CHAP 7 : Les Deux Révélations
Je
crois que je me suis mentie. Jusqu’à présent, j’avais fini par me convaincre
que mes ennemies avaient échoué, que la terrible épreuve qu’ils m’ont fait
subir allait me rendre plus forte et plus dure. Au contraire, il n’en est rien,
je crois qu’elle m’a en fait rendu ma sensibilité. Moi, qui, depuis des années,
cherchais à nier l’emprise des sens sur l’esprit ou sur la volonté, je vois
combien j’ai fait fausse route. Bien sûr, on peut insensibiliser le corps, on
peut nier la douleur, on peut contenir
toute émotion pour garder son sang-froid. L’art du combat est plus qu’une
technique, les meilleurs guerriers en font une philosophie. Je m’étais crue
capable de toute cette discipline sur moi-même, et voire plus encore. J’y étais
sans doute même parvenue avant qu’ils ne s’abattent sur moi.
Ce flot de larmes qui
m’accapare depuis a un sens. J’ai oublié une partie de moi, j’ai bafoué mes
croyances d’enfant. Oui, tout ceci a un sens, simple et lumineux. Pendant
toutes ces décennies, j’ai fait fausse route ! Je dois maintenant
reconsidérer toutes les valeurs que je défendais jusqu’alors. Peut-être pas
toutes, mais suffisamment pour apprendre à me reconstruire sur des bases plus
stables et plus solides : admettre que je puisse pleurer, que les
évènements les plus simples de la vie puissent me toucher au plus profond de
moi et que je porte les marques de bien des drames du passé. Aussi forte et
déterminée que je puisse être, je dois assumer ces blessures comme des signes
distinctifs. Je ne serais moi-même qu’en les vivant pleinement et en laissant
leur empreinte me façonner de la même manière que ma volonté l’avait fait. Voici comment tout un pan de ma personnalité
s’est détruit, mettant en cause mon équilibre mental. Quel un vaste programme !
Mais il me tient à cœur. Je sortirais de cette épreuve à la fois plus forte et
plus sensible.
**
*
Je
vais certainement revenir sur mes pas. Je veux savoir ce qui s’est passé et
peut-être découvrir les responsables. Bien sûr, plus je me rapprocherais, plus
je m’exposerais à des dangers, mais la curiosité est la plus grande. Je veux
reprendre le contrôle de ma vie et ce n’est pas en fuyant que j’y
arriverais. Personne ne doit me
reconnaître, je ferais tout pour rester incognito. Retrouver Grienlyce et
découvrir sa réaction en me voyant sera mon premier test. Par contre, je ne
dois être découverte par aucune autre personne. Pour l’heure, derrière chaque
visage connu se cache un bourreau ou un traître potentiel.
Bizarrement,
je n’ai pas encore réfléchi une seule seconde sur l’identité des réels
responsables. Pour l’heure, les perspectives peuvent être vertigineuses car je
ne peux exclure que l’ordre vienne de très haut. Pour moi, j’ai certainement
été victime de quelqu’un de particulièrement bien placé car le plan était bien
trop orchestré. D’ailleurs j’en aurais la confirmation si personne n’a pris ma
défense entre temps.
**
*
Je
me suis réveillée ce matin avec une berceuse que me chantait ma mère. Son
caractère profondément intime, ses liens étroits avec mon enfance soulignent
avec cruauté toute l’ironie du présent. Je ne peux retenir un rire nerveux, que
personne ne peut entendre, tout comme personne n’est là pour me la chanter.
J’ai beau la chasser de mon esprit, elle me harcèle, comme une odeur de pain
chaud. Et devant ce si lointain bonheur, mes sanglots rythment régulièrement la
ritournelle enfantine. De manière quasi obsessionnelle, elle s’immisce dans
chacun des stratagèmes que je mets en place pour l’oublier. Que veut-elle me
dire ? Est-ce un signe ou un message ?
