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COMBAT
COMMUNISTE

textes pour le débat
dans le mouvement révolutionnaire

Comité de Paris « Domingos Teixero »
pour le Parti Communiste Révolutionnaire
(Marxiste-Léniniste)

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Cellules Communistes Combattantes

TEXTES DE LUTTE

1984-1985

 

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Distribué par l’A.P.A.P.C. (Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes) et par les éditions Correspondances Révolutionnaires, le livre Textes de Lutte, édité à Bruxelles en Octobre 1988, réuni les communiqués des C.C.C. de 1984-1985 ainsi que le texte de Frédéric Oriach sur la lutte armée déjà publié sur ce site.
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TABLE DES MATIÈRES

Principales notes et abréviations.

Préface
LES SOURCES CONSTITUTIVES DES CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES

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PREMIÈRE CAMPAGNE ANTI-IMPÉRIALISTE DE OCTOBRE
(2 octobre 1984-15 janvier 1985)

Action contre Litton International - Litton Business Belgium.
Evere, le 2 octobre 1984.

Mise en garde.

Action contre M.A.N. Truck and Bus.
Dilbeek, le 3 octobre 1984.

Action contre le Q.G. de Honeywell Europe.
Evere, le 8 octobre 1984.

Quelques mises au point nécessaires.
Les 4, 5 et 6 octobre 1984.

Actions contre la Fondation Int. Jean Rey - Centre Paul Hymans
et un siège du C.V.P.
Ixelles et Gent, les 15 et 17 octobre 1984.

Réflexions d’actualité : la bourgeoisie et les révisionnistes ont peur de notre politique, ou le G.I.A. justifie ses subsides.

Action contre un centre de télécommunications périphérique
à la base aérienne de Bierset.
Bierset, le 26 novembre 1984.

Action contre le réseau des oléoducs de l’O.T.A.N. (C.E.P.S.).
Clabecq-Gibecq, Glons, Gastuche, Ensival, le 11 décembre 1984.

Une précision.

Action contre un centre de l’O.T.A.N.
Sint-Stevens Woluwe, le 15 janvier 1985.

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NOUS DÉTRUISONS LE SIÈGE DU PATRONAT
(1er mai 1985)

Action contre la Fédération des Entreprises de Belgique (F.E.B./V.B.O.).
Bruxelles, le 1er mai 1985.

« Documents du Premier Mai » :
À propos de la lutte armée.
Annexe 1 : Lettre ouverte aux militants de base de P.T.B et aux autres.
Annexe 2 : Réponses concrètes à des questions concrètes.

Action contre la « Direction Supérieure de la Logistique et des Finances de la Gendarmerie ».
Woluwé-St-Pierre, le 6 mai 1985.

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CAMPAGNE KARL MARX
(8 octobre 1985-...)

Action contre le siège principal d’Intercom.
Bruxelles, le 8 octobre 1985.

Action contre Fabrimétal et l’Office des Contributions directes.
Charleroi, le 12 octobre 1985.

Action contre quatre importants centres de l’oligarchie financière.
Etterbeek, Charleroi, Leuven, les 4 et 5 novembre 1985.

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CAMPAGNE PIERRE AKKERMAN
Combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois
(19 octobre-6 décembre 1985)

Action contre un « Bureau d’information des Forces Armées ».
Namur, le 19 octobre 1985.

Action contre la direction petite-bourgeoise du mouvement pacifiste.
Uccle, le 20 octobre 1985.

Action contre le Q.G. européen de Motorola Corp.
Watermael-Boitsfort, le 21 novembre 1985.

Action contre la Bank of America.
Antwerpen, le 4 décembre 1985.

Actions internationalistes contre le réseau et le Q.G. du C.E.P.S.
Petegem-Versailles, le 6 décembre 1985.

Lettre aux Travailleurs, Travailleuses, Camarades en France.

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Principales notes et abréviations

A.B.L. : Armée Belge / Belgische Leger

B.S.R. : Brigade de Surveillance et des Recherches (de la Gendarmerie)

C.N.A.P.D. : Comité National Action Paix et Développement, principale organisation pacifiste petite bourgeoise (francophone)

C.V.P. : Christelijke Volkspartij, parti social-chrétien flamand, 1er parti du pays

ECOLO : parti écologiste francophone, représenté au parlement

F.E.B. : Fédération des Entreprises de Belgique (V.B.O. en flamand), fédération patronale

GALAND Pierre : président du C.N.A.P.D.

G.I.A. : Groupe Interforces Anti-terroriste, collège réunissant des agents des ministères de la justice, de la défense nationale et de l’intérieur

GOL Jean : vice-premier ministre et ministre de la justice dans les gouvernements « Martens 5 et 6 », ministre P.R.L.

MARTENS Wilfried : premier-ministre, C.V.P. ; les gouvernements « Martens 5 et 6 » sont issus d’une coalition social-chrétienne-libérale au niveau national

O.N.Em. : Office National de l’Emploi

P.C.B. : Parti Communiste de Belgique, P.C. « historique », a aujourd’hui perdu toute représentation

P.O.S. : Parti Ouvrier Socialiste (trotskiste)

P.R.L. : Parti Réformateur Libéral (francophone)

P.S. : Parti Socialiste (1er parti francophone)

P.T.B. : Parti du Travail de Belgique, ex-T.P.O. ; parti populiste héritier du mouvement Mao des années 70

P.S.C. : Parti Social-Chrétien (francophone)

P.V.V. : Partij voor Vrijheid en Vooruitgang, parti libéral flamand

S.P. : Socialistische Partij, parti socialiste flamand

SPITAELS Guy : président du P.S.

V.A.K.A. : Vlaams Aktie Komitee tegen Atoomwapens, direction flamande du mouvement pacifiste petit-bourgeois

* * *

Préface

LES SOURCES CONSTITUTIVES DES CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES

     L’émergence d’un processus de lutte armée pour le communisme, en Belgique, à l’automne 1984, ne fut certes pas un accident. La dynamique des Cellules Communistes Combattantes, comme expression organisée de cette lutte, est née de la convergence — et de la rencontre — de plusieurs tendances issues du mouvement historique et politique de la lutte de classe dans ce pays et en Europe.

     Toutes les élucubrations (de la propagande bourgeoise la plus grossière, aux politicailleries les plus perverses de la « gauche ») affirmant l’extériorité de la ligne politique et de la lutte des Cellules vis-à-vis du mouvement prolétarien ne résistent pas un seul instant à l’analyse scientifique, à l’approche matérialiste historique. Nous allons évoquer sommairement, dans cette présentation, les quatre principales tendances qui ont engendré — et porteront encore plus loin dans l’avenir — le processus stratégique de la guérilla révolutionnaire dans ce pays. Nous appellerons ces quatre tendances « les sources constitutives » de la lutte des Cellules Communistes Combattantes ; elles en sont la légitimité et la raison.

     La Belgique, dans son histoire sociale, a été à la pointe des expériences réformistes ; seuls les pays scandinaves, la Hollande, la Suisse et, dans une situation particulière, la R.F.A., ont développé aussi loin, aussi pleinement, cette politique. Celle-ci se caractérise par la gestion pacifique des conflits sociaux, par l’institutionnalisation de la collaboration de classe, pratiques consacrées, chez nous, depuis 1910. Cette époque, en effet, voit coïncider la totale hégémonie politique du Parti Ouvrier Belge dans la classe ouvrière, et la compréhension, par la bourgeoisie, de son intérêt à faire l’économie de conflits sociaux incontrôlés — conflits qui, jusqu’alors, s’étaient déroulés dans le contexte d’une violence extrême —, en planifiant une série de « concessions » sociales très vite compensées par une production « sans accroc ».

     La seconde série de mesures réformistes date de 1919 — au lendemain de la première guerre mondiale —, le P.O.B. ayant fourni à la bourgeoisie, enjouant un rôle non négligeable dans la trahison de la IIe Internationale, toutes les garanties de sa « non-dangerosité », et même de son efficacité dans cette voie. La politique de totale collaboration de classe du P.O.B., puis plus tard du P.S.B., et maintenant des P.S./S.P., ne fut jamais démentie depuis l’obtention du suffrage universel ; et le P.C.B. ne constitua jamais une réelle alternative à cette politique.

     Le réformisme, sous sa forme moderne : la concertation sociale systématique, fut organisé... depuis Londres, dès 1943, par les représentants socialistes et les magnats de l’industrie et des banques ; le triomphe de la paix fut surtout le désarmement de la résistance antifasciste et la transformation de la Belgique en un centre européen pour les multinationales U.S.

     L’outil principal grâce auquel la bourgeoisie put mener à bien ses plans, fut l’hégémonie des syndicats réformistes — sur le modèle A.F.L. — au sein du monde du Travail ; citons des chiffres plus ou moins récents : en 1971, 81,3 % des ouvriers étaient syndiqués. Et si des explosions sociales — des grandes grèves de 1960-61 aux grèves de septembre 1983 — ont malgré tout surgi qui révélaient le fossé objectif entre le réformisme et les intérêts fondamentaux du prolétariat, jamais le caractère globalement nuisible du réformisme n’est apparu avec autant de netteté qu’aujourd’hui. Après une décennie de crise économique, en pleine tendance à la guerre impérialiste, les politiques réformistes sur ces deux questions sont dénoncées par leur stérilité, et, ainsi, tous les partis prônant ces politiques clairement démasqués comme fondamentalement étrangers à la classe et ses intérêts Historiques.

     Sur ces deux terrains, la crise économique et son prolongement : l’imminence d’une nouvelle guerre, la bourgeoisie n’entend pas — et ne peut plus — faire la moindre concession ; l’austérité et le militarisme sont désormais synonymes de son pouvoir et clés de son existence. Tant que l’autorité capitaliste régnera, ces tendances s’accentueront. C’est ce cadre général qui explique pourquoi il n’y a plus eu de réel accord interprofessionnel depuis 1975, pourquoi les grèves, aussi héroïques soient-elles, s’essoufflent de sacrifices en échecs, pourquoi les mobilisations anti-guerre n’ont débouché que sur des défaites répétées !

     Chaque mouvement de lutte syndicale, chaque mouvement de refus du bellicisme impérialiste, dans leur impasse globale, démontrent la faillite des politiques réformistes et des méthodes de lutte qui sont leurs ; de fait, en période de crise, le réformisme devient un choix délibéré et évident d’impuissance et de démission. À partir de cette réalité, à partir du ferment de sa contradiction, à partir de l’impérieuse nécessité pour le monde du Travail et ses avants-gardes politiques — les Communistes — de conquérir les méthodes de lutte qui mènent aux victoires, à partir de la perspective de marche révolutionnaire vers le socialisme, VIT LA PREMIÈRE SOURCE CONSTITUTIVE de la lutte des Cellules Communistes Combattantes.

     La deuxième source réside dans le bilan critique de quinze années de guérilla révolutionnaire dans les métropoles. Alors qu’à longueur d’années, les ténors conjugués de la police et de la « gauche » nous rebattent les oreilles de leurs malveillantes calembredaines quant à l’échec et l’effondrement de la lutte armée dans les centres impérialistes, un regard serein sur la réalité révèle, au contraire même, une expansion permanente de ce processus, et cela, non seulement sous l’angle quantitatif, mais aussi et surtout, sous l’angle qualitatif.

     Pendant longtemps, la seule distinction faite parmi les mouvements de guérilla, différenciait, d’une part, les luttes affichant un caractère principal de libération nationale — généralement de tradition historique — (Irlande, Euskadi...), et, d’autre part, les luttes révolutionnaires, nées de la rupture d’avec le révisionnisme et le réformisme des P.C., de la crise du mouvement maoiste, et dynamisées par la solidarité avec les luttes de libération des peuples opprimés (R.F.A., Italie, Japon...).

     Cette distinction, au demeurant pertinente, péchait pourtant par son manque de discernement quant aux tendances politiques qui s’affirmaient et s’affrontaient dans cette seconde « famille ». Ces tendances diverses, multiples, ont évolué, se sont confrontées, se sont nourries des expériences des victoires et des défaites, ont progressé de toutes les leçons, pour s’affirmer, au début des années ‘80, à travers deux lignes principales de plus en plus distinctes : une ligne marxiste et une ligne non-marxiste.

     Ce débat politique de fond a traversé l’ensemble des organisations et groupes menant la lutte armée anti-impérialiste en Europe, et cela, tant d’organisation à organisation qu’au sein même d’une organisation particulière : rappelons, par exemple, la séparation au sein des Brigades Rouges, entre la ligne marxiste concrétisée par les B.R./P.C.C., et la ligne non-marxiste (dite « mouvementiste ») du Parti-Guérilla. La caractéristique essentielle du courant non-marxiste, a été de substituer aux référents scientifiques du Marxisme-Léninisme (matérialisme historique et dialectique, rôle des classes sociales et définition de celles-ci selon l’économie politique, centralité de Parti, etc...) toute une collection de concepts soi-disant innovateurs — en réalité, libertaires resucés — philosophiquement idéalistes, politiquement subjectivistes, et stratégiquement militaristes (« mouvementisme », « frontisme » et tutti quanti). Ce courant non-marxiste, énième avatar du radical-réformisme, a connu sa réalisation la plus achevée dans le processus d’unification de la Fraction Armée Rouge ouest-allemande et du groupe Action Directe en France.

     La ligne marxiste, elle, a progressé autour de deux pôles principaux : l’expérience des Brigades Rouges italiennes, aujourd’hui B.R./P.C.C. et U.C.C., et celles des Parti Communiste d’Espagne (reconstitué) / Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre. Forgeant leur direction politique dans la tradition historique vivante du Marxisme-Léninisme, ces Organisations et Parti ont acquis la maturité politique de Parti prolétarien, et sont exemplaires pour les progrès des forces communistes.

     Mais, en Belgique, c’est le combat de la Fraction Armée Rouge — et principalement la grande offensive de 1977 — qui ont fort marqué l’approche de la question de la lutte armée anti-impérialiste. Pendant des années, cette Organisation et le combat de ses prisonniers furent les seules références accessibles, et ce n’est qu’à partir de 1978, suite à l’exécution d’Aldo Moro et à la dénonciation du « compromis historique » par les Brigades Rouges, que des apports théoriques et politiques de cette Organisation commencèrent à circuler ; et il fallut encore attendre 1982 pour que les contributions des P.C.E.(r) / G.R.A.P.O. soient traduites et distribuées... aujourd’hui, tous ces documents politiques sont largement accessibles. Cependant, au-delà d’une question de chronologie, il faut surtout souligner le développement, la maturation que gagnait la ligne révolutionnaire marxiste au niveau international ; ce mouvement est d’ailleurs appelé à se poursuivre sans cesse, du fait même de l’adéquation historique de cette ligne. Les Cellules Communistes Combattantes ont surgi de cette clarification/qualification du débat au sein des mouvements de guérilla anti-impérialiste dans les centres, elles y ont trouvé force et résolution en s’engageant pleinement pour les progrès de la ligne marxiste-léniniste, et en tournant définitivement le dos aux déviations idéalistes et subjectivistes avec lesquelles, pendant trop longtemps, le combat révolutionnaire armé fut confondu dans ce pays.

     C’est en ce sens que le bilan de quinze années de lutte armée révolutionnaire dans les métropoles, en ce qu’il est la force clarificatrice de la juste ligne appelée à croître et la dénonciation des erreurs destinées à périr, EST LA SECONDE SOURCE CONSTITUTIVE de la lutte des Cellules Communistes Combattantes.

     La troisième source constitutive réside, bien évidemment, dans le retour aux principes fondamentaux du Marxisme-Léninisme. Le marxisme révolutionnaire fut, pourtant, toujours faible dans notre pays. La première section de la Ie Internationale était principalement inspirée par les thèses de Bakounine ; le P.O.B., nous l’avons vu, sombra très rapidement dans le réformisme de la collaboration de classe ; le P.C.B. abandonnant les principes du syndicalisme révolutionnaire qui avaient présidé à sa création, et ne retenant de la IIIe Internationale que les directives néfastes, s’enlisa rapidement dans la fonction timide d’une annexe de la politique extérieure de l’U.R.S.S.... avant de sombrer dans le réformisme le plus pur.

     Cette faiblesse historique du Marxisme-Léninisme en Belgique explique la constellation de petits groupes osant se revendiquer de cette pensée alors qu’objectivement, ils ne sont rien de plus que quelques opportunistes prétentieux dont Marx fustigeait si bien la médiocrité, en disant : « J’ai semé des dragons et récolté des puces ! ».

     L’incapacité des P.T.B. et autres P.O.S. à affronter politiquement la ligne communiste révolutionnaire est révélatrice de leur état de cadavres politiques. Fonder sa directivn politique sur les principes fondamentaux du Marxisme-Léninisme, et combattre l’éclectisme théorique et politique sont une démarche essentielle pour les révolutionnaires, mais cette démarche doit se concevoir dans un esprit ouvert et critique — et non borné et dogmatique —, doit être nourrie d’une pensée créatrice et conquérante — et non lâche et opportuniste —, c’est ainsi que s’affirme une ligne politique authentiquement révolutionnaire, orthodoxe mais vivante dans son mouvement.

     La faiblesse initiale du marxisme révolutionnaire dans l’histoire du mouvement de classe dans notre pays — alors qu’il est plus que jamais la seule doctrine prolétarienne — et la régularité avec laquelle, du P.C.B. à la putréfaction de P.T.B., sa germination fut étouffée, appellent toujours plus à l’avènement d’un pôle prolétarien rejetant le révisionnisme, les opportunismes multiples, et la corruption idéologique si chère à la « gauche ». La conjoncture concrète de crise et l’exacerbation générale des contradictions antagoniques historiques de classes appellent, plus que jamais, à la réaffirmation forte et puissante de la direction marxiste-léniniste à la tête du combat prolétarien. C’est de cette exigence d’héritage et de continuité de la politique révolutionnaire pour la direction du mouvement de classe qu’est porteuse la lutte des Cellules Communistes Combattantes, ELLE EN EST LA TROISIÈME SOURCE CONSTITUTIVE.

     La quatrième et dernière source constitutive fondamentale tient dans le vaste et riche héritage des luttes prolétariennes en Belgique. En effet, et même si cela peut paraître paradoxal, autant les directions politiques du prolétariat furent — et sont toujours — corrompues, opportunistes et collaborationnistes, autant le prolétariat, dans ce pays, s’est toujours caractérisé par une détermination et une combativité exceptionnelles.

     Les luttes qui précédèrent la création du P.C.B. furent extrêmement dures. Cette fondation fut même saluée, en 1886, par des massacres de travailleurs sous les balles de l’armée. Depuis lors, à chaque période de crise, le monde du Travail a renoué avec ses traditions de lutte, et ce toujours à l’encontre des directions petites-bourgeoises ; qui ne cherchent dans ces moments qu’à le désarmer : lors de la crise des années ‘30, dans la résistance antifasciste et, dans l’après-guerre, lors de l’« Affaire Royale », lors des grèves de 1960/61, 1977, 1983, et récemment encore...

     Cette tradition, ce patrimoine de combativité ne se sont jamais démentis ; ils ont toujours rendu illusoire la prétention de l’impérialisme à pacifier intégralement et définitivement ses centres, et ils sont le terrain fertile d’où se lèvera, enfin, le processus de lutte qui, sachant s’articuler en continuité de cette tradition vivante et sachant l’homogénéiser en un mouvement unique de classe, mènera les Travailleurs et les Travailleuses jusqu’à la libération de l’esclavage salarié ! La grande et magnifique tradition de lutte du prolétariat belge ou immigré dans ce pays, CONSTITUE, AINSI, LA QUATRIÈME SOURCE CONSTITUTIVE de la lutte des Cellules Communistes Combattantes.

     Voilà donc les facteurs principaux qui ont engendré l’apparition d’un processus de lutte marxiste-léniniste posant la question de la violence révolutionnaire en Belgique. Ce survol démontre que l’avènement de cette lutte était inéluctable, et que, quelle que soit la force de cette première manifestation, son développement ira croissant.

     Aussi pouvons-nous répondre à tous ceux qui déblatèrent au sujet de la « dé-connexion » de la lutte des Cellules qu’ils ne font par là que révéler une déconnexion : la leur, face aux potentialités et aux exigences de la lutte de classe en cette époque, et, ainsi, leur extériorité aux intérêts historiques du prolétariat.

     Bien sûr, les Cellules Communistes Combattantes ne constituent en aucun cas une finalité par elles-mêmes ; plus qu’un aboutissement des quatre composantes que nous venons de décrire, elles sont l’expression d’une première de leurs rencontres et, malgré des limites évidentes, elles ont porté — jusqu’à aujourd’hui au plus loin — la concrétisation des exigences révolutionnaires de classe.

     Synthétisant dans la pratique, pour la première fois, ces exigences tant des points de vue théorique que politique, stratégique que tactique, les Cellules sont le premier pas de l’émergence d’un mouvement prolétarien révolutionnaire. C’est pourquoi, de la même manière que tous les camarades se doivent d’étudier la crise de l’opportunisme et du réformisme, de puiser dans l’expérience politico-militaire de quinze années de guérilla anti-impérialiste dans les métropoles, de renouer avec le Marxisme-Léninisme, et de se baser sur les grandes traditions combatives du prolétariat, ils doivent analyser avec attention et confiance la lutte des Cellules Communistes Combattantes qui, placées objectivement à l’avant-garde du mouvement prolétarien, apportent une riche contribution à l’expérience de la lutte de classe aujourd’hui.

     Il faut que chaque camarade se saisisse des progrès portés par la lutte des Cellules, les soumette à la critique, en relève les faiblesses pour les dépasser, en exploite les forces, fasse mieux et plus, soit un élément actif et dynamique dans la marche vers le Communisme !

     QUE MILLE CELLULES NAISSENT !

Pascale Vandegeerde, Bertrand Sassoye,
Didier Chevolet, Pierre Carette,
prisons de Forest et de Saint-Gilles,

le 2 octobre 1986.

 

* * *

 

PREMIÈRE CAMPAGNE ANTI-IMPÉRIALISTE D’OCTOBRE
(2 octobre 1984 - 15 janvier 1985)

 

Action contre Litton International — Litton Business Belgium.
Evere, le 2 octobre 1984.

     Aujourd’hui, 02 octobre 1984, nous avons attaqué à la bombe les bureaux et ateliers de la société Litton Business Belgium S.A. au 59 de la rue du Bon Pasteur à Evere. Cette société commercialise sur le marché belge les produits importés (bandes pour ordinateurs, caisses électroniques S.W.E.D.A., etc...) de la multinationale U.S. de l’électronique : Litton Industrial.

     Litton Industrial, 18e multinationale de l’électronique (en 1982 et au niveau mondial) est l’un des principaux pourvoyeurs d’armes de l'O.T.A.N. Ainsi, par exemple, pour le seul mois de juin de cette année, Litton a décroché deux contrats auprès de l’U.S. Navy : des pièces pour système de brouillage électronique pour avions d’attaque (14,3 millions de dollars U.S.) et des systèmes de visée pour les chasseurs F-18 (97,6 millions de dollars U.S.).

     Mais surtout, et principalement avec sa filiale canadienne, Litton Industrial est le concepteur, le fabriquant et le producteur du système de guidage des missiles Cruise dont les préparatifs d’installation vont bon train sur le site de la base militaire de Florennes.

     Nous avons voulu, par notre attaque, léser directement les intérêts de ce trust en paralysant ses activités nous espérons pour longtemps — dans ce pays. Mais il ne faut pas limiter le choix et la portée de notre action au seul coup porté contre une bande de capitalistes dont le commerce de mort lui a rapporté pour le premier trimestre de cette année un bénéfice de 76,5 millions de dollars U.S. Nous allons donc développer brièvement le contexte politique global qui nous a déterminées à mener cette attaque.

     L’installation des missiles Cruise et Pershing en Europe, les ruptures des négociations Est-Ouest, la multiplication de ces dernières années des conflits militaires et leurs qualités (politiques, géographiques et économiques) en liaison de plus en plus étroite avec l’Europe impérialiste, la course aux armements et les croisades idéologiques chauvines... sont autant de facteurs, de témoins concrets d’une tendance qui s’affirme et que de plus en plus de gens comprennent maintenant ici : la tendance directe, croissante et manifeste à la guerre impérialiste. Cette tendance est de plus en plus à l’ordre du jour, tant dans sa nature, son évolution et son développement que dans les réactions qu’elle engendre, des manifestations monstres qui depuis des années secouent les capitales européennes à une conscientisation et à l’émergence d’une pratique révolutionnaire comme notre attaque contre Litton.

     Révolutionnaire, par ce que notre action prétend démontrer : la guerre impérialiste est absolument indissociable du mode de production capitaliste, en fait elle en est le produit en tant que phase incontournable, en tant qu’aboutissement/dépassement de la crise économique, en tant qu’unique solution pour le capital de bouleverser sa base de production. Nous allons essayer d’expliquer cela.

     La guerre impérialiste (qui, ne l’oublions pas, est permanente contre les peuples du monde entier) est dans sa qualité mondiale la seule solution adéquate pour les puissances capitalistes en crise dans la mesure où la guerre permet en premier lieu d’agrandir leurs bases de production (dans le stade impérialiste où les secteurs vierges pour l’exploitation économique sont épuisés depuis longtemps) soit aux dépens de l’adversaire, soit par une redistribution des zones d’influences ; en second lieu, la tendance à la guerre et la guerre elle-même permettent la mobilisation dans la production/économie de guerre des capitaux, des travailleurs et des structures de production (usines, etc...) qui, expression de la crise de surproduction telle que nous la vivons aujourd’hui, s’accumulent massivement sur le marché, exclus et inutiles pour le processus de production capitaliste, inaptes à la revalorisation du capital.

     De cette « dynamique », les exemples sinistres ne manquent pas, dont le plus flagrant est le militarisme effréné de l’impérialisme nazi qui, de 1933 à 1939, a relancé l’économie allemande... et résorbé le chômage ! Plus généralement, la guerre a toujours servi de tremplin au capitalisme car elle lui permet, à travers destructions et bouleversements, de résorber les surproductions dont il ne peut tirer de profits et de modifier radicalement les multiples conditions de l’exploitation des travailleurs au sein d’une nouvelle ère d’expansion capitaliste... jusqu’à la prochaine crise et la prochaine guerre.

     Nous affirmons donc, et nous n’inventons rien car c’est l’abc de l’économie marxiste, que la crise économique qui frappe l’ensemble du monde n’est pas qu’un « accident de parcours de l’économie de marché » ou le bilan de soi-disant bienfaits des sixties dont les travailleurs auraient abusé comme le prétend l’odieux De Clercq 1 — et dont en sortirait par des sacrifices comme le prétendent tous les économistes bourgeois — mais bien le produit de la nature même de ce système d’exploitation qui ne peut se dépasser que dans la guerre.

     Le perfectionnement des moyens de production, notamment durant ces dernières décennies, les progrès de l’électronique, de la robotique, de l’informatique, etc... devraient permettre une abondance de richesses et un élargissement sans cesse croissant du temps libre, ce qui est très facile à comprendre étant donné que l’application de ces techniques à la production permet de produire plus, plus vite et avec moins de main-d’œuvre, les produits, richesse et structures nécessaires à l’existence. Et pourtant nous vivons le contraire ! Le système capitaliste, dans son unique quête : le profit, nous entraîne dans cette situation où, comme l’écrivait Engels, en retrouve « d’un côté, perfectionnement du machinisme (...) qui équivaut à une élimination foujours croissante d’ouvriers (...) ; de l’autre côté, extension sans limite de la production (...). Des deux côtés, développement inouï des forces productives, excédent de l’offre sur la demande, surproduction, (...) excédents ici des moyens de production et de produits, excédents là d’ouvriers sans emploi et sans moyen d’existence (...) ».

     La masse des travailleurs mis au chômage avec juste les moyens de survivre (grâce aux impôts et cotisations imposés aux autres travailleurs) sont exclus, par manque de moyens, des richesses produites par les machines qui les ont remplacés, richesses qui, donc, au même titre que ces travailleurs, se retrouvent — pour le capitalisme — en « trop » sur le marché.

     —En système capitaliste, les progrès scientifiques et leurs applications dans la production de biens nécessaires à tous, la machine (ou le robot, ou l’ordinateur...), au lieu de signifier concrètement abondance et meilleures conditions de vie, deviennent synonymes de misère : « La bourgeoisie est convaincue d’incapacité à diriger davantage ses propres forces productives sociales » (Engels).

     La crise économique en système capitaliste n’est pas une crise de sous-production mais une crise de sur-production de richesses. Et nous le vivons aujourd’hui de cette façon :

     — sur-production de moyens de production (il y a pour le capital des usines, des mines, des aciéries... en trop, non pas du fait que la production d’acier ou de charbon soit devenue inutile, périmée ou excédentaire par rapport aux besoins réels des populations, mais parce qu’il y a production inutile, excédentaire par rapport au marché) ;

     — sur-production de richesses (le rétrécissement du marché, le manque de clients solvables à l’échelle nationale ou internationale... ce qui entraîne les économistes bourgeois, siégeant aux Communautés par exemple, à nous expliquer que la C.E.E. a des excédents laitiers... alors que deux milliards d’êtres humains souffrent de malnutrition sur cette planète qui en compte quatre milliards) ;

     — sur-production de capitaux (les débouchés de l’activité industrielle se rétrécissant, les investissements désertent la production pour se tourner vers des activités spéculatives et improductives : banques, crédits... logique infernale dont en voit vite la fin, par exemple le système financier et bancaire U.S. au bord du krash suite aux politiques de prêts et de spéculations notamment dans le Tiers-Monde) ;

     — sur-production de travailleurs (mis au chômage ou tout simplement exclus du processus de production par les développements technologiques dans le cadre de la course aux profits du capitalisme. La bourgeoisie en arrive ainsi, dans toute l’étendue de son absurdité, à rendre les progrès de l’humanité contraires au progrès de la vie...).

     Déjà, à l’aube de la société capitaliste, il en avait été de même lorsque la bourgeoisie plongea des populations entières dans la misère (notamment en Angleterre) en introduisant les métiers à tisser permettant un essor fantastique de productivité !

     La crise économique d’aujourd’hui n’est pas la première dont les travailleurs font les frais, une semblable crise précéda la seconde guerre mondiale et avant celle-là d’autres déjà... Mais à chaque fois, les crises sont plus profondes, plus graves, plus étendues puisqu’elles sont le produit de l’expansion contradictoire du capitalisme. Aujourd’hui, l’étendue et la profondeur de la crise de l’économie capitaliste, l’impérialisme achevé et moribond, amènent l’humanité entière à un seuil décisif, car c’est dans les années à venir, faites de bouleversements, de guerres et de révolutions, que se décidera l’avenir pour longtemps.

     Mais, au-delà de cette certitude, il faut souligner, pour en tirer une stratégie adéquate, comment la bourgeoisie, à chaque fois, sut dépasser ses contradictions et l’importance, développée au fil des ans, de la tendance à la guerre.

     Le système impérialiste n’a plus rien à offrir sinon la misère.

     Il n’a plus comme perspective de lendemain que la guerre.

     Il n’est plus que destruction.

     Et de cette sinistre perspective, certains comme Litton tentent encore de tirer profit. Car il ne s’agit pas de considérer la tendance à la guerre comme un quelconque automatisme auquel se soumettraient machinalement les gouvernements et les états-majors ; il s’agit d’une tendance générale du système, que tout le monde perçoit et vis-à-vis de laquelle chacun se positionne selon ses intérêts. Et c’est ainsi qu’émergent alors des rangs de la bourgeoisie impérialiste des marchands de canons, des politiciens et des idéologues va-t’en-guerre, des diplomates et des militaires, un véritable groupe d’intérêts qui constitue par-delà les frontières un authentique « parti de la guerre ». C’est ce parti qui est donc l’ennemi principal des révolutionnaires et des travailleurs de tous les pays.

     Contre ce répugnant « parti de la guerre », il n’existe pour nous, communistes, qu’une seule voie, celle de la Révolution Sociale, car comme le disait si justement Engels : « La force d’expansion des moyens de production fait sauter les chaînes dont le mode de production capitaliste l’avait chargée. Sa libération est la seule condition requise pour un développement des forces productives ininterrompu, progressant à un rythme toujours plus rapide et, par la suite, pour un accroissement pratiquement sans borne de la productivité elle-même (...). La possibilité d’assurer, au moyen de la productivité sociale, à tous les membres de la société une existence non seulement parfaitement suffisante au point de vue matériel et s’enrichissant de jour en jour, mais leur garantissant aussi l’épanouissement et l’exercice libre et complet de leurs dispositions physiques et intellectuelles, cette possibilité existe aujourd’hui pour la première fois, mais ELLE EXISTE ».

     Et, comme nous pouvons le lire dans le Manifeste du Parti Communiste : « Les Communistes se refusent à masquer leurs opinions et leurs intentions. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste ! Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont le monde à gagner. »

     Nous, Communistes, savons que la paix n’apparaîtra que lorsque le capitalisme fauteur de guerre disparaîtra, donc qu’il ne s’agit pas d’éviter la guerre, mais de réaliser la révolution sociale en suivant plus que jamais le mot d’ordre de Lénine :

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Note :

     1. WilIy De Clercq était ministre des finances et du commerce extérieur et vice-premier du gouvernement « Martens 5 », il est actuellement commissaire européen.

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Mise en garde

     Aujourd’hui, par notre action contre la multinationale Litton, les Cellules Communistes Combattantes imposent une pratique organisée de lutte armée politico-militaire dans ce pays jusqu’ici trop peu touché par la lutte armée pour le communisme. Nous voulons, dès cette première action, faire le point en ce qui concerne un côté de la lutte militaire, ses conséquences pratiques aux moments des actions et notre position politique à ce propos.

     Nous souhaitons que ces positions soient aussi largement diffusées — en tant qu’indissociables — de nos positions politiques globales.

     Nous savons que la pratique policière élémentaire de la bourgeoisie (des commissariats au gouvernement) a toujours été de calomnier les mouvements révolutionnaires. Beaucoup de gens maintenant savent par leurs expériences comment sont relatées, dans les médias au service du pouvoir dominant, les manifestations sociales, les occupations d’usines, les légitimes revendications des travailleurs, et évidemment la politique impérialiste d’exploitation mondiale...

     Nous savons aussi quels racontars crapuleux ne manqueront pas de colporter contre nous les larbins appointés et autres rats « objectifs », ce qui nous oblige à souligner un de nos principes fondamentaux de communistes : LES ACTIONS DE LA GUÉRILLA RÉVOLUTIONNAIRE NE SONT JAMAIS DIRIGÉES CONTRE LE PEUPLE, MAIS TOUJOURS CONTRE LES ENNEMIS DU PEUPLE, les exploiteurs bourgeois et leurs alliés.

     Cela, c’est la politique des communistes, notre identité, et il ne peut pas en être autrement sans trahir notre mémoire historique et nos buts historiques ! Qui se bat pour que la guerre impérialiste n’endeuille plus des centaines de millions de travailleurs dans le monde ? Qui se bat pour une paix véritable construite sur la disparition des ennemis du peuple ? Les communistes ! Qui prépare un massacre plus grand encore que sa propre permanence ? La bourgeoisie impérialiste !

     Qui ose nous traiter de terroristes ? La bourgeoisie qui règne dans ce pays, valet de l’impérialisme U.S. et mercenaires de la Société Générale 1 , jetant des centaines de milliers de travailleurs au chômage, au minimex ou à rien du tout en attendant les coupures de gaz ou d’électricité, à la misère totale parce que la sous-alimentation/extermination de la moitié de la planète ne lui suffit même plus.

     Nous, nous attaquons par la lutte armée cette bourgeoisie impérialiste qui nous domine avec ses mercenaires, flics, gendarmes ou autres militaires, et nous voulons limiter les cibles de nos actions à ces seuls ennemis du prolétariat — sans oublier leur employeur cité un peu plus haut... ALORS QUE CE SOIT CLAIR : nos combattants, en menant les opérations d’attaques contre les appareils de la bourgeoisie prennent, et prendront toutes les mesures nécessaires, même celles qui augmentent les risques de l’opération (en mettant en cause la bonne exécution de celle-ci ou la sécurité de la cellule) pour éviter de léser les riverains ou de blesser des passants...

     Il est donc nécessaire, dans l’intérêt de tous, ET PARCE QUE CELA EST NOTRE VOLONTÉ POLITIQUE, de défendre les intérêts des populations dans la guerre de classes à travers sa pratique militaire. Cela veut ainsi dire faire connaître certaines mesures de sécurité, afin d’éviter les accidents et SURTOUT LA POSSIBILITÉ POUR LES FORCES DE POLICE D’ORGANISER CONSCIEMMENT UN MASSACRE qu’elles présenteraient par la suite comme étant le produit de notre « terrorisme fou » alors que c’est plutôt elles qui sont les piliers armés d’un ordre social dont le terrorisme n’est plus à démontrer au regard de l’histoire.

     Dans la perspective de notre développement actuel, nous pensons déjà devoir donner quelques indications, quelques consignes précises afin que, dès maintenant, nos actions ne lèsent que les ennemis des travailleurs et jamais les populations que nous appelons à la révolution sociale internationaliste :

     SI VOUS ÊTES, UN JOUR OU L’AUTRE, CONFRONTÉS À UNE ACTION DES CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES, SUIVEZ LES CONSIGNES DES RÉVOLUTIONNAIRES, ELLES NE PRENNENT EN COMPTE QUE VOS INTÉRÊTS  ! Si vous travaillez dans les structures de domination et qu’une attaque est annoncée, quittez immédiatement les lieux, même contrairement à l’avis des petits chefs ou des flics, refusez de collaborer aux enquêtes policières... et plus tard nous parlerons du sabotage et de la désertion des institutions qui nous exploitent !

     Quand les Cellules Communistes Combattantes mènent une attaque à l’explosif, comme celle contre Litton aujourd’hui, nous soulignons encore une fois que nous prenons toutes les précautions nécessaires pour qu’elle se fasse avec le plus grand discernement possible ; si vous voyez cela de chez vous, éloignez-vous des fenêtres, les charges que posent nos combattants sont calculées pour ne pas toucher les bâtiments voisins et le seul risque réside dans l’action du souffle et des projections au moment de la déflagration.

     Nous nous excusons sincèrement — et nous laissons l’hypocrisie aux élus qui viendront pleurnicher demain — pour le réveil brutal de certaines de nos actions. Mais nous pensons qu’il est moins dramatique que celui qui nous guette en cas de guerre, soit sous les bombes, soit pour le départ à la boucherie, et que si nous ne voulons aucun de ces deux derniers exemples, il nous faut nous organiser pour concrètement mettre les exploiteurs à genoux !

     Nous pensons qu’il est temps de nous réveiller, de nous battre, car c’est aujourd’hui que se construit l’histoire de demain !

Pour le communisme,
Cellules Communistes Combattantes

 

Note :

     1. Société Générale de Belgique : principal holding, multinational, du pays (transport, énergie, métallurgie, construction mécanique et électrique, travaux publics, etc...), articulé autour de la société Générale de Banque. À son propos, voir le communiqué des actions contre les banques, « Campagne Karl Marx », les 4 et 5 novembre 1985.

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Action contre M.A.N. Truck and Bus.
Dilbeek, le 3 octobre 1984.

     Aujourd’hui, 3 octobre 1984, nous avons attaqué au moyen de bombes incendiaires et de 150 litres de mazout les tracteurs pour semi-remorques stationnés sur un des parkings de la société ouest-allemande M.A.N. Truck & Bus associée à la société belge HOCKE qui lui sert d’importateur et avec laquelle elle partage les installations du parc industriel au 13a Gossetlaan à Dilbeek.

     Le choix de cette cible s’explique très facilement lorsque l’on sait que M.A.N., septième constructeur militaire en R.F.A., est le constructeur des semi-remorques (de type P1-A-EL) qui transportent et lancent les missiles atomiques U.S. de type Pershing II, récemment déployés par l’O.T.A.N. en R.F.A.

     Quand M.A.N. construit des camions militaires pour l’armée belge (un contrat qui s’est échelonné de 1974 à 1981 où M.A.N. a livré pour 3,736 milliards de FB de camions 4 tonnes), quand M.A.N. construit 465 véhicules pour les systèmes Pershing II, quand M.A.N. produit des moteurs de blindés (notamment le diesel que la Brugeoise-Nivelles 1 monte sur le blindé SIBMAS à Manage) ou de navires de guerre, etc., il est un devoir pour les révolutionnaires de mettre un terme à ces activités. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’aspect militaire de notre intervention.

     À l’occasion de notre attaque contre Litton, nous avons sommairement expliqué pourquoi cette guerre qui menace aujourd’hui ce continent n’est pas le produit d’une quelconque perversion des dirigeants de la Maison Blanche ou du Kremlin, mais qu’elle est la conséquence logique, une tendance inhérente au capitalisme en crise. La guerre, et sa préparation, sont les chemins sur lesquels le système impérialiste s’avance car c’est pour lui les seules voies où peut subsister sa logique de profit. Les super-profits des industries de guerre sont une parfaite illustration de cette tendance et placent ces sociétés comme fauteurs objectifs de guerres.

     Face à cette situation : « Le véritable artisan d’une paix démocratique n’est pas l’homme qui répète, en termes généraux, de pieux souhaits de pacifisme, ne signifiant rien et n’engageant à rien, mais celui qui dénonce le caractère impérialiste de la guerre actuelle et de la paix impérialiste qu’elle prépare, et qui appelle les peuples à la révolution contre les gouvernements criminels. » (Lénine.)

     Nous allons essayer de nous expliquer sur les points de convergence évidents entre notre action contre Litton et celle contre M.A.N.. C’est-à-dire principalement l’activité et la participation de ces deux sociétés dans le programme d’installation des nouveaux missiles U.S., Cruise et Pershing.

     Le déploiement de ces nouveaux missiles est, tout le monde en est bien conscient aujourd’hui comme l’ont prouvé les manifestations monstres de ces dernières années, un fatt nouveau qui modifie radicalement la situation en Europe. Les « qualités » propres aux Cruise et aux Pershing et leurs combinaisons en font une force non pas de riposte ou de dissuasion comme le prétendent certains laquais de l’O.T.A.N., mais bien une force de première frappe atomique.

     Quand en sait que le Pershing II atteint sa cible en territoire soviétique en moins de 5 minutes après le lancement et qu’il n’est, de fait, détectable qu’après l’impact et l’explosion, quand en sait que les Cruise volent au-dessous de la couverture radar des pays de l’Est, quand en connaît la précision phénoménale de ces missiles où la marge d’erreur se mesure en quelques mètres, quand en réfléchit à la charge atomique somme toute limitée de ces missiles et qui les destine à un emploi tactique contre les forces et installations militaires, et enfin quand en voit la capacité dont se dote aujourd’hui l’O.T.A.N. de saturer l’Europe de l’Ouest de ces missiles, ceux portés par avions, navires ou sous-marins et dont, selon les propres mots de Reagan, la construction est prévue « par milliers », tous ces éléments accumulés dénoncent clairement qu’à travers le déploiement des Pershing et des Cruise, l’O.T.A.N. construit une arme fondamentale pour sa politique belliciste et agressive.

     Cette politique belliciste est une réalité, un projet défini et planifié qui se concrétise chaque jour dans la succession des programmes de l’O.T.A.N., tel celui-là des euromissiles U.S. (dont les services de propagande et d’intox tentent de nous faire croire qu’ils sont une « réponse » à l’installation des SS20 soviétiques en 1977, alors que le programme du Pershing II fut lancé dès 1972 !) mis en place par le géneral Haig (contre qui la Fraction Armée Rouge a mené un attentat le 25 juin 1979 alors qu’il se rendait au S.H.A.P.E. 2 près de Mons), ou tel celui défini dans les plans du général Rogers 3 qui programment avant 1990 l’expansion massive, quantitative et qualitative, des armements conventionnels de l’O.T.A.N. (c’est-à-dire non-atomiques).

     Nous voulons souligner ici que quand nous parlons de guerre atomique dans laquelle l’impérialisme U.S. entraînerait ses alliés et vassaux européens, nous ne tombons pas dans les classiques clichés de l’apocalypse nucléaire, de la destruction totale de la planète, etc... Ces visions infernales — assez simplistes — n’ont d’autre fonction que celles de permettre à certains de déclarer péremptoirement : « c’est impossible », « ils n’oseront pas déclencher une guerre pareille... ils ne sont pas fous à ce point-là » et surtout de se dépêcher de conclure : « ces nouvelles armes ne sont là que pour dissuader ; pour maintenir l’équilibre qui empêchera la guerre ».

     Ces déclarations-prières ressassées par certains résignés sont bien à l’image de la propagande bourgeoise pour justifier la folie militariste et terroriste des états : « toutes les armes, toutes les prises d’otages réciproques des populations par ogives atomiques interposées, pudiquement traduites en « équilibre des forces », ne servent-elles pas la paix ? Connaît-on la guerre ? Non, et bien alors continuons dans cette voie ! »

     Tous ce ramassis de conneries monstrueuses a assez duré, nous devons dénoncer d’aussi énormes mensonges ! La guerre n’a jamais cessé, pas une année ne s’est écoulée depuis la dernière boucherie mondiale sans que, directement ou par larbins et fantoches interposés, l’impérialisme ne porte la guerre aux quatre coins du monde : Panama, Cuba, Saint-Domingue, Algérie, Chili, Angola, Palestine, Congo, Corée, Shaba, Vietnam, El Salvador, Grenade, Irlande, Malaisie, etc. La guerre est un phénomène quotidien pour l’impérialisme et si l’éloignement relatif des zones de conflits a permis à certains de l’oublier un peu rapidement, le retour des menaces de guerre dans les métropoles a rendu une partie de la mémoire aux peuples de ce continent.

     Pour l’impérialisme, la guerre n’est qu’une question d’intérêts. Et des intérêts dans celle qui se prépare, le leader de l’impérialisme occidental : les U.S.A. n’en a que trop. La circonscription des tirs nucléaires à l’Europe centrale (donc la preservation du sanctuaire nord-américain), l’extension de la guerre totale en Europe, en Méditerranée, au Moyen-Orient et aux Caraïbes, voilà les projets criminels du Pentagone. Et celui qui veut croire que l’impérialisme U.S. hésitera un seul instant à ravager, dans les feux de la guerre moderne, toute l’Europe au sein d’une confrontation organisée par lui contre l’U.R.S.S. et les peuples en lutte du Tiers-Monde, celui qui veut croire en cette hésitation et qui se repose sur elle est un irresponsable idiot ! Idiot ou escroc également celui qui prétendra que les bourgeoisies impérialistes de l’Europe occidentale, multinationales et gouvernements, désireront seulement s’y opposer : eux aussi se préparent à partager le gâteau sur le dos des peuples. Il n’y a plus aucun doute à ce sujet, de quelque famille politique dont ils se réclament, tous les gouvernements européens sont inféodés à l’O.T.A.N. comme le démontre le peu de cas fait de l’évident refus des populations quant au déploiement des missiles sur le théâtre européen.

     Si nous considérons dans cette tendance à la guerre l’impérialisme U.S. comme élément moteur et agressif, cela ne suffit pas à trouver un « beau rôle » à l’U.R.S.S., car si nous pensons que l’U.R.S.S. ne développe pas aujourd’hui une politique de guerre mondiale totale, sa nature capitaliste l’a depuis longtemps exclue des rangs de la révolution communiste mondiale, et la prise d’otages des métropoles occidentales sous le feu de ses missiles la place en ennemi secondaire mais objectif du prolétariat européen.

     Que plus personne ne continue à jouer à l’autruche maintenant, en reconnaissant au gouvernement bourgeois le droit de décider seul de l’installation « éventuelle » des Cruise en Belgique en novembre 1983 (tout comme en decembre 1979 par 130 voix contre 48 !), les députés se sont alignés sans aucune équivoque sur l’O.T.A.N. C’est donc au prix de millions de morts potentiels — résultat d’une riposte de l’U.R.S.S. — que les ministres, parlementaires et autres responsables bourgeois conservent les bonnes grâces de leur grand oncle Sam : ils sont — et ces porcs en sont même fiers — « les bons élèves de l’O.T.A.N. » qui, depuis des années, ont fait de ce pays une base sûre et fidèle pour la politique agressive des U.S.A.

     Mais il ne peut y avoir ici de place pour le catastrophisme ou pour la résignation. Si la prévisible défaite de la politique du mouvement pacifiste qui n’a pu, contrairement à ses prétentions, empêcher le déploiement des missiles, est flagrante, ce n’est certes pas dû à l’absence de mobilisation des populations ; les manifestations d’automne 79, 81 et 83 ayant au contraire largement démontré que c’est en masse qu’il a été dit NON à l’installation des missiles U.S. en Europe et en Belgique, NON à la guerre impérialiste ! Par leurs attitudes, parlement et gouvernement indiquent clairement, avec mépris et cynisme pour cette très nette opposition populaire, leur lamentable servilité aux intérêts de l’impérialisme mondial. Malgré leurs palabres et leurs discours, ils préparent eux aussi la guerre !

     Au vu de cette situation, il est temps pour nous de démontrer concrètement que ces missiles, ces plans de guerre, ces restructurations de l’économie capitaliste et leurs cortèges de misères, nous n’en voulons pas. Et pas le démontrer à la bourgeoisie qui le sait très bien et qui s’en fout comme elle a toujours été étrangère aux intérêts des travailleurs. Il est temps de nous démontrer concrètement à nous-mêmes, hommes et femmes, travailleurs du monde entier, que saboter et bloquer les projets bellicistes de la bourgeoisie impérialiste est possible et nécessaire, tant pour éviter un conflit atomique en Europe que pour balayer le capitalisme et construire une société nouvelle d’où sera abolie l’exploitation de l’homme par l’homme, une société sans classe, sans État et sans guerre : la société communiste.

     Nous savons bien que notre contribution est infiniment modeste en regard de l’étendue de la tâche qui attend tout le mouvement révolutionnaire mondial, mais c’est alors qu’il s’impose de ne faire aucune économie de nos forces pour atteindre la première étape historique de l’organisation révolutionnaire des travailleurs : le Parti Communiste Combattant de la Classe Ouvrière. Aussi, l’ouverture dans ce pays d’une lutte radicale, concrète, organisée et rigoureusement attachée aux principes du marxisme-léninisme est un pas — si modeste soit-il — qu’il fallait franchir, et que maintenant il faut développer, renforcer et multiplier partout.

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. La « BN » est une des principales entreprises de construction mécanique en Belgique. Elle est centrée à Gand et à Manage, elle appartenait, pour 45 %, à la SGB qui l’a cédée au groupe canadien « Bombardier ».

     2. Quartier Général des ForcesArmées de l’O.T.A.N. pour l’Europe, situe à Casteau, près de Mons dans le sud du pays. À ce sujet, voir le communiqué de l’action contre un centre de l’O.T.A.N., le 15 janvier 1985.

     3. Successeur du Général Haig au commandement an chet des Forces Armées de l’O.T.A.N.

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Action contre le Q.G. de Honeywell Europe.
Evere, le 8 octobre 1984.

     Après nos attaques contre les sociétés Litton Business et M.A.N., nous, Cellules Communistes Combattantes, avons attaqué ce matin du 8 octobre 1984 le QUARTIER GÉNÉRAL POUR L’EUROPE DE LA MULTINATIONALE U.S. HONEYWELL, avenue Henri Matisse à Evere, à quelques centaines de mètres du siège de l’O.T.A.N... C’est donc à tous les niveaux que nous nous rapprochons du cœur de la bête ! L’attaque du Q.G. d’HONEYWELL EUROPE, sis à côté de l’immeuble HONEYWELL S.A. qui limite ses activités à la Belgique, a été réalisée au moyen d’une forte charge que notre Cellule y a placée malgré le dispositif policier et les mesures de sécurité prises par HONEYWELL (caméras, vigiles, etc.).

     Cette action s’inscrit exactement dans l’esprit de la « Campagne anti-impérialiste d’octobre » que nous avons débutée le 2 de ce mois, car en effet le trust HONEYWELL, multinationale bien connue de l’électronique et de l’informatique, collabore activement au programme de construction des missiles Cruise en fournissant, entre autres, l’électronique du système de direction.

     Honeywell, c’est aussi le principal fournisseur dans la fabrication des missiles intercontinentaux de type « MX Peacekeeper », le fabricant des systèmes de navigation du bombardier géant B-52 (actuellement équipé de la version air-sol des missiles Cruise-type AGM86), et le producteur d’une gamme d’armements allant des torpilles aux radars, des ordinateurs militaires aux bombes à fragmentations ce qui place Honeywell parmi les 20 principaux collaborateurs militaires des U.S.A.

     Et comme nous avons un peu de mémoire, nous rappellerons que c’est Honeywell qui avait fabriqué l’ordinateur qui coordonnait les bombardements massifs de 1972 sur le Nord-Vietnam, et que la FRACTION ARMÉE ROUGE — Commando du 15 juillet — a détruit lors de son attaque contre le Q.G. de l’armée américaine en Europe, Heidelberg.

     Le nouveau coup porté ce matin contre Honeywell permet maintenant d’exprimer un point de vue que nous n’avions pas encore soulevé et qui est essentiel. Voici quelques faits :

     — Le 14 octobre 1982, le groupe révolutionnaire « DIRECT ACTION » a attaqué à la bombe (un camion piégé de 200 kgs d’explosifs) la compagnie industrielle LITTON SYSTEM CANADA LTD, à l’endroit même où sont fabriqués les systèmes de guidage des Cruise, causant ainsi des dégâts très importants.

     — Le 23 juin 1983, à Düsseldorf, LITTON BUSINESS SYSTEM a été attaqué par des révolutionnaires qui y ont placé une bombe incendiaire.

     — Le 19 septembre 1983, les CELLULES RÉVOLUTIONNAIRES ont fait sauter le centre informatique de l’usine M.A.N. de Mayence (R.F.A.) où sont fabriqués les chassis des véhicules porteurs et lanceurs des missiles Pershing.

     — Le 20 novembre 1983, c’est HONEYWELL BULL à Düsseldorf qui est à son tour attaqué par les CELLULES. RÉVOLUTIONNAIRES.

     —Le 14 décembre 1983, une Unité de I’UNITED FREEDOM FRONT a attaqué, également à l’explosif, les bureaux et les installations d’HONEYWELL à New York.

     Nous n’avons cité ici que les actions connues et dirigées contre les trois sociétés que nous avons, à notre tour, attaquées, mais c’est quotidiennement et dans le silence des médias bourgeois que les militants révolutionnaires, dans tous les pays, sabotent les préparatifs et la production de guerre. La convergence des cibles entre, dans ce cas-ci, des militants des U.S.A., du Canada, d’Allemagne fédérale et de Belgique n’est certes pas le produit du hasard. La mondialisation dos rapports d’exploitation dans la phase impérialiste a pour conséquence immédiate une homogénéisation croissante des antagonismes sociaux au cœur des centres impérialistes que sont l’Amérique du Nord et l’Europe Occidentale. Tous, mis aujourd’hui face aux menaces de guerre, c’est par millions que les travailleurs d’Amérique du Nord et d’Europe Occidentale, les peuples entiers disent NON aux options militaristes de « leurs » gouvernements.

     Comme les quelques exemples cités plus haut le démontrent, de la guérilla contre le militarisme impérialiste aux oppositions de masse, un souffle d’espérance révolutionnaire traverse — avec des hauts et des bas — tout le secteur central de l’impérialisme ; mais cela ne veut certainement pas dire que l’unité politique objective existe à travers tous ces courants. Nous, communistes révolutionnaires, pensons que les directives de Lénine sont d’une grande pertinence à ce propos et nous les mettrons en application :

     « Ils [les communistes] participeront activement à tout mouvement et à toute manifestation sur ce terrain, mais ils ne tromperont pas le peuple en laissant croire qu’en l’absence d’un mouvement révolutionnaire il est possible de parvenir à une paix sans annexions, sans oppressions des nations, sans pillages, sans que subsiste le germe de nouvelles guerres entre les gouvernements actuels et les classes actuellement dirigeantes. Tromper ainsi le peuple ne ferait que porter de l’eau. au moulin de la diplomatie secrète des gouvernements belligérants et de leurs plans contre-révolutionnaires. Quiconque désire une paix solide et démocratique doit être partisan de la guerre civile contre les gouvernements de la bourgeoisie. »

     Et c’est aussi dans cet esprit que nous faisons nôtres les positions des Brigades Rouges/P.C.C. :

     « La toile de fond que le prolétariat international a face à lui est très précise : le capitalisme s’apprête à lui faire payer le prix le plus cher que son système social est obligé de présenter cycliquement aux masses qu’il exploite et opprime : la guerre.

     « Mais un mot d’ordre unit les exploités : TRANSFORMER LA GUERRE IMPÉRIALISTE EN RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE POUR LE COMMUNISME ! ! !

     « Dans la maturation accélérée de la crise du capital vers la guerre, une occasion exceptionnelle s’offre au prolétariat international : celle de faire un important pas en avant dans le processus global de la révolution prolétarienne mondiale en conquérant le pouvoir politique dans un ou plusieurs pays capitalistes.

     « En particulier, la possibilité de battre la bourgeoisie dans les pays capitalistes avancés est aujourd’hui complètement accessible et ainsi asséner un coup décisif à l’impérialisme. Mais pour cela, pour ne pas se faire surprendre au dépourvu devant la précipitation des événements, il faut développer l’unité objective du prolétariat partout dans le monde par une unité consciente de son avant-garde communiste. il faut que les communistes de tous les pays s’acheminent résolument vers la construction d’une nouvelle INTERNATIONALE COMMUNISTE fondée RIGOUREUSEMENT SUR LES PRINCIPES DU MARXISME-LÉNINISME. »

     Notre attachement aux principes de l’Internationalisme Prolétarien repose à la fois sur la nécessité pour le prolétariat mondial de s’unir pour pouvoir réellement faire face à une bourgeoisie impérialiste depuis longtemps organisée au plan transnational, ainsi que sur l’obligation dans la marche vers le communisme de faire progresser simultanément l’ensemble de l’humanité : « Ou il y aura le communisme pour tous, ou il n’y aura de communisme pour personne. » Cet attachement à l’Internationalisme Prolétarien est et sera toujours présent dans notre politique.

     Un dernier point que nous voulons aborder concerne le choix de notre pratique actuelle : l’action politico-militaire. La forme d’action pratiquée principalement par les Cellules Communistes Combattantes est la guérilla urbaine comme choix stratégique que nous proposons au mouvement ouvrier et anti-guerre de ce pays pour dépasser dans un pas qualitatif la crise-cul de sac du mouvement révolutionnaire. Nous ne prétendons certainement pas que les actions politico-militairos peuvent exclure toutes les autres formes de lutte développées par le prolétariat depuis deux siècles, mais nous affirmons avec force qu’il s’agit maintenant d’une alternative stratégique nécessaire à notre victoire sur les plans de la bourgeoisie, victoire inconnue pour les travailleurs depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Depuis des décennies, le mouvement social et ses prétendus dirigeants révolutionnaires sont allés jusqu’au bout des possibilités des vieilles recettes démocratiques de combat, et il apparaît maintenant à celui qui n’est pas aveugle qu’elles ne suffisaient pas et surtout qu’elles ne pouvaient pas suffire ! Les manifestations de masse, violentes ou non, les grèves, générales ou pas, l’activité syndicale, offensive ou de trahison, les bulletins de vote, à gauche ou à droite, n’ont apporté au mouvement anti-capitaliste et à son prolongement anti-guerre que des défaites coûteuses et démoralisatrices.

     L’ouverture d’un front politico-militaire de guérilla anti-impérialiste n’est certes pas la recette miracle qui balayera des années d’humiliation, de défaites et de découragement, mais elle peut et doit servir de base et de tremplin pour la relance de l’offensive anti-capitaliste dans ce pays.

     C’est l’étincelle qui doit nous dépétrer des pièges gluants du parlementarisme et de la concertation. en ne discute pas avec les exploiteurs de l’humanité, en les bat ! Le crétinisme parlementaire est d’autant plus misérable qu’à l’heure de l’impérialisme transnational, le parlement n’est plus qu’un décorum poussiéreux ; les vraies décisions concernant notre avenir — et non les minables palabres communautaires — sont prises dans les instances supra-nationales (et extra-parlementaires) des vautours : les états-majors des multinationales, le Fonds Monétaire International, la C.E.E., l’O.C.D.E., l’O.T.A.N., la Banque Mondiale, etc...

     Nous disons aussi qu’il serait erroné et réformiste de ne voir dans notre pratique de lutte armée, et surtout dans la lutte armée en tant que stratégie, qu’un moyen radical de refuser les Cruise ou les Pershing, ou encore de se battre contre les projets de la mafia Martens-Gol. Le mouvement révolutionnaire a des tâches dans lesquelles la lutte armée joue un rôle historique : la révolution sociale pour le communisme, la dictature du prolétariat et la construction d’un socialisme en marche vers la société sans classe et sans État.

     C’est dans cette marche vers une humanité nouvelle, l’humanité d’où seront bannis la misère et l’exploitation, l’obscurantisme et le désespoir, que nous voulons nous inscrire maintenant en assumant notamment le lieu de l’affrontement militaire avec la bourgeoisie, car cet affrontement, pour tout révolutionnaire sincère, est inéluctable. Le pouvoir sur notre vie, l’autonomie de la classe ouvrière ne nous tombera jamais gratuitement dans les mains : nous devrons l’arracher des griffes de la bourgeoisie qui se donne tous les moyens de sa dictature, police, gendarmerie, prisons, armée, etc... Face à cela, les travailleurs doivent se donner les moyens de leur politique, ET LA GUÉRILLA EST L’UN DE CES MOYENS.

