il faudrait admettre que vous mêmes ne soyiez pas postulants à ces décorations qui nhonorent que vous... Et puis, ce nest quun symbole. Je me contenterai donc de dire que, lorsque je vous vois ôter au criminel-contre-le-peuple quest Bokassa sa nationalité française, pour lui laisser sa petite médaille dhonneur française, cela me fait sourire... Cette attribution à daussi notoires bouchers et le nombre ne manque pas est une illustration suffisante de votre « moralité ». Elle contre à elle seule le discours mensonger et chauvin que va se faire le plaisir de développer tout à lheure lavocat de la partie civile. Nous navons pas le même langage. Vous avez celui des oppresseurs. Celui qui qualifie de criminalité la révolte, de terrorisme le combat. Celui qui qualifie de seuil-de-tolérance-dépassée la déportation des travailleurs immigrés, après en avoir pressé la force de travail. Celui qui qualifie de légitime défense et de sécurité, livrognerie, la parano, la haine. Vous avez enfin le langage de ceux qui ont massacré et torturé (avec la bénédiction de la légion dhonneur) en Algérie, à Madagasçar, en Indochine. Et qui aujourdhui, dans la même continuité, torturent et massacrent au Liban et au Tchad. Je voudrais donc simplement insister sur le sens de cette action. Dabord dire que faisant partie du Collectif de Libération de Frédéric Oriach, cela explique que jai eu ce brouillon en ma possession. Ce Collectif est un collectif anti-impérialiste. Et plus spécifiquement, un collectif anti-sioniste et pro-palestinien. À ce titre, il appuie la Lutte des peuples libanais et palestinien, popularise les actions de résistance, quelles soient menées au Liban, aux États-Unis ou en Europe. Donc en France. Particulièrement en France, puisque nous affirmons que la guerre menée là-bas nous concerne ici directement. Quelle est rendue possible du fait que lindifférence et la passivité ici rechargent les armes des troupes de choc du gouvernement français. Je métais donc engagée à rendre publique ce communiqué. Pour ce quil porte de la nécessité du combat anti-impérialiste. Ici et maintenant. En tant que femme et communiste, je dis que nous sommes en guerre aujourdhui. La France est en guerre dans tous les conflits où elle est ouvertement engagée : Afrique, Moyen-Orient... Et plus largement de par sa simple activité de pays impérialiste, participant au fait quon prévoit tout simplement 30 millions de morts de faim pour 1984. Quon stérilise de force plus de 10 millions de femmes dans les pays dits en voie de développement. Quon contamine les populations autochtones à coups dessais nucléaires dans le Pacifique. Je voudrais rappeler quelques chiffres. En tant que pays impérialiste, la France consacre 17 % de son budget national à des seules fins militaires. Le budget militaire des États-Unis dépasse lui de loin les 330 milliards de dollars de la dette étrangère latino-américaine. Quant au budget de la légion dhonneur, il atteint, pour la simple représentation bourgeoise, la modique somme de 127 millions de francs... À notre tour de faire les comptes ! Il y a eu lan dernier un hold-up chez Cartier, à Nice. On apprend quun seul et bête briquet y coutait 100 millions. 100 millions, cest 21 ans de salaires à 3.700 F pour un O.S. de chez Citroën (avec le 13e mois !). Cest encore à 150 F/mois, 510 ans pour un travailleur du nord-est brésilien... En tant que femme et communiste, je fais simplement partie de tous ceux qui pensent que le spectacle ignoble de millions dindividu(e)s crevant sous lexploitation, dans un monde qui produit des classes - affaires - pour - faire - voyager - les - valises, une industrie de nourriture de luxe et une autre de produits amaigrissants, pour la jouissance dun petit nombre de crapules, ne peut pas durer plus longtemps et quil faut coute que coute changer ce monde. Combattre pour la révolution communiste. On a voulu faire de notre camarade, Frédéric Oriach, un anti-sémite fou furieux, alors que ce que nous voulons cest la victoire pour la Palestine. Cest la défaite des impérialistes au Liban et aux 4 coins du monde ! Alors que