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COMBAT
COMMUNISTE

textes pour le d�bat
dans le mouvement r�volutionnaire

Comit� de Paris � Domingos Teixero ï¿½
pour le Parti Communiste R�volutionnaire
(Marxiste-L�niniste)

____________________

 

DOMINGOS TEIXERO,
gu�rillero internationaliste
luso-espagnol

en terre de France

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Notre Comit� a choisi pour patron le combattant communiste internationaliste luso-espagnol Domingui Tejero (Domingos Teixero), officier de chars et pilote de chasse de l’Arm�e r�publicaine pendant la guerre d'Espagne et second chef du d�tachement espagnol de Paris des F.T.P./M.O.I. (Francs-Tireurs Partisans / Main d’Œuvre Immigr�e) pendant la R�sistence, tu� par la Gestapo en octobre 1942 au m�tro Botzaris. Pour une information aussi compl�te que possible sur notre patron, nous reproduisons ensuite un extrait du livre

GU�RILLEROS EN TERRE DE FRANCE
Les R�publicains espagnols dans la R�sistance fran�aise
par l’Amicale des anciens gu�rilleros (F.F.I.)
publi� en 2000 par
Le Temps des Cerises
6, avenue �douard Vailllant – 93500 Pantin
T�l : 01 49 42 99 11 – Fax : 01 49 42 99 68
[email protected]

 

LES ESPAGNOLS DANS LA R�SISTANCE DE
LA ZONE OCCUP�E
(ZONE NORD)

     En zone occup�e, certaines caract�ristiques, expliquent la participation des Espagnols dans les premiers groupes arm�s de la r�sistance fran�aise.

     1. La pr�sence � physique ï¿½ des Allemands.

     2. L’action de l’O.S., organisation militaire clandestine du P.C.E.

     3. L’aide inestimable de la vieille �migration �conomique espagnole.

     4. L’importante concentration de Groupements de travailleurs espagnols employ�s � la construction du Mur de l’Atlantique.

    Dans les ann�es 1940, 1941 et 1942, la R�sistance dans son ensemble et les combattants espagnols, en particulier, pay�rent tr�s cher leur apprentissage de la lutte clandestine. Les combattants fran�ais, espagnols et d’autres nationalit�s qui firent partie des premiers groupes arm�s ouvrirent la voie � la r�sistance arm�e, mais y laiss�rent beaucoup des leurs.

LA DIRECTION DE LA R�SISTANCE ESPAGNOLE

     Des cadres du P.C.E. r�sidant � Paris, cr��rent en octobre 1940 un comit� provisoire compos� de Dominguez (Juan Montero), Chacon et S. Vizcaino. Cette direction organisa des groupes dans presque tous les arrondissements de Paris et de la banlieue. Un militant d’Issy-les-Moulineaux �tablit le contact avec le P.C.F. et pr�para un entretien de la direction espagnole avec Lise Ricol. Quelques jours apr�s cette premi�re rencontre, les camarades du comit� provisoire furent invit�s � une r�union pr�sid�e par Louis, membre de la direction clandestine de la M.O.I. (Main d’Œuvre Immigr�e).

     Le contact �tabli avec Louis et la vieille �migration espagnole aida consid�rablement au d�veloppement du parti espagnol. Deux militants parmi les plus actifs de l’�migration �conomique, P�rez et Anita, vinrent renforcer le comit� provisoire et, gr�ce � l’aide de la M.O.I., les Espagnols obtinrent leur premi�re machine � polycopier et le papier n�cessaire au tirage d’un num�ro de Mundo Obrero, le 7 novembre 1940.

     La d�l�gation du comit� central du P.C.E. en France prit contact vers la mi-d�cembre 1940 avec le comit� provisoire, avec pour mission d’�tudier les possibilit�s de lutte dans la zone occup�e. Lise Ricol et son �poux, Artur London (G�rard) serviront d’ interm�diaires avec le P.C.F.

     Fin d�cembre 1940, Nadal (Henri) �tait venu de Bretagne charg� par la direction de la r�organisation du P.C.E. en zone occup�e. En accord avec le comit� provisoire, Nadal fut nomm� secr�taire g�n�ral, S. Vizcaino faisant partie pendant quelque temps du nouveau comit�, mais aux d�buts de l’ann�e 1941, il tomba dans une rafle et fut envoy� travailler au camp d’aviation de Beauvais. Juan Montero et Chacon prirent en charge l’organisation du P.C.E. � Rennes (Bretagne).

     Imm�diatement apr�s la signature de l’Armistice, Jos� Miret et Elise Eliz r�organis�rent le P.S.U.C. (Parti socialiste unifi� de Catalogne).

     Selon le t�moignage de Nadal (Henri) :

     ï¿½ Fin janvier 1941, la direction espagnole de la zone occup�e �tait essentiellement constitu�e par un groupe de trois camarades qui formaient en r�alit� un comit� de coordination : Louis, repr�sentant de la direction clandestine de la M.O.I. ; Nadal, pour le P.C.E. et Jos� Miret pour le P.S.U.C. Cette structure op�ra jusqu’� l’arriv�e � Paris de Juan (Azcarate), membre de la direction depuis l’attaque allemande contre l’Union sovi�tique. Juan resta quelque temps en zone occup�e, puis passa � nouveau la ligne de d�marcation. Nadal eut la charge de l’organisation de l’U.N.E. en zone occup�e. ï¿½

     Vizcaino, qui s’�tait �vad� du camp de Beauvais, arriva � Paris et fit partie de la direction avec Jos� Miret et Perramon.

     Les jeunes immigr�s de diverses nationalit�s avaient leur organisation de jeunesse au sein de la M.O.I. et son dirigeant (Pena) �tait un jeune espagnol militant de la J.S.U. (Jeunesse socialiste unifi�e).

     Les organisations du P.C.E. s’�tendirent rapidement sur toute la zone occup�e, et la direction espagnole, avec l’aide du P.C.F., arriva � diffuser plusieurs journaux en castillan et catalan, des appels aux ouvriers espagnols mobilis�s dans la T.O.D.T. ou dans les entreprises fran�aises qui travaillaient pour les Allemands, les incitant � organiser, par tous les moyens le sabotage de la construction des fortifications et de la production de guerre de l’ennemi.

     Pendant les deux grandes rafles perp�tr�es par la Gestapo et la police fran�aise aux mois de juin et novembre 1942, presque tous les dirigeants du P.C.E. et de nombreux gu�rilleros furent arr�t�s. Certains furent jug�s en France dans le proc�s des � terroristes ï¿½ de l’Union nationale espagnole, et les plus responsables furent livr�s aux Allemands et d�port�s au camp d’extermination de Mauthausen.

     Au mois de novembre 1942, apr�s l’occupation allemande de tout le territoire, les d�nominations de zone occup�e ou zone libre n’avaient plus aucune signification. N�anmoins, la ligne de d�marcation subsistait et dans une partie des d�partements de la Charente, de la Charente-Maritime, de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyr�n�es, l’organisation espagnole de r�sistance continua de d�pendre de la direction de Paris.

     Au cours de l’ann�e 1943, la situation du P.C.E. fut tr�s difficile. Il dut changer toutes les directions. S. Vizcaino, �vad� de la prison des Tourelles � Paris, r�organisa, avec d’autres dirigeants, les structures politiques et le mouvement gu�rillero. D�but 1944, la direction de la zone nord se composait de Torres (Sanchez-Biedma), Roger (Vizcaino) et Alvarez.

     L’organisation de la r�sistance espagnole arm�e de la zone nord fut tr�s diff�rente de celle de la zone sud. Dans la zone nord, les gu�rilleros n’eurent jamais un v�ritable �tat-major autonome. Le comit� du P.C.E. de cette zone dirigeait directement le mouvement arm�, il se limitait � nommer, au sein de l’organisation, un d�l�gu� militaire. Au d�but, les unit�s les plus importantes �taient sous le contr�le de l’Organisation Sp�ciale (O.S.), et dans les F.T.P.F. � leur cr�ation. Il y eut, n�anmoins, des unit�s qui d�pendaient directement du Comit� de Paris du P.C.E., mais elles n’eurent l’armement et l’organisation n�cessaires qu’� la mi-1944. Les trois premiers d�l�gu�s militaires furent Conrado Miret, Buitrago (tortur�s et assassin�s par la Gestapo) et Montero arr�t� en novembre 1942 et d�port� � Mauthausen.