     Comme l’a souligné Engels : « L’émancipation du prolétariat se manifeste aussi sur le plan militaire, et il saura créer de nouvelles méthodes de combat qui lui sont spécifiques. » Et Lénine : « La crise a montré que la bourgeoisie enfreint la légalité dans tous les pays, même les plus libres, et qu’il est impossible de conduire les masses à la révolution sans constituer une organisation clandestine pour préconiser, discuter, apprécier et préparer les moyens de la lutte révolutionnaire. »

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

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Quelques mises au point nécessaires.
Les 4, 5 et 6 octobre 1984.

     Il nous paraît important, vu l’ampleur des échos suscités par les actions des Cellules Communistes Combattantes contre Litton Business et contre M.A.N., de répondre politiquement à certaines interrogations, à certaines interprétations erronées et déjà aux calomnies à propos de notre combat politico-militaire. Ce texte est donc un peu « brut », mais sans pour autant être une chronique sensationnaliste de faits-divers... il exprime nos positions, réactions face au mouvement que nous avons déclenché.

     En premier lieu, et de façon PRINCIPALE ET DÉFINITIVE, il nous faut affirmer la réalité et ses tenants politiques en ce qui concerne cette mystification qui tente de présenter les Cellules Communistes Combattantes comme étant politiquement et organiquement liées à Action Directe. Cette précision s’impose d’autant plus que cette idiotie est de plus en plus répandue dans les médias au fil des jours. Nous allons définir et expliquer plusieurs points qui indiquent pourquoi les Cellules Communistes Combattantes sont objectivement indépendantes d’Action Directe, et pour quelles raisons la bourgeoisie et ses flics tentent de faire croire le contraire.

     Pour les communistes, la recherche de l’unité sur des bases politiques sérieuses, sans compromis, est un devoir historique. Ce qui veut dire que si l’unité politique et organisationnelle globale était possible avec Action Directe, nous la réaliserions immédiatement afin de faire progresser notre cause commune dans un pas qualitatif. Et ce pas ne nous semble pas franchissable aujourd’hui, même si nous pensons que les dernières actions menées par Action Directe et le discours qui les porte sont une qualité nouvelle dans sa lutte politique depuis 1979.

     Mais si nous sommes, par certains côtés, critiques par rapport à Action Directe, nous le sommes solidairement et de la même façon que nous exigeons qu’elle le soit par rapport à nous afin de faire progresser la lutte armée pour le communisme dans les métropoles. La critique et la solidarité entre révolutionnaires sont des choses concrètes, une partie de notre identité qui est incompréhensible pour la bourgeoisie dont les rapports ne sont que domination et concurrence. Cela semble aussi incompréhensible pour beaucoup de journalistes... ou de ministres qui ne peuvent imaginer que l’unité politique ne se fait pas sur l’emploi d’explosifs ou d’autres pratiques militaires. Au même registre, Gol ferait mieux do se taire quant à notre « digestion » de l’œuvre politique de Karl Marx, car nous ne le reconnaissons pas vraiment comme juge compétent à ce sujet, mais plutôt comme cible privilégiée pour ceux qui ont du marxisme une saine lecture !

     Donc, nous le répétons avec force, et parce que seule la vérité est révolutionnaire : LES CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES ET ACTION DIRECTE SONT TOTALEMENT DISTINCTES, TANT AU NIVEAU DE LA DIRECTION POLITIQUE QUE DE L’AUTONOMIE DES STRUCTURES. Nous attendons enfin, de la part des camarades d’Action Directe, qu’ils fassent le plus rapidement possible une communication clarifiant leur autonomie par rapport aux Cellules Communistes Combattantes et à notre combat.

     Si maintenant, dans des cas ponctuels et sur des tâches définies, des combattants de diverses structures luttent ensemble, nous expliquerons la qualité de l’unité politique particulière à chaque cas et son intérêt. Car, au-delà de la réalité de notre autonomie, il y a la recherche du développement global des forces communistes dans le monde. « À l’organisation internationale du capital doit répondre l’organisation internationale des travailleurs. »

     Nous comprenons la pratique policière développée cette semaine — de nous amalgamer à Action Directe — à plusieurs niveaux. Nous sommes aussi confortés dans cette analyse par le fait que de fausses informations, fabriquées de toutes pièces (comme par exemple celle parue dans La Dernière Heure du vendredi indiquant que nos communiqués étaient imprimés sur un papier semblable à celui ayant servi à la confection des tracts d’Action Directe) sont répandues dans le but évident de masquer la vérité.

     La première des raisons de l’amalgame Cellules Communistes Combattantes / Action Directe est simplement policière : il faut une piste et en voilà une bien bonne que l’on exploite, quitte à raconter n’importe quoi, même ce que les rapports de police démentent... Il faut justifier l’existence et les subsides (qui pour une fois ne manquent pas) de ce Groupe lnterforces Anti-terroristes et lui décerner quelques bons points. Nous en profitons pour rappeler à cette occasion, à ceux qui nous rendront responsables de son existence, qu’il nous est — au niveau public — largement antérieur, car ce n’est pas pour rien, ni contre rien, que l’O.T.A.N. a choisi notre pays pour installer ses camps retranchés.

     La seconde de ces raisons, et la plus importante à dénoncer politiquement, est le contenu de cette manœuvre. Ce que veulent faire croire les flics, c’est que l’apparition/développement d’une pratique de guérilla révolutionnaire en Belgique n’est pas possible, qu’elle ne peut être liée qu’à une initiative extérieure, un « produit d’importation » : en fin de compte débiliser l’opposition anti-impérialiste, infantiliser les forces communistes dans ce pays.

     Voilà la vraie raison de cet amalgame : faire croire qu’il n’y aurait pas de raisons objectives, de légitimité concrète à la lutte révolutionnaire ici, que tout cela ne nous concerne pas. Et bien non, c’est le contraire qui se passe, la crise économique frappe les travailleurs et les travailleuses dans ce pays comme dans peu d’autres, la Belgique est une plaque tournante de l’impérialisme et un des principaux centres de l’O.T.A.N., enfin nous vivons dans un pays où la classe ouvrière a bien plus d’une fois démontré sa grande combativité... Tout cela ne peut se concrétiser aujourd’hui que dans une radicalisation de la lutte révolutionnaire.

     La troisième de ces raisons, liée à la mise en épingle médiatique des Cellules Communistes Combattantes, vise à nous identifier au « monopole » de la guérilla révolutionnaire, comme ce fut fait il y a quelques années par rapport à la Fraction Armée Rouge ouest-allemande, afin d’en déposséder l’ensemble du mouvement révolutionnaire. Donc, de ce « monopole » nous n’en voulons pas ! Nous n’en voulons pas aujourd’hui, car si nous nous définissons en tant que cellules, c’est parce que pour nous, l’Organisation révolutionnaire structurée, puissante, capable concrètement de défendre la ligne politique et la stratégie prolétarienne gérant le chemin à parcourir par la classe ouvrière pour la prise du pouvoir politique, économique et militaire, cette Organisation n’existe pas et il faut la construire.

     Cette Organisation (telle par exemple les Brigades Rouges/P.C.C.) pourra et devra prétendre à la direction du mouvement révolutionnaire et de la guérilla. Mais ici, tout reste à faire et une multitude d’expériences diverses de combat radical anti-capitaliste devront encore naître pour que de leur fusion, de leurs apports et de leurs contradictions, émerge l’Organisation Combattante des Prolétaires.

     Nous n’avons donc aucune honte à reconnaître que nous ne sommes aujourd’hui que de très, trop, faibles forces dont la puissance réside dans l’alternative offensive que nous ouvrons dans ce pays face à la dégénérescence des mouvements anti-guerre et ouvriers induite par leurs directions révisionnistes — si pas bourgeoises — ne voyant pas plus loin que leur régionalisme, par des syndicats capitulards ou par des pacifistes démocrates.

     Cette alternative de lutte révolutionnaire que les Cellules Communistes Combattantes ont eu l’honneur d’initier dans ce pays, il faut à présent que tous les communistes véritables s’y engagent, l’amplifient, l’approfondissent. Cette phase de la construction de la guérilla révolutionnaire est la plus difficile. Ulrike Meinhof l’a souligné et le Che en a fait l’expérience en Bolivie ; mais nous ne craignons pas cette phase pour la simple raison qu’elle est incontournable et qu’il faut que tous les militants et les travailleurs de ce pays s’engagent à contrer efficacement et dans une perspective historique révolutionnaire les projets patronaux, les projets politiques et militaires de la bourgeoisie impérialiste.

     Une autre chose : nous avons eu l’occasion d’entendre GoI s’expliquer à propos de la « lutte anti-terroriste » qu’il comptait mener avec son complice Nothomb 1. Il y a plusieurs points à souligner à ce sujet. Premièrement, ce pitoyable comédien tente de nous faire croire que les énormes forces de répression (toujours anti-terroristes) dont cet état s’est doté sont des réponses à l’attaque de la synagogue de la rue de la Régence à Bruxelles ou à nos actions (dans l’action contre la synagogue, très sélective : il n’y avait que des flics et les services de sécurité sionistes, nous voyons une juste réponse de la résistance palestinienne à l’impérialisme sioniste). Mais que voudra-t-il nous faire croire encore après de pareilles bêtises ? L’organisation de forces spéciales de répression est le pilier principal de l’état bourgeois, son dernier point d’appui. Est-ce pour la sécurité des travailleurs dans ce pays que Gol a extradé les militants basques arrêtés près d’Anvers ? Est-ce pour la même raison qu’il est l’instigateur — alors que le pays n’a jamais été confronté, mis à part quelques bandes fascisantes, à l’existence d’organisations clandestines — en mai 84, de la création d’un groupe ministériel « anti-terroriste » au sein du Conseil de l’Europe ? Qu’il a conçu il y a deux ans ce fameux G.I.A. dont le collège s’est réuni une première fois le 17 septembre (pourquoi ?) ?... Ou bien est-ce dans la crainte de l’expansion et de la radicalisation des conflits sociaux, des mouvements anti-guerre, d’un souffle révolutionnaire devant une société moribonde ?

     Qui Gol espère-t-il duper quand il raconte que c’est dans « le respect des libertés démocratiques » qu’il entend lutter contre le mouvement révolutionnaire ? Il est clair que ce « respect » sera de mise tant qu’il y aura pour la bourgeoisie de ce pays l’espoir de battre militairement la guérilla dans des délais très brefs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation policière démesurée au regard des effets somme toute relativement limités de nos actions.

     Car chaque fois qu’un état impérialiste de l’Europe « démocratique » ou d’ailleurs voit la pression des révolutionnaires s’accentuer, il quitte rapidement ses beaux discours pour faire quadriller militairement le pays, occupant celui-ci comme une armée d’invasion tel que c’est le cas au Pays Basque ou en Irlande, pour instaurer la torture comme en ont souffert nos camarades des Brigades Rouges en Italie, pour massacrer les prisonniers qu’il détient comme dans l’état modèle R.F.A. Et dans ce pays comme ailleurs, des mesures spéciales ont été, sont et seront utilisées dans le cadre de la contre-insurrection : des manœuvres de l’A.B.L. sont organisées avec comme buts et sujets « maintenir l’ordre dans la province de Liège contre des groupuscules et des communistes » (manœuvres pour le 4e cycliste à Elsenborn, il y a dix ans). « Cerf brâmant, lutte contre les envahisseurs et les pacifistes locaux » d’octobre 75, ou encore plus clair et plus proche de nous, la manœuvre plaçant l’armée sous les ordres de la gendarmerie pour la répression des grèves et des manifestations d’ouvriers et de chômeurs (Turnhout, 21 juin 81). Les démocrates d’Amnesty International citent la Belgique parmi les pays entraînant les troupes de façon suspecte pour les interrogatoires. Les exemples ne manquent vraiment pas quand il s’agit de démontrer comment la bourgeoisie respecte ses « libertés démocratiques » lorsque sa domination est menacée... comme en 60, avec les blindés dans la rue !

     Un journal a aussi émis l’hypothèse absurde selon laquelle la Cellule qui a mené l’action contre Litton Business aurait truffé la charge explosive de grenaille ou de plombs ! C’est une odieuse calomnie en plus d’être une profonde imbécillité. Les bombes à billes, à fragmentations, ne font pas partie des armes de la révolution ; tout comme en sont bannies les armes de massacre et de destructions aveugles, gaz, bombes A, H ou N, napalm, etc... que toute armée bourgeoise se fait un devoir de posséder. Nous n’emploierons jamais ces engins que les peuples salvadorien, vietnamien, palestinien, namibien, angolais, et trop d’autres encore connaissent dans leurs chairs et dans leurs deuils pour s’être dressés contre les tueurs de l’apartheid, du sionisme et du pentagone. La bourgeoisie tente de nous identifier à ses propres méthodes, de nous salir de sa propre boue. Et c’est aussi dans ce sens qu’il faut interpréter la venue du service déminage au square Ambiorix où nous avions déposé la revendication de notre attaque. Pourquoi des révolutionnaires placeraient-ils une charge explosive dans un abri-bus ? Dans quel but ? Nous ne sommes pas dans le même camp que les sionistes qui, au Liban, infestaient les rues de jouets dissimulant des bombes anti-personnelles ou dans celui de l’impérialisme U.S. qui, au Vietnam, déversait des tonnes de bombes aux fragmentations en plastique afin qu’elles soient indétectables aux rayons X, des bombes dont l’effet principal est la mutilation et d’atroces souffrances ! Ce genre de bombes figure d’ailleurs dans les catalogues Honeywell.

     Il a aussi été largement souligné que notre charge explosive placée chez Litton Business n’était pas un modèle d’artifice et que son effet destructeur aurait pu être beaucoup plus puissant. C’est possible, et si c’est vrai, nous le regrettons beaucoup, mais nous ne sommes pas des mercenaires ou des spécialistes de l’explosion et nous avons certainement beaucoup de choses à apprendre dans la technique militaire. Nous sommes donc des militants politiques qui mettons en pratique nos convictions politiques et c’est aussi ainsi que se gagne l’expérience. Mener un attentat n’est pas une chose bien compliquée à réaliser et il est possible, même avec des moyens limités, de porter des coups très durs à la bourgeoisie impérialiste. C’est un devoir pour les communistes de s’engager aujourd’hui dans la lutte politico-militaire de guérilla même si nos capacités sont encore réduites.

     La Cellule qui a mené l’attaque contre M.A.N. l’a réalisée dans le but de détruire complètement tous les camions qui se trouvaient sur le parking. La presse s’est interrogée sur l’idée que l’échec militaire aurait été prémédité. Nous ne comprenons pas cette interrogation, nous ne sommes pas des démocrates et nous n’avons rien à tracter avec nos ennemis ou à ménager chez eux ! La Cellule qui n’a pas su mener à terme son action a présenté son auto-critique pour cet échec et en a assimilé les causes. Nous le répétons encore une fois, nous sommes des militants politiques qui mettons en pratique nos idées et des échecs pratiques de ce genre se reproduiront certainement encore. Mais ce que l’action contre M.A.N., qui est un grand succès politique, a pu démontrer, c’est qu’il est possible de se battre avec peu de moyens. À ce propos nous ne conseillons à personne do se référer pour la préparation de matériels incendiaires à ce que les flics ont dit de ces engins, ce n’est qu’un ramassis de mensonges !

     Nous n’insisterons pas sur les titres du genre « Si la bombe avait sauté à midi il y aurait ou des morts... » car « Si l’intelligence frappait ce journaliste (?), il découvrirait qu’elle a sauté à trois heures du matin et que ce n’est pas le fruit d’un curieux hasard ». Mais enfin, nous savons que ce n’est pas la dernière fois, et des alertes à la bombe dans des centres commerciaux (comme par exemple celle de vendredi soir à City 2) à ce genre de titre de presse, tout sera mis en œuvre pour nous calomnier, pour nous couper de la sympathie des populations, pour dénaturer nos idées et notre pratique politique.

     Nous n’avons pas non plus été surpris par la mauvaise foi et l’énormité des mensonges du sieur Hugo Septembre, directeur de M.A.N. Belgique, qui s’est pitoyablement emmêlé les pinceaux devant les caméras de télévision en tâchant de raconter que sa société mère ne construisait pas les semi-remorques pour les missiles de l’O.T.A.N. que nous avons dénoncés dans la revendication de notre action. Les mensonges de ce monsieur sont à la mesure de la honte de ses activités, tout le monde pourra s’en rendre compte à la lecture du numéro de juin de la revue professionnelle, proche de l’O.T.A.N., STRATÉGIE ET DÉFENSE, au sommaire duquel on trouve un dossier particulièrement bien renseigné sur le missile Pershing II. Que Monsieur Septembre ne raconte pas ses salades trop longtemps, l’O.T.A.N. pourrait ne plus lui régler ses factures !

     Mais soyons sérieux... Aujourd’hui 8 octobre 1984, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué Honeywell... (à suivre).

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Note :

     1. Charles-Ferdinand Nothomb (P.S.C.) fut ministre de l’intérieur dans les gouvernements « Martens 5 et 6 ».

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Actions contre la Fondation Int. Jean Rey - Centre Paul Hymans et un siège du C.V.P.
Ixelles et Gent, les 15 et 17 octobre 1984.

     Les 15 oct. 1984 et 17 oct. 1984 au matin, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué deux centres politiques et idéologiques du pouvoir bourgeois dans ce pays en faisant sauter le siège de la FONDATION INTERNATIONALE JEAN REY - CENTRE PAUL HYMANS, 39 rue de Naples à Ixelles, et le SECRETARIAT DU C.V.P. pour l’arrondissement de Gent-Eeklo, 214 Koning Albertlaan à Gent. Le choix particulier de ces deux partis bourgeois dans le cadre de notre « Campagne anti-impérialiste d’Octobre » repose, outre sur la nature de ces partis, sur leurs fonctions gouvernementales 1.

     S’il est sans doute inutile de présenter le siège-secrétariat du C.V.P. à Gent (arrondissement de Wilfried Martens) et la politique de ce parti, véritable fossile réactionnaire depuis sa création, il est peut-être plus intéressant de se pencher sur cette Fondation Jean Rey, institution politique et idéologique de l’Internationale Libérale.

     Cette institution a pour section belge le Centre Paul Hymans installé dans le même immeuble de la rue de Naples. Cette « Fondation J.R. » a vu le jour à l’instigation de gangsters notoires tels que, entre autres : Otto Graf Lambsdorff (ex-ministre ouest-allemand reconnu coupable de corruption), Gaston Thorn (ex-premier ministre luxembourgeois, ex-patron de la C.E.E.) et bien sûr, plus près de nous, Paul Hatry, Willy De Clercq, Herman De Croo... 2 qui n’est certainement pas à présenter aux travailleurs dont l’emploi relève du ministère des communications ! Nous dédions nos actions aux cheminots de Charleroi qui, il y a 13 mois, le 9 septembre 1983, débrayaient, entraînant « les grèves de septembre ». 3

     Le véritable but (avoué par ailleurs) de cette fondation est d’être un centre de recherche et d’élaboration politique et idéologique d’un libéralisme combatif, de promouvoir cette doctrine bourgeoise. C’est donc en son sein que s’élaborent et se coordonnent le discours et l’orientation des partis libéraux d’Europe. Le Cercle Paul Hymans contribue, entre autres activités, à ce travail par la publication d’une revue bimestrielle Progrès (sic !), véritable concentré d’anti-communisme et d’apologie de l’exploitation maximale des travailleurs. Ce Cercle Paul Hymans compte, ou a compté, en son sein d’aussi sinistres ordures que Jean Gol (ministre de la justice et vice-premier ministre), Etienne Knoops (ministre de l’énergie), Raymond Pulinckx (ex-patron des patrons F.E.B.), Jacques Solvay 4, Pierre Van Halteren (ex-bourgmestre de Bruxelles), Jacques Van Offelen (bourgmestre d’Uccle, tiens ! un autre corrompu !), et bien sûr toujours le trio Hatry, De Croo et De Clercq... on se rendra donc facilement compte, à l’énoncé partiel de ses membres, de l’importance qu’a le Centre Paul Hymans dans la machine de guerre libérale et même plus généralement dans l’offensive idéologique de la bourgeoisie. Notons, pour terminer, que l’immeuble de la rue de Naples abrite une série d’institutions des P.R.L./P.V.V. puisqu’on y trouve également les « Vlaamse liberale vrouwen », DELIPRO (organisation de jeunesse libérale), et diverses organisations « sociales » du P.R.L.

     Nos attaques de ces deux dernières nuits contre le secrétariat du C.V.P. et contre la Fondation Jean Rey - Centre Paul Hymans sont principalement motivées, comme nous l’avons déjà souligné et au delà d’une heureuse subjectivité dans le coup porté à ces arrogants partis, par leurs fonctions gouvernementales. Aujourd’hui, les sociaux chrétiens et les libéraux sont partis de gouvernement, c’est-à-dire fonctions et instruments de la domination capitaliste dans ce pays (et à l’extérieur), ce que nous vivons à travers la crise, la politique d’austérité, la paupérisation, et le bellicisme impérialiste. En d’autres mots, ce gouvernement de l’État bourgeois n’est là que pour tenter de faire peser sur les épaules des travailleurs toute la faillite de ce système en espérant ainsi lui accorder un nouveau sursis ! Cette course folle pour échapper à la noyade qu’instaure la bourgeoisie internationale ne peut la mener, plongée comme elle l’est dans la plus grave crise de son histoire, qu’à l’échéance de la guerre.

     Nous avons déjà sommairement expliqué dans les communiqués de nos actions contre les multinationales de la guerre — première phase de notre campagne — pourquoi la crise du système capitaliste que nous vivons maintenant est crise de surproduction, et donc pourquoi toutes les attaques incessantes contre nos conditions de vie menées par la mafia Martens-Gol révèlent, plus clairement que jamais, l’impérieuse nécessité pour les travailleurs du monde entier de se débarrasser à jamais de ce mode de production périmé, « ce monstre mangeur d’hommes ».

     Se battre pour se débarrasser de ce mode de production, cela signifie aussi détruire les rouages nécessaires à son fonctionnement, les structures qui permettent à la bourgeoisie de perpétuer son exploitation et son enrichissement. Concrètement cela signifie travailler à la destruction de l’appareil d’État bourgeois, du gouvernement de cet État et de l’ensemble de l’appareil politique constitué à la seule fin de maintenir la domination de la bourgeoisie.

     Engels : « La société antérieure (au communisme), évoluant dans des oppositions de classes, avait besoin de l’État, c’est-à-dire, dans chaque cas, d’organisation de la classe exploiteuse pour maintenir par la force la classe exploitée dans les conditions d’oppression données par le mode de production existant (esclavage, servage, salariat). L’État était le représentant officiel de toute la société, sa synthèse en un corps visible, mais cela, il ne l’était que dans la mesure où il était l’État de la classe qui, pour son temps, représentait elle-même toute la société : dans l’antiquité, État des citoyens propriétaires d’esclaves, au moyen-âge, de la noblesse féodale, à notre époque, de la bourgeoisie. »

     Et Lénine : « L’État est un " pouvoir spécial de répression ". Cette définition admirable d’Engels est énoncée ici avec la plus parfaite clarté. Et il en résulte qu’à ce " pouvoir spécial de répression " exercé contre le prolétariat par la bourgeoisie, contre des millions de travailleurs par une poignée de riches, doit se substituer un " pouvoir spécial de répression " exercé contre la bourgeoisie par le prolétariat (la dictature du prolétariat). C’est en cela que constitue la " suppression de l’État en tant qu’État ". Et c’est en cela que constitue " l’acte " de prise de possession des moyens de production au nom de la société. »

     Cet État (comme aujourd’hui l’État belge), ce gouvernement et tout l’appareil politique de la société bourgeoise sont donc des forces situées, non pas au-dessus de la société et des contradictions de classes, mais du côté des exploiteurs contre les travailleurs de ce pays et du monde entier. L’État et sa clique de larbins ne sont plus que les gestionnaires des intérêts du capital, valets inféodés aux multinationales et aux holdings quand ils ne sont pas complètement confondus avec eux.

     C’est ainsi qu’il faut comprendre le programme électoral du P.R.L. qui, en 1981, s’engageait à rétablir (pourquoi rétablir ?) « la souveraineté de l’État » : il s’agit de son engagement vis-à-vis des multinationales et de l’O.T.A.N. à faire régner la politique d’austérité à travers les pouvoirs spéciaux 5 tout en préparant « la politique du rationnement et du cimetière » aux dépens des travailleurs et aux grands profits de la Société Générale.

     Est-il nécessaire de présenter aux travailleurs et aux travailleuses de ce pays le bilan catastrophique de la gestion de Martens 5 ? Ce n’est certainement pas la manipulation des chiffres du chômage, la manipulation de l’index 6 et les discours ronflants d’une bande de margoulins qui changeront quoi que ce soit à la réalité que nous vivons tous les jours  ! Bien au contraire, alors que les économistes bourgeois développent et ressassent des contes de fées sur la reprise économique, c’est quotidiennement que l’on connaît de nouvelles fermetures d’entreprises, de nouveaux licenciements, des pertes de primes et d’autres acquis sociaux sous les menaces, une détérioration permanente de notre cadre de vie. Les sociologues intéressés se penchent avec curiosité sur le phénomène des « nouveaux pauvres », des victimes de la crise, comme sur un nouveau gadget ! Cela a assez duré ! La misère, la guerre, le désespoir dans l’avenir, nous n’en voulons pas. Nous voulons un autre monde et nous nous battons pour lui.

     Mais ce n’est pas rien qu’au niveau national que sévit Martens 5, indissociablement de la gestion capitaliste ici il est partie prenante de l’organisation impérialiste mondiale, et cela à tous les niveaux : politique, économique, policier et militaire. Que ce soit à travers les manifestations les plus évidentes de collaboration avec les tyrans et fantoches Mobutu, Botha ou Duarte, que ce soit au niveau contre-insurrectionnel où ce gouvernement apporte une importante contribution à l’Europe des flics avec l’extradition des militants basques vers l’Espagne « socialiste » où les révolutionnaires meurent toujours sous la torture, que ce soit dans ses relations privilégiées avec la Turquie fasciste de l’O.T.A.N. via Evren, que ce soit à travers l’installation des 48 missiles Cruise ou la réalisation d’un vaste programme d’armement (jeeps, obusiers, hélicoptères de combat, radios, avions, camions etc...), l’État belge est bien compromis avec tous les crimes de l’impérialisme. Désarticuler cet État, briser et anéantir ses forces de domination sociale est, pour tous les communistes, un devoir.

     Nos deux dernières interventions, et plus particulièrement celle dirigée contre les managers de l’internationale Libérale au sein de la Fondation Jean Rey, nous permettent d’insister à propos d’un point particulièrement crucial pour le mouvement ouvrier et anti-capitaliste. C’est l’offensive idéologique massive lancée par la bourgeoisie contre l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, d’autant plus désemparés et exposés que la dégénérescence de la politique et de la pratique révolutionnaires est devenue une ligne de conduite et un programme pour toutes les organisations révisionnistes qui encombrent ce pays. Cette offensive idéologique de la bourgeoisie est pour elle capitale quant à sa survie et aux préparatifs de guerre ; combattre sur ce terrain lui est imposé sans détour. Les grandes lignes de cette offensive sont l’anti-communisme, l’affirmation de la seule alternative dans l’économie de marché, la négation des contradictions et de la lutte des classes, etc...

     Ce discours de la bourgeoisie régnante, et sa démarche de propagande politique, ont toujours comme leitmotiv : « Il n’y a pas d’autre alternative que l’austérité pour dépasser la crise économique ». L’absolu manque de perspective des partis réformistes et révisionnistes, lié dialectiquement à la fermeté thatchéro-criminelle avec laquelle ce gouvernement écrase les luttes ouvrières ont fini par donner un poids réel à ces fumisteries de « retour à la compétitivité » (alors que la Belgique se trouve maintenant dans le peloton de tête de la C.E.E.) et de démantèlement des services publics (par lequel il faut comprendre réduction des budgets sociaux et extension des budgets militaires).

     Face au désarroi politique de bon nombre de travailleurs qui ont été trop longtemps trompés par leurs organisations syndicales ou par les partis réformistes, et devant de légitimes inquiétudes quant à l’avenir, l’idéologie réactionnaire et agressive libérale peut trouver un certain écho. C’est dans ce sens que les P.R.L./P.V.V. sont appelés aujourd’hui à être la dynamique idéologique de la collaboration de classe et à détourner le plus grand nombre de travailleurs d’une juste lutte sociale pour en faire les dupes de l’histoire. Est-il nécessaire de souligner la force des idéologies petites-bourgeoises, principalement racistes, concurrentes et égoïstes, et fondamentalement anti-communistes dont les P.R.L./P.V.V. se font les champions ? Est-il nécessaire de rappeler que pour mener la guerre impérialiste, la bourgeoisie aura besoin, comme lors des deux grands conflits mondiaux — ou comme dans sa guerre permanente contre les peuples — de dresser des prolétaires contre leurs frères de classe ?

     Devant cette situation, il est nécessaire de se placer sur le terrain théorique et idéologique pour replacer le marxisme-léninisme à sa juste place : à la tête du mouvement révolutionnaire ! Mais si cela est vrai et important, il serait faux de se cantonner à ce seul terrain. Ceux qui prétendent mener une politique révolutionnaire en limitant leurs tâches à des travaux de réflexion, d’élaboration théorique (même parfois très correcte), et à une pratique de propagande pour elle-même, se rendent coupables d’escroquerie ! Car la tâche des révolutionnaires, aujourd’hui sans aucun doute, est double et ne peut se passer d’une de ses composantes : mener la recherche et le combat théorique, politique, idéologique et de propagande d’une part, et organiser concrètement les luttes sociales dans une perspective révolutionnaire, c’est-à-dire les organiser dans le cadre de l’Internationalisme Prolétarien avec le but de la prise du pouvoir politique et économique par la classe ouvrière.

     Car voilà la perspective qui manque aujourd’hui au mouvement ouvrier et aux révolutionnaires, qui semble s’éloigner alors que les conditions historiques n’ont jamais été aussi favorables, que les révisionnistes et les déviationnistes tentent de masquer à jamais alors qu’elle est de plus en plus d’actualité : « La doctrine de la lutte des classes, appliquée par Marx à l’État et à la révolution socialiste, mène nécessairement à la reconnaissance de la DOMINATION POLITIQUE du prolétariat, de sa dictature, c’est-à-dire d’un pouvoir qu’il ne partage avec personne et qui s’appuie directement sur la force armée des masses. » Et Lénine souligne encore : « Les classes exploitées ont besoin de la domination politique pour supprimer complètement toute exploitation, c’est-à-dire pour défendre les intérêts de l’immense majorité du peuple contre l’infime minorité dos esclavagistes modernes, c’est-à-dire les propriétaires fonciers et les capitalistes. »

     Nous voulons terminer notre communiqué sur une petite parenthèse qui a son importance. Certains ont voulu trop rapidement enfermer le combat des Cellules Communistes Combattantes dans le choix de nos premiers objectifs, alors que ceux-ci ont été choisis dans le cadre de la première phase de notre « Campagne anti-impérialiste d’Octobre ». L’attaque des préparatifs de guerre de l’impérialisme et de l’O.T.A.N., à travers les sociétés fructifiant dans les contrats d’armements de ces projets (et spécialement celles responsables des programmes Cruise et Pershing II), ne recouvre en aucun cas l’ensemble de notre perspective de combat politique ! Nous ne sommes pas des pacifistes bêtas — même radicaux — justiciant d’odieux marchands de canons... Nous sommes des cellules communistes traçant dans ce pays une perspective politico-militairo pour une réelle politique révolutionnaire : c’est-à-dire une politique visant à renverser l’ordre impérialiste pour construire une société nouvelle, la société communiste.

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. En octobre 1984, le gouvernement belge est une coalition sociale-chrétienne/libérale, c’est le gouvernement « Martens 5 ».

     2. Paul Hatry, ministre de la région bruxelloise du gouvernement « Martens 5 » ; Willy De Clerq, voir note 1 p. 59 ; Hermann De Croo, ministre des communications dans les gouvernements « Martens 5 et 6 » et cible légitime des cheminots ou autres travailleurs des transports.

     3. Grand mouvement prolétarien de grève ouvert spontanément par les cheminots contre le démantèlement des services publics ; il prit rapidement un caractère politique (anti-austérité et anti-gouvernemental) et gagna l’ensemble du pays dès le 15 septembre, il fut défait à la fin de ce même mois sans avoir réussi à s’étendre au secteur privé.

     4. Ex-président du conseil d’administration de la multinationale belge de l’industrie chimique « Solvay ».

     5. Artifice constitutionnel permettant au gouvernement, fort de l’appui des Chambres, d’éviter les débats parlementaires ; prévus pour des situations exceptionnelles, ces « pouvoirs spéciaux » sont devenus le commun des gouvernements « Martens » pour imposer la politique d’austérité.

     6. Un des piliers de la « paix sociale », en Belgique, est l’« indexation » des salaires, c’est-à-dire l’augmentation automatique des salaires selon l’indice d’augmentation des prix à la consommation. Ce principe, cible répétée des gouvernements « Martens » et plus particulièrement du ministre des affaires économiques, Mark Eyskens, fut, dans un premier temps, détourné par l’éviction hors du calcul d’indice, des produits à fort taux d’augmentation (!), ensuite, le gouvernement décréta le « saut » de 3 indexations au profit du Trésor, puis le « lissage » de l’index... Et en outre, les salaires sont bloqués jusqu’en 1987 ! Le retour intégral à l’indexation des salaires est une revendication centrale du mouvement prolétarien en Belgique.

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Réflexions d’actualité : la bourgeoisie et les révisionnistes ont peur de notre politique,
ou le G.I.A. justifie ses subsides.

     Nous avons entendu au J.T. d’hier soir qu’un soi-disant « premier commando delta » nous volait la responsabilité de notre attaque contre la Fondation J.R. et le Centre Paul Hymans. Il va de soi que nous avons, dans un premier temps, été surprises, et qu’ensuite nous en avons bien ri ! Seulement, cela ne prête pas qu’à rire car cela n’est pas innocent : nous allons nous expliquer à ce sujet.

     Qui peut avoir intérêt à répandre ces mensonges et dans quels buts ? Nous sommes apparues, en tant que forces politico-militaires le 2 octobre. Nous avons mené jusqu’à ce jour 5 actions et nous nous sommes longuement — mais encore trop incomplètement — expliqueés quant à la ligne politique et l’identité qui nous guident. C’est de cela que la bourgeoisie et les révisionnistes ont peur. Pas tellement de nos 5 attentats, nous pourrions en mener 10 fois plus que ce n’est pas cela qui ébranlerait fondamentalement ce système, non, ce dont ils ont pour, c’est de notre discours, en ce qu’il remet les choses à l’endroit, qu’il pose les questions de la meilleure façon : dans la vérité et d’une position prolétarienne. En bref, ils savent que beaucoup de gens se retrouvent dans notre combat, pensent que nous avons raison et se réjouissent des coups portés aux exploiteurs.

     C’est de cela qu’ils ont peur, que la politique révolutionnaire secoue le train-train quotidien d’un théâtre de marionnettes où les riches restent riches — et même s’enrichissent de plus en plus — et où la majorité, les exploités, crèvent sans espoir de lendemain, tout cela dans les ronds de jambe, le respect des conventions et des bonnes manières, du « jeu démocratique » et des farces électorales ! La bourgeoisie a peur de notre politique parce que celle-ci n’est pas de soumission et de collaboration, mais de révolte et d’espoir ! Les révisionnistes ont peur de notre politiqué parce que celle-ci les dénonce, tout radicaux qu’ils puissent être parfois dans leurs discours, comme de parfaits faux-jetons dont le seul objectif est de se garantir autorité et respectabilité au soin do leurs groupuscules.

     Nous pensons donc, et peu importe qui tenait la plume, que cette fausse revendication (qui ne sera certainement pas la dernière), fait le jeu de la bourgeoisie et de ses larbins... tout en rejoignant les intérêts objectifs des P.« C. »B. et autres « P.T.B.».

     C’est souvent la ficelle la plus grosse qui a le plus de chance de marcher, et celle d’une revendication émanant d’un commando fasciste est plus efficace pour plusieurs raisons.

     Un sentiment réel et très louable d’anti-fascisme est ancré chez bon nombre de travailleurs et de travailleuses. Compris dans l’optique de la lutte des classes, c’est un sentiment louable que la bourgeoisie tente d’exploiter en semant la confusion dans l’information.

     Car l’« anti-fascisme » est aussi un sentiment dénaturé, démocratique bourgeois, chez beaucoup, c’est-à-dire qu’il ne recouvre que le rejet des formes les plus violentes et les plus brutales de la dictature bourgeoise. Il est alors une combine de collaboration de classes, car il ne vise qu’à l’aménagement du rapport de domination. En bref : « travaille et crève sans protester ou je sors mes gendarmes pour te mettre au pas », c’est la grande alternative « démocratie-fascisme » à travers laquelle la petite bourgeoisie qui ne veut pas d’ennuis se fout complètement — et profite — de ceux des autres.

     C’est sur ce deuxième point que l’offensive de manipulation de l’opinion publique va se développer : « Regardez, même si ce sont les Cellules Communistes Combattantes qui ont mené les attentats contre les P.R.L./P.V.V., elles ont les mêmes intérêts que les fascistes, nous l’avons toujours dit, les « extrêmes » se ressemblent, unissons-nous autour de la démocratie (bourgeoise) et la gendarmerie vous sauvera. » Cela va même déjà plus loin : cette revendication delta (qu’un enfant de 5 ans jetterait à la poubelle avec mépris mais que Georges Moucheron — nous comprenons sa douleur — 1 nous exhibe à tort et à travers) est l’œuvre selon l’interview d’une graphologue au même J.T., d’un « instable, irrationnel... » en bref de quelqu’un « capable de mener des attentats (sic !) ». Continuons à grands pas dans cette logique et fine psychologie de sarmalux, et nous déclarerons que tous les combattants communistes sont des désaxés...

     Tout cela n’est hélas pas très nouveau, dans tous les pays où les communistes révolutionnaires assument leurs tâches historiques, les États, les flics et les collaborateurs s’entendent à merveille pour diffâmer, calomnier, dénaturer l’offensive dans la lutte des classes. Les nazis traitaient les résistants do terroristes, au Vietnam l’Armée Révolutionnaire nous était présentée comme des bandes de rebelles et de pillards, en Algérie les combattants du F.L.N. étaient considérés comme des « terroristes » par les porcs colonialistes... et il y a des centaines d’autres exemples. Aujourd’hui, contre les révolutionnaires en Italie, en Espagne, en R.F.A., en Turquie, en Grèce, et maintenant en Belgique, la bourgeoisie et ses collaborateurs révisionnistes sont unis par une même pratique : le mensonge et la tromperie, parce qu’ils ont peur de la vérité, peur de la lumière et de l’espoir que soulèvent nos combats.

     Pour l’anecdote, nous terminerons en disant que nous avons déjà entendu parler d’un commando delta, émanation criminelle des services de police français, responsable de l’assassinat du militant tiers-mondiste Henri Curiel... faut-il en déduire que la police belge n’est qu’une émanation de la P.J. française puisque « la technique et le vocabulaire de ces terroristes (réels) coïncident parfaitement ? ». 2

     Un dernier point plus sérieux : lors de notre action contre la Fondation J.R., Centre P.H., la revendication ne s’est pas faite directement par écrit pour la raison qui est évidente aujourd’hui, nous voulions joindre les deux attaques contre l’appareil gouvernemental de l’État bourgeois. Il n’en fallait pas plus pour que les flics exploitent directement ce changement aux habitudes. Il nous semble donc que par rapport à ces pratiques de désinformation les rédactions devraient faire preuve d’intelligence et d’honnêteté, en tout cas certainement de prudence avant de se jeter sur ces conneries comme des chiens sur un os.

     Nous avons rédigé rapidement cette lettre et elle est certainement fort incomplète. Nous nous adresserons plus tard aux camarades, aux militants du mouvement ouvrier que les organisations révisionnistes trompent tous les jours. Nous savons que la haine que nous portent leurs dirigeants est à la mesure de la crainte qu’ils ont d’être dénoncés comme les complices objectifs des exploiteurs.

     Et puis notre réponse ne serait pas complète si elle n’était pas liée à la pratique.

     Donc ce matin du 17 octobre nous avons attaqué le siège du C.V.P... (à suivre)

     Que vont donc encore inventer le G.I.A. et les dirigeants révisionnistes à ce sujet ?

Pour le communisme,
Cellules Communistes Combattantes

 

Notes :

     1. G. Moucheron est un journaliste « apparenté » social-chrétien de la télévision ; il présentsit le Journal Télévisé du 16 octobre.

     2. Expression extraite d’un article de presse concluant sottement à l’unité du groupe français A.D. et des Cellules Communistes Combattantes. (Voir la Mise au point des 4, 5, 6 octobre 1984.)

 

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Action contre un centre de télécommunications périphérique de la base aérienne de Bierset.
Bierset, le 26 novembre 1984.

     Ce matin du 26 novembre 1984, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué à l’explosif un CENTRE 0E TÉLÉCOMMUNICATIONS PÉRIPHERIQUE À LA BASE AÉRIENNE MILITAIRE DE BIERSET. Nous avons ainsi détruit deux pylônes-antennes et leurs installations au sol.

     C’est dans cette base que sont installées les escadrilles de chasseurs bombardiers Mirage 5 qui, issues de la Force Aérienne Tactique de ce pays, sont mises sous le commandement direct de l’O.T.A.N. à travers la Deuxième Force Aérienne Tactique Alliée (2 A.T.A.F.). Nous saluons, à cette occasion, les camarades de la Fraction Armée Rouge (R.A.F.) dont le Commando Sigurd Debus a attaqué, en août 81, le Quartier Général de cette force à Ramstein (R.F.A.).

     L’attaque et le sabotage de l’appareil militaire impérialiste ont évidemment une place privilégiée dans la politique révolutionnaire, et des actions, même relativement peu importantes ou peu spectaculaires, peuvent déjà réellement gripper la machine ennemie. De plus, quand elles deviennent une véritable pratique « spontanée » de masse, elles encerclent l’ennemi, l’isolent et peuvent même le paralyser crucialement. En tant que pratique « spontanée » de masse, elles ont un rapport dialectique avec la pratique et la direction politique de l’avant-garde communiste organisée ; cela est possible et réalisable — et s’impose — aujourd’hui.

     Faux paradoxe, la place de la Belgique est limitée et centrale dans le dispositif militaire impérialiste et ainsi les révolutionnaires sont devant le fait que l’attaque de ce centre, de cet appareil militaire, devient elle-même centrale quand se pose concrètement le cadre de la révolution communiste internationale. L’appareil politico-militaire de l’O.T.A.N. est à la fois fonction de domination sociale permanente et ultime rempart du mode de production capitaliste. L’O.T.A.N. est l’expression la plus évidente du stade suprême du capitalisme : l’impérialisme. Comme le disaient si justement les camarades à Stammheim : « Les guerres d’agression à l’extérieur et la contre-révolution préventive à l’intériour (des métropoles) ».

     C’est l’O.T.A.N. — dont l’A.B.L. et l’État Belgique — qui garantit l’ordre impérialiste sur tous les continents, des Malouines à Berlin, de la Palestine à Prétoria, de la Turquie au Zaïre, de la Grenade au Maroc... Base politico-militaire de commandement et d’exportation de la domination impérialiste, telle est la fonction impartie à la Belgique par ses maîtres yankee.

     Mais ce constat du fait que l’O.T.A.N. a établi un de ses principaux centres de commandement sur le territoire de ce pays est vain si l’on n’en tire pas une réflexion sur ce que doit être la politique révolutionnaire dans de telles conditions. Nous pensons évidemment qu’il n’y a pas un point du globe où il faudrait épargner l’attaque contre les exploiteurs des peuples, certes non ! Mais nous pensons qu’une grande responsabilité historique incombe aujourd’hui aux communistes révolutionnaires dans les métropoles, dans les centres impérialistes, car frapper la bête au cœur est d’une importance capitale, considérable, déterminante à la réalisation concrète d’un authentique Internationalisme Prolétarien. Stratégiquement, nous devons nous battre pour l’effondrement de « notre » bourgeoisie tant dans la confrontation inter-impérialiste, dans ses guerres et sa domination des peuples de la périphérie et du tiers-monde, que dans la lutte des classes ici. La domination impérialiste ne sera renversée que dans l’unité dialectique des luttes révolutionnaires, et cela au niveau mondial. S’il est vrai que les capitalistes ne peuvent se passer du cuivre du Shaba et du Chili, et qu’ils massacrent deux peuples entiers à ce profit, il est vrai aussi que cela n’est possible que grâce à la pacification de pays — tel la Belgique — où ils peuvent concevoir et organiser leurs crimes en toute quiétude Et c’est ainsi qu’il faut comprendre l’hystérie policière et répressive contre nous et les Organisations Communistes Combattantes dans les centres : l’O.T.A.N. ne peut se permettre de voir ses communications, ses cadres et ses officiers, ses instituts de recherche et ses structures militaires menacés dans l’espace même qui lui sert de quartier général.

     Nous l’avons dit dans notre communiqué de l’attaque contre Honeywell, ce n’est pas pour rien, ni contre rien, que l’O.T.A.N. a installé son Quartier Général pour l’Europe ici. Cela veut dire le choix d’un pays où la conscience anti-impérialiste est faible et politiquement réformiste, moralement bourgeoise, et dans un deuxième temps un pays où tous les partis de pouvoir sont ouvertement atlantistes et ont — dans une parfaite continuité — organisé un formidable appareil de répression sous la direction de la défense nationale : la gendarmerie. Voilà ce que tout le monde doit comprendre maintenant et dont tous les camarades doivent tenir compte dans leurs pratiques militantes : SANS PAIX SOCIALE, SANS CONSENSUS LARGE INTER-CLASSISTE, SANS PACIFICATION DES CENTRES, LA BOURGEOISIE NE PEUT TRIOMPHER DANS SES GUERRES IMPÉRIALISTES.

     Une vaste et importante bataille politique se déroule maintenant et partout, où s’affrontent la tendance à la guerre et la tendance à la révolution. Du point de vue des stratèges impérialistes, il s’agit évidemment d’embrigader les peuples d’Europe occidentale dans les projets bellicistes de l’O.T.A.N.. Une production de guerre massive et de qualité, une armée disciplinée et combative, une population acceptant toutes les privations dans le cadre de l’effort de guerre, la militarisation des services publics, la pacification sociale et politique garantissant la sécurité des centres et des installations de commandement, voilà ce dont a besoin l’O.T.A.N. pour ses projets criminels ! Et voilà précisément aussi à quoi doivent s’attaquer les militants et les révolutionnaires opposés sincèrement aux projets de guerre impérialiste : sabotage de la production militaire, destruction et attaques multiples contre les firmes travaillant dans le cadre de l’industrie de guerre, sabotage, désertion et mutinerie dans les rangs de l’armée bourgeoise, travail politique et organisationnel, travail politique et militaire pour la destruction du pouvoir bourgeois et la révolution internationaliste. Ce sont là les pratiques de la tendance à la révolution, bases incontournables de la guerre civile afin de briser définitivement la logique préhistorique du capitalisme.

     La crise économique du capitalisme et les projets de guerre qui en découlent sont des facteurs qui réveillent brutalement les endormis ! À une situation de pacification gavée dans la société de consommation et d’épargne-crédit, au nationalisme putride et à son corollaire le racisme, à l’indifférence complice et à la trahison de toutes les organisations politiques ou syndicales, situation qui lui suffisait pour mener ses crimes dans la périphérie et le Tiers-Monde, l’impérialisme en crise doit substituer la guerre ici. Mais quelle mémoire avons-nous ? Où est notre mémoire de classe ? Où est la mémoire de notre propre histoire ? De ceux qui ont connu la boucherie de 36/45 ? De ceux qui ont connu la misère de la « reconstruction » ? De ceux qui ont connu toutes les grèves, toutes les trahisons, toutes les défaites devant une bourgeoisie de plus en plus arrogante ? Sont-ce les quelques miettes du gateau volé à l’Afrique, à l’Amérique latine, au Moyen-Orient et à notre propre travail qui peuvent masquer l’avenir auquel inexorablement l’impérialisme nous conduit : la misère et des guerres incessantes ?

     Et ainsi s’impose avant tout cette grande bataille politique qu’il faut mener et gagner dans nos propres rangs. Cette bataille il faut la mener sur tous les terrains car c’est partout aujourd’hui que se manifeste la pression des thèses bellicistes bourgeoises et de leurs complices les thèses collaborationnistes de la petite-bourgeoisie. La mise au pas des appareils médiatiques dans le cadre de l’anti-« soviétisme » frise la caricature, la moindre aigreur d’estomac d’un « dissident » lithuanien fait les unes et doit nous conforter dans l’idée qu’il vaut mieux mourir sous la torture en Turquie qu’être amnistié en Pologne. Rassembleur des complices, Wojtyla a bien mérité son titre de « pape de l’O.T.A.N. »... même s’il n’ose pas encore bénir les Pershing, en Amérique latine il vaut une division de Marines et crée moins de remous dans les bonnes consciences. Et la liste serait trop longue à énumérer ici mais ce qui est clair, c’est le résultat : l’inexorabilité, à brève échéance, d’un conflit inter-impérialiste est comprise par l’ensemble des populations. À l’espoir des dupes qui pensaient en 1945 qu’il était possible de se débarrasser de la guerre sans se débarrasser du capitalisme, à l’aveuglement et à la surdité de ceux qui n’ont pas vu — ou n’ont pas voulu voir — que la guerre n’a pas cessé un seul instant depuis lors pour les peuples opprimés, s’impose la réalité : la révolution ou la guerre !

     Les thèses bellicistes de l’O.T.A.N. qui doivent entrainer — et justifier — les peuples des métropoles dans la guerre ne sont que la radicalisation des thèses permanentes justifiant l’exploitation des travailleurs. La défense du « monde libre », de la démocratie bourgeoise, le parlementarisme, la morale d’esclave du judéo-christianisme, etc... deviennent des raisons pour mourir sur les champs de bataille en alternative radicale à la mort quotidienne du travail aliénant.

     Faire face à ces thèses, piliers idéologiques de l’histoire de la domination bourgeoise, leur opposer une alternative révolutionnaire, constructive d’avenir, n’est pas une chose aisée car, globalement ou partiellement, elles infestent gravement le mouvement anti-guerre.

     Un point très important que nous voulons préciser : nous ne devons pas tomber dans les lieux communs dont l’analyse sereine aurait à souffrir. Nous combattons dans le cadre de la politique prolétarienne, ce qui nous oblige d’oser — et nous impose le devoir de — critiquer un mouvement aussi large que le mouvement anti-guerre quand il suit les chemins tracés par des institutions réformistes et de trahisons. Mais nous ne critiquons pas la sincérité des militants qui s’y engagent, nous ne critiquons pas gratuitement les centaines de milliers de manifestants — parmi lesquels nos militants se retrouvent — qui se sont réunis ces dernières années dans toute l’Europe ; ce que nous dénonçons et critiquons fermement, ce sont les directions petites-bourgeoises, que ce soient les C.N.A.P.D., les V.A.K.A. ou les divers partis qui les soutiennent, qui engagent ce formidable mouvement populaire dans l’épuisement à court terme, l’échec, l’impasse, la défaite... Ainsi, sous les couronnes mortuaires du « pluralisme », de la « neutralité », de l’« apolitisme » et sur les rails du parlementarisme bourgeois, les cliques d’escrocs made in Galand et Cie sont les apôtres de politiques capitulardes qu’il faut contrer vigoureusement :

     1. Le respect de l’ordre impérialiste à travers le légalisme et la non-violence érigée en absolu mystique alors qu’elle n’est que la désertion face à un ennemi dont la domination repose sur la brutalité quotidienne, la police, la gendarmerie et l’armée. Le légalisme, l’option parlementariste, la non-violence sont contre-révolutionnaires car ils enferment le mouvement anti-guerre et anti-missiles dans un cirque contrôlé par le pouvoir bourgeois. Alors que l’installation des Cruise fut programmée par des instances qui n’ont pas demandé son avis au larbin Vreyen 1, les directions pacifistes continuent d’illusionner le mouvement à ce sujet. L’option parlementariste, c’est-à-dire s’en remettre au pouvoir bourgeois après lui avoir fait remarquer que la guerre et les missiles nous n’en voulons pas, est aussi grotesque que de demander aux voleurs de voter des lois les condamnant ! De toutes façons, nous savons maintenant ce qu’il en a été et ce ne sont pas les dernières pitreries de Swaelen 2 ou de Martens qui changent quoi que ce soit.

     2. Une orientation globale se voulant « apolitique » (en option : pluralisme et démocratie) qui interdit de poser le problème de la guerre impérialiste autrement qu’en s’horrifiant des souffrances qu’elle occasionnerait ici. La conséquence de cette position est double : non seulement la guerre impérialiste au lieu d’apparaître comme produit et fonction de données concrètes (la crise économique du mode de production capitaliste et les contradictions inter-impérialistes) est présentée comme un mal venu d’on ne sait où — et contre lequel n’importe qui, et pourquoi pas Rogers, s’horrifie —, mais en plus cette position est clairement nationaliste en ne posant que la question de la protection du territoire national N’ayons pas pour des mots, elle est carrément patriotique. Donc, nous disons que couper ainsi la guerre de l’impérialisme et d’une position de classe à son égard, refuser de l’analyser (et de mettre cette analyse en pratique) comme moment particulier mais de continuité de la domination de classe, masquer les causes par les effets, sont les axes des directions pacifistes — et la politique pacifiste — qui n’ont pour buts que de crétiniser la réflexion du mouvement anti-guerre, ainsi que de le désarmer historiquement.

     En réalité, cette soi-disant « apolitisation », cette reconnaissance du pouvoir bourgeois, ne servent qu’à introduire à la direction du mouvement anti-guerre toutes les taupes des partis bourgeois, tous les parlementaires ou bourgmestres en mal d’électeurs, etc..., ce qui finit par présenter et dénaturer le mouvement anti-guerre comme une force traversant tout le pays, toutes les classes, qui réunirait dans un même effort de bonne volonté — et dans les mêmes intérêts— bourgeoisie et prolétariat ! Cette soi-disant « apolitisation » masque en réalité le fait que la bourgeoisie entière de ce pays organise les préparatifs de guerre : des politiciens valets de Washington, des militaires subalternes U.S., des industriels et des banquiers...

     3. La guerre impérialiste étant devenue grâce aux bons soins de la collaboration, une force nuisible se situant hors des antagonismes de classes, la question de la combattre cède le pas à celle de la « refuser ». Ce qui induit directement et inévitablement la recherche d’un consensus. Et que demandent les pacifistes ? U.S.A., U.R.S.S., ne faites pas la guerre (via l’Europe) et point à la ligne. Mais pour les travailleurs, la guerre impérialiste n’est qu’un moment plus horrible encore que la misère quotidienne, pas une rupture dans l’exploitation ! Et dire cela ne permet pas d’oublier les peuples pour qui la guerre est quotidienne depuis des dizaines d’années ! Pour les communistes révolutionnaires, il n’y a pas de « point à la ligne », les U.S.A., l’U.R.S.S., en guerre ou en paix ne nous intéressent pas. Même sans guerre atomique, l’ordre impérialiste ne nous intéresse pas et est intolérable ! Il doit être balayé par la naissance de la société nouvelle, la société sans classe et sans État, la société communiste.

     4. Les organisations pacifistes ont mobilisé leurs militants, et récupéré le vaste mouvement populaire sur le problème de la guerre impérialiste, mais en falsifiant la nature même de ce problème. Ainsi, pour corroborer leurs thèses fatalistes, ils ne peuvent présenter le conflit à venir qu’à travers des visions d’enfer nucléaire, de destruction totale de la planète, d’escalade apocalyptique, etc... Présenter les choses de cette façon est en premier lieu une parfaite idiotie, mais qui une fois de plus vise à placer la guerre au-delà des intérêts de la bourgeoisie ; en second lieu, c’est très préjudiciable au mouvement anti-guerre car cela développe un sentiment de démobilisation devant « une fatalité insurmontable ». Mais ce n’est justement pas à travers ces visions d’apocalypse qu’il faut imaginer la guerre impérialiste, au contraire c’est tout à l’opposé. Il faut comprendre le processus de guerre impérialiste comme étant une série d’opérations combinées, cernées géographiquement, planifiées dans des échéances précises... d’une violence terrible, certes, mais parfaitement contrôlées par les États-majors impérialistes. Pour illustrer cela, voyons par exemple la guerre de 1914/18 dont l’armistice fut signé sans vainqueur ni vaincu... le front se trouvait à ce moment-là hors d’Allemagne, l’armée allemande recevait des renforts massifs suite à la paix arrachée par la naissante Union Soviétique. Simplement, les capitalistes ont décidé que cela suffisait, les industriels en avaient pour leurs comptes, le partage colonial était bouclé, et le mouvement communiste international minait la vieille Europe. Et alors que tout le monde était parti en guerre dans une belle unanimité, du jour au lendemain les capitalistes ont décidé d’en rester là et de s’occuper d’autres problèmes (c’est-à-dire de laisser l’armée allemande aller massacrer les révolutionnaires et de monter des expéditions internationales pour soutenir les armées blanches). Voilà le cynisme de la guerre impérialiste ! La bourgeoisie ne détruira pas la planète car elle n’y a pas intérêt. Par contre elle tentera de détruire tous les foyers révolutionnaires de par le monde : elle ne rasera pas Moscou sous les mégatonnes, mais elle enverra des corps expéditionnaires en Amérique centrale, en Afrique du Nord, en Asie du Sud-Est... elle ne vitrifiera pas l’OuraI, mais elle déclenchera une vaste et horrible bataille, mi-classique, mi-atomique en Allemagne ! Et il ne s’agira pas d’aventure ou de surprise, mais de plans bien précis pour lesquels s’articulent aujourd’hui des politiques d’armements, des doctrines militaires, des stratégies et des tactiques de combat.

     CE QUI EST FONDAMENTAL POUR LE MOUVEMENT ANTI-GUERRE, C’EST DE SE DÉBARRASSER DE LA MYTHOLOGIE DES EFFETS POUR S’ATTAQUER AUX CAUSES. ON NE SE BAT PAS CONTRE LA GUERRE SI ON NE MET PAS HORS D’ÉTAT DE NUIRE CEUX QUI LA PROGRAMMENT ET L’ORGANISENT CONCRETEMENT, ON NE SE BAT PAS CONTRE LA GUERRE SI ON NE POSE PAS LA QUESTION DU MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE ET DE SA DESTRUCTION.

     5. Un autre témoin de la faiblesse politique du mouvement anti-guerre où s’engouffre le poison pacifiste est son européocentrisme, son nationalisme évident. Nous l’avons déjà dit, la guerre dans le Tiers-Monde n’a pas cessé un seul jour depuis 1945, plus d’une fois menée avec la participation des militaires belges (en Corée, en Algérie, au Shaba), mais ce ne sont sans doute que des « sous-guerres », tandis qu’ici ce sera sérieux ! Cela ne prête pas à rire, car si l’ampleur de la mobilisation contre l’installation des Cruise et des Pershing est juste et légitime, la pauvreté, si pas l’absence de mobilisation contre les interventions militaires impérialistes au Shaba, par exemple, relativise la portée de ce mouvement. Car la guerre impérialiste est possible ici si elle est possible dans le Tiers-Monde, car l’exploitation des travailleurs d’Afrique n’est possible qu’en liaison avec l’exploitation des travailleurs ici... Mais ce qui est « nouveau », c’est le retour de menaces de guerre ICI. Alors il faut dénoncer et combattre ceux qui intentionnellement entraînent le mouvement anti-guerre dans les limites de cette « nouveauté », car de cette simple inquiétude quant à la protection de sa propre sécurité, le pas est vite franchi de partir en guerre chez le voisin... Seule une vision correcte de ce qu’est l’impérialisme permet de défaire les tendances chauvines, car se battre contre la guerre impérialiste est la première activité des guerilleros anti-mobutistes et en cela il y a une identité commune qui doit se manifester concrètement dans une pratique internationaliste.

     Enfin, pour en terminer avec cette première critique de la politique et de l’idéologie pacifistes, il faut mettre en avant son absolu manque de perspectives et son échec retentissant. Les organisations pacifistes appellent à une manifestation en 1985... de qui se moquent-elles ? Aujourd’hui, le mouvement qui a servi de modèle au pacifisme belge, le mouvement de la paix en R.F.A. est en pleine déconfiture. Et cela est compréhensible : il n’a pu atteindre aucun de ses soi-disant objectifs et n’arrive même plus à organiser ses shows « chaînes humaines » tant la lassitude et le découragement sont grands parmi ses militants qui comprennent que des années de lutte pacifiste n’ont servi à rien du tout.

     Par contre, ce que nous voyons en R.F.A. c’est le développement d’un fort mouvement de guérilla anti-impérialiste, qui, sous la direction politique de la Fraction Armée Rouge 3, est l’expression évidente d’un refus prolétarien aux projets bellicistes de l’O.T.A.N.. En nous appelant à une nouvelle manifestation stérile, sur des mots d’ordre petits-bourgeois, sur la politique réformiste du pacifisme, les V.A.K.A. et C.N.A.P.D. sont les fossoyeurs objectifs du mouvement anti-guerre !

     Soumettre les thèses pacifistes au feu de la critique révolutionnaire est indispensable, mais il faut le faire pour dépasser ces errances et pour impulser une dynamique nouvelle dans l’opposition à la guerre et aux missiles de l’O.T.A.N.. Il faut battre politiquement les tentatives d’élaboration d’un compromis avec la bourgeoisie quant à la question de la guerre, et cela signifie lier la guerre à l’impérialisme, se positionner dans une perspective prolétarienne et révolutionnaire.