**
*
Je
n’ai toujours pas saisi son intention. J’ai récemment commencé à comprendre que
l’esprit laisse peu de coïncidences, et, à force d’introspection, mieux que les
souvenirs, les signes qu’il m’envoie,
dans son délire anarchique, me dévoilent à moi-même avec une grande subtilité
des secrets insoupçonnés. Il est possible que les ressources de chacun de nous
soient considérables, simplement il nous
faut traverser de grandes épreuves pour le reconnaître. Mais cette fois-ci, je
n’ai pas su décrypter son message. Elle a fini par m’abandonner et maintenant
je la regrette. Elle m’apportait un peu d’innocence. La berceuse avait fini par
incarner ce qu’elle a toujours été : une présence rassurante. Peut-être
finalement mon esprit m’a-t-il ainsi apporté secrètement le réconfort dont
j’avais besoin ? Je suis presque apaisée. Je crois avoir finalement deviné
son but. Mon salut se terre dans l’enfant qui a sommeillé si longtemps en moi
et à qui je n’ai plus jamais parlé… Soit ! Et bien, dorénavant, petite
Alarielle, je vais t’écouter ! Je vais te redécouvrir ! Quel secret
dissimules-tu encore ou qu’ai-je oublié de toi ? L’idée est bête mais elle
me plaît !
**
*
Je
ne suis pas en état pour relater la suite d’une part parce qu’elle fut cruciale
pour moi et parce qu’un de ces souvenirs insignifiants m’est revenu. Un petit
souvenir léger comme l’écume des vagues. Soloris possédait une robe que j’avais
toujours trouvée très belle. De manière inéluctable, il arriva un jour elle ne put plus la porter. Treviline lui dit en riant que, à elle,
elle lui irait toujours. Et nous nous sommes regardées toutes les trois, comme
si nous avions eu la même idée. Nous allions nous prêter nos robes favorites.
Puisqu’elle me l’avait prise, j’avouai un faible pour l’une des siennes,
cramoisie avec des motifs crème et jaunes. Soloris se contenta de celle qui lui
allait encore le mieux parmi les miennes, une robe bleue nuit avec un liseré de
dentelles.
Nous
continuâmes notre jeu en imitant les démarches, les intonations de voix et la
coiffure de chacune. Treviline arrivait merveilleusement à accentuer celles de
notre compagne, utilisant comiquement ces expressions favorites. Nous fîmes
beaucoup rire le collège, même si certaines nous
trouvaient un peu folles. Cet échange avait un effet des plus bizarre sur moi,
et sans doute sur chacune de nous trois. Nous nous
connaissions tellement ! J’avais l’impression de rentrer dans la peau de
l’autre ou de lire dans ses pensées. Un sentiment de culpabilité m’assaillit
qui interrompit ma gaieté un court instant. Puis, je sentis aussi combien mon
amie nous aimait. En la regardant, je compris que des pensées similaires la
travaillaient, comme si elle en voulait à notre amie de lui avoir dissimulé un
terrible secret. Je ne pus m’empêcher de penser que, bien qu’elle sut rester discrète sur elle et son passé, Treviline, elle,
ne nous cachait rien d’important. C’est alors que Soloris rentra dans la pièce
en exagérant sa démarche et en faisant ressortir tout son ventre. Nous nous rapprochâmes d’elle et posèrent notre main dessus.
Nous nous embrassâmes toutes les trois, unies comme
jamais nous l’avions été et comme plus jamais nous ne le serions.
**
*
Je
crois pouvoir avoir confiance en ma fidèle Grienlyce. Bien que je fus sur mes
gardes avant et pendant notre entretien, je dois avouer que j’étais encore plus
résignée à me rendre si jamais elle ne m’avait trahie, car elle fait partie des
seules personnes pour lesquelles je me suis battue jusque là. Après quelques
minutes de paranoïa, j’ai réussi à avoir la certitude qu’elle était bien venue
seule, avec une garde de robe et un cheval. Elle a même préféré ne pas prendre
ma fidèle monture ou mes bijoux de grandes valeurs pour ne pas éveiller de
soupçons. Seules quelques broches et boucles d’oreilles. Pas d’argent. Je la
comprends et ses initiatives prouvent que j’ai là une première alliée. Son
aide, son intelligence et sa discrétion me seront précieuses. Je n’ai pas
encore idée du pour quoi mais voici la première pierre de mon nouveau destin.