ce que nous affirmons cest notre anti-sionisme. Que nous combattons toute forme dapartheid. Et quêtre anti-sioniste cest mener la lutte contre lÉtat colon dIsraël, État fasciste, expansionniste et raciste. Et nous sommes anti-sionistes, parce que nous sommes communistes. Jen profite donc pour réaffirmer mon entière solidarité avec mon frère et camarade, Frédéric Oriach. Pour exiger sa libération comme je lai toujours fait jusquà présent et comme je continuerai à le faire. Et jen profite pour lui offrir, ainsi quà tous mes camarades, ces quelques phrases : « Cette misérable na-t-elle pas cent fois déclaré que tous doivent avoir part au banquet de la vie ? Où serait le plaisir de la richesse sil ny avait pas à comparer sa position de gorgé à celle des crève-de-faim ? Où serait le plaisir sentiment de la sécurité si on ne comparait pas sa bonne position bien solide à la situation de tous ceux qui traînent dans la misère ? « Et cest une femme encore ! Cest là le comble. Si seulement on pouvait la berner tant soit peu avec lidée que des femmes obtiendront leurs droits en les demandant aux hommes ! Mais elle a linfâmie de dire que le sexe fort est tout aussi esclave que le sexe faible, quil ne peut donner ce quil na pas lui-même, et que toutes les inégalités tomberont du même coup quand hommes et femmes donneront pour la lutte décisive. « Si cette femme était la seule on dirait : cest un cas pathologique ! Mais il y en a des milliers, des millions qui se foutent de toute autorité et qui sen vont jetant le cri des russes : Terre et liberté ! » Elles ont été prononcées par Louise Michel. Elles font partie de notre culture. Nous vous laissons celle du musée de la légion dhonneur.
Marina DA SILVA Prisonnière Politique 11638AD6E _____
BRIGADES ROUGES :
Le 15 février 1984 un noyau armé de notre organisation a exécuté Ray Leammon Hunt, Directeur Général de la « Force Multinationale dObservation au Sinaï », constituée pour garantir les accords de Camp David conclus entre lEgypte et Israël sous le contrôle direct des U.S.A. Ce porc pouvait se vanter dune longue « expérience » dans le sale boulot que les inpérialistes yankee dévelloppent quotidiennement partout dans le monde. Son curriculum vitæ en témoigne dune manière éloquente : de Jérusalem à la Turquie, de Ceylan à lÉthiopie, du Costa Rica au Liban, il parvient à occuper la charge de vice-assistant de Kissinger en 1974. En 1976 il est à Beyrouth, et à cette époque, chargé plus particulièrement des questions du Proche-Orient, il accède enfin au poste de Directeur Général dune force militaire occidentale, directement organisée et financée par les U.S.A. Il est de ces « fonctionnaires diligeants », lâchés partout dans le monde pour organiser ces saloperies que limpérialisme américain commet aux dépens des peuples en lutte pour une réelle auto-détermination et indépendance. Ce sont ces gérants qui sont responsables des pires massacres perpétrés par limpérialisme, de Tall el-Zaatar à Sabra et Chatila et jusquaux coups de canon du New Jersey. Le fait davoir mis un terme à lexistence misérable de ce sale larbin de limpérialisme constitue un honneur pour notre organisation et en même temps un devoir envers le mouvement révolutionnaire international. Pourquoi avons nous frappé R.L.H. ? Quelle est la fonction et la signification de la « Force Multinationale dObservation » (M.F.O.) ? La fonction de cette force militaire et ce nest pas un hasard si le contingent italien y participe aussi est celle de garantir la sauvegarde des intérêts américains au Proche-Orient grâce à laccord entre lEgypte et Israël soutenu par des milliards de dollars, et au dépens du peuple palestinien. La signification politique est dune importance remarquable dans lévolution des relations internationales vers le déclanchement de la guerre entre les deux « blocs », puisque dun côté elle ratifie formellement, à travers des structures de caractère international apparemment légales, des intérêts et des influences de loccident et que de lautre côté elle entame une pratique spécifique qui a trouvé du répondant dans la formation