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. Ministre de la Défense nationale du gouvernement « Martens 5 ».

     2. Président du C.V.P. à cette époque, et dont les pitreries consistaient à faire part de ses états d’âme pacifistes face à la politique du gouvernement « Martens 5 » (C.V.P. également ! !).

     3. Rappelons que cette analyse n’exprime pas, pour les Cellules, une reconnaissance de correction politique à cette direction de la R.A.F. ; à ce propos, voir l’introduction.

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Actions contre le réseau des oléoducs de l’O.T.A.N. (C.E.P.S.).
Clabecq-Gibecq, Glons, Gastuche, Ensival, le 11 décembre 1984.

     Ce matin du 11 décembre 1984, à cinq heures trente, les Cellules Communistes Combattantes ont détruit SIMULTANÉMENT 6 RELAIS DE SÉCURITE DU RÉSEAU DES PIPE-LINES DE L’O.T.A.N. et ce, A TRAVERS LA BELGIQUE. Nous avons réalisé Ces attaques à l’aide de charges explosives placées dans les trappes d’accès blindées de la quatrième division (belge) des pipe-lines de l’O.T.A.N.. Il est facile de repérer ces « trappes d’accès » disséminées sur tout le territoire, et principalement aux abords des stations de pompage de cette division.

     Nous avons ainsi détruit :

     — Le relais de sécurité immatriculé 060529 le long de la route qui relie Clabecq et Ittre.

     — Le relais de sécurité immatriculé 060264B le long de la route reliant Gages à Gibecq (à proximité d’une installation militaire dépendant de la station de pompage de Brugelette).

     — Les relais de sécurité immatriculés 061523B et 050615B sis derrière la station de pompage de Glons.

     — Le relais de sécurité immatriculé 060846 à la pointe sud du bois de Laurensart, proche de la gare de Gastuche.

     — Le relais de sécurité non immatriculé sis au bout du chemin du Haras, bois du Renard à Ensival.

     Nos actions ont donc porté l’attaque révolutionnaire simultanée en trois provinces, coupant en des points névralgiques ce réseau pipe-lines et l’approvisionnemont des forces armées de l’O.T.A.N..

     Dans notre communiqué du 26 novembre 1984 à propos de la destruction des pylônes-antennes périphériques à la base de Bierset, nous avons souligné la place limitée mais centrale de la Belgique dans le dispositif militaire impérialiste, et ainsi comment s’impose la centralité de l’offensive contre l’O.T.A.N. dans le cadre d’une politique révolutionnaire anti-impérialiste. C’est un fait évident aujourd’hui, et plus aucun militant ne peut imaginer une politique révolutionnaire qui se limiterait au territoire national... Mais ce qui est bien moins compris, c’est que l’O.T.A.N. n’est pas qu’un État-major de vieilles badernes mais plutôt : « quasiment la forme étatique la plus élaborée de la bourgeoisie impérialiste, c’est-à-dire un système global qui définit, sous l’hégémonie inéluctable du capitalisme U.S., les intérêts concurrents comme fractions de l’ensemble, qu’elles soient nationales ou économiques, les régule dans la crise généralisée de la valorisation du capital et les unit dans l’agression, c’est-à-dire dans la tentative d’assurer à un autre stade, le processus contre-révolutionnaire mondial » (C.K., R.A.F.).

     L’importance de ce pays au sein de l’appareil politico-militaire transnational de l’O.T.A.N. est bien sûr évidente pour tout le monde devant le fait qu’il a été choisi pour l’installation du siège d’Evere, et l’installation du Quartier Général militaire pour l’Europe (S.H.A.P.E.) à Casteau, et cela ne s’arrête pas là : par exemple, la Belgique est aussi une plaque tournante fondamentale pour la capacité de manœuvres des troupes impérialistes. L’incessant défilé de troupes et de matériels yankee et britanniques, d’Anvers à la frontière allemande et à travers tout le pays lors de la récente manœuvre/répétition générale « Autumn Forge », a cette fois dépassé en ampleur toutes les précédentes manœuvres de l’O.T.A.N.. Suivant le scénario de la guerre conventionnelle en Europe centrale, ce pays a servi de principale base de transit pour les troupes lors de leurs déploiements sur le « front ». À cette occasion, toutes les voies de communication furent mises au service de l’O.T.A.N. : aéroports (militaires et aussi civils, ex. Zaventem), le port d’Anvers, les voies ferrées, les autoroutes, les télécommunications, etc.

     Et il faut aussi parler du rôle de l’A.B.L. dans l’O.T.A.N.. Avant tout, un fait qui en dit long : 40 % de l’armée est sous le commandement direct de l’O.T.A.N., c’est le taux le plus élevé de tout l’O.T.A.N. Globalement, l’A.B.L. que l’on voudrait nous présenter comme un ramassis d’alcooliques incapables et dotés d’un matériel obsolète, dispose en fait du matériel le plus performant dans l’O.T.A.N., et les programmes d’équipement n’ont jamais atteint une telle ampleur (sous quelque forme que ce soit : achat, production, « prêt », gérance, etc...). Pour mémoire, citons les obusiers automoteurs M 109, les missiles MILAN, les équipements radio, les dragueurs de mines, les véhicules de combat d’infanterie (A.I.F.V.), les transporteurs de troupes blindés (M 113), les jeeps (« Bombardier »), les hélicoptères de combat, le reblindage des chars Léopard, les missiles sol-air (PATRIOT)... et tout cela en moins de cinq ans ! cette (incomplète) énumération vaut mieux que toutes les larmes de crocodiles de ces militaires sur la pseudo-insuffisance de crédit... L’armée du capital se porte bien et s’apprête à rentrer en scène contre le mouvement ouvrier et révolutionnaire.

     Il faut dire que la capacité de l’A.B.L. à garantir les intérêts impérialistes n’est pas nouvelle ! L’occupation de l’Allemagne jusqu’en 56 et ensuite le stationnement permanent de troupes dans ce pays, l’envoi du bataillon renforcé en Corée (51-53), l’envoi d’officiers pendant la guerre d’Algérie (58-60), le renforcement de la « force publique » au Kwilu (58-59), l’intervention au Congo (60-61), l’attaque de Stanleyville (64) 1, la participation aux contingents de l’O.N.U. (Pakistan, Moyen-Orient), l’encadrement de l’armée de Mobutu (et de celles du Rwanda et du Burundi), l’attaque de Kolwezi (78) 2... sont les crimes recensés de l’armée belge à l’extérieur depuis 45. Mais l’armée assure aussi l’ordre impérialiste à l’intérieur : l’A.B.L. est intervenue pour casser les grèves (par la mise au travail forcée de miliciens ou le détachement de techniciens, par ex.) ou pour les réprimer ainsi que les manifestations en 1950 3, 60-61 4, 66, 71, 73, 76 et 82, que ce soit au moment de la « question royale », des grandes grèves de 60, des grèves de dockers, des mineurs du Limbourg, des éboueurs, du personnel hospitalier, des travailleurs de la S.A.B.C.A. 5, etc... Et faut-il encore rappeler que la gendarmerie, fer de lance de la répression des mouvements sociaux, est en tant que force militaire sous la direction de l’O.T.A.N. ?

     L’attaque contre le système O.T.A.N. est donc un axe principal dans la guerre des classes. Les Brigades Rouges : « La désarticulation des appareils centraux dans cette phase doit atteindre le cœur battant de la contre révolution impérialiste : l’O.T.A.N. L’O.T.A.N. signifie guerre interne et guerre externe. C’est dans cette dimension qu’elle réorganise ses armées, en les adaptant aux nouvelles caractéristiques de la guerre inter-impérialiste et de la guerre des classes. (...) Nous devons commencer à saboter cette machine de mort qui, pour le prolétariat métropolitain, dans cette phase, veut dire contre-révolution préventive. Nous devons, en attaquant les hommes et les repaires, désarticuler ses déterminations nationales restructurées en fonctions anti-guérillas. »

     Voilà pourquoi notre pratique de guérilla est juste et prolétarienne : notre campagne anti-impérialiste exprime le refus de s’incliner devant le terrorisme du pouvoir capitaliste, nous refusons de rester désarmés devant ce que plus personne ne peut se cacher aujourd’hui : la bourgeoisie organise des forces énormes de répression car elle sait que sa crise économique n’a d’autre issue que la guerre et qu’une formidable explosion sociale et révolutionnaire va bouleverser l’Histoire ! La tâche urgente des révolutionnaires communistes est de tout mettre en œuvre pour qu’un puissant Parti Communiste Combattant dirige le mouvement prolétarien dans cette inévitable et proche confrontation.

     La place de l’appareil militaire dans la société impérialiste dépasse donc de loin la simple question de l’organisation des contradictions inter-impérialistes, aujourd’hui la préparation d’un conflit est-ouest. Sous l’impulsion et la direction de l’O.T.A.N., la militarisation de la société civile est planifiée au-delà du « maintien de l’ordre ». Ainsi, initialement prévus en cas d’« état de guerre » (en soit une notion assez floue), des plans sont applicables qui permettent à l’O.T.A.N. de diriger toute une série de secteurs sociaux. Par exemple, une structure de commandement sous les ordres de l’O.T.A.N. est prévue pour les secteurs suivants : forces armées, gendarmerie, intérieur, justice, communications, travaux publics, santé publique, affaires économiques... ainsi l’O.N.Em. servirait à réquisitionner la main d’œuvre dont aurait besoin l’O.T.A.N. à un moment déterminé (comme l’a révélé le document confidentiel O.T.A.N.-N.A.T.O. CM55, dénoncé dans les années 70), etc..., etc...

     Aujourd’hui, cet axe principal « GUERRE À L’O.T.A.N. » unifie et stimule le mouvement révolutionnaire dans les centres. Débarrassés des erreurs réformistes et tiers-mondistes, les avant-gardes révolutionnaires, les Partis et les Organisations Communistes Combattants s’inscrivent dans un véritable internationalisme. Du Portugal à la R.F.A., de l’Italie à l’Irlande, de la Grèce à l’Espagne... un vent d’espoir et de lutte se lève qui rejoint tous les peuples en lutte contre l’impérialisme.

     Dans la Résolution de la Direction Stratégique des Brigades Rouges de février 78, était affirmé : « Le principe tactique de la guérilla dans cette conjoncture est la désarticulation des forces de l’ennemi. Désarticuler les forces de l’ennemi signifie porter une attaque dont l’objectif principal est encore celui de diffuser la lutte armée et sa nécessité, mais dans laquelle a déjà commencé à opérer le principe tactique propre à la phase suivante : la destruction des forces de l’ennemi. Cette attaque doit diffuser la ligne politique de l’avant-garde politico-militaire et désarticuler dans le même temps la nouvelle forme que l’État impérialiste est en train d’assumer. » Pour nous, c’est dans l’application de ce principe que nous entendons aujourd’hui apporter une modeste contribution au mouvement international anti-impérialiste, mais nous avons confiance dans l’avenir et mettrons tout en œuvre pour que ce pays devienne une des tombes de l’impérialisme !

     Pour terminer, nous voulons citer les Cellules Révolutionnaires qui, le 14 juin 1984, ont fait sauter un pipe-line de l’O.T.A.N. près de Lorch en R.F.A. : « Pour nous, il s’agit de combattre de manière effective la machine de guerre yankee en tant qu’élément central de la politique de domination impérialiste. Il est clair pour nous que des actions isolées ne peuvent atteindre ce but, mais que c’est une extension continue de cette pratique politique qui le permettra. »

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. « Force Publique », attaque de Stanleyvilie : interventions militaires belges lors de la décolonisation du Congo belge (Zaïre).

     2. Attaque de Kolwezi : intervention militaire franco-belge (avec appui logistique U.S.) lors de l’offensive du Front National de Libération du Congo dans la province du Shaba an 1978.

     3. 1950, la « question royale » : grand mouvement populaire qui, de mars à août 1950, s’opposa au retour du roi Léopold III sur le trône an raison de ses choix durant l’occupation nazie ; à cette occasion, l’armée fut rappelée d’Allemagne, la gendarmerie tira sur la foule, la grève fut générale, les sabotages et les actions aux explosifs se multiplièrent. Léopold III abdiqua en faveur du prince Baudouin.

     4. 60-61 : grand mouvement prolétarien qui, en décembre 60 et janvier 61, lutta contre la politique d’austérité du gouvernement de coalition sociale-chrétienne/libérale ; la grève, partie spontanément, devint générale, manifestations violentes et sabotages se multiplièrent. Le gouvernement, s’appuyant sur l’armée, sortit vainqueur de cette lutte.

     5. S.A.B.C.A. : Société aéronautique impliquée dans des programmes militaires multinationaux (F 16, Mirage. Bréguet, Fokker, etc...).

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Une précision.

     Certaines informations parues dans la presse du 27 novembre sous-entendaient, et même parfois claironnaient, que nous nous étions trompés de cible lors de notre attaque du 26 contre les pylônes-antennes périphériques à la base militaire de Bierset.

     Cela est complètement faux et tout à fait ridicule.

     Voici comment nous avons fait le choix de cet objectif : nous avions repéré ces deux antennes car elles étaient situées dans un petit complexe militaire, comme d’autres autour de toutes les bases de la défense aérienne. Les images du J.T. du 26 étaient révélatrices à ce sujet, un périmètre clôturé de barbelés, la signalisation « domaine militaire », etc... Nous savions très bien aussi qu’une seule des deux antennes était en activité, et que les installations au sol qui valaient la peine d’être détruites étaient aux pieds de celle de gauche. Quand nous menons une attaque, nous le faisons toujours avec le maximum de renseignements et de repérages afin de pouvoir parfaitement contrôler la situation. Mais le fait que le pylône-antenne de droite n’était pas en fonctionnement actuellement n’était pas une raison suffisante que pour ne pas le détruire. Faut-il attendre qu’un bombardier soit en vol pour le dynamiter ? Faut-il attendre que les flics vous braquent leurs revolvers sur la tête ou vous descendent pour songer à les désarmer ? De plus, si l’information parue en première page de l’édition du Soir du 27 est exacte, la défense nationale entendait le remettre en service très prochainement... il lui reste donc à en reconstruire un nouveau ! Évidement, si nous avions pu, par notre action, dérouter un Awacs qui serait allé s’écraser sur les bâtiments de l’O.T.A.N. à Evere un jour de conférence... nous aurions été très contents, mais cela ne s’est pas passé ainsi.

     En ce qui concerne le second pylône-antenne dont la régie des voies aériennes avait l’utilisation, il faut dire plusieurs choses. Premièrement, il était, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, situé en terrain militaire et rien ne le demarquait des installations militaires. Ceux qui se compromettent avec l’O.T.A.N. et partagent des infrastructures avec les militaires n’ont qu’à prendre leurs responsabilités ; ils doivent savoir qu’ils risquent par là, d’être la cible des révolutionnaires. Et en dernier lieu, il faut surtout souligner qu’il existe une coordination totale entre le « civil » et le militaire au niveau du contrôle aérien, principalement au travers du Détachement Militaire de Coordination (M.D.C.) situé à Zaventem.

     Nous ne pouvons donc comprendre la publicité donnée à cette idiotie que comme la volonté de nous nuire politiquement à travers une manœuvre de manipulation de l’opinion publique.

Pour le communisme,
Cellules Communistes Combattantes

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Action contre un centre de l’O.T.A.N.
Sint-Stevens Woluwe, le 15 janvier 1985.

     Aujourd’hui, 15 janvier 1985 à 3 heures et demie le matin, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué un centre de l’O.T.A.N. sis chaussée de Louvain, 13 à Sint Stevens Woluwe (Zaventem). Cette base abritait le NATO S.H.A.P.E. SUPPORT GROUP, le US BENELUX CONTRACTING DIRECTORATE, le US DEFENSIVE lNVESTIGATIVE SERVICE et le NATO SUPPORT ACTIVITY.

     Nous dédions notre attaque aux combattants de la Fraction Armée Rouge-R.A.F. qui luttent aujourd’hui par la grève de la faim collective contre leurs conditions de détention/extermination dans les prisons spéciales de R.F.A. Après les camarades que nous avons tous encore en mémoire, Holger, Siegfried, Ulrike, Andreas, Gudrun, Jan Carl, Ingrid, Sigurd, nous savons que l’État fédéral planifie à nouveau l’assassinat des révolutionnaires dans ses geôles.

     L’action de ce matin, la plus complexe et la plus offensive que nous ayons menée, clôture notre campagne anti-impérialiste, notre première offensive révolutionnaire réalisant l’indispensable unité de la théorie et de la pratique. Et c’est la qualité évidente de cet objectif qui a déterminé notre décision d’y porter la première attaque pouvant blesser ou tuer des militaires yankee et leurs complices. Voilà les deux grands points que nous allons développer.

     Nous déclarons donc que nous clôturons par cette action notre première campagne anti-impérialiste. Cette décision correspond simplement et naturellement au fait que nous avons atteint les buts politiques que nous lui avions fixés. Cette décision de suspendre momentanément nos actions politico-militaires ne peut se comprendre que comme un pas en avant, un développement objectif, politique et organisationnel, à partir duquel, plus fortes, nous travaillons au développement de notre politique à travers une seconde campagne à venir. Cette clôture n’est donc pas une « trêve » car dans la guerre des classes les « trèves » n’existent pas ! Ceux qui n’avancent pas reculent, et la position prolétarienne est : initiative et offensive ! Cette clôture est un moment particulier de notre combat, ayant ses exigences propres, mais, si la conjoncture l’exige, dans un moment déterminé, nous frapperons où et quand il le faudra. Une situation nouvelle existe maintenant dont les révolutionnaires doivent se saisir pour la faire progresser sans cesse au sein de la guerre des classes.

     Nous avons choisi d’apparaître en tant que forces politico-militaires organisées au sein de la guerre de classes sur l’axe de la guerre impérialiste car elle est l’expression la plus globale de la crise du capitalisme. La guerre permanente contre les peuples à l’extérieur et la tendance à la guerre ici sont l’expression flagrante de l’antagonisme entre les peuples du monde entier et l’impérialisme. Cela, aujourd’hui tout le monde le comprend, et c’est à partir de là que s’impose naturellement l’Internationalisme Prolétarien comme la forme la plus élevée de la conscience de classe.

     L’orientation politique de notre campagne était donc de porter l’attaque victorieuse contre les composantes principales du système impérialiste : l’économique à travers les industries de guerre, le pouvoir politique à travers la coalition gouvernementale, les forces militaires de domination : l’O.T.A.N.. La bourgeoisie a toujours tenté de nous présenter ces pouvoirs comme étant distincts et indépendants les uns des autres. Mais aujourd’hui, quand les travailleurs voient Weinberger faire fermer Pégard 1 et les jeter par centaines à la misère, ils comprennent ce que veut exactement dire la « défense du monde libre par l’O.T.A.N. » ! Quand ils voient Martens et Tindemans courir chercher les ordres à Washington 2, ils comprennent tout l’intérêt du parlementarisme bourgeois !

     Alors, voilà pourquoi nous avons choisi cet axe global pour notre première campagne, tout en sachant déjà que s’impose pour l’avenir de notre développement d’affiner notre pratique en liaison de plus en plus étroite avec la conjoncture sociale et politique.

     Victorieuses, nos attaques le sont qui obligent l’impérialisme U.S. à comprendre que la pacification de ce pays est un rêve aussi creux que perimé ! Ici comme partout, au Maroc, en Palestine, au Pérou... les communistes s’engagent les armes à la main, ici comme partout, la tendance à la révolution progresse, avançant de jour en jour vers la fin de ce système de mort et de misère : le capitalisme.

     Au niveau des faits, nous avons frappé spectaculairement mais faiblement les forces bourgeoises. Et nous ne craignons pas de le reconnaître, cela est le témoin de la faiblesse de nos forces. Mais politiquement nous avons frappé très durement, et cela est le témoin de la justesse politique de notre ligne et de notre pratique.

     Que visons-nous à travers cette première phase du processus révolutionnaire ? L’enracinement dans le prolétariat et le mouvement révolutionnaire de la conscience de la nécessité et de la possibilité de la révolution communiste internationaliste — ainsi aussi dans les métropoles impérialistes —, donc de la nécessité et de la possibilité de défaire la bourgeoisie. Concrètement cela veut dire s’organiser conséquemment en tant que classe en lutte pour la prise du pouvoir économique, politique et militaire, pour construire le socialisme.

     C’est du mot d’ordre de Mao Tsé-toung « OSER LUTTER, OSER VAINCRE », de son écho mobilisateur dans le monde du travail dont la bourgeoisie a peur ! C’est parce que notre combat est vecteur de cette politique, la concrétise, la rend vivante et accessible, que la bourgeoisie jette contre nous des centaines — et des plus efficaces — de ses flics, pour en finir à n’importe quel prix et dans les délais les plus brefs.

     Mais il est déjà trop tard, la première campagne des Cellules Communistes Combattantes et la ligne politique qui l’a dirigée ne pourront plus être effacée de la mémoire et de la réflexion des travailleurs et des révolutionnaires. Une victoire politique est une victoire indestructible !

     Un des objectifs particuliers que nous nous étions fixés à travers notre première campagne était de démontrer que par des moyens divers (du plus artisanal, comme chez M.A.N., au plus sophistiqué comme ce matin), dans les villes ou dans les campagnes, sur une petite ou sur une grande échelle, en tout petit nombre ou en commando plus conséquent, il est concrètement possible de porter des coups effectifs aux dispositifs de pouvoir de la bourgeoisie impérialiste. Et de cette démonstration, et surtout de son expansion, la bourgeoisie a la plus grande peur. Peur, parce que tout simplement la guérilla est la forme de lutte adéquate et offensive pour des forces faibles face à un arsenal répressif énorme, parce que la guérilla est la pratique choisie par les révolutionnaires pour mener l’attaque dans le rapport de forces à leur avantage. Ce qui veut dire ceci : la lutte politico-militaire de guérilla révolutionnaire pose la question du pouvoir, de la victoire, et la rupture avec le cirque démocratique à l’ombre de 20.000 gendarmes.

     Cette démonstration, la bourgeoisie et les spécialistes de la contre-insurrection l’ont bien comprise et y ont directement réagi : l’ensemble de la presse (de l’extrême-gauche à l’extrême-droite) sera le vecteur de scénarios absurdes dont le seul objectif est de nier notre réalité de militants politiques dont la formation militaire, l’information, la détermination, sont à la portée de tous ceux qui se posent concrètement la question de l’organisation du combat de classe, ici.

     C’est cette réalité, cette évidence même que se battre et vaincre est possible pour tous ceux qui en prennent la décision politique — et s’y tiennent — que les chacals veulent occulter ! Alors il n’est plus question que de « terrorisme international », de « spécialistes du sabotage liés à l’armée », de fascistes (car il est évident que les communistes doivent être incapables de frapper juste et fort), d’artificiers, de C.I.A. ou de K.G.B., de « sous-traitance étrangère », etc... Toutes ces inepties n’ont qu’un seul but, nous l’avons déjà souligné, celui de crétiniser les forces révolutionnaires, de les infantiliser en refusant que de leur sein surgissent des forces politico-militaires organisées.

     La déliquescence et le misérabilisme de la « gauche et de ses extrêmes » sont telles dans ce pays que la lutte l’effraie comme un singe devant le tonnerre ! La victoire a à ce point déserté ses projets et ses rangs qu’elle ne peut plus définir son identité qu’à travers ses défaites, les massacres et les coups qu’elle prend dans la gueule. Elle ne peut plus définir son combat qu’à travers ses pleurnicheries d’arrière-garde. Et bien sûr, face à ce merdier, l’internationale des communistes existe, c’est celle de l’espoir, de l’engagement, de la responsabilité et du sacrifiœ, celle de la fraternité et de l’amour, celle de la lutte, celle de la conscience prolétarienne ! « Nous voulons témoigner par la mise en risque de notre vie que l’espoir est possible, que la dignité se conquiert et qu’il ne dépend que de chacun de se lever, d’arracher la justice qui lui est refusée, à mains nues ou l’arme au poing, d’avancer le front haut levé» — Marina Da Silva et Frédéric Oriach, en grève de la faim le 10 octobre 1984.

     La politique révolutionnaire a pour première phase le travail d’élaboration théorique et de propagande politique. Et cette démarche incontournable se réalise de pair avec l’organisation concrète des éléments d’avant-garde dans la pratique offensive. C’est ainsi qu’a surgi notre première offensive en tant que forces constituées. Voilà un point sur lequel nous voulons insister : l’étape de la propagande armée à travers laquelle les Cellules Communistes Combattantes sont à l’avant-garde de la lutte révolutionnaire n’est certainement pas une fin en soi ! Mais plutôt un vecteur qui dans la radicalisation des antagonismes de classes conduira aux développements objectifs des forces et de la politique prolétarienne, et par là même aux conditions d’émergence de l’Organisation Combattante des Prolétaires. Et de ses forces quantitativement et qualitativement nouvelles, l’organisation se battra pour que naisse le Parti Communiste dont le IIIe congrès de l’Internationale 3 donnait une si claire définition :

     « Les Partis communistes ne peuvent se développer que dans la lutte. Même les plus petits des partis communistes ne doivent pas se borner à la simple propagande et à l’agitation. Ils doivent constituer, dans toutes les organisations de masse du prolétariat, l’avant-garde qui montre aux masses retardataires, hésitantes, en formulant pour elles des buts concrets de combat, en les incitant à lutter pour réclamer leurs besoins vitaux, comment il faut mener la bataille et qui, par là, leur révèle la traîtrise de tous les partis non communistes. C’est seulement à condition de se mettre à la tête du prolétariat dans tous ses combats, que les partis communistes peuvent gagner effectivement les grandes masses prolétariennes à la lutte pour la dictature.

     « Toute l’agitation et la propagande, toute l’action du Parti Communiste doivent être pénétrées de ce sentiment que, sur le terrain du capitalisme, aucune amélioration durable de la situation de la masse du prolétariat n’est possible ; que seul le renversement de la bourgeoisie et la destruction de l’État capitaliste permettront de travailler à améliorer la situation de la classe ouvrière et à restaurer l’économie nationale ruinée par le capitalisme. »

     L’enracinement de cette conscience, en fait la prise de conscience de classe se pose par rapport à une situation concrète, la situation objective du prolétariat métropolitain, ce qui veut dire : quarante années de lavage de cerveau collectif au point de vue politique et idéologique, ce qui a pour conséquence un abandon quasi total de la politique marxiste, un encadrement social bourgeois achevé de la classe ouvrière par les structures réformistes de coercition (syndicats, partis réformistes, etc...) et le pouvoir d’une bourgeoisie dont les appareils militaires de domination ont atteint une puissance et une efficacité rares.

     De ces trois constats, c’est clairement le premier qui sera pour nous le plus difficile à renverser, alors que pourtant les conditions exigeant ce retour à la politique marxiste révolutionnaire n’ont jamais été réunies de telle manière. La faillite générale (la quantième ?) des luttes réformistes induit pour le mouvement révolutionnaire d’agir de tout son poids pour les extirper du monde du travail.

     La tendance à la guerre impérialiste et l’incapacité du mouvement pacifiste à y répondre, la restructuration du capital et l’appauvrissement des masses où le mouvement syndical révèle son incapacité et sa Kollaboration 4 imposent enfin la possibilité et la nécessité d’une politique révolutionnaire dans ce pays comme dans toutes les métropoles impérialistes.

     La transformation des défaites réformistes en ouverture d’une politique révolutionnaire n’est certes pas garantie parce que seules les conditions s’y prêtent... et c’est là qu’interviennent, entre autres, les Cellules Communistes Combattantes et la phase de propagande armée de notre politique. Pour éviter que la crise du mouvement réformiste (syndical ou pacifiste) n’aboutisse à ses objectifs, le désespoir et la résignation dans la misère sociale et la boucherie impérialiste, il nous faut démontrer, pour schématiser à l’extrême, que battre l’ennemi de classe est possible.

     C’est dans ce sens que nous avons mené une attaque, certes limitée, de désarticulation des pouvoirs bourgeois. Mais notre offensive ne servira à rien si le développement politique et organisationnel du prolétariat à travers ses avant-gardes ne fait pas un pas suffisant sur la voie de la politique révolutionnaire. Car la bourgeoisie, elle, tire les leçons de notre offensive et s’organise encore plus agressivement, développe son dispositif répressif. Pour schématiser encore, nous pourrions dire qu’il faut que le développement de la tendance à la révolution soit plus fort, plus rapide et plus puissant que le développement de la contre-révolution. À ce propos, ouvrons une parenthèse sur un point que nous développerons ultérieurement. Le renforcement de la répression du pouvoir bourgeois a toujours été, en tout lieu et en tout temps, lié au développement de l’offensive prolétarienne dans la guerre des classes. Comme le disait Karl Marx : « Le progrès révolutionnaire n’avance pas sur les tragi-comiques conquêtes immédiates, mais, au contraire, en faisant surgir une contre-révolution serrée, puissante, en faisant surgir un adversaire et c’est seulement en le combattant que le Parti de l’insurrection atteint la maturité d’un vrai Parti révolutionnaire. » Et aussi Mao Tsé-toung : « Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre nous et l’ennemi. » Le développement de la répression est une phase de la lutte incontournable, la question alors n’est pas de le souhaiter ou de vouloir l’éviter, à chaque progrès du mouvement révolutionnaire correspondra un raidissement de la bourgeoisie et une contre-attaque proportionnelle de ses sbires et mercenaires pour tenter de contrer ce progrès. Pour les révolutionnaires, la question se pose alors de faire mieux encore pour qu’au point critique de la confrontation, au moment de la guerre civile, le prolétariat sorte vainqueur — définitivement — de la confrontation.

     Nous disions plus haut que l’offensive conclue aujourd’hui se définissait dans le cadre de la propagande armée, pour la prise de conscience de la possibilité de victoire sur la bourgeoisie par les travailleurs de ce pays et de ce continent. Il s’agit donc principalement d’un travail POLITIQUE, primant sur la désarticulation immédiate et effective du régime bourgeois. La désarticulation ébauchée par notre offensive garde donc un caractère démonstratif (bien que réel) dont la puissance résidera dans l’assimilation par les travailleurs et les militants de ce pays des principes politiques, stratégiques et tactiques du marxisme-léninisme. Il s’agit d’un travail à moyen terme et qui n’est PAS QUANTIFIABLE IMMÉDIATEMENT. Personne, et certainement pas les pisse-copies bourgeois ne peut à présent dresser tel ou tel bilan définitif quant aux résultats fondamentaux de notre offensive.

     Mais par contre, si l’heure n’est pas à un « bilan », quelques faits doivent être soulignés : l’échec total de la Kollaboration espérée par Gol et ses complices. Malgré un grand battage publicitaire (« nous sommes tous menacés par le "terrorisme" », « notre démocratie est en danger », photo géante de « témoin/suspect »...) il doit venir pleurnicher dans les medias en espérant « que les populations se préoccupent plus du "terrorisme" que des mesures organisées contre lui » ! Quel aveu de la part de ce porc qui par sa politique gouvernementale de gestion de la crise du capital a jeté des milliers de travailleurs à la rue, a liquidé les services sociaux et les services publics, quel aveu de son impuissance à nous isoler des travailleurs !

     Les Cellules Communistes Combattantes assumeront leurs tâches dans le processus révolutionnaire, mais il ne peut être question que nous composions une sorte de « bras armé » du prolétariat ou du mouvement militant. Car c’est dans une optique qualitative que tous les militants sincères doivent se poser la question de la primauté de la pratique. Lénine dit : « L’idée qu’une révolution puisse être faite seulement par les révolutionnaires est l’erreur la plus grande et la plus dangereuse pour des communistes. Une avant-garde ne s’acquitte de sa tâche que lorsqu’elle s’avère capable d’éviter la coupure avec les masses qu’elle conduit et quand elle est réellement capable de mener en avant toute la masse. » Cela impose que la question de la pratique révolutionnaire soit présente dans tous les débats, pour tous les militants sincères, car comme l’écrivait la Fraction Armée Rouge en 1982 : « Il ne s’agit pas de morale, de zèle, de performance. Il s’agit, à partir de la décision de mener cette lutte, de concevoir en toute connaissance de cause comment briser effectivement le système ici, et de se déterminer soi-même en fonction de cela. »

     Le deuxième point que nous voulons aborder maintenant est celui de la violence révolutionnaire dans l’exécution de l’ennemi et de ses agents.

     Dans le communiqué de l’action contre Litton, nous avons précisé l’importance que nous accordions à la responsabilité qui incombe à ceux qui mènent la lutte politico-militaire. Nous avons donc souligné que nous mettrions tout en œuvre pour que nos attaques se réalisent avec le plus grand discernement, la plus grande sélectivité : « Les actions de la guérilla révolutionnaire ne sont jamais dirigées contre le peuple, mais toujours contre les ennemis du peuple, les exploiteurs bourgeois et leurs alliés. » Cela, malgré quinze années de désinformation systématique par les médias bourgeois, les communistes combattants ont su, par la justesse de leurs objectifs et de leurs pratiques, le faire comprendre à l’ensemble des populations. Qui enlève ou exécute les juges, les généraux de l’O.T.A.N., les patrons des patrons, les chefs de gouvernements réactionnaires ? Les communistes ! Qui place des bombes dans les gares, dans les marchés, qui tire sur les grévistes ? Les fascistes, les services secrets, l’armée et la gendarmerie ! Voilà ce que sait très bien la population qui vit dans ce pays, et c’est pour cela qu’elle n’est pas « traumatisée », qu’il n’y a aucune « psychose » de la violence révolutionnaire suite à notre campagne anti-impérialiste. Les travailleurs et les travailleuses dans ce pays savent — parce que nous leur avons démontré concrètement — que les communistes combattants sont à leur côté et qu’ils n’ont rien à craindre de nos pratiques militaires ! Mais par contre, ils et elles vivent aujourd’hui concrètement le terrorisme du capitalisme et sont très inquiets quant à l’avenir que leur mijote la mafia gouvernementale.

     Cette position politique tellement claire a pourtant été déformée et ainsi, parfois incomprise. Nous savons que dans beaucoup de discussions, dans beaucoup de débats, dans la parole quotidienne des échanges sociaux, est mis en avant le fait que nos attaques se sont jusqu’à ce matin limitées à des institutions, des installations du pouvoir bourgeois (le béton impérialiste), sans jamais « faire couler le sang », c’est-à-dire sans blesser ou tuer d’ennemis. Il est exact que c’est ainsi que cela s’est passé, mais il est inexact de penser que cela correspond à un point de vue politique. Cette position humaniste de la petite bourgeoisie n’a rien à voir avec la violence révolutionnaire.

     Puisqu’aujourd’hui, la qualité du choix de notre objectif, et notre détermination d’y porter l’attaque impliquent la possibilité de blesser ou de tuer des miltaires U.S. et leurs complices, nous devons nous expliquer pour que le capital de sympathie qui nous était acquis sur une base politique réformiste se transforme, par la critique, en force pour l’avenir.

     La qualité de l’objectif : ici l’organisme se chargeant des contrats du Pentagone pour le Benelux 5 ou la police des forces armées U.S. (placée directement sous le contrôle du secrétariat d’état à la défense) et les services d’appui des grands centres de l’O.T.A.N., correspond à la qualité que nous voulions donner à la dernière opération de notre campagne. Et cette même qualité correspond pour l’ennemi à une protection militaire permanente, de jour comme de nuit, sept jours sur sept. Notre décision est donc : nous anéantirons cette protection si elle s’oppose à notre action, elle sera exécutée dans l’explosion si elle ne déserte pas immédiatement son poste. La « vie humaine » n’est pas un absolu en soi, une valeur mystique, elle ne revêt pour nous aucun caractère sacré. Ceux qui de leur existence biologique se font les rouages d’un système de mort sont appelés à disparaître dans la lutte pour la vie. Ce que nous savons, nous prolétaires, c’est que la vie que nous revendiquons est aujourd’hui écrasée et massacrée par la dictature bourgeoise, et que nous ne la libérerons que par l’écrasement définitif de cette classe et de ses mercenaires.

     À la mort au quotidien, à la misère des peuples soumis aux profits d’une clique de nantis, nous opposerons, pour triompher, l’humanité de la violence rouge la plus radicale, sans aucun compromis, sans aucune hésitation.

     Il n’y a pas d’existence humaine qui échappe à une position objective de classe, et qui par là ne se positionne, soit dans le passé appelé à disparaître soit dans l’avenir de l’humanité.

     NOUS VAINCRONS.

     « Un geste ne vaut que par la fin poursuivie et le résultat obtenu. De façon voilée ou masquée, en a besoin contre nous, peuple du travail, de la peine de mort d’usage immémoriaL Nous en avons besoin, nous aussi, pour que cela finisse ! Le meurtre fermera le cycle du meurtre, car on ne sort de la guerre que par la victoire, car il n’est permis qu’aux vainqueurs d’être libérateurs — s’étant libérés. Dans la guerre des classes, pareille à l’autre, mais dépouillée des hypocrisies, l’humanité la plus grande s’allie à la force la plus décisive. Il faut que la classe qui veut bâtir un monde nouveau, à jamais nettoyé des machines à tuer, tue dans les batailles pour ne pas être tuée. » (Victor Serge.)

     « CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE ! »

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. Pégard est une usine du sud du pays (Andenne) spécialisée dans les machines-outils de haute technologie ; sa faillite fut précipitée par l’interdiction faite par l’O.T.A.N. (via le COCOM) d’honorer une commande d’aléseuses-fraiseuses à destination de l’U.R.S.S. Le secrétaire d’État U.S., Caspar Weinberger, joua un rôle déterminant dans cette triste affaire.

     2. À l’automne ‘84, le premier-ministre Martens et le ministre des aftaires étrangères Tindemans se sont rendus aux États-Unis afin d’« exprimer les positions du gouvernement belge en matière de défense nationale et à propos de quelques questions économiques... », ils en sont revenus plus discrets qu’ils y étaient partis, c’est-à-dire accompagnés par les 32 premiers missiles U.S. et sans le chèque de compensation espéré (pour la fermeture de Pégard).

     3. IIIe congrès du Komintern.

     4. Cette orthographe avec un « K » fait référence à la collaboration en faveur des nazis durant les années 40/44, Cette référence se reproduira souvent dans les communiqués suivants.

     5. Association économique née après la seconde guerre et regroupant, comme sont nom l’indique, la Belgique, les Pays-Bas, et le Grand Duché du Luxembourg.

 

* * *

 

NOUS DÉTRUISONS LE SIÈGE DU PATRONAT
(1er mai 1985)

 

Action contre la Fédération des Entreprises de Belgique (F.E.B./V.B.O.).
Bruxelles, le 1er mai 1985.

     Travailleurs, Travailleuses, Camarades,

     Les Cellules Communistes Combattantes vous saluent en cette jounée du Premier Mai.

     Le 1er mai, cette année, est placé sous le signe du combat. À travers tout le pays des ouvriers sont en grève contre les licenciements, les fermetures ou les restructurations

     Camarades, ce matin les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit le repaire des exploiteurs : nous avons attaqué et détruit le siège de la Fédération des Entreprises de Belgique, à Bruxelles.

     Le patronat et ses larbins gouvernementaux de Martens 5 comprendront qu’un vent révolutionnaire se lève et qu’ils ne pourront l’arrêter. C’est l’espoir de la révolution qui souffle des usines, des bureaux de pointage, pour balayer la misère de tous les jours !

     Les travailleurs et les travailleuses, tous unis, ne veulent plus de la misère et disent non à la guerre que l’O.T.A.N. nous prépare.

     L’exploitation de notre travail par les requins de la bourgeoisie dure depuis trop longtemps ! Unissons-nous à travers tout le pays, hommes et femmes, belges ou immigrés, notre cause est unique : c’est la cause des exploités, la cause du prolétariat, c’est la cause des peuples !

     Nous sommes le parti de la révolution sociale, reprenons le Drapeau Rouge du mouvement ouvrier, le Drapeau Rouge de notre combat, arrachons-le des mains de ceux qui nous trahissent et portons-le, bien haut, jusqu’à la victoire !

     Combattons pour la révolution sociale, pour l’avenir de l’humanité, pour le communisme, tout le pouvoir aux travailleurs !

     Camarades, les Cellules Communistes Combattantes sont à vos côtés. La violence révolutionnaire est l’arme des opprimés, c’est l’arme de la conscience de la classe ouvrière, organisons-nous et frappons sans relâche !

     Construisons l’Organisation Combattante des Prolétaires guidée par le marxisme-léninisme !

     Vive le 1er mai des travailleurs et des travailleuses du monde entier !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

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« Documents du Premier Mai » :

À propos de la lutte armée.

     1. Ce serait un euphémisme de dire que l’apparition d’une pratique de guérilla révolutionnaire a provoqué des remous dans le train-train misérable de la lutte politique dans notre pays. À première vue, en pourrait penser que ce remue-ménage repose sur le seul fait que la pratique des Cellules Communistes Combattantes, pratique offensive politico-militaire, bouleverse les habitudes kollaborationnistes des organisations issues de la lutte des classes. En effet, ce qui apparaît d’une étude superficielle, et qui semblerait nous différencier fondamentalement des autres groupes, organisations ou partis réformistes, tient dans notre pratique de la lutte armée.

     Cette réduction simpliste de ce qui sépare la lutte révolutionnaire des fossiles réformistes est erronée. Les Cellules Communistes Combattantes ne se différencient pas fondamentalement du reste de l’éventail politique par la lutte armée, mais surtout par leur direction marxiste-léniniste authentique, leurs perspectives réellement révolutionnaires. La lutte armée s’est imposée par l’analyse politique, et c’est sur cette analyse que se construiront de façon durable l’unité, les progrès collectifs, la mobilisation du prolétariat.

     Nous avons déjà ressenti beaucoup de sympathie et beaucoup de haine sur cette vision floue de notre lutte ramenée uniquement à sa pratique armée. Et nous nous méfions tout autant de la fragilité des sympathies reposant sur cette caractéristique que nous en connaissons l’éphémèrité. Nous nous proposons d’expliquer, une première fois dans ce texte, la détermination politique qui motive l’option stratégique fondamentale de la lutte armée, ses origines et ses perspectives, son adéquation tactique, etc

     2. Il s’impose, pour mener une analyse correcte déterminant tel ou tel choix stratégique, de se référer aux tâches fondamentales des révolutionnaires. Une chose oubliée depuis longtemps par tous ceux qui, dans la quiétude de leur intégration, usurpent et dénaturent cette tâche, est celle-ci : la tâche des révolutionnaires est de faire la révolution 1. Et globalement, cela se traduit à travers deux grands axes. Le premier, et celui qui est capital en cette période de renaissance du mouvement révolutionnaire international, est une tâche politique. C’est la lutte pour l’émergence et l’élargissement de la conscience de classe. La conscience de classe, cela veut dire une analyse collective des travailleurs sur leur situation dans le cadre du mode de production capitaliste, sur les contradictions des classes au sein de ce système, sur les perspectives historiques du devenir du prolétariat, sur les moyens politico-organisationnels à mettre en œuvre pour renverser la bourgeoisie. Cette conscience de classe est la base idéologique où peut s’affirmer la direction marxiste-léniniste, dans un mouvement de progrès et de qualité se nourrissant dans un équilibre offensif.

     Une analyse matérialiste de la classe prolétarienne, de sa situation objective et de son devenir, dans une vision internationaliste, pose, en effet, un grand nombre de questions, auxquelles seul le marxisme-léninisme permet de répondre. Par exemple, de quelle Organisation la classe ouvrière doit-elle se doter pour vaincre, quelle est la nature de l’État sous la dictature bourgeoise, quelles sont les perspectives aujourd’hui pour le combat de classe, pourquoi se battre pour la dictature du prolétariat, etc...

     Ce travail politique, fait de propagande, de discussions, d’élaborations théoriques, politiques et stratégiques, de bilans critiques et éducatifs des expériences du passé et du présent, de conscientisation, ne peut vivre qu’au sein de la lutte de classe. La conscience ne peut naître que dans le combat et renforce le combat dans un rapport dialectique. Voilà pourquoi cette tâche politique prioritaire doit être comprise, non comme l’absolu mystique des porteurs de la bonne parole, mais comme un élément central et décisif pour le développement du processus révolutionnaire dans la marche vers le socialisme.

     3. La seconde des tâches fondamentales, indissociable de la première, est de mener le travail organisationnel. Cela veut dire organiser et unifier les potentialités sans cesse croissantes de l’émergence de la conscience de classe et les manifestations de lutte spontanée sous la direction du marxisme-léninisme, afin d’en faire une véritable force révolutionnaire historique.

     Nous reviendrons sur les caractéristiques du travail organisationnel, mais nous voulons souligner que si nous avons placé cette tâche en second lieu — bien qu’indissociable —, c’est parce que pour nous, comme pour l’ensemble du mouvement communiste international, la critique de 15 ans de lutte armée dans les métropoles révèle des lacunes certaines dans la direction politique et qu’il s’impose impérativement de les combler. Nous disons aussi que le politique étant l’élément déterminant de l’unification de classe, dans la conjoncture actuelle, après 40 années de révisionnisme, il s’impose de mener un grand travail pour réimplanter le marxisme révolutionnaire au sein du prolétariat.

     4. Tout travail politique doit se concevoir à partir de la situation concrète. Seule une vision claire et précise, à partir d’un point de vue de classe, permet de définir les axes prioritaires pour ce travail, les vides à combler, les réponses à apporter, les erreurs à combattre... Partir de la situation concrète signifie aussi que, pour optimaliser ce travail politique, il doit être adapté et modulé en fonction du terrain où il se mène. Le travail politique doit apporter des réponses globales et historiques en partant des situations concrètes de lutte, il doit partir du particulier de chaque lutte pour rejoindre le général du combat révolutionnaire.

     5. Actuellement, et dans ce pays comme dans d’autres, la bourgeoisie et le prolétariat s’affrontent sur deux terrains fondamentaux : la lutte contre l’austérité et la lutte contre la guerre. C’est au sein de ces deux affrontements que se trouve, aujourd’hui, concentré le conflit de classes.

     Dans chacun de ces espaces de lutte, une ou plusieurs contradictions irréductibles opposent totalement les exploités et les exploiteurs, et dans chacun de ces cas, l’impossibilité de trouver un règlement négocié avec la bourgeoisie induit une opposition de plus en plus globale, nécessairement de plus en plus politique, au mode de production capitaliste. Enfin, face à ces deux nœuds de l’antagonisme, les organisations réformistes et kollaborationnistes (P.C., P.S., syndicats et mouvement de la paix, par ex.), ont perdu tout crédit quant à leur volonté et leur capacité de faire face à la situation.

     Au regard de cela, nous pouvons dire que la conjoncture est historiquement propice à l’implantation et au développement d’un fort mouvement révolutionnaire, si la direction politique des avant-gardes de ce mouvement est capable de comprendre les potentialités et les exigences de cette conjoncture et de remplir son devoir face à elles.

     C’est donc au sein des deux champs où s’affrontent la bourgeoisie et le prolétariat pour le devenir historique que les Cellules Communistes Combattantes fondent leur politique.

     6. Il existe pourtant bien d’autres terrains de mobilisation à partir desquels s’expriment le mécontentement populaire et sa volonté d’un monde moins injuste. Citons par exemple, les luttes contre les fastes onéreux pour l’incursion de Wojtyla 2, la famine en Ethiopie, la pénalisation de l’avortement 3, l’anarchique développement des industries nucléaires, la dégradation de l’environnement, les interventions U.S. en Amérique latine, etc..., etc...

     Mais, même s’il est vrai que ces revendications sont fondamentalement légitimes, elles ont un caractère réformiste, donc secondaire, et ne peuvent être prises en considération comme contradictions à partir desquelles existe la possibilité d’homogénéisation politique et organisationnelle de la classe ouvrière. Les luttes réformistes ne s’opposent pas de façon antagonique au développement du capitalisme, elles visent généralement à son aménagement et ne visent jamais à sa destruction, ce qui explique aussi pourquoi ces luttes sont presque toujours dirigées par la petite-bourgeoisie intellectuelle, dont le rôle historique en cette époque est d’être la courroie de transmission de l’idéologie bourgeoise vers les masses.

     Pour résumer, nous pouvons dire que les luttes réformistes sont l’expression de contradictions objectives entre la société et l’impérialisme, et que dans ce sens les révolutionnaires doivent y répondre. Mais elles n’ont en aucun cas la potentialité globalisante, l’irréductibilité historique qui définissent la lutte contre l’austérité et la lutte contre la guerre (même si aujourd’hui l’organisation des masses sur ces questions est aux mains de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie).

     7. Dans cette compréhension des choses, quel doit être l’axe principal du travail politique ? Il faut développer la compréhension de la globalité recouvrant tous les problèmes auxquels notre classe est confrontée, c’est-à-dire développer la compréhension de l’impérialisme comme stade suprême du mode de production capitaliste, de la lutte des classes comme moteur de l’histoire, de la nécessité de la destruction du mode de production capitaliste et de la construction de l’État Ouvrier, du socialisme comme seule réponse à nos problèmes.

     Pour les Cellules, comme pour tout révolutionnaire conséquent, il s’agit donc de mettre en avant l’unité objective des intérêts de la classe prolétarienne, et sur cette base, tracer les perspectives concrètes de la marche vers le socialisme.

     Toute l’activité des Cellules Communistes Combattantes tend en ce sens, en reliant les mouvements anti-austérité et anti-guerre en un unique mouvement de classe contre le capitalisme fauteur de crises et de guerres, en reliant chaque partie de l’ensemble dans la lutte pour le socialisme.

     8. Comme nous le soulignions plus haut, tout développement politique impose un développement organisationnel. Aujourd’hui, à l’heure où les effets de la crise et la mémoire de la classe ouvrière nourrissent une tendance à la conscientisation des travailleurs, où s’impose l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire de masses pour la prise du pouvoir, où l’impérialisme a réalisé une prolétarisation de l’ensemble du monde du travail, la création et la structuration d’une Organisation de l’avant-garde de tous les secteurs est d’actualité.

     L’outil politique et militaire adéquat pour la formalisation et l’optimalisation des potentialités et exigences de la conjoncture, cet outil dont la nécessité se fait ressentir de plus en plus gravement dans toutes les luttes ouvrières, est l’Organisation Combattante des Prolétaires.

     La construction de cette Organisation est le premier grand pas historique à franchir, et le combat des Cellules Communistes Combattantes en sera un des éléments constitutifs.

     9. La tâche de cette Organisation, de cette forme organisée de la classe prolétarienne et de sa lutte, est de diriger politiquement le mouvement de la classe. Cette fonction est rendue indispensable en ce que seule l’Organisation déjà guidée par les enseignements du socialisme scientifique est à même d’appréhender la totalité du mouvement de classe et de l’organiser correctement dès l’expression d’une radicalisation de l’antagonisme. L’Organisation trouve sa légitimité dans le combat prolétarien et se révèle indispensable à son développement, elle se concrétise dans l’unification disciplinée des éléments d’avant-garde et combatifs sous la direction du marxisme-léninisme. La conjonction de ces deux facteurs est indispensable et peut permettre à l’Organisation de restituer au combat des masses une direction juste et révolutionnaire qui, de la radicalisation de l’affrontement et du développement des forces prolétariennes, imposera et autorisera la fondation du Parti Communiste Combattant, dont le grandiose rôle sera de mener le prolétariat à sa dictature de classe.

     10. Le saut qualitatif et quantitatif, incontournablement que constitue, pour le mouvement de classe, la fondation légitime de l’Organisation ne peut donc être que produit et reflet du développement qualitatif — et quantitatif — de ses forces propres. Concrètement, cela se traduira sur le terrain par une direction ouvrière marxiste-léniniste, l’organisation de multiples cellules clandestines dans les usines, les services publics, les bureaux de chômage, les comités militants contre la guerre, le monde syndical (sa base !), etc...

     Ce travail organisationnel sera — comme il l’est déjà pour nous aujourd’hui — clandestin, mais il nous faut, ici, expliquer ce que nous entendons par cette clandestïnisation. Il s’agit d’une clandestinité de masse au sein des masses. Il s’agit de la clandestinisation de l’activité révolutionnaire et non des militants révolutionnaires. Les militants doivent rester au sein du monde du travail, de l’univers social du prolétariat, mais doivent couvrir — avec anticipation leurs activités militantes au sein de l’Organisation d’une discrétion imposée par le degré de répression que la bourgeoisie engage contre le degré de développement révolutionnaire.

     La répression menée par les mercenaires de la bourgeoisie est inévitable quand l’Organisation prolétarienne développe une politique vraiment révolutionnaire, c’est-à-dire s’organisant en fonction de la destruction de l’État bourgeois et de la construction de l’État ouvrier, de la destruction du mode de production capitaliste et de la construction du socialisme, de l’anéantissement de l’armée bourgeoise et de l’autorité de l’Armée Rouge... Tant la direction politique que la clandestinisation de masses imposent une discipline collective rigoureuse et sans la moindre faille, ce qui heurtera plus d’un démocrate ou d’un libertaire, mais qui indique objectivement la confiance et l’engagement révolutionnaires sérieux.

     11. Par quelles voies les avant-gardes révolutionnaires peuvent-elles remplir ce travail politique et organisationnel et ainsi prétendre à leur légitimité dans cette responsabilité —, par quels chemins le mouvement de masses peut-il s’homogénéiser et progresser dans l’optique révolutionnaire ? Nous devons, dès maintenant, mettre en avant les options stratégiques fondamentales qui peuvent guider le mouvement de masses sous la direction marxiste-léniniste. Pour les Cellules Communistes Combattantes, l’analyse matérialiste historique impose, comme option stratégique majeure et non-différable aujourd’hui, la lutte armée, qui seule permettra le développement qualitatif et quantitatif du combat de classe pour le communisme.

     12. Un préalable de prudence est nécessaire quant à ce point. Si nous disons que la lutte armée est l’option stratégique majeure aujourd’hui, quelle est notre position quant aux autres formes de lutte développées par les travailleurs ? Nous répondons que tout ce qui contribue au renforcement du processus révolutionnaire, à la pénétration croissante des théories du socialisme scientifique dans le monde du travail, à l’unité sans cesse plus combative du prolétariat... est correct, même si la forme de lutte n’est pas armée. Il ne s’agit certainement pas pour nous de considérer le fusil comme un gage de correction, mais l’exercice de la violence armée révolutionnaire comme particulièrement adaptée et conséquente au combat pour le communisme aujourd’hui.

     13. Il doit être clair que ce rôle de plus en plus central que joue la lutte armée dans le processus révolutionnaire repose, dans sa qualité offensive, sur l’évolution de plus en plus absolue de la dictature du capital qui a réduit bon nombre de recettes de lutte « participative » à l’inutilité ou pire. « Aujourd’hui que le capitalisme monopoliste triomphe, et que par sa mondialisation il fait de l’impérialisme sa forme hégémonique du mode de production capitaliste, l’État voit sa fusion avec le Capital s’accentuer, il devient fonction directe du capital et celui-ci envahit la totalité des instances de la vie humaine ; cela porte comme conséquence une extension maximale de l’aliénation et de la réification, ainsi qu’une fusion grandissante de toutes les superstructures : appareils répressifs et de contrôle, culture, idéologie, communication, morcellement/articulation des fonctions sociales. Ce qui fait que toute participation, même tactique, au fonctionnement d’État par le biais des institutions et des mécanismes « démocratiques » conduit au renforcement de ce fonctionnement, donc au pouvoir de la bourgeoisie, et qu’il devient totalement irréaliste étant donné l’homogénéité et la puissance des appareils idéologiques, politiques, militaires, économiques —, de penser promouvoir une conscientisation des masses prolétaires en vue du renversement du pouvoir d’État par les moyens traditionnels de la lutte politique pacifiste, le pouvoir du Capital et de ses institutions étant beaucoup trop puissant pour permettre d’envisager une concurrence parvenant à établir un équilibre du rapport des forces dans ce domaine 4. »

     14. Une des valeurs intrinsèques de l’action armée (celle sur laquelle on s’arrête trop souvent) et qu’elle est destruction immédiate, concrète, des instances de domination et de pouvoir bourgeois. Il est vrai que la mise hors fonction de rouages essentiels du pouvoir bourgeois permet clairement de tracer une ligne de démarcation bien nette entre l’ennemi et nous.

     15. Mais nous pensons qu’aujourd’hui une autre valeur est à mettre en avant. L’action armée renforce et stimule la conscience de la classe ouvrière en ce qu’elle peut être porteuse de victoires (même partielles). Pour la première fois depuis trop d’années, ce ne sont plus nous, travailleurs et militants qui en prenons plein la gueule, mais bien la bourgeoisie qui subit défaite sur défaite. Même si l’on peut penser que ces victoires sont éphémères dans les faits, après des années de trahisons, de défaites, de « manifs » matraquées, de prison, d’occupations d’ateliers ou d’usines sans espoir, de privations pendant les grèves où nous n’avons rien gagné, et le tout sous le regard méprisant des princes qui gouvernent, la moindre victoire compte, en ce qu’elle apprend comment elle fut gagnée, et qu’elle ouvre la porte à des lendemains de combat victorieux.

     16. La lutte armée pour le communisme est un vecteur de propagande particulièrement efficace quand elle est menée correctement. Cette force réside dans ce qu’elle porte de rupture avec le cirque démocratique dont la bourgeoisie rédige le programme, dans ce qu’elle est destruction objective chez l’ennemi, dans ce qu’elle témoigne la réalité, même encore limitée, de forces prolétariennes organisées pour la lutte de classe, et dans ce qu’elle est irrécupérable par les idéologues appointés de la bourgeoisie : « les faits sont têtus ! »

     17. De plus, la pratique de la lutte armée, en ce qu’elle est rupture révolutionnaire, anticipe et prépare les phases futures du mouvement révolutionnaire, l’insurrection pour la prise du pouvoir par le prolétariat, la guerre civile pour l’élimination de la bourgeoisie et ses agents. Le mouvement de classe, trempé dans la lutte de guérilla, arrivera aux échéances décisives de son histoire avec l’expérience et l’organisation, les forces réelles de maturité politique, organisationnelle, et même subjective absolument nécessaires.

     18. La lutte armée pour le communisme permet enfin de démasquer par les faits tous les traîtres au mouvement ouvrier, tous ceux qui ne manquent pas de rejoindre la bourgeoisie et de dénoncer les révolutionnaires quand l’orage s’annonce ! La lutte armée a un caractère d’anticipation concrète du pouvoir ouvrier, elle démasque les politiques de kollaboration et d’intégration des traîtres syndicaux et réformistes.

     19. Et surtout, la lutte armée exprime la pratique d’un véritable Internationalisme Prolétarien, car, à l’époque où le mode de production capitaliste a mondialisé sa domination, à l’époque de l’impérialisme, une unité de plus en plus grande s’impose entre les avant-gardes et les masses des pays dominés et des métropoles. Cette unité, face à un ennemi commun, se réalise dans le combat révolutionnaire et impose d’attaquer l’ennemi sur tous les fronts. À l’heure où tant de peuples du monde combattent la bête les armes à la main, les révolutionnaires dans les métropoles se doivent d’attaquer les arrières de la machine impérialiste avec la même détermination.

     20. En résumé, la lutte armée pour le communisme est : destruction dans le camp de la bourgeoisie, démonstration et confiance dans la capacité de vaincre, instrument de propagande, révélation d’une position et de la pratique objective de classe, possibilité de progrès, d’évolution, perspectives pour le prolétariat, démarche internationaliste.

     21. Depuis Marx et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les communistes conséquents défendaient la thèse de la prise du pouvoir par la classe ouvrièrè en un temps très bref, sous la forme d’une insurrection. Le triomphe de la Révolution d’Octobre à l’appui, cette thèse fut au centre de la conception de la Troisième Internationale (Komintern), selon laquelle le rôle des Partis Communistes était de développer une politique de conscientisation et d’organisation des masses en fonction de cette échéance, et cela, légalement ou « paralégalement ».

     La faillite des partis « communistes » organisés sur cette thèse nous oblige à voir pourquoi les P.C.I., P.C.F., P.C.E., et les autres ont sombré, d’abord dans le révisionnisme, ensuite dans le plus imbécile des réformismes pour se muer en partis sociaux-démocrates.

     Cette thèse tenant l’insurrection pour des jours meilleurs, pour une échéance lointaine vis-à-vis de laquelle il fallait être « prêt » a, de fil en aiguille, d’année en année, amené ces partis à la perdre de vue et à en oublier la finalité de leur raison. L’hypertrophie du travail légal de « conscientisation » a fini par recouvrir la totalité des activités de ces partis, les amenant, poussés par un populisme anxieux, à ne plus se mouvoir que dans l’espace du légalisme bourgeois, c’est-à-dire à participer activement à son équilibre.

     Si, dès maintenant, on ne tient pas compte du but, c’est-à-dire de la prise du pouvoir par le prolétariat dans un processus de violence, et des échéances, si on ne tient pas compte de cela dans chacun de nos gestes, alors, de fait, cette échéance recule.

     Les « avant-gardes » de la classe ouvrière qui n’organisent pas tous leurs efforts en vue de la prise du pouvoir par les masses et de l’exercice de la violence révolutionnaire, deviennent rapidement des « arrières-gardes » sombrées dans le révisionnisme, le réformisme, la trahison.

     22. Si, politiquement, la conception limitée de la prise du pouvoir par l’insurrection, et son report à une échéance de plus en plus lointaine et idéale a ouvert la porte des partis ouvriers aux lignes bourgeoises et réformistes, aujourd’hui, de plus, elle a perdu toute actualité du point de vue militaire. L’écrasante puissance de l’impérialisme, son organisation politico-militaire transnationale de contre-insurrection (O.T.A.N.), sa vigilance permanente contre les initiatives révolutionnaires à travers la politique de « contre-révolution préventive », et l’impossibilité démontrée d’organiser un travail révolutionnaire dans le cadre légal de la dictature bourgeoise, obligent les communistes à réexaminer leurs options stratégiques.