Elle doit revenir demain avec de la nourriture et le Phœnix de ma mère. Nous n’avons quasiment pas
échangé de mots. Je crois qu’elle me respecte plus que tout. Je pense très
prochainement lui avouer son rôle pour surmonter mes épreuves. Même si cela doit
me montrer plus faible à ses yeux, je crois que nos liens n’en seront que plus
forts.
**
*
Je
me rends compte que ma vie a basculé en un seul jour et je peux regarder tout
ce qui précède comme un long préambule. Les traits de Treviline s’étaient durcis,
sa voix prenait des accents graves inhabituels. Je ne saurais dire si la grande
complicité qui nous unissait alors en était la cause mais, à l’inverse des
pensées de mon entourage, je n’arrivais pas à cerner celles de mon amie.
J’avais eu cette illusion le temps de revêtir sa robe, mais sa nature
introvertie avait développé une profondeur d’âme qu’il m’était impossible de
sonder complètement.
Un
jour, elle parut comme effrayée et ne put s’empêcher
de s’entretenir avec moi. Elle prit nombre de précautions pour s’assurer que
personne ne pouvait nous entendre et elle m’emmena dans le fond du jardin, dans
un vieux débarras. L’aspect solennel de cet entretien me troubla car je n’en
voyais aucune explication, la seule que j’envisageais concernait la part d’imposture
que j’entretenais avec elle et qui souvent me rendait honteuse, car, à mes
yeux, elle aurait été la seule capable de me comprendre et de me pardonner.
Elle
venait à peine de franchir la pénombre de la pièce qu’elle se dévoila à
moi si promptement que j’en fus encore plus surprise : « Soloris
est une elfe noire ! » Elle avait dit cette phrase à toute vitesse
comme si elle lui brûlait les lèvres. Ses yeux étaient pleins d’effroi, je
compris que les deux derniers mots réveillaient inexorablement dans sa mémoire
les douloureux souvenirs de son enfance. De mon côté, j’eus le plus grand mal à
garder mon sang-froid. Ma première réaction fut de la rassurer et de la
convaincre qu’elle se trompait. Pendant ce temps, je ne pouvais m’empêcher de
contempler la ligne parfaite et délicate de la cicatrice de son visage. Elle
était très nerveuse. Elle me prit par la main et me fixa droit dans les yeux.
J’eus sans doute un petit geste de recul. Elle me dit : « Dans son
regard brille une flamme que j’ai déjà vue… il y a longtemps et je sais que ton
regard contemple malgré toi la marque que j’ai hérité de cette épreuve.
Crois-moi, je ne peux me tromper ! Soloris EST une elfe
noire ! »
En
même temps qu’elle me parlait, je sentis en moi une lumière jaillir dans mon
esprit. Bien que je n'en aie jamais eu conscience jusque là, je réalisai
soudain que j’étais moi-même devenue des leurs. Sans doute le lut-elle dans mon
âme car son attitude changea du tout au tout. Elle baissa la tête, puis sa voix
se fit hésitante, étouffée par quelques larmes. Elle continua de me parler,
lentement, d’une voix retenue et vibrante d’émotions : « Tu peux me
croire… Ses yeux ne peuvent plus me mentir…J’ai trop payé pour ça ! Tu ne
peux pas savoir ce dont ils sont capables… Toi seule peut
m’aider… Alarielle, que dois-je faire ? Que devons nous faire,
Alarielle ? ». Il n’y avait ni haine ni colère, juste une terrible
résignation qui semblait m’accuser. J’étais de mon côté incapable de lui
répondre. Elle m’avait mise à nu à mon tour. Elle rajouta, le regard toujours
plus bas, avec sa cicatrice qui grandissait à chaque cheveu qui glissait de son
oreille : « Alarielle, je t’en supplie, aide-moi ! ».
