A Bombadil, de loin mon meilleur adversaire !

Les Chevaliers de l’Elenfea

 

Chapitre 2

 

La route menant jusqu’aux côtes de la Mer des Rêves sillonnait de magnifiques vallées d’émeraude. Traversant des rivières d’argent, escaladant des collines fleuries, longeant des forêts de pin et de chêne, Mandolin et son mentor progressaient en direction du krak des chevaliers, alors que les premières lueurs du crépuscule s’annonçaient dans le ciel d’azur.

Le plateau fertile laissait subitement place à un rivage d’or, séparant terre et mer. Alors que le soleil semblait plonger dans la mer des Rêves, Mandolin aperçu une presqu’île surmontée d’un imposant fort elfique.

" Nous y voilà, annonça le chevalier. Tor Saphyr ! Puis, fouillant dans ses fontes, il en tira une cape bleue et un bandeau violet. Tiens, mets ça, lui ordonna-t-il tout en lui tendant l’uniforme rudimentaire. Ce sont en quelque sorte tes insignes de novice. "

Mandolin s'exécuta, le visage rayonnant.

" J’ai omis de me présenter, lui sourit le chevalier. Je me nomme Andolen, Messire Andolen. La discipline est de rigueur au sein de notre ordre, aussi devras-tu rajouter cette particule de respect lorsque tu t’adresseras à l’un de tes aînés chevalier. En vérité, nous savions que tu viendrais, déclara-t-il en reprenant un air grave. Mais il nous fallait encore savoir si tu méritais d’entrer dans notre ordre, ce que tu m’as d’ailleurs prouvé au cours de ce duel. "

Tout en discutant, les deux cavaliers se remirent en route.

" La journée est loin de s’achever ; ce soir, il te faudra encore t’entretenir avec notre précepteur, avant de recevoir ton équipement complet de novice, puis rejoindre les autres apprentis autour du dîner. Il te faudra aussi débuter ton étude du soir, après le repas. Ton compagnon de chambrée t’y initiera. "

Mandolin écoutait en silence, trop heureux de vivre son rêve le plus cher pour former la moindre objection.

Les deux cavaliers descendirent la falaise en suivant un col assez doux avant de traverser une courte langue de terre menant aux portes de la forteresse.

Les énormes battants de pin et d’or s’ouvrirent lentement, avant d’engloutir les deux cavaliers. L’intérieur du fort ressemblait autant à un immense collège de magie par la beauté des bâtiments et l’imposant panthéon des Dieux, qu’à une immense cour de tournoi par le nombre impressionnants de structures d’entraînement au combat disséminés sur la cour de sable fin.

Après avoir mis pied à terre, deux novices se saisirent de leurs montures, tandis qu’Andolen le menait en direction d’un imposant bâtiment resplendissant dans son apanage de marbre et de granit.

De nombreuses salles et réfectoires occupaient le rez-de-chaussée, tandis qu’un escalier de marbre blanc donnait accès à l’étage. Déambulant à travers une série de couloirs, Andolin marqua un temps d’arrêt devant une simple porte de pin. Il y frappa de sa main gantée de fer, avant d’inviter Mandolin à y pénétrer par lui-même.

Le jeune elfe ouvrit prudemment la porte, avant de rentrer dans un magnifique bureau, agrémenté de marbre et de riches dorures. Une imposante bibliothèque, une cheminée de granite et quelques toiles signées de grands maîtres meublaient la pièce.

Assis devant un imposant bureau entièrement sculpté, un elfe en robe de cérémonie blanche et or l’invita à s’asseoir.

" messire précepteur, salua cérémonieusement Mandolin.

L’elfe lui sourit amicalement et le fixa de ses yeux couleur d'agate.

-je vois qu’Andolin a déjà commencé votre formation, Novice ! Fort bien. Je suis Varanil, précepteur de l’ordre des chevaliers de l’Elenfëa. Notre confrérie est étroitement liée au culte de Morai-Heg, la Déesse de la Destinée, ainsi nous guidons vers ces lieux tous ceux qui comme vous ont eu l’honneur d’être destinés par la Déesse pour servir sous sa bannière.

" Le noviciat reste une période d’apprentissage et d’efforts ; il te faudra recevoir les enseignements de la Déesse, ainsi qu’apprendre le maniement d’un grand nombre d’armes blanches, de la lance et de l’arc.

" Durant cette période, tu seras mis sous la tutelle d’Andolin comme écuyer. C’est lui qui, le moment venu, te fera chevalier. As-tu bien compris ?

-Oui, Messire précepteur.

-Bien. Yvalin ? Appela Varanil. Un jeune novice brun apparut. Veux-tu bien conduire Mandolin à l’intendance ?

-A vos ordres, Messire précepteur, salua le jeune elfe.

-Alors, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance, Mandolin.