     En 1944, Torres �tablit le contact avec Ilitch, membre de la direction militaire des F.T.P.-M.O.I., et dirige, le groupe de Paris. Roger (S. Vizcaino) contacte Pierre et Fernand, dirigeants de la direction politique de la M.O.I. Robert (Jos� Baron) tente de regrouper les diverses formations du Sud-Ouest.

     Au mois de mai de 1944, la direction du P.C.E. pr�pare la r�organisation d�finitive du mouvement de r�sistance arm�. Selon le t�moignage de Enrique Corachan (Vicente) trois responsables s’occup�rent de cette t�che :

     ï¿½ Vers le 15 mai, je laissai mon groupe dans le bois de Chambord pour aller � Paris o� j’�tais convoqu� avec deux camarades Robert (Jos� Baron) qui venait de la Gironde et Juanito (Montalvo) de la r�gion de Tours.

     ï¿½ La mansarde d’une vieille maison du 11�me arrondissement �tait en m�me temps notre domicile et notre �cole. Notre professeur s’appelait Torres et je ne sus son v�ritable nom (Sanchez-Biedma) qu’� la Lib�ration.

     ï¿½ Avant la fin des cours, Torres nous pr�senta le camarade yougoslave Ilitch, membre du comit� national des F.T.P.-M.O.I. Cette rencontre me combla d’aise car je l’avais connu pendant la guerre d’Espagne, lorsqu’il commandait la 76�me division du XIVe corps de gu�rilleros.

     ï¿½ Une fois les cours termin�s, nous fumes affect�s aux r�gions les plus importantes pour diriger les groupes de gu�rilleros : Robert resta � Paris et quelque temps apr�s il fut nomm� responsable militaire des groupes espagnols de la zone nord ; Juanito (Montalvo) retourna dans la r�gion de Tours-Blois, et moi, je fus affect� � la r�gion de Bordeaux. ï¿½

     La d�l�gation de la Junte de l’Union nationale espagnole de la zone nord, pr�sid�e par Julio Hernandez, effectua un travail efficace pour mobiliser les r�serves de ce mouvement et former des groupes de combattants.

 

LA R�SISTANCE
DANS LA R�GION DE PARIS

LES FR�RES MIRET MUST�

     Les premiers contacts avec la direction de l’O.S. (Organisation Sp�ciale) se firent en famille, car presque tous les dirigeants �taient d’anciens combattants fran�ais des Brigades Internationales pendant la guerre d’Espagne. Nadal, dirigeant espagnol de la premi�re �poque, apporte son t�moignage :

     ï¿½ Un jour de l’�t� 1941, j’avais un rendez-vous avec un camarade fran�ais dans un caf� pr�s du m�tro S�vres-Babylone. C’�tait le premier contact avec le colonel Dumont, qui avait command� la 14�me Brigade Internationale en Espagne. Il me demanda quelques camarades qui auraient l’exp�rience de la lutte en camp ennemi, pour les groupes arm�s. (Dumont sollicita aussi, � la m�me �poque, le concours de camarades italiens de la 12�me Brigade Internationale � Garibaldi ï¿½). Suivant ses instructions, je fis venir de Bordeaux, Buitrago, ancien chef d’�tat-major du 14�me corps de gu�rilleros pendant la guerre d’Espagne, et Miret me pr�senta son fr�re Conrado, volontaire pour la lutte de gu�rilla urbaine. ï¿½

     La lutte h�ro�que des fr�res Miret et leur mort tragique m�ritent le souvenir respectueux de tous les r�sistants.

     Jos� Miret Must�, membre de commission ex�cutive du P.S.U.C. et du gouvernement de la Generalitat de Catalunya, fut aussi commissaire de la 43�me division pendant la guerre d’Espagne. En France, il fut le chef politique et l’organisateur de la r�sistance espagnole dans la zone occup�e. Arr�t� par la police, en novembre 1942, il passa imm�diatement sous juridiction allemande et, apr�s avoir �t� tortur� et emprisonn� � Fresnes, il fut d�port� au camp de Mauthausen le 27 ao�t 1943 avec l’inscription � Natch und Nebel ï¿½ (Nuit et Brouillard), ce qui signifiait, selon les paroles d’Hitler, � Peine de mort, mais silence absolu sur le sort r�serv� aux d�tenus, vis-�-vis des familles ï¿½. Le 10 septembre 1943, Jos� Miret fut envoy� au kommando ext�rieur de Schwechat, et mourut le 17 novembre 1944 pendant le bombardement du kommando de Florisdorf. La v�rit� est que Jos� Miret et son compagnon d’infortune, Juncosa Escoda, �taient seulement bless�s, mais, le S.S. Streitwiesser, chef du kommando, donna l’ordre de les achever, d’une balle dans la nuque.

     Conrado Miret Must� (Lucien, pour les camarades de l’O.S.) fut nomm� chef de tous les groupes arm�s des diverses nationalit�s, organis�s par la M.O.I. Dans les premiers temps, le recrutement �tait s�lectif et limit�, et Conrado Miret r�alisa de nombreuses op�rations avec les camarades fran�ais.

     Albert Ouzoulias (colonel Andr�) �crit dans son livre Les Bataillons de la Jeunesse :

     ï¿½ Les antifascistes immigr�s ont leur organisation propre : Lucien (Conrado Miret-Must�), du Parti communiste espagnol, dirige les unit�s arm�es compos�es par les hommes et femmes antifascistes de tous les pays membres de la M.O.I. (Main d’Œuvre Immigr�e). ï¿½

     Ouzoulias pr�cise que Lucien s’occupe particuli�rement de l’armement, et raconte en d�tail deux op�rations de l’ann�e 1941 dans lesquelles Conrado Miret se bat avec les groupes fran�ais de l’O.S. : l’incendie d’un garage allemand, au num�ro 11 de la rue de Paris (Vincennes), le 5 septembre, et l’attaque avec des bouteilles d’essence et cocktails Molotov du garage allemand HKP 503, situ� au num�ro 21 du boulevard Pershing, dans le XVIII�me arrondissement.

     Pour les francs-tireurs de la M.O.I., Conrado Miret �tait Alonso. Georghe Vasilichi, r�sistant d’origine roumaine, explique que � la direction de la M.O.I. r�unit en formations de combat les immigr�s sous le commandement de Conrado Miret (Alonso dans la clandestinit�) ï¿½. Charlotte Gruia, autre r�sistante roumaine qui fut d�port�e au camp de Ravensbruck en juillet 1943, nous parle aussi de Alonso (alias Conrado Miret Must�) :

     ï¿½ ... Bocsor se pr�senta � l’appartement du boulevard de la Chapelle avec un inconnu, et cet appartement devint le principal "arsenal" de l’O.S., pour les groupes de combat de la M.O.I. L’inconnu disait s’appeler Alonso, mais c’est beaucoup plus tard que j’ai su qu’il s’appelait, en r�alit�, Conrado Miret Must�. C’�tait un Espagnol qui avait combattu dans l’Arm�e r�publicaine et qui assurait la liaison entre Bocsor et l’�chelon sup�rieur... il avait �tudi� la chimie...

     ï¿½ Alonso m’avait apport� une douzaine de revolvers que quelques Espagnols de Paris lui avaient procur� et me chargea de les donner aux combattants de l’O.S. ï¿½

     Charlotte Gruia d�crit par le menu la fabrication de bombes et grenades, ainsi que les exp�riences chimiques n�cessaires � la fabrication d’explosifs par Conrado Miret et Bocsor, la pr�paration du d�raillement d’un train transportant des troupes allemandes par le proc�d� le plus simple, quoique in�dit dans ces premiers temps, d�boulonner les rails avec une grande cl� anglaise...