Bien
que je fus bouleversée par mon amie, je compris
soudainement que j’avais choisi mon camp, j’appartenais moi-même au monde des
elfes noirs. Depuis longtemps, j’étais devenue une étrangère parmi les miens.
Et quelque chose me chuchotait des ordres, et plus que tout je voulais protéger
Soloris et son enfant. Je glissai dans mes mains les deux poignards qui ne me
quittaient plus, et, sans qu’elle n’eût bougé, d’un geste à la perfection
implacable, comme si on guidait mes bras, je lui ai tranché la gorge. Elle ne
cria pas, elle tomba dans un bruit d’étoffe suivi du choc sourd de sa tête
contre le bois. Dans l’obscurité de la pièce, la flaque qui s’étalait peu à peu
autour de sa tête était noire comme la nuit. J’examinai froidement la situation
et chaque geste, chaque action que j’avais faite jusqu’alors devenait logique.
Lorsque je regagnais Kaerion, je n’eus qu’un mot : « Il faut
partir ! » Sa réponse ne m’étonna pas, le regard plein de fierté et
d’une lueur brillante et magnifique, il me dit simplement : « Je
sais ! »
**
*
Note du Traducteur : deux auréoles
rouges marquent cette page ainsi que les suivantes. Deux gouttes de sang sont
tombées et ont transpercé le papier
jusqu’ici. Même si j’ai pu déchiffrer sans trop de difficultés la plupart des
passages souillés, j’ai certainement commis quelques approximations.
Je
reviens sur ce que j’ai écrit hier. Je donne l’impression d’être possédée, ce
qui n’était pas du tout le cas. Il s’agit d’un effet de style de ma part bien
inutile qui cherche à réduire ma responsabilité. Soyons précis : personne ne
m’a dicté quoi que ce soit, personne n’a guidé mon bras, seulement j’avais
découvert une nouvelle Alarielle. D’ailleurs à compter de ce jour, très peu de
repères temporels ont laissé leur marque dans mon esprit, tout ce qui va suivre
sera marqué par le sceau du désordre. Le
recul que j’ai acquis en rédigeant ce journal me montre que, jusqu’à
l’égorgement de Treviline, chaque événement de ma vie s’était développé comme
le fruit d’une fatalité extérieure et inflexible. A chercher des explications
sur tout et à toujours tenter de mieux me comprendre, j’ai certainement accentué
de manière inconsciente ce processus. Tout devient mis à nu, logique, parce que
je suis obligée par le processus d’écriture et de manière à mieux comprendre
mon histoire de l’organiser.
Je
dois avouer que jusqu’à aujourd’hui je n’avais jamais réalisé ma passivité. Le
meurtre de Treviline, aussi terrible qu’il puisse être, marque d’une certaine
manière la prise en main de mon destin. Je crois dès aujourd’hui tenir ici
l’épicentre de mes futures réflexions.
En
toute honnêteté, je peux confesser que je n’ai pas beaucoup pensé à mon amie
durant toutes ces décennies, mais en revivant cette scène, je réalise à quel
point elle m’était chère, combien elle me respectait et combien elle a laissé
son empreinte en moi. Son ultime résignation ne lui avait valu jusqu’à présent
que mon mépris, alors qu’à cet instant elle était sublimement la plus forte de
nous deux et la plus lucide. Ce souvenir réveille peu à peu une émotion que le
temps écoulé a amplifiée. Aujourd’hui, l’attitude qu’elle a eue en ce dernier
instant me bouleverse complètement. N’ai-je jamais eu une autre amie aussi
digne qu’elle ? Non, je ne le crois pas. Comment ai-je pu ignorer si
longtemps une telle évidence pour commettre ce geste gratuit ? Maintenant
que je cerne la mécanique qui m’a pour ainsi dire programmée, il me faudra
répondre à cette question sans chercher de subterfuges. Treviline, tu me
manques comme tu ne peux l’imaginer. Certes, je dis ça parce que je suis seule
mais je me rends compte qu’il n’y a que toi qui saurait remplir le vide qui me
hante. Treviline, regarde-moi, regarde ce que je suis, me comprends-tu ?
