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 dukkha et libération

question 60




De dukkha et de la libération de dukkha.

La question comprend plusieurs sous-questions qui sont détaillées en gras en tête de chaque paragraphes.



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Réponse :

La question comprend plusieurs sous-questions qui sont détaillées en gras en tête de chaque paragraphes.

Lire au préalable le texte intégral de la question.



* * *

"ne t'approprie rien et n'évite rien dans la vie." Si je n'évite pas le plaisir et la souffrance dans la vie et qu'une fois connues, je fais attention de ne pas m'approprier celle-ci alors je me libère du plaisir et de la souffrance, et ma conduite n'éprouvera ni plaisir ni souffrance.

Ne voyez pas le bouddhisme comme un absolu. Je sais bien que c'est une inclination à laquelle cède beacuoup de personnes et ce dans tous les courants, mais le bouddhisme n'est pas un absolu.

Par ailleurs, n'opposez pas plaisir et souffrance. Sortez de vos schémas manichéens et voyez que le plaisir est souffrance (dukkha). Voyez que le plaisir quand il est poursuivit, quand il est recherché, quand il se dissipe, quand il manque, … que tout cela engendre des processus comportementaux qui constituent le tissu de nos vies, mais qui conduisent tous à dukkha.

Vous re-citez cette stance de l'Astravakra Gîtâ ("ne t'approprie rien et n'évite rien dans la vie") et vous l'interprétez entre évitement du plaisir et évitement du déplaisir. Non, il s'agit de ne pas se livrer à l'attachement, car par l'appropriation on s'attache à quelques chose, on s'attache à une chose qui est illusoire et cet attachement lui-même est illusoire et donc cause de dukkha. Il s'agit de ne pas se livrer à l'évitement car l'évitement est aussi une forme d'attachement. L'évitement est la preuve que l'on n'a pas compris que toutes les choses formées sont transitoires et qu'il ne sert à rien de les évitez car compte tenu de leur caractère éphémère et illusoire, il n'y pas lieu de les éviter.

Comme le présente si bien l'Astravakra Gîtâ , le bouddhisme prône une démarche où il n'y a : ni appropriation, ni abandon, ni intégration (Livre 6 stance n° 1), ni désir, ni animosité (Livre 8, stance n° 1 ), ni plaisir, ni déplaisir (Livre 8, stance n° 2 ), ni attachement, ni évitement (Livre 8, stance n° 4 ).

En outre, j'observe que vous avez supprimé l'introduction à cette gîtâ qui dit " Quand il n'y a pas l'affirmation de "moi ", il y a liberté, quand il y a l'affirmation de "moi ", il y a asservissement. Considérant cela, ne t'approprie rien et n'évite rien dans la vie". C'est à dire que vous ne remettez pas en relation l'action du sujet qui, avant d'éprouver du plaisir ou du déplaisir, agit et se positionne dans le monde. Vous semblez parler d'une manière abstraite du plaisir et du déplaisir. Or, ces sensations qui nous dominent sont toujours le fruit des actes que nous engageons, notamment dans la recherche du plaisir. Vous ne pouvez pas parler de plaisir et de déplaisir en gommant l'ego, car c'est bien l'ego qui à la fois recherche et subit.

Vous voyez ici, que le sujet qui agit a bien la possibilité d'engager des actions aux conséquences positives, c'est à dire des actions qui ne sont pas sous tendues par la recherche ou l'obtention d'un plaisir que l'on pourrait qualifier au sens strict du terme d '" égoïste ", c'est à dire de ne pas engager des actions qui conduiraient à dukkha.

Au passage, je vous fais observer que cette compréhension du monde est à la fois pertinente, efficace, opérante et qu'elle se développe de toute conception de bien et de mal.



Si je n'évite pas le plaisir et la souffrance dans la vie et qu'une fois connues, je fais attention de ne pas m'approprier celle-ci alors je me libère du plaisir et de la souffrance, et ma conduite n'éprouvera ni plaisir ni souffrance.