     En octobre ou novembre 1941, le camarade Alonso (Conrado Miret-Must�), fut arr�t�. Imm�diatement Bocsor vint me voir rue du faubourg Saint Denis, pour me dire qu’il fallait �vacuer rapidement l’appartement du boulevard de la Chapelle. Il me dit aussi qu’il �tait convaincu que Alonso aurait la force n�cessaire pour ne rien dire, mais qu’il �tait plus prudent de ne pas y aller pendant quelques semaines...

     On n’avait rien � craindre. Son chef �tait mort en h�ros, tortur� par la Gestapo.

    Charlotte Gruia n’est pas du m�me avis que Ouzoulias en ce qui concerne la date de l’arrestation de Conrado Miret. Autant elle que Boris Holban, qui sera plus tard le chef des groupes F.T.P.-M.O.I., donnent une date impr�cise (octobre, novembre 1941, ou fin 1941). Albert Ouzoulias, affirme pour sa part qu’il fut arr�t� en f�vrier 1942 : � ... En f�vrier, d’autres camarades furent arr�t�s et parmi eux, Conrado Miret Must� (Lucien), fondateur des groupes de francs-tireurs de la M.O.I. ï¿½

     Conrado Miret �tait mort, tortur� et assassin� par la Gestapo, quand eut lieu le proc�s de ses camarades de combat :

     ï¿½ Le 15 avril 1942, commence � la Maison de la Chimie le deuxi�me proc�s contre les "Bataillons de la Jeunesse" et de l’O.S. Les nazis diront qu’il ne s’agit pas d’un deuxi�me proc�s, mais de la suite de celui qui eut lieu � la Chambre des D�put�s.

     ï¿½ L’acte d’accusation inculpe vingt-sept combattants, le vingt-et-huiti�me, Conrado Miret-Must�, dirigeant des francs-tireurs de la M.O.I., n’est pas pr�sent. Il a �t� tortur� � mort avant l’ouverture du proc�s. ï¿½

 

LE DEUXI�ME D�TACHEMENT ESPAGNOL F.T.P.-M.O.I.

     Pour situer la place du d�tachement espagnol dans le contexte de l’organisation arm�e de la M.O.I., citons le t�moignage du commandant Olivier (Boris Holban) :

     ï¿½ L’appel du P.C.F. et du Front National visant la constitution d’unit�s de partisans, trouva l’adh�sion de beaucoup d’immigr�s de diverses nationalit�s. En m�me temps que les unit�s F.T.P. fran�aises de la r�gion parisienne se constitu�rent, d�but de l’ann�e 1942, les premiers groupes de combat des immigr�s roumains, espagnols, italiens, juifs, bulgares et tch�ques. Ces groupes constitu�rent le premier d�tachement qui d�pendait de la Commission centrale de la M.O.I. en ce qui concerne le recrutement et l’orientation politique et �tait subordonn� au Comit� militaire des F.T.P.F. de la r�gion parisienne pour son activit� militaire. ï¿½

     Apr�s l’arrestation de Buitrago, assassin� par la Gestapo avant d’avoir pu organiser les groupes arm�s espagnols, la direction politique espagnole laissa � Montero la responsabilit� de l’appareil militaire en zone occup�e. Sandalio Puerto, chef du d�tachement espagnol, nous parle de la formation du premier groupe :

     ï¿½ ... Montero, constitue, en premier lieu, divers groupes dans les usines qui travaillaient pour les Allemands, puis il s�lectionne les meilleurs camarades pour le d�tachement arm�. Le groupe commence les op�rations en d�cembre 1941 avec des effectifs tr�s r�duits : Montero, Tejero, Cagancho et moi-m�me nous avons fait partie de la premi�re �quipe, mais, en 1942, nous �tions beaucoup plus.

     ï¿½ Tejero, ou Teixero, �tait un homme extraordinaire. Montero me le pr�senta au cours d’un rendez-vous comme une nouvelle recrue. D’aspect hercul�en, tr�s �l�gant et souriant. On l’appelait Tarzan, et il le m�ritait bien. Il avait travaill� avec les camarades fran�ais et particip� � diverses op�rations. Il �tait, sans aucun doute un gu�rillero inn�. En souriant, comme � son habitude, il disait avant chaque op�ration : On ne m’aura pas vivant... ï¿½

     Le t�moignage d’un dirigeant de l’�poque, qui connaissait tr�s bien Tejero, r�sume ses premi�res op�rations :

     ï¿½ Vers le mois de juin de 1941, un ancien officier de chars et plus tard pilote de chasse de l’Arm�e r�publicaine, se pr�senta inopin�ment chez moi. Madame Acezat lui avait donn� mon adresse � Paris. Il me dit de but en blanc qu’apr�s que les nazis avaient attaqu� l’Union sovi�tique, il se consid�rait mobilis� et venait � Paris pour faire partie des groupes de francs-tireurs, si ceux-l� existaient, ou dans le cas contraire, de les cr�er. Ce fut mon premier contact avec cet homme exceptionnel, qui Portugais d’origine avait chang� son nom de Teixero par celui de Tejero quand il avait obtenu la nationalit� espagnole.

     ï¿½ Je parlai avec les camarades fran�ais et Tejero lutta quelque temps avec un des premiers groupes arm�s. Il se fit toujours remarquer par son sang-froid, et comme un bon Tarzan c’�tait un loup solitaire.

     ï¿½ Nous vivions dans le m�me appartement et pendant quelques mois nous avons travaill� � la Gare de l’Est. Je connais donc parfaitement son activit� et quelques-unes de ses op�rations contre les Allemands :

     ï¿½ a) Pour avoir son premier pistolet, Tejero attaque au couteau un sous-officier allemand � la Porte Maillot.

     ï¿½ b) Un apr�s-midi, nous nous promenions tous les deux sur les Grands Boulevards, quand, sans me dire un mot, il me laissa seul pendant une quinzaine de minutes pour aller placer une bombe dans le moteur d’un camion allemand stationn� devant le journal Le Matin, pr�s du m�tro Montmartre. Depuis la Porte Saint-Denis, j’ai parfaitement entendu l’explosion.

     ï¿½ c) Quelques jours apr�s, il place en Gare de l’Est une bombe avec dispositif de retardement (� cette �poque on utilisait pour ce faire des syst�mes d’horlogerie), dans un train, qui partait vers l’Allemagne avec des soldats permissionnaires.

     ï¿½ d) Attentat contre un capitaine allemand sur le boulevard de Strasbourg. Poursuivi par la police, Tejero cherche � s’�chapper par le passage commercial du Faubourg Saint-Denis, mais arriv� � la sortie, il trouve la grille ferm�e. Par miracle, il arrive � passer entre la grille et le plafond. C’est attentat fit beaucoup de bruit et Laval assista personnellement aux obs�ques du capitaine allemand.

     ï¿½ e) Tejero attaque un officier allemand avec un poing am�ricain pour lui prendre son pistolet. L’officier crie comme un fou, mais Tejero s’�chappe avant l’arriv�e de la patrouille de la Feldgendarmerie.

     ï¿½ Il ex�cuta aussi des op�rations d’un tout autre type, comme la destruction � l’explosif, Gare de La Chapelle, de wagons de chemin de fer charg�s de marchandises � destination de l’Allemagne, sabotages sur les moteurs de camions allemands de l’arm�e dans un garage de la Porte de Versailles, etc. Je suis certain qu’il commit d’autres attentats contre des officiers allemands (il disait et r�p�tait qu’il fallait tirer contre les officiers et en particulier contre les S.S.). Une heure avant le couvre-feu, il allait chercher son pistolet, et ayant auparavant examin� son itin�raire de repli tirait sur un officier si l’occasion se pr�sentait. Puis il laissait son arme dans une cache en attendant la prochaine op�ration... ï¿½

     Tejero mourra en combattant, comme il l’avait d�sir�, pour ne pas tomber dans les mains de la Gestapo... mais n’anticipons pas et retournons au t�moignage de Sandalio Puerto :

     ï¿½ Vers la fin de 1941, Tejero et moi, nous attaquons un officier allemand aux jardins des Tuileries pour lui prendre son pistolet et quelques jours apr�s, nous posons une bombe dans un wagon, gare de l’Est. En janvier 1942, nous ouvrons le feu sur un officier allemand, boulevard de S�bastopol, et le blessons gri�vement.