     Car s’il est vrai que la première étape conséquente de la prise du pouvoir par la classe laborieuse reste l’insurrection violente de masses, la stratégie guidant les avant-gardes et les forces révolutionnaires à cette échéance ne peut pas être la seule préparation politique « légale » dans ce but.

     23. Voilà pourquoi, et dès maintenant, afin de fermer la porte au révisionnisme et à ses trahisons, afin d’organiser concrètement (politiquement et militairement) les travailleurs pour la confrontation finale avec les exploiteurs (qui depuis des années s’équipent en conséquence), la lutte révolutionnaire en général et la lutte armée en particulier doivent prendre la forme de la guerre populaire prolongée.

     24. Guerre, parce qu’il s’agit d’un rapport d’antagonisme total, sans aucun espace de médiation, sans qu’il n’y ait rien à partager entre les belligérants. La guerre des classes est un affrontement où l’existence d’une des parties dépend de la mort de l’autre. Dans cette situation, la violence la plus radicale des opprimés contre la bourgeoisie est l’expression de la plus grande humanité, la violence des mercenaires du capital contre les opprimés est l’expression de la plus grande bestialité, de la barbarie.

     25. Populaire, parce qu’elle sera tendanciellement le fait de couches de plus en plus larges du peuple. Cela pour deux raisons : en premier lieu, parce que ce sont les masses qui décident de l’histoire et non quelques groupes, même bien inspirés ; le processus révolutionnaire doit être porté par le mouvement des masses, doit traverser toutes les parties de la classe. En second lieu, car si la classe ouvrière, et tout particulièrement les ouvriers concentrés dans les grandes usines, est seule habilitée — de par sa place au sein de mode de production à mener à bien le processus révolutionnaire et la construction du socialisme, c’est aujourd’hui la grande majorité du peuple qui, regroupée autour de la classe ouvrière, a un intérêt objectif au renversement de la bourgeoisie.

     26. Prolongée, car en effet, à partir de l’étincelle minoritaire, même si elle est bien accueillie au sein des masses, de la guérilla révolutionnaire à l’insurrection populaire, il y a un long chemin, un long processus qui sera fait de défaites et de victoires. L’extrême développement du pouvoir bourgeois et sa puissance sur tous les plans, politique, militaire, idéologique, répressif, etc... dressent devant le mouvement révolutionnaire des montagnes qu’il faudra déplacer, ce qui requerra de nombreux progrès, de nombreux instruments qui restent encore aujourd’hui à construire ! Le processus de mobilisation et d’organisation politique des masses travailleuses ne se fera pas en quelques jours !

     27. Comment l’avant-garde politique révolutionnaire peut-elle mobiliser et organiser les masses vers le processus de guerre populaire prolongée ? Nous avons déjà vu que les avant-gardes politiques doivent, à tous moments, mettre l’accent sur la confrontation avec le pouvoir bourgeois, et mobiliser les travailleurs sur ce terrain. Nous avons également souligné l’adéquation de la pratique de lutte armée pour mener ce travail dans la conjoncture actuelle. Au point de rencontre de ces deux observations se trouve la tactique de la propagande armée. Qu’entendons-nous par ce terme ?

     28. Une action de propagande armée a un objectif « démonstratif », cela dans un but politique. Elle exige une destruction effective (donc non-symbolique) d’un rouage important du système bourgeois (ce rouage peut aussi bien être un bâtiment, du matériel, des cadres responsables...) sélectionné en fonction des secteurs de lutte que les masses se sont choisies, et en fonction des terrains d’affrontement historiquement déterminants.

     Cette attaque doit permettre un saut qualitatif dans le processus de conscientisation et de mobilisation des travailleurs, cela en élevant qualitativement le niveau de l’affrontement spontané, en unifiant les divers combats dans une pratique offensive et globalisante.

     29. Seul le développement de la pratique de propagande armée permettra aux mouvements anti-austérité et anti-guerre de redémarrer sur des bases justes et offensives, de critiquer les erreurs du passé, et de créer les instruments politiques et pratiques nécessaires à cette relance. La pratique de la propagande armée, telle que les Cellules Communistes Combattantes la mènent à travers nos attaques contre le militarisme impérialiste et les responsables de la crise, réalise l’unité de la classe ouvrière au sein d’une alternative nouvelle de combat : la lutte armée pour le communisme.

     30. Afin que la propagande armée atteigne tous les buts fixés, les Cellules ont choisi un mode de fonctionnement (non exclusif, l’action du 1er mai en témoigne) par campagne. Nous entendons par « campagne » une série d’opérations politico-militaires de propagande armée définies autour d’un thème central. Nous partons d’une contradiction réelle et concrète, pour réunir autour de son thème une série d’interventions qui relieront tel ou tel aspect spéficifique du secteur choisi et la stratégie globale de lutte armée pour le communisme.

     Ainsi, notre « première campagne anti-impérialiste », axée sur la question de la guerre impérialiste, liée à la question de l’implantation des missiles, s’est dirigée contre les industries d’armements, les partis bourgeois gouvernementaux, l’O.T.A.N. et l’A.B.L., et a pu tracer l’alternative politique révolutionnaire : contre la guerre impérialiste, la guerre civile !

     De plus, le fonctionnement par « campagne » permet de relier les aspects qui touchent directement au quotidien aux causes plus globales qui sont en définitive déterminantes. La campagne autorise aussi la démonstration de la puissance des principes tactiques de la guérilla, elle met en œuvre des moyens très variés de lutte (des jerrycan de mazout chez M.A.N. à la voiture piégée au S.H.A.P.E.) dont certains sont accessibles à ceux qui ont la détermination politique de se battre. Il n’y a pas d’actions « hautes » ou « basses », il n’y a que des actions correctes ou erronées !

     31. Il faut démystifier le combat armé en général. C’est pour cela que nous avons écrit le document « Réponses concrètes à des questions concrètes », et nous espérons qu’il y contribuera. Le problème de base est un problème politique, la décision de mener les actions de guérilla ne peut se prendre que sur des bases politiques claires et fermes, et alors les modalités techniques se résolvent selon les besoins et selon les capacités de chacun.

     Nous voulons rappeler, encore une fois, que notre première tâche est l’agitation et la propagande, qu’il est seulement important de véhiculer une ligne politique correcte, de l’ancrer profondément au sein des masses et qu’elle y provoque un écho, avant de penser à désarticuler effectivement l’ennemi.

     Nous ne sommes pas au stade où la priorité est de mettre hors combat le maximum de forces de la bourgeoisie ; aussi des actions de harcèlement peuvent-elles être menées avec des moyens réduits, contre des objectifs périphériques, si ces actions permettent une progression réelle du processus révolutionnaire.

     32. Assumer une position objective d’avant-garde est une chose, réaliser l’ensemble des possibilités offertes au mouvement révolutionnaire à partir de cette fonction, en est une autre, mais quoi qu’il en soit, l’unique tâche à laquelle les avant-gardes politiques doivent s’atteler est celle de faire progresser le mouvement de masses sur la voie du processus révolutionnaire. Cela impose de ne pas perdre de vue la liaison permanente entre les avant-gardes et les masses, que chaque mouvement, chaque aspiration des masses doivent se retrouver dans la politique d’avant-garde, et que celle-ci soit capable de restituer une perspective globalisante, unificatrice de classe sur une ligne marxiste-léniniste.

     33. Aujourd’hui, les Cellules Communistes Combattantes sont une force encore trop faible, une réalité sociale trop limitée que pour pouvoir appréhender la richesse du mouvement de classe dans ce pays. Des luttes, de nombreuses luttes ouvrières et militantes s’engagent chaque jour sans que nous puissions établir de liens constructifs, politiques et organisationnels avec elles.

     Il faut que tous les militants sincères assument eux-mêmes, sur les lieux de travail, une ligne et une pratique révolutionnaire. Il faut que dans chaque usine, dans chaque atelier, dans chaque lutte partielle, les camarades qui savent que les syndicats et les partis réformistes trahissent depuis toujours, s’engagent, sur une ligne marxiste-léniniste, à mener leur combat dans la perspective de la guerre populaire prolongée. Alors, nous nous rencontrerons, et de la force des luttes, de l’unification de mille Cellules Communistes Combattantes pourra enfin naître l’Organisation Combattante des Prolétaires. Mao Tsé-toung disait : « compter sur ses propres forces », et c’est dans cette perspective que la classe ouvrière, ses éléments d’avant-garde doivent aujourd’hui s’organiser.

     34. Il ne faut pas que le travail de propagande et d’agitation « classique » en disparaisse pour autant, au contraire ! Ce travail légal est toujours à mener avec tout le sérieux nécessaire afin que, tant que la bourgeoisie et ses flics nous laissent la moindre possibilité d’expression publique, nous l’exploitions pour populariser un maximum nos positions politiques. Fn cela, la lutte armée développée par l’Organisation de guérilla et le travail légal de popularisation de la ligne politique révolutionnaire, du marxisme-léninisme, sont en un étroit rapport dialectique.

     Ces deux luttes sont liées politiquement en ce qu’elles visent à la révolution sociale, elles doivent être à l’écoute l’une de l’autre, elles se nourrissent et se renforcent mutuellement. Ce lien politique doit être d’autant plus étroit qu’il est le seul qui peut lier l’espace d’agitation légal et la guérilla révolutionnaire. Un lien organisationnel ouvert entre la légalité et l’illégalité est hors de propos... ce que tout le monde comprend sans peine.

     35. Conclusions : en Octobre ‘84, les Cellules Communistes Combattantes ont ouvert une alternative radicale et offensive, authentiquement marxiste-léniniste, au sein de la guerre des classes. Dans une conjoncture militante réformiste, enlisée dans les défaites et la désorientation organisée par les directions infâmes des petits-bourgeois, nous avons bousculé les traîtres et ouvert la voie pour que se réalisent les mouvements de masses anti-austérité et anti-guerre. De ce petit pas que les Cellules ont fait, il faut que les camarades sincères et les travailleurs combatifs fassent un pas de géant ! Et un pas de géant vers l’avant en suivant une ligne politique et stratégique M-L : « Il y a deux méthodes que nous, les communistes, devons appliquer dans n’importe quel travail : l’une, c’est lier le général avec le particulier ; l’autre, c’est lier la direction avec les masses 5. » Cela est très simple à comprendre, il faut partir des situations concrètes et des luttes partielles (grèves, occupations, revendications militantes...) pour les élever à l’ensemble du problème, à la question du renversement de la dictature bourgeoise et du mode de production capitaliste, en ouvrant une alternative globale et historique capable d’y répondre. Ainsi s’impose de placer le marxisme-léninisme à la tête du mouvement de classe, en tant que ligne politique globale, en tant qu’arme concrétisée par la pratique des avant-gardes communistes organisées.

CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

Organisons-nous et frappons sans relâche !

EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. Précisons, pour que cette formule ne prête pas à une confusion politique, qu’il ne faut pas la comprendre dans le sens « la révolution est faite par les [seuls] révolutionnaires », mais bien dans le sens « les révolutionnaires doivent œuvrer concrètement pour que la révolution se fasse ». Les Cellules Communistes Combattantes ont d’ailleurs pris clairement position à ce sujet dans le communiqué de l’action contre un centre de l’O.T.A.N. le 15 janvier 85, en citant Lénine : « L’idée qu’une révolution puisse être faite par les seuls révolutionnaires est l’erreur la plus grande et la plus dangereuse pour les communistes ». (Note des militants prisonniers.)

     2. Allusion à la visite papale en Belgique en mai 85, à cette occasion des sommes énormes furent engagées par l’État.

     3. En Belgique, l’avortement est toujours illégal, des poursuites judiciaires sont encore régulièrement engagées contre des femmes et des médecins, mais sont de moins en moins suivies de condamnations.

     4. Collectif SUBVERSION, Revue no 1 « Contre la guerre impérialiste, vive la lutte armée pour le communisme ! ».

     5. Mao Tsé-toung : À propos des méthodes de direction.

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Annexe 1 :
Lettre ouverte aux militants de base de P.T.B. ... et aux autres.

     Dans le communiqué du 17 octobre 1984, suite à nos attaques contre les sièges des partis gouvernementaux, nous avions promis de nous adresser aux militants de base que des organisations révisionnistes et réformistes, telles par exemple le P.C.B. et P.T.B., trompent quotidiennement. En fait, et comme nous le laissions entendre à cette occasion, ce souci de clarification ne s’adresse pas exclusivement aux militants de ces deux principales organisations, mais plus largement aux militants de toutes celles qui, de près ou de loin, se revendiquent du marxisme, des théories du socialisme scientifique, de l’organisation de la lutte de classe, du combat pour le communisme.

     C’est évidemment l’ensemble de nos « Documents du Premier Mai » et des communiqués de notre première campagne qui leur est, en premier lieu, destiné. Ces documents sont soumis à leurs critiques, en même temps qu’ils sont la critique définitive des diverses lignes révisionnistes et réformistes qu’imposent les directions petites-bourgeoises de toutes les falsifications de « partis révolutionnaires ».

     Notre première campagne anti-impérialiste, débutée le 3 octobre ’84 et clôturée le 15 janvier ’85, a déjà, dans les faits, repoussé avec force ces diverses lignes, très ancrées en Belgique, vers les poubelles de l’Histoire.

     Nous savons que de nombreux camarades militants, avant-gardes ouvrières, se sont détournés avec honte et dégoût de leurs organisations soi-disant communistes face à notre combat. Ce mouvement ne pourra aller qu’en s’amplifiant. Mais, aujourd’hui, pour beaucoup d’autres camarades sincères, la prise de conscience de cette réalité est fort amère à accepter. Quand en a placé, des années durant, sa confiance et son militantisme dans une organisation, quand se sont créés des liens d’amitié et de solidarité dans les luttes syndicales et les épreuves, il est parfois difficile de remettre tout cela en cause, tant la crise fait mal, tant la désillusion et l’écœurement sont profonds.

     Les directions des partis révisionnistes et réformistes estiment très bien cette déchirure et tentent de l’exploiter comme des petits épiciers. C’est pour cette raison qu’elles se sont toutes, sans exception, lancées à corps perdu dans la plus veule des calomnies sur notre compte, dans le but d’éviter le débat politique, de nous exclure de la réalité contemporaine du combat de classe ici, de casser toute potentialité de développement d’un processus révolutionnaire dans ce pays.

     Cette misérable tentative contre la force de l’Histoire est impossible, perdue d’avance, et témoigne de la nature politique de ses auteurs.

     Aussi, cette lettre adressée aux militants de base de P.T.B., nous l’écrivons pour tous les camarades sincères, pour tous les militants combatifs et dévoués à la cause du prolétariat, et particulièrement pour tous ceux qui n’osent pas encore imaginer jusqu’à quel point leurs organisations les trahissent, les méprisent de la façon la plus abjecte.

     Puisqu’il est souvent plus explicite de démontrer l’esprit à partir des faits, nous allons nous pencher sur les nombreux articles qui, depuis le 10 octobre ’84 et dans le journal Solidaire, révèlent cette démarche de manipulation et expriment la position de la direction de P.T.B. à propos de notre combat, de la lutte armée pour le communisme.

     Mais pourquoi choisir Solidaire, quand nous savons déjà que P.T.B. sautera sur l’occasion pour renchérir : « Le véritable but de la C.I.A. derrière les C.C.C., détruire le P.T.B....» ? En premier lieu, parce qu’il l’a déjà écrit et continuera à le faire indépendamment de notre volonté, mais surtout pour d’autres raisons plus sérieuses.

     Il serait absurde de mettre dans le même sac le P.C.B., P.T.B., ou la constellation familiale des petites sectes de séminaristes aigris de l’« ultra-gauche », même si, politiquement, nous n’avons affaire qu’à des comédies contre-révolutionnaires.

     De la dégénérescence définitive du P.C.B. s’est imposé, pour les petits-bourgeois réformistes (et forts en gueule), d’organiser de nouvelles structures vierges capables d’intégrer les poussées les plus violentes de l’antagonisme de classes, non pas pour les organiser dans l’offensive pour la dictature du prolétariat, mais au contraire, afin qu’elles ne débouchent pas sur la question d’une stratégie authentiquement révolutionnaire, authentiquement marxiste-léniniste.

     Après de nombreux avatars tragi-comiques, P.T.B. pouvait espérer avoir réussi son coup, en s’imposant par une intempestive agitation opportuniste aux quelques dernières sectes fantomatiques. Ce qui nous intéresse, et que nous allons démontrer, est que ce rôle global de direction qu’assume P.T.B. dans l’encadrement et l’épuisement des éléments les plus combatifs du prolétariat l’a naturellement amené à prendre la direction de la kollaboration policière contre les Cellules Communistes Combattantes.

     Enliser toute la force de l’antagonisme dans les sables du réformisme, briser dans l’œuf toute émergence d’un combat révolutionnaire prolétarien sous la direction marxiste-léniniste, telle est la fonction historique objective de P.T.B. Se drapant avec le plus d’outrecuidance, d’hypocrisie et d’impudeur, dans la pensée et les enseignements des grands révolutionnaires pour en falsifier les contenus avec le plus d’ardeur, P.T.B. est le dernier garde-fou de la contre-révolution.

     Ce n’est donc pas une fixation particulière qui nous pousse à analyser la prose de P.T.B., mais le contenu de cette prose au service du dévoiement de sincères militants ouvriers. Il faut reconnaître que P.T.B. a laissé l’agitation des arrières-salles de bistrots aux « ultra-gauchistes », et répand son poison contre-révolutionnaire dans l’usine. Cela, pour nous, justifie aussi l’importance de cette réponse qui repose enfin, sur le fait que l’énormité abrutissante paraissant parfois, dans un premier temps, crédible face à une réalité dérangeante, des camarades égarés colportent encore les misérables ragots du P.T.B. avec tout le dogmatisme requis.

     C’est aussi à ces camarades là que les Cellules s’adressent,.pour qu’ils comprennent le « sale boulot » qu’on leur fait faire et dont ils auront honte très vite. Premiers pas dans la reprise de l’offensive prolétarienne, la lutte que les. Cellules Communistes Combattantes ont engagée dans ce pays, aux côtés de tous les opprimés, balaiera les traîtres et les renégats à la cause des peuples.

     Il ressort clairement, dès le premier article (10/10), qu’un grave problème se pose à P.T.B.. Que faire devant l’initiative révolutionnaire ? Que faire pour briser cette lutte révolutionnaire ? À vrai dire, des deux questions, la seconde est pour P.T.B. une question de survie, la finalité même de l’organisation. Nous devons croire que ces questions ont dû provoquer un fameux choc à la tête de P.T.B., car devant la surprise et l’impasse, il ne peut que laisser sa façade politique au vestiaire et ériger les imbécillités les plus calomniatrices en méthodes d’analyse et de pensée.

     Après tout, quand le dogmatisme mystique de P.T.B. à s’arroger le titre ronflant de « seule alternative révolutionnaire dans les domaines politique et organisationnel et dans la pratique 1 » s’effondre dans le ridicule face à la force de l’Histoire, il ne reste plus à ce parti qu’à réécrire le présent en espérant ainsi qu’il continue à cadrer avec ses rêves.

     Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que de faux partis révolutionnaires abandonnent l’analyse matérialiste historique quand celle-ci la confronte à leurs erreurs, à leur réformisme contre-révolutionnaire, et rejoignent le chœur des hyènes bourgeoises pour tenter de freiner la marche de l’Histoire.

     Leur misérable sauve-qui-peut les dénonce aux yeux des masses et des avant-gardes qui s’en détourneront pour toujours.

     Nous avons systématiquement, au cours de notre première campagne, envoyé à Solidaire tous les communiqués politiques de nos actions, comme nous le faisons pour l’ensemble de la presse. C’est donc en pleine possibilité de prendre connaissance de notre discours que P.T.B. a décidé de nous combattre, dans un mauvais Vaudeville, par le mensonge et l’ordure, armes bien connues des agents policiers.

     Mais que P.T.B. prenne garde ! La lutte des travailleurs et des communistes n’est pas un article de solde, et si ses journalistes s’imaginent encore longtemps salir impunément l’espoir de la révolution, il apprendra à ses dépens que pour nous Communistes Combattants l’organisation et le développement de la lutte de classe pour la victoire du prolétariat est une chose sérieuse, pour laquelle nous sommes prêtes à tous les sacrifices, mais aussi à la plus grande des fermetés. La lutte pour la libération des hommes et des femmes de l’esclavage du capital, pour la construction du communisme, n’est pas un gadget pour petits-bourgeois désœuvrés, et il n’est pas question d’en rire !

     Venons-en aux faits. Le 10 octobre, Solidaire titre à la une : « Attentats provocateurs, derrière les C.C.C., la police et l’extrême droite ? ». Pauvre point d’interrogation, il n’aura pas la vie longue ! Dans un « éditorial », Walter Simons déclare : « Un bon nombre d’éléments indiquent qu’on se trouve en fait en face d’une provocation organisée par l’extrême droite et la police. » En fait d’éléments, Simons va nous faire part de ses angoisses en trois scénarios, nous allons les reprendre. Mais le ton est donné, maintenant il faut pousser la chansonnette. Au cours des semaines et des mois qui suivront durant lesquels nous ne relâcherons pas notre offensive —, P.T.B. chantera de plus en plus fort, de plus en plus faux, et marche à grands pas vers l’extinction de voix.

     Le premier des « éléments » que nous sert Simons, et qu’il n’a d’ailleurs pas fini de nous rabâcher, est celui-ci : « ... la bourgeoisie avait un besoin urgent de discréditer la gauche. Citons par exemple Gazet van Antwerpen où en peut lire, en substance, que les deux attentats de Bruxelles et les violences des contre-manifestants à la venue de Le Pen montrent bien que les extrémistes de gauche sont aussi dangereux que les extrémistes de droite... » Puis il fait un petit tour de passe-passe pour conclure : « Il s’agit pour la bourgeoisie d’attaquer en premier lieu ceux qui voulaient s’opposer à la venue de ce néo-fasciste... » Nous ne voyons pas très bien le rapport, mais nous pouvons tirer cette conclusion : Mr. Simons attache une grande importance aux jugements moraux de la bourgeoisie, leur reconnaît sans doute une valeur intègre et s’incline devant elle. Il doit certainement souhaiter qu’on lui décerne le titre de « non-violent et non-dangereux ».

     La question de savoir pour quelle classe une pratique politique est dangereuse, et contre quelle classe elle exerce sa violence, n’intéresse pas P.T.B. Ou plutôt, cette incapacité à se positionner d’un point de vue de classe révèle son réformisme crasse. Simons et P.T.B. entendent mener la guerre de classe avec la considération bienveillante de la bourgeoisie et de Gazet van Antwerpen, auxquelles ils sont prêts à rendre pareille estime.

     Mais cela n’est pas notre cas, et nous doutons très fort que les camarades qui se sont battus pour empêcher le fasciste Le Pen de parler ne soient pas de notre avis. Nous, en tant que communistes, nous nous battons pour que la politique et les forces prolétariennes soient les plus dangereuses et les plus violentes possibles dans l’attaque contre la bourgeoisie, car nous savons que sa dictature ne sera renversée que dans l’expression de la violence révolutionnaire de masses la plus radicale.

     Donc, si Gazet van Antwerpen dit que les Cellules Communistes Combattantes sont violentes et dangereuses, nous disons qu’elle a tout à fait raison de son point de vue, que c’est pour cela que la bourgeoisie a peur de notre politique, que les travailleurs la considère avec sympathie, et que nous en sommes fières.

     Mais, paradoxalement, nous ne sommes pas en désaccord avec la formule de Simons : « Les actions des Cellules Communistes Combattantes discréditent la gauche. » Pourquoi ?

     La question se pose de la façon suivante : auprès de qui les actions et la politique des Cellules discréditent-elles « la gauche », et pourquoi ? Voyons en premier lieu le point de vue de la bourgeoisie.

     Ce que la bourgeoisie pense, quand elle est confrontée à l’émergence de la lutte prolétarienne, c’est que « la gauche » (c’est-à-dire les organisations réformistes, P.C., P.T.B., Ecolo...) n’est plus capable, dans la conjoncture de crise et de mécontentement, d’absorber dans une des variantes de son social-pacifisme les poussées révolutionnaires. Alors, en effet, le crédit que ces kollaborateurs ont gagné auprès des patrons en muselant le prolétariat dans la paix sociale, chacun à son heure depuis la fin de la seconde guerre mondiale, s’effrite, diminue.

     Et comme quand la bourgeoisie (qui s’y connaît en matière d’emploi) a un mauvais domestique, elle le congédie, l’alternative pour « la gauche » est soit de redoubler de zèle au service de ses maîtres, soit d’ouvrir les yeux et de rejoindre les rangs de la révolution. L’histoire nous a montré que, dans l’écrasante majorité des cas « la gauche » choisit la première solution.

     Maintenant, voyons le point de vue du prolétariat.

     Quand en septembre ‘83 les cheminots ont lancé le mouvement de grève nationale dans les services publics, ils n’ont pas demandé l’avis de leurs syndicats et n’ont pas attendu la directive d’un quelconque P.T.B. Toute l’histoire de cette dernière grande grève montre très bien que l’ensemble des travailleurs et des travailleuses n’ont plus aucune confiance dans la capacité et la volonté politique des syndicats ou des partis « des travailleurs » à les défendre.

     Faute d’une alternative de lutte organisée et révolutionnaire, certains parmi les travailleurs combatifs en sont réduits à écouter le discours le plus radical, et sur cette absence objective d’une Organisation politique révolutionnaire et de sa direction, les réformistes les plus excités s’accaparent le drapeau rouge de l’avant-garde.

     Aujourd’hui cette mascarade n’est plus si aisée, la situation est entrain de changer. Le combat et la ligne politique des Cellules Communistes Combattantes dénoncent les usurpateurs, les escrocs qui ont la révolution dans la bouche et la trahison dans les mains ! Le crédit illusoire dont, faute d’alternative révolutionnaire, les organisations réformistes mais braillardes jouissent parfois dans le monde du travail s’effondrera devant l’émergence d’une véritable, authentique et historique, politique révolutionnaire. Les Cellules Communistes Combattantes travaillent aujourd’hui à la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires guidée par le marxisme-léninisme.

     Nous, nous sommes des communistes, notre intelligence collective est le marxisme, nous n’avons rien à voir avec les clowns de « la gauche », des démocrates bourgeois aux anarchistes. Qu’à ce propos, Simons et ses amis s’inquiètent de leur discrédit face à leur employeur ou face au prolétariat est certainement compréhensible, mais ne nous concerne pas.

     Passons directement au troisième « élément » de Simons, parce qu’il est une parfaite illustration de ce que nous venons de dire : « La presse titrait la semaine dernière : Le mouvement anti-missiles discrédité. » Si la presse bourgeoise le titre, le rôle de Solidaire est de le répéter, cela on le savait déjà, et il faut à nouveau se poser les deux mêmes questions.

     La bourgeoisie peut-elle encore faire confiance, et pour combien de temps, aux C.N.A.P.D. et V.A.K.A. pour user les semelles de trois cent mille manifestants et leur bourrer la tête avec le crétinisme pacifiste ? Visiblement plus très longtemps, et Galand et Cie risquent de ne plus être aussi bien considérés dans les milieux atlantistes... ce qui est leur problème.

     Mais auprès des populations qui savent que l’implantation des missiles les rapprochent de l’échéance de la guerre impérialiste et de son cortège de deuil et de misère, quel crédit peut encore avoir un mouvement politique dont l’essence même et la trahison des dirigeants sont évidentes dans l’échec ?

     Aujourd’hui les 16 premiers missiles sont installés, les préparatifs de guerre s’accélèrent, et les C.N.A.P.D. et V.A.K.A. portent la lourde responsabilité de cette défaite due à leurs tromperies répétées, leur pacifisme bourgeois, irresponsable et criminel.

     Comment pourrait-on discréditer plus encore le pacifisme aux yeux des masses quand le fossoyeur Galand vient avec une impudence effrontée nous chanter qu’il n’est plus question de se battre contre l’implantation mais de lui faire confiance pour un retrait ultérieur ? Ce que tout le monde sait maintenant, c’est que le pacifisme et ses adeptes auront gain de cause un jour... quand les missiles U.S. seront tirés vers la R.D.A., le pays sera dénucléarisé... pendant quelques minutes !

     Récapitulons à propos de ces deux premiers « éléments » qui nous lient de façon indiscutable à la C.I.A. Le combat politico-militaire des Cellules Communistes Combattantes discrédite aux yeux des masses les organisations réformistes et le poison social-pacifiste. Certainement ! Cela nous le revendiquons comme une force pour l’avenir aux mains des prolétaires. Ceux qui, comme P.T.B., s’inquiètent de cette clarification révolutionnaire et veulent préserver le crédit des intérêts et des idéologies bourgeoises au sein des masses sont des traîtres, des canailles petites-bourgeoises, et doivent être combattus comme tels.

     Le second « élément » et le dernier de la trilogie annonce le grand classique de la bêtise et de la lâcheté : l’épouvantail de la répression. Ce 10 octobre, Simons fait encore preuve d’une certaine continence à ce sujet, mais vide quand même le fond de sa pensée : « Les attentats de la semaine dernière sont donc une occasion idéale pour révéler son existence (le G.I.A.) au public. En fait ils légitiment son existence. »

     On est en droit de se demander qui légitime l’existence de ce G.I.A. auprès du public. Ne seraient-ce pas plutôt ceux qui consacrent leurs efforts à diffâmer les révolutionnaires contre lesquels ce même G.I.A. mène la contre-insurrection, au lieu de dénoncer et combattre le terrorisme de l’État bourgeois ?

     Pour les communistes révolutionnaires, le fait que la bourgeoisie reconnaisse entretenir une meute de chiens de garde n’a aucune espèce d’importance, ce qui a de l’importance, c’est l’existence de ces polices, leur fonction au service du capital et comment lutter contre elles. Voilà ce qui différencie ceux qui sont prêts à toutes les trahisons, toutes les lâchetés, dans l’espoir que la bourgeoisie ne doive pas « reconnaître » organiser des corps spéciaux de répression, et ceux qui n’ont pas peur de la vérité : l’émancipation des travailleurs impose, entre autres, l’anéantissement de ces crapules mercenaires d’État.

     Ceux qui légitiment la répression bourgeoise en lui cherchant des causes extérieures à la nature terroriste de l’hégémonie de cette classe sont idéologiquement dans son camp. P.T.B. qui s’inquiète de ce « qu’un piquet de grève puisse être pris pour un danger terroriste » indique qu’il a opté pour le camp de la bourgeoisie.

     La semaine suivante, que nous avons mise à profit pour attaquer les centres des C.V.P. à Gent et P.R.L./P.V.V. à Bruxelles, nous a visiblement mieux réussi qu’à Simons qui a décidé « d’essayer d’assembler quelques pièces du puzzle... 2 » et sic ! Il est certainement plus fidèle à la réalité de dire qu’il s’est armé d’un solide sécateur qu’il n’est pas prêt de lâcher et qu’il entend redécouper les pièces à sa façon. À partir de cet article, deux points sont évidents : W.S./P.T.B. n’imaginent pas ce qu’est une organisation révolutionnaire, et de surcroît les qualités particulières de la lutte politico-militaire les dépassent complètement ce qui est facilement imaginable nous y reviendrons plus tard.

     Les deux caractéristiques les plus « intéressantes » de la cuvée de cette semaine sont liées à la politique de P.T.B.. Et comme il va de soi que les Cellules ne sont pas vraiment en accord avec ces positions... nous sommes des agents de la C.I.A., bon sang, mais c’est bien sûr !

     Premièrement, P.T.B. critique nos attaques contre l’O.T.A.N.... qui feraient mieux d’être dirigées contre les forces du Pacte de Varsovie ! « Ce que l’on remarque tout de suite, c’est que la haine des C.C.C. s’oriente exclusivement contre l’impérialisme américain. Ils (c’est un comble ! La grammaire française dénonçant le sexisme ambiant : cellule est un féminin) critiquent cet impérialisme uniquement au moyen des citations de Marx, Engels et Lénine, en dehors de tout contexte. »

     Nous apprenons à cette occasion que pour P.T.B. il y a aujourd’hui un « contexte » où les enseignements de Marx, Engels et Lénine ne sont plus appropriés à l’analyse de l’impérialisme. Ce n’est une nouveauté pour personne, ce parti, depuis sa fondation, est aussi atlantiste que le P.S. et anti-léniniste qu’il n’est possible de l’être qu’à la racaille social-chauvine.

     Le « contexte » qui rend périmé le marxisme-léninisme accouche de ces inepties « pétébiles » : « L’U.R.S.S. est devenu(e) le foyer de guerre le plus dangereux » et « Nous devons tenir compte de l’éventualité que le chemin vers la révolution socialiste passe par une période de résistance nationale contre une agression soviétique 3. »

     Ce qui est révélateur de telles positions, c’est que contrairement à la trahison de la Seconde Internationale qui a attendu le début de la guerre de 1914 pour se démasquer, P.T.B. n’attend même pas cette période de crise extrême pour sublimer son opportunisme en social-chauvinisme. C’est donc là une des leçons qu’il a retenue de Kautsky.

     Pour les Cellules Communistes Combattantes, les enseignements de Lénine sont, par contre, toujours d’une grande pertinence. « C’est avec plus de joie encore que nous avons appris la diffusion en Allemagne de proclamations révolutionnaires illégales, comme par exemple L’ennemi principal se trouve dans notre propre pays... Les social-chauvins reprennent à leur compte la mystification du peuple par la bourgeoisie, selon laquelle la guerre serait menée pour la défense de la liberté et de l’existence des nations, et se rangent ainsi aux côtés de la bourgeoisie contre le prolétariat. Sont des social-chauvins ceux qui justifient et exaltent les gouvernements et la bourgeoisie d’un des groupes des puissances belligérantes, ainsi que ceux qui, à l’instar de Kautsky, reconnaissent aux socialistes de toutes les puissances belligérantes un droit identique à la "défense de la patrie" 4. »

     Et Trotsky : « Comme la guerre n’est menée par aucun des deux camps pour la défense de la patrie, de la démocratie et de la culture, mais pour le repartage du monde et l’asservissement des colonies, un socialiste n’a pas le droit de préférer un camp impérialiste à l’autre. Complètement vaine serait la tentative de "dire, du point de vue du prolétariat international, celui des deux groupes de nations belligérantes dont la défaite serait un moindre mal pour le socialisme". Sacrifier, au nom de ce prétendu "moindre mal" l’indépendance politique du prolétariat serait trahir l’avenir de l’humanité 5. »

     En considérant ces points de vue tellement élémentaires pour les marxistes, les Cellules mènent l’attaque contre la bourgeoisie exploiteuse des travailleurs de ce pays : l’impérialisme à dominante U.S.! En déclarant que le « contexte » rend caduques ces directives maintes fois vérifiées dans l’histoire, P.T.B. falsifie l’analyse marxiste. Il faut reconnaître que le général Close, militaire de l’O.T.A.N. et sénateur P.R.L., président de la Ligue Mondiale Anti-Communiste, vous expliquera mieux que nous les positions de P.T.B. sur l’impérialisme « soviétique ». Ses livres sont disponibles dans les librairies « Le Livre Rouge » 6 où les brochures publiant nos écrits politiques sont interdites...

     La seconde caractéristique nous éclaire quant à l’absolu manque de confiance qu’a le « Parti du Travail » dans les masses laborieuses et leur jugement. Nous ne voulons, en aucun cas, tomber dans le piège idéaliste où s’ébat P.T.B., et nous ne dirons pas que spontanément les masses estiment tout avec la plus grande lucidité historique, en réponse au jugement de Simons selon lequel elles sont incapables de comprendre quoi que ce soit et rien à rien : « Les travailleurs ont peur pour leur avenir. Ils ont peur du chômage. Ils ont peur des menaces de guerre. Cette crainte ouvre les yeux des travailleurs qui voient de plus en plus le caractère du capitalisme. C’est pour éviter cette prise de conscience que la C.I.A. lance, au moyen des médias, des hommes politiques de droite et des provocations fascistes... la bande du Brabant Wallon 7, certaines excitations dans les stades de football, les attentats des C.C.C., voilà les agissements des flics et des fascistes... »

     Anecdote : nous avons gagné d’un côté ce que nous avons perdu de l’autre. Ce que nous avons gagné : cet article a éclairé notre lanterne sur une question qui nous turlupinait depuis assez longtemps ; nous n’avions jamais compris cette affiche de P.T.B. : « ... le fascisme tue », citant en exemple les agissements de cette « bande du Braban wallon ». C’est chose faite maintenant, si l’on écoute P.T.B., la délinquance sociale et le banditisme sont orchestrés par le service « action » de Lord Carrington, et Michel Cocu est au bas mot 007 (il fut flic dans sa jeunesse, ce doit être une continuité). Bien. Ce que nous avons perdu : Si « pour éviter cette prise de conscience (la nature du capitalisme) la C.I.A. lance, au moyen des médias, des hommes politiques de droite... » pourquoi P.T.B. appelle-t-il à manifester contre la venue de Le Pen ? Pour égarer les travailleurs ?

     Bizarre, vous avez dit bizarre ?

     Soyons plus sérieux. Il est vrai que les travailleurs et les travailleuses éprouvent une grande et légitime inquiétude quant à leur avenir. Il est vrai surtout que cette inquiétude n’est pas passive, un fort sentiment de mécontentement se développe parmi la population qui comprend, parce qu’elle le vit objectivement, que la crise est produite par la gestion de l’économie (par exemple fermeture de Valfil 8, outil de parfaite production) et que cette gestion est contraire aujourd’hui même à leurs intérêts immédiats.

     Ce mécontentement, cette potentialité de lutte prolétarienne, la bourgeoisie tente de l’égarer sur d’odieuses voies de garage : le nationalisme, le racisme, le pacifisme, etc... La tâche des communistes révolutionnaires est de se battre aussi à ce niveau-là, pour contrer ces manœuvres et diriger la force de l’antagonisme contre le véritable ennemi : la dictature bourgeoise.

     Si la bourgeoisie dit que les travailleurs immigrés sont responsables du chômage, les communistes, aux côtés de leurs frères de classe, doivent dénoncer et combattre le racisme, unir les prolétaires dans une même lutte internationaliste.

     Si la bourgeoisie dit que les missiles sont là pour défendre « le monde libre et la démocratie » contre l’U.R.S.S., les communistes doivent proclamer bien haut — et organiser le prolétariat sur cette vérité que la démocratie bourgeoise veut dire l’exploitation des travailleurs et la guerre impérialiste, que les ennemis de la classe ouvrière, ici ou en U.R.S.S., sont les patrons et non leurs frères de classe.

     Si la bourgeoisie déclare que la délinquance sociale et le banditisme se développent, et qu’elle appelle, sur ce constat trompeur, les populations à collaborer avec sa police, les communistes doivent démontrer que la délinquance sociale et le banditisme sont des produits objectifs de la société de classes, que les premiers voleurs sont les patrons, et que l’on ne se débarrassera de tous ces parasites réunis qu’en se débarrassant du capitalisme.

     Si la bourgeoisie tente de manipuler l’opinion publique en disant que les actions des communistes révolutionnaires seraient un danger pour les populations, tous les camarades sincères doivent combattre vigoureusement ces calomnies en démontrant, à partir des faits et du projet historique, que les actions des Cellules Communistes Combattantes sont un danger pour la bourgeoisie et une force pour l’avenir de la classe ouvrière.

     Voilà des pratiques bien claires qui démontrent qui est dans quel camp ! Quand P.T.B. se fait le relais de l’idéologie bourgeoise dans le monde du travail, il n’indique que son souverain mépris pour l’intelligence combative des masses qui ont pu constater objectivement qu’elles n’avaient rien à craindre de notre lutte, et qui ont alors accueilli notre première campagne avec une sympathie à la mesure de leur espoir.

     La même semaine, et quelques pages plus loin, Hugo Verwimp assure la relève. Il nous relate un « collage » P.T.B. qui se termine au commissariat de police : « Alors que les flics voyaient manifestement qu’il s’agissait d’une simple action de collage, ils ont traité nos camarades comme les plus dangereux poseurs de bombes des C.C.C.. les attentats des C.C.C., voilà un très bon mobile pour Gol et compagnie. »

     Voilà surtout un article aussi éloquent que méprisable ! Il exprime la revendication « pétébesque » du droit à la « paix militante ». Verwimp quémande, comme une lavette, à la police de Nothomb, 2 poids et 2 mesures : une pour les communistes révolutionnaires et une autre pour les démocrates de P.T.B. Cela indique jusqu’à quel point ce « militant » sait que les pratiques de son « parti » sont plus vaines que réformistes pour oser revendiquer la clémence et la miséricorde de l’ennemi de classe !

     Mais cela nous serait encore parfaitement égal si, dans l’esprit de la même lancée, il ne cautionnait pas la terreur bourgeoise contre les révolutionnaires. Car l’esprit de cette phrase est bien celui-là : P.T.B. ne critique pas la brutalité policière bourgeoise, il critique qu’elle se soit trompée de cible ! Il légitime la torture et l’assassinat pour les révolutionnaires (comme c’est la situation actuelle en Italie, en Turquie, en Irlande, en Espagne, en République fédérale, en Grèce, au Portugal...) en traitant avec les flics pour sa « liberté d’expression » en système bourgeois.

     La presse nous a appris que quelques personnes ont été dernièrement victimes de fusillades (tentatives d’assassinats) et de brutalités (tortures au siège de la gendarmerie, rue de Louvain). Il est tout naturel pour P.T.B. d’éructer que le combat des Cellules Communistes Combattantes porte la responsabilité de ces actes du fascisme policier. Nous n’avons qu’une seule question, et qui pour nous a le sens de la vie, à poser aux militants de P.T.B. : le lundi 16 janvier 61, les gendarmes ont tiré sur un meeting ouvrier à Chenée. Ils ont tué un ouvrier gréviste, Joseph Woussen. Par qui ce camarade a-t-il été assassiné ?

     Quand un de nos militants, un camarade, se fera tuer dans la lutte, que P.T.B. « l’ennemi le plus dangereux du capitalisme » 9 — ait l’élémentaire décence d’économiser sa gerbe et ses pleurs. Notre haine n’est pas moins grande contre les charognards qui encouragent l’assassin que contre le flic décoré pour son fait d’arme. Notre mémoire sera sans faille.

     Et nous en arrivons à la grande rafle policière du 19 octobre. Il est inutile de revenir longuement sur cette journée que nous analysons dans « Réponses concrètes à des questions concrètes ». Pour information, citons simplement le gracieux titre de Solidaire qui fait preuve d’une orthodoxie kollabo : « Opération mammouth :1ère victoire des C.C.C. »... il faut croire que nos cinq premières actions de la campagne étaient des défaites... on a les références que l’on veut. Nous supposons aussi que pour P.T.B., l’assassinat par les nazis d’otages résistants suite à l’action du colonel Fabien était la première victoire de la résistance communiste. Et nous sommes surpris que, quand quelques semaines plus tard, plusieurs militants des maisons médicales 10 se font interpeller, Solidaire ne titre pas à cette occasion : « Nos médecins en prison, 36ème victoire du Parti du Travail ». Ce serait pourtant d’une élémentaire logique.

     Rappelons brièvement notre analyse de la rafle du 19 octobre. La rafle fut organisée dans le cadre des recherches policières contre les Cellules Communistes Combattantes, c’est-à-dire que c’est la qualité politique de la lutte des Cellules qui a provoqué cette clarification de la dictature bourgeoise. Cela est un fait objectif, et même si nous savons que cette clarification a un effet mobilisateur, elle ne représentera jamais un axe stratégique pour des révolutionnaires. La tâche des révolutionnaires est l’éducation et l’organisation du prolétariat pour sa dictature de classe. Cette lutte radicalise l’antagonisme et induit automatiquement l’exercice du terrorisme bourgeois à travers ses corps policiers et militaires. La seule position révolutionnaire face à ces données est l’organisation de forces supérieures, politiques et militaires, dans le camp des exploités.

     Les résultats, ou plutôt les leçons que l’on peut tirer ce cette rafle sont la vulnérabilité totale des organisations petites-bourgeoises dont toutes les structures peuvent être paralysées et contrôlées par les flics dans des délais très brefs... ce qui est un problème plus politique qu’organisationnel, le second découlant du premier. Ceux qui prient la sainte démocratie n’ont même pas l’excuse de l’ignorance du culte de l’avion-cargo, ils rejoignent le camp de la bourgeoisie et.collaborent à sa domination. Quand les libertaires de la P.M.E. 22/3 11 ont le culot de s’interroger, au cours d’une conférence de presse publicitaire, de l’usage qui sera fait des 3000 adresses saisies dans leurs fichiers, ils ne témoignent que de leur bonne conscience d’auxiliaires-B.S.R. 12.

     Dans ce même numéro de Solidaire du 24 octobre, après une participation active de P.T.B. au chœur des pleureuses 13, Simons, qui a mis le temps, a trouvé un bon filon qu’il va exploiter en plusieurs étapes et dont il nous donne déjà un avant-goût, l’air de ne pas y toucher.

     « Canada 1970... le groupe terroriste était composé de flics ! Qui se cache derrière les groupes comme C.C.C. ? ». En quatre colonnes, W.S. récapitule sa version de l’histoire du Front de Libération du Québec qu’il semble avoir découverte dans le livre Terrorisme : l’occident riposte (un programme ! !) dont il qualifie les auteurs, Dobson et Payne, « d’inspirés par la C.I.A. et ardents partisans de Reagan ». Cela n’est pas une contradiction pour Simons, nous en ferons un récapitulatif à latin de cette lettre, la totalité de ses sources tient entre les flics et la Dernière Heure quand ce n’est pas Pourquoi Pas ? ! Sa performance est encore plus délicieuse : il ne réussit à y lire que ce qui l’intéresse pour illustrer ses délires.

     Et ensuite, si même le Front de Libération du Québec en 1970 était infiltré ou organisé par des flics, en quoi cela nous concerne-t-il ? Quel rapport, quel intérêt — autre que celui de calomnier les Cellules — y-a-t-il dans cet amalgame ? Si même encore P.T.B. voyait dans ses hallucinations une unité politique, des revendications communes au F.L.Q. et aux Cellules... Mais non, ce n’est même pas le cas, c’est creux comme un bambou et seul le titre compte : « Les flics derrière le F.L.Q. Qui derrière les C.C.C. ? ». Voilà la façon dont P.T.B. conçoit l’analyse politique. Est-ce que les lecteurs de Solidaire ne lisent que les titres ?

     Nous allons refiler un bon tuyau à Simons. Dans son édition du 29 janvier ’85, le journal Le Monde publie en page 4 une information relative à l’infiltration des « Verts » berlinois par quelques néo-nazis. Quand P.T.B. en aura marre de danser le tango avec l’écolo Deleuze 14, voilà une bonne occasion d’en faire un nostalgique du troisième reich.

     Le plus intéressant à souligner est que trois semaines après l’engagement public de notre combat politique, la rédaction de Solidaire est toujours en mal d’une critique politique de cette lutte révolutionnaire et patauge à la recherche d’une ficelle de France Dimanche. Cela révèle une « identité » politique toute particulière !

     L’édition du 31 octobre sera un remake de « Sortez vos mouchoirs, la gendarmerie n’est pas celle que l’on croyait... et c’est tout la faute aux C.C.C. ». Pourtant, une phrase vaut la peine que l’on s’y attarde : « De cette façon, les entraînements anti-terroristes de l’E.S.I. servent directement à la répression du mouvement ouvrier. »

     En voilà une surprise ! Mais à quoi donc sert la gendarmerie, sinon à la répression du mouvement ouvrier ? Quand en ‘73 est créé l’E.S.I. et la Brigade Diane 15, Simons croit-il que c’est une opération de prestige ? La question est que, dans les faits, P.T.B. est incapable de comprendre et de réaliser, et que quand la lutte prolétarienne se développe en posant la question du pouvoir de classe, la bourgeoisie range l’État démocratique au placard et se dévoile comme ce qu’elle est — et a toujours été une dictature sans partage. Bien sûr il est plus facile de reconnaître cela dans les livres en se disant que c’est... pour plus tard.

     Que les flics aient prétexté de notre première campagne pour réaliser 150 perquisitions simultanées ou presque, ne confirme que ce que nous savions et en fonction de quoi nous nous sommes organiseés : ils y procèdent chaque fois qu’ils en ont le besoin. Pourquoi les flics s’intéresseraient-ils aux libertaires ou à P.T.B. en d’autres temps alors que ceux-ci ne demandent que la paix sociale, une place au soleil des subsides culturels ou un balcon parlementaire ?

     En ce qui nous concerne, ces 150 perquisitions ne nous arrêteront jamais dans notre décision de combattre. Quand nous regardons l’histoire, nous voyons que chaque fois que le mouvement révolutionnaire s’est lancé dans la bataille, il a été confronté à la bestialité la plus effroyable de la violence policière vis-à-vis de laquelle ces 150 perquis n’ont vraiment pas grand poids !

     Nous ne voulons pas masquer cela, cacher cette réalité aux travailleurs. Nous savons, parce qu’elle l’a souvent démontré dans l’histoire, que la classe ouvrière est capable d’un immense héroïsme et de grandioses sacrifices, mais surtout de notre plus grande humanité qu’est la violence la plus radicale contre les exploiteurs.

     La démocratie est moribonde parce que la crise économique radicalise l’antagonisme de classes. Les forces militaires de la bourgeoisie s’entraînent en prévision de cette imminente confrontation ? Les communistes révolutionnaires n’ont qu’une tâche : organiser politiquement et militairement le prolétariat dans l’initiative offensive, pour qu’au paroxysme de la confrontation entre exploiteurs et exploités, entre le vieux monde et le nouveau monde, l’écrasement total des forces bourgeoises ouvre enfin les portes de notre futur. Une autre conception est en dehors de l’Histoire ou est celle de l’ennemi.

     Le 7 novembre, revoilà Simons et sa ficelle. On se souvient tous, très facilement, que le F.L.Q. était infiltré jusqu’aux yeux... et bien, idem en République fédérale : « La police d’Allemagne fédérale engage elle-même des "cellules révolutionnaires". »

     Mais, avant tout, nous voulons souligner l’aveu qui perce dans le chapeau de l’article : « N’est-il pas commode de qualifier les attentats des C.C.C. de provocations policières ? Cette question nous a été posée à plusieurs reprises... »

     Il est certainement plus juste de dire que cette question élémentaire et fondée est dans la tête d’une grande majorité des militants de P.T.B. qui en ont marre d’être pris pour des cons par leur direction. Des militants ont déjà quitté le « parti » sur cette question, d’autres ont résilié leur abonnement à Solidaire-confidences dont pas mal d’exemplaires finissent dans les poubelles avec leur bande d’envoi.

     Plutôt que de se livrer à une saine pratique d’auto-critique, ce qui est une force de communiste, les petits-chefs de P.T.B. s’enferreront dans leur haine de la lutte révolutionnaire pour le communisme, et plus rien ne les arrêtera dans l’abjection.

     Revenons à la ficelle de Simons : il faut rappeler qu’il existe en R.F.A., depuis ‘72, une organisation de lutte armée anti-impérialiste qui se dénomme « Revolutionäre ZelIen ». Cette organisation mène aujourd’hui de nombreuses actions contre les forces de l’O.T.A.N. en R.F.A. Quand, dans nos communiqués, nous faisons références aux actions des « Cellules Révolutionnaires » à Mayence, Dusseldorf ou Lorch, aucune incompréhension n’est permise, nous parlons de « Revolutionàre Zellen ».

     L’article de Solidaire va alors exploiter la consonance entre le nom de l’organisation « Cellules Révolutionnaires » et une soi-disant cellule révolutionnaire (ici un substantif et un abjectif usuels) montée par des flics ! Solidaire écrit : « Dans l’article ci-contre, on peut voir comment certaines cellules révolutionnaires sont mises sur pied (par la police). Comparaison n’est pas raison, mais on est en droit de se poser la question : même tactique, même infiltration ? »

     La seule question que l’on est en droit, et surtout en devoir de se poser, concerne « la morale révolutionnaire » des individus qui se vautrent dans de telles pratiques ordurières. Est-ce de ces « qualités » là que P.T.B. craint d’être discrédité par notre combat ?

     Mais nous serions naïfs de croire que P.T.B. était descendu au plus bas. Il fera encore nettement mieux par la suite, et pour ne pas être en reste, directement dans le no 46 du 5 décembre, sous le titre : « Les frères C., W.N.P. 16 et C.C.C. même combat ! »

     Le lundi 5 novembre, suite à la rafle du 19 octobre, s’il faut en croire la presse, les flics lancent un avis de recherche contre le militant communiste Pierre C. Dans Solidaire : « Cet imprimeur de St Gilles, n’est pas inconnu des démocrates et progressistes bruxellois... son itinéraire politique est pour beaucoup la preuve qu’il serait bien plus qu’un témoin. » Mais ce n’est pas tout : « Chose troublante, Pierre C. a un frère, Louis, fasciste notoire. » Le « Parti du Travail » va pouvoir donner toute sa mesure : sur base d’une accusation policière, à laquelle se greffe une fraternité détestable, ses fins limiers passent à l’attaque... « C.C.C. W.N.P. » en a définitivement déserté France-Dimanche et mis plein cap sur Qui ? Police !

     Qui ? Solidaire-police entendra apporter sa petite collaboration à l’avis de recherche, et même si son tirage est loin d’égaler celui du Soir, c’est sans fausse modestie et de bon cœur qu’il imprimera, en première page, la photo du militant recherché. Ensuite, après avoir cautionné l’attaque policière contre un militant communiste (Pierre C. = C.C.C.), après l’avoir injurié en le liant à un individu dont il doit être honteux de porter le même nom, Solidaire — avec l’aide de Pourquoi Pas ? — va réécrire sa vie pour nous injurier à notre tour.

     « Le 15 septembre (‘84), la police annonce l’arrestation imminente de militants bruxellois ». Si la police le dit... pour P.T.B., c’est que c’est du solide ! Si la police ne dit pas de quels militants il s’agit..., c’est ennuyeux mais... alors... rien n’indique qu’il ne s’agit pas de Pierre C. ! Cela s’appelle l’inexorable P.T.B.-C.Q.F.D.

     Déduction oblige, si personne n’est arrêté suite à cette déclaration, ce n’est certainement pas parce que la police raconte des vannes, c’est parce que « les auteurs des attentats (qui n’ont pas encore eu lieu, détail sans importance) profitent de protections particulières de la police ».

     La preuve ? Elle est en noir sur blanc dans Pourquoi Pas ?, qui nous parle de Pierre C. : « Ce brave militant avoué de la déstabilisation à tout prix, ne fut jamais inquiété. » Voilà réunis les ingrédients de base pour la bonne soupe, mais attention, n’oublions pas le fameux Louis, ajoutons une bonne rasade de Latinus-Haquin-je-vends-mon-bouquin 17, saupoudrons de Gardiner-C.I.A. 18 (il ne faut jamais oublier la C.I.A., sinon la soupe est fade) et concluons sans crainte : « Bien sûr, nous n’avons pas la prétention d’avoir fait la lumière sur toute l’affaire », mais la Vérité est en première page, en lettres de 12 mm, les Cellules Communistes Combattantes sont des néo-nazis.

     Faut-il croire que la crise devait être sérieuse dans le « parti » après notre attaque contre la base de Bierset et notre dénonciation du pacifisme, pour qu’il se corrompe et se ridiculise dans d’aussi écœurants romans policiers, dans d’aussi grossiers mensonges, et par le colportage des insanités policières sur le compte du militant communiste Pierre C.

     Le 11 décembre ‘84, les Cellules attaquent simultanément, et en six lieux du pays, le réseau des pipe-lines de l’O.T.A.N. Dans un premier temps, cette « stupéfiante démonstration de force » surprend les médias bourgeois. Mais, après quelques jours d’enquête, il apparaît que les chambres à vannes que nous avons attaquées sont facilement localisables et accessibles.

     Le 19 décembre, Solidaire n’a pas encore compris cela (et surtout ne veut pas le comprendre) et il titre : « C.C.C. : la piste de l’extrême droite est confirmée ». Nous ne pouvons que rappeler la confirmation dont il s’agit : « La réalisation parfaite des attentats et le fait que les C.C.C. connaissent des secrets militaires indiquent la responsabilité de l’extrême droite et la complicité de militaires. L’hypothèse de Solidaire de plus en plus confirmée. »

     Il faut, en premier lieu, s’arrêter à cette dernière phrase. P.T.B. revendique la direction de la campagne de calomnies policières contre nous. Sans craindre d’exagérer, on peut dire que devant la clarté de nos actions et leur contenu politique, P.T.B. comprend l’urgence d’enrayer l’immense sympathie que nous témoignent les populations, et qu’il a un rôle plus grand encore à jouer dans ce sens. À partir de nos actions contre les pipe-lines, et leur succès, P.T.B. prend la tête de la guerre psychologique contre les Cellules et entend bien conserver ce dangereux privilège.

     Nous ne reviendrons pas ici sur la stupidité des « secrets militaires », aujourd’hui même un âne en rirait ! Plus important est de souligner, dans cet article de Simons-la-médiocrité, l’absolu manque de confiance qu’a P.T.B. dans les possibilités de se battre et de vaincre. Concrètement, Simons nous dit que réaliser une attaque aussi offensive et incisive contre l’O.T.A.N. est inaccessible pour les communistes révolutionnaires. Sa myopie politique et son pacifisme crétin l’empêche de comprendre que rien n’est impossible, que tout peut s’apprendre, s’engager et se mener à terme quand la décision politique l’impose en adéquation avec l’Histoire.

     Mouton promis à l’abattoir, l’esprit et l’audace du combat communiste effrayent à tel point P.T.B., qu’il ne peut voir plus loin que sa misère d’éternel vaincu. Dans « La morale révolutionnaire », le même P.T.B. déclare sans gêne : « Seul un moral de fer que rien ne vient entamer nous permettra de vaincre les difficultés inévitables, de trouver les solutions qui s’imposent, de nous rendre maîtres de la situation... » Nous avons là, une fois de plus, l’exemple évident que pour P.T.B. les bonnes paroles sont plus à leur place dans les livres que dans la pratique.

     Le combat objectif montre que les Cellules Communistes Combattantes ont ce moral de fer et que la direction de P.T.B. a un moral en papier mâché ! L’avenir appartient à ceux qui ont ce moral de fer, la première averse liquéfie les seconds.

     Dans ce même numéro, mais dans un autre article, Simons (?) peaufinera définitivement la manipulation des lecteurs en ce qui concerne les « Cellules Révolutionnaires Revolutionàre Zellen ». Mais il ne prendra même plus la peine de tromper les gens sur la consonance des mots, on peut lire texto que deux néo-nazis ont été arrêtés au sein des « Cellules Révolutionnaires »... et tirer l’échelle. Mais que ceux que l’incrédulité fait douter de ce que nous dénonçons relisent ces numéros ! Quant aux autres, qu’ils ne s’emballent pas, le plus grave est encore à venir.

     Comme nous l’avons déjà souligné, après trois mois d’intox journalistique et policière contre notre combat, l’ensemble des médias bourgeois n’arrive pas à nous couper de la sympathie des populations, Il faut aussi savoir que pour être crédible dans l’opinion publique, les grands médias ne peuvent nier trop brutalement l’évidence que leurs lecteurs et auditeurs perçoivent concrètement au quotidien, et qu ils ont été obligés, par la clarté de notre politique et des objectifs choisis dans notre première campagne, de faire marche arrière dans les mensonges les plus grossiers.

     Cela n’est pas une victoire définitive ! La presse bourgeoise ne prend du recul que pour mieux sauter. Cela veut dire qu’à l’avenir ses attaques diffamatoires contre nous seront plus subtiles, plus perfides, plus dangereuses car moins évidentes.

     Pour Solidaire et P.T.B., par contre, cette démarche de souplesse est impossible parce que notre lutte provoque une crise directe dans le « parti », et qu’il faut y répondre sans retard. Répondre politiquement à cette crise est impossible puisque notre combat politique dénonce justement l’escroquerie de P.T.B. en tant que fonction contre-révolutionnaire Notre combat démontre l’inéquation totale qu’il y a entre les prétentions de P.T.B. et sa pratique objective, entre le marxisme-léninisme et le réformisme petit-bourgeois.

     Voilà pourquoi, trois mois après notre apparition en tant que forces politico-militaires constituées sous la direction marxiste-léniniste, P.T.B. n’arrive pas à ses fins et ne peut abreuver ses militants que de mauvais polars.

     Une seule et ultime tentative, jetée aux militants comme une bouée de sauvetage, verra le jour. Le 31 décembre ’84, prenant appui et élan sur le tas de fumier conchié par Simons et Cie, le « Bureau Politique du P.T.B. » se fend d’une résolution : « C.C.C., prononcez C.I.A. ».

     Une sereine lecture de cette « résolution » démontre que de ce fatras, seul le quatrième et dernier point est à prétention politique. Le reste n’est qu’une réécriture-digest des hallucinations de Simons, à quelques variantes près. Repassons tout cela en revue.