dune seconde force multinationale cette fois ci au Liban qui laisse clairement entrevoir une même continuité dans des régions comme lAmérique Centrale. Camarades, prolétaires, Lévolution récente des relations internationales démontre sans équivoque que les plus grandes puissances impérialistes sont en train de sorganiser pour laffrontement militaire. Les peuples du monde entier assistent à une course menaçante aux armements. nucléaires et conventionnels, que le cynisme effronté des gouvernements bourgeois voudraient justifier à travers des raisons de défense et de sécurité. Les dépenses militaires augmentent de façon évidente dans chaque pays et avec de lourdes retombées pour les conditions de vie des masses : comme si cela ne suffisait pas, cest le condamné lui-même qui paie les frais de son supplice ! La tension internationale croissante se manifeste toujours plus fréquemment dans ces conflits dit « locaux », où du tout au tout se concentrent et explosent des contradictions qui, bien que propres à un contexte local, sinsèrent de toutes façons dans le cadre général caractérisé par lopposition profonde des deux plus grands blocs impérialistes. Sur cette toile de fond qui traditionnellement précède léclatement de la guerre directement entre impérialistes, lhypocrisie de la bourgeoisie et de ses gouvernements est sans bornes : chaque administration se plaint de lagressivité de lautre, chaque « bloc » professe son pacifisme et sa bonne volonté à propos du problème du désarmement et de façon plus générale par rapport à lorientation de sa propre politique extérieure. Dans les faits la réalité est bien différente : la profonde crise économique qui envahit tout le monde capitaliste accroît démesurément la compétition entre les plus grands groupes monopolistes et financiers et par conséquent également celle entre les États , lexigeance de lélargissement des marchés est sans cesse plus pressante ainsi que le contrôle rigide des matières premières pour une relance générale de la production capitaliste. Laffrontement militaire entre impérialistes simpose comme la solution obligée, comme le débouché objectif de la crise actuelle qui, se prolongeant depuis le début des années 70, a remis en cause les formes daccumulation réalisées par le capital à léchelle internationale de la fin de la seconde guerre à aujourdhui. À vrai dire la bourgeoisie ne peut pas éviter la guerre parce que son système social propre en produit les causes profondes. Que les choses soient ainsi on peut le voir en portant notre attention sur limpuissance progressive de lO.N.U. face aux très nombreux foyers de guerre et à laccroissement de la tension internationale dans le monde. Cette organisation, qui devrait représenter la volonté générale des gouvernements des pays membres de sabstenir de faire la guerre pour résoudre des conflits internationaux, a assisté impuissante, voire même consentante, à la guerre des Malouines, à lagression israélienne au Liban, à loccupation yankee de la Grenade. Cette organisation assiste aujourdhui même, samusant à la limite à des « résolutions de condamnation » savamment négociées par des diplomates « langues de bois », aux provocations permanentes de ladministration Reagan à légard du Nicaragua, au sale et révoltant boulot des racistes Sud-Africains contre lAngola et le Mozambique, à lingérence des « socialistes » de Mitterand au Tchad, à loccupation prolongée soviétique en Afghanistan. Limpuissance absolue et grotesque des Nations-Unies est un indice indiscutable de la déterioration des relations internationales qui nous renvoit au souvenir du cadavre de la « Société des Nations », piétiné par Munich, par l« appeasement » anglo-français et, en dernier lieu, écrasé par le talon nazi-fasciste. On pourrait dire que le dicton fameux qui dit que lhistoire se répète toujours deux fois, la première comme tragédie et la seconde comme farce, est dactualité. Les raisons qui sont à la base de la constitution de la M.F.O. pour le Sinaï sont lexemple même de la manière dont se manifeste la tendance générale exposée ci-dessus ; on comprend ici dune