     ï¿½ En f�vrier 1942, Tejero et deux autres anciens pilotes de chasse de notre groupe lancent une bombe contre un restaurant r�quisitionn� par les Allemands avenue Rachel, pr�s de la place Clichy ; et, pour comm�morer le 1er Mai, nous mettons le feu � deux camions allemands rue de Rivoli. ï¿½

     Le r�sum� de certaines op�rations du d�tachement espagnol figure dans quelques rares rapports de cette �poque :

     ï¿½ — le 10 mars 1942, un gu�rillero qui travaillait dans un garage allemand de la rue de Chaillot, provoqua un incendie, pendant l’heure du repas, le d�truisant compl�tement.

     ï¿½ — le 19 mars, deux gu�rilleros posent une bombe � l’usine Rafia d’Issy-les-Moulineaux.

     ï¿½ — le 25 mars, deux gu�rilleros lancent une bombe sur un groupe d’Allemands dans une rue d’Issy-les-Moulineaux. Plusieurs Allemands furent tu�s et quelques autres bless�s.

     ï¿½ — le 5 avril dans l’apr�s-midi, deux gu�rilleros tuent � coups de feu un lieutenant qui se trouvait devant la porte de l’h�pital Percy � Clamart.

     ï¿½ — le 15 mai, deux gu�rilleros lancent une bombe incendiaire contre le bureau de recrutement du Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Une partie de ce bureau est d�truite.

     ï¿½ — au cours du m�me mois, un gu�rillero est arr�t� avec du mat�riel. Il s’�chappe en tuant l’adjudant qui voulait le livrer aux Allemands... ï¿½

     De plus, nous citons les deux derni�res op�rations qui figurent dans les rapports � partir de juin 1942 :

     Le commandant Olivier (Boris Holban), r�sistant d’origine roumaine, fut nomm� chef militaire des groupes F.T.P.-M.O.I. de la r�gion parisienne en juin 1942.

     ï¿½ Les quatre d�tachements, �crit le commandant Olivier, �taient dirig�s par un commandement form� par trois F.T.P., et moi. J’exer�ais la charge de commandant militaire, un Tch�que nomm� Carol (nom de guerre) �tait le commissaire politique et un Espagnol, Emmanuel (nom de guerre), le commissaire technique... ï¿½

     Montero et Sandalio Puerto furent convoqu�s � une r�union avec le nouveau commandement militaire :

     ï¿½ Vers le mois de juin 1942 — �crit Sandalio Puerto —, le commandant Olivier, Joseph Bocsor, Montero et moi, nous �tudi�mes les probl�mes de l’organisation au cours d’une r�union de travail et nous d�cid�mes la cr�ation du 2�me d�tachement F.T.P.-M.O.I. espagnol.

     ï¿½ ï¿½ partir de ce moment, nous eumes un contact direct avec le commandant Olivier. Bocsor et Olga Bancic nous procuraient, plus ou moins r�guli�rement, les explosifs et l’argent pour la paie des "permanents". En m�me temps, nous d�pendions de la direction espagnole de Paris, qui avait la direction des d�partements de la zone occup�e. Montero m’envoyait fr�quemment � Bordeaux, Orl�ans, Nevers, Tours, etc. D’autres fois, c’�taient les camarades de ces r�gions qui venaient � Paris — et particuli�rement Caspuenas de Bordeaux — pour le transport d’explosifs et mat�riel de propagande. Voici le sch�ma de l’organisation du d�tachement espagnol F.T.P.-M.O.I. de la r�gion parisienne :

     ï¿½ Montero, chef espagnol de l’appareil militaire de la zone occup�e.

     ï¿½ Sandalio Puerto, chef du 2�me d�tachement (espagnol) F.T.P.-M.O.I. de la r�gion parisienne.

     ï¿½ Tejero (Tarzan), 2�me chef du d�tachement.

     ï¿½ Emiliano Fernandez (Cagancho).

     ï¿½ Celestino Alfonso.

     ï¿½ Arias.

     ï¿½ Reina.

     ï¿½ Jorge Perez-Troya et l’Am�ricain, qui s’incorpor�rent au 2�me d�tachement apr�s avoir lutt� dans les groupes espagnols de Bordeaux.

     ï¿½ Trois pilotes de la guerre d’Espagne et deux femmes : Maria Llena et Teresa Garcia.

     ï¿½ Joseph Hidalgo participa � quelques op�rations.

     ï¿½ La direction de la M.O.I. avait joint � notre d�tachement sept juifs, tr�s jeunes, d’origine polonaise, pour qu’ils soient initi�s � la tactique de la gu�rilla urbaine. � cette �poque, une unit� d’une vingtaine de gu�rilleros �tait d�j� une formation importante. ï¿½

     Fin juin, selon les rapports cit�s ult�rieurement, des gu�rilleros tu�rent un sous-lieutenant allemand, rue du Fort � Issy-les-Moulineaux.

     Le 14 juillet (Alfonso, Arias, Tejero et Puerto) pos�rent une bombe dans un wagon de marchandises � destination de l’Allemagne, en gare de l’Est, et quelques jours apr�s (Reina, Tejero et Puerto) tu�rent un officier allemand rue Beaubourg (dans le IIIe arrondissement).

     Jorge Perez Troya arriva � Paris d�but ao�t 1942 avec deux gu�rilleros des groupes de Bordeaux. Son t�moignage va compl�ter le r�sum� des op�rations du 2�me d�tachement pendant le mois de septembre 1942 :

     ï¿½ ï¿½ mon arriv�e � Paris, je pris contact avec l’organisation qui m’affecta au 2�me d�tachement espagnol F.T.P.-M.O.I. Pendant le mois de septembre 1942, je participais aux op�rations suivantes :

     ï¿½ a) Attaque contre un groupe de soldats allemands � Issy-les-Moulineaux.

     ï¿½ b) Incendie d’une librairie de la Milice fran�aise.

     ï¿½ c) Attaque contre un groupe d’officiers allemands rue de Vaugirard, pr�s de la Porte de Versailles.

     ï¿½ d) Protection arm�e d’une manifestation patriotique de la R�sistance fran�aise devant les usines Renault � Boulogne-Billancourt. ï¿½

     La derni�re action, qui est mentionn�e dans le t�moignage de Perez Troya, est aussi la derni�re qu’a effectu� le 2�me d�tachement espagnol :

     ï¿½ Le 30 septembre, nous lan��mes une bombe en plein milieu d’un d�fil� de la milice fasciste P.P.F., dans la cour de la caserne. Les fascistes eurent huit morts et six ou sept bless�s. Dans cette op�ration, le gu�rillero Cagancho, de mon groupe, fut arr�t� par la police. ï¿½

     Sandalio Puerto dit de cette op�ration :

     ï¿½ Le commandant Olivier nous donna l’autorisation de l’op�ration et nous dit que le commandement consid�rait que cette action �tait n�cessaire sur le plan militaire et politique... ï¿½

     Le rapport note :

     ï¿½ Le 30 septembre, � huit heures, trois gu�rilleros espagnols, arm�s de pistolets et de grenades, lanc�rent l’une d’elles contre un groupe de miliciens de Doriot pendant le d�fil� dans la cour de la caserne. La grenade �clata en plein milieu du groupe, tuant huit miliciens et en blessant d’autres. Pendant le repli, un des gu�rilleros Emilio Fernandez Cagancho, tomba dans les mains des poursuivants. ï¿½

     Emilio Fernandez r�sista � l’� interrogatoire ï¿½ et � la torture. C’�tait la deuxi�me victime de la s�rie noire qui d�cima, fin septembre et d�but octobre, les rangs du d�tachement espagnol. Sandalio Puerto avait �t� arr�t� par la police avant Fernandez. Quelques jours apr�s, ce fut le tour de l’Am�ricain et, le 15 octobre, Perez-Troya. Ce dernier avait �t� d�nonc� par la concierge de la maison qui abritait du mat�riel de propagande.