     1) « Les C.C.C. sont une création policière. » Voilà la bible de P.T.B. : « Les C.C.C. ont surgi du néant... depuis 1968, les camarades qui ont créé le P.T.B. ont discuté et travaillé avec tous les militants belges se réclamant du marxisme-léninisme. Il est exclu que nous ne connaissions pas les C.C.C. s’ils avaient la moindre origine marxiste-léniniste. »

     Il est certainement fort exact de dire que P.T.B. et ses petits-chefs ont rencontré beaucoup de monde depuis 68... et en ont fait travailler tout autant ! Véritable moulinette à militants, T.P.O. puis P.T.B. ont épuisé et dégoûté de nombreux camarades sincères et pourtant fort attachés aux principes du marxisme-léninisme. Mais l’auto-satisfaisante cécité qui égare aujourd’hui ce bureau politique le heurte à une réalité objective inacceptable — et pourtant tellement évidente — : depuis des années déjà un fossé définitif s’est creusé entre P.T.B. et les exigences de la lutte révolutionnaire, de la lutte d’avant-garde pour le communisme.

     Depuis des années déjà, sur base des expériences, des victoires mais aussi des défaites, des progrès du mouvement internationaliste et des exigences du combat de classe ici, les communistes révolutionnaires se sont détachés de P.T.B. ou ont appris à le considérer comme une clique réformiste et révisionniste petite-bourgeoise dont il faut se méfier comme de la peste policière.

     Et c’est une évidence maintenant, de ce lent mûrissement qui a mené à notre première campagne politico-militaire, P.T.B. était exclu. Aujourd’hui, à son plus grand regret policier, il est incapable de nous vendre aux flics ou de nous désarmer, faute d’avoir pu nous paralyser préventivement. Notre estimation des forces et des potentialités révolutionnaires d’un côté, des forces contre-révolutionnaires de l’autre, dans ce pays, s’est révélée exacte et nous avons eu raison d’agir comme nous l’avons fait.

     La crasse profonde du légalisme réformiste dont Simons se faisait le porte-parole le 17 novembre, lui interdit même d’imaginer ce que doit être la structure clandestine de la lutte armée révolutionnaire, ce que sont les tâches organisationnelles que doivent résoudre les communistes qui engagent la lutte et entendent que les masses la mènent jusqu’à la victoire, c’est-à-dire s’affrontent et s’affronteront jusqu’au paroxysme de la bestialité bourgeoise, lui interdit enfin de comprendre que nos militants, et tous les camarades de bon sens, se méfient autant des inspecteurs de P.T.B. que de ceux de la sûreté de l’État ou de la police judiciaire.

     On peut ici ouvrir une parenthèse : Mais que font les inspecteurs de P.T.B. à fouiner dans l’extrême gauche, alors que si on les écoute notre matrice serait le « Front de la Jeunesse » ? Nous savions déjà que Sherlock Simons avait perdu le nord, mais de là à confondre les bistrots marginaux et le pèlerinage à la tour de l’Yser 19, il y a comme une anomalie.

     Le fond de cette question, est que P.T.B. dans son enquête est aussi coincé que les flics aujourd’hui (le problème est que l’on ne peut pas imaginer de développement du combat révolutionnaire sans que la répression ne marque certains points, tandis qu’on peut très bien imaginer la disparition de P.T.B.). Cette « résolution » poursuit : « Après trois mois et douze attentats, malgré une chasse de toutes les forces de polices d’Europe, on n’a encore aucune trace des auteurs. Il faudrait en conclure qu’il s’agit de " marxistes-léninistes " qui ont été clandestins depuis le début de leur activité politique, ce qui est impossible dans notre pays. »

     Une fois de plus, et comme toujours, P.T.B. expose sa grande confiance dans les investigations policières et son manque de confiance dans les capacités, l’intelligence et l’imagination, l’expérience et la vigilance, et surtout la détermination des révolutionnaires. Nous disions dans le communiqué de l’action contre le S.H.A.P.E. à Sint-Stevens Woluwe que « la gauche » ne pouvait plus définir son identité qu’à travers les défaites, et bien c’est exactement de cela dont il est question ici : P.T.B. n’a pas la moindre confiance dans l’avenir de la lutte de classe et l’inexorabilité de la victoire prolétarienne. Il ne comprend plus rien à rien quand il s’agit d’empoigner les armes de la victoire plutôt que se coudre un crêpe de deuil.

     Un autre volet de ce premier point : « Les C.C.C. font preuve de connaissances techniques perfectionnées... Ils ont utilisé une combinaison d’explosifs qui n’est employée qu’à l’armée... la connaissance et l’utilisation du jargon militaire... pourrait s’expliquer par leur appartenance à des milieux militaires. »

     Tout cela est éminement politique comme analyse ! Les connaissances s’apprennent dans les livres et auprès des camarades qui ont cette expérience de par la lutte qui se mène dans leur pays où l’affrontement militaire est nettement plus élevé qu’ici, auprès des camarades travailleurs des carrières, et enfin s’originalisent avec prudence ! — de notre imagination.

     Ce que l’on peut percevoir de cette position de P.T.B., et qui doit réjouir les milieux policiers, est que la question de l’armement en général n’a jamais été posée ou débattue au sein de P.T.B., sans quoi il éviterait de se ridiculiser de pareille façon.

     Nous avons déjà expliqué c’en devient lassant que tout l’explosif utilisé durant cette première campagne provenait des carrières de Scoufflény, et le jargon militaire dont nous sommes si friandes, est imprimé sur tout l’équipement du milicien et tient en trois lettres : A.B.L. ! Franchement, dans Le lotus bleu, Milou fait preuve de plus de perspicacité que les Dupond-Dupont du « Bureau politique du P.T.B. ».

     Et pour terminer ce premier point qui est sensé, rappelons-le, vous éclairer sur notre généalogie policière : « Enfin, l’apparition soudaine des C.C.C. ne rime pas du tout avec la conjoncture politique actuelle dans notre pays. » Laissons P.T.B. répondre tout seul à cette élucubration : « Pour la nouvelle génération de gauche de 1968, la nécessité de la révolution était une conclusion de discussions idéologiques. En 1983, on sent et on voit que la révolution découle de l’appauvrissement, de l’exaspération et de la misère d’une grande partie des travailleurs et on voit que la bourgeoisie monopoliste prépare et équipe ses troupes de choc pour une repression impitoyable 20

     Il semble donc, si l’on comprend bien le sens très juste de cette réflexion, que les Cellules Communistes Combattantes marchent dans le sens de l’histoire, et que P.T.B. entend le remonter à contre-courant, ce qui est un exercice aussi périlleux que suicidaire. Il nous en donne une confirmation à la ligne suivante : « La tendance actuelle est plutôt à la montée de la droite et à la capitulation devant cette droite dans les rangs de la gauche petite-bourgeoise... »

     L’élémentaire honnêteté nous impose de reconnaître à P.T.B. cet aveu de sincérité. Voilà le bilan, l’histoire de T.P.O./P.T.B. depuis 68, et voilà son projet historique : la capitulation ! La question ne se pose pas pour ces éminents matérialistes de concevoir l’analyse de la situation à partir des conditions objectives, c’est-à-dire aussi à partir des forces révolutionnaires et leur développement, ils ne peuvent l’élaborer qu’à partir de leurs fantasmes d’éternels lessivés. Décidément la morale d’esclave du judéo-christianisme n’a pas fini de faire des ravages et supplante toujours le matérialisme historique et dialectique à la tête du « Parti du Travail ».

     Si P.T.B. souhaite que l’heure soit à la défaite, c’est son problème, mais qu’il n’encombre pas alors le terrain de la lutte de classe. Pour nous, communistes révolutionnaires, comme pour l’ensemble des avant-gardes ouvrières, l’heure est à la reprise du combat et non à l’attentisme désespéré.

     2) « La campagne des C.C.C. est mise sur pied par les services secrets américains avec l’aide de l’extrême-droite belge. » Paf ! Rien de moins ! Et sur quoi repose cet évangile ? Sur notre sournoise campagne anti-impérialiste dont les véritables buts sont « criminaliser le mouvement pacifiste » afin d'en « détourner des fractions proches de la majorité gouvernementale, comme l’A.C.W. 21, qui s’opposent aujourd’hui à l’implantation des missiles ». Le tout se lit sur fond « d’une politique trop indépendante de certains gouvernements en Europe occidentale ». Nous croyons que P.T.B. range le gouvernement belge parmi ceux-là.

     Ce second point dénonce l’idéalisme politique dont P.T.B. est champion. L’histoire de ces derniers mois n’a fait que confirmer la justesse de toutes les analyses de nos communiqués quant à l’intérêt et la confiance que l’on pouvait accorder aux shows démocratiques et parlementaires sur la question de l’organisation de la guerre impérialiste, et en conséquence sur la question de l’implantation des missiles U.S. En clair, nous avons posé la question de l’implantation des missiles d’un point de vue de classe, en la replaçant dans le cadre global de la lutte anti-impérialiste.

     P.T.B., toujours lui, écrit en ‘79 : « Le parlement, une façade pour les véritables détenteurs du pouvoir. Quand les décisions fondamentales doivent être prises au parlement, les solutions sont élaborées, pesées et fixées dans les milieux des banques et des grandes entreprises. Le parlement est une institution bourgeoise, une façade qui ne dispose pas du pouvoir réel 22. »

     Mais quand il s’agit de considérer le choix d’une stratégie de lutte à partir de cette donnée bien concrète, et de l’appliquer, P.T.B. ne peut se dégager de son réformisme et de sa grande confiance dans le parlementarisme bourgeois. Il déclare alors que la lutte révolutionnaire brise les possibilités de défendre les intérêts des travailleurs via le parlement, et nie que les directions syndicales sont à la solde du capital !

     Pour couronner sa débandade démocratique, ce « bureau politique » rappelera l’action menée par E.T.A. contre les pipe-lines de l’O.T.A.N., quelques jours après la nôtre : « mêmes circonstances, même tactique ». Ce qui veut dire en clair : E.T.A. est mise sur pied par les services secrets américains avec l’aide des commandos du « Christ-Roi ». On croit rêver !

     Si P.T.B. gardait pour lui sa propre dégénérescence politique, ce ne serait encore qu’un demi-mal. La situation devient tellement insupportable quand il nous prête ses propres positions et sa propre incompréhension des choses. en peut lire : « En faisant sauter des pipe-lines, les C.C.C. "prouvent" qu’à défaut de mesures urgentes, l’ennemi peut, de l’intérieur paralyser l’O.T.A.N. C’est exactement ce que les fascistes du W.N.P., en volant des documents à l’O.T.A.N., ont voulu prouver. »

     Nous, nous ne savons pas ce que les fascistes du W.N.P. voulaient prouver en volant des documents à l’O.T.A.N. Nous ne suivrons certainement pas Haquin-le-flic dans ses règlements de compte, et si le W.N.P. entendait renforcer la protection des centres de l’O.T.A.N., nous n’en avons rien à foutre, cela n’a pas le moindre intérêt.

     Par contre, ce que nous, communistes, avons démontré par nos actions au Bierset, à Sint-Stevens-Woluwe et contre les pipe-lines, c’est que « quelques mesures urgentes » que prenne l’O.T.A.N., elle ne pourra jamais empêcher les révolutionnaires de l’attaquer. L’O.T.A.N. et les centres de domination de la bourgeoisie seront de plus en plus obligés, dans l’avenir, de se protéger des attaques des révolutionnaires, c’est-à-dire que leur isolement sera de plus en plus grand.

     Contrairement à P.T.B. qui a une vision légaliste de kollaboration du politique, et une vision abstraite mais militariste — de l’offensive, et les deux bien distinctes, nous avons une vision globale, historique et dialectique, de l’affrontement de classes et de la stratégie prolétarienne.

     Dans la période actuelle, c’est-à-dire la période de crise économique mondiale et de préparatifs de la guerre impérialiste, l’heure est à l’offensive politico-militaire, car c’est indépendamment du subjectivisme déterministe ou des atermoiements de pleutres que s’imposent les tâches des marxistes-léninistes.

     Nous disons aussi que tactiquement obliger l’ennemi à diviser ses forces est une bonne chose. Gol a déclaré qu’il ne pouvait mettre un gendarme tous les cent mètres sur les pipe-lines (cela est la démonstration de la justesse du principe tactique de la guérilla)... C’est dommage, ça en ferait autant de moins dans nos villes, dans nos usines et dans les manifs, et quand les révolutionnaires décideraient de les faire sauter à nouveau (les pipe-lines, pas encore les gendarmes), ils récupéreraient en plus quelques uzi.

     Une des tâches pour les camarades suite à nos attaques contre les pipe-lines est celle-ci : mettre en avant la vulnérabilité de l’ennemi, la force tactique de la guérilla, la rupture offensive et l’identité prolétarienne dans le combat de classe. Mais P.T.B. estime sans doute qu’il ne faut gêner en rien les « boys » qui se battront contre l’ogre « soviétique » afin de préserver notre chère indépendance nationale, et laisser la gendarmerie s’occuper des « grévistes-terroristes » plutôt que l’envoyer bivouaquer dans les champs.

     3) Accrochons-nous, les Cellules Communistes Combattantes sont responsables de : « Discréditer le mouvement révolutionnaire, renforcer la gendarmerie et étendre l’arsenal des lois anti-démocratiques. »

     Avant tout, il s’impose de répondre à une question qui, au-delà du slogan paranoïaque, n’a jamais eu l’air d’intéresser le « Parti du Travail » : Qu’est-ce que le « crédit » du mouvement révolutionnaire avec lequel il nous casse les oreilles ? Le crédit dont un mouvement révolutionnaire peut se réclamer, est celui qu’objectivement les masses lui reconnaissent en ce qu’il est capable d’en défendre les intérêts immédiats, et cela, dans la perspective historique de la révolution communiste. Dans les faits, cela veut dire s’inscrire politiquement puis organisationnellement à l’avant-garde de la lutte de classe pour la dictature du prolétariat.

     Voilà les conditions objectives à travers lesquelles l’Organisation révolutionnaire peut prétendre au crédit dans le monde du travail, et l’on a perdu de vue P.T.B.

     Ces conditions objectives ne sont pas un statut figé, mais un mouvement de lutte qui induit la radicalisation de l’antagonisme et, entre autres conséquences, le renforcement de l’appareil militaire de coercition bourgeoise (la police, la gendarmerie et l’armée) ainsi que l’abandon du consensus démocratique.

     La question est alors : le renforcement de la gendarmerie et de l’armée, l’abandon du cirque démocratique, sont-ils gratuits ou correspondent-ils à l’anticipation et la réaction de la bourgeoisie face à l’explosion prochaine que produira inévitablement l’aggravation de la crise économique, la guerre, et le refus des travailleurs ?

     La position des révolutionnaires peut-elle être autre que de comprendre cela, en faire la base de leur agitation, et s’y attaquer politiquement et militairement ?

     Aussi, la première campagne des Cellules Communistes Combattantes, tout au contraire de discréditer la politique révolutionnaire, a rendu à cette politique, à cette lutte, et pour la première fois depuis que des P.T.B. les trahissent, un peu de leur essence, de leur vie, de leur force, de leur futur, UN PEU DE LEUR CRÉDIT. Pour la première fois depuis bien longtemps, les travailleurs et les travailleuses estiment le combat communiste comme un espoir, une voie pour l’émancipation, plutôt que comme une trahison permanente. Voilà la vérité qui fait peur à P.T.B. et aux bourgeois, voilà la vérité et la force que porte notre combat et qui germeront dans le prolétariat en une ample moisson !

     4) Ce quatrième point, que nous disions à prétention politique, traite de « P.T.B. et du terrorisme ». Une réflexion d’une certaine importance est à faire quant à ce titre. Le terrorisme, pour un marxiste, recouvre soit l’ensemble des méthodes historiquement appropriées de domination bourgeoise, soit des mouvements historiques révolutionnaires comme « la terreur » durant la révolution française, soit une tactique ponctuelle de représaille aux exactions de l’ennemi, comme par exemple certaines actions du F.L.N. pendant la bataille d’Alger, etc...

     Le « terrorisme » est donc définissable historiquement et politiquement, et peut ainsi être parfaitement révolutionnaire et prolétarien dans des périodes particulières de la lutte des classes. Mais aujourd’hui, la bourgeoisie et ses petits-amis ont connoté le « terrorisme » d’un jugement idéologique négatif, dont le seul but est de masquer que les véritables terroristes, à grande échelle et depuis des siècles, sont les exploiteurs des peuples, aujourd’hui les impérialistes.

     Ici aussi, la question du « terrorisme » comme celle de « la violence et la dangerosité » ne peuvent s’aborder que d’un point de vue de classe, c’est-à-dire au service de quelle classe, dans la guerre contre quelle classe. Quand P.T.B. place notre combat sous l’étiquette « terrorisme », il se trompe dans l’analyse de notre stratégie et de notre tactique, cela révèle les lacunes et les insuffisances de sa réflexion politique. Mais quand P.T.B. place notre combat sous l’étiquette « terrorisme » dans le cadre de la guerre psychologique menée par les stratèges policiers, il montre sa parfaite collusion d’intérêt avec les ennemis du prolétariat.

     « Ils (les marxistes) ne rejettent en principe aucune forme de lutte... Les formes de lutte évoluent selon les circonstances historiques concrètes. » Voilà des propos fort corrects avec lesquels nous sommes entièrement d’accord. L’ennui est que pour les Cellules, l’application de ces principes mène à l’offensive, et pour P.T.B. à la défensive.

     Les Cellules Communistes Combattantes écoutent les enseignements du président Ho Chi Minh : « Il importe d’opposer la violence révolutionnaire à la violence contre-révolutionnaire pour la conquête et la sauvegarde du pouvoir. Il faut tenir compte de la situation concrète pour adopter des formes de lutte révolutionnaire adéquates, employer de façon judicieuse et combiner avec habileté la lutte armée et la lutte politique pour assurer le succès de la révolution 23. »

     P.T.B., lui, s’égare : « La lutte légale et syndicale est la forme (de lutte) principale (aujourd’hui et en Belgique), et à partir de là, la tâche des marxistes est qu’ils généralisent, organisent et rendent conscientes les formes de lutte que les travailleurs développent spontanément. »

     Que nous ont appris Marx et Engels ? Que le prolétariat, spontanément, ne peut développer que des luttes réformistes, « trade-unionistes », et que le rôle indispensable des communistes est justement de partir de l’expression de l’antagonisme et de ses limites « spontanées » pour l’organiser dans un saut qualitatif en processus d’organisation et d’offensive pour la dictature du prolétariat.

     P.T.B., comme tout parti réformiste et d’intérêt petit-bourgeois, comme tout parti opportuniste, fonde sa stratégie sur les limites du spontanéisme et non sur les potentialités objectives de l’antagonisme, développe sa pratique non pas dans l’organisation qualitative des forces mais dans la gestion de leurs limites et de leurs insuffisances politiques.

     Ce n’est pas le spontanéisme des masses et encore moins sa dégénérescence après 40 ans de syndicalisme pourri qui décide de quelle forme de lutte objective la classe prolétarienne doit se saisir dans cette période déterminée, mais l’analyse marxiste et sa vérification permanente dans la pratique. Elle seule peut évaluer la situation globale, c’est-à-dire à l’époque de l’impérialisme achevé lui restituer sa dimension internationaliste, en fonction des buts à atteindre et par là même imposer le choix révolutionnaire.

     P.T.B., qui est à l’arrière-garde de la lutte spontanée, et qui pousse son pitoyable opportunisme au point de placer le spontanéisme à un rôle directeur, réduit l’importance historique du Parti Communiste à celui de centralisateur des luttes parcellaires, de technocrate de la planification, en quelque sorte de « gentil organisateur » du mécontentement social !

     Plus loin encore on lit une confirmation de cette politique réformiste : « Pour les marxistes, une méthode d’action est la meilleure... si elle permet de mobiliser un maximum la force des masses... » Restons polis, en se croirait chez Spitaels, soyons inquiets, en se croirait chez Mussolini ! La lutte des communistes n’est pas de « mobiliser un maximum », elle est de mobiliser dans le cadre concret du pouvoir prolétarien, c’est-à-dire d’une stratégie révolutionnaire pour l’hégémonie de la classe laborieuse.

     Nous ne sommes pas trop surprises de cette position de P.T.B., son soutien au coup d’État réactionnaire de Deng est l’illustration de l’ambiguïté politique de son populisme.

     Le rôle du Parti Communiste est-il d’attendre que les masses s’arment spontanément (en imaginant encore, dans une curieuse crédulité, que la bourgeoisie laisse faire en se tournant les pouces) pour surgir de sa boîte, en réclamant, au nom de dieu sait quel droit ou quelle expérience, la direction de la lutte politico-militaire... ou bien, de tout temps, faire vivre dans les luttes ces paroles sï claires de Mao Tsé-toung : « le pouvoir est au bout du fusil » et « le Parti dirige le fusil » ?

     La réponse de P.T.B. à cette question est carrément dadaïste ! En entrée il déclare : « Étant donné que la bourgeoisie dispose de ses détachements armés pour maintenir les masses populaires sous sa domination, le prolétariat est obligé, pour se libérer, de préparer puis de mener à bien la lutte armée du peuple 24. »

     Cela est fort bien pensé. Les Cellules Communistes Combattantes et P.T.B. pourraient marcher main dans la main ? Non, car comme pour nous il ne s’agit pas de faire de belles déclarations de temps à autres, et surtout sans lendemain, notre accord s’arrêtera là. Pourquoi ? Mais parce que quand il s’agit de traduire cette vérité politique dans la pratique, P.T.B. trahit :

     « Le choix de servir la révolution se réalise par l’engagement dans le Parti... Un parti qui soit en même temps capable de diriger cette lutte dans des conditions extrêmement difficiles et face à un ennemi puissamment armé et organisé. Ce parti doit donc être lui-même fortement organisé, centralisé, discipliné 25. » (Nous soulignons.)

     Comme à l’école on nous a appris à faire une soustraction, nous voyons facilement que P.T.B. laisse l’usage de la violence armée (celle au bout de laquelle est le pouvoir) à l’État bourgeois... autrement dit qu’il n’entend pas remettre en cause objectivement (c’est-à-dire autrement que comme support publicitaire à ses campagnes de financement et de recrutement) la dictature des patrons et de leurs larbins militaires. Ah, si ! P.T.B. a une revendication à ce niveau : « Dissolution de la gendarmerie... » C’est une bonne idée, bravo !

     Nous ne sommes pas sectaires et nous proposons à P.T.B. d’organiser au plus vite un grand bal aux lampions de « la gauche », où les capitalistes, soudain éclairés par une si folle ambiance, viendront lui remettre les clefs du paradis. Nous nous excusons, si nous sommes invités, de ne pas pouvoir venir... Car ce qui nous occupe est l’organisation communiste du combat de classe, que nous savons déjà concrètement que cela veut dire plus de police, plus de gendarmerie et plus de répression. Ceux qui veulent cacher ces évidences aussi quotidiennes sont les mêmes qui s’occupent de désamorcer la force prolétaire et trahir l’avenir du monde du travail. Ce sont les portiers des stades et les croque-morts des camarades.

     Nous n’avons pas encore quitté ce quatrième point, et P.T.B. va maintenant nous donner une leçon d’histoire ; toute la question de la rupture avec le révisionnisme qui a marqué le mouvement révolutionnaire à partir des années ‘70 (en Allemagne fédérale avec la Fraction Armée Rouge et en Italie avec les Brigades Rouges) est ramenée dans l’optique PTBorgne à « une capitulation devant le travail difficile d’organisation et de conscientisation parmi les masses populaires. Ils voulaient "exciter" les travailleurs en mettant à nu le véritable visage répressif de la bourgeoisie. »

     P.T.B. conçoit le travail d’organisation et de conscientisation des travailleurs de la même façon que les témoins de Jéhovah évangélisent leur immeuble. P.T.B. ne connaît pas les Organisations R.A.F. et B.R., leurs histoires et leurs lignes politiques. Il ne peut qu’ânonner les inepties que la bourgeoisie répand sur leurs comptes à son intention. C’est désespérant !

     Nous avons une analyse de chacune de ces Organisations, et nous nous permettons d’être solidairement critiques quant à leurs histoires. Cela est un autre problème. Pour démontrer l’ineptie des assertions de P.T.B., nous citerons la tâche principale de la résolution stratégique no 19 des Brigades Rouges 26 : « Consolider les formes d’organisation réelles et de masse nées de la lutte prolétarienne en opposition à l’orientation bureaucratique et conciliatrice du syndicat. Étendre la mobilisation de masses et d’avant-gardes pour lutter contre le "décret-escroquerie" 27 et la politique économique du gouvernement Craxi. Ce sont là les tâches politiques que les avant-gardes de la classe doivent se fixer. Voilà la perspective concrète pour le mouvement ouvrier italien. »

     Les quinze années de lutte des Brigades Rouges, le combat du P.C.E.(r) et des G.R.A.P.O. que nous considérons comme les organisations M.L. dont les directives politiques et les combats sont exemplaires pour le mouvement ouvrier, sont inconnus du « bureau politique du. P.T.B. », si ce n’est à travers les enquêtes du « Soir Illustré » ou les saloperies de Claire Sterling, conseillère à la Commission sénatoriale U.S. sur la contre-insurrection... dont les livres côtoient ceux du général Close, toujours au « Livre Rouge »...

     Le parallèle est complet entre l’ignorance qu’a P.T.B. des quinze années de lutte révolutionnaire menées par les Brigades Rouges en Italie — et qui leur confèrent, dans les faits et l’orientation politique le rôle objectif d’avant-garde prolétarienne , et l’aveuglement haineux dont il fait preuve à l’égard du combat et de la politique des Cellules.

     La « résolution » du « Bureau politique du P.T.B. » clôture sa totale inconsistance en pastichant Lola l’autruche : alors que notre campagne fut un grand succès militant et politique, elle condamne solennellement toutes les organisations de guérilla en Europe : « Au/ourd’hui leur échec est éclatant ! » et se rentre la tête dans un sac.

     Et c’est tout. Les militants de P.T.B. n’en auront pas plus pour faire de beaux rêves, et comme pour beaucoup cela n’a pas l’air de suffire malgré que le « Bureau Politique » ait donné son « max », en redescend dans la jungle des romans-feuilletons.

     Le 23 janvier ’85 (les Cellules viennent d’attaquer le S.H.A.P.E.), Solidaire publie un article sur « La sécurité des citoyens » dans le style démocrate bien-pensant. Rien de neuf sous le soleil, si ce n’est le titre racoleur : « les C.C.C. incitent la police et la gendarmerie à tirer plus vite ». Et dans l’article : « L’affirmation des C.C.C. selon laquelle ils ne respecteront plus la vie humaine des forces de l’ordre est une invitation pour celles-ci à tirer sur tout ce qui bouge. »

     Nous voilà donc, par les bons soins de P.T.B., rendues coupables des « futures bavures policières »... Nous devons quand même pousser un « ouf » de soulagement, car la condamnation n’a pas d’effet rétroactif, sans quoi nous serions méchamment chargées ! Mais nous pensons surtout que l’ensemble des corps de police doit être résolument optimiste de savoir que le Parti du Travail le décharge de toute responsabilité quant à ses fusillades intempestives et autres crimes réguliers : nous l’avons bien cherché !

     Nous conseillons aux militants de P.T.B. de lire le communiqué de notre action contre le S.H.A.P.E., et particulièrement ce que nous disons à propos de l’exécution des agents ennemis. Notre propos est assez différent du compte-rendu qu’en fait Solidaire.

     Mais laissons Lénine condamner sans appel l’ignominie pacifiste de P.T.B. : « L’armement de la bourgeoisie contre le prolétariat est l’un des faits les plus importants, les plus fondamentaux, les plus essentiels de la société capitaliste moderne. Et l’on vient, cela étant, proposer aux social-démocrates révolutionnaires de "revendiquer" le "désarmement" ! Ce serait là renier totalement le point de vue de la lutte des classes et renoncer à toute idée de révolution. Notre mot d’ordre doit être : l’armement du prolétariat pourqu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie. C’est la seule tactique possible pour une classe révolutionnaire, une tactique qui résulte de toute l’évolution objective du militarisme capitaliste et qui est prescrite par cette évolution. C’est seulement après que le prolétariat aura désarmé la bourgeoisie qu’il pourra, sans trahir sa mission historique universelle, jefer à la ferraille toutes les armes en général, et il ne manquera pas de le faire, mais alors seulement, et en aucun cas avant 28. »

     Il est évidemment plus simple de revendiquer l’expropriation des banques et des holdings en lettres rouges sur du papier jaune, ou vice-versa, que d’être léniniste dans la stratégie, et communiste conséquent dans la pratique !

     Si P.T.B. estime mener la lutte révolutionnaire avec les mains vides et la bienveillance de la bourgeoisie, comme nous le soulignions au début de cette lettre, libre à lui, et libre à nous d’en démontrer l’ineptie et le fondement politique : P.T.B. ne pose pas la question de l’organisation des travailleurs dans le but de la révolution prolétarienne, mais tente de se creuser une place au soleil du parlementarisme. Mais, si de plus, P.T.B. entend désarmer le prolétariat et cautionner l’assassinat des révolutionnaires, gare à lui, car le jugement de l’Histoire est sans appel.

     Dans ce même numéro encore, Simons-qui-est-revenu, se réjouit de ce que ses malodorantes sornettes aient pu servir de support à une interpellation parlementaire destinée à Gol. Si nous pensions que les services de police étaient aussi crétins et aussi nuls que Simons et Deleuze, nous trouverions un léger intérêt pratique à cette interpellation. Nous pourrions espérer que les fins limiers de la police judiciaire et de la sûreté de l’État perdent leur temps à fouiner dans les casernes ou leurs propres services.

     Mais ce n’est pas le cas. Les forces de répression ne vivent pas dans les nuages, elles sont au service de la domination de la bourgeoisie, c’est-à-dire d’une dictature bien concrète, et mènent leurs investigations dans le cadre de la guerre des classes pour obtenir des résultats tangibles pour leur employeur. C’est pourquoi, mis à part le grotesque, l’intervention de Deleuze ne sert objectivement, une fois de plus, que les intérêts réunis de GoI et P.T.B. : tenter de diffâmer le combat révolutionnaire aux yeux des masses.

     Nous trouvons qu’à cette occasion, c’est avec la courtoisie du bâton face à l’âne que GoI a demandé à Deleuze « s’il voulait un prix littéraire pour son roman ». Nous pensons ensuite que ce même Gol fut bien grossier et ingrat en ne remerciant pas, au nom de Martens 5, P.T.B. pour son excellent travail de décervelage de l’opinion publique.

     Au lendemain (s’il faut en croire Solidaire) de notre action contre le S.H.A.P.E., des militants sont allés spontanément chauler des slogans en solidarité avec les Cellules sur les murs de la capitale. Nous pensons que ces militants sont fort courageux, nous leur adressons notre fraternel salut communiste, et ne pouvons leur conseiller que d’être prudents et vigilants dans ce travail d’agitation, car il n’est certainement pas du goût des flics.

     Ce geste spontané de solidarité qui révèle l’écho mobilisateur de notre lutte devient au rayon mégalo-paranoïaque de Solidaire : « Nouvel attentat des C.C.C., tentative pour impliquer le P.T.B. »

     Mais que P.T.B. se rassure, et tâche d’être moins bête ! Si un jour, il ya la moindre malchance que nous soyons confondus, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre possible pour clarifier pareille infection ! Notre combat est une clarification permanente de ce qui sépare les communistes révolutionnaires de la petite-bourgeoisie réformiste, personne ne voit l’intérêt que les Cellules Communistes Combattantes auraient à édulcorer cette clarification, ce serait lutter contre nos objectifs mêmes, ce serait trahir la confiance que nous avons gagné auprès des travailleurs par notre première campagne !

     Nous ne pouvons quand même pas conseiller aux militants, auteurs de ces chaulages, d’aller les peindre, à l’avenir,sur les nuages pour que P.T.B. 29 puisse s’imaginer que la rue lui appartient... C’est assez triste de devoir perdre son temps à dire des choses comme cela, mais c’est le lot hebdomadaire auquel nous a habituées le Parti du Travail.

     Bis repetita le 30 janvier : « Les attentats des C.C.C. sont manifestement une mise en scène qui doit servir également dans une offensive contre le communisme dans le but de monter l’opinion publique contre les idées révolutionnaires telles que celles propagées par le P.T.B. » Nous avons déjà répondu à ces salades, et il semble que beaucoup de militants de P.T.B. les trouvent aussi indigestes que nous. La direction de P.T.B. entendait-elle lancer la campagne : « Réunifier le Parti dans le délire de persécution collectif ? »

     Nous allons nous arrêter au numéro 6 du 13 février. Nous avons notre dose de Solidaire pour au moins 10 ans. C’est un numéro digne de clôturer cette lettre, car il est d’une qualité toute particulière ! « Action directe liée à l’extrême droite, Gol se mord les doigts. » L’attention la plus soutenue est indubitablement nécessaire pour qui veut suivre les miasmes de la plume de Simons, et voici de quoi il s’agit.

     1er acte. Gol, depuis le mois d’octobre, prétend que les Cellules Communistes Combattantes sont une « branche » d’Action Directe, ce qui dénote une certaine déficience intellectuelle. Nous nous sommes, dès notre action contre Honeywell, expliquées brièvement — mais clairement — à ce sujet, par l’analyse que nous faisons de la tentative policière de nous identifier à la R.A.F. ou à A.D.

     Simons, pas plus malin que Gol, pour qui l’analyse politique du combat d’Action Directe est une tâche insurmontable — ou qu’il estime sans doute superfétatoire —cataloguait ce groupe à l’extrême gauche, et était, du coup, bien embêté de cette filiation déclarée dans les médias.

     En effet, celle-ci était le grain de sable dans sa combine, soit les Cellules Communistes Combattantes étaient une construction d’A.D., soit une construction de la C.I.A. Comme P.T.B. avait eu la révélation C.I.A., pour le repos de ses neurones, Simons en était arrivé à oublier l’existence d’Action Directe... Rideau !

     2ème acte. « De plus en plus d’éléments (encore ! C’est une obsession) indiquent qu’Action Directe est manipulée par les services de police et des éléments d’extrême-droite. Version services secrets de l’arroseur arrosé. » Et toc ! D’une pierre deux coups ! Simons triomphe sur toute la ligne et s’offre, une fois n’est pas coutume, un brin d’humour.

     Et pourquoi Action Directe, dont les positions politiques n’ont guère changé depuis 81, passe-t-elle de l’extrême gauche à l’extrême droite dans le hit parade de Simons ? Parce qu’un flic véreux et la Libre Belgique ont apporté la bonne parole à ce modèle de marxiste, et qu’avec un audacieux coup de pouce plein d’imagination, il a enfin trouvé une solution à sa roue carrée.

     Le flic véreux : Paul Barril, ex-gendarme du G.I.G.N., compromis entre autres trafics d’armes et hold-up pour l’extrême droite, dans l’affaire dite « des Irlandais de Vincennes »... que Simons décrit lui-même comme « ayant trempé dans diverses provocations policières », déclarerait dans son livre Missions très spéciales (et non pas Missions secrètes comme W.S. qui a lu trop de James Bond et pas le bouquin de Barril le re-titre) la phrase imbattable : « on ne savait plus qui manipulait qui ».

     Que dans l’article de Solidaire, Barril soit reconnu être un provocateur de longue date et de grande expérience, ne le dispense pas d’être le prophète 10 lignes plus bas. Soit. Rideau !

     3ème acte. Nous avons mieux compris comment un provocateur policier était à sa place dans Solidaire, en constatant qu’il figurait dans l’article d’un provocateur journaliste ! La phrase citée par Simons est introuvable dans le bouquin de Barril ! Oh, nous ne disons pas que si Solidaire l’interviewe, il ne déclarera pas avoir déjeuné la veille avec la « bande des quatre » qui dirige le terrorisme international, mais la phrase magique par laquelle A.D. s’est retrouvée infiltrée par tout le quai des Orfèvres est issue de la tête d’une crapule de journaliste véreux : Walter Simons. Rideau, ça pue !

     4ème acte. Le deuxième élément béni. Simons raconte : « Le 27 mai ‘84, la police française arrête Christian G. et Antonio R., deux sympathisants d’Action Directe Le lendemain, les policiers arrêtent Marc T., ils découvrent en même temps une seconde cache renfermant des documents, des livres et des cocktails molotov... Petit détail qui a son importance, Marc T. est un ex-militant d’extrême droite connu (La Libre Belgique, 21.1.85)... Connaissant la tactique d’infiltration des groupes d’extrême-droite, le qualitatif — ex pourrait bien être supeflu. »

     Roulez machine, tout cela est réglé comme papier à musique : Marc T. est un fasciste notoire qui via des « sympathisants » manipule Action Directe, laquelle à son tour construit les Cellules Communistes Combattantes, donc l’affaire est dans le sac : les Cellules sont au bas mot orchestrées par l’Opus Dei ! Et voilà, madame, pourquoi votre fille est muette. Rideau !

     5ème acte. La lecture de l’ensemble des journaux français relatant le procès de Marc T. nous apporte quelques informations qui, s’il en était encore besoin, illustrent l’équilibre mental et intellectuel de Walter Simons. Nous avions déjà toutes certitudes quant à son identité politique et ses méthodes d’apprenti-gœbbels, maintenant c’est chose faite en ce qui concerne sa débilité pathologique.

     Prenons par exemple Libération des 19 et 20 janvier, on peut y lire ce que tout le monde militant sait à Paris : « Marc T., qui a rompu avec le P.C.I. ».

     Que Simons ait un mépris complet des gens, considère leur honneur de communiste comme de la merde, et les injurient odieusement de « fascistes » pour étayer ses hallucinations n’est pas nouveau et trouve sa continuité dans le mépris qu’a P.T.B. pour les lecteurs de Solidaire.

     Marc T., ce « fasciste notoire » en pleine action, est donc en réalité un ex-militant du Parti Communiste Internationaliste... dont le garage (la seconde cache) recelait un stock de livres puant la peste brune : Terrorisme et Communisme, d’un certain Léon Trotsky, à l’époque dirigeant du Parti Bolchévik et chef de l’Armée Rouge ! Il est vrai que 20 ans plus tard, ce même Trotsky était déclaré fasciste notoire par l’appareil stalinien, et qu’il s’agit peut-être d’un atavisme pervers de Marc T., mais nous en doutons.

     Et Antonio R. et Christian G. ? Deux militants n’ayant rien à voir avec Action Directe, mais plutôt révoltés autonomes qui, à leur procès, se sont totalement démarqués de la lutte armée... Rideau ! Et remboursez !

     Epilogue. La baudruche est aussi dégonflée, l’arnaque est aussi pestilentielle que Simons est un misérable. À l’école de Paris Match, Solidaire a du apprendre que le choc des photos avait le poids des mots, et c’est pourquoi il présentera une nouvelle photo d’un chaulage de solidarité comme « élément » confortant ses élucubrations injurieuses ? ? ?

     Et voilà quatre mois de lutte révolutionnaire des Cellules Communistes Combattantes, et voilà quatre mois de haine, d’abjection, d’injures et surtout de peur de P.T.B. via Solidaire. Ce n’est pas avec déplaisir que nous allons terminer cette lettre, parce qu’à force de patauger dans la fange hebdomadaire de Solidaire, l’envie vous prend d’aller la faire bouffer à ses auteurs... et que nous pensons qu’aujourd’hui nous avons d’autres tâches plus constructives, et des ennemis plus consistants contre qui porter l’offensive.

     Cette lettre n’a aucune autre valeur que celle de briser pour l’avenir les campagnes que les G.I.A., P.T.B. et autres officines ne manqueront pas d’élaborer dans l’espoir de casser le mouvement ouvrier et notre politique révolutionnaire. Nous disions en commençant cette lettre que ce sont parfois les énormités les plus outrancieres qui de ce caractère gagnaient la crédibilité des dogmes. Nous venons de démontrer qu’à ce petit jeu P.T.B. est le roi. L’Histoire des révolutions passe souvent par la décapitation des rois.

     Notre lutte politique oblige les organisations révisionnistes et réformistes à se démasquer. Incapables de nous contrer politiquement, elles espèrent sauver leurs meubles branlants par la diffamation systématique dans l’attente enragée de l’arrestation ou de l’assassinat de nos militants. Cela ne serait même pas leur salut, les flics peuvent mettre les révolutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais tuer la révolution et la mémoire des communistes.

     Militants de base du Parti du Travail ou d’autre organisation, la brochure « La crise du mouvement révolutionnaire en Europe » se termine par ces mots : « Chaque militant communiste doit se poser la question s’il saurait réagir correctement au cas où des fautes sérieuses se produiraient dans le travail de direction du parti. » Pour vous, c’est aujourd’hui ou jamais que ces mots ont un sens, il y va de votre vie, de votre militantisme, de la cause du prolétariat.

     (Les principales sources d’informations de P.T.B. sont, par ordre décroissant : « La Dernière Heure », « Pourquoi Pas ? », « La Libre Belgique », « Gazet van Antwerpen », « Het Belang van Limburg », etc... 30)

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

Le 27 mars ‘85.

 

Notes :

     1. « Parti et front », Ludo Martens et Kris Merckx — P.T.B., p. 5.

     2. Solidaire, no 39, 17 octobre ’84.

     3. « Documents du congrès — Programme », P.T.B., 1979, pp. 34 et 85.

     4. Lénine : « Qu’est-ce que le social-chauvinisme ? »

     5. Trotsky : « Staline » in 10/18, tome 1, p. 340.

     6. « Chaîne » des librairies du Parti du Travail.

     7. Bande de gangsters (appelée aussi « tueurs fous du Brabant ») responsable de 1983 à 1985 de plusieurs attaques sanglantes.

     Diverses factions de la bourgeoisie et leur services de police exploitèrent démagogiquement le climat d’insécurité créé par ces attaques, en profitant pour régler leurs comptes entre eux.

     Le Michel Cocu dont il est question au paragraphe suivant est un policier arrêté dans le cadre de l’enquête. À l’époque où furent écrites ces lignes, l’enquête n’avait pas encore révélé de liens existant entre ces gangsters et l’extrême-droite... Depuis, plusieurs éléments sont venus étayer l’hypothèse d’une connexion, et depuis ces révélations, la « gauche » et l’« extrême-gauche » veulent voir dans cette affaire la tentative d’un complot démocratico-liberticide, complot auquel elles mêlent les C.C.C., « pendant terroriste rouge » des « tueurs du Brabant ».

     8. Usine sidérurgique du groupe Cockerill Sambre (voir note 3 p.1 73) installée dans la région liégeoise. Ultra moderne et de grande performance, cette usine n’en fût pas moins fermée 4 ans après son inauguration, et ce dans le cadre de la restructuration de la sidérurgie ; toutes les installations furent alors démontées, emballées et déménagées en Chine, pays qui les avait rachetées.

     9. « Parti et front », Ludo Martens et Kris Merckx — P.T.B., p. 5.

     10. Les huissiers et la police y sont intervenus au fins de saisies à la suite du refus des médecins de P.T.B. de payer leurs cotisations à l’Ordre des médecins (Ordre très réactionnaire). Les militants de P.T.B. s’étant barricadés à l’intérieur, quelques-uns furent emmenés pour contrôle d’identité.

     11. Un des centres libertaires bruxellois est la Petite (et Moyenne) Entreprise « 22 mars » ; l’activité de ce centre est prioritairement lucrative et accessoirement politique — ce qui est un moindre mal !

     12. Brigade Spéciale de Recherches, section de la gendarmerie chargée du renseignement politique.

     13. Allusion aux conférences et communiqués de presse des divers groupuscules de « gauche » visés par l’opération « mammouth » ; ces manifestations ont principatement tenu en dénonciation et différentiation vis-à-vis du combat révolutionnaire plutôt qu’en critique de l’action policière.

     14. Olivier Deleuze, élu du Parti Ecolo, s’est fait la voix du P.T.B. au parlement ; associant les Cellules à la C.I.A., aux fascistes, etc... il a interpellé le ministre de la justice quant aux développements des enquêtes.

     15. Escadron spécial d’intervention, ex-Brigade Diane, unité d’élite de la gendarmerie (équivalent belge des G.S.G. 9, G.I.G.N., ...).

     16. Westland New Post, groupe secret fasciste infiltré ou lié à la sûreté de l’État. Le W.N.P., qui n’existe que par ses règlements de compte internes, est le frisson rêvé pour la gauche démocrate en mal de croquemitaines.

     17. Latinus était un membre W.N.P. ; Haquin est un journaliste qui, ayant publié un livre ridicule sur ce dernier, et son groupe, profite de chacun de ses articles dans un quotidien bruxellois pour s’y faire une publicité gratuile... quitte à mélanger les Cellules et ses fantasmes sur le W.N.P. pour les besoins de se cause commerciale.

     18. Personnage mêlé à un vol d’obus dans la base militaire de Florennes, vraisemblablement un provocateur ayant infiltré les mouvements pacifistes.

     19. Tandis que le discours officiel de P.T.B. désignait les Cellules comme enfantées par la C.I.A. et les fascistes, les journalistes de ce même parti tâchaient d’infiltrer les familles et les amis des militants communistes connus pour leurs sympathies vis-à-vis des Cellules. Le « Front de la Jeunesse » était une organisation fasciste (aujourd’hui dispersée). La Tour de l’Yser est un monument symbole du nationalisme flamand ; elle est le théâtre annuel d’un très grand rassemblement auquel participent les groupes d’extrême-droite du nord du pays.

     20. « La crise du mouvement révolutionnaire en Europe », Ludo Martens, P.T.B., p. 11.

     21. Mouvement ouvrier chrétien flamand, aile gauche du C.V.P.

     22. « Documents du congrès », op. cit., point 81.

     23. Ho chi Minh, « La Grande Révolution Russe d’octobre 17 a ouvert la voie de la libération des peuples ».

     24. « Documents du congrès », op. cit., point 59.

     25. « La morale révolutionnaire », Ludo Martens, Juliette Pierre, Joris Pauwels —P.T.B., p. 64.

     26. Brigades Rouges : « Résolution stratégique no 19 : les luttes de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne », in Ligne Rouge, no 7, mai 1984.

     27. Le « décret escroquerie » est l’accord gouvernement-syndicats sur l’échelle mobile des salaires.

     28. Lénine : « Le programme militaire de la Révolution Prolétarienne ».

     29. Certains chaûlages de solidarité avoisinaient, en fait, d’anciennes inscriptions du P.T.B.... d’où les gémissements paranoïaques à la provocation !

     30. Soit l’ensemble des journaux bourgeois les plus réactionnaires du pays...

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Annexe 2 : Réponses concrètes à des questions concrètes.

     Ce document est celui que nous sommes tentées de dire le moins important. Notre décision de l’écrire et de le publier repose sur cette nécessité que nous avons ressentie, à partir de nombreuses discussions « publiques », d’illustrer notre lutte en réponse à certaines questions persistantes.

     La lutte armée pour le communisme, aujourd’hui et dans notre pays, ne peut être que clandestine : c’est la guérilla. Sur cette discrétion imposée s’élaborent toutes sortes de fantasmes, d’interrogations diverses, de manipulations malveillantes. La seule réponse possible et en profondeur à ce problème tient dans notre pratique et notre discours politique. Cependant, nous avons compris qu’une illustration plus vivante, plus anecdotique, peut aussi faciliter la compréhension de notre combat.

     Nous allons partir d’un exemple particulier pour saisir le général. Dans l’édition du 12 décembre ‘84, le journal Le Soir titre : « Oléoducs O.T.A.N. sabotés, des secrets militaires aux mains des C.C.C. ? » Dans notre communiqué à propos de ces actions, nous avions jugé plus important d’expliquer le rôle de la Belgique au sein de l’O.T.A.N., et en quoi l’O.T.A.N. est l’instrument de domination militaire et politique de l’impérialisme, plutôt que de raconter comment nous avions localisé et détruit ces pipe-lines.

     Mais cela, évidemment, n’intéresse pas les médias qui, eux, sont l’appareil de domination idéologique de l’impérialisme. Voilà pourquoi on voit fleurir dans les journaux des titres-interrogations aussi stupides, et qui visent à trois objectifs.

     Le premier, et le plus élémentaire, ne nous concerne pas exclusivement : le « sensationnalisme » mercantile de la presse. L’information, en système capitaliste, est un produit de consommation et de marché, et elle se confond souvent avec le marketing de l’intrigue. À titres racoleurs, il n’y a pas que Story pour nous inviter « à faire notre lessive avec les princes et les vedettes ».

     Le second est de nous nuire politiquement en dénaturant notre combat : « brouiller les pistes », introduire l’interrogation et la suspicion. Il faut que l’écho mobilisateur de notre politique dans le monde du travail s’égare en questions sur l’origine de nos explosifs ou sur l’infiltration policière au Canada en 1970... En six mois, nous avons été mangées à toutes les sauces, liées à tous les groupes ou Organisations combattants en Europe, aux services secrets lybiens, à la C.I.A. et au K.G.B., à la mafia et son trafic d’héroïne, et dernier fait divers, nous nous serions rebaptisées à l’école de l’anarchie !

     Troisièmement, et c’est la raison la plus insidieuse, la tentative de nous extirper du corps social et de sa réalité quotidienne. La politique révolutionnaire doit être présentée comme inaccessible au prolétariat, affaire de « spécialistes » dans un scénario de guerre des étoiles.

     La réalité est toute autre. Nous allons donc « raconter » des moments de notre pratique pour démystifier ces campagnes de presse contre la lutte révolutionnaire.

     Le résultat sera que beaucoup de journalistes apparaîtront comme de pauvres cons ou de féroces agents policiers, la première solution étant la moins méprisable.

     C’est sur ces « informations » que les flics et les scribes à leur dévotion vont se jeter. Ils en seront bien déçus car nous ne sommes pas des romancières prétentieuses et mégalomanes. Ce que nous avons fait... peut-être qu’aucune bête ne le ferait, mais tous les militants y réfléchissent !

     Comment avons-nous fait le choix des objectifs attaqués dans la première campagne anti-impérialiste ? Comment étaient-ils accessibles ?

     Le choix des objectifs que nous avons attaqués a été fondamentalement ordonné par le but politique de la campagne. La question s’est posée ainsi : nous devons porter l’attaque contre le secteur économique lié aux préparatifs de guerre, contre le pouvoir politique de I’État bourgeois, contre l’appareil de domination et d’organisation militaire de l’impérialisme.

     Cette décision était inaltérable et infragmentable, deux autres caractéristiques la précisaient : jusqu’à quel degré de violence révolutionnaire pouvions-nous mener l’attaque, en fonction de l’analyse de la conscience du mouvement de classe, et directement liées à ce niveau, nos forces objectives.

     La mobilité étant un des principes tactiques de la guérilla, nous avons décidé d’attaquer « secteur après secteur », c’est-à-dire de ne jamais « revenir sur nos pas » au cours de la campagne. Nous avons mené les 3 actions contre l’économique, puis 2 contre le politique, puis 3 contre le militaire. Quand nous avons fait sauter le siège des P.R.L./P.V.V., les flics nous attendaient chez S.A.B.C.A. 1, quand nous frappions l’O.T.A.N. au Bierset, ils nous attendaient au siège du P.S.C.

     Les attaques contre Litton, M.A.N. et Honeywell, se sont imposées de la même façon qu’elles l’ont été pour les révolutionnaires américains, canadiens et allemands qui s’en sont occupés. Tous les dossiers sérieux sur les industries militaires ou sur la question des missiles citent la responsabilité de ces multinationales... dont les adresses se trouvent dans l’annuaire téléphonique.

     Nous sommes alors allées visionner ces bâtiments, nous avons fait le choix de leur « point faible », analysé la question policière (emplacement des commissariats, fréquence des patrouilles, etc...) et organisé l’action en fonction de toutes ces données.

     Voici une anecdote qui démontre la stupidité des interrogations et affabulations de certains « journalistes ». Nous avions repéré les bâtiments d’Honeywell au mois de juin. Nous avions constaté qu’ils ne jouissaient d’aucune protection particulière, et que la nuit un corps de garde était installé dans l’aile droite. Cela était parfait, nous voulions attaquer le siège international sis à l’aile gauche, donc nous ne risquions, ni d’être confrontés aux vigiles, ni de les blesser dans l’explosion.

     Quelques jours avant l’attaque, des camarades sont retournés sur les lieux pour s’assurer que rien n’avait changé, et ils furent très embêtés de constater l’installation de caméras d’espionnage protégeant l’endroit que nous avions choisi pour placer notre charge.

     De soi-disant journalistes ont déclaré à ce propos que nous devions être au courant du fait que ces caméras n’étaient pas encore en activité. Nous avons eu droit à des calembredaines du genre : « Les C.C.C. sont financées par Honeywell qui entend se faire reconstruire un bâtiment aux frais des assurances. »

     Quand nous avons vu ces caméras, nous sommes allées acheter des cagoules, les mêmes vestes, les mêmes frocs et les mêmes souliers pour tous les camarades qui sont montés sur cette action. C’est dans cet anonymat qu’ils sont rentrés dans le champ des caméras. Un autre militant surveillait les veilleurs de nuit, et la mise à feu a été ordonnée avec la certitude de ne blesser personne.

     Les attaques contre la Fondation J.R. et le secrétariat de Martens se sont imposées, comme nous l’avons dit dans notre communiqué, par la participation gouvernementale de ces deux partis. L’annuaire téléphonique (encore) et un voyage dans quelques villes du pays ont permis de fixer définitivement Bruxelles et Gand.

     À Bruxelles, l’examen des poubelles de la Fondation J.R. nous a indiqué la présence d’une concierge, l’éclairage des fenêtres la nuit l’étage de son appartement. Voilà pourquoi nous avons placé une faible charge destinée à ne détruire que les bureaux. S’il n’y avait pas eu de concierge, c’est avec un certain plaisir que nous aurions doublé la charge et fait s’effondrer tout le bâtiment.

     À Gand, nous avions repéré que l’entrée cochère était fermée la nuit et le week-end par un volet. Pour orienter l’effet destructeur de notre charge vers l’intérieur du bâtiment, nous avions prévu 5 sacs de 50 kgs de sable pour la recouvrir du côté rue. Nous n’en avons pas eu besoin... le volet n’était plus baissé pendant la nuit !

     Le choix des attaques contre l’O.T.A.N. s’est réalisé au cours d’agréables « dimanches à la campagne ». Les pylônes de télécommunication de Bierset n’étaient pas très difficiles à repérer, ils s’élevaient jusqu’à 25 mètres de hauteur... C’est plutôt ne pas les voir qui tiendrait de la performance ! Quant aux pipe-lines, nous allons nous expliquer plus longuement puisque nos attaques ont servi de tremplin à ces élucubrations que nous citions en début de document.

     Il faut remonter à quelques années... où le premier élément est aussi simple que cocasse. Des camarades avaient lu dans Le Soir une information relatant les mésaventures d’un audacieux habitant de la région de Kontich qui, poussé par l’esprit d’économie et au courant du fait que le pipe-line O.T.A.N. traversait le fond de son jardin, avait décidé d’y brancher une vanne pour son usage personnel. L’audace semblant plus caractériser ce monsieur que le bon sens, son initiative s’était soldée par l’inondation de sa prairie sous une sacrée couche de pétrole brut et quelques ennuis avec la justice de son pays.

     L’idée première que nous avons eu en relisant cet article était d’aller poliment prier ce bricoleur de nous indiquer, avec suffisamment de précisions, le théâtre de ses exploits pour y donner une représentation à notre tour.

     Mais, étant des gens très méthodiques, et réfléchissant à cette relative accessibilité du pipe-line, nous avons à nouveau consulté le très secret annuaire téléphonique où sont indiquées, à la rubrique « Ministère de la Défense Nationale », toute les stations de pompage du pays. Commune après commune, nous avons donc établi la liste de ces stations, et décidé de longues promenades champêtres dans leurs secteurs.

     Nous étions parties avec l’idée d’attaquer directement une station de pompage, mais le repérage nous en révéla la difficulté. Ces installations sont très protégées (gardes militaires, chiens, etc...) et exigeaient une attaque de grande envergure. En nous promenant autour de ces stations, à la recherche d’une faille dans leur protection, nous avons été intriguées par la fréquence avec laquelle nous croisions des petits chapeaux oranges montés sur des piquets, tels ceux qui indiquent les canalisations de gaz dans les campagnes.

     Sur ces signalisations en peut lire un numéro de téléphone à appeler en cas de danger. Le préfixe (016) nous a mis la puce à l’oreille : c’est la région de Louvain où nous savions se trouver le Quartier Général des pipe-lines de l’O.T.A.N. en Belgique. Nous avons contrôlé (toujours avec l’annuaire téléphonique) et, en effet, le numéro relevé correspondait à celui du Quartier de la Gerbe de blé à Louvain.

     À ce moment-là, notre décision était de repérer le maximum de ces signalisations à travers le pays, et après une sélection, de creuser à leurs pieds pour atteindre la canalisation et y placer nos charges destructives.

     Nous revoilà donc en route sous le soleil de juillet. Nous partions de notre liste des stations de pompage et essayions de découvrir le tracé du pipe-line. Les yeux, nous ne les avons pas dans les poches, et au cours de ce travail, nous sommes naturellement tombées sur les chambres à vannes. Extérieurement, elles se présentent de la façon suivante : une imposante tôle d’acier, peinte en orange, et montée sur deux rails. Sa fermeture est assurée par un cadenas !

     Nouvelle décision, nous repartons donc allègrement à la chasse aux chambres à vannes. Après quelques semaines, nous avons placé sur une carte de Belgique une punaise rouge pour chaque chambre repérée, dans l’espoir de comprendre, en rapport avec les bases militaires, les ports, etc... quels pouvaient bien être les axes névralgiques à détruire. Et nous devons reconnaître que nous n’y sommes pas vraiment arrivées, ce qui explique qu’une de nos attaques a fait double emploi. Aujourd’hui les plans complets du réseau des oléoducs O.T.A.N. en Europe sont publiés, cela promet de beaux feux d’artifice !

     Quelques jours avant nos attaques, le jeudi 6 décembre exactement, nous avons forcé la trappe de la chambre d’Ittre. Il restait, en effet, deux questions auxquelles nous n’avions pas de réponse : qu’allions-nous réellement trouver dans ces chambres, et que devions-nous prévoir comme explosif, ensuite n’y avait-il pas sous cette simple tôle une porte blindée ou un système d’alarme ?

     Il n’y a rien du tout, à trois mètres de nous le pipe-line et sa vanne ! Nous refermons la trappe avec un nouveau cadenas dont nous ne perdons pas la clé, et revenons tous les jours suivants pour contrôler que notre visite et le changement de cadenas sont passés inaperçus.

     Le matin du 11 décembre 1984, les Cellules Communistes Combattantes sont passées à l’attaque contre le réseau oléoducs de l’O.T.A.N. Ces actions ont eu un énorme succès, tant en Belgique qu’à l’étranger, et sont un moment de notre lutte dont nous sommes très fières.

     Voilà les « secrets militaires » qui sont entre nos mains  ! Voilà les plans des oléoducs que nous avons reçus de la Fraction Armée Rouge ! Voilà plutôt comment des militants peuvent frapper très durement l’O.T.A.N. et recommencer quand bon leur semble !

     Le renseignement n’est pas une maladie honteuse. Il est même une pratique tout à fait nécessaire. Nous consacrons une grande part de notre travail pratique à l’espionnage des structures économiques, politiques ou militaires de la bourgeoisie... et réussissons, de plus en plus, à percer « ses secrets ». Pour se défendre contre cela, la bourgeoisie déclare que c’est impossible, et que ce que nous savons, nous l’avons reçu du K.G.B. ou de la mafia ! Nous allons donner un dernier exemple à partir de notre attaque contre le S.H.A.P.E. à Sint-Stevens-Woluwe.

     La Dernière Heure du mercredi 16 janvier écrit, sous le titre « Bien renseigné » : « Il fallait être diablement bien informés, incroyablement bien renseignés, pour savoir que le 13 chaussée de Louvain, à Sint-Stevens-Woluwe, abritait un complexe militaire américain discret. » Il doit encore s’agir là de nos « secrets militaires » !

     Des camarades se rendant à Louvain en voiture ont eu l’attention attirée par une camionnette kaki immatriculée « U.S. army » et stationnant devant ce bâtiment. Ils ont transmis l’information aux Cellules, et nous sommes allées contrôler. En effet, le bâtiment recevait la visite de militaires U.S., toutes les plaques de voitures stationnées révélaient leur appartenance au S.H.A.P.E., et de plus des M.P. américains gardaient l’entrée.

     Pour en savoir plus, nous sommes retournés consulter le grand livre de l’ombre... l’incroyable annuaire téléphonique de la zone Zaventem ! À la page 1216, en peut y lire la liste des institutions yankee résidant à cette adresse. Cela explique aussi notre méconnaissance du fait que le « U.S. Benelux Contracting Directorate » avait quitté le bâtiment depuis peu, son déménagement fut sans doute postérieur à la publication des annuaires.

     L’annuaire téléphonique ? Chaque année on l’épuise !

     Le téléphone ? Plus facile, plus rapide ! 2

     Nous voulons faire une dernière précision quant à notre attaque contre le S.H.A.P.E. Prenant en considération l’analyse de la réalité de la conscience de classe, nous avions décidé, pour notre première campagne, de ne pas mener d’action pour l’exécution de dirigeants ennemis.

     Pourtant nous voulions mener une action directement orientée contre le S.H.A.P.E., et toutes les structures de cet appareil sont gardées militairement. C’est à partir de la situation nouvelle de la conscience militante que nous avons perçues suite à notre attaque contre les pipe-lines, que nous avons pris la décision de risquer de blesser ou de tuer des militaires U.S. Nous devons reconnaître que nous avons beau ne pas être surprises de cette qualité nouvelle et offensive, la vérification de notre politique par l’Histoire est une force très stimulante ! Donc, après trois mois de lutte, l’écho favorable de notre lutte nous a permis d’envisager et de mener l’attaque contre le S.H.A.P.E.

