François Peraldi (1938-1993)

 

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Dernière mise à jour du site: 10 février 2004


François Peraldi après avoir complété une formation analytique a Paris avec une analyste de l'IPA est venu s'installer a Montréal en 1973 ou il a exercé jusqu'à sa mort en 1993 a l'âge de 55 ans. Il avait une formation de linguiste, ayant complété un doctorat auprès de Roland Barthes. Cette formation, outre qu'elle lui a permis d'enseigner la psychanalyse au département de linguistique de l'Université de Montréal où son séminaire a acquis une grande notoriété, l'a rendu particulièrement sensible à l'œuvre de Lacan dont il fut un ardent défenseur durant toute sa carrière. Dans l'univers culturel américain où l'influence de Lacan se limitait au champ philosophique et esthétique, il a su imposer un Lacan clinicien accessible et convaincant. Il fut un formidable pédagogue qui savait rendre audible en langage ordinaire un discours qui ne résistait pas, comme certains vins, à la traversée de l'Atlantique . Étant essentiellement verbale l'œuvre de Lacan devient incompréhensible au profane sous forme écrite. Peraldi a prêté son souffle à Lacan ou bien Lacan a prêté à Peraldi son oeuvre. Toujours est-il qu'à eux deux ils ont créé un lieu magique: "le séminaire de Peraldi" auquel ont assisté pendant plus de 15 ans des fidèles de tous les horizons culturels et plus particulièrement des apprentis analystes. Tous ces gens sont venus se délecter régulièrement d'une parole qui, tout en étant limpide avait quelquefois une vigueur et une véhémence ironique dont beaucoup d'auteurs tant parisiens qu'américains faisaient les frais. Peraldi a créé une tête de pont de la psychanalyse lacanienne à Montréal de laquelle il a réussi, en habile stratège, à rayonner vers les États-Unis et le Rest-Of-Canada. Il est vrai qu'il était d'origine corse et qu'un de ses ancêtres avait croisé le fer aux élections avec un certain Napoléon. Son dynamisme et sa ferveur lui venaient peut-être de ce passé pas trop lointain mais aussi et surtout de cette étrange entente, de cette résonance, entre sa pensée et une partie de celle de Lacan. François Peraldi fut emporté par une maladie qui nous a ravi bien d'autres intellectuels, et n'a pu compléter son travail de formation avec beaucoup de postulants et surtout poursuivre son enseignement qui prenait d'année en année plus d'ampleur. Est-ce l'Amérique pragmatique? Est-ce son départ prématuré? Toujours est-il que la pensée de Lacan demeure, en Amérique du Nord, une technique thérapeutique parmi d'autres et n'a pas du tout acquis ce caractère de "vision du monde" qu'elle a en Europe et en Amérique Latine. Les Lacaniens sont discrets et dispersés; et les tentatives d'organisation succombent souvent à des dissensions intestines pas forcément pertinentes. Sont directement associés à son nom le "Lacanian Forum" qui existe encore et le "Réseau des Cartels" qui a péri il y a quelques années déjà. En dépit du passage, trop rapide, de François Peraldi l'esprit aiguisé de la psychanalyse n'a pas encore réussi à s'associer à l'esprit de conquête nord-américain.
Karim Jbeili
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