     Dans la grande rafle du mois de novembre, tomb�rent Montero et trois gu�rilleros du d�tachement espagnol. Emiliano Fernandez, Sandalio Puerto, Jorge Perez-Troya y Montero pass�rent sous juridiction allemande et furent d�port�s en 1943 au camp d’extermination de Mauthausen.

     Tejero se trouva nez-�-nez avec la police � l’entr�e du m�tro Botzaris. Il souleva comme une plume l’inspecteur qui s’avan�ait vers lui avec les menottes � la main et le lan�a contre les grilles pendant que les autres policiers faisaient feu. Avant de mourir perc� de balles, il envoya rouler dans les escaliers, d’un coup de poing, un des ses adversaires. Il est possible qu’il soit mort en souriant, comme d’habitude : il avait gagn� son tragique pari avec la Gestapo, � on ne l’avait pas pris vivant ï¿½.

     La grande rafle ne se limita pas seulement � la capitale. La police op�ra simultan�ment dans toute la zone occup�e, en particulier en Bretagne et dans le Sud-Ouest. � Paris, Paquita Bellas, Pastor, Enrique de la Jara et presque tous les dirigeants politiques : Jos� Miret, Perramon, Alvarez, Gonzalez furent arr�t�s... Elisa Uliz s’�chappa par la fen�tre quand la police entra dans la maison.

     S. Vizcaino, membre de la direction de la zone occup�e, fut emprisonn� � la prison de la Sant� avec la plupart des d�tenus, qui seront jug�s pendant l’ann�e 1943. Lui et Pena r�ussirent � s’�vader. Le premier, avec l’aide des camarades de l’ext�rieur, apr�s son transfert � la caserne de Tourelles, le second de l’H�tel-Dieu, o� il �tait hospitalis� depuis le mois d’octobre.

     Le coup fut extr�mement rude, la Gestapo et ses collaborateurs de la police fran�aise se vant�rent d’avoir d�truit le mouvement. Ils n’avaient pas assez d’imagination pour se faire une id�e exacte de l’organisation espagnole et de l’obstination de ses militants.

 

LE PROC�S DES � TERRORISTES DE L’UNION NATIONALE ESPAGNOLE ï¿½

     Cent-trente-cinq Espagnols arr�t�s en Bretagne, � Paris et dans les d�partements limitrophes �taient incarc�r�s � la prison de la Sant� de Paris depuis le mois de juin 1942. Voici l’arr�t� d’emprisonnement :

     ï¿½ Le Tribunal de Premi�re Instance du D�partement de la Seine. L’inculp�... pr�sum� d’infraction du D. du 25-9-1939. Mod. par la Loi du 3-1-41 et la Loi du 14-8-41, ordonnons au Directeur de cette prison qu’il re�oive et tienne en d�p�t jusqu’� nouvel ordre. (suivent les noms des d�tenus).

     ï¿½ Ordonnons � tout d�positaire de la force publique qu’il porte aide � l’ex�cution du pr�sent arr�t, s’il est requis par le porteur, c’est pourquoi je signe et appose le sceau.

     ï¿½ Fait au Palais de Justice, Paris, le 20 juillet 1942.

     ï¿½ Sign� : Andr� Nocquet.

     ï¿½ Copie conforme � Monsieur le Procureur de la R�publique. ï¿½

     Le proc�s ne se termina que le 17 mai 1943. Les d�fenseurs, nomm�s d’office, firent honneur � leur profession, aussi bien Ma�tre Letroquer que Ma�tre Duclos. Il est juste de signaler leur abn�gation et leur courage. Ces avocats r�ussirent, pour la premi�re fois, � faire compara�tre, devant le Tribunal, les policiers qui avaient effectu� les arrestations.

     Parmi les inculp�s, il y avait six femmes : Maria, Constancia, Pepita, Paquita, Rosita y Cascales. Pendant leur s�jour en prison, elles avaient confectionn� au crochet, des petites sandales aux couleurs du drapeau fran�ais et de la R�publique espagnole, chacune en arborait une paire � la boutonni�re. Le pr�sident du Tribunal, intrigu� par cet �trange embl�me, demanda sa signification � l’un des inculp�s. L’interpell�e — qui se nommait Murcia — expliqua avec complaisance la signification symbolique de ces couleurs pour les r�sistants espagnols. Apr�s la lecture de la sentence, les condamn�s entonn�rent la Marseillaise et l’Hymne de Riego devant les magistrats sid�r�s.

     Les peines furent relativement l�g�res pour l’�poque : un an, 18 mois et deux ans de prison, quand il n’y avait pas de preuves �videntes, et trois ans de travaux forc�s pour les prisonniers arr�t�s en flagrant d�lit. Les premiers furent intern�s provisoirement � la caserne des Tourelles — d’o� quelques-uns parvinrent � s’evader. Plus tard on les transf�ra au camp de Pithiviers (Loiret). Les condamn�s aux travaux forc�s furent envoy�s � la centrale d’Eysses, en zone sud.

 

LE PROC�S DES 23 GU�RILLEROS DE LA M.O.I.

     Les survivants du 2�me d�tachement espagnol et les nouvelles recrues s’incorpor�rent � d’autres groupes arm�s de la M.O.I., dans lesquels il y avait des volontaires de plusieurs nationalit�s.

     Le mois de novembre 1943 fut un mois tr�s difficile pour les diff�rents groupes F.T.P. Depuis septembre 1942, le Comit� national militaire des F.T.P.F. avait confi� le commandement de la r�gion parisienne � Joseph Epstein, de nationalit� polonaise, connu dans la R�sistance sous le nom de colonel Gilles. Epstein avait �t�, pendant la guerre d’Espagne, lieutenant d’artillerie. Gri�vement bless� et �vacu� en France, il retourna � nouveau au front de l’Ebre o� il se fit remarquer comme chef de batterie.

     Parmi les op�rations pr�par�es par Epstein dans la r�gion parisienne trois attaques contre les forces d’occupation m�ritent une mention sp�ciale. La premi�re contre un d�tachement des S.S. sur les Champs Elys�es en juillet, la deuxi�me dans un restaurant r�serv� aux Allemands, avenue de la Grande Arm�e, le 14 du m�me mois, et la troisi�me, contre une patrouille allemande sur la place de l’Od�on, le 6 octobre.

     Ces op�rations se d�roul�rent avec le concours d’un d�tachement de vingt hommes r�partis en plusieurs �chelons (�l�ments successifs d’une troupe) pour faciliter la manœuvre. Charles Tillon, ancien commandant en chef des F.T.P.F., �crit que ces actions prouvent la maturit� acquise par les gu�rilleros au cours des combats dans les grandes agglom�rations urbaines, la qualit� et la ma�trise de la tactique.

     Le 16 novembre, Joseph Epstein fut arr�t� par la Gestapo et fusill� le 11 avril 1944, avec un groupe de trente patriotes au Mont-Val�rien.

     Le 12 novembre, trois francs-tireurs tir�rent sur deux Allemands devant la porte d’un caf�, et tu�rent l’un d’eux. La police fran�aise arr�ta sur les lieux de l’attentat Robert Witchitz, fran�ais d’origine polonaise, et Rino Della Negra, fran�ais d’origine italienne. La police fran�aise et la Gestapo r�ussirent � arr�ter les meilleurs hommes des groupes arm�s de la M.O.I.

     Vingt-trois inculp�s furent jug�s par le Tribunal militaire allemand.

     Parmi eux, il y avait un Espagnol et quatre anciens volontaires des Brigades Internationales : Celestino Alfonso, Stanislas Kubacki, Szlama Grzywacz, Jonas Geduldig et Joseph Bocsor (Joseph Ferenz Wolf).