     Mais comme ces M.P. U.S. n’étaient pas des gens importants et que le but de l’action n’était pas de les exécuter, nous leur avons laissé la chance de déserter leur poste. C’est ce qu’ils ont fait, et c’est pour cela qu’ils sont encore en vie. La désertion est la seule solution pour les agents et les mercenaires du capital.

     Voilà une première baudruche dégonflée. Mais il y en a d’autres, et celle que nous allons crever maintenant est d’importance. Cette question, au-delà des assertions policières, nous a souvent été posée par des camarades, et cela d’autant plus facilement que notre attitude à ce sujet se différencie fondamentalement des habitudes de « la gauche ». Comment les Cellules Communistes Combattantes et leur combat sont-ils financés ?

     Habitués à être tondus comme des moutons par les requins du gauchisme, beaucoup de camarades sont surpris que, lors de nos rencontres, notre pratique ne soit pas de leur vider le portefeuille. Tous ont encore en mémoire le fait que ces 20 dernières années de lutte « de gauche » se sont le plus souvent confondues avec le rackett de quelques imprimeurs ou autres amoureux de la brique 3 ! Le paradis libertaire ou socialiste se gagnait dans les nuits blanches du travail au noir, dans la co-gestion des dettes et faillites ou encore d’autres arnaques. Les J.C. Garot, Roger Noël 4 et autres proxénètes du militantisme ont corrompu toutes les luttes qu’ils ont approchées, et personne ne les oublie !

     Alors cette interrogation se pose, puisque nous n’avons pas ces pratiques juteuses de maquerautage, comment faisons-nous ? Car, dans le ramassis d’imbécilités que constituait « l’enquête » de J. P. Colette (Le Soir, 12, 13 janvier) consacrée au financement de la lutte révolutionnaire, « trop chère pour de simples gauchistes », « financée par un inspirateur occulte », « criminalité lucrative », « mécénat subversif », ... La question principale n’était pas fausse : notre première campagne a coûté beaucoup d’argent, le développement et le fonctionnement des Cellules imposent un budget élevé tous les mois.

     La première des pratiques qui permet de boucler un budget, et qui est une décision politique pour les communistes, est de combattre le gaspillage et la prévarication. Cela peut paraître naïf, mais il faut savoir que pour nos militants la propriété privée n’existe pas, et que toutes nos forces et nos capacités sont au service des Cellules et du projet politique qu’elles concrétisent.

     C’est au sein de cette discipline militante qu’est fait le choix, quand un militant gagne par son travail plus que le salaire d’un instituteur en début de carrière, qu’il restitue aux Cellules l’excédent de son salaire. Mais nous devons dire qu’aujourd’hui, dans nos rangs, cela ne représente pas grand chose ! Les Cellules Communistes Combattantes ne sont pas issues des facultés ou des professions libérales

     Des camarades qui ne sont pas militants des Cellules, mais qui sont interpellés par notre lutte politique, entendent marquer leur solidarité en nous aidant financièrement. Nous acceptons cette solidarité sur base des progrès dans les échanges, les discussions politiques.

     Mais la plus grande partie de l’argent nécessaire au combat des Cellules provient aujourd’hui des expropriations prolétariennes réalisées par nos militants dans les agences ou les sièges bancaires. L’argent ainsi prélevé à la bourgeoisie au cours des expropriations prolétariennes est géré par les Cellules pour les besoins de la lutte. Nous arrachons à la bourgeoisie une petite part du butin volé sur le travail des ouvriers, et le restituons au prolétariat à travers l’action révolutionnaire.

     L’expropriation des banques, sous la direction et au service de la lutte révolutionnaire, est juste et fut de tout temps d’actualité. Lénine : « Les fonds confisqués sont employés partiellement aux besoins du Parti, partiellement à des achats d’armes et à des préparatifs d’insurrection, partiellement à l’entretien des militants qui mènent la lutte en question. » Le camarade Staline, lui-même, a participé pour le Parti Bolchevik, à l’expropriation des banques et des transports de fonds, comme la plus connue, le 12 juin 1907, à Tiflis, qui rapporta au Parti 341.000 roubles !

     L’activité d’expropriation prolétarienne est une tâche militante menée, parmi d’autres, sous la direction de l’Organisation. Elle est pratiquée comme telle, avec conscience et sérieux, fermeté et détermination, sans forfanterie ni honte.

     Nous espérons que les inquiets de nos fins de mois seront comblés par notre réponse ! Les flics qui espéraient recevoir ici la liste de nos expropriations prolétariennes, en seront pour leurs frais. Quand nous déciderons de revendiquer une attaque de financement, nous en prendrons la décision avant et non après l’action.

     Voyons maintenant un autre point. L’option réformiste et légaliste qui a présidé à toute la lutte politique dans ce pays depuis la fin de la seconde guerre, a consolidé l’idée de la toute puissance invincible de la domination bourgeoise via ses flics et ses gendarmes. Oh, il ne faut pas nier cette puissance objective ! Celui qui imaginerait développer la lutte révolutionnaire sans que tôt ou tard les flics n’arrêtent ou n’assassinent des camarades serait aussi rêveur que dangereux.

     Mais la crasse est à l’opposé aujourd’hui. L’idéologie du vaincu empoisonne à ce point le monde militant que personne n’imagine triompher dans le combat, et que notre première campagne et son grand succès en paraissent presque surréalistes ! Laissons le surréalisme aux artistes et le désespoir au passé. Qui nous sommes, d’où nous venons et pourquoi notre première campagne fut ce succès est aussi compréhensible qu’accessible à tous les militants communistes authentiques.

     Une idée est répandue par les petits-bourgeois selon laquelle les Cellules ne « collent » pas à la réalité actuelle de « la gauche » en Belgique. Cela est tout à fait exact, mais la conclusion qu’ils tirent en est pour autant erronée : les Cellules débarquent de Bételgeuse — au minimum. Il est exact de dire que les Cellules ne « collent » pas à la réalité actuelle de « la gauche », pour la simple raison qu’elles « collent » au combat de classe pour le communisme. La prétention des petits-bourgeois est telle qu’ils s’imaginent être le centre du monde... et que ce qu’ils ne connaissent pas... n’existe pas.

     Nous serons obligées, dans ce chapitre, d’être malgré tout fort discrètes. Les camarades dignes de ce nom comprendront que nous ne pouvons pas éditer notre album de famille sans crainte d’une mauvaise surprise.

     Les Cellules Communistes Combattantes se sont concrétisées, pour la première fois, comme projet politique et organisationnel de lutte pour le communisme à la fin de l’année 1982. Ce projet s’imposait à quelques camarades se connaissant tous de longue date à travers leurs activités militantes ou sociales, mais étant tous arrivés à la conclusion, à partir d’une analyse serrée de la situation nationale et internationale, que l’heure était à la création de l’organisation communiste de guérilla, se basant sur un bilan critique de 15 années de lutte armée dans les métropoles, et sur la restitution du marxisme-léninisme comme direction politique.

     L’élaboration du projet politique et stratégique, l’unification des Cellules, émergèrent de nombreuses rencontres, discussions, luttes ponctuelles, et permirent, à partir d’un certain stade de maturité, d’engager le travail organisationnel et clandestin d’infrastructures militantes.

     Dans les faits, les Cellules ont tenté, dès la formalisation de leur unité politique, de « voler de leurs propres ailes » en ce qui concerne les questions de l’organisation militaire. Mais cela ne s’improvise pas toujours très facilement ! Aussi, à partir des rencontres et débats critiques avec d’autres groupes et organisations de pays étrangers, nous avons pu fixer, sur des bases minimums, une unité ponctuelle sur des questions logistiques.

     L’exemple que tous les auteurs de romans policiers attendaient, le voilà : en juin ‘84, des révolutionnaires internationalistes ont attaqué le bunker de la carrière de Scoufflény à Ecaussines. Ils y ont saisi 816 kgs d’Irémite, Tolamite, Triamite et dynamite. Tout l’explosif utilisé par les Cellules Communistes Combattantes durant la première campagne anti-impérialiste provenait de cette saisie.

     Toutes les envolées lyriques sur des combinaisons d’explosifs militaires ou autres formules insaisissables sont des fadaises qui relèvent, soit de l’incompétence des artificiers de l’armée, soit des magouilles de G.I.A.-P.T.B.

     L’avenir révèlera peut-être d’autres exemples où des camarades de plus d’expérience pratique ont mis leur savoir au service de l’éducation collective. Les Cellules Communistes Combattantes estiment que la solidarité concrète entre révolutionnaires est aussi importante que la plus radicale des critiques politiques.

     Mais le plus fondamental durant ces années 83 et 84, fut notre travail d’approche politique et d’élargissement. Nos militants sont allés exposer le projet politique des Cellules dans le cercle plus large des camarades de confiance, ils ont su écouter les critiques, considérer les exigences, et ils ont pu faire partager leur enthousiasme.

     Au seuil de la première campagne, nous pensions avoir mené ce travail au plus loin que nous le permettaient nos forces et la conjoncture. Les positions politiques des Cellules se concrétisèrent en communiqués d’actions (ce fut facile) et les militants politiques se réalisèrent en guerilleros (ce fut moins facile !). La campagne anti-impérialiste a couronné et cimenté tout le travail politique, en même temps qu’elle a éloigné les indécis et les aventuriers anarchistes.

     Ce qui est absolument nécessaire de comprendre, et qui explique l’incapacité qu’ont les petits-bourgeois de « la gauche » de ne pas se faire rosser à la moindre occasion, c’est que le succès de notre lutte réside dans son orientation politique et non pas dans la paranoïa pathologique. Les capacités pratiques que nous avons pu réunir dans l’offensive ne nous ont été accessibles que quand elles se sont révélées indispensables à la réalisation de notre volonté politique.

     « Nous voulons un autre monde et nous battons pour lui » n’est pas un cri de désespoir mais la confiance absolue dans l’avenir de l’humanité, l’attachement objectif aux théories du socialisme scientifique et leur adéquation historique.

     Quand les gauchistes donnent des interviews à la presse où ils pérorent sur notre combat, nous pouvons apprendre qu’ils ne comprennent pas comment nous sommes apparues en tant que forces politiques constituées dans l’offensive, alors qu’eux penchent plutôt vers l’alcoolisme ou la dépression nerveuse... P.T.B., lui, ne comprend pas d’où nous sortons, puisqu’il s’est offert un P majuscule à Parti en ‘79, et qu’en dehors du Parti, rien n’est possible... Que les contradictions de classes et la force objective qu’elles engendrent bousculent leur subjectivisme borné et ils se retrouvent, tous sans exception, sur le cul ! C’est bien là la preuve qu’ils ne comprennent rien à rien et n’ont pas l’espoir d’améliorer leur ordinaire dans l’avenir.

     Cet esprit défaitiste que nous citons ici, nous l’avons vu se pointer lors de la grande rafle du 19 octobre. Certains, et très sincèrement, ne comprennent toujours pas comment nous n’y avons pas toutes été arrêtées (merci !), ne comprennent pas alors pourquoi nous n’y avons pas « répondu », pourquoi nous n’en avons jamais parlé, etc... D’autres ne peuvent pas imaginer que nous ne soyons pas infiltrées par tous les services de police ou manipulées par le fantôme de Goering... nous pensons que tous ces gens, en se levant le matin, ne doivent pas avoir une vision très optimiste de leur quotidien.

     D’une façon provocante, nous serions tentées de dire que nous n’avons aucun commentaire à faire sur la rafle du 19 octobre. Le seul conseil que nous pourrions donner à ceux que cela intéresse est qu’elle ne sera certainement pas la dernière et que les années de misère social-pacifiste touchent à leur fin. Oh, pas que suite à notre combat politico-militaire, mais surtout parce que la crise n’ira qu’en s’accentuant, qu’elle radicalisera l’antagonisme de classes et que cela débouchera inexorablement sur la guerre impérialiste ou la guerre révolutionnaire.

     L’idéalisme politique par lequel les démocrates bourgeois trompent les masses, tente de présenter les formes historiques de la dictature bourgeoise comme extérieures au mouvement historique du capital. L’arnaque de cette combine est de nier l’économique et ses lois contradictoires comme facteur déterminant de l’Histoire sociale, et d’accréditer d’une autorité factice le rôle du pouvoir politique.

     La dictature de la bourgeoisie, que cela plaise ou non aux démocrates, est une domination sans partage. Elle revêt, selon ses intérêts en des périodes et des lieux différents, le masque de la démocratie bourgeoise ou celui du fascisme policier et militaire, ou encore d’autres formes intermédiaires entre ces deux extrêmes.

     La démocratie bourgeoise est la forme par laquelle cette même classe organise sa dictature quand la pacification du corps social est telle que l’antagonisme ne peut engendrer aucune expression offensive.

     La dictature fasciste, via l’appareil policier ou militaire, est la forme par laquelle la bourgeoisie entend défendre son hégémonie quand les intérêts inconciliables des classes engendrent une lutte qui pose la question du pouvoir de classe.

     La grande rafle du 19 octobre est un exemple illustrant cette réalité : la bourgeoisie a peur de la politique révolutionnaire car elle en connaît le danger. Aussi, quand pour la première fois depuis bien longtemps, elle en est confrontée à une manifestation authentique, est-elle obligée de réagir très brutalement.

     Ouvrons une parenthèse : quand nous disons que la rafle du 19/10 est une réaction brutale, nous ne voulons pas nous joindre au pleurnicheur écolo. Ceux qui glapissent en invoquant leur honneur de notables bafoués 5 sont les mêmes qui ne comprendront jamais parce qu’ils s’y trouvent bien—, qu’ils siègent au cœur de l’impérialisme et que c’est avec leur collaboration que ce système tient debout.

     Il y a deux raisons principales qui ont commandé la rafle du 19/10. La première et la plus évidente est évidemment policière : arrêter les militants des Cellules, tomber des structures de la guérilla. À ce niveau-là, l’échec est éclatant. Pourquoi ? Parce que nous avons su analyser concrètement ce qu’est la dictature bourgeoise même sous sa forme démocratique, estimer la qualité de notre lutte révolutionnaire et ses buts, et que nous nous sommes organisées en fonction de cela.

     Au lendemain de la raffle, il était de bon ton dans les officines de « gauches » de déclarer : « on s’y attendait... », alors qu’en réalité personne de ces petits démocrates ne s’était organisé en conséquence ! Cela différencie ceux qui sont des révolutionnaires conséquents et ceux qui s’en remettent à leur sainte mère de l’immaculable démocratie !

     La seconde raison est celle de tenter de nous isoler en pratiquant un terrorisme policier à grande échelle. Ce n’est pas une technique nouvelle, les flics allemands appellent cela « assécher les marais de la sympathie... » Il faut terroriser le corps social afin qu’il ne puisse être le vivier des communistes révolutionnaires. Mais cette combine n’est efficace que contre les petits-bourgeois qui sont les premiers à trahir dans l’espoir de conserver leurs maigres privilèges ! Comme la politique des Cellules Communistes Combattantes est portée et guidée par la cause du prolétariat et se développe en son sein, la situation n’est pas que les flics nous isolent mais au contraire que nous sommes en train de nous développer.

     Nous nous souvenons que dès le 19/10, les retraités du gauchisme ont retrouvé un peu de leur verdeur dans l’initiative d’« organiser une riposte à la rafle policière ». Quelques réunions se sont tenues à gauche ou à droite et se sont unanimement soldées par une pitoyable débandade. Pourquoi ? Parce que ces petits-chefs sur le retour n’entendaient pas comprendre le terrorisme de l’État bourgeois, et déployaient une activité aussi frénétique que solitaire : condamner notre lutte !

     Personne ne les a suivis... et en plus de s’être une enième fois comme s’il en était encore besoin — démasqués et ridiculisés, ils ont brisé toute la révolte spontanée et ses potentialités nées de l’agression policière.

     Nous disions plus haut que le blitz policier ne serait certainement pas le dernier, il est plus juste de dire qu’il ne s’est jamais arrêté depuis le mois d’octobre ‘84. Les perquisitions, filatures, écoutes téléphoniques, chantages, etc., sont permanents et n’iront qu’en s’accentuant.

     Une fable d’une rare débilité est récitée par les médias et reprise en chœur par ceux - qui - n’y - comprennent - rien - mais - ne - voudraient - quand - même - pas - avoir - l’air - trop - cloches : « la guérilla révolutionnaire veut provoquer le fascisme policier, car c’est ainsi que le mécontentement social pourra se développer... » Une telle déclaration n’indique que la bêtise profonde de ceux qui la profèrent.

     Il n’a jamais été question — et encore moins pour les Cellules de baser une stratégie révolutionnaire historique sur la radicalisation des corps policiers. C’est d’une stupidité sans égale ! Par contre, ce que savent les marxistes, c’est que le développement de la lutte des classes entraîne inexorablement la répression policière et militaire, et que la question n’est donc pas de « vouloir » ou non l’exercice de la répression, mais de s’y préparer car elle sera présente, de plus en plus, au cours du processus révolutionnaire.

     La question ne peut se poser qu’ainsi : aux forces de l’ennemi, le prolétariat et ses avant-gardes doivent opposer, sous la direction du Parti Communiste, des forces supérieures pour vaincre et instaurer sa propre dictature. À notre niveau organisationnellement embryonnaire, le fait que la rafle du 19/10 ne nous ait pas affaiblies, démontre que l’adéquation entre nos buts politiques, notre analyse de la réalité et des tâches qu’elle impose, concrétisée dans notre pratique, est correcte. Nous nous sommes données les moyens de la politique révolutionnaire à travers la structure de guérilla clandestine, et c’était celle qu’il fallait choisir.

     Pourquoi n’avons-nous pas « répondu » à la rafle ? Tout simplement parce que nous ne dialoguons pas avec l’État bourgeois, mais nous le combattons La question pour les communistes ne se pose pas qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas de répression puisque nous savons qu’il y en aura de plus en plus ! Les tâches des révolutionnaires sont l’organisation et la conduite des forces proIétariennes dans la guerre des classes. Et, dans la guerre de classes, comme dans n’importe quelle guerre, on n’imagine pas un camp s’indignant à moins d’avoir perdu la raison et la couleur de son drapeau que le camp adverse lui porte des coups !

     Poser cette question de « répondre » à la répression révèle des psitions politiques encore encrottées du légalisme bourgeois ou d’un certain idéalisme reposant sur l’incompréhension du caractère totalement antagonique des intérêts du prolétariat et de la bourgeoisie.

     Maintenant, nous ne voulons pas dire que nous ne riposterons jamais aux exactions de l’ennemi. Mais cela est une autre question et chaque situation doit être bien analysée pour définir les intérêts politiques ou militaires de telle ou telle riposte. Pour en terminer avec cette journée du 19 octobre, nous dirons que notre « riposte » est permanente et réside dans la continuité de notre combat et son développement.

     Depuis notre apparition début octobre, un sport douteux semble avoir fait un boom inquiétant dans ce petit pays : les fausses alertes à la bombe... souvent revendiquées en notre nom. Nous voulons faire plusieurs commentaires à ce sujet

     Nous disons « commentaires », parce que nous ne pouvons pas changer grand chose à cette situation, mais que comme nous sommes directement « mouillées » dans ces aventures, nous voulons dire ce que nous en pensons.

     Nous sommes les Cellules Communistes Combattantes, c’est-à-dire une organisation politique révolutionnaire au sein de laquelle des camarades s’engagent et assument la direction collective de notre militantisme. « Cellules Communistes Combattantes » veut donc dire, pour nous militants, notre identité, notre lutte, notre vie dans sa globalité. Il est donc, dans ce cas, malhonnête de parler en notre nom quand on n’a rien à voir avec nous. Même si cela part d’une position anarchiste ou d’une sincère bienveillance à notre égard et que la fausse alerte foute la pagaille dans un cabinet ministériel —, nous n’acceptons pas cela et critiquons fermement cette pratique immorale.

     Ensuite, nous critiquons encore plus cette méthode quand elle est la lâche récupération de nos actions au profit d’une politique que nous combattons. Sans devoir aller aussi loin que la provocation policière du 16 octobre (commando delta) on peut rappeler cette fausse revendication de notre attaque contre le C.V.P. à Gand, sur les thèmes de la politique fédéraliste wallonne à Liège.

     Nous disions en abordant ce point que nous savons ne pas pouvoir empêcher ces pratiques. Mais nous pensons que certains nous « utilisent » de bonne foi, ne nous connaissant pas et croyant bien faire, c’est à ceux-là que nous demandons d’arrêter immédiatement ces méthodes vis-à-vis desquelles nous sommes pleinement en désaccord.

     À ceux qui entendent « gripper » le fonctionnement des institutions bourgeoises par un matraquage de fausses alertes — même sans nous nommer—, nous voulons dire deux choses. Premièrement, s’ils trouvent cela amusant, il n’empêche que ce n’est pas très sérieux... et même assez limité ! L’organisation et la lutte révolutionnaires ne sont pas une affaire de téléphone et de frissons ! Deuxièmement, cette pratique est honteuse quand les travailleurs en font les frais. En octobre, une fausse alerte sur la voie du chemin de fer Bruxelles-Tienen a immobilisé les trains pendant plusieurs heures. Prendre les travailleurs en otage pour satisfaire ses petits caprices de frustré ne peut être l’œuvre que d’irresponsables imbéciles ou un travail de flics.

     L’actualité récente nous impose d’ajouter un dernier point à ces « réponses concrêtes ». Les 20 et 21 avril, deux attentats ont été menés à Bruxelles, contre l’« Assemblée de l’Atlantique Nord » et la multinationale A.E.G.-Telefunken. Ces attentats furent revendiqués la semaine suivante par une « unité du 20/4, F.R.A.P. »

     Nous ne ferons pas ici une longue réflexion sur ces actions et ce F.R.A.P. car nous n’en connaissons que ce que les médias nous ont rapporté... et dont nous avons appris à nous méfier de la « qualité ». Nous ne connaissons pas ce groupe et son orientation politique, ce que nous avons lu de ses revendications nous paraît être le discours d’anarchistes révoltés... Attendons d’en savoir plus.

     Mais la question n’est pas de discourir maintenant sur ces gens et leurs actions, mais de dénoncer l’initiative psychologique qui fut développée à travers les médias et contre nous, sur la base de ces actions.

     On peut lire dans Le Soir du 22/4 : « Le F.R.A.P... la nouvelle étiquette des C.C.C. ? », dans la D.H. du 22 encore : « Une dissidence des C.C.C. ? » et ce matin dans la Libre Belgique : « Certains, trouvant les C.C.C. insuffisamment combatives, auraient créé le F.R.A.P. et poursuivi les actions terroristes. »

     Nous l’avons déjà dit, nous ne connaissons pas ce « F.R.A.P. » et n’avons aucun échange avec ces militants. Ce que nous voulons souligner, et pourquoi il en est ainsi, c’est qu’aucune scission ne s’est produite au sein des Cellules Communistes Combattantes dont l’actualité est à la multiplication et non à la division.

     Les communistes n’ont aucune crainte de la clarification politique, et si elle s’impose dans le devenir de l’organisation, elle ne sera jamais refusée, parce que sinon l’organisation n’a pas d’avenir historique. Donc, si un jour, comme cela s’est passé de nombreuses fois dans l’histoire pour séparer les révolutionnaires des révisionnistes une scission s’impose, nous l’assumerons et en rendrons compte devant la classe ouvrière.

     Mais comment imaginer une « scission » au sein des Cellules Communistes Combattantes aujourd’hui ? Les journalistes croient-ils que notre lutte politique et l’engagement de nos vies au service de la révolution est le produit d’un coup de tête ? Ces mêmes journalistes sont-ils incapables de se faire raison de ce qu’ils écrivent : « Les sympathies qu’elles (les Cellules Communistes Combattantes) se sont aménagées depuis (l’automne 84, c’est-à-dire l’initiative politico-militaire), ont probablement accru leurs effectifs. »

     La seule excuse que nous trouverions aux incapacités de ce Roger Rosart de La Libre Belgique, est de s’être accoutumé au sempiternel spectacle des gauchistes et de nous confondre avec eux. La réussite personnelle, étant au sein de ces nombreux « Partis », plus communistes qu’internationalistes les uns que les autres, aussi présente qu’à l’U.D.R.T. 6, il s’impose de créer autant de groupuscules qu’il n’y a de prétendants. L’activité de ces groupuscules tient principalement dans l’activité d’injures réciproques.

     Mais au sein des Cellules, l’activité unificatrice est le combat de classe pour la révolution communiste. Aussi, plutôt que de scissionner nous sommes plus tentées par une plus grande unification sur la ligne marxiste-léniniste. Devenir militant des Cellules Communistes Combattantes, engager sa vie au service de la révolution, risquer sa vie et sa liberté, sont des décisions politiques d'une grande responsabilité qui ne peuvent être assumées que parla force d’une identité politique qui ne se remet pas en cause avec les saisons !

     Nous terminons maintenant avec cette lettre. Le combat continue et rien n’arêtera l’offensive prolétarienne. Nous vaincrons.

Pour le communisme
Cellules Communistes Combattantes

Fin avril ‘85.

 

Notes :

     1. Société aéronautique impliquée dans des programmes militaires multinationaux (F16, Mirage, Bréguet, Fokker, etc...).

     2. Slogans publicitaires de la Régie du Téléphone !

     3. Allusion aux collectes de fonds de P.T.B. destinées à l’achat de « La Maison du Parti » à Bruxelles.

     4. Authentiques Thénardiers de l’innocence militante à Bruxelles ; le premier est l’ex-petit-patron du journal POUR, et le second le petit-chef de la P.M.E. 22/3 déjà citée.

     5. Le député Ecolo Deleuze a vu son domicile se faire perquisitionner malgré ses criailleries ; depuis lors il criaille encore plus.

     6. Union Démocrate pour le Respect du Travail, parti ultra-réactionnaire des petits commerçants ; inexorablement grignoté par le P.R.L., il se convulse dans d’incessantes querelles de chefs.

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Action contre la « Direction Supérieure de la Logistique et des Finances de la Gendarmerie ».
Woluwé St Pierre, le 6 mai 1985.

     Ce matin du 6 mai ‘85, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué la « DIRECTION SUPÉRIEURE DE LA LOGISTIQUE ET DES FINANCES DE LA GENDARMERIE », sise rue Père Eudore Devroye 245, à Woluwé-St-Pierre. Tout le monde comprendra facilement le choix de cet objectif à travers la responsabilité de la Gendarmerie dans le decès des deux pompiers ce 1er mai.

     Le 1er mai 1985, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit le siège des exploiteurs, la Fédération des Entreprises de Belgique, à Bruxelles. Lors de notre attaque, deux travailleurs du service public, deux pompiers de l’agglomération bruxelloise furent tués. Nous ne voulons pas passer ce fait dramatique sous silence et nous devons nous expliquer très précisément à ce propos. La mort de ces deux hommes nous choque profondément et soulève notre colère contre les responsables de la police et de la gendarmerie. Nous savons que l’émotion est vive parmi la population, c’est pourquoi nous proposons ce texte de clarification pour contrer l’odieuse récupération de ce drame par Gol et ses amis du C.N.A.P.D.

     Nous avons choisi d’attaquer la F.E.B., le Premier Mai, parce que cette institution est bien comprise par l’ensemble des travailleurs et des travailleuses comme étant le repaire des exploiteurs, le centre où s’élabore la misère que nous vivons tous les jours. Frapper le cœur du patronat le Premier Mai, était rendre à la journée mondiale des opprimés sa valeur combative et prolétarienne, en s’opposant aux escrocs-centenaires des P.S., P.C. ... qui ont corrompu cette journée historique en un défilé de majorettes et quelques discours électoraux.

     Cette attaque contre la F.E.B. devait être suivie, à partir de la dynamique offensive qu’elle devait créer, d’autres interventions, plus mobilisantes de masses, au cours de la journée.

     Nous avons suspendu ces actions de masses, parce que nous pensons qu’il nous faut d’abord faire toute la clarté sur ce qui s’est passé rue des Sols ce Premier Mai à minuit trente et combattre l’écœurante campagne des politiciens bourgeois construite pour masquer l’inconséquence et la responsabilité des services de police et de gendarmerie dans ce drame.

     Nous pensons que l’action du 1er mai contre la F.E.B.-V.B.O. était très importante pour les Cellules Communistes Combattantes et la lutte révolutionnaire dans ce pays. Il fallait que cette action soit menée avec une grande correction, afin qu’un formidable pas politique soit réalisé à partir d’elle, et que le capital de sympathie et d’unification que nous étions en train de développer, se consolide, s’étende, pénètre encore plus profondément dans la classe laborieuse.

     La mort de ces travailleurs du service public a brisé et réduit à néant toute la force de notre initiative, a occulté toute la justesse de l’attaque contre la F.E.B., a introduit le doute dans la conscience du corps social et la grande confiance qu’il portait à notre Organisation.

     Nous ne pouvons pas nier cela. Nous devrons faire un grand travail pour reconquérir cette confiance perdue, et nous le ferons. Nous mènerons aussi avec l’autorité nécessaire une attaque contre la gendarmerie responsable de la mort de ces deux pompiers, et nous démontrerons, par notre pratique future, ce qu’est l’essence de la lutte des communistes : servir le peuple !

     Nous avons organisé cette action du Premier Mai dans l’esprit qu’elle ne pouvait faire aucun blessé et aucun tué. Cela, simplement par le fait que quand nous déciderons d’exécuter un patron ou un militaire, ce choix sera fait en fonction de son rôle objectif. Si nous avions décidé de tuer quelqu’un au siège de la F.E.B., nous aurions exécuté Pulinckx ou Leysen 1. La campagne policière développée dans les médias à propos de notre soi-disant « mépris de la vie humaine » est une falsification honteuse de nos écrits politiques : un patron et un prolétaire sont la nuit et le jour, le passé et l’avenir, notre haine des premiers n’a d’égal que notre devenir au sein des seconds.

     Nous allons expliquer maintenant comment nous avons organisé et mené cette action. Cela démontrera où sont les responsabilités. Nous avons fait un long repérage de la rue des Sols, au bas de la rue Ravenstein. Cette rue en cul-de-sac est uniquement bordée de bureaux et d’administrations, c’est-à-dire absolument déserte pendant la nuit. Les seules personnes s’y trouvant sont des gardes et veilleurs de nuit dont il fallait assurer l’évacuation.

     La fréquence du passage des patrouilles policières est très élevée dans ce quartier qui abrite de nombreuses représentations économiques de pays fascistes 2, nous avons calculé qu’une patrouille passait, en routine, toutes les 6 minutes en moyenne. Il faut aussi souligner que ce quartier est totalement dégagé de toute circulation durant la nuit, et qu’une intervention policière était possible en une ou deux minutes.

     Nous avons alors estimé que nous pouvions placer un véhicule portant une charge destructrice avec un retard de quinze minutes devant le siège de la F.E.B.. Ce délai et notre alerte immédiate, permettait l’arrivée de la gendarmerie et l’évacuation des gardes et veilleurs. Ceux qui connaissent les capacités d’intervention de la gendarmerie savent que l’évacuation était possible et que personne n’aurait dû souffrir de la destruction de la F.E.B. C’est ainsi que nous avons agi, et pourtant les faits se sont déroulés autrement que selon notre volonté. Pourquoi  ?

     Nous devons nous critiquer. En premier lieu parce que nous n’avons pas gagné le pas politique que nous escomptions à partir de l’attaque du Premier Mai, et ensuite parce qu’il y a des raisons à cela. Dans toutes les actions que nous avons menées antérieurement, nous avons toujours compté sur nos propres forces, c’est-à-dire sur un rapport de forces où nous contrôlions toute l’opération d’un bout à l’autre. Et cette fois-ci, nous avons placé une confiance injustifiée dans les fonctionnements policiers. Nous avons remis une part de la responsabilité qui nous incombe aux services de gendarmerie et de police. Ceux-ci ont envoyé les pompiers à la mort. Voilà la critique que nous nous faisons et voilà l’erreur que nous ne reproduirons plus.

     Comment les faits se sont-ils déroulés ? Ce que nous savons après avoir confronté nos informations et celles publiées dans l’édition du Soir du 3 mai est crédible : à minuit 14, notre Cellule place le véhicule et la charge destructrice devant le siège de la F.E.B., sur le trottoir et même légèrement dans l’entrée, les camarades en sortent et jettent autour du véhicule une centaine de tracts — largement reproduits dans la presse — annonçant les dangers de l’explosion ; au même moment, toujours à minuit 14, un vigile du bâtiment faisant face, la C.E.E., appelle le 906 (central de police-secours) et signale notre intervention, la charge est réglée pour exploser à minuit trente très exactement ; à minuit 15, les Cellules Communistes Combattantes préviennent le 901 (Central du district de gendarmerie de Bruxelles) et annoncent l’action en cours contre la F.E.B. avec toutes les informations nécessaires, lieu, heure de l’explosion, etc... mais au lieu de s’occuper de la sécurité des vigiles, la gendarmerie envoie ses patrouilles pour tenter d’intercepter les camarades à partir du repérage de l’appel téléphonique.

     À minuit 16, le gardien de la C.E.E. rappelle le 906 et indique que notre véhicule prend feu. Alors qu’elle vient d’être mise au courant de notre appel au 901, la police de Bruxelles, via le 900, envoie les pompiers sur l’explosion, on peut lire aujourd’hui que la patrouille de police aurait été déroutée sur un appel douteux...

     Ce matin, dans la presse, la police et la gendarmerie qui portent l’entière responsabilité de ce qui s’est passé, ergotent sur des questions de téléphone 3 pour tenter de masquer cette vérité : la police et la gendarmerie ont envoyé les pompiers à la mort. C’est ce que nous avons dénoncé dès le 1er mai à midi.

     Nous avons choisi d’avertir en priorité la gendarmerie, car ce corps est un corps militaire et que nous estimons qu’un service public n’a rien à voir dans la lutte que nous menons contre la bourgeoisie. Les pompiers sont au service des populations et font un travail grandiose, ils n’ont aucun risque à prendre pour défendre le siège des exploiteurs.

     Le 1er mai à midi, nous avons donc fait une première communication au sujet des événements de la nuit pour exprimer nos sincères regrets et notre colère quant aux décès et aux blessures survenus au cours de l’action. Nous allons reproduire ici cette communication car elle a été falsifiée dans les journaux.

     Ce matin, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit le siège de la Fédération des Entreprises de Belgique, en plaçant une camionnette piégée rue des Sols. À la suite de notre attaque, deux pompiers ont été tués, d’autres blessés. Nous regrettons sincèrement ces décès, car il n’a jamais été dans nos intentions de blesser un seul travailleur ; pourtant, il y a deux morts, il s’agit maintenant de définir qui en porte la lourde responsabilité.

     La Cellule qui a mené l’opération de ce matin a garé la camionnette à 0hl5 dans la rue des Sols. En quittant la camionnette, les camarades ont lancé une centaine de tracts portant la mention suivante : « DANGER, VOITURE PIÉGÉE, prévenez vos collègues et fuyez immédiatement sur la rue et au plus loin. Ne touchez surtout pas au véhicule ». Ces tracts jonchaient la rue de part et d’autre de la camionnette, ils étaient rédigés dans les deux langues nationales.

     Au même instant, très précisément à minuit quart, un camarade lançait l’alerte via le 901. Il annonçait le placement de la voiture piégée et exigeait impérativement l’évacuation de la rue des Sols et de la rue Ravenstein (cela fut répété deux fois !). Il précisait également que des vigiles se trouvaient dans les bâtiments voisins et que leur évacuation s’imposait d’urgence. Nous annoncions également l’heure de l’explosion : minuit trente. La police et la gendarmerie disposaient donc de quinze minutes pour prendre toutes les mesures nécessaires.

     Dès que les flics sont arrivés sur place (c’est-à-dire très rapidement, puisqu’en moyenne une voiture de patrouille passe devant la rue des Sols toutes les 6 minutes) ils avaient tous les éléments pour se rendre compte du sérieux de l’alerte, l’appel téléphonique, la camionnette parquée sur le trottoir face à l’entrée de la F.E.B., les tracts frappés de notre étoile. Mais les flics ont préféré envoyer les pompiers voir ce qui se passait dans la camionnette.

     Voilà très exactement comment les choses se sont passées, et au regard de ces événements, nous nous rendons compte que les flics ont envoyé des pompiers à la mort en les laissant pénétrer dans la rue des Sols, alors qu’ils connaissaient l’heure de l’explosion ! et qu’ils ont mis en cause la sécurité des passants et des automobilistes en n’évacuant pas les lieux avoisinants.

     Nous connaissons le mépris qu’ont les bourgeois pour les travailleurs, envoyer les pompiers qui n’ont aucune qualification à ce sujet sur un attentat pour ensuite exploiter l’« accident » soulève notre colère.

     Il y a plusieurs leçons à tirer du drame de ce matin : premièrement, pour tenter de préserver les bâtiments de la F.E.B., les flics ont provoqué la mort de deux personnes ; deuxièmement, au lieu de bloquer le quartier et prendre les mesures qui s’imposaient, les flics sont partis à la chasse aux cabines téléphoniques, espérant ainsi arrêter notre camarade ; troisièmement, dès aujourd’hui, Gol et les flics sont venus pleurnicher hypocritement à la radio, et dans les jours à venir ils exploiteront les événements de ce matin pour nous calomnier et diffamer notre combat. Le mépris et le cynisme avec lesquels ils ont envoyé des pompiers sur notre attentat se révéleront dans l’exploitation politique qu’ils tenteront de tirer de ces morts.

     Notre identité de communistes révolutionnaires induit que nous ayons le plus grand respect pour la vie des travailleurs, et cela guidera toujours notre combat. L’exploitation hypocrite par Gol et Cie du décès des pompiers ne pourra pas masquer la justesse et la qualité de notre action. Nous avons détruit le repaire des exploiteurs en ce 1er mai.

     Cette communication, nous l’avons transmise au journal Le Soir et à la rédaction de l’information TV à 12h. Elle n’y est jamais arrivée, les flics l’ont saisie. Nous avons à nouveau appelé le JT vers 17h mais la police est encore intervenue. Voilà qui démontre la machination des Gol et G.I.A., cacher la vérité des faits et l’unique responsabilité policière. À ce propos, une question, la R.T.B.F. 4 est-elle sur table d’écoute ou a-t-elle été placée sous la tutelle du ministère de l’intérieur ? Mais aujourd’hui la gendarmerie est obligée de reconnaître qu’elle a été informée et qu’elle n’a rien fait, la police de Bruxelles est obligée de reconnaître qu’étant au courant de l’appel au 901, elle n’a pas hésité à envoyer les pompiers rue des Sols.

     Nous nous inclinons devant les victimes et respectons la peine de leur familles et camarades. Nous comprenons leur colère, mais nous leur demandons de réfléchir, au regard de ce que nous venons d’expliquer, contre qui elle doit se porter, c’est-à-dire ne pas suivre les manigances des Gol et des Galand contre la politique révolutionnaire et dénoncer les vrais coupables.

     Le journal La Lanterne résume toute la responsabilité policière : « Pourquoi n’ont-ils pas été prévenus du danger ? », voilà la question qu’il faut poser et à laquelle il faut recevoir une réponse.

     Dès notre action contre Litton, en octobre ’84, nous avions adressé une « mise en garde » au sujet de la sécurité lors des attaques révolutionnaires. Nous écrivions :

     « Il est donc nécessaire, dans l’intérêt de tous, ET PARCE QUE CELA EST NOTRE VOLONTÉ POLITIQUE, de défendre les intérêts des populations dans la guerre de classe à travers sa pratique militaire. Cela veut ainsi dire faire connaître certaines mesures de sécurité, afin d’éviter les accidents et SURTOUT LA POSSIBILITÉ POUR LES FORCES DE POLICE D’ORGANISER CONSCIEMMENT UN MASSACRE qu’elles présenteraient, par la suite, comme étant le produit de notre "terrorisme fou", alors que c’est plutôt elles qui sont les piliers armés d’un ordre social dont le terrorisme n’est plus à démontrer au regard de l’histoire. »

     Nous ne pensons pas que la responsabilité policière était préméditée le 1er mai, mais la récupération que feront Gol et les bourgeois du drame est déjà conforme à ce que nous dénoncions. Nous avons tous été révoltés par la jubilation à peine masquée qui perçait sous le masque hypocrite de ce ministre de la justice, sur l’infâmie de ses propos mensongers, et nous ne l’oublierons jamais.

     La 1ère campagne anti-impérialiste des Cellules Communistes Combattantes a démontré la juste orientation et pratique prolétarienne de notre politique. L’attaque et la destruction de la F.E.B. en est un exemple de continuité qui, d’une façon irrémédiable, devait dénoncer clairement les directions bourgeoises des partis et syndicats réformistes. Nous l’avons dit au début de cette lettre, les événements de cette nuit du 1er ne peuvent changer en rien la justesse de notre attaque, mais l’ont tragiquement rendue incompréhensible et inaccessible à l’ensemble de la population.

     Les états-majors des flics, du gouvernement, des partis réformistes et révisionnistes, les traîtres syndicaux, ont très vite compris cela, et ont directement planifié, par la falsification de la vérité, l’offensive politique contre nous.

     Depuis l’apparition des Cellules au sein de la guerre des classes, en Octobre ‘84, ces directions « socialiste », « communiste », syndicale, pacifiste, P.T.B.iste, etc..., sentant le sol trembler sous leurs trônes, n’ont jamais osé nous critiquer politiquement, c’est-à-dire critiquer politiquement notre ligne et notre pratique, parce qu’ils savent que nous les dénonçons comme d’authentiques kollaborateurs bourgeois, ce que tout le monde sait confusément.

     Les réactions de tous ces bandits dirigeants ont oscillé, depuis octobre, entre le silence apeuré et l’élaboration de calomnies plus débiles que méprisables... parfois aussi aux louanges de la démocratie bourgeoise.

     Mais depuis ces tragiques événements du 1er mai — dont aujourd’hui les divers services policiers sont obligés de reconnaître que la responsabilité leur incombe —, l’hystérie s’est emparée de ces charognards qui, sans la moindre pudeur, s’acharnent sur la mort de deux travailleurs pour en brandir les dépouilles sous le nez des masses, et trafiquer la légitime colère des exploités en soutien à la dictature des exploiteurs.

     Ces procédés, plus ignobles qu’écœurants, sont dignes de leurs auteurs, et n’ont de sens que dans la mesure où ils sont couverts par les manipulations policières des faits, donc sont complètement associées à elles.

     La conscience aussi tranquille que leurs arrières sont assurées par la rue de Louvain 5, les nécrophages des C.N.A.P.D. et consorts appellent à manifester ce lundi. Que ceux qui fort correctement, veulent exprimer leur colère face à la mort et aux blessures de travailleurs du service public nous écoutent et réfléchissent à ceci : ils ne sont pas appelés à manifester contre l’objet de leur ressentiment, mais en soutien aux crimes de la gendarmerie, à Martens 5, à Gol et à Galand, pour dénoncer la politique révolutionnaire communiste.

     Tous les P.S., P.C., Ecolo... auxquels l’intelligence tactique du Front de la Jeunesse et des P.R.L./P.V.V. sera sans doute de ne pas se mêler pour conserver l’étiquette de « gauche », marcheront ouvertement pour le soutien aux exploiteurs bourgeois et son sytème de crises et de guerres, contre les intérêts historiques de la classe ouvrière.

     La dernière des choses que nous voulons dire pour terminer cette clarification est d’appeler les travailleurs et les travailleuses de ce pays à réfléchir à la politique des Cellules Communistes Combattantes et à ne pas se laisser entraîner par l’intoxication des médias des exploiteurs. Les populations doivent continuer à accorder leur confiance aux révolutionnaires dont la pratique est guidée par ce principe : LES ACTIONS DE LA GUÉRILLA RÉVOLUTIONNAIRE NE SONT JAMAIS DIRIGÉES CONTRE LE PEUPLE, MAIS TOUJOURS CONTRE LES ENNEMIS DU PEUPLE, LES EXPLOITEURS BOURGEOIS ET LEUR ALLIÉS.

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. Raymond Pulinckx et André Leysen sont respectivement les ancien et actuel présidents de la F.E.B.

     2. Par exemple, à 300 mètres, les bureaux de El Al sont l’objet d’une protection policière permanente.

     3. Pour justifier la responsabilité de leurs services, les autorités policières évoquent la séparation des standards téléphoniques entre la police, la gendarmerie, et les pompiers ; cette évocation est complètement absurde vu que c’est la police elle-même qui a appelé les pompiers sur l’action, et ce alors qu’elle était déjà prévenue par les vigiles de la C.E.E. !

     4. Radio Télévision Belge Francophone.

     5. Rue principalement occupée par le ministère de l’intérieur et de nombreux services de la gendarmerie.

 

* * *

 

CAMPAGNE KARL MARX
8 octobre 1985 - ...

 

Action contre le siège principal d’Intercom.
Bruxelles, le 8 octobre 1985.

     « C’est cela le capitalisme de nos jours ! La guerre, la misère et l’oppression, qu’elles soient couvertes de l’étiquette de la démocratie bourgeoise ou de celle du nazisme, s’dentifient avec le régime capitaliste lui-même.

     « Travailleurs ! Travailleuses !

     « Le capitalisme n’a pu perpétrer ses crimes que grâce à la trahison des chefs socialistes. La IIe Internationale s’est écroulée avant même que le premier coup de canon ait été tiré. Les bonzes socialistes se répartissent dans les deux camps impérialistes, les uns se rallient au national-socialisme, les autres ne jurent que par les démocraties des oligarchies financières de Londres ou de New-York. »

(Le Drapeau Rouge, mai 1941 1)

 

     Travailleurs, Travailleuses, Camarades,

     Les Cellules Communistes Combattantes sont fières de vous annoncer l’ouverture de la Campagne Karl Marx en ce début octobre 1985. Nous nous engageons, aujourd’hui, à la mener à son terme comme avant-garde politique de la lutte et dans la guerre des classes.

     En ce même moment qui voit émerger une nouvelle offensive des révolutionnaires, la bourgeoisie et ses larbins sont lancés dans la grande mystification : les élections bourgeoises. Notre action et celles qui suivront n’en seront que plus justes en ce qu’elles briseront la quiétude de cette sinistre mascarade, de cette misérable farce, et qu’elles feront à nouveau résonner la voix des Communistes !

     Notre voix est dans notre lutte, dans la pratique qui définit notre camp et celui de notre ennemi : classe contre classe ! Dans la pratique qui dresse les révolutionnaires contre l’ordre pourrissant des exploiteurs, dans le devenir de la classe ouvrière renversant le capitalisme ! Et il n’y a aucune place pour la collaboration électorale dans cette exigence.

     Que ce soit le bouffon bouffi d’insolence et ivre de tempo 2 ou les champions du socialisme qui s’occupent de fermer les usines, de nous jeter dans la misère, de piller le Tiers-Monde et d’accueillir les missiles U.S., n’a aucune importance.

     Quel que soit l’uniforme dont elle s’affuble, du parlement à la caserne, la dictature des exploiteurs est l’ennemie du prolétariat et cela ne peut pas nous tromper. Spontanément aujourd’hui, les travailleurs et travailleuses comprennent très bien cela. De récents sondages confirmaient que 50 % des populations ne savent pas pour qui voter ce qui indique parfaitement la méfiance complète que l’escroquerie électorale inspire. Le monde du travail n’oublie pas combien de fois il fut trompé par ses soi-disant « Partis » et il comprend que les élections bourgeoises ne sont que le partage du gateau sur son dos.

     Les Cellules Communistes Combattantes lancent le mot d’ordre de refuser les élections, de voter blanc ou nul 3, de ne pas collaborer au fonctionnement du pouvoir bourgeois.

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

     Aujourd’hui, 8 octobre 1985, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit le SIÈGE PRINCIPAL D’INTERCOM, 16 quai des Usines, à Bruxelles. Cette action, portée contre le rackett institutionnalisé des « barons électriciens », est le signal de l’ouverture de la campagne d’offensive politico-militaire Karl Marx en ce début octobre 1985. Les mots d’ordre dirigeant cette campagne sont : Contre le capitalisme et sa crise, la guerre civile ! et : En avant vers la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires !

     On peut facilement s’interroger sur l’opportunité de faire un commentaire quant à l’action de ce matin. La clarté et l’exemplarité du choix de l’objectif parlent suffisamment aux cœurs des exploités pour que cette journée soit moins grise et moins morose pour la majorité d’entre nous. Nous savons que sur les lieux de travail, dans les files de pointage, un courant de satisfaction saluera le coup porté à l’institution vampire par nos militants.

     Car que dire de plus que ce que représentent pour des millions de travailleurs et de travailleuses ces sinistres notes et factures reçues trop régulièrement, les augmentations, les rappels, les amendes et les coupures ? Que dire de plus devant le quotidien de dizaines de milliers de drames sociaux sans le minimum vital de dignité, pouvoir s’éclairer et se chauffer..., dont un infime coin du voile fut levé pudiquement l’hiver dernier, après plusieurs centaines de morts de froid, de faim, de dénuement complet, à travers toute l’Europe et la Belgique ? Cet hiver-témoin de l’absurdité capitaliste au cours duquel la solidarité sociale dut réouvrir des « chauffoirs publics » comme au XIXe siècle, pendant qu’Intercom engrangeait des milliards de bénéfices sans payer un sou d’impôts 4 !

     Nous allons donc, en premier lieu, nous borner à rappeler quelques chiffres éloquents à propos de ces « Intercommunales Mixtes » au sein desquelles le secteur privé contrôle 87 % de la distribution et la quasi totalité des moyens de production. Les tarifs de gaz ont augmenté de 250 % de mars 69 à mai 82, et de 40 % ces trois dernières années (les tarifs gaz-électricité sont toujours liés à l’index 5 !). À Bruxelles, 30.000 compteurs sont coupés en permanence, 56.000 rien que pour l’U.N.E.R.G. et dans le Brabant... Au cours de ces trois dernières années, les trois géants E.B.E.S., INTERCOM et U.N.E.R.G. ont réalisé 36 milliards de bénéfices... Voilà la réalité de la logique capitaliste : réaliser des profits démentiels sur l’exploitation et la misère du monde du travail !

     Cette réalité, vécue au quotidien par la classe ouvrière, suffit amplement à démontrer la légitimité — et le devoir — d’attaquer les requins de la distribution d’énergie, et c’est pourquoi, à partir de cette clarté, nous allons plutôt parler maintenant de la situation à l’aube de notre nouvelle Campagne et des tâches qui s’imposent aux avant-gardes révolutionnaires du prolétariat.

     Les questions de décrire le monde, de l’analyser ou de l’interpréter sagement, de constater la misère et les injustices, de s’en étonner ou de s’en offusquer, tout en restant assis sur son cul dans l’expectative ou à genoux sur un prie-Dieu ne sont pas celles qui se posent aux révolutionnaires. De la même façon, si nous reconnaissons et revendiquons avec force la subjectivité des révoltés, nous disons que les pratiques autonomes et désespérées des anarchistes n’ont rien à voir avec l’héritage et le devenir de la lutte communiste.

     Pour les marxistes révolutionnaires, une des questions principales est celle de comprendre de façon scientifique les mécanismes historiques et les lois de l’évolution de notre monde — et ainsi l’étape actuelle—, pour pouvoir y intervenir de façon appropriée, c’est-à-dire réussir à transformer objectivement le présent dans le sens des intérêts historiques du prolétariat.

     CE N’EST QU’EN SE POSITIONNANT D’UN POINT DE VUE HISTORIQUE DE CLASSE ET VIS-À-VIS DE L’OBJECTIF BIEN CONCRET DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE QUE LES MARXISTES-LÉNINISTES PEUVENT ANALYSER LA RÉALITÉ OBJECTIVE ET S’ENGAGER DANS UNE PRATIQUE JUSTE ET ADÉQUATE.

     Ce que notre expérience et notre éducation de militants communistes nous a appris, ce que notre engagement au sein des Cellules Communistes Combattantes nous démontre chaque jour, est que trouver les réponses correctes aux questions n’est pas plus important que poser les questions correctes, les questions qui se posent à la classe ouvrière dans l’optique historique de son hégémonie.

     Dans notre « Document du Premier Mai : À propos de la lutte armée », nous disions : « Si dès maintenant on ne tient pas compte du but, c’est-à-dire de la prise du pouvoir par le prolétariat dans un processus de violence, et des échéances, si on ne tient pas compte de cela dans chacun de nos gestes, alors, de fait, cette échéance recule. »

     Voilà comment un marxiste-léniniste se positionne, d’un point de vue de classe et pour la victoire de sa classe, plaçant la théorie comme direction de la pratique et la pratique comme instrument de pouvoir, comme rapport de force antagonique à la dictature bourgeoise, comme anticipation de la dictature prolétarienne. Ce n’est que de cette façon que peuvent être évincés tous les pièges du défaitisme désespéré, toutes les errances kollabos des révisionnistes et des petits-bourgeois radicaux, tous les pièges réformistes ou réactionnaires que nous voyons gangréner le prolétariat, sous couvert de « vraiment socialiste », « faire payer la crise aux riches » ou autre « choisir son progrès » 6.

     Les questions concrètes qui se posent à la classe ouvrière et auxquelles les avant-gardes doivent apporter des réponses claires, des directives de lutte, sont : la conjoncture actuelle est-elle objectivement propice à un processus révolutionnaire, c’est-à-dire au renversement de la dictature bourgeoise et du mode de production capitaliste, et si oui, quelles sont les tâches qui s’imposent aux avant-gardes pour, à partir de ces conditions objectives, organiser et développer les forces prolétariennes vers la victoire.

     À la première question, nous répondrons sans aucune hésitation : Oui, LA CONJONCTURE ACTUELLE EST, TANT AU NIVEAU NATIONAL QU’INTERNATIONAL, OBJECTIVEMENT ET HISTORIQUEMENT FAVORABLE AU DÉVELOPPEMENT D’UN PROCESSUS RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTE.

     Attention, quand nous disons cela, nous ne disons rien d’autre que notre analyse des conditions historiques, c’est-à-dire que, comme nous allons le voir plus loin, même dans des conditions favorables, l’organisation des forces prolétariennes peut encore être très faible ! Et c’est là que se trouve la seconde question : comment développer ces forces ?

     Les principales raisons conjuguées aujourd’hui et à partir desquelles nous définissons cette période comme favorable à un processus révolutionnaire sont les suivantes : la première est la mondialisation et le très haut développement des forces productives, l’impérialisme « achevé » (l’industrialisation de l’ensemble de la planète et la domination capitaliste à la même échelle, réalisant la prolétarisation de l’ensemble des travailleurs), ainsi que les capacités accessibles de transformer favorablement les conditions de vie des populations. La seconde est l’hystérie bourgeoise qui, prise au piège de la logique économique capitaliste, doit organiser une récession généralisée dont seule la classe ouvrière fait les frais, ce qui révèle clairement les contradictions antagoniques entre les classes.

     Nous allons profiter de cette description des facteurs objectifs pour souligner une des bases de notre analyse. Les Cellules Communistes Combattantes sont fidèlement attachées aux enseignements du marxisme, et par là, estiment que fondamentalement ce sont les classes qui font l’histoire, et que surtout les classes sont le produit d’un système économique, donc ainsi que le prolétariat est une classe objectivement définie au sein du mode de production et dont la force dynamique repose avant tout sur son exploitation économique, c’est-à-dire sur ses contradictions avec le capitalisme et la bourgeoisie. La question d’analyser notre époque doit donc se poser en premier lieu à partir du développement du mode de production et de l’exacerbation des contradictions qu’il engendre.

     Aujourd’hui, la réalité objective dans les pays européens — et ainsi en Belgique — peut être définie globalement par la radicalisation, sans cesse croissante, des contradictions de classes. Le système capitaliste en crise est perçu directement et de plus en plus clairement par les travailleurs comme responsable d’une misère s’aggravant sans discontinuité, et l’échéance prochaine de la guerre impérialiste dans les centres révèle aux yeux de tous la solution meurtrière par laquelle la bourgeoisie entend « résoudre » sa crise et relancer ses activités de profit pour quelques décennies

     Cette réalité de la contradiction entre les classes est aujourd’hui plus forte et plus profonde qu’elle ne l’a jamais été, en ce que le mode de production capitaliste n’a plus aucune fonction progressiste dans le développement des forces productives. Ce n’est un secret pour personne — et même reconnu cyniquement aux tribunes de l’O.N.U. —, ces dernières décennies ont vu, pour la première fois dans l’histoire, le développement des structures productives et l’héritage de l’activité laborieuse offrir à l’humanité toute entière la possibilité de résoudre, sans autre étape conséquente de développement, toutes les questions relatives à la satisfaction des besoins fondamentaux des 5 milliards d’habitants de cette planète. Cela veut dire, par extension, que le développement des forces productives déjà atteint, ainsi que l’accumulation des richesses, permettent dès maintenant et pour tous les peuples un rapport fondamentament libre au travail, une société où les hommes et les femmes peuvent concevoir les rapports sociaux autrement que vis-à-vis des contingences matérielles de la survie.

     En cette fin du XXe siècle, les richesses de l’humanité sont telles, l’industrialisation à ce point développée, et la machine productive — dans tous les domaines : alimentaire, énergétique, communication, etc... — à ce point performante, que l’ensemble des besoins vitaux, et même plus, de toute l’humanité peuvent être assumés, sont à la portée de ceux qui depuis des générations triment pour cela : la classe ouvrière.

     Et un regard sur le monde nous révèle le contraire : jamais au cours de son histoire la condition humaine ne fut globalement aussi misérable, aussi contradictoire avec le développement des capacités productives et les richesses accumulées. Ce qu’il faut comprendre à travers cette réalité, c’est que s’il est juste de reconnaître que la bourgeoisie a eu un rôle progressiste par rapport à la féodalité, s’il est juste de reconnaître qu’au XIXe siècle le mode de production capitaliste était aussi dynamique qu’inhumain dans l’essor des forces productives, ce capitalisme n’est plus aujourd’hui qu’un frein, une tare, un fonctionnement périmé, une direction absurde, contraire à la marche de l’histoire humaine.

     De ces faits, la crise économique du système capitaliste est maintenant plus globale, plus profonde, l’antagonisme entre les classes plus fort, et les conditions objectives pour en finir une fois pour toutes avec la barbarie, plus d’actualité.

     Mais paradoxalement, face à cette situation de radicalisation et de clarification de l’antagonisme, face à ces conditions historiques propices au développement de la lutte révolutionnaire pour le communisme, la classe ouvrière, pourtant très combative dans notre pays, se retrouve désorientée, politiquement inorganisée, égarée sous la tutelle des traîtres historiques, du P.S. au P.C., et de la jeune génération de P.T.B. aux féodaux d’Ecolo.

     Voilà posées les deux grandes caractéristiques de la situation objective ici et aujourd’hui. La crise économique du mode de production capitaliste, l’échéance prochaine de la guerre impérialiste, c’est-à-dire une période historique où les contradictions d’intérêts antagoniques entre les classes sont poussées à leurs extrêmes les plus concrètement perceptibles pour le prolétariat, et donc où la mobilisation de cette classe pour la réalisation de ses intérêts historiques propres est la plus favorable ; et d’autre part (bien que de façon inégale en Europe) l’encadrement contre-révolutionnaire de la classe ouvrière par la social-démocratie, les syndicats vendus au grand capital, les groupuscules réformistes petits-bourgeois, situation traduite ici par l’absence jusqu’en octobre 84, avec le déclenchement de notre première offensive, d’une avant-garde politique communiste posant la question d’une stratégie de lutte prolétarienne pour le pouvoir de classe, posant la question de la construction, dans le combat, de l’Organisation Communiste Révolutionnaire.

     C’est uniquement dans cette compréhension de la réalité objective et de ses potentialités comme de ses faiblesses que doivent réfléchir et agir les communistes. C’est en se positionnant vis-à-vis de l’exigence d’une révolution possible historiquement que peuvent s’élaborer les choix stratégiques de lutte prolétarienne et se combattre les déviations révisionnistes et réformistes. Nous le rappelerons encore souvent, c’est un formidable combat qu’il faut livrer aujourd’hui — et avec quelle urgence ! — contre les canailles et les traîtres qui égarent la classe ouvrière et entendent la mener à la boucherie impérialiste... puis une nouvelle fois à la reconstruction nationale et à la défense de la démocratie ! Il faut dire que la tâche ne sera pas aisée, tant ils ont déjà, par deux fois au cours de ce siècle, pris d’expérience en la matière.

     Alors, puisque l’analyse nous révèle des conditions historiques favorables, puisqu’un regard sur l’actualité en conforte l’évidence, et que nous avons mis le doigt sur les faiblesses de notre camp, la seconde question, celle des tâches qui s’imposent aux révolutionnaires est clairement posée.

     Les tâches de l’heure, pour les communistes révolutionnaires, sont, par le combat et pour le combat, à partir du matérialisme historique, élaborer une stratégie vivante, globale, actuelle et internationaliste, de lutte pour la conquête du pouvoir par la classe ouvrière. C’est par le combat et dans le combat de classe que se souderont les éléments les plus combatifs, que se tracera la route de la construction de l’organisation révolutionnaire et ensuite du Parti Communiste.

     Nous sommes conscientes, car issues de la réalité du combat de classe ici, de la faiblesse de nos forces, mais ce qui est également clair aujourd’hui, c’est que c’est au sein de la guerre de classes que se doivent d’agir tous ceux qui revendiquent le nom grandiose et responsable de Communistes !

     L’Organisation Communiste Combattante, réalisant l’unité des éléments les plus combatifs du prolétariat ne nait pas de son auto-proclamation. C’est dans le mouvement concret de la lutte, de ses expériences et de son enrichissement, des forces développées pour la finalité révolutionnaire, que les avant-gardes s’unifient. Aujourd’hui, aux camarades sincères et combatifs, nous disons : lisez, étudiez, discutez les enseignements du marxisme et du léninisme ; étudiez, discutez les expériences historiques de notre classe, lisez, étudiez, faites circuler et critiquez notre expression politique ainsi que celle des révolutionnaires européens, Brigades Rouges italiennes et P.C.E.(r)-G.R.A.P.O. espagnols, enrichissez ce patrimoine de vos critiques et confrontez-le à la pratique, posez la question de la Révolution, de l’organisation des forces prolétariennes dans cette optique, et les portes de l’avenir s’ouvriront devant nous !