On ne cherche pas à éviter le plaisir dans le bouddhisme. Le bouddhisme dit simplement que l'attachement au plaisir, c'est à dire le fait de n'avoir pour motivation que de rechercher le plaisir, que cela est cause de dukkha. Le bouddhisme ne cherche pas à nier le plaisir, à remettre en cause le plaisir, à désigner le plaisir comme une chose négative. Non, le bouddhisme expose simplement que 1°) quelle que soit la qualité, l'intensité, la variété, la durée … des plaisirs, il y a toujours à un moment ou à un autre dukkha, 2°) en regardant avec attention les actes que nous engageons, beaucoup sont de l'ordre de l'attachement au plaisir, et sont à l'origine de l'apparition de dukkha, 3°) si l'on souhaite ne plus être exposé à dukkha, eh bien il faut rompre l'attachement sous toutes ses formes. (Cf. aussi les quatre nobles vérités).

Si vous comprenez cela, si vous faites attention à cela, si vous dénouez le nœud de l'attachement dans ce qui vous conduit au plaisir (ou au déplaisir en l'occurrence), alors vous verrez que vous serrez de moins en moins sous l'emprise de dukkha. Cela n'éliminera pas vos émotions, vos sources de surprise, d'émerveillement, de désaccord, etc …, mais vous comprendrez que si l'attachement est associé à ces émotions particulières, alors automatiquement dukkha reviendra (ici, l'attachement n'est pas seulement l'attachement aux plaisirs des sens, mais l'attachement à l'ego, l'attachement à la volonté d'affirmation de soi sur le monde et sur les autres, etc …).

J'espère que vous comprenez à présent que vous ne pouvez pas opposer comme vous le faite " plaisir " et " souffrance".



Or le monde, et donc la vie, est souffrance (dukkha).

Vous avez une vision beaucoup trop réductrice de la notion de dukkha. Le monde, la vie en particulier sont formés d'éléments et sont donc conditionnés, parce qu'ils sont conditionnés, ils sont transitoires, éphémères, illusoires. Tôt ou tard, y compris la pierre la plus dure, y compris la terre sur laquelle nous vivons, y compris le système solaire dans lequel les planètes gravitent, et aussi loin que va notre connaissance du monde physique, tout cela évolue, bouge, progresse, se transforme, croît, puis décroît et enfin disparaît pour se recomposer en de nouveaux éléments qui à leur tour connaîtront le même cycle et ainsi de suite. Quand nous observons simplement le monde végétal, nous voyons les plantes germer, croître, fleurir, produire leur fruit, puis décroître, se dessécher et disparaître et recommencer. Il n'y a pas d'autres lois. C'est aussi la croyance en des lois contraires qui est source de souffrance.

Le bouddhisme dit simplement, si dukkha provient de ce que les choses auxquelles nous sommes attachées sont éphémères et illusoires, alors pourquoi s'attacher ... pourquoi souffrir !



Comment se fait-il que, libéré du plaisir et de la souffrance, je ne sois pas libéré du monde et de la vie ? (s'il l'était le Bouddha n'aurait pas été vivant, c'est à dire dans le monde et la vie, après sa libération)

Votre question prend une tournure un peu spéculative. Les bouddhistes ne sont pas spécifiquement portés sur les spéculations métaphysiques de cette nature. Le site " Le Bouddhisme Theravâda " n'a pas non plus de vocation dans ce domaine. Même si cette question est intéressante.

Je pense qu'on ne peut pas opposer la libération avec la vie.

Je pense qu'un bouddhiste pourrait vous répondre, " Ne vous souciez pas de la vie en tant que concept ou en tant que forme du monde ". " Vous n'avez pas besoin de ce type de question, ou de ce type de réponse pour vous soustraire vous même de dukkha ". Je pense qu'il pourrait ajouter : " Mais au fait, savez vous vie ce qu'est la vie ? "

J'espère avoir répondu à votre question.





Texte complet de la question

"ne t'approprie rien et n'évite rien dans la vie." Si je n'évite pas le plaisir et la souffrance dans la vie et qu'une fois connues, je fais attention de ne pas m'approprier celle-ci alors je me libère du plaisir et de la souffrance, et ma conduite n'éprouvera ni plaisir ni souffrance.

Or le monde et donc la vie est souffrance (dukkha).

Comment se fait-il que, libéré du plaisir et de la souffrance, je ne sois pas libéré du monde et de la vie ? (s'il l'était le Bouddha n'aurait pas été vivant, c'est à dire dans le monde et la vie, après sa libération).

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Cette page a été créée le 23 avril 2001.


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