     On a d�j� pr�sent� Bocsor, gu�rillero d’origine roumaine, collaborateur de Conrado Miret Must� � l’�poque h�ro�que de l’Organisation Speciale, en 1942, et agent de liaison du d�tachement espagnol.

     Celestino Alfonso fut lieutenant de chars de combat pendant la guerre d’Espagne dans la m�me unit� que Tejero. Sous la direction de son camarade de guerre, il tua un sous-officier allemand quand il �tait encore un � bleu ï¿½ dans le d�tachement espagnol. Fin 1942, Alfonso vit dispara�tre presque tous les camarades de son groupe assassin�s, d�port�s, disparus... N�anmoins il continua la lutte avec des militants d’autres nationalit�s et sp�cialement avec Fontano et Rajman.

     Des documents allemands rapportent l’activit� d’Alfonso dans la M.O.I. :

     ï¿½ ... On a �voqu� deux attentats particuli�rement importants. Le 19 ao�t, le docteur Walenher �tait assis sur un banc du Parc Monceau, il lisait son journal, quand l’Espagnol Alfonso tira sur lui � deux m�tres de distance, et puis il s’enfuit en courant. Le docteur Walenher, quoique bless� � la hanche, tira contre son agresseur sans r�ussir � le toucher ; l’apatride Rajman, qui devait prot�ger la fuite de l’assassin, n’est pas intervenu.

     ï¿½ Un mois apr�s, le 28 septembre, � huit heures et demi du matin, le docteur Ritter, G�n�ralbevellmachtigier pour l’emploi de la main-d’œuvre en France, quittait son domicile en voiture, 18 rue P�trarque, quand l’Espagnol Alfonso et l’apatride Rajman qui l’attendaient, tir�rent sur lui. Les balles du pistolet de Alfonso furent amorties par les vitres de la voiture. Le docteur Ritter sortit de l’automobile et se jeta sur Rajman. Celui-ci tira trois fois et le tua... ï¿½

     Le rapport d’op�rations du groupe signale la participation d’un civil allemand qui tenta d’agresser Alfonso que la police fran�aise poursuivit. Alfonso parvint � s’�chapper gr�ce � l’aide d’autres gu�rilleros de son groupe qui l’attendaient et lui fournirent un v�lo (rapport sur l’attentat contre le docteur Walenher).

     En ce qui concerne l’attentat contre Julius Ritter, repr�sentant en France du Gauleiter Saukel, le rapport de l’op�ration fait appara�tre son importance politique.

     Le livre de Gaston Laroche On les nommait des �trangers, publi� apr�s sa mort, constitue un ensemble de documents sur l’engagement des immigr�s dans la R�sistance. Plusieurs de ses amis respect�rent la volont� de Laroche et publi�rent une partie de ces documents. En ce qui concerne le r�le des r�publicains espagnols, les documents publi�s sont des copies de documents de la premi�re Amicale des F.F.I. et R�sistants espagnols.

     a) Actions effectu�es de mars � septembre de 1942, par le d�tachement espagnol des F.T.P. de la M.O.I. dans la r�gion parisienne.

     b) Rapport num�ro trois des Milices patriotiques de Paris concernant l’activit� des Espagnols pendant l’insurrection de Paris.

     c) Les maquis espagnols de la Haute-Savoie et les combats du � Plateau des Gli�res ï¿½.

     d) R�sum� d’un rapport de l’Amicale des F.F.I. r�sistants espagnols, adress� � Pierre Villon ex-pr�sident de la C.O.M.A.C., le 16 d�cembre 1946. (C.O.M.A.C. �tait le sigle du Comit� militaire du Conseil national de la R�sistance pour la coordination de l’action des organisations affect�es � la lutte arm�e.)

     ï¿½ Le 18 juillet, � neuf heures trente du matin, au coin des rues Paul Doumer et Nicolo dans le 16�me arrondissement, notre �quipe d’�lite, quatre camarades arm�s avec des grenades et des pistolets, a attaqu� l’automobile d�capotable du g�n�ral commandant du � Grand Paris ï¿½, Von Schaumburg. Dans la voiture se trouvaient le g�n�ral, son aide de camp et le chauffeur. La grenade a �t� si bien lanc�e qu’elle est tomb�e en plein milieu de la voiture et des trois hitl�riens. L’explosion a eu lieu � l’int�rieur de la voiture qui s’est renvers�e avec ses occupants mis en pi�ces...* ï¿½

     Les trois gu�rilleros connus pour avoir particip� � l’attentat sont Celestino Alfonso, Rajman et Fontano.

     Celestino Alfonso r�siste aux pires tortures pendant plusieurs mois sans faiblir, et se comporte dignement au cours de la parodie de proc�s du Tribunal militaire allemand. Quand on lui dit qu’il a servi dans � l’Arm�e rouge espagnole ï¿½, il rectifia d’un � dans l’Arm�e de la R�publique, monsieur le Pr�sident ! ï¿½

     Le 21 f�vrier 1944, Celestino Alfonso sera fusill� avec ses camarades. Quelques heures avant son ex�cution, il �crit � sa femme et � son fils :

     ï¿½ Chers �pouse et fils. Aujourd’hui, � trois heures du matin, je serai fusill�. Je ne regrette rien de mon pass�. Si je pouvais recommencer, je serai de nouveau le premier. Je vous demande d’avoir du courage et que mon fils re�oive une bonne �ducation ; avec l’aide de toute la famille, vous pouvez le faire.

     ï¿½ Je meurs pour la France. Celestino Alfonso. ï¿½

     La c�l�bre Affiche rouge a immortalis� les 23 h�ros. Le nom de Celestino Alfonso figure sur la plaque d’une rue d’Ivry-sur-Seine.

 

L’INSURRECTION ET LA LIB�RATION DE PARIS

     La situation cr��e par les multiples rafles et arrestations de la Gestapo et de la police fran�aise �tait si grave que les gu�rilleros espagnols se dispers�rent dans la banlieue de Paris et dans les d�partements limitrophes, particuli�rement dans le Loiret et l’Oise, mais une fois le danger �cart�, ils se regroup�rent � nouveau dans la capitale sous le commandement de Rogelio Puerto.

     Jos� Baron (Robert) mobilisa toutes les r�serves apr�s le d�barquement des forces alli�es du 6 juin 1944 et pr�para d’importants groupes d’Espagnols dispos�s � intervenir dans les batailles d�cisives de la capitale.

     La pr�paration de l’insurrection impliquait la coordination des actions des combattants arm�s et des ouvriers.

     Depuis le 1er juillet, les manifestations se multipliaient dans les rues de Paris et des environs. La gr�ve des cheminots du 10 ao�t, suivie par celle des fonctionnaires des Postes, des m�tallos, des ouvriers du b�timent, etc., fut le d�but de la gr�ve insurrectionnelle.

     Le 18 ao�t, les affiches du P.C.F. invitaient le peuple de Paris � la mobilisation g�n�rale et le Comit� parisien de Lib�ration, pr�sid� par Andr� Tollet, lan�a son c�l�bre appel ï¿½ Tous au combat... ï¿½

     Selon le plan des Alli�s, Paris devait �tre encercl� et contourn�, mais rien n’�tait pr�vu pour l’attaque de la garnison allemande de la capitale. L’insurrection �tait le seul moyen de brouiller les plans de von Choltitz, qui esp�rait un calme relatif lui permettant le repli du reste des unit�s vaincues en Normandie. L’insurrection �tait aussi le meilleur moyen de pr�server la population des repr�sailles nazies et d’emp�cher la destruction des ponts et d’une grande partie de la capitale.

     Le colonel Rol-Tanguy, chef des F.F.I. de l’� Ile de France ï¿½, qui fut en Espagne commissaire de la 14�me Brigade Internationale pendant la bataille de l’Ebre, envoya un �missaire aupr�s du commandement alli� pour faire conna�tre la situation dans la capitale. Le commandant Verreux et ses compagnons moururent mitraill�s par un avion am�ricain � Champigny-Morigny, pr�s d’Etampes.