Peut-être m’avais-tu pardonnée avant même que je… Oui, j’ai honte de l’écrire,
le mot me choque, je recherchais hypocritement un terme moins brutal, il est
d’ailleurs symptomatique que je cherche à atténuer la portée de mon acte. Mais
la vérité est là : je t’ai tuée ! Je le crie ! Pardonne-moi de
t’avoir oubliée et de n’avoir eu aucun remord ! Non, ne me pardonne pas,
attend que j’en sois digne. D’étranges vibrations se répandent dans mon corps
ainsi qu’un vertige. Je me sens mal. Je préfère m’arrêter ici…
**
*
Treviline,
je regrette d’avoir retranscrit mon émotion de manière si pitoyable, tu mérites
beaucoup mieux ! Mais mes dernières phrases sont honnêtes, sans doute
beaucoup plus impudiques que tout ce que j’ai pu écrire jusqu’à présent. Je
pense que je pourrais faire mieux aujourd’hui mais, si je le faisais, ne
serait-ce pas par orgueil ? Je doute finalement que je puisse être plus
sincère, et, te connaissant, je sais que là est l’essentiel pour toi.
Sache,
mon amie, que je n’en ai pas fini avec toi. Toujours
tu continueras de vivre en mon sein. Je sens que j’aurais à nouveau beaucoup à
apprendre de toi, bien sûr je suis aussi beaucoup plus réceptive. Il me plait à
imaginer que tu as voulu me laisser ce cadeau. Ton souvenir figurera dorénavant
parmi mes plus précieux ! Tu resteras sans doute l’unique ange gardien que
je n’ai jamais eu. Comme je l’ai déjà écrit, même tes silences m’étaient plein
d’enseignement, et le silence éternel qui nous unit constitue la première
pierre de ce que je souhaite construire. Mon amie, deviens la matrice de mes
changements futurs. En tout cas, je souhaite conserver intacte l’amitié que tu
m’as portée et la muer en une force capable de guider mon cœur. Mes larmes sont
sans doute tout ce que je possède de précieux, sache, ma douce et silencieuse
compagne, que je garderais la toute dernière pour toi. (*)
**
*
J’ai
réentendu ma berceuse et cette fois-ci le message est clair, elle me parle de
Treviline ou peut-être même est-ce elle qui me la chante directement ?
Effectivement, tu agis sur moi de la même façon que cette chanson enfantine.
D’ailleurs la voix qui me la chante est bien la tienne, je ne l’avais pas
reconnue. Mon amie, tu es toujours aussi magnifiquement sensible et discrète.
Parle-moi ! Chante ! Je t’écoute.
(*) : Note du Traducteur :
Comme je l’ai dit précédemment, les elfes accomplissent leur vie de manière à
rester le plus longtemps dans la mémoire des vivants. Nous, humains, pouvons y
voir un signe de prétention mais il n’en est rien. Il faut comprendre que nos
vies sont effroyablement courtes comparées à la leur. Imaginons un seul instant que nous puissions
vivre cinq ou huit cents ans. N’envisagerions-nous pas la vie autrement et
finalement de manière foncièrement identique à la leur ?
En insistant si fortement dans son
journal sur l’importance des traces de Treviline dans son cœur, Alarielle ne
fait rien d’autre que de perpétrer cette tradition, d’ailleurs sans doute de
manière inconsciente. Bien sûr, elle souligne également de cette façon ses
remords et sa culpabilité, mais son esprit semble conditionner pour maintenir
en vie son amie à travers son souvenir. J’y vois personnellement une résurgence
de cette tradition.