Mémoires perdues

 

Seattle, 22 mars 1992

 

La guerre, une horreur ? Une erreur plutôt.

L’homme ? Une horreur.

 

Dire que ce n’est qu’une blague…Nulle en plus, qui m’as poussé à entrer dans L’armée.

 

Une copine qui me lâche lorsqu’elle se rends compte après trois mois que je ne me lave pas les mains après être allé aux toilettes.

 

Petite dépression, copain qui me raconte une vanne pour me remonter le moral :

 

Un marine et un officier de la marine entrent aux toilettes. En sortant, l’officier remarque le marine ne s’est pas lavé les mains et lui dit :

-Nous dans la marine, on nous apprend à se laver les mains.

-Nous, chez les marines on nous apprend à se pas se pisser sur les mains.

 

Résultat : engagement deux jours plus tard.

 

Je ne me suis plus jamais lavé les mains après avoir été aux toilettes…

 

Comme c’est beau la guerre ! La perfection humaine ! L’organisation, la disciple et la libération des instincts primaires ! Non point l’expression de sentiments distingués qu’affectent les artistes qui se mettent d’eux même au ban de la société, mais bien la délivrance des pures émotions qui sommeillent en tous. La violence de chacun qui s’envole vers le ciel rougeoyant.

 

Les coups de fusils comme autant de drapeaux qui claquent au vent. Les bombes comme autant de mondes qui s’envolent avec chaque vie ravie par l’infini. Ces corps qui se déchirent en un concert digne de l’Enfer et de l’humanité.

 

Les hurlements des mourants qui s’étendent tel un océan vers l’humain tremblotant, terré au fond de son néant.

 

Guerre…

 

Merde qu’est-ce que c’est beau la guerre quand on est soldat.

 

C’est bizarre comme elle est risible allongé sur un lit, paralysé à vie.

 

20 ans…que je ris, je pleure et je pense.

 

20 ans…que je vis l’humanité sombrer dans une abîme…Une abîme de quoi ?

 

L’humanité n’avance plus, elle tombe. Dans quoi ? Impossible à dire avec certitude.

 

Dans le matérialisme ? L’inégalité ? L’abrutissement des masses ? L’injustice ? La jalousie ? L’ignorance ? L’envie ? L’individualisme ? L’égoïsme  ?

 

Dans…

 

Le vide ? Le Néant ? Peut-être bien…

 

Ainsi s’approche le Rien spirituel, intellectuel, physique et créateur et destructeur.

 

Nous chutons et tous continuent à ressasser leurs vaines peurs dans leurs esprits inconscients.

 

Une chute dans un gouffre de déchéance, de décadence et de continuité. Plus rien ne meure, tout vieillit. Indéfiniment.

 

L’humanité s’écroule sous le poids de ces corps qui tombent dans le vide, s’écrasants les uns les autres en des pitoyables gémissements.

 

17 siècles que l’humanité chute et enfin nous avons atteint le fond. Se brisera-t-il pour que la chute puisse continuer ou alors les dérisoires hurlements des esprits abandonnés cesseront-ils pour que s’éteigne l’humanité ?  

 

Que s’arrête la chute. Que s’arrête l’humain.

 

En 312, l'Empereur romain Constantin le Grand, vainqueur de la bataille de Milvian Bridge, décida d'ériger un arc de triomphe pour célébrer sa victoire. Cependant, il fut incapable de trouver un artiste digne de réaliser cette œuvre. Il envoya émissaires et messagers aux quatre coins de l'Empire romain mais personne ne pu trouver le moindre sculpteur capable d'accomplir une fresque, même médiocre de la bataille. Finalement, Constantin ordonna à ces maçons de desceller les statues et les sculptures érigées sur d'autres monuments pour les replacer sur le sien.

 

Ce fut le début de la fin.

 

Depuis nous tombons.

 

Et rien ne peut nous arrêter si ce n’est la fin.

 

L’extinction.

 

La fin est sous nos pieds.

 

Quand retournerons nous à la Terre ?

 

Hugo Bonin

 

 

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