     Le 20 ao�t, une nouvelle mission fut confi�e au commandant Gallois-Cocteau, chef d’�tat-major de Rol-Tanguy, qui parvint au quartier g�n�ral alli�.

     ï¿½ Le 22 ao�t, � 18 heures, le g�n�ral am�ricain Bradley dit au g�n�ral Leclerc et au commandant Gallois-Cocteau sur le terrain d’aviation de Laval : Nous venons de prendre une d�cision importante. Tous trois nous devons en supporter la responsabilit�. Moi, le premier, pour l’avoir prise, le g�n�ral Leclerc qui se chargera de son ex�cution, et vous, qui nous avez apport� les informations qui nous obligent � prendre cette d�cision... ï¿½

     Le 18 et 20 ao�t commencent les combats dans la capitale et dans les faubourgs, dirig�s par l’�tat-major du colonel Rol-Tanguy, install� dans les souterrains de l’annexe du poste de commandement de la d�fense passive, place Denfert-Rochereau. Ce refuge �tait �quip� d’un central t�l�phonique qui n’�tait pas surveill� par les Allemands.

     Notre camarade des Brigades Internationales, le colonel Fabien, attaqua avec ses forces les positions du Luxembourg que d�fendaient 600 Allemands.

     Le 23, la bataille se poursuivit contre les derni�res d�fenses allemandes. Un communiqu� des F.F.I. du 24 disait : � Notre victorieuse offensive a permis la lib�ration effective de Paris. ï¿½

     Les intrigues pour parvenir � une tr�ve — qui aurait fait gagner du temps � Von Choltitz — �chou�rent. Les F.F.I. attaquaient les chars avec quelques grenades � Grammon ï¿½ et surtout avec des bouteilles d’essence, converties en cocktails Molotov.

     Au cours des derni�res heures de la m�morable journ�e du 24 ao�t, deux �l�ments blind�s de la division Leclerc, appuy�s par trois chars, entr�rent dans la capitale et poursuivirent leur route jusqu’� l’H�tel de Ville. Le 25, les trois groupes de la 2�me division blind�e arriv�rent � Paris et se battirent avec les F.F.I. pour an�antir les restes de la garnison allemande. Vers midi, le g�n�ral von Choltitz se rendit et fut conduit � la gare Montparnasse o� fut sign�e la reddition avec le g�n�ral Leclerc et le colonel Rol-Tanguy. Von Choltitz adressa imm�diatement aux centres de r�sistance allemande l’ordre suivant : � La r�sistance doit cesser imm�diatement aux points d’appui et aux alentours. ï¿½

     Malgr� quelques sanglants combats, la lib�ration de Paris �tait acquise. Les Allemands eurent, pendant les combats de la lib�ration de la capitale 3 200 morts, 4 911 bless�s et 14 800 prisonniers. La 2�me division blind�e, 628 morts et bless�s, les F.F.I., 2 356 et la population civile, 2 408.

 

LES ESPAGNOLS DE LA 2�me D.B.

     Les r�publicains espagnols combattirent pendant l’insurrection et la lib�ration de Paris dans les formations des F.F.I. et dans les rangs de la 2�me division blind�e du g�n�ral Leclerc.

     La 6�me compagnie du 3�me bataillon du Tchad, sous le commandement du capitaine Dronne, ou, pour �tre plus exact, les deux tiers de cette unit�, fut l’avant-garde de la 2�me division blind�e qui entra dans Paris le 24 ao�t 1944.

     La presque totalit� des soldats de la 9�me Compagnie �taient des r�publicains espagnols qui s’�taient engag�s en Afrique, et leurs � half tracks ï¿½ portaient les noms de grandes batailles de la guerre d’Espagne. Il y avait aussi des Espagnols dans les autres compagnies du 3�me bataillon, mais la 9�me �tait la seule qui utilisa l’espagnol comme langue et que le capitaine Dronne comprenait parfaitement.

     Le 3�me bataillon �tait command� par le lieutenant- colonel Putz, ancien volontaire des Brigades Internationales. Il mourut � la prise de Strasbourg � parmi ses r�publicains espagnols ï¿½.

     La 9�me compagnie, prit contact avec l’ennemi � la sortie d’Alen�on, et combattit � Saint-Christophe, Vieux-Bourg... et jusqu’au 20 ao�t, dans le secteur d’Ecouch�. Pendant la nuit du 23, Dronne re�ut l’ordre de marcher sur Paris.

     Dans son journal de marche, le capitaine Dronne d�crit les r�publicains espagnols d’une fa�on assez pittoresque, mais son r�cit refl�te son affection pour ses anciens soldats. La compagnie attaqua les Allemands � Boulainvilliers (avec la section de l’aspirant Elias), � Longjumeau (deux sections sous le commandement du lieutenant Grand) et � Antony (sections de Montoya et Campos). Pr�s de Fresnes, le capitaine Dronne rencontra le g�n�ral Leclerc qui lui ordonna de se diriger directement sur Paris — � passez comme vous pourrez, mais rentrez dans Paris cet apr�s-midi... ï¿½

     Le capitaine Dronne se mit en marche vers la capitale avec deux �l�ments de sa compagnie et trois chars du 501�me command�s par le lieutenant Michard. � 20 h 41 minutes, ils �taient � la Porte d’Italie et, sans tirer un seul coup de feu, ils arriv�rent � la place de l’H�tel de Ville, � 21 h 22 minutes. L’enthousiasme populaire avait frein� la marche.

     Le lieutenant espagnol Granell raconte cette marche triomphale :

     ï¿½ Nos chars arriv�rent dans les premi�res rues de la capitale. Les Parisiens, surpris, nous confondirent avec une colonne allemande qui serait arriv�e par une direction contraire. Nous f�mes halte. Dans la rue d�serte, on percevait les regards qui nous �piaient � travers les fen�tres entrouvertes. Un vieux, craintif, osa s’approcher de nous. En voyant nos uniformes, il nous demanda avec m�fiance : "Am�ricains ? ", "Pas Am�ricains, mon vieux, nous sommes la division Leclerc". Cet homme fut pris de la plus indescriptible excitation. Comme un d�ment ou comme le h�raut d’un �v�nement, de ceux que racontent au coin du feu les grands-m�res aux petits enfants, l’ancien se s�para de nous en criant : "Eh, eh, Fran�ais, c’est la division Leclerc qui arrive !". Je ne sais pas ce qui se passa, mais, imm�diatement, la d�solation de la rue d�serte se transforma instantan�ment en un essaim. La population civile se jeta sur nous. Vivas, applaudissements, acclamations. Des baisers et des fleurs... Je n’arrivais plus � percevoir les silhouettes de nos chars et de nos voitures. Des essaims humains les masquaient � ma vue. Les bouteilles de bon vin fran�ais se d�versaient sur nos t�tes � la mani�re d’un bapt�me pa�en.

     ï¿½ Les yeux brillaient d’une lueur �trange. Puis s’humectaient de pleurs. Nous aussi on pleurait. Je n’oublierai jamais le ton viril et sobre d’un vieillard qui se limita � dire, en me serrant la main, "Merci, merci". Il fallut se lib�rer de la dangereuse affection que le peuple de Paris nous d�montrait. Il fallut avoir recours � toute notre l’�nergie pour nous lib�rer de nos admirateurs. Finalement nous p�mes reprendre notre marche vers le cœur de la capitale. Nous nous arr�t�mes de nouveau sur la place Sembat. C’est alors que nous envoy�mes par notre radio � l’�tat-major de notre division "Arriv�s � Paris, 20h45. Envoyez renforts".

     ï¿½ De la place Sembat, nous nous dirige�mes vers l’H�tel de Ville. Notre guide �tait une femme. Personne ne sut jamais par quel myst�rieux �metteur la nouvelle de notre arriv�e � Paris s’�tait partout r�pandue. Notre passage dans les rues de la capitale �tait salu� par la multitude. Les gens criaient � tue-t�te, "Vive la division Leclerc !". ï¿½

     Granell d�crit son entr�e � l’H�tel de Ville et son entrevue inoubliable avec quelques membres du Conseil National de la R�sistance :

     ï¿½ Aujourd’hui, je puis dire que l’avant-garde de la division Leclerc, qui se trouvait alors sur la place de l’H�tel de Ville, �tait seulement compos�e d’une section de chars, deux sections de v�hicules blind�s et d’une section du G�nie. Total, 120 hommes et 22 v�hicules. Quelques-uns de ces v�hicules blind�s portaient les noms de : Madrid, Don Quichotte, Guernica, Guadalajara, Teruel, Santander, Brunete... ï¿½

     Les gu�rilleros combattirent avec les unit�s F.T.P. sous le commandement de Rogelio Puerto, les Espagnols mobilis�s par le P.C.E. et l’U.N.E. dans les rangs des Milices patriotiques, particip�rent � l’occupation et � la d�fense des mairies de Montreuil, des 10�me, 19�me et 15�me arrondissements, ils lutt�rent sur les barricades de la place de la Concorde, o� fut tu� Baron (Robert), responsable de l’organisation militaire espagnole de la zone nord, place de l’Op�ra, � la R�publique, � l’�cole Militaire et dans les 11�me, 20�me, 14�me, 18�me, 12�me et 9�me arrondissements.

     Le rapport num�ro 3 des Milices patriotiques de Paris-Cit� relate le comportement des Espagnols pendant la journ�e du 25 ao�t :

     ï¿½ Pendant toute la journ�e, nos groupes de gu�rilleros sont intervenus directement dans les op�rations de nettoyage en �troite collaboration avec les forces blind�es alli�es en particulier avec les forces franco-espagnoles.

     ï¿½ Place de l’Op�ra, nous avons lib�r� deux gu�rilleros espagnols arr�t�s par les nazis.

     ï¿½ ï¿½ la Chambre des D�put�s de furieux combats se d�roul�rent. Nos forces prirent � l’ennemi cinq fusils, des grenades et d�truisirent deux camions charg�s de troupes allemandes.

     ï¿½ Dans le secteur de l’�toile, le gu�rillero Pacheco, qui combattait aux c�t�s des troupes du g�n�ral Leclerc, entra, de son propre chef, � l’h�tel Majestic, occup� par des forces allemandes. Il arr�ta un sergent et onze soldats allemands. Apr�s avoir remis les prisonniers aux Forces Fran�aises de l’Int�rieur (F.F.I.), Pacheco, rentra dans un autre h�tel occup� par des forces allemandes pr�s du Majestic, o� il mit huit soldats allemands aux arr�ts.

     ï¿½ Plus tard, Pacheco, en compagnie d’un autre gu�rillero appel� Angel, se dirigea vers les Invalides pour rejoindre un groupe des F.F.I., qui occupait le b�timent, et ils s’empar�rent de quatre fusils mitrailleurs et de munitions.

     ï¿½ Place de la Concorde, Angel, � la t�te d’un groupe, isol� � cause du feu intense de l’ennemi, r�ussit � attaquer � la grenade un foyer de r�sistance.

     ï¿½ Ces op�rations mirent tout particuli�rement en �vidence : le r�le du gu�rilleros Carlos et Tiragomas. Ce dernier, au cours de l’attaque de la Chambre des D�put�s, fit preuve d’un grand esprit combatif en tuant six Allemands et en s’emparant de leur armement. ï¿½

     En ce qui concerne le nombre d’Espagnols qui prirent part aux combats de la lib�ration de Paris leur nombre varie selon les auteurs. Mais on peut l’�valuer plus justement en tenant compte des armes disponibles.

     Le 10 ao�t 1944, l’�tat-major des F.F.I., disposait de 18 000 pistolets et 144 pistolets mitrailleurs (mitraillettes Sten) pour armer 35 000 F.T.P., sans compter 18 000 volontaires de derni�re heure. Avec cette p�nurie d’armement, il aurait �t� impossible d’armer les 4 000 Espagnols cit�s. Les d�p�ts d�couverts plus tard et les armes prises � l’ennemi, furent, logiquement, affect�es aux forces fran�aises.

     Les seuls Espagnols qui poss�daient des armes �taient les anciens gu�rilleros, int�gr�s, dans leur quasi-totalit�, aux F.T.P. Certains poss�daient quelques pistolets, mais presque tous particip�rent aux combats avec des cocktails Molotov de fabrication artisanale.

     Les Espagnols se battirent aussi dans les faubourgs, dans des combats tr�s durs comme celui qui les opposa � une unit� allemande, abrit�e dans la grange Notre Dame, dans le vieux Blanc-Mesnil, ils y combattirent avec leurs camarades italiens les 26 et 27 ao�t, jusqu’� l’arriv�e de six chars et deux v�hicules blind�s de la 2�me division blind�e.

     Dans la r�gion parisienne, on peut �valuer � cinq cents les Espagnols qui particip�rent aux combats de la lib�ration de Paris.

     Apr�s la lib�ration de Paris deux compagnies de gu�rilleros espagnols, sous le commandement de Rogelio Puerto, s’incorpor�rent au � bataillon Libert� ï¿½, organis� � la caserne de Reuilly. Le chef de bataillon �tait le commandant Olivier (Boris Holban), qui t�moigne :

     ï¿½ Au d�but du mois de septembre 1944, toutes les formations F.T.P.-M.O.I. de la r�gion parisienne se regroup�rent, avec leur armement, dans la caserne de Reuilly, constituant un bataillon qui prit le nom de "bataillon Libert�". Les effectifs de cette unit� arriv�rent en quelques jours � 1 800 hommes, en majorit� Italiens, Polonais, Espagnols et anciens prisonniers sovi�tiques. En visitant cette unit� � la caserne de Reuilly, l’on pouvait constater que, sauf quelques mitraillettes Sten, toutes les armes des Espagnols avaient �t� prises � l’ennemi pendant les combats. ï¿½

     Quant aux soldats espagnols de la 2�me D.B., ils poursuivirent leur route victorieuse et particip�rent � la prise de Strasbourg, au passage du Rhin et � la campagne d’Allemagne jusqu’� leur arriv�e � Berchtesgaden et � la victoire finale du 8 mai 1945.

 

Note :

     * Gaston Laroche, colonel F.T.P.F. Boris Matiine, On les nommait des �trangers. Les �diteurs Fran�ais R�unis, Paris, 1965. Gaston Laroche pr�cise que, pour Pierre Bourget, un autre auteur, la voiture �tait effectivement celle du commandant du � Grand Paris ï¿½, mais que celui-ci n’�tait pas von Schaumburg, mais son rempla�ant.

   

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� Les communistes ne s'abaissent pas � dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent �tre atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social pass�. Que les classes dirigeantes tremblent � l'id�e d'une r�volution communiste ! Les prol�taires n'y ont rien � perdre que leurs cha�nes. Ils ont un monde � y gagner. Prol�taires de tous les pays, unissez-vous ! ï¿½
MARX ET ENGELS
(Manifeste du Parti Communiste, 1848.)

� Il est absolument naturel et in�vitable que l'insurrection prenne une forme plus haute et plus compl�te, celle d'une guerre civile prolong�e embrassant tout le pays, c'est-�-dire d'une lutte arm�e entre deux parties du peuple. Cette guerre ne peut �tre con�ue autrement que comme une s�rie de grands combats peu nombreux, s�par�s par des intervalles assez grands, et une masse de petites escarmouches dans l'intervalle. S'il en est ainsi, et il en est bien ainsi, la social-d�mocratie doit absolument se proposer de cr�er des organisations aussi aptes que possible � conduire les masses � la fois dans ces grands combats et, si possible, dans ces petites escarmouches. ï¿½
L�NINE
(La guerre des partisans, 1905.)

� Les flics peuvent mettre les r�volutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais tuer la r�volution et la m�moire des communistes. ï¿½
CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES
(Lettre ouverte aux militants de base du P.T.B.... et aux autres, 27 mars 1985.)

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