-Merci, messire précepteur, répondit Mandolin tout prenant congé du précepteur. "

Le jeune novice le conduisit au rez-de-chaussée, dans une pièce bondée de fournitures diverses. Tandis qu’Yvalin le surchargeait d’une foule d’équipements tels que des habits, des manuels ou encore une armure légère et une nouvelle selle, Mandolin tentait tant bien que mal de porter entre ses bras cette charge sans cesse grandissante.

" Laisse-moi t’aider, proposa Yvalin, afin d’entamer la conversation alors que les deux elfes regagnaient l’étage en direction du dortoir.

-Depuis combien de temps es-tu novice ? Demanda Mandolin.

-Un mois, répondit Yvalin. Je viens d’Avelorn, d’une famille traditionnellement vouée à l’art de la guerre ; mes deux sœurs ont d’ailleurs été choisies pour devenir demoiselles d’honneur ! L’informa-t-il avec une nuance de fierté dans la voix.

-Ho, toutes mes félicitations.

-Merci ; étant le plus jeune, je me devais de faire aussi bien que mes sœurs aînées. Aussi décidai-je de devenir chevalier. La site, tu la connais : j’ai fait route en direction de Saphery et j’ai été jugé digne de devenir novice… "

Yvalin s’arrêta devant une petite porte de chêne, l’ouvrit à l’aide d’un vieux trousseau de clé, et invita Mandolin à pénétrer dans une pièce assez sobre meublée de deux lits et d’une large table de pin.

" Voilà notre chambrée, annonça le jeune novice. La pièce est froide en hiver, mais elle a l’avantage d’être fraîche en été."

 

**********

 

Depuis le sommet d’une colline jaunie par l’herbe sèche d’une sauvage et lointaine lande, Mandolin se remémorait ses débuts hésitants au sein de son ordre. Les années étaient passées, et avec elles leur lot de combat et d’exploits. Leur ordre, selon l’antique volonté de la Déesse, devait combattre exclusivement le Chaos, jusqu’à ce que les sombres engeances soient chassées une fois pour toutes de cette dimension. Une quête vouée dès le départ à l’échec. Aussi les précepteurs de l’Ordre préférèrent contourner cette Divine invitation au suicide pour vouer leur épée à la protection directe des colonies elfiques confrontées au Chaos.

Et cet automne-là, Sire Mandolin et cent autres chevaliers avaient reçu la mission de protéger la colonie nordique de Tor Fjordël, près d’Erengrad.

Depuis maintenant trois jours, Mandolin, Yvalin et cinq autres chevaliers patrouillaient dans les steppes du Nord, à la recherche d’incursions chaotique à combattre.

Le matin se levait peu à peu sur la lande désolée. Remuant ses épaules engourdies par le froid, faisant crisser au passage quelques plaques de son imposante armure, Mandolin se préparait à rejoindre le campement. Son tour de garde nocturne touchait à sa fin. Dans quelques minutes, les chevaliers reprendraient leur route.

Pour quelle raison Varanil leur avait-il ordonné de surveiller cette interminable bande de steppe gelée ? Les hordes du Chaos évitaient généralement ce passage, préférant rallier au plus vite les routes commerciales afin de piller chemin faisant le plus grand nombre de villes.

Et pourtant, la folie n’avait en rien influencé les ordres de leur précepteur. Si les chevaliers de l’Elenfëa avaient été dépêchés dans ces désolations, c’était dans le but de lutter contre un puissant seigneur du Chaos : Ashagor.

Tout en admirant le pâle lever du soleil, Mandolin se remémora ce qu’il avait appris sur ce sombre seigneur : après avoir écumé le nord de la Bretonnie, Ashagor mena un raid sur Athel Loren. Là, les elfes infligèrent une terrible défaite au maître de guerre. Fou de rage, ce dernier s’envola sur le cou de son dragon blessé, jurant de se venger du peuple elfique…

Et il le fit, à son plus grand détriment. Attaquant les tours de guet de Naggaroth, il s’enfonça un temps dans les terres des Elfes Noirs avant de se faire battre, puis envahir par les armées Druchii.

Menacé d’être transformé en enfant du Chaos par son Dieu Khorne, il lui fallait une victoire, et au plus vite. Aussi espérait-il rallier un maximum de bandes chaotiques sous ses ordre, avant de construire une grande flotte qui le conduirait jusqu’en Ulthuan.

D’après les éclaireurs dépêchés sur place, plusieurs bandes d’hommes-bêtes, de démons et de maraudeurs auraient d’ores et déjà répondu à l’appel du maître de guerre.

De sombres nouvelles en perspective, qui amenaient l’ordre de l’Elenfëa à combattre au plus vite cette menace, avant que les légions d’Ashagor ne soient assez puissantes pour engloutir sous un déluge de fer et de sang la Blanche Ulthuan…

Soudain, un hurlement strident déchira le calme matinal. Se retournant, Mandolin aperçu plusieurs ungors se ruant en sa direction, armés de simples gourdins.

Dégainant son imposante épée elfique, Mandolin se prépara à vendre chèrement sa peau…

A suivre …

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