manière très significative et qui concerne également de près le prolétariat italien, comment les puissances impérialistes passent tranquillement outre lO.N.U. quand leurs intérêts sont en jeu et lorsquil sagit dasséner un coup décisif aux mouvements de libération nationaux et populaires qui se battent contre loppression et lexploitation. La M.F.O. pour le Sinaï est effectivement une force militaire constituée en dehors de lO.N.U. pour garantir lapplication des accords de Camp David de 78 qui, comme chacun sait, représentent un coup dur pour la cause palestinienne et plus généralement pour lopposition à limpérialisme sioniste. Leffritement du front arabe par la trahison de Sadate, le renforcement du prestige de lentité sioniste légitimée à poursuivre sa politique bestiale dannexion des territoires occupés, Cisjordanie et Gaza, la réduction générale de linfluence soviétique au Proche-Orient ne sont seulement que quelque-uns parmi les résultats conquis par les U.S.A. et les sionistes suite à Camp David : ce sont autant de pièces dune plus grande mosaïque qui préfigurent une réorganisation globale de la zone du Proche-Orient capable dassurer aux U.S.A. le contrôle complet de cette région vitale, déjà dangereusement remis en cause par la pénétration soviétique en Afghanistan, par lIran chiite et par les caractéristiques démocratico-populaires de la révolution palestinienne. En ce sens, il y a une continuité évidente et criminelle entre Camp David et lopération « Paix en Galilée » de juin 82. Il existe un lien clair entre la M.F.O. au Sinaï et lactuelle mieux connue « Force Multinationale de Paix » au Liban, toutes les deux représentantes armées de limpérialisme occidental, garanties et agents dun équilibre fonctionnel pour les intérêts stratégiques des U.S.A. et de lO.T.A.N. au Proche-Orient. Malgré limpressionnante quantité de propagande nauséabonde, la position des gouvernements européens par rapport à cela est très claire : ils sont en première ligne dans la course vers une solution des problèmes du Proche-Orient qui, tout en sauvegardant les relations avec les pays arabes modérés, permet une meilleure exploitation des ressources économiques (en premier lieu énergétique) dans le cadre politique et stratégique garanti manu militari du sionisme. Comment expliquer labstention au sein de lO.N.U. de la France, la Grande-Bretagne, la R.F.A., lItalie sur le problème de la convocation de la « Conférence Internationale sur la question Palestinienne », sinon comme accord tacite au vote impudent et dopposition des U.S.A. et dIsraël ? Nest-ce pas un soutien hypocrite et criminel aux infâmies sionistes que cela ? Comment interpréter le soutien français à lIrak de Sadam Hussein et les énormes contrats militaires allemands avec lArabie Saoudite ? Et enfin, la France, lItalie et la Grande-Bretagne sont-elles ou ne sont-elles pas engagées dans des missions militaires clairement marquées par limpérialisme ? Les puissances impérialistes européennes ne sont évidemment pas neutres au Proche-Orient ; tout au contraire, elles font preuve dun activisme effréné totalement engagées aux côtés des impérialismes américains et sionistes dans les actions de refoulement de linfluence soviétique et pour faire dégénérer globalement les caractéristiques democratico-populaires du sentiment national palestinien. Le gouvernement italien nest pas neutre, et notre bourgeoisie nest pas neutre non plus, elle qui au cours dune seule année, en 1982, a participé à deux missions militaires au Proche-Orient, la M.F.O. au Sinaï et la Force de « Paix » à Beyrouth, et quelle a donné lhospitalité à Rome au Quartier Général de la première. On a bonne mine de se déclarer amis des palestiniens lorsque lon contribue à garantir lapplication des accords de Camp David qui permet lannexion forcée des terres palestiniennes par les sionistes. Le gouvernement italien peut remplir un avion entier denfants palestiniens ou leur faire visiter gratuitement notre pays, mais le prolétariat international et les peuples qui luttent contre limpérialisme savent bien que les troupes italiennes, complices