     La lutte que les Cellules Communistes Combattantes mènent avec détermination sont les premiers pas dans cette voie, nous avons démontré qu’il est possible et nécessaire de s’organiser, que l’ennemi peut être attaqué et battu, et nous affirmons que ce ne sera qu’à travers le développement qualitatif et quantitatif de cette démonstration, c’est-à-dire quand elle dirigera l’ensemble du mouvement de masses, que nous pourrons réellement et durablement changer notre vie, c’est-à-dire renverser les exploiteurs et le capitalisme.

     LA LUTTE ET LA VICTOIRE PROLÉTARIENNES SONT POSSIBLES ET EXIGÉES EN CETTE FIN DE SIÈCLE. LES COMMUNISTES ONT LE DEVOIR ET L’HONNEUR DE SE LANCER DE TOUTES LEURS FORCES DANS CETTE BATAILLE !

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

Notes :

     1. Organe central du Parti Communiste de Belgique.

     2. Dans une déclaration gouvernementale télévisée, le 1er ministre Martens s’est attaché, à l’aide d’un métronome bien remonté, à convaincre les travailleurs de la relance de l’économie hier pianissimo, demain forte et furioso, hier tîîîque et tâââque, demain tik! tak! tik! tak! — Cela grâce à sa politique d’austérité, bien sûr !

     3. L’appel au vote blanc ou nul s’explique par le fait que le vote est obligatoire en Belgique ; l’abstentionniste peut donc être sanctionné pénalement.

     4. En tant qu’intercommunale, Intercom est quasi-exempte de l’imposition... alors que la participation du secteur public est, comme cela est souligné dans le texte, totalement minoritaire.

     5. C’est-à-dire que le gouvernement autorise l’augmentation automatique des prix à la distribution à partir de l’index (indice de l’évolution de la moyenne des prix à la consommation) alors qu’il a désolidarisé les salaires de ce système (voir note 2, page 79).

     6. Successivement : slogan électoral du P.O.S., catéchisme du P.T.B., slogan électoral d’Ecolo.

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Action contre Fabrimétal et l’Office des Contributions directes.
Charleroi, le 12 octobre 1985.

     Ce matin du 12 octobre 1985 les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit deux centres du pouvoir bourgeois situés à Charleroi, c’est-à-dire :

     — LE SIÈGE RÉGIONAL DE L’ASSOCIATION PATRONALE DE LA MÉTALLURGIE, DES INDUSTRIES MÉCANIOUES, ÉLECTRIQUES ET PLASTIQUES, FABRIMETAL, rue F. Puissant, 15

     — L’OFFICE DES CONTRIBUTIONS DIRECTES, au no 13 même rue.

     Afin d’expliquer ce qui lie ces deux actions au sein de notre Campagne Karl Marx, il convient de voir en quoi ces objectifs sont spécifiquement et objectivement, chacun à leur niveau, partie intégrante de l’appareil de la bourgeoisie impérialiste régnant en ce pays, et en quoi ces deux institutions sont en fait des éléments moteurs de l’offensive anti-prolétarienne que nous subissons depuis des années et à laquelle nous commençons à peine à rendre coup pour coup.

     Sous la présidence du patron de Boelwerf SA 1, Philipe Saverys, qui est par ailleurs membre du Comité de Direction de la Fédération des Entreprises de Belgique (F.E.B.-V.B.O., dont nous avons détruit le siège principal ce 1er mai) et administrateur du Groupe Bruxelles-Lambert ainsi que du holding COBEPA 2, FABRIMETAL est en fait le point de jonction du patronat belge des secteurs métallurgiques, mécaniques, etc..., grâce auquel s’élaborent les offensives anti-ouvrières selon les directives F.E.B. et C.E.E.

     Car si, dans la métallurgie comme ailleurs, le rétrécissement de la base d’exploitation de la bourgeoisie implique une concurrence de plus en plus acharnée et de plus en plus agressive tant au niveau national (opposition entre Cockerill Sambre 3 et Sidmar 4, par exemple) qu’au niveau européen (concurrence entre la Belgique, les industries de Lorraine, de la Rhur, d’Italie etc...) et qu’au niveau mondial (voir le récent conflit C.E.E./U.S.A. à propos des exportations de tubes d’acier), il est un point où tous les patrons de la métallurgie, administrateurs de holdings, fonctionnaires nationaux ou européens s’entendent.

     Cette belle unanimité se traduit dans la tentative de faire peser au maximum le poids de la crise capitaliste de surproduction d’acier, de la surproduction d’outils de travail, sur les épaules des prolétaires d’Europe, toutes nationalités confondues.

     Il y a là un jeu subtil de la bourgeoisie impérialiste qu’il convient de bien saisir si le monde du travail veut intervenir efficacement dans cette situation. Nous avons d’un côté concurrence acharnée, d’un autre tentative nationale ou européenne de mettre un minimum d’ordre dans ce foutoir, et par dessus tout unanimité à exploiter un maximum les travailleurs.

     — Concurrence acharnée tout d’abord, quand au sein de la C.E.E. la consommation d’acier a baissé de 2 % chaque année de 1980 à 1984. Toutes les entreprises sidérurgiques européennes n’atteignant pas rapidement le « top niveau » en matière de productivité périrent rapidement dans cette crise. Cette situation affirma les tensions internationales à travers, par exemple, l’augmentation des barrières douanières, l’imposition de quotas d’importation, des échecs dans les négociations internationales ayant trait au libre-échange (G.A.T.T.), etc...

     — Tentative de rationalisations ensuite, particulièrement à l’échelle européenne où, sous l’égide de Davignon (récemment nommé Président de la Société Générale de Banque et Administrateur de Solvay, tiens, tiens...), l’instauration de quotas de production et leur répartition entre les différentes industries nationales sonnèrent le glas pour les sidérurgistes lorrains, luxembourgeois et wallons. Cette politique étant répercutée au niveau national par des responsables bourgeois tels que Jean Gandois ou Raymond Haim Lévy, son successeur à la tête de Cockerill-Sambre et ancien responsable des fermetures à USINOR et Creusot-Loire, en France.

     — Politique anti-prolétarienne enfin, car si au sein de la C.E.E. la production d’acier a diminué de 25 % entre 1974 et 1984, l’emploi y a diminué, sur la même période, de 44 % ! Et ce n’est pas seulement le volume de l’emploi qui est dans le collimateur de la bourgeoisie impérialiste, mais également sa stabilité, les revenus, les droits syndicaux, etc...

     Si l’emploi global diminue, l’exploitation du travail du sidérurgiste est, par contre, en augmentation constante. 100 heures de travail en 1983 permettaient la production de 16,3 tonnes d’acier, et les mêmes cent heures permettaient l’année passée 2,2 tonnes supplémentaires. À l’heure du bilan pour les métallos d’Europe, il ne reste qu’une surexploitation et 350.000 emplois supprimés en 10 ans.

     La surproduction d’acier est aussi typiquement capitaliste que la surproduction agricole (« excédents » laitiers et autres). Et il apparait clairement que seuls les rapports induits par le mode de production capitaliste développent de pareilles aberrations ! L’humanité a besoin d’acier, de transports, de cables, de navires ou de logements comme elle a besoin d’aliments. Il faut en finir avec cette absurdité ! Le déménagement de VALFIL en Chine en est l’illustration. Ici, l’usine était de trop, comme elle sera bientôt de « trop » pour les capitalistes chinois. La surexploitation des travailleurs chinois pour des salaires de misère leur accorde néanmoins un sursis.

     Aujourd’hui, les travailleurs de la sidérurgie paient durement les défaites passées, défaites dont il faut dès maintenant tirer les leçons. Comment un tel carnage put-il être réalisé par la bourgeoisie impérialiste ?

     Celle-ci a, avant tout, savamment provoqué, développé et entretenu la division entre les travailleurs. Qui s’est réellement soucié des luttes admirables des prolétaires français et immigrés, d’USINOR, SACILOR et d’autres ? Au delà d’une solidarité ponctuelle et d’une modeste reconnaissance de l’appartenance à un même monde, celui du travail et de l’acier, ces camarades se sont battus seuls. Quelques années plus tard, ce fut notre tour et nous nous retrouvâmes également seuls, et plus encore car non seulement isolés de nos camarades de R.F.A., d’Angleterre ou d’ailleurs, mais aussi entre nous.

     Le poison de la division s’est répandu également entre les travailleurs du nord et du sud du pays, division exploitée par nos notables régionaux qui, sous le prétexte du fait que ce fut la Wallonie qui souffrit le plus des restructurations, déchargèrent la bourgeoisie impérialiste transnationale de sa responsabilité pour la faire endosser sur une « entité flamande », confondant de manière insultante travailleurs et patronat flamands. Pire, la pomme de discorde fut même portée au sein du prolétariat wallon dans l’odieuse mise en scène de « guerre des bassins » 5 où, somme toute, les licenciés de Montignies pouvaient encore s’estimer heureux et consolés par les licenciements à Seraing ! Et vice-versa ! L’égalité dans le chômage et la misère était respectée pour les travailleurs, les profits assurés pour les patrons : c’est cela la démocratie bourgeoise.

     À cette occasion, les appareils réformistes (politiques ou syndicaux) se sont ouvertement dénoncés comme ce qu’ils sont : des capitulards ! En échange de vagues promesses sur l’emploi, de considérations fumeuses sur la réduction du temps de travail, de miroirs aux alouettes dans lesquels ils se contemplent et pour lesquels ils nous vendent et nous trahissent, les réformistes se sont, au nom d’une politique « raisonnable » — la raison du capital —, prostitués à la bourgeoisie.

     Tout cela est certes fort amer. Et il faut faire en sorte que cela ne se reproduise plus, et plus encore, que cela ne puisse plus se reproduire, plus jamais. Pour balayer le carcan de la dictature bourgeoise, il nous faut balayer le carcan du mode de production capitaliste. Pour balayer le mode de production capitaliste, il nous faut construire un nouvel ordre économique mondial, de nouveaux rapports économiques et sociaux basés sur la production de richesses pour la satisfaction des besoins de tous et de chacun. Il nous faut marcher vers le Socialisme, vers le Communisme. Pour cela, il faut que le monde du travail soit seul maître de son histoire, qu’il ne concède plus rien à la bourgeoisie. Et comme aujourd’hui les rapports entre les classes sont la domination de la bourgeoisie, il faut que le prolétariat s’arme de toutes ses forces pour imposer sa dictature. Il faut nous organiser et frapper sans relâche l’ennemi dans une perspective révolutionnaire de prise du pouvoir par la classe ouvrière ! Notre attaque contre l’association patronale FABRIMETAL n’est que cela, elle est tout cela.

     Il nous faut maintenant nous expliquer sur le sens de notre attaque contre le centre des impôts.

     Avant tout, quelle place occupe l’imposition en ce moment de la dictature bourgeoise ?

     Objectivement, l’extorsion toujours croissante des impôts directs et indirects constitue en fait une baisse du salaire réel. D’autant plus que la gestion de ce capital est orientée de manière à perpétuer l’ordre impérialiste, à assurer sa sécurité, à garantir ses profits, à faciliter son fonctionnement en finançant toutes les infrastructures nécessaires à la production capitaliste (et qui ne sont pas immédiatement sources de richesses ou, du moins, pas suffisamment pour les capitalistes).

     Et plus grave encore, ces secteurs (chômage, santé, enseignement, transports, recherche,...) financés directement ou indirectement par notre travail sont, dans le cadre de la politique libérale, soumis à une pression constante pour qu’ils deviennent source de profit.

     L’attaque en règle contre les services publics se situe dans ce cadre, c’est-à-dire qu’en étant financés par nous à travers les impôts, ils doivent en plus réaliser du bénéfice sur nous en tant qu’usagers, patients, etc... C’est ainsi que notre travail est amputé une troisième fois par la bourgeoisie de ce qui nous revient, d’abord par la plus-value arrachée par le patronat, ensuite par les impôts et autres cotisations, et enfin à travers les bénéfices enregistrés par ces services, qui se fondront dans le capital géré actuellement par l’État bourgeois.

     L’importance des contributions dans l’appareil bourgeois apparaît au regard de l’étendue de l’administration fiscale : 33.000 fonctionnaires, soit un agent des finances pour 300 citoyens, ou encore 42 % du personnel des ministères.

     L’État, dans sa fonction initiale de force de répression au service de la bourgeoisie, dans sa fonction seconde de résolution des intérêts contradictoires de cette même bourgeoisie, assure aujourd’hui une fonction nouvelle et de plus en plus intégrée au capitalisme.

     Les interventions de l’État de plus en plus fréquentes dans l’économie, ses responsabilités financières et monétaires, sa gestion de pans entiers et spécifiques de l’économie capitaliste (S.N.C.B., R.T.T., etc... ) 6 ont modifié la fonction de l’État bourgeois. De simple outil de la bourgeoisie, il est devenu partie intégrante de celle-ci. Car si l’État pille notre travail d’une manière différente (à travers l’imposition) il n’en gère pas moins son capital de concert et au service du mode de production capitaliste.

     Bien sûr, les fonctions traditionnelles de l’État bourgeois n’en sont pas oubliées pour autant et dans cette période de crise : nos impôts servent à entretenir un vaste appareil de répression anti-prolétaire avec à sa tête la gendarmerie. Ensuite ils se déversent dans les poches des multinationales de l’armement à travers les budgets militaires et, n’oublions pas, ils entretiennent le ministère de la justice qui garantit la propriété privée des moyens de production, l’héritage, le vol de la plus-value, la libre entreprise et autres bases légalisées de la dictature bourgeoise. Mais ce n’est pas tout.

     Nos impôts financent aussi la bourgeoisie impérialiste à travers les « aides » aux secteurs « nationaux » 7, car plutôt que d’investir directement dans les aciéries par exemple (le raisonnement vaut pour tous les secteurs, mais il nous permet ainsi de le lier à l’analyse précédente), l’oligarchie financière investit ses capitaux (ses bénéfices réalisés sur notre travail) dans des banques et des holdings qui, alors, prêtent ces capitaux aux industries avec les garanties de remboursement assuré par l’État... c’est-à-dire avec nos impôts !

     Voilà pourquoi, alors que nos 6 principales aciéries ont réalisé en 1984 un bénéfice de 8,8 milliards de francs, après avoir soustrait les investissements et surtout l’énorme charge financière (les emprunts contractés auprès des banques), elles affichent des pertes de 4,4 milliards ! Voilà comment nos impôts couvrent des investissements à moindres risques pour les banques et les holdings ! C’est, en outre, un excellent moyen de chantage pour la bourgeoisie (de l’État aux holdings) contre les travailleurs, chantage devant lequel les réformistes (syndicaux et autres) sont totalement impuissants.

     Alors que les budgets « sociaux », d’enseignement, etc... sont de plus en plus éprouvés, une part croissante du budget est destinée à rembourser les dettes contractées par l’État auprès des holdings et de l’ensemble de l’oligarchie financière. En 1983, 203 milliards de francs ont servi à l’amortissement de la dette. Citons encore quelques combines qui mettent nos impôts au service de la bourgeoisie impérialiste : les accords sur les C.S.T., T.C.T., chômeurs mis au travail, stagiaires O.N.E.M. 8, etc..., travailleurs auxquels l’État alloue un sous-salaire sur l’argent qu’il vole aux autres travailleurs, et cela pour une période donnée, dans une précarité d’emploi totale ! Et nous ne pouvons pas passer sous silence le « boni » de la sécurité sociale qui a pris le chemin des caisses de l’État alors que les C.P.A.S. 9 se retournent contre les familles pour leur faire assumer l’aide aux plus démunis..., etc..., etc...

     Ces exemples démontrent bien que, tant au niveau politique (comme nous l’avions dénoncé dans notre communiqué lors des attaques contre les P.R.L./C.V.P.), qu au niveau économique, l’État n’est en aucun cas représentant de l’ensemble de la nation. Il n’est pas le subtil reflet de l’équilibre des forces de celle-ci, comme la mascarade électorale lui permet de s’en vanter. Si les patrons paient également des impôts, ceux-ci leurs sont rendus au centuple par un appareil qui est tout entier dans leur camp. Et quant aux considérations électoralistes sur les baisses d’impôts, gageons qu’elles seront encore offertes aux « entrepreneurs » comme il en a toujours été le cas dans le passé. Il suffit de se rappeler les exemptions offertes pour l’achat des actions belges dans le cadre « Monory-De Clercq ».

     En nous attaquant aujourd’hui à l’administration des contributions directes et à l’organisation patronale FABRIMETAL, nous nous sommes en fait attaqué à deux facettes complémentaires de la dictature bourgeoise.

     Aujourd’hui, partis, État, holdings, multinationales, C.E.E., ... se fondent et se complètent au sein d’un vaste ensemble : la bourgeoisie impérialiste. Et si, pour des raisons de concurrence, des contradictions apparaissent entre ces parties ; ces banques, ces administrations, toutes se retrouvent copains comme cochons quand il s’agit d’exploiter encore plus les travailleurs. Et pour nous, cela seul importe, cela suffit pour refuser toute compromission avec ces vampires, pour renforcer notre détermination à renverser définitivement le pouvoir bourgeois.

     Cela doit nous suffire pour refuser catégoriquement de donner la moindre légitimité à la bourgeoisie, notamment à travers les farces électorales. Même si, dans le vide actuel du mouvement ouvrier, nombre d’entre nous iront voter pour l’actuelle mafia au pouvoir, frappés par le vide absolu du programme du P.S. qui est creux comme un bambou, et vaguement appâtés par les promesses de redressement ressassées par les maniaques du tonus 10 et du tempo, même si d’autres voteront pour les réformistes de la social-démocratie en réaction contre les aggressions de Martens/Gol, et tout aussi vaguement appâtés par d’autres promesses aussi vides. Malgré cela, il est de plus en plus clair qu’il nous faut autre chose.

     Pour cela, il faut aller plus loin, il faut renforcer l’unité de la classe ouvrière, harceler sans cesse l’ennemi, remettre en avant le marxisme-léninisme. Nous ne sommes, hélas, qu’à l’aube du processus révolutionnaire, et nos actions sont encore très faibles, mais cette faiblesse ne doit avoir pour tous qu’une seule conséquence : la dépasser, faire mieux et plus !

     Il faut progresser sur le chemin de la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme, pour la construction du Socialisme ! Que chacun réfléchisse, étudie, s’organise, agisse, et frappe ! Que mille cellules naissent !

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

 

Notes :

     1. Dernier grand chantier naval, sis à Tamise en Flandres, actuellement en grande difficulté.

     2. G.B.L. : 2ème holding de Belgique, à ce propos voir le communiqué des actions contre les banques, les 4 et 5 novembre ‘85 (page 179) ; COBEPA : holding belge de la banque Paribas.

     3. 1er groupe sidérurgique et 1er employeur privé du pays, principalement implanté en Wallonie (Liège et Charleroi), principale « victime » de la restructuration de ce secteur.

     4. 2ème groupe sidérurgique du pays, implanté en Flandres.

     5. La « guerre des bassins » entre les régions de Liège (Seraing, etc...) et de Charleroi (Montignies, etc...) fut orchestrée par les responsables régionaux, politiques mais aussi syndicaux, des deux métropoles wallones, tous voulant rejeter chez l’autre les effets néfastes de la restructuration globale de l’entreprise Cockerill-Sambre.

     6. Société Nationale des Chemins de Fer, Régie des Télégraphes et Téléphones.

     7. Comme autres secteurs en difficultés (verre, téxtile, chantiers navals, charbonnages), la sidérurgie fut décrétée « secteur national » et « bénéficia » à ce titre de l’intervention financière de l’État... et de ses directives économiques, c’est ainsi que le gouvernement belge a pu imposer ses plans d’austérité et de restructuration.

     8. Cadres Spéciaux Temporaires, Troisième Circuit de Traval, chômeurs mis au travail, stagiaires de l’Office National de l’Emploi : catégories de travailleurs créées « en vue de résorber le chômage » ; leurs statuts les privent des acquits sociaux et syndicaux, sécurité d’emploi, barèmes salariaux, formations, etc... Par contre, elles présentent des avantages évidents pour le patronat, primes à l’embauche, exemption de cotisation sociale, participation de l’État dans les (sous)-salaires, main-d’œuvre saisonnière et liberté de licenciement, etc...

     9. Centres Publiques d’Aide Sociale, ils assurent en principe un minimum vital (le minimex) à toute personne résidant en Belgique. Les C.P.A.S. sont actuellement complètement débordés et incapables de faire face à l’augmentation de la paupérisation ; par l’exclusion du chômage d’un nombre de plus en plus grand de demandeurs d’emploi, les gouvernements « Martens » troquent l’assurance sociale contre la précarité de l’assistanat social. Comme la loi autorise les C.P.A.S. à se retourner contre la famille de l’assisté, le but évident poursuivi par les autorités est d’imposer deux fois les travailleurs : une première par la cotisation à la sécurité sociale, et une seconde par la prise en charge, via la famille, des travailleurs sans ressource !

     10. « Du tonus en plus », slogan électoral du P.R.L. dont l’esprit critique appréciera toute la profondeur !

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Actions contre quatre importants centres de l’oligarchie financière.
Etterbeek, Charleroi, Leuven, les 4 et 5 novembre 1985.

     Au cours des journées du 4 et du 5 novembre 1985, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit QUATRE IMPORTANTS REPAIRES DE L’OLIGARCHIE FINANCIÈRE DANS CE PAYS. Ces quatre interventions s’inscrivent dans le cadre de notre Campagne Karl Marx ouverte par l’action contre Intercom.

     Nos Cellules ont ainsi successivement attaqué :

     — très tôt le matin du 4, un des principaux sièges de la BANQUE BRUXELLES LAMBERT (B.B.L.), seconde banque du pays avec 16,9 % des actifs bancaires à l’échelle nationale (soit 692 milliards) et un bénéfice pour 1983 de 1,2 milliards de francs. La B.B.L. constitue le noyau du Groupe Bruxelles Lambert, deuxième holding de Belgique. Le siège visé est situé au Cours Saint-Michel à Etterbeek.

     — dans la matinée, un siège de la SOCIETÉ GÉNÉRALE DE BANQUE (S.G.B.), première banque du pays puisqu’elle contrôle 24,4 % des actifs bancaires (soit 1002,2 milliards de francs) et a réalisé un bénéfice de 2,5 milliards en 1983. La S.G.B. est en outre le noyau du principal holding du pays : la Société Générale de Belgique. Notre attaque contre la S.G.B. s’est portée contre le siège carolorégien, boulevard Tirou.

     — très tôt le matin du 5, l’agence de la MANUFACTURER HANOVER BANK (M.H.B.), dont la Manufacturers Hanover Trust, quatrième institution de crédit aux U.S.A., est la maison mère. Cette attaque fut également portée à Charleroi, quai de Brabant.

     — dans l’après-midi, le siège de la KREDIETBANK (K.B.), troisième banque nationale en importance : 11,8 % des actifs bancaires (soit 386,3 milliards de francs) et 1,9 milliards de bénéfices en 1983. La K.B. est au centre du holding formé par les Almanij/K.B./Crédit Général. Nos militants ont détruit le centre de la K.B. à Leuven, Mgr. Ladeuzepl.

     Les quatre coups portés par les communistes révolutionnaires au cours de ces deux journées contre des centres très importants de l’oligarchie financière seront ressentis très durement par cette dernière. La bourgeoisie, qui avant même la formation de Martens 6 pérore d’arrogance, aura toutes les raisons de craindre la juste colère du monde du Travail et de son avant-garde politico-militaire.

     Car en effet, comme ce fut de tout temps et le sera plus encore dans l’avenir, l’oligarchie financière et son activité la plus évidente, les banques, sont désignées comme ennemies flagrantes et objectives du prolétariat, comme éléments centraux de la bourgeoisie impérialiste et traitées comme tels.

     Que ce soient les ouvriers du Sud-Luxembourg 1 qui débitèrent une agence de la S.G.B. à la tronçonneuse, que ce soient les travailleurs liégeois qui occupèrent le siège de la B.B.L. dans leur ville, que ce soient les jeunes manifestants des Marches pour l’emploi qui lapidèrent et maculèrent les agences bancaires sur le parcours de leurs manifestations, que ce soient encore les prolétaires carolos bouclant à l’aide de câbles d’acier ce même siège de la S.G.B. que les Cellules ont détruit hier matin, les exemples ne manquent pas...

     À chaque fois que les travailleurs et les travailleuses se mobilisent pour la défense de leurs emplois, de leurs acquis sociaux, pour de meilleures conditions de vie, ils et elles se retrouvent directement ou indirectement confrontés à la toute puissante oligarchie financière qui détient, en système capitaliste, le véritable pouvoir de décision. Les holdings et les banques ont en mains les clés de la fermeture ou de la reprise des entreprises — et ainsi dictent leurs décisions —, gèrent les investissements comme ils l’entendent en fonction de leurs intérêts — c’est-à-dire contre ceux du prolétariat —, imposent à travers l’État les mesures de restructuration, la baisse des « coûts salariaux », la restauration des finances publiques, la flexibilité du temps de travail, etc.

     Avant même de nous livrer à une analyse élémentaire de l’importance de l’oligarchie financière au sein du système capitaliste, nous savons, au quotidien, comment nous faisons les frais de cette toute puissante infection, produit typique du capitalisme dans sa phase impérialiste.

     La crise économique que la classe ouvrière dans notre pays supporte de plus en plus durement s’étend à l’ombre des banques, des holdings, des sociétés financières transnationales : la Belgique compte le taux le plus élevé au monde d’agences bancaires par habitant, et à l’autre bout de cette information, il faut dire que sur les cent premières banques internationales, quatre sont belges... parmi lesquelles celles que nous avons attaquées aujourd’hui. Dans ce pays qui est à la pointe du développement impérialiste, les banques et les holdings sont les principaux centres de décision, de gestion bourgeoise. Ils sont devenus aujourd’hui un rouage essentiel à la perpétuation du mode de production capitaliste et ne peuvent acquérir encore que plus d’importance dans l’avenir de ce système.

     Lénine : « Au fur et à mesure que les banques se développent et se concentrent dans un petit nombre d’établissements, elles cessent d’être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l’ensemble des capitalistes et des petits patrons, ainsi que la plupart des moyens de production et des sources de matières premières d’un pays donné, ou de toute une série de pays Cette transformation d’une masse d’intermédiaires modestes en une poignée de monopolistes constitue un des processus essentiels de la transformation du capitalisme en impérialisme capitaliste. »

     Force est de devoir constater que ce processus est quasi-achevé ici, puisque les trois grands, S.G.B., B.B.L., K.B., concentrent ensemble plus de la moitié des actifs bancaires de ce pays (53,1 %) et plus des trois-quarts des dépôts (77,4 %).

     Que signifie cette situation et quelles en sont les conséquences dans le contexte actuel de crise ? Nous ne reviendrons pas ici sur l’ensemble du problème de la crise, génialement résumée par Marx comme étant l’époque durant laquelle « on produit (périodiquement) trop de moyens de travail et de subsistance pour pouvoir les faire fonctionner comme moyens d’exploitation des ouvriers à un certain taux de profit ».

     Si certains aspects de cette surproduction apparaissent comme flagrants : les usines « en trop », les mines « en trop », les travailleurs « en trop », les produits agricoles « en trop », il ne faut pas oublier — et cela est essentiel pour une approche réelle et lucide de l’importance de l’oligarchie financière — qu’il y a également les capitaux « en trop ».

     C’est dans cette compréhension de la surproduction de capitaux que l’on peut apprécier la logique capitaliste dans toute sa splendeur, et les geignardises réformistes pleurant au « désinvestissement ».

     D’un côté : suraccumulation de profit, de bénéfices dans les coffres des banques  ; d’un autre côté : désertion sans cesse croissante (malgré les cadeaux mirifiques offerts aux investisseurs par Martens 5, les exécutifs régionaux, etc...) de ces capitaux des secteurs industriels.

     Il ne s’agit en aucune façon d’une perversion égarée des gestionnaires de l’oligarchie financière disposant de masses de capitaux non-revalorisables, mais d’une contradiction qui a ses fondements dans la logique même du mode de production capitaliste.

     La base de cette contradiction est dans la rationalité même de ce système : la recherche du profit, la revalorisation du Kapital, l’extorsion de la plus-value sur le travail humain.

     À chaque moment de la production, cette extorsion de plus-value (c’est-à-dire le produit du travail accordé gratuitement au patron, la part du travail au-delà de celle qui couvre ce qui sera restitué dans le salaire) valorise le capital initial pour former un capital nouveau, supérieur, disponible et obligé pour une nouvelle valorisation.

     Et ce capital cherchera à réaliser une plus-value proportionnellement au moins égale. Comme il est supérieur, il ne peut se contenter d’une plus-value identique à celle de sa valorisation antérieure, car ce serait pour lui une baisse de son taux de profit. Son expansion est donc sa règle, sa logique, son obligation.

     Est-il nécessaire de rappeler ce qu’expansion veut dire pour « nos » banques et « nos » holdings ? Après avoir assuré une mainmise quasi-totale sur l’économie du pays, ils débordent massivement au Mexique, au Brésil, au Zaïre, etc...

     Aujourd’hui, le capitalisme ne trouve plus de possibilité d’expansion : il est achevé au point de vue géographique car il couvre l’ensemble de la planète, il a conquis et rentabilisé les 24 heures de la journée en les optimalisant pour la production/consommation, il est hégémonique par rapport aux anciens modes de production (artisanat, productions autarciques, etc...). Partout le capitalisme est victorieux, et en cela, il a rempli son « contrat » historique dans l’essor des forces productives et il est appelé à être dépassé et détruit par l’avènement de l’économie socialiste.

     Le capitalisme n’a plus de possibilité d’expansion et de surcroît sa base d’exploitation se réduit de façon permanente. C’est la dynamique classique, mais croissante, qui voit à chaque moment du développement des capacités productives la part du travail humain se réduire sans cesse. Le développement du machinisme, aujourd’hui de la robotique ou de l’informatique, « chasse » de plus en plus le travail humain de la production, c’est-à-dire réduit de plus en plus la base sur laquelle la bourgeoisie capitaliste peut extorquer la plus-value.

     À la rencontre de ces deux facteurs que nous venons de décrire, il y a la crise actuelle du capitalisme financier et du capitalisme en général, et ce que nous vivons aujourd’hui à travers l’appauvrissement généralisé du monde du travail n’est que la tentative de la bourgeoisie de reculer les échéances de cette dynamique implacable. La politique développée ici depuis 4 années par Martens 5 et bientôt 6, cette aggression violente et systématique contre le monde du Travail n’a rien à voir avec une quelconque impossible « relance », mais ne vise qu’un seul but : augmenter la plus-value volée à chaque travailleur pour tenter de pallier provisoirement à l’effondrement de la plus-value globale. Cela, si dramatique que ce soit pour les exploités, n’est pour la bourgeoisie qu’un simple sursis, une tentative de freiner les effets de la crise du capitalisme, d’en retarder les échéances !

     Dans la politique d’« austérité », quelle est la position du capital financier et de sa bourgeoisie face à l’impossibilité de faire fructifier ses milliards comme avant ?

     1. À partir du moment où la base traditionnelle de telle ou telle oligarchie financière ne permet plus, donc limite, la revalorisation de son capital propre, elle tente tout d’abord de « restructurer » cette base : c’est le procédé classique que nous connaissons tous les jours, fermetures/reprises/restructurations, qui constitue actuellement la trinité de la bourgeoisie. Trinité qui se solde à chaque fois pour les travailleurs et travailleuses par des licenciements et par une baisse du salaire réel.

     Ces « restructurations », de Pégard à Pégard 2 2, de Boch à Noviboch, des Cableries de Charleroi aux C.D.C. 2, ne changent rien à la crise du capital. Elles ne font que se resserrer et augmenter l’exploitation des travailleurs, elles ne contribuent globalement qu’à acculer le capitalisme dans ses contradictions, en réduisant toujours plus sa base d’exploitation.

     2. Tel capital financier quitte les secteurs qui lui ont assuré la fortune par le passé pour prendre d’assaut les secteurs occupés par tel autre, dans le but de l’absorber, de le ruiner... Ce développement acharné de la concurrence, les luttes âpres que se livrent sans merci les oligarchies pour le contrôle des secteurs d’activités de leurs concurrents (comme chez Dupuis 3, par exemple) prend alors le terme pudique de « diversification ». Ces batailles rageuses où domine la loi du plus fort ont pour résultat une modification de ces secteurs, c’est-à-dire une « restructuration » de ceux-ci aux dépens des travailleurs, ainsi que la tendance à la monopolisation de parts de plus en plus larges de l’activité économique.

     Notre attaque contre Intercom dénonçait aussi la monopolisation de secteurs très rentables, la production et la distribution d’énergie, dont les holdings S.G.B. et G.B.L. contrôlent la quasi-totalité.

     3. Mais cette concurrence « inter-capitaliste » est en soi de plus en plus limitée car aussi pratiquement achevée, et c’est pourquoi les oligarchies développent, maintenant et toujours plus, des activités spéculatives non-productives : assurances, crédits, opérations boursières, marché des devises comme, par exemple, le dollar U.S., etc... Cette dynamique a pour double conséquence d’accroître encore plus la masse des capitaux détenus par les banques et les holdings en même temps qu’elle limite la base d’extraction de la plus-value puisque se situant hors des secteurs productifs.

     4. Enfin, et c’est la tendance que nous percevons le plus facilement, la bourgeoisie s’acharne à l’extraction d’une plus-value maximale sur la base de l’exploitation du monde du travail,

     — soit en baissant les salaires réels, par exemple en les bloquant alors que les prix augmentent, ou bien aussi en tripotant l’index (Eyskens champion !). C’est ainsi que le revenu des ménages a baissé de 10 à 13 % en quatre ans.

     — soit en « rationalisant » le temps de travail, c’est-à-dire en augmentant la part du travail accordée gratuitement au patronat à travers l’intervention de l’État dans des « circuits de travail » financés par les ponctions réalisées sur les salaires, les pensions, la sécurité sociale etc...

     Cela révèle que l’État est de plus en plus soumis, fonction des exigences ponctuelles de l’oligarchie financière : grâce aux impôts et aux autres cotisations obligatoires, il paye des intérêts énormes sur sa dette auprès des banques (quatre mille huit cent milliards), il finance des activités inutiles ou nuisibles aux intérêts populaires et seulement propices à la réalisation de super-profits : contrats d’armement, travaux « publics » de transports lourds pour naveteurs, etc...

     En résumé, qu’est-ce que tout cela signifie pour nous ? Ce que nous vivons concrètement tous les jours : augmentation des impôts, hausse des prix, baisse des salaires réels, chômage, recul et perte des acquis sociaux...

     Mais nous devons encore aller plus loin dans notre analyse, car nous ne pouvons la limiter à la situation de notre pays. La déplorable conjoncture induite par le mode de production capitaliste au terme de son développement historique est évidemment plus grave encore au niveau mondial :

     La concurrence, tout d’abord, quand chaque pays tente de faire baisser ses importations et augmenter ses exportations, cela tant pour les banques que pour les autres secteurs :

     « Ce qui caractérisait l’ancien capitalisme, c’était l’exportation des marchandises. Ce qui caractérise le capitalisme actuel, où règnent les monopoles, c’est l’exportation des capitaux. » (Lénine.)

     — sur le plan industriel, caractérisée par des batailles à l’exportation de plus en plus rudes et où les grands contrats mobilisent non seulement les industriels mais aussi l’appareil d’État tout entier à leur service.

     — sur le plan financier, traduite par la chasse aux investissements profitables, aux spéculations juteuses, aux prêts à des taux d’intérêts dont le bilan tient dans la tant fragile qu’anarchique organisation du système monétaire et financier international.

     Concrètement, cette transposition des concurrences internes au niveau mondial contribue fortement à l’accroissement des tensions internationales. L’édifice péniblement constitué dans l’après-guerre s’effondre. Les U.S.A. et l’Europe ne peuvent plus que s’affronter en permanence pour des contrats ou des secteurs (tubes acier, contrat du gazoduc sibérien, guerre du blé...). Les U.S.A. et l’Europe se trouvent confrontés au Japon en raison de leur déficit commercial. Au sein de la C.E.E., organisme chargé de mettre un peu d’ordre dans ce foutoir, et ce au profit de l’impérialisme U.S., les conflits se multiplient : guerre de la pêche France/Espagne, guerre du vin France/Italie...). Entre l’Est et l’Ouest, la moindre modification des rapports géopolitiques impliquant l’augmentation d’un marché pour l’un et automatiquement sa réduction pour l’autre, radicalise les contradictions entre les parties et contribue à la tendance à la guerre...

     Au niveau du Tiers-Monde, la surenchère des monopoles financiers en quête de placements rentables — reposant sur l’appauvrissement organisé de ces pays — débouche sur l’infernal imbroglio de la dette car, et nous citerons encore Lénine, « tant que le capitalisme reste le capitalisme, l’excédent de capitaux est consacré, non pas à élever le niveau de vie des masses dans un pays donné, car il en résulterait une diminution des profits pour les capitalistes, mais à augmenter ces profits par l’exportation de capitaux à l’étranger dans les pays sous-développés ».

     Cette course aux investissements, aux prêts, se solde pour ces pays plus ou moins proches de nous (de la Pologne au Brésil, en passant par le Nigéria) par un carcan de fer qui a pour nom Fond Monétaire International. Le Mexique est endetté pour 96 milliards de dollars U.S., dette au sein de laquelle il était redevable de 90 milliards de francs belges à des banques installées dans notre pays. L’Argentine est endettée pour 48 milliards de dollars U.S., dont des dizaines de millions vis-à-vis de la Manufacturers Hanover Bank, filiale de la Manufacturers Hanover Trust engagée dans des crédits s’élevant à 370 milliards de dollars U.S. La Pologne, de même, qui doit une partie de ses difficultés à son incapacité de rembourser 28 milliards de dollars U.S. de dettes à ses créanciers parmi lesquels on retrouve la Kredietbank. Le Zaïre où sévit l’antenne de la Société Générale de Banque : Finoutremer, etc..., etc...

     Pour tous ces pays qui sont actuellement engagés dans la spirale folle d’emprunter pour seulement rembourser les intérêts de leurs dettes, les contradictions tant internes qu’au niveau international ne cessent de s’aggraver, contribuant ainsi à la dégradation du précaire équilibre de l’ordre impérialiste.

     Travailleurs, Travailleuses, Camarades,

     Nous avons engagé le 8 octobre la Campagne Karl Marx. Cette date coïncidait avec un moment particulièrement ignoble et fourbe du système capitaliste dans notre pays : les « élections » à travers lesquelles la dictature des exploiteurs se donne l’alibi de la représentativité. Les résultats de ce cirque que nous avons dénoncé confirme notre analyse : les programmes électoraux des divers prétendants n’ont plus aucun sens, et c’est à coups de millions injectés dans le marketing politique que la F.E.B. et Martens 6 se carapaçonnent de démocratie en trônant sur l’absolu manque d’alternative — absolu historique — de la social-démocratie dont le programme était aussi creux qu’un bambou !

     La crise a ses racines dans le système capitaliste et seul un renversement définitif de ce mode de production y mettra fin. Chaque tentative de la bourgeoisie d’y remédier — et qu’elle nous fait payer cher — ne fait qu’aggraver cette crise, globalement et à échéance de plus en plus rapprochée. Les soi-disant alternatives au sein du mode de production capitaliste ne peuvent rien y changer. Le Kapital financier, privé ou nationalisé, doit obéir à la même règle, celle du profit, sous peine d’une faillite encore plus immédiate. La politique volontariste (et électoraliste) de la social-démocratie française au début ‘82 n’a mené qu’au renforcement du capitalisme multinational aux dépens du capitalisme français. La relance artificielle (comme le demande le P.S. pour la relance du marché intérieur) a démontré, en France, son absurdité, même si elle est éphémèrement moins pénible pour les travailleurs que l’austérité du « tempo ».

     Aujourd’hui, chaque mouvement d’une partie de la bourgeoisie pour freiner la crise, et cela tant au niveau national qu’international, mène à l’affaiblissement des autres parties et ainsi à l’affaiblissement global de ce système. C’est l’image de complices qui pris dans les sables mouvants s’y enfoncent tous en tentant chacun de monter sur la tête des autres.

     Travailleurs, Travailleuses, Camarades,

     La bourgeoisie et ses petits-amis ont la trouille devant la continuité et le développement de notre combat et racontent n’importe quelle fadaise sur la lutte des révolutionnaires. Alors qu’ils ont l’audace de déclarer le combat des communistes combattants « suicidaire et désespéré », les faits et l’analyse de leur système pourri et dégénéré indiquent que le seul suicide de l’humanité résiderait dans la perpétuation du capitalisme, synonyme de crises, d’appauvrissement, de guerres permanentes, de chômage... alors que le socialisme est la seule alternative historique pour le monde du Travail.

     C’est dans cet esprit, dans cette compréhension, que nous avons lancé le mot d’ordre de boycott des élections bourgeoises au début de la Campagne Karl Marx. L’attitude désespérée est celle de collaborer, même de façon « je-m’en-foutiste », aux scénarios élaborés par les banquiers ou les conseils d’administration des holdings.

     Marquer son refus est un premier pas, mais un pas certainement insuffisant pour l’avenir. Le refus inorganisé ne sera en aucun cas une solution en soi, ce qu’il nous faut maintenant, dès maintenant, est une stratégie de lutte révolutionnaire guidant le monde du travail dans sa guerre contre le capitalisme. Ce qu’il nous faut pour marcher vers une société nouvelle, ce qu’il nous faut pour la gagner, c’est nous organiser en tant que classe sous la direction du marxisme-léninisme.

     Il faut nous organiser pour la destruction, l’écrasement du pouvoir bourgeois, nous devons lui ôter à jamais tout pouvoir de décision sur nos vies et sur la marche du monde. Le monde du Travail doit conquérir un pouvoir absolu, sans compromission aucune, sur le devenir de l’Humanité. Il nous faut conquérir la dictature du prolétariat.

     Il faut renforcer et développer sans cesse les forces de la classe ouvrière, travailler à son unification en tant que classe pour soi. Il faut que vive dans la lutte l’identité politique prolétarienne, que se développe notre solidarité et notre organisation. Tous les travailleurs combatifs, dans quelqu’isolement qu’ils soient, doivent se poser la question de la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires.

     L’offensive portée par les Cellules Communistes Combattantes ces jours-ci à Charleroi, Bruxelles et Louvain, démontre les progrès réalisés par la guérilla révolutionnaire dans notre pays. La victoire que nos militants ont gagnée indique l’adéquation tactique de notre lutte, ses immenses potentialités à faire encore mieux et plus ! Il nous faut saisir cette force, l’accentuer, la renforcer à tous les niveaux !

     Le rude coup porté à l’oligarchie financière, en ce début de campagne portant le nom du guide immortel du prolétariat mondial, n’est qu’un témoin parmi d’autres de l’aube du processus qui balayera définitivement l’exploitation de l’homme par l’homme !

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

 

Cellules Communistes Combattantes

pour la construction de l’Organisation

Combattante des Prolétaires.

 

Notes :

     1. En 1977, dans le cadre des restructurations imposées dans la sidérurgie par la C.E.E., de nombreuses usines du Sud-Luxembourg sont fermées. La colère ouvrière déborde rapidement les directions syndicales, et les travailleurs d’Athus s’attaquent aux centres bancaires qu’ils savent très bien être les vrais responsables de leur misère.

     2. Pégard-Pégard 2, (voir note 1 page 98), Boch-Noviboch, faïencerie de la région du Centre (La Louvière) qui fut occupée par les travailleurs dès la mise en faillite ; Cableries de Charleroi puis C.D.C. 2, puis Cablecar, usine restructurée et reprise par le groupe français Cableries de Lyon.

     3. Maison d’édition de la région de Charleroi dont la reprise donna lieu à une longue bataille financière qui se conclut par la victoire du groupe Bruxelles-Lambert associé au groupe français Hachette.

 

* * *

 

CAMPAGNE PIERRE AKKERMAN

Combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois.
19 octobre — 6 décembre 1985.

 

Action contre un « Bureau d’Informations des Forces Armées ».
Namur, le 19 octobre 1985.

 

Les rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !

S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux !

L’Internationale, 5ème couplet.

 

     Alors que nous venons à peine d’ouvrir avec succès la Campagne Karl Marx, l’actualité nous impose d’ouvrir un second front en ce mois d’octobre 1985. Les Cellules Communistes Combattantes ouvrent donc, ce 19 octobre 1985, la Campagne « Pierre Akkerman, Combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois » en attaquant le « BUREAU D’INFORMATION DES FORCES ARMÉES » à Namur.

     Ce « Bureau d’information des Forces Armées » est, comme tant d’autres à travers le pays, un centre de raccolage pour l’armée impérialiste. Exploitant la misère sociale développée par le capitalisme en crise, ces « bureaux » sont les instruments du dévoiement de nombreux fils et filles du prolétariat vers la fonction infâme de mercenaires armés de la bourgeoisie, et ce directement organisés contre leurs frères et sœurs de classe.

     L’actualité imposant l’ouverture de ce second front repose sur la dernière réunion des ministres des affaires étrangères de l’Alliance Atlantique à Bruxelles, sur la grande mobilisation anti-missiles de ce dimanche et sur la prochaine rencontre inter-impérialiste à Genève en novembre. Notre intervention de cette nuit et l’ensemble de la Campagne Pierre Akkerman s’adressent particulièrement à la prochaine mobilisation populaire contre le déploiement des missiles U.S., dont les pacifistes petits-bourgeois entendent faire, comme à leur habitude, une manifestation folklorique de prières et d’incantations stériles à destination des princes et des magnats qui nous voient déjà sur les champs de bataille ou dans l’effort de reconstruction.

     Plus que jamais en cette fin 85, les événements dans divers pays européens (les Pays-Bas largement en tête...) démontrent l’ineptie et le danger des thèses pacifistes petites-bourgeoises pour le mouvement populaire anti-guerre. Dans tous les pays européens le militarisme bourgeois s’organise avec arrogance, développe sans cesse ses préparatifs bellicistes, et cela, seulement face à de faibles oppositions organisées (les nôtres, par exemple), car l’ensemble du mouvement anti-guerre est profondément pourri des positions légalistes et kollaborationnistes du crétinisme pacifiste.

     Ces dernières années démontrent ceci : soit le mouvement anti-guerre rejetera les directions infâmes des petits-bourgeois pacifistes et s’organisera sur la ligne révolutionnaire développée par les communistes combattants, soit il sera le linceul de millions d’entre nous.

     Et nous ne voulons pas accepter cela comme une fatalité ! Il faut que cela change et c’est à nous de le changer ! Il faut rejeter les canailles pacifistes, nous voulons l’avenir du socialisme et non les misères de la guerre. Les centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses qui depuis des années ont marché pour dire NON à la guerre que l’O.T.A.N. mène aux quatre coins du monde et qu’elle veut, à présent, ramener dans les centres, doivent réfléchir à partir de la réalité bien concrète ! Et ne pas oublier les leçons de l’histoire que notre classe a déjà si chèrement payée : toutes les thèses et directives pacifistes se sont toujours, en 1914, en 1940, et aujourd’hui révélées au service de la bourgeoisie !

     Toutes les rodomontades pacifistes s’effondrent jour après jour, défaite après défaite. Toutes les escroqueries des pacifistes petits-bourgeois, C.N.A.P.D. et V.A.K.A. en tête, n’ont amené qu’un seul résultat : la bourgeoisie du parlement et des casernes, des banques et des holdings, a les mains libres pour implanter les missiles, pour se lancer dans l’hystérie anti-communiste la plus délirante, pour perpétrer ses crimes contre les peuples d’Afrique du Sud, de Turquie, du Zaïre, de Palestine ou du Salvador

     Le mouvement pacifiste petit-bourgeois a-t-il gagné quoi que ce soit depuis les années qu’il usurpe la direction du mécontentement populaire ? Non, il n’a rien gagné ! Au contraire, il a épuisé la mobilisation et le refus des masses, il a falsifié les données objectives et historiques de la question de la guerre impérialiste, il s’est entièrement mis au service de la bourgeoisie dont il reconnaît l’entière autorité dans la « dictature démocratique ». Il est même plus clair de dire qu’il n’a eu aucune difficulté à se prostituer au service des exploiteurs car il en véhicule l’idéologie avec une grande ardeur.

     En octobre 1984, les Cellules Communistes Combattantes sont apparues, organisées et décidées, en axant leur première campagne sur la question de la guerre impérialiste. Ce choix s’imposait à travers le fait que ce problème concentre à la fois l’expression la plus évidente et la plus brutale de la dictature bourgeoise, en même temps qu’il ne peut être abordé que d’un point de vue de classe car la guerre est fonction intégrée, produit du capitalisme.

     Nous avons en premier lieu attaqué les firmes Litton, M.A.N. et Honeywell, trois multinationales entièrement intégrées au « parti de la guerre », c’est-à-dire trois entreprises qui développent une importante part de leurs activités lucratives dans l’organisation de guerres contre les peuples aux quatre coins de la planète. Ensuite, nous avons attaqué deux centres politiques, P.R.L./P.V.V. et C.V.P., de la coalition gouvernementale, c’est-à-dire les managers du pouvoir d’État (encore aujourd’hui) qui planifient directement l’organisation belliciste, et enfin, nous avons porté l’offensive contre les forces de l’O.T.A.N., l’appareil de domination militaire de l’impérialisme.

     L’importance politique de notre première campagne, au-delà de l’émergence d’une authentique pratique révolutionnaire communiste rompant avec les révisionnistes et les réformistes de tout accabit, se situe dans la façon dont nous avons posé la question de la guerre impérialiste. Nous avons posé la question de la guerre impérialiste dans sa totalité, en en liant tous les facteurs, c’est-à-dire sans l’isoler de ses causes, de sa matrice : le mode de production capitaliste ! Aux thèses irresponsables et criminelles des directions pacifistes petites-bourgeoises, nous avons opposé l’analyse marxiste-léniniste et la position prolétarienne : la praxis dans l’offensive révolutionnaire !

     À l’heure où nous ouvrons la campagne Pierre Akkerman, nous ne pouvons qu’appeler les militants sincères à s’instruire des écrits formidables du marxisme et du léninisme quant à la question de la guerre impérialiste, à s’instruire et à débattre des importantes contributions des révolutionnaires italiens et espagnols, Brigades Rouges et P.C.E.(r)-G.R.A.P.O., ainsi qu’avec modestie, des nôtres, ET À EN TIRER LES CONCLUSIONS OFFENSIVES pour l’avenir du prolétariat. Déjà en 1924 :

     « Chaque grève de masse crée une situation révolutionnaire dans laquelle la bourgeoisie, à l’aide de l’appareil d’État tire le maximum de conclusions qui lui sont nécessaires pour maintenir sa domination. Face à ces procédés le prolétariat est impuissant ; l’arme de la grève de masse elle-même est impuissante nécessairement devant eux, si, face aux armes de la bourgeoisie, le prolétariat ne prend pas également les armes. Cela implique qu’il doit s’efforcer de s’armer lui-même, de désorganiser l’armée de la bourgeoisie qui se compose d’une majorité d’ouvriers et de paysans, de retourner contre la bourgeoisie ses propres armes...

     « La guerre impérialiste corse cette situation à l’extrême. La bourgeoisie met le prolétariat devant l’alternative suivante, ou bien tuer ses camarades de classe des autres pays en faveur de ses intérêts monopolistiques à elle, mourir pour ses intérêts ou bien renverser la domination de la bourgeoisie par la violence des armes. Tous les autres moyens de lutte contre cette suprême violence qui est faite au prolétariat sont impuissants, car tous, sans exception, vont s’écraser contre l’appareil militaire des États impérialistes. Si donc le prolétariat veut échapper à cette violation extrême, il doit engager lui-même le combat contre cet appareil militaire, le désagréger de l’intérieur... »

Georges Lukacs : « La pensée de Lénine,
l’impérialisme, guerre mondiale et guerre civile ».

     Voilà la réalité historique, et en voilà une juste compréhension ! Et voilà la même question qui se pose, avec encore plus d’acuité et d’actualité au mouvement anti-guerre qui manifestera dimanche : deux lignes politiques au service de deux classes antagoniques se dessinent clairement, et plus personne ne peut se masquer les yeux devant cela :

     — la ligne politique du pacifisme petit-bourgeois, valet du capital et trahison éprouvée...

     — la ligne politique et la pratique communiste révolutionnaire, arme et devenir de la classe laborieuse !

     Nous avons, lors de notre attaque contre les télécommunications de la base militaire de Bierset, donné l’analyse globale que nous faisions du pacifisme petit-bourgeois aujourd’hui à la tête du mouvement anti-guerre dans ce pays, et démontré que seules notre initiative et notre ligne politique historique constituent une réelle alternative à la guerre impérialiste.

     Et les faits démarquent de façon encore plus irréfutable ces deux lignes, celle du passé et celle de l’avenir. Le mouvement politique du pacifisme est dans l’agonie de ses impasses alors que le mouvement révolutionnaire et le prolétariat sont à l’aube d’un formidable combat !

     À l’aube d’un formidable combat dans la continuité de l’histoire magnifique de notre classe, héritiers de ses expériences et des leçons de chaque combat ! Nous en serons dignes, et c’est pourquoi nous dédions cette campagne anti-militariste et anti-pacifiste à la mémoire du militant communiste belge Pierre Akkerman, volontaire dans les Brigades Internationales en Espagne, commissaire politique du bataillon André Marty de la XIIe Brigade, mort au combat le 1er janvier 1937 au nord de Madrid, traîtreusement assassiné par les fascistes arborant notre drapeau rouge pour se rapprocher des positions tenues par les révolutionnaires.

     Nous te saluons Pierre Akkerman.

     Ce que tu avais compris, que nous comprenons maintenant et que la classe ouvrière doit à nouveau comprendre et remettre en pratique à son tour, est que le fascisme, le militarisme, la réaction et la guerre ne se combattent pas seulement par les bonnes paroles ou les bons sentiments, et certainement pas par les escroqueries pacifistes. Pierre Akkerman, toi comme tes camarades allemands, italiens, français, anglais, mexicains, hongrois, yougoslaves, suisses, bulgares, américains, polonais, canadiens, chinois, algériens, tchèques, hollandais, scandinaves, et tous les autres... saviez à quoi vous en tenir pour ce qui est de la guerre impérialiste et aviez compris ce que les ploutocrates de Londres, Rome, Paris, New York ou Berlin mijotaient pour l’avenir du monde et le malheur des exploités.

     Alors que les pères spirituels des Spitaels, Van Geyt, Martens et autres Galand prônaient la négociation ou la non-intervention, les diplomates bourgeois négociaient à Munich et trompaient les peuples comme ils s’apprètent à le faire à Genève le mois prochain ! Pierre Akkerman, toi et tes camarades, l’élite du prolétariat mondial en cette période, vous saviez que la guerre d’Espagne où tu es tombé n’était qu’un moment d’un combat plus vaste, celui de la classe ouvrière vers l’humanité. L’histoire vous donnera raison, votre sacrifice est déjà cette humanité.

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

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Action contre la direction petite-bourgeoise du mouvement pacifiste.
Uccle, le 20 octobre 1985.

     Ce dimanche matin nous avons lancé un cocktail Molotov sur la voiture de Galand, président du C.N.A.P.D. — entre autres —. À partir de cette action sans la moindre importance pratique mais d’une grande clarté politique, nous voulons, à quelques heures de la mobilisation populaire de ce 20 octobre, insister sur les raisons qui nous ont dicté d’attaquer le militarisme bourgeois à travers notre action d’hier à Namur et aujourd’hui le pacifisme petit-bourgeois, comme tenants d’un même système, la dictature bourgeoise.

     Car si, que ce soit dans le cadre de notre campagne d’octobre 1984 ou dans celle actuelle « Pierre Akkerman... », nos attaques contre les multinationales de l’armement, contre les centres politiques atlantistes, contre l’O.T.A.N. ou l’A.B.L., sont très facilement compréhensibles et accessibles pour le mouvement anti-guerre, nous savons que l’action contre ce dirigeant pacifiste exige d’être présentée très clairement dans le cadre global de la politique de l’avant-garde révolutionnaire, de sa stratégie et de sa tactique contre la guerre impérialiste.

     L’importance de l’action de ce matin ne réside que dans son contenu, elle est une première manifestation de lutte prolétarienne au sein du mouvement populaire et contre les directions petites-bourgeoises. C’est de cela dont nous allons parler maintenant.

     La contradiction entre les peuples et la guerre impérialiste est une contradiction objective et historique produite par le mode de production capitaliste, et ainsi irréductible tant que le rapport de domination de classe ne sera pas fondamentalement modifié. Ainsi, la tendance à la guerre se développera selon les nécessités capitalistes et atteindra probablement au déclenchement d’un conflit dans les centres, ce qui apparaît encore, pour la majorité d’entre nous, comme un mauvais scénario de science-fiction.

     C’est de cette contradiction de classes qu’est issue la mobilisation populaire dans son ensemble, axée sur la concrétisation la plus évidente ici de la tendance à la guerre : l’implantation des missiles atomiques U.S.

     Cette mobilisation populaire est hétérogène, son unité n’est qu’une apparence savamment entretenue grâce au fait que ses manifestations organisées se présentent sous certains dénominateurs politiques, idéologiques et moraux communs.

     De la mobilisation populaire spontanée ont émergé naturellement des revendications partielles et diffuses limitées aux effets de la guerre impérialiste plutôt qu’à la compréhension de ses causes. Les C.N.A.P.D. et V.A.K.A. se sont alors imposés pour, à partir des faiblesses inhérentes au mouvement spontané des masses, élaborer un programme politique petit-bourgeois pour contenir la mobilisation dans le cadre de la dictature bourgeoise. Par son apparente et illusoire « neutralité pluraliste », par son flou, son réformisme et son opportunisme, ce programme a été imposé comme celui représentant toute la mobilisation populaire.

     Nous ne nous répéterons pas ici quant à l’analyse politique de ce programme petit-bourgeois, de son idéologie, de son réformisme, de sa non-violence capitularde, légaliste, parlementariste, de son nationalisme, etc... Dans notre communiqué contre les télécommunications de Bierset nous avons déjà, en novembre 1984 il y a déjà un an, développé notre analyse sur cette question.

     Ce que nous voulons souligner aujourd’hui, c’est que :

     — la contradiction entre les peuples et la guerre impérialiste ne peut plus être réduite à l’actuelle mobilisation anti-missiles, notre seule existence l’atteste...

     la mobilisation de masses anti-missile ne peut être, dans son hétérogénéité de classe, réduite à la ligne politique du pacifisme petit-bourgeois.

     Ceci mis au point (nous aurons encore l’occasion d’y revenir), il faut reconnaître que les forces politiques pacifistes de la petite-bourgeoisie ont pris une grande autorité sur la mobilisation de masses anti-guerre.

     Et cette autorité leur permet d’entraîner les mobilisations de masses dans des directions bien précises, conformes à leur intérêt propre, c’est-à-dire dissocier la guerre impérialiste de sa matrice, l’impérialisme en crise, pour ôter à ces mobilisations toute réelle potentialité historique, tout avenir victorieux.

     Est-il besoin d’illustrer la pacification (pour ne pas dire le sabotage) du mouvement spontané de masses contre la guerre ? Est-il besoin de rappeler la mystification du débat parlementaire où nous nous sommes fait rouler dans la farine par ce meme parlement de complices, cette fameuse institution démocratique qui a donné toute la mesure de son servile attachement à l’ordre impérialiste ? Est-il besoin de désigner ceux qui ont organisé l’égarement de formidables forces populaires et qui aujourd’hui cherchent une combine pour nous fourvoyer encore plus loin ?

     Qui peut, et comment peut-on encore prendre au sérieux, accorder le moindre crédit au ridicule « Rien n’est décidé » des C.N.A.P.D. et V.A.K.A. qui présideront la manifestation de ce dimanche ?

     Nous, Cellules Communistes Combattantes pour la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires, disons : Si le mouvement de masses anti-guerre ne brise pas le carcan paralysant dans lequel les organisations pacifistes petites-bourgeoises l’ont enfermé, tout sera rapidement décidé ! Et pas seulement l’implantation de deux douzaines de Cruise en plus, mais bien le plongeon de l’Europe centrale dans l’enfer de la guerre moderne.

     La lutte contre le pacifisme petit-bourgeois est une lutte incontournable pour le mouvement anti-guerre. C’est avant tout une lutte politique qui doit être menée au sein du mouvement de masses.

     En cela, et c’est ce qu’il est fondamental de comprendre dans notre action, l’attaque contre la direction du C.N.A.P.D. n’est absolument pas dirigée contre la mobilisation anti-guerre, la manifestation de ce dimanche, mais seulement contre les directions pacifistes petites-bourgeoises qui brisent toutes les capacités de ces mobilisations à transformer réellement notre devenir.

     Nous n’appelons donc en aucun cas au boycott de la manifestation comme nous l’avons fait pour (et le ferons encore) la mascarade des élections. Nous savons déjà que cette position très claire de notre part sera largement falsifiée par les médias qui nous présenteront comme ennemies du mouvement de masses, mais nous savons aussi que l’intelligence des populations ne se satisfera pas éternellement des escroqueries et des contes de noël des pacifistes petits-bourgeois.