des U.S.A. et des fascistes locaux, piétinent le sol libanais, que les « dragamines » battant pavillon italien font respecter un accord fondé sur la trahison dun « pharaon » qui a payé de sa vie ses ambitions. De la même façon ils savent que sur notre territoire sont installés des missiles à têtes nucléaires dont le premier objectif nest pas lEurope de lEst mais surtout les jeunes nations qui sopposent aux menées impérialistes occidentales. Le gouvernement italien veut faire de notre pays le gendarme de la méditérannée, il veut augmenter son sale prestige international en étouffant les aspirations légitimes et progressistes des peuples affranchis de la domination coloniale et de ceux qui se battent pour la libération nationale, mais la lutte conjointe du prolétariat italien et des peuples progressistes du monde entier fera échouer ce projet en faisant rebouffer à Craxi et Cie leurs intentions. La maturation accélérée de la crise du capitalisme impose aux gouvernements bourgeois des choix de fond et de substance par rapport à leur politique globale. La bourgeoisie italienne, particulièrement, se trouve devant une alternative assez nette : une redéfinition de la société dans un sens autoritaire et belliciste en mesure de la maintenir dans le cercle des grandes puissances ou bien une récession graduelle vers le cercle des pays considérés de « série B ». Les grands groupes monopolistes et financiers nont aucun doute : seule une politique extérieure agressive et une politique intérieure autoritaire sont adéquates à garantir la restructuration et les sauts technologiques dans lesquels est engagée léconomie italienne et dont le coût social signifie des milliers de licenciements, le chomâge et laugmentation de lexploitation dans les usines. Et les classes dirigeantes ont déjà fait leur choix : « le nouveau rôle de litalie » dans lO.T.A.N. et sur léchiquier méditerranéen, depuis linstallation des missiles à Cosimo jusquà lengagement militaire au Proche-Orient est la réponse brutale à cette question. Spadolini, chef du gouvernement au moment de lenvoi des troupes au 5 mai et à Beyrouth et partisan de linstallation des missiles, préside hautain au ministère de la défense dans le gouvernement Craxi, comme pour symboliser la continuité belliciste qui anime les cabinets des dernières coalitions gouvernenentales. La nouvelles de lapprobation au sénat de financements militaires de presque mille milliards de lires, effectuée en dehors du budget de la défense et du financement du contingent au Liban, date daujourdhui et même les fascistes du M.S.I. ont voté pour cette proposition gouvernementale. Camarades, Prolétaires, Un très large mouvement de masse sest développé dans notre pays contre les choix bellicistes du gouvernement Craxi ; ce mouvement est animé par la conscience de la nécessité absolue de bloquer la course aux armements et darracher des mains dune poignée de crapules le destin de millions dhommes et de femmes. De ce point de vue là, il sagit dun mouvement qui soppose à limpérialisme et qui lutte pour battre le projet criminel et belliciste de la bourgeoisie impérialiste. Cependant il est juste et important dappuyer de toutes nos forces ainsi que de participer à ce mouvement puisquil est nécessaire de clarifier que seul le prolétariat peut vaincre dans la lutte contre la guerre impérialiste, car seule cette classe sociale peut modifier radicalement les mécanismes qui causent la concurence entre les nations jusquà la faire déboucher sur la guerre. La lutte contre la guerre impérialiste doit alors se souder à la lutte de la classe ouvrière contre lexploitation, les licenciements et la politique économique du gouvernement en un unique et solide front prolétarien, conscient de la tâche historique quil est appelé à accomplir dans cette conjoncture critique. Nous devons rompre avec une vague vision interclassiste pour conquérir la direction prolétarienne de ce mouvement, lunique direction capable dassurer une perspective réelle aux aspirations de paix présentes dans lénorme majorité du peuple italien. Les Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant sont engagées à fond dans ce travail. Notre organisation est en première ligne dans la lutte contre limpérialisme et le gouvernement Craxi, son représentant. Par cette initiative politique les Brigades Rouges sinscrivent au centre du conflit social en cours dans le pays, interprétant dune manière claire et sans équivoque les intérêts généraux de la classe prolétarienne. En même temps cette initiative politique est un franc-parler, notre parole est celle du prolétariat révolutionnaire par rapport à tous ceux qui voudraient enterrer la politique révolutionnaire au musée des antiquités en demandant ainsi plus facilement pitié aux pieds de la bourgeoisie. Devant les mouvements de masse en lutte contre limpérialisme, devant la mobilisation ouvrière contre le décrêt-piège du gouvernement, produit dégénéré de laccord du 22 janvier, que sont-elles enfin les larmes de crocodile de quelques « révolutionnaires » dopérette ? Tous ceux-ci sont en train de rejoindre les poubelles de lhistoire. Il est nécessaire dintensifier la lutte contre le gouvernement, pour le retrait immédiat de toutes les forces italiennes du Proche-Orient, pour le refus des missiles à Comiso, pour faire sortir notre pays de lO.T.A.N. Il est nécessaire détendre la mobilisation de masse et davant-garde sur ce programme politique en unité avec la classe ouvrière et ses luttes sous la direction du prolétariat révolutionnaire. La toile de fond que le prolétariat international à face à lui est très précise : le capitalisme sapprête à lui faire payer le prix le plus cher que son système social est obligé de présenter cycliquement aux masses quil exploite et opprime : la guerre. Mais un grand mot dordre unit les exploités : TRANSFORMER LA GUERRE IMPÉRIALISTE EN RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE POUR LE COMMUNISME ! ! ! Dans la maturation accélérée de la crise du capital vers la guerre, une occasion exceptionnelle soffre au prolétariat international : celle de faire un important pas en avant dans le processus global de la révolution prolétarienne mondiale en conquérant le pouvoir politique dans un ou plusieurs pays capitalistes. En particulier, la possibilité de battre la bourgeoisie dans les pays capitalistes avancés est aujourdhui complètement accessible et ainsi asséner un coup décisif à tout limpérialisme. Mais pour faire cela, pour ne pas se faire surprendre au dépourvu devant la précipitation des événements, il faut développer lunité objective de la lutte du prolétariat partout dans le monde par une unité consciente de son avant-garde communiste. Il faut que les communistes de tous les pays sacheminent résolument vers la construction de la nouvelle INTERNATIONALE COMMUNISTE, fondée RIGOUREUSEMENT SUR LES PRINCIPES DU MARXISME - LÉNINISME. Notre organisation est profondément consciente de cela et le considère comme un objectif historique fondamental et incontournable à atteindre pour le Mouvement Communiste International. Les Brigades Rouges souhaitent et favorisent par tous les moyens à leur disposition la confrontation militante entre communistes de chaque pays et se posent avec la modestie nécessaire, mais aussi avec une ferme détermination, comme point de référence à ce processus politique essentiel. UNITÉ DU PROLÉTARIAT AVEC LES PEUPLES PROGRESSISTES DANS LA LUTTE CONTRE LIMPÉRIALISME ! INTENSIFIONS ET ORGANISONS LA LUTTE CONTRE LA POLITIQUE BELLICISTE ET ANTI-PROLÉTARIENNE DU GOUVERNEMENT CRAXI ! ÉTENDONS LA MOBILISATION DE MASSE ET DAVANT-GARDE SUR CES MOTS DORDRE : RETRAIT IMMÉDIAT DES TROUPES ITALIENNES DU PROCHE-ORIENT ! NON AUX MISSILES À COMISO ET NON AU RÉARMEMENT ! LITALIE HORS DE LO.T.A.N. ! Février 84 Pour le communisme, Brigade Rouge _____
Dans le no 3 de Ligne Rouge (nov. 83), une erreur regrettable nous à fait attribuer aux Brigades Rouges/P.C.C. le texte « Véhicules de la mémoire et nouvelle organisation de la subjectivité » de Diego Forastieri et Sergio Segio en réalité membres de lex-direction historique de Prima Linea puis des Noyaux Communistes Combattants (auteurs dattentats contre les prisons spéciales, dexécutions de matons et participation avec les C.O.L.P. à la libération de quatre combattants de Lager de Rovigo.) Ce texte précède la série des prises de positions contre-révolutionnaires lors du procès des inculpés de P.L. qui sest déroulé à lautomne/hiver 83 à Turin. _____
Ligne Rouge est un projet militant dédition anti-impérialiste. Le collectif animant le projet des éditions Ligne Rouge limite les activités de Ligne Rouge à la seule production et distribution la plus large de recueils de documents anti-impérialistes offensifs dont il estime réel lintérêt apporté par ces derniers au mouvement communiste révolutionnaire. Si le choix de ces documents est partisan dans la mesure où lidentité politique des militants animant Ligne Rouge détermine globalement cet outil, il est néanmoins large puisque la publication de textes vis-à-vis desquels certains membres voire la totalité du collectif se démarque politiquement est parfaitement envisageable, Ligne Rouge nétant pas lexpression dune organisation mais un outil dinformation, de réflexion et ainsi de combat à la disposition de tous. Ces documents (textes, interviews, communiqués...) pris en charge par Ligne Rouge recouvrent donc des réalités multiples du combat anti-impérialiste, ils proviennent de pôles politiques différents, de plusieurs époques historiques, de divers pays et continents. Briser le black-out qui vise certaines facettes et non des moindres du combat anti-impérialiste, rompre davec les pratiques de censures et dautocensure dans lesquelles on se réfugie frileusement, extraire les textes hors des cercles dinitiés couvrant jalousement et stérilement leurs monopoles militants, fouiller dans le passé du mouvement révolutionnaire pour confronter sereinement les expériences hâtivement oubliées avec notre situation, bref, arracher du silence et porter massivement au grand jour notre patrimoine passé ou présent de révolutionnaires et laffirmer comme arme pour notre devenir. Voilà la tâche que sest fixée Ligne Rouge, à travers un premier outil : le cahier mensuel des éditions Ligne Rouge. Ces cahiers présenteront plusieurs documents dont les origines différentes seront volontairement choisies, afin de briser les fausses cloisons de sectes, et dobtenir des confrontations que nous espèrerons fertiles entre textes anciens et nouveaux, entre documents venant des centres impérialistes et de libération nationales, etc... Afin de nous restituer notre mémoire, de nous donner une vision plus large, plus précise et plus correcte de laffrontement aujourdhui, afin donc de nous donner ces armes dans notre combat présent et futur contre limpérialisme, le collectif des éditions Ligne Rouge lance un appel à tous les éléments anti-impérialistes offensifs, à toutes les organisations révolutionnaires, à travers cet outil qui est le leur. Contact : BP 1682 Bruxelles 1 Belgique
______________________ « Les communistes ne s'abaissent pas à
dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne
peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que
les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les
prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » « Il est absolument naturel et
inévitable que l'insurrection prenne une forme plus haute et plus complète, celle d'une
guerre civile prolongée embrassant tout le pays, c'est-à-dire d'une lutte armée entre
deux parties du peuple. Cette guerre ne peut être conçue autrement que comme une série
de grands combats peu nombreux, séparés par des intervalles assez grands, et une masse
de petites escarmouches dans l'intervalle. S'il en est ainsi, et il en est bien ainsi, la
social-démocratie doit absolument se proposer de créer des organisations aussi aptes que
possible à conduire les masses à la fois dans ces grands combats et, si possible, dans
ces petites escarmouches. » « Les flics peuvent mettre les
révolutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais
tuer la révolution et la mémoire des communistes. » [ Page principale ] [ Plan du site ] [ Ligne Rouge ]
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