     Et même plus, car si nous n’appelons pas au boycott de la manifestation, c’est parce que, au contraire même, nous appelons à s’y investir plus afin d’y porter le débat politique au sein du mouvement, car c’est bien la force qui nous manque pour contrer les efforts désespérés mais encore efficaces des petits-bourgeois voulant désamorcer la force de contradiction fondamentale qui oppose les peuples à la guerre impérialiste.

     Porter la ligne prolétarienne au sein du mouvement de masses anti-guerre contre les lignes politiques pacifistes petites-bourgeoises ne peut pas se limiter à la seule dénonciation de leur nature petite-bourgeoise. Pour mener à bien cette lutte idéologique, il s’impose de recadrer :

     — le mouvement anti-guerre dans la contradiction opposant les peuples à la guerre impérialiste,

     la tendance à la guerre comme phase incontournable à la perpétuation du mode de production capitaliste.

     C’est dans ce cadre que nous avons décidé et mené à bien l’incendie de la voiture de Galand. Il s’agit d’une action personnalisée et limitée.

     Personnalisée, car Galand est l’élément central des lignes politiques pacifistes petites-bourgeoises, le président du C.N.A.P.D., et le responsable de nombreuses autres organisations non gouvernementales véhiculant cette ligne.

     Ce « monsieur pacifisme » porte une responsabilité grave et délibérée dans les actuelles errances ou s’essouffle le mouvement anti-guerre, responsabilité clarifiée par son rôle de taupe de la social-démocratie dans ce mouvement. Responsabilité délibérée car, de même que la politique atlantiste du P.S. est évidente, qu’Henri Simonet, à l’époque P.S., fut le premier responsable belge pour l’implantation des missiles ici, que le P.S. participa au vote parlementaire pour le déploiement, ce même P.S. ne propose à aucun moment dans son programme actuel, de remettre en cause cette implantation.

     Comment, dans ces conditions, qualifier les agissements de Galand vis-à-vis du mouvement de masses autrement que comme du sabotage ?

     En fonction de la gravité des responsabilités de Galand, on pourra alors s’étonner que nous limitions notre intervention à un simple avertissement comme la destruction de sa voiture. Cela est pourtant aisé à comprendre.

     Le problème de la pénétration des lignes pacifistes petites-bourgeoises comme opportunité pour la bourgeoisie d’ôter au mouvement anti-guerre toute force réelle est une question politique qui ne se résoudra certainement pas par la simple attaque contre les directions petites-bourgeoises, mais au contraire par une lutte politique longue et complexe, même si elle est facilitée aujourd’hui par le fiasco total de ces directions.

     Cette bataille politique, nous la mènerons sans faillir, et nous appelons tous les militants sincères et révolutionnaires à s’y investir.

     Quant au traître Galand, agent de la social-démocratie et fossoyeur objectif du mouvement anti-guerre, qu’il ne prenne pas cette position comme une possibilité offerte de continuer impunément ses sales trafics !

     Tôt ou tard, et selon les progrès des révolutionnaires dans cette bataille politique, la justice prolétarienne lui demandera des comptes car on ne fourvoie pas le peuple sans en payer un jour le juste prix.

     CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la Construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

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Action contre le Q.G. européen de Motorola Corp.
Watermael-Boitsfort, le 21 novembre 1985.

     Cet après-midi du 21 novembre 1985, nous avons attaqué et détruit le siège de MOTOROLA corp. 178 chaussée de La Hulpe à Bruxelles. MOTOROLA corp. est un trust U.S. de l’électronique militaire impliqué dans les programmes de missiles, d’avions de reconnaissance, de bombes à fragmentations, etc... Il est entièrement compromis avec l’apartheid sud-africain dont il équipe les forces de sécurité.

     Notre action est notre message de bienvenue au représentant du système le plus barbare et le plus criminel de l’histoire de l’humanité : l’impérialisme yankee 1. Elle lui rappelle qu’en janvier 84, les unités de l’UNITED FREEDOM FRONT ont déjà attaqué ce trust à New-York. Elle est un salut fraternel à tous les peuples du monde en guerre contre le capitalisme et l’impérialisme !

     Un grand pas politique, même s’il fut porté par des interventions limitées, a été franchi lors des deux premières actions de la campagne. Le pacifisme petit-bourgeois qui égare le mouvement anti-guerre dans les impasses du réformisme et dont la défaite est aujourd’hui d’une évidente clarté dans tous les pays européens, a été rejeté — aussi dans la pratique — côte-à-côte avec le militarisme bourgeois dont il est le fidèle serviteur. La force de ce grand pas politique réside dans le fait que nous avons ouvert une brèche dans le cul-de-sac où s’enlise le mouvement anti-guerre, que nous avons expliqué les causes et les raisons de sa défaite, que nous avons désigné son premier ennemi : le pacifisme petit-bourgeois, que nous avons proposé la seule alternative historique possible à la guerre impérialiste : la guerre civile, chemin de la révolution.

     Beaucoup de gens ont encore marché lors de la dernière mobilisation contre les missiles U.S., cela démontre le potentiel énorme de lutte que recèle le refus des masses à se laisser entraîner dans une nouvelle boucherie, comme en 1914, comme en 1940... Mais ces milliers de manifestants ont marché pour la plupart sans espoir, sans aucune conviction, car au regard des manifestations et des luttes de ces dernières années ils savent qu’ils n’ont rien gagné, que les missiles sont là comme en R.F.A., en Italie, demain aux Pays-Bas... et qu’il n’y a aucune raison que les gouvernements impérialistes prennent en considération leur avis maintenant.

     Quand le bandit Galand psalmodie ses délires selon lequels Martens 6 devra tenir compte du mouvement pacifiste, croit-il seulement une seule minute pareille imbécilité ? Croit-il, alors que 300.000 personnes manifestaient contre la guerre et les missiles avant les élections et que Martens en quête d’appats électoraux les a envoyé paître, que 150.000 manifestants après les élections influeront en quoi que ce soit la future politique gouvernementale ? Ne se paie-t-il pas notre tête ?

     Les gouvernements impérialistes n’ont que faire du choix des populations, ils préparent la guerre car elle est leur seule alternative à la crise du capital. Et la seule chose qui intéresse Martens 6 et l’O.T.A.N. dans le pacifisme, c’est de savoir combien de temps encore les C.N.A.P.D.-V.A.K.A. et consorts pourront nous bercer d’illusions pour nous livrer, désarmés, comme chair à canon.

     C’est dans ce contexte de crise du mouvement anti-guerre, c’est-à-dire à partir de la contradiction entre ses exigences et ses potentialités objectives prisonnières de ses faiblesses politiques, que nous avons porté une action — très limitée et personnalisée — contre l’escroc-chef Galand. Malgré la falsification totale et l’intox concertée que l’ensemble des médias ont développé à cette occasion, notre action a interpellé beaucoup de militants et de camarades. Voilà pourquoi, alors que notre action de ce jour est orientée contre un centre économique de l’industrie de guerre, nous allons insister sur la critique du pacifisme petit-bourgeois en ce qu’il est, maintenant plus que jamais, l’obstacle majeur à combattre dans nos rangs.

     Il ne sert à rien de se masquer les yeux sur le bilan de ces denières années de mobilisation contre la guerre, une telle attitude ne peut que l’affaiblir plus encore. Même si Galand-la-voix-de-son-maître monte aux créneaux avec ses complices intimes pour nous embobiner en parlant de « grand succès » pour sa politique en n’oubliant pas de taire l’installation des Cruise avant-hier en Angleterre et en Italie, des Pershing en R.F.A., le déploiement des Cruise en Belgique hier, et en Hollande demain... la réalité est celle-ci : le formidable mouvement de refus est impuissant, il est égaré par des illusionnistes, il s’impose pour lui de réviser d’urgence et du tout au tout ses options stratégiques et politiques. Le mouvement anti-guerre est dans la crise de ses échecs répétés, et ceux qui viennent parler de grand succès à cette occasion sont démasqués comme nos ennemis.

     Quelles sont les caractéristiques du mouvement anti-guerre aujourd’hui, et quelles leçons devons-nous tirer de ses années de mobilisation ?

     1. Avant tout, il convient de souligner la continuité fantastique de la mobilisation populaire contre l’installation des missiles U.S. et par là contre la guerre impérialiste. Cette continuité est d’autant plus exemplaire que ce mouvement n’a cessé d’être trahi et que, malgré cela, il est toujours très important aujourd’hui. La raison de cette continuité est très facilement compréhensible pour les marxistes qui restituent la question de la guerre impérialiste au sein de la domination du capital et ainsi de la guerre des classes. Comme nous l’écrivions dernièrement : « La contradiction entre les peuples et la guerre impérialiste est une contradiction objective et historique produite par le mode de production capitaliste, et ainsi irréductible tant que le rapport de domination de classe ne sera pas fondamentalement modifié. »

     C’est aussi dans cette compréhension que l’on doit analyser la mobilisation anti-missiles du 20 octobre. D’un côté, si elle a réuni 100 ou 200.000 personnes, cela veut dire beaucoup de monde, un caractère de masse, un caractère large qui persiste malgré les échecs évidents, le refus de baisser les bras devant l’inacceptable ; de l’autre, c’est peu au regard des mobilisations antérieures et du fait qu’aujourd’hui les missiles sont déployés (en partie), ce qui veut dire que les menaces de guerre sont bien plus concrètes et imminentes, peu aussi si l’on constate que cette démobilisation n’a pas été compensée par un progrès politique offensif.

     2. Si nous pouvons expliquer le caractère objectif de classe du mouvement anti-guerre et par là ses potentialités, nous pouvons aussi expliquer ses faiblesses et ses limites quand il est fourvoyé dans les errances pacifistes. L’escalade opportuniste et populiste qui culmina avec la participation de Spitaels à cette mobilisation (alors que son parti maintenait l’implantation dans son programme électoral) n’est que l’illustration outrancière de la façon dont les sociaux-démocrates ont, dès l’émergence du mouvement anti-guerre, usurpé la direction de ce mouvement pour l’étouffer dans l’impuissance, pour en briser les potentialités offensives. De toute façon, la situation actuelle nous évitera ce triste numéro de Barnum —gouvernement où les socialistes auraient dû faire avaler à leur base cette couleuvre atlantiste, car leur déconfiture électorale ne les y a pas invité.

     Concrètement, les seules voix autorisées prétendant représenter la volonté populaire sont celles d’une clique de pacifistes-bourgeois bénéficiant pour cela de toute la collaboration et la bienveillance des médias. Voilà pourquoi notre action contre Galand et ses orientations malfaisantes est aussi d’une grande force : il n’est plus aussi facile pour la presse de béatifier le pacifisme des manifestants quand il faut apporter une réponse au fait que les Cellules Communistes Combattantes, qui sont l’avant-garde politique objective du mouvement anti-guerre, attaquent la canaille pacifiste. Pour la première fois, les directions pacifistes n’ont pu tromper les masses en toute quiétude. Quand Galand pleurniche pour que Martens 6 le reçoive pour écouter ses jérémiades — c’est un gag situationniste —, beaucoup de militants réfléchissent à notre politique révolutionnaire et aux traîtrises permanentes des C.N.A.P.D.-V.A.K.A.

     3. Et maintenant nous devons parler des leçons tirées de cette réalité. Il y a peu, le pacifisme paralytique (dont les plus ardents supporters vont des illuminées religieuses au Parti du Travail, sous le paternalisme de la social-démocratie) apparaissait encore comme la seule possibilité de marquer son refus du militarisme impérialiste. Cette combine des petits-bourgeois s’effondre devant deux facteurs objectifs : son échec aujourd’hui évident, et surtout l’émergence récente et encore trop limitée de l’alternative communiste révolutionnaire des Cellules et leurs bases politiques : « PAS DE CAPITALISME SANS GUERRE, PAS DE PAIX SANS RÉVOLUTION ».

     C’est à partir de cette analyse que se fonde la justesse d’attaquer le pacifisme petit-bourgeois comme étape incontournable à l’essor et la qualification révolutionnaire du mouvement anti-guerre. C’est dans la crainte de la clarté de nos positions que tous les démocrates petit-bourgeois s’unissent pour déclarer que nous nous attaquons au mouvement populaire alors que ce sont eux qui, depuis des années, en sont l’ennemi le plus dangereux ! Les révolutionnaires sont partie de la cause des peuples et leur tâche est de rendre cette cause victorieuse. Notre attaque contre le pacifisme est une des armes aux mains du mouvement anti-guerre, une arme dont il doit se saisir, une maturité inconditionnelle pour son avenir.

     Notre action d’aujourd’hui, celles à venir, nos actions d’ouverture de la « Campagne Pierre Akkerman, combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois », sont notre participation, notre intervention dans le mouvement anti-guerre. Nous estimons que c’est au sein du mouvement de masses contre la guerre que s’exprime la contradiction opposant le peuple au militarisme impérialiste, et que c’est pour la qualification de la politique prolétarienne au sein de cette contradiction que nous avons à agir. Nous y œuvrons donc avec autant de sincérité que d’exigence politique, pour en dégager une force prolétarienne sous la direction marxiste-léniniste.

     4. En fonction de ces analyses, quelles sont les tâches et les devoirs des militants réellement décidés à se battre contre la guerre impérialiste, c’est-à-dire posant cette question non pas de façon désespérée, stérile ou existentielle, mais avec l’engagement de vaincre et de gagner le socialisme ?

     Les militants du mouvement anti-guerre sont aujourd’hui confrontés à un double ennemi : le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois. Aucun progrès conséquent n’est possible tant que nous n’éliminerons pas la politique du pacifisme petit-bourgeois de nos rangs. Mais de plus, cette politique infâme ne sera éliminée que dans l’offensive concrète contre le militarisme bourgeois. Un lien dialectique unit nos ennemis, un même lien doit unir notre offensive. Nous ne pouvons, à moins de réduire notre lutte contre le pacifisme à une question de chapelle ou ne pas comprendre que militarisme et pacifisme sont produits du pouvoir bourgeois, ignorer que la meilleure lutte contre le pacifisme est la lutte anti-impérialiste, la lutte armée contre l’armée bourgeoise.

     C’est dans ce sens que nous maintenons et développons notre critique impitoyable de l’escroquerie pacifiste petite-bourgeoise à l’heure où nous accueillons Reagan et sa clique en détruisant un centre particulièrement en vue de son pouvoir : le complexe militaro-industriel yankee.

     Le sommet de Genève entre les leaders impérialistes et leurs États-majors n’est pas le sommet de la paix, mais bien le sommet de la guerre. Voilà l’exemple d’actualité où les illusions pacifistes se complaisent, collaborent étroitement à la propagande belliciste bourgeoise de ce sommet : quand Galand va faire son tour de piste aux ambassades des États-Unis et d’U.R.S.S., il confond l’impérialisme avec un conte de bonnes fées 2.

     Tel le sommet de Munich de septembre ’38 où les super-puissances impérialistes allemande, française et britannique ont multiplié les vœux et les promesses de paix avant de plonger, quelques mois plus tard, le monde entier dans les horreurs de la seconde guerre, le sommet de Genève est le sommet de l’organisation belliciste des deux plus grands ennemis des peuples : l’impérialisme yankee et l’impérialisme « soviétique » !

     Le cynisme de cette rencontre illustre mieux que tout discours la première contradiction de notre époque : le prolétariat mondial contre la bourgeoisie impérialiste. Ni l’État-major Reagan, ni l’État-major Gorbatchev ne sont là pour discuter de paix, puisque la guerre leur est nécessaire aujourd’hui ou dans un avenir très proche pour résoudre les impasses de la crise économique capitaliste.

     Reagan et Gorbatchev sont à Genève — au-delà du fait de conditionner les populations à l’idée de la guerre (en Belgique, plus de 50 % des populations sont convaincues de l’imminence d’une guerre atomique... mais préfèrent ne pas y penser ?) — pour se faire part officiellement et régulariser en harmonie leurs problèmes internes. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un conseil de planification des antagonismes Est/Ouest en fonction de la contradiction fondamentale que nous citions plus haut : le prolétariat mondial contre la bourgeoisie impérialiste.

     Alors quelle doit être la position des communistes à ce propos ? Nous devons dénoncer les deux super-impérialismes, même si l’U.R.S.S. ose encore se targuer de la Révolution Prolétarienne d’Octobre ‘17 ou d’être un État socialiste, cela ne trompe plus personne. Nous devons attaquer politico-militairement « notre » bourgeoisie et appeler tous les prolétaires du monde entier à s’engager dans la même voie, à fraterniser dans une même pratique pour une même cause : le Communisme !

     PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !

     CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

Notes :

     1. L’action des cellules s’est menée au moment exact où Reagan, de retour de Genève, rencontrait les ministres des Affaires Etrangères des pays de l’O.T.A.N. à Bruxelles.

     2. À l’occasion du « Sommet de Genève », Mr. Galand s’est rendu aux ambassades d’U.R.S.S. et des U.S.A. afin d’affirmer à ses interlocuteurs les espérances de paix du peuple belge.

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Action contre la Bank of America.
Antwerpen, le 4 décembre 1985.

     Le 4 décembre 1985, les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué et détruit LE SIÈGE DE LA BANK OF AMERICA, Van Eycklei 34 à Antwerpen. La Bank of America est la seconde banque mondiale... un des piliers maîtres de l’impérialisme. Notre action d’aujourd’hui est la quatrième de la « Campagne Pierre Akkerman, combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois » après celles menées contre Inforsermi, la direction pacifiste, Motorola corp.

     Avant toute autre chose, nous pensons qu’il faut clarifier un point que le choix de notre objectif ne manquera pas de soulever.

     Les 4 et 5 novembre, les Cellules ont porté l’offensive contre l’oligarchie financière, et ce au sein de la « Campagne Karl Marx ». Nous avons attaqué les trois premières banques du pays : B.B.L., S.G.B., K.B., et une des principales banques de crédit au monde : la M.H.B. Aujourd’hui, nous attaquons à nouveau le secteur bancaire, et ce au sein de la « Campagne Pierre Akkerman... »

     Alors pourquoi deux campagnes si elles frappent les mêmes objectifs, si elles se recoupent sur le même terrain ?

     Notre première apparition en octobre ‘84 ouvrait la « Campagne anti-impérialiste d’Octobre », indiquant par là que dès le début de notre lutte, nous avions choisi, aujourd’hui et dans la pratique, d’organiser notre combat de façon très ordonnée. « Afin que la propagande armée atteigne tous les buts fixés, les Cellules ont choisi un mode de fonctionnement (...) par « campagne ». Nous entendons par « campagne » une série d’opérations politico-militaires de propagande armée définies autour d’un thème central. Nous partons d’une contradiction réelle et concrète pour réunir autour de son thème une série d’interventions qui relieront tel ou tel aspect spécifique du secteur choisi et la stratégie globale de la lutte armée pour le communisme (...).

     « De plus, le fonctionnement par « campagne » permet de relier les aspects qui touchent directement au quotidien aux causes plus globales qui sont en définitive déterminantes. »

(« Documents du Premier Mai : À propos de la lutte armée. »)

     Aujourd’hui, l’expérience et les divers bilans que nous pouvons tirer de cette première année de combat nous conforte dans l’idée de la justesse de cette démarche. L’organisation de notre lutte politico-militaire par « campagne » s’est imposée en ce que nous poursuivons un but bien concret : la révolution prolétarienne ; que nous sommes des marxistes-léninistes : c’est-à-dire que nous partons de l’analyse matérialiste historique de la situation particulière de la lutte des classes dans notre pays et de la conjoncture mondiale pour transformer objectivement le rapport de force entre le prolétariat et la bourgeoisie ; et qu’ainsi tout notre combat est organisé au sein d’une stratégie globale, visant des étapes particulières et progressives, quantitativement et qualitativement favorables à l’organisation de la classe ouvrière en classe pour elle.

     Contrairement aux ragots médiatiques qui dénaturent notre politique en la présentant comme une compilation hasardeuse et anarchique d’actions de partisans, nous agissons toujours avec réflexion, critique, ordre et méthode, à partir d’analyses précises et en fonction de buts à atteindre, politiques et organisationnels, immédiats ou historiques.

     Bien que la réalité objective des Cellules Communistes Combattantes ne nous autorise pas encore à prétendre au rôle historique de l’organisation Communiste, c’est-à-dire l’organisation réalisant l’unité objective des avant-gardes prolétariennes sur la ligne M.L. (alors qu’elle fait cruellement défaut au sein de la lutte de classe dans notre pays), nous devons avoir un « agir » d’Organisation, non seulement dans notre pratique interne, mais surtout à notre place au sein du combat prolétarien.

     Ainsi :

     — notre « Première Campagne anti-impérialiste d’Octobre » portait l’apparition des Cellules et la reprise de la lutte révolutionnaire au sein de la contradiction générale : les peuples contre la guerre impérialiste,

     la « Campagne Karl Marx » porte la question de la nature/crise-faillite du système capitaliste et de l’organisation des forces prolétariennes contre l’austérité,

     la « Campagne Pierre Akkerman... » porte l’initiative combattante contre le militarisme bourgeois de même qu’une critique définitive du pacifisme petit-bourgeois. Elle révèle l’adéquation politique et tactique de notre lutte dans le développement de nos forces : nous avons fait coïncider, par deux fois, notre offensive avec des événements ponctuels — et donc les transformer : la mobilisation anti-guerre et l’incursion de Reagan. Nous en reparlerons.

     La lumière des faits éclaire notre travail dans ce sens, la « Campagne Pierre Akkerman... » expose les progrès de la guérilla communiste contre le militarisme bourgeois et la nature du pacifisme petit-bourgeois dans ses échecs. Notre action contre Motorola en est la démonstration la plus exemplaire.

     Mais la question est toujours là : pourquoi alors retrouvons-nous aujourd’hui les mêmes objectifs dans des campagnes différentes ?

     Nous les retrouvons naturellement en ce que nos diverses campagnes s’inscrivent toutes au sein de la lutte de classes, et que par là elles se confrontent à un même ennemi : le capitalisme et la dictature bourgeoise. Notre juste analyse de la guerre impérialiste comme produit du mode de production capitaliste rendait évident que tôt ou tard nous allions être confrontées à des objectifs communs avec ceux de la « Campagne Karl Marx » : ici le capital financier.

     Mais nous avons fait le choix des organismes bancaires attaqués en fonction des caractéristiques particulières qui les liaient à chaque campagne : B.B.L., S.G.B., K.B., directement identifiées par les prolétaires comme vampires du monde du Travail, M.H.B. comme représentante agressive de l’ordre économique impérialiste (la dette du tiers-monde) pour la « Campagne Karl Marx », et la Bank of America comme « symbole » du capitalisme décadent fauteur de guerre pour la « Campagne Pierre Akkerman... »

     Maintenant, nous allons aborder un autre point : les progrès de notre lutte.

     Après le « Sommet de Genève », sommet de la guerre entre les deux super-impérialismes, Reagan est passé par Bruxelles pour rendre compte, à sa clique de complices, des échéances et de l’organisation d’un prochain conflit entraînant le théâtre européen. Et face à l’incursion impériale et provocatrice de ce gangster mijotant ses mauvais coups avec les honneurs de pré-Martens 6, QUI ÉTAIT LÀ ?

     Les Cellules Communistes Combattantes et leur politique révolutionnaire marxiste-léniniste... personne d’autre ! Nous avons montré quelle doit être — et a toujours été la digne et exemplaire attitude des communistes devant les cochons impérialistes : DEBOUT, AU COMBAT, LES ARMES À LA MAIN !

     Et les pacifistes petits-bourgeois, les réformistes et les révisos : P.C., P.T.B., F.O.S. et consorts... n’ont pu que grimacer leurs sempiternelles et hypocrites bouderies — (il faut reconnaître l’honnêteté de P.O.S. qui a troqué sa rengaine « Chassons l’O.T.A.N. » par « Quittons l’O.T.A.N. » dans ses dernières publicités électorales... prochaine étape : « S’il vous plaît Monsieur Reagan »).

     Mais le fait que les Cellules se soient retrouvées comme seule force organisée combattant objectivement l’impérialisme U.S. et le sommet inter-impérialiste démontre bien plus que nos capacités offensives ou une pratique volontariste dont le subjectivisme serait certainement critiquable. Ce qu’il est important de souligner, c’est la base politique marxiste-léniniste de notre lutte qui, elle, impose l’affrontement, le combat de classe objectif, lui donne un sens, une raison, un guide, une finalité mature, au contraire absolu des variantes diverses du pacifisme petit-bourgeois faussant les données historiques de la guerre impérialiste, niant la lutte des classes, imposant la démission, la soumission de l’esclave, justifiant le recul permanent.

     Quelles sont les raisons expliquant l’absence des pacifistes petits-bourgeois quant il s’agit de faire triompher sa ligne politique alors que Reagan parade dans les bunkers de l’O.T.A.N. ? En premier lieu et très simplement, celle de la réalité objective de la brutalité de cette visite qui s’appuyait sur des milliers d’hommes de troupes 1 et ne laissait plus aucune place pour leurs illusions et leurs fumisteries, comme il ne peut y avoir aucune place pour leur poison dans la conscience des militants sincères.

     Les Cellules Communistes Combattantes ont attaqué politico-militairement la venue de Reagan à l’O.T.A.N. car notre ligne politique pose — dans les faits, pas dans une chansonnette — la question de la guerre impérialiste et de la révolution prolétarienne. Les Cellules ont pu attaquer politico-militairement la venue de Reagan parce qu’elles ont appris, au regard de l’histoire et au quotidien, qu’entre les capitalistes, les militaires ou les parlementaires à leur dévotion, et les peuples du monde il y avait un abîme, un antagonisme inconditionnel... Notre finalité, c’est la prise de pouvoir par le prolétariat sous la direction de son Parti Communiste, et l’attaque contre Reagan et le « Sommet de Genève » est un petit pas constructif dans ce sens.

     Le pacifisme et ses adeptes n’ont pas pu attaquer la venue de Reagan car le pacifisme ne combat rien (certainement pas la guerre impérialiste mais plutôt le mouvement anti-guerre), il est une politique organisée par et issue de la dictature bourgeoise pour la meilleure défense de ses intérêts. La finalité du pacifisme est de mendier la paix aux fauteurs de guerre et par là on ne voit vraiment pas pourquoi il engendrerait une attaque contre ses maîtres.

     Quand les pacifistes doivent redorer l’imagerie de leur médiocrité et de leurs trahisons, ils ne peuvent qu’aller s’en remettre à la justice bourgeoise en sautant, comme les moutons des insomniaques, par dessus les clôtures des bases militaires pour chuter dans les bras des gendarmes ! 2 L’auto-paralytisme du pacifisme est la désertion collective du combat.

     Le développement de notre politique révolutionnaire à travers la « Campagne Pierre Akkerman... », et la clarification : Qui se bat contre l’impérialisme fauteur de guerre, en opposition aux organisateurs des promenades champêtres ou autres collecteurs pour la maison du « parti », s’imposeront sans cesse plus au sein de la contradiction opposant le monde du Travail et les projets bellicistes de la bourgeoisie. L’avenir est au combat, à l’organisation des forces communistes d’avant-garde prolétariennes, les parasites professionnels et les traîtres dans la lutte de classe seront balayés dans ce formidable mouvement !

     Nous allons terminer maintenant cette communication par un dernier point lié à l’actualité.

     De la même façon que nous avons expliqué notre position offensive contre l’impérialisme et le militarisme bourgeois par une juste direction M.L. et certainement pas par les effets d’un subjectivisme volontariste, nous pouvons démontrer comment, avec de faibles moyens organisationnels, nous avons pu porter des coups aussi incisifs et destructeurs chez l’ennemi : une fois de plus, le choix adéquat des tactiques de lutte repose sur notre orientation politique, s’impose en fonction de nos buts et non par on ne sait quelle absente expérience militaire. Ouvrons même une parenthèse à cette occasion, la connerie bornée avec laquelle l’« extrême gauche » patentée radote sur nos soi-disant capacités militaires n’est que l’aveu de sa propre mystification, de son fétichisme du militarisme accouplé à une lâcheté sans borne.

     Le choix — certainement pas absolu — de développer jusqu’à ce jour nos interventions à travers la pratique de la guérilla révolutionnaire, et l’avoir menée avec succès, ne vient pas, pour nous, d’une recette ingurgitée à l’Université Lumumba (Moscou), mais s’est imposée quand nos forces constitutives se posèrent avec fermeté et détermination la question de la lutte pour le communisme au sein de la guerre de classes, ici.

     Ce n’est que dans la confiance absolue dans le prolétariat en tant que classe, que dans l’attachement objectif au matérialisme historique et dialectique, DANS L’ÉXIGENCE DE LA DIGNITÉ HUMAINE DU COMBAT CONTRE L’EXPLOITATION, L’INJUSTICE ET TOUTES LES MISÈRES... que nos militants et nos camarades puisent la force et l’intelligence qui mènent aux victoires.

     Nous avons certainement beaucoup de critiques à nous faire et apprenons d’elles, mais tout en nous méfiant d’un triomphalisme déplacé nous pouvons affirmer que nous démontrons aujourd’hui — dans les faits — que l’ennemi de classe peut être attaqué et qu’il peut subir des défaites, que la continuité qualitative est possible dans l’offensive des révolutionnaires et du monde du Travail !

     Les Cellules Communistes Combattantes démontrent que, de la position d’encerclés, de paralysés et de contrôlés par l’ennemi bourgeois, nous pouvons passer à celle offensive d’encercleurs et d’attaquants. Elles démontrent que de faibles forces peuvent, guidées par l’exigence d’une victoire prolétarienne, c’est-à-dire s’inscrivant dans la marche de l’Histoire, guidées par les enseignements du marxisme-léninisme, être de redoutables forces pour le monde du Travail et que ce qui s’impose est la pénétration sans cesse croissante de cette politique révolutionnaire dans le prolétariat.

     Nous le dirons encore : Que chaque militant du mouvement anti-guerre — s’il est sincère — ouvre les yeux, sans crainte et sans faiblesse, sur le bilan des années d’égarement pacifiste en le comparant au bilan de la jeune lutte des Cellules Communistes Combattantes sur la question de la guerre impérialiste. Pour nous, le combat continue, mais à tous nous voulons dire qu’il y a des moments où l’Histoire accélère son mouvement en ce que de certaines périodes dépendent un avenir de misère ou un avenir de progrès et de libération ! C’est dans une pareille situation que nous devons faire aujourd’hui les choix qui marqueront l’issue de la guerre impérialiste : La Révolution prolétarienne ou quelques nouvelles décennies de barbarie impérialiste !

     CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

     CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES PROLÉTAIRES !

     Organisons-nous et frappons sans relâche !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

Notes :

     1. À la fin de l’année 1985, le gouvernement a fait appel à des unités parachutistes de l’armée pour renforcer les services de gendarmerie ; l’armée patrouillait donc dans plusieurs grandes villes du pays.

     2. Allusion à une manifestation belliqueuse des pacifistes ! Elle a consisté à franchir symboliquement les clôtures de la base de Florennes (où sont déployés les missiles U.S.).

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Actions Internationalistes contre le réseau et le Q.G. du C.E.P.S.
Petegem-Versailles, le 6 décembre 1985.

     Aujourd’hui 06 décembre 1985, les Cellules Communistes Combattantes et un groupe de Communistes Internationalistes en France ont mené trois actions simultanées et complémentaires en Belgique et en France. Dans leur pays, les Cellules ont attaqué par deux fois LE RÉSEAU BELGE DES OLEODUCS DE L’O.T.A.N. (CENTRAL EUROPE PIPE LINE SYSTEM) en dynamitant les relais de sécurité de Petegem et d’Huissignies, tandis qu’en France un groupe de Communistes Internationalistes frappait LE C.E.O.A. (CENTRAL EUROPE OPERATING AGENCY), QUARTIER GÉNÉRAL DU C.E.P.S., situé 11 avenue Général Pershing (!!!) à Versailles.

     Pour les Cellules Communistes Combattantes, ces actions marquent la clôture de la « Campagne Pierre Akkerman, Combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois ». Cette troisième campagne fut ouverte le 19 octobre dernier par deux actions contre un bureau de recrutement militaire et le crétinisme pacifiste, relayées par nos dernières interventions contre MOTOROLA corp. et contre la Bank of America.

     Pour les Cellules et les militants révolutionnaires en France, l’offensive de ce jour est l’expression des progrès de l’Internationalisme Prolétarien au sein du mouvement communiste. La « Campagne Pierre Akkerman... » s’achève sur une grande victoire pour le mouvement anti-guerre en Belgique, elle fut la continuité de la « Première Campagne anti-impérialiste d’Octobre » (84) et surtout elle a témoigné de grands progrès politiques et organisationnels. Politiquement, elle a été une critique centrale du pacifisme petit-bourgeois et elle a gagné ainsi une valeur tactique immédiate ; organisationnellement, elle a démontré dans la pratique les progrès de la guérilla. L’action Internationaliste y trouve toute sa place en ce qu’une des tares les plus odieuses du pacifisme est le nationalisme, et que pour les centaines de milliers d’hommes et de femmes menacés en Europe par les projets bellicistes de l’impérialisme et qui refusent cet avenir sinistre, elle s’achève donc sur un pas certes minime dans les faits mais porteur d’un avenir conquérant : l’Internationalisme Prolétarien.

     Nous avons choisi de situer nos actions communes au lendemain du « Sommet de Genève » où les deux leaders des principaux systèmes impérialistes se sont entendus en toute quiétude sur l’avenir du monde, en se présentant — et étant encensés — comme les apôtres de la paix, alors qu’ils ne cessent de porter la guerre et la misère aux quatre coins de la planète, comme ils se posent la question de la ramener maintenant en Europe.

     Alors que les mirifiques promesses de l’après-guerre, et plus tard la « coexistence pacifique », nous promettaient des lendemains radieux de progrès économiques et sociaux éternels, un univers de paix régi par l’O.N.U. ou autre foutaise, les peuples européens doivent reconnaître que 45 ans après avoir mis le monde à feu et à sang, après ces mêmes 45 années de guerre incessante contre les peuples du Tiers-Monde, l’impérialisme doit nous entraîner dans la crise économique la plus grave de son histoire, dans les « restructurations », c’est-à-dire la surexploitation ou le chômage, dans des restrictions et une misère sans cesse croissantes... avec une nouvelle guerre comme dernière échéance !

     Dans cette situation, deux tendances se dégagent, se radicalisent.

     La première est celle de la bourgeoisie impérialiste et de ses serviteurs d’État qui s’engagent résolument sur le chemin de la guerre, des expéditions néo-coloniales en Afrique ou aux Amériques, dans la course au surarmement classique ou atomique, dans les « restructurations » économiques, reflets d’une concurrence et de tensions de plus en plus âpres au sein de l’ensemble impérialiste (Est/Ouest, Europe/U.S.A., Europe/U.R.S.S.), qui dressent les peuples et les travailleurs contre leurs frères de classe d’autres pays dans le cadre des luttes économiques en attendant de les faire s’affronter sur les champs de bataille !

     La seconde tendance est celle du monde du Travail. Celle de toutes les exploitées et de tous les exploités, celle des révolutionnaires, celle des hommes et des femmes libres du monde entier qui disent : Assez du capitalisme, assez de l’impérialisme, assez d’exploitation de notre travail et de nos vies, assez de misère, assez de guerre contre les peuples !

     Cette tendance, la nôtre, est aujourd’hui, ici dans les métropoles, en pleine évolution, en pleine réflexion quant à ses luttes. Les travailleurs sont nombreux à être plongés dans la perplexité devant cette période de bouleversements où, sans préavis, la bourgeoisie les frappe de plein fouet, où les recettes de luttes syndicales et réformistes révèlent leurs fonctions conciliatrices au service du patronat, où les grèves, aussi héroïques qu’elles puissent être, débouchent systématiquement sur des échecs et le triomphe du dictat patronal ou étatique, où les soi-disant « partis des travailleurs » se dénoncent par d’éphémères participations gouvernementales comme les valets zélés du capitalisme multinational, où le refus massif des masses sur des questions essentielles (comme par exemple les millions de signatures anti-missiles aux Pays-Bas) reste lettre morte, etc..., etc...

     Cette situation est vécue par l’ensemble de la classe ouvrière dans tous les pays européens. Cette situation est celle que les avant-gardes communistes de ces mêmes pays ont à prendre en considération pour y apporter des réponses. Si même aujourd’hui c’est de l’absence d’une stratégie révolutionnaire historique et d’actualité que souffrent le plus profondément les avant-gardes ouvrières, c’est de toutes ces remises en question, parfois douloureuses, de tous nos échecs antérieurs, de toutes nos désillusions, de toutes nos interrogations, et surtout de la richesse de l’expérience des victoires et des défaites, qu’émergent, peu à peu, progressivement, les éléments de notre futur.

     Ces éléments, les révolutionnaires et les travailleurs combatifs les puisent dans l’histoire de leur classe, dans les leçons de toutes les luttes ; ils les confrontent à leurs exigences et à la situation actuelle, ils les projettent dans l’avenir à gagner. La cause du prolétariat et l’arme formidable du marxisme-léninisme, que des décennies de révisionnisme et de réformisme putrides ont calomniées de dépassées, d’utopiques, voire même de nuisibles, sont à nouveau envisagées et considérées avec sérénité et espoir par de nombreux travailleurs dans les métropoles.

     Se rendre compte que les politiques de collaboration et de participation au système démocratique bourgeois nous ont, en fin de compte, toujours livrés pieds et poings liés à la dictature des exploiteurs, impose de lutter pour l’auto-organisation de la classe ouvrière en classe pour soi, en rupture totale avec les institutions bourgeoises, comme seule possibilité pour le monde du Travail de défendre ses intérêts, qu’ils soient immédiats ou à long terme.

     Se rendre compte que l’État est l’État du capital, que les partis bourgeois qui s’y relaient aux ordres des conseils d’administration détenant tous les pouvoirs dans nos pays ne peuvent qu’être totalement étrangers aux plus infimes intérêts des travailleurs, impose cette évidence — et lui donne tout son sens — qu’il faut que le prolétariat s’empare, sans le moindre partage, du pouvoir, c’est-à-dire renverse l’État bourgeois et construise l’État ouvrier socialiste.

     Se rendre compte donc, qu’après avoir épuisé en vain toutes les anciennes formes de lutte, du vote aux grèves syndicales en passant par les occupations ou les manifestations qui ne peuvent plus rien changer, s’impose pour le monde du Travail de s’instruire de ces défaites pour générer une stratégie de lutte nouvelle, adéquate, faite d’un rapport d’antagonisme complet avec la bourgeoisie.

     Générer une stratégie de lutte nouvelle ne veut rien dire d’autre que se saisir à nouveau, avec confiance et rigueur, de la pensée vivante du marxisme, du matérialisme historique et dialectique pour diriger notre combat ! C’est à travers cette intelligence que la classe ouvrière trouve les réponses à sa dynamique de classe :

     Construire le Parti Communiste Combattant du prolétariat dans le feu de la guerre de classes, instaurer la didacture du prolétariat par la conquête violente du pouvoir, détruire le mode de production capitaliste et construire le socialisme ! Voilà les mots d’ordre qui émergent à nouveau des avant-gardes révolutionnaires des masses laborieuses dans la vieille Europe en crise.

     Car même si l’Europe n’est pas une entité aussi homogène que l’internationalisme simplet l’imagine, c’est-à-dire si les concurrences nationales et l’histoire des luttes ouvrières respectives caractérisent spécifiquement chaque nation européenne, la crise politique, idéologique et stratégique du mouvement révolutionnaire se retrouve partout dans les mêmes données globales et donc impose un même pas de progrès.

     C’est à partir de cette contradiction généralisée au sein de la lutte de classe que s’explique la renaissance du mouvement communiste révolutionnaire dans de plus en plus de pays des centres impérialistes. Après des décennies de révisionnisme, d’opportunisme et de réformisme, le marxisme-léninisme s’impose sans cesse au sein des organisations de guérilla révolutionnaire, et ainsi réaffirme l’Internationalisme Prolétarien comme la forme suprême de la conscience communiste.

     Voilà comment s’explique l’unité des Cellules et d’un groupe de Communistes Internationaliste en France dans une offensive commune contre l’O.T.A.N. Voilà ce qui démontre l’ineptie et la malveillance des commentaires qui ne manqueront pas d’être proférés tous azimuts sur l’« hydre euroterroriste ». L’offensive politique commune et la pratique se sont imposées et construites sur la seule base de notre identité communiste commune, sur l’exigeante volonté des Communistes Internationalistes de mener la guerre de classe, partout où ils sont, pour faire progresser les forces révolutionnaires.

     Il ne s’agit donc pas, dans cette compréhension des choses, que les Cellules Communistes Combattantes ou d’autres s’engagent de façon volontariste à franchir les frontières ! Au contraire, il s’agit d’être attentif et de prendre acte du développement objectif de la direction M.L. partout de par le monde et d’établir une dialectique internationaliste entre les avant-gardes issues de ce développement, c’est cela l’Internationalisme Prolétarien. Le temps de la recomposition du mouvement révolutionnaire autour des principes historiques fondamentaux du marxisme-léninisme, renouant des liens avec son histoire et son patrimoine, affrontant l’avenir en conquérant, est arrivé. Et il est arrivé partout !

     Les actions de ce matin sont un premier témoin de cette situation et révèlent la décision des révolutionnaires de progresser dans ce sens.

     « OU IL Y AURA LE COMMUNISME POUR TOUS, OU IL N’Y AURA DE COMMUNISME POUR PERSONNE. »

     En cette époque, cela est évident pour plusieurs raisons :

     — Sur le plan économique tout d’abord, car il existe un tel réseau de dépendances et d’interdépendances économiques entre tous les pays du monde qu’isoler un pays de cette complexité est irréalisable à l’ère impérialiste.

     — Sur le plan militaire ensuite, quand l’on voit que chaque poussée révolutionnâire dans le monde implique une réaction immédiate des forces spéciales des États impérialistes (telle l’intervention conjointe des parachutistes français et belges à Kolwezi), que ces forces sont en pleine expansion ces dernières années... Et que le partage du monde est décidé à Genève...

     — Sur le plan politique également en ce que le processus de lutte pour le communisme impose un rapport fondamentalement différent entre les peuples à travers l’Internationalisme Prolétarien, des rapports fraternels sur la base de la solidarité.

     — Sur les plans politique et historique enfin, puisqu’à la tragique lumière du rétablissement complet du mode de production capitaliste en U.R.S.S. et en Chine, les déviations historiques des thèses du « socialisme dans un seul pays » ou autres « patrie du socialisme » doivent se combattre par l’affirmation vivante de l’internationalisme comme seule voie pour le chemin de la révolution communiste.

     L’internationalisme est inhérent au processus révolutionnaire en ce que chaque progrès particulier influe sur la contradiction globale (le rapport de forces entre le prolétariat mondial et bourgeoisie impérialiste), et que l’unité politique, idéologique, et sans doute militaire des forces révolutionnaires constituées s’imposera pour vaincre un ennemi conséquemment unifié en tant que classe dominante.

     Ajoutons aussi à tous ces facteurs l’importante subjectivité communiste qui s’exprime à travers l’Internationalisme dans le cœur des prolétaires, en ce qu’il est porteur de Fraternité entre opprimés, d’identité de classe dans les espoirs partagés et les combats communs.

     Nous revendiquons la subjectivité de notre identité de classe, et nous combattons tout autant le subjectivisme : il s’agit d’un fléau qui gangrène sérieusement certains mouvements de lutte en Europe. Dès leur apparition dans les années ‘70, des mouvements de guérilla dans les métropoles ont été marqués, à des degrés divers, par cette déviation. Aujourd’hui le subjectivisme et ses développements : idéalisme, anarchisme, ou ses corollaires : opportunisme, radical-réformisme, orientent encore trop de combats, et à l’heure imminente d’une forte explosion sociale, il s’agit de les combattre politiquement et d’y mettre un terme.

     Pour terminer ce communiqué, nous allons maintenant parler de la conjoncture particulière qui nous a amené à choisir ce moment pour mener notre première intervention posant la question de l’Internationalisme.

     Amplement présenté comme le sommet de la paix, le bilan que les peuples peuvent tirer de ce sommet est très clair : la tendance à la guerre se renforce et s’accélère, de même que les bonnes paroles de « paix » de Reagan et Gorbatchev s’inscrivent intégralement dans ce processus :

     Elles préparent, conditionnent les peuples à l’idée de la guerre, concept que la bourgeoisie impérialiste avait éloigné des centres aux moments où leur pacification était nécessaire à l’exportation des conflits dans le Tiers-Monde : lors des périodes de décolonisation, des reconquêtes néo-coloniaies, des luttes de libération nationale et du maintien de l’ordre impérialiste, des rivalités inter-impérialistes à travers les puissances locales interposées, etc...

     Aujourd’hui, il faut à nouveau faire intégrer aux populations qu’une guerre est possible alors qu’il y a 40 ans qu’on les berce et les exploite dans la « coexistence pacifique ». C’est en ce sens que le Sommet de Genève intègre les peuples à la logique de feu et de sang de l’impérialisme : le sommet de la paix s’est mué en « Sommet de la dernière chance », dont l’échec sous-entend clairement le développement brutal de la menace.

     Mais ce n’est pas tout de rendre la guerre fatale et historiquement logique aux yeux des masses, de la faire accepter comme aussi fatale qu’inéductable : il faut encore mobiliser les masses dans les projets criminels de l’impérialisme, et le Sommet de Genève poursuit aussi ce but. Il s’agit, pour chacun des leaders impérialistes de se présenter comme le « défenseur de la Paix », du « monde libre », et de faire — devant son opinion publique — endosser l’échec prévisible de ce numéro de bandits par l’impérialisme concurrent. D’un côté, « l’avenir du socialisme contre le bellicisme impérialiste », de l’autre « la démocratie contre le totalitarisme soviétique » !

     Le Sommet de Genève n’était qu’une infâme manœuvre des impérialistes, personne n’y comptait réduire quelqu’armement et aucune des parties n’y entendait régler quoi que ce soit : il s’agissait de faire un grand pas vers la guerre en mobilisant les masses derrière leur bourgeoisie.

     Les révolutionnaires doivent combattre les manigances impérialistes, ils doivent dénoncer et attaquer les plans sordides des États-majors politiques, financiers et militaires bourgeois ; le Sommet de Genève doit être mis au banc des accusés : accusée, la défense de la « démocratie » à l’ouest, accusée, la défense du « socialisme » à l’est, et accusé principal, l’impérialisme mondial fauteur de crise et de guerre !

     Renforçons les luttes révolutionnaires de notre classe, unissons-nous au-delà des frontières, car pour nous, Communistes, une seule frontière existe : celle qui sépare le monde pourrissant des exploiteurs et celui des exploités ! Suivons en cela l’exemple héroïque de Pierre Akkerman qui, en vrai militant communiste, fit sien le combat de ses frères de classe espagnols contre le fascisme, le militarisme et la réaction !

     PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !

     CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

     EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION OU LE RENFORCEMENT DES ORGANISATIONS COMMUNISTES COMBATTANTES FROLETARIENNES PARTOUT DANS LE MONDE !

     VIVE L’INTERNATIONALEME PROLÉTARIEN !

     EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

     TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Un groupe de Communistes
Internationalistes en France

Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation
Combattante des Prolétaires

Bruxelles, le 6 décembre 1985

 

(Suite à un contretemps, l’action projetée contre le C.E.P.S. à Huissignies n’a pas été menée ce matin.)

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Lettre aux Travailleurs, Travailleuses, et Camarades en France.

     Ce matin, un groupe de Communistes Internationalistes en France et les Cellules Communistes Combattantes ont mené de concert trois actions de guérilla révolutionnaire, une à Versailles, deux en Belgique. La qualité Internationaliste de cette offensive fait, pour la première fois, apparaître concrètement notre Organisation en dehors des frontières, et c’est dans ce sens que, intervenant dans votre réalité, nous voulons vous présenter, exposer, même très brièvement, le projet politique des Cellules, notre histoire, notre combat.

     Cette présentation nous semble aussi s’imposer par prudence : nous savons déjà que l’ensemble des médias ne manquera pas d’agiter le spectre du « terrorisme international », le K.G.B. ou la « filière bulgare », et surtout Action Directe. Nous sommes totalement étrangères à tout cela. Ceux qui connaissent quelque peu notre combat et nos positions politiques savent que ce qui nous sépare d’A.D. est le fossé infranchissable entre le marxisme-léninisme et l’anarcho-radicalisme.

     Qui sont les Cellules Communistes Combattantes ?

     Nous sommes une jeune — et encore très faible — organisation militante combattant pour la révolution communiste.

     Mais l’Histoire est hélas de plus en plus riche de manipulations abusives du concept communiste ou de trahisons de son essence : un des deux principaux impérialismes s’en revendique toujours honteusement, c’est au nom de son idéal et de sa clairvoyance que la contre-révolution chinoise réinstaure le capitalisme, c’est sous son couvert que le P.«C.»F., depuis 1920, trafique son orthodoxie social-démocrate. Il nous faut donc apporter quelques éclaircissements dans notre affirmation communiste.

     Nous combattons pour la révolution communiste, pour la destruction du pouvoir bourgeois, pour la construction d’une société sans classe et sans État, une société où sera abolie l’exploitation de l’homme par l’homme, une humanité sans misère, sans guerre...

     Et cela, pour nous marxistes, est un objectif bien concret que nous pensons accessible et réalisable, que nous savons inéluctable dans le devenir de l’humanité. Tout notre engagement, toute notre identité, toute notre subjectivité reposent sur la confiance, éclairée par tant de pages héroïques de la lutte des peuples, dans la cause des exploités, puisent leurs forces dans l’exigence d’un nouveau monde, se rationalisent dans les théories du socialisme-scientifique. Toute notre organisation politique, stratégique et tactique est unifiée sur ces bases et ne vise qu’un seul but : la Révolution !

     La politique, la stratégie et la pratique des Cellules Communistes Combattantes sont guidées par les enseignements vivants du marxisme-léninisme. Trop brièvement, cela veut dire :

     — Les sociétés humaines sont fondamentalement organisées en fonction des conditions économiques historiques, c’est-à-dire l’organisation et le développement du mode de production. Le mode de production hégémonique caractérisant cette époque est le capitalisme. Dans sa phase actuelle, monopolistique et mondialisée, c’est l’impérialisme, « stade suprême du capitalisme ».

     — Le capitalisme est un système de classes où s’opposent, de façon antagonique, les intérêts de la bourgeoisie et ceux du prolétariat. Les moyens de production et les richesses accumulées sont aux mains d’une petite bande de parasites — la bourgeoisie —, tandis que la très grande majorité des populations est déshéritée du fruit de son travail. En cette étape de l’impérialisme achevé, nous disons que la contradiction principale animant le mouvement de l’Histoire est celle opposant le prolétariat mondial à la bourgeoisie impérialiste.

     — La question qui se pose à l’ordre de l’Histoire est celle-ci : la rationalité capitaliste n’engendre plus aucun progrès dans le développement des forces productives, au contraire, elle ne peut plus qu’engendrer, avec des conséquences de plus en plus dramatiques, toutes ses tares inhérentes : crises économiques, surexploitation du travail, chômage, guerres incessantes, famines à l’échelle continentale, catastrophes et dérèglements écologiques, aliénation et désespoir existentiels, etc..., etc... Alors, il est tant d’actualité que de bon sens de poser la question du dépassement, de la disparition de cet ordre économique aussi absurde que criminel.

     — Le prolétariat est la classe sociale appelée à réaliser cette révolution. Lui seul est à même, de par sa position dans la contradiction économique et en s’organisant en tant que classe pour soi sous la direction de son Parti Communiste, de réunir les forces vives et la juste direction prolétarienne pour la prise du pouvoir. La prise du pouvoir par la classe ouvrière veut dire l’autorité absolue du monde du Travail sur tous les secteurs économiques et politiques, principalement la disparition de la propriété privée et l’organisation socialiste de la production.

     — La révolution prolétarienne sera une révolution violente. La dictature de la bourgeoisie repose fondamentalement sur la brutalité terroriste de ses armées mercenaires, et à l’heure de la confrontation Historique elle jetera toute sa folie meurtrière dans la bataille. Pour vaincre la bourgeoisie et ses sbires, la classe ouvrière doit se doter d’une grande unité politique, idéologique et militaire capable d’écraser les forces ennemies. Le Parti Communiste guidé par le marxisme-léninisme et l’Armée Rouge placée sous sa direction sont les instruments politiques et militaires dont la classe ouvrière doit se doter (qui doivent émerger de son sein) pour imposer sa propre dictature : la dictature du prolétariat. En instaurant la dictature du prolétariat, la classe ouvrière fera disparaître la bourgeoisie et créera ainsi, par voie de conséquence, les conditions pour son auto-extinction en tant que classe.

     Les Cellules Communistes Combattantes s’inscrivent au sein de la lutte de classe en Belgique. Partant de l’analyse matérialiste historique de la conjoncture sociale dans notre pays, des potentialités et des faiblesses du mouvement prolétarien — et ce replacé dans le contexte international —, nous travaillons à la « première tâche » : la construction de l’organisation Combattante des Prolétaires, c’est-à-dire à l’unification Organisationnelle des avant-gardes prolétariennes dans une pratique offensive et révolutionnaire.

     La construction, dans le combat de classe, de l’Organisation Combattante des Prolétaires est donc la tâche primordiale s’imposant aux communistes dans notre pays... comme dans le vôtre ! Dans notre cas, nous avons défini la période stratégique actuelle de la lutte des Cellules comme celle de la « propagande armée ».

     « La lutte armée pour le communisme est un vecteur de propagande particulièrement efficace quand elle est menée correctement. Cette force réside dans ce qu elle porte de rupture avec le cirque démocratique dont la bourgeoisie rédige le programme, dans ce qu’elle est destruction objective chez l’ennemi, dans ce quelle témoigne de la réalité, même encore limitée, de forces prolétariennes organisées pour la guerre de classe, et dans ce qu’elle est irrécupérable par les idéologues appointés de la bourgeoisie : les faits sont têtus ! »

     « De plus, la pratique de la lutte armée en ce qu’elle est rupture révolutionnaire, anticipe et prépare les phases futures du mouvement révolutionnaire, l’insurrection pour la prise du pouvoir par le prolétariat, la guerre civile pour l’élimination de la bourgeoisie et de ses agents. Le mouvement de classe, trempé dans la lutte de guérilla, arrivera aux échéances décisives de son histoire avec l’expérience et l’organisation, les forces réelles de maturité politique, organisationnelle, et même subjective absolument nécessaires. »

     « La lutte armée pour le communisme permet enfin de démasquer par les faits tous les traîtres au mouvement ouvrier, tous ceux qui ne manquent pas de rejoindre la bourgeoisie et de dénoncer les révolutionnaires quand l’orage s’annonce. La lutte armée a un caractère d’anticipation concrète du pouvoir ouvrier, elle démasque les politiques de kollaboration et d’intégration des traîtres syndicaux et réformistes. »

     « Et surtout, la lutte armée exprime la pratique d’un véritable Internationalisme Prolétarien, car, à l’époque de l’impérialisme (à l’époque où le mode de production capitaliste a mondialisé sa domination), une unité de plus en plus grande s’impose entre les avant-gardes et les masses des pays dominés et des métropoles. Cette unité, face à un ennemi commun, se réalise dans le combat révolutionnaire et impose d’attaquer l’ennemi sur tous les fronts. À l’heure où tant de peuples du monde combattent la bête les armes à la main, les révolutionnaires dans les métropoles se doivent d’attaquer les arrières de la machine impérialiste avec la même détermination. » (Points 16 à 19 de notre « Document du 1er mai, À propos de la lutte armée »).

     Dans la pratique, notre politique s’est, jusqu’à ce jour, concrétisée dans trois campagnes :

     — La « 1ère Campagne anti-impérialiste d’Octobre » portait la question de l’émergence de la politique révolutionnaire au sein de la contradiction opposant l’ensemble des populations à l’impérialisme : la guerre impérialiste. Dans notre pays, un grand mouvement populaire est mobilisé contre les préparatifs bellicistes de l’O.T.A.N. concrétisés particulièrement par l’implantation des missiles U.S. sur notre territoire. Par cette campagne, nous avons restitué la question de la guerre impérialiste au sein de sa matrice : le mode de production capitaliste. Nous avons porté l’offensive contre 3 multinationales directement compromises avec l’industrie de guerre, contre les partis politiques au pouvoir gouvernemental : les sociaux-chrétiens et les libéraux, et enfin contre les forces armées de O.T.A.N. Nous avons clôturé cette campagne le 15 janvier 85.

     — Le 1er mai, Fête du Travail, nous avons attaqué et détruit le siège de la Fédération des Entreprises de Belgique à Bruxelles, le Quartier Général du patronat belge. Au cours de notre intervention, la gendarmerie s’est rendue responsable de la mort de deux pompiers, drame auquel nous n’avons pu que trop faiblement répondre en attaquant, quelques jours plus tard, la « Direction Supérieure de la Logistique et des Finances » de cette gendarmerie, corps spécial de répression anti-ouvrière placé sous le commandement de l’O.T.A.N. via la « Défense Nationale ». À l’occasion du 1er mai, nous avons aussi publié une série de documents, dont le principal était une première définition globale de notre stratégie révolutionnaire : « À propos de la lutte armée ».

     — La « Campagne Karl Marx » porte la question de la lutte des travailleurs contre l’austérité et celle de la nécessité de l’Organisation ouvrière. Nous l’avons ouverte le 8 octobre dernier par l’action contre Intercom, géant de la production et distribution d’énergie (gaz, élec.) responsable, avec ses pairs européens, de centaines de morts de froid et de dénuement l’hiver dernier. Puis, nous avons détruit le siège de FABRIMETAL, syndicat des patrons de la métallurgie, et le même jour, toujours à Charleroi, nous avons porté l’attaque contre l’« Office des contributions directes ». Les 4 et 5 novembre, les Cellules ont attaqué et détruit 3 principaux sièges de l’oligarchie financière : les trois premières banques du pays (déjà attaquées à de nombreuses reprises au cours de manifestations ouvrières), et la M.H.B., quatrième institution de crédit aux U.S.A., véritable vampire du Tiers-Monde. La « Campagne Karl Marx » est toujours ouverte aujourd’hui.

     — La « Campagne Pierre Akkerman, Combattre le militarisme bourgeois et le pacifisme petit-bourgeois » s’est ordonnée comme continuité et progrès de notre première Campagne, elle est liée aux récents événements d’actualité : la mobilisation anti-guerre du 20 octobre à Bruxelles, le Sommet (interimpérialiste) de Genève et l’incursion intempestive de Reagan le 21 à l’O.T.A.N. Nous avons, les 19 et 20 octobre, porté l’offensive contre INFORSERMI, un centre de recrutement militaire, et ensuite dénoncé dans la pratique les directions infâmes des petits-bourgeois pacifistes dont la seule raison est de trahir le mouvement anti-guerre en l’enfermant dans le légalisme capitulard. Quand Reagan paradait dans les bunkers de l’O.T.A.N. placés sous la protection de milliers de flics et d’hommes de troupes, notre Organisation détruisait le siège européen du trust d’électronique militaire U.S. MOTOROLA, et avant-hier nous attaquions la Bank of America à Anvers. Les 3 actions simultanées de ce matin clôturent la « Campagne Pierre Akkerman... » du nom d’un Communiste Internationaliste tombé, le 1er janvier ‘37, dans le combat des Brigades Internationales.

     Travailleurs, Travailleuses, Camarades,

     Une si courte présentation est certainement insuffisante pour vous renseigner sur la globalité et les particularités de la lutte des Cellules Communistes Combattantes. Cependant nous pensons qu’il était juste de l’écrire en ce qu’elle est une approche à partir de laquelle certains d’entre vous seront peut-être tentés de s’interroger plus sur l’exigence et le chemin du combat de la révolution communiste. Nous ne pouvons que vous écrire le même message adressé au monde du Travail dans notre pays :

     L’Organisation Communiste Combattante, réalisant l’unité des éléments les plus combatifs du prolétariat ne naît pas de son auto-proclamation. C’est dans le mouvement concret de la lutte, de ses expériences et de son enrichissement, des forces développées pour la finalité révolutionnaire, que les avant-gardes s’unifient. Aujourd’hui, aux camarades sincères et combatifs, nous disons : lisez, étudiez, discutez les enseignements du marxisme et du léninisme ; étudiez, discutez les expériences historiques de notre classe ; lisez, étudiez, faites circuler et critiquez l’expression politique des révolutionnaires européens et du monde entier aujourd’hui, enrichissez ce patrimoine de vos critiques et confrontez-le à la pratique, posez la question de la Révolution, de l’organisation des forces prolétariennes dans cette optique, et les portes de l’avenir s’ouvriront devant nous !

Pour le communisme,
Cellules Communistes Combattantes

   

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« Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
MARX ET ENGELS
(Manifeste du Parti Communiste, 1848.)

« Il est absolument naturel et inévitable que l'insurrection prenne une forme plus haute et plus complète, celle d'une guerre civile prolongée embrassant tout le pays, c'est-à-dire d'une lutte armée entre deux parties du peuple. Cette guerre ne peut être conçue autrement que comme une série de grands combats peu nombreux, séparés par des intervalles assez grands, et une masse de petites escarmouches dans l'intervalle. S'il en est ainsi, et il en est bien ainsi, la social-démocratie doit absolument se proposer de créer des organisations aussi aptes que possible à conduire les masses à la fois dans ces grands combats et, si possible, dans ces petites escarmouches. »
LÉNINE
(La guerre des partisans, 1905.)

« Les flics peuvent mettre les révolutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais tuer la révolution et la mémoire des communistes. »
CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES
(Lettre ouverte aux militants de base du P.T.B.... et aux autres, 27 mars